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Gradient adiabatique

Le gradient adiabatique est la valeur du gradient thermique pour laquelle l'entropie massique du milieu, supposé à l'équilibre[alpha 1], ne varie pas dans la direction du gradient, à composition et structure chimiques constantes. La température ne dépend alors que de la pression, suivant une loi qui ne dépend que des propriétés thermodynamiques du milieu.

S'agissant de milieux stratifiés dans lesquels la pression ne dépend que de la profondeur (ou de l'altitude), on désigne en fait par gradient adiabatique, le plus souvent, la valeur algébrique du vecteur gradient correspondant, la direction verticale étant orientée vers le bas[alpha 2].

Expressions

Soit s l'entropie massique du milieu (à l'équilibre), fonction de la température T et de la pression P. Le gradient adiabatique est égal à :

Il est commode d'exprimer les dĂ©rivĂ©es partielles ci-dessus Ă  l'aide des coefficients calorimĂ©triques et thermoĂ©lastiques. Par ailleurs, dans les milieux stratifiĂ©s en Ă©quilibre hydrostatique, le gradient de pression est Ă©gal Ă  , oĂč ρ dĂ©signe la masse volumique du milieu et l'accĂ©lĂ©ration de la pesanteur. Il vient :

oĂč α dĂ©signe le coefficient de dilatation isobare du milieu et cP sa capacitĂ© thermique isobare massique.

Exemples

Gaz parfaits

oĂč M dĂ©signe la masse molaire du gaz et R la constante des gaz parfaits.

AtmosphĂšre terrestre

L'air sec, essentiellement un mĂ©lange de diazote et de dioxygĂšne, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un gaz parfait diatomique de masse molaire 0,029 kg/mol. Avec 8,31 J mol−1 K−1 et 9,81 m/s2, on obtient :

9,78 Ă— 10−3 K/m,

soit une diminution d'environ un degré par centaine de mÚtres d'altitude[alpha 3].

Quand l'air est humide et comporte des gouttelettes d'eau en suspension, les variations de température s'accompagnent d'une variation de la fraction massique d'eau liquide. La capacité thermique isobare massique n'est alors plus celle de l'air sec mais celle du mélange diphasé air-eau, plus élevée (en raison de la chaleur latente d'évaporation). Le gradient thermique tombe alors à des valeurs de l'ordre de K/km.

Croûte et manteau

La croĂ»te et le manteau de la Terre, comme d'ailleurs ceux des autres planĂštes telluriques et de la Lune, sont essentiellement constituĂ©s de roches silicatĂ©es. Le coefficient de dilatation isobare et la capacitĂ© thermique isobare massique de ces roches dĂ©pendent de leur composition chimique et minĂ©ralogique, mais ces propriĂ©tĂ©s ne sont pas extrĂȘmement variables. En prenant des valeurs plausibles pour les roches du manteau[1] et l'accĂ©lĂ©ration de la pesanteur prĂšs de la surface, α = 1,5 Ă— 10−5 K−1, cP = 103 J kg−1 K−1, T = 2 700 K et g = 9,8 m/s2, on obtient 4 Ă— 10−4 K/m = 0,4 K/km.

La valeur du rapport α/cP dans le manteau Ă  diffĂ©rentes profondeurs peut ĂȘtre dĂ©duite de la mesure des vitesses sismiques[2], donc aussi le gradient adiabatique. Il en rĂ©sulte, entre 200 et 2 600 km de profondeur, un gradient adiabatique moyen Ă©gal Ă  1,7 Ă— 10−4 × T200 K/km, oĂč T200 dĂ©signe la tempĂ©rature Ă  200 km de profondeur, soit 0,17 K/km[2] si l'on prend T200 = 1 000 K.

Noyau externe

Les propriĂ©tĂ©s du mĂ©tal liquide qui constitue le noyau externe de la Terre sont estimĂ©es par extrapolation des mesures Ă  hautes tempĂ©rature et pression, et la tempĂ©rature et l'accĂ©lĂ©ration de la pesanteur Ă  partir des mesures sismiques et d'une modĂ©lisation de la tempĂ©rature. L'estimation courante du gradient adiabatique moyen est de 0,55 K/km[3].

Étoiles

En raison surtout d'une plus forte gravitĂ©, le gradient adiabatique Ă  l'intĂ©rieur des Ă©toiles est plus Ă©levĂ© qu'Ă  l'intĂ©rieur de la Terre. Dans le Soleil par exemple, il est de l'ordre de 0,01 K/m = 10 K/km[4].

Stabilité des milieux stratifiés

Un milieu stratifiĂ© dans lequel la pression est hydrostatique (, l'axe vertical Ă©tant dirigĂ© vers le bas) est en Ă©quilibre, mais cet Ă©quilibre peut ĂȘtre stable ou instable. Pour un milieu chimiquement homogĂšne, le problĂšme de la stabilitĂ© se pose quand le gradient thermique est positif, parce que les couches profondes sont alors moins denses que les couches superficielles (presque tous les matĂ©riaux ont un coefficient d'expansion thermique positif). On observe et on dĂ©montre que :

  • si le gradient thermique est infĂ©rieur au gradient adiabatique , l'Ă©quilibre hydrostatique est stable ;
  • s'il lui est supĂ©rieur, l'Ă©quilibre hydrostatique devient instable quand la diffĂ©rence dĂ©passe un certain seuil, qui dĂ©pend de la diffusivitĂ© thermique et de la viscositĂ© cinĂ©matique du milieu ainsi que des dimensions de l'ensemble du systĂšme. Quand l'Ă©quilibre est instable, il est remplacĂ© par un rĂ©gime de convection.

Quand la convection est vigoureuse et que les conditions aux limites n'imposent pas la différence de température entre le haut et le bas de la couche convective, le gradient thermique moyen [alpha 4] est à peine plus élevé que le gradient adiabatique. C'est en particulier le cas du noyau externe de la Terre et des autres planÚtes telluriques, ainsi que de la zone convective des étoiles (dont le Soleil).

Notes et références

Notes

  1. Cette précision indique qu'on ne tient pas compte des éventuelles réactions chimiques ou transitions de phase qui pourraient se produire, en cas de déséquilibre. En l'absence d'un tel déséquilibre, le gradient adiabatique (c'est-à-dire sans échange de chaleur avec l'extérieur), est également isentropique.
  2. Avec ce choix d'une orientation vers le bas, le gradient adiabatique est toujours positif. On parle de valeur algĂ©brique parce qu'on est amenĂ© Ă  lui comparer le gradient thermique qui, lui, peut ĂȘtre positif, nĂ©gatif ou nul.
  3. Dans cet article on a choisi d'orienter la direction verticale vers le bas (z = profondeur), mais quand il s'agit de l'atmosphĂšre il est plus naturel de l'orienter vers le haut (z = altitude), alors .
  4. La température est définie comme la moyenne horizontale de ou (selon le systÚme de coordonnées), pratiquement indépendante du temps t.

Références

  1. (en) A. E. Benfield, « The temperature in an accreting Earth », Transactions of the American Geophysical Union, vol. 31,‎ , p. 53-57 (DOI 10.1029/TR031i001p00053).
  2. (en) Jean Verhoogen, « The adiabatic gradient in the mantle », Transactions, American Geophysical Union, vol. 32, no 1,‎ , p. 41-43 (DOI 10.1029/TR032i001p00041).
  3. (en) G. Higgins et G. C. Kennedy, « The adiabatic gradient and the melting point gradient in the core of the Earth », Journal of Geophysical Research, vol. 76, no 8,‎ , p. 1870-1878 (DOI 10.1029/JB076i008p01870).
  4. (en) Dermott J. Mullan, Physics of the Sun : A First Course, CRC Press, , 360 p. (ISBN 978-1-4200-8308-8, lire en ligne), p. 99.

Voir aussi

Articles connexes

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