Gouvernance multi-niveaux
La gouvernance multi-niveaux est un concept rĂ©cent nĂ© de lâentrecroisement des thĂ©ories de la science politique et de lâanalyse de lâaction publique. En effet, câest au cours de la derniĂšre dĂ©cennie du 20e siĂšcle que lâon a pu voir Ă©merger une importante discussion sur le rĂŽle des gouvernements nationaux ou infranationaux dans lâintĂ©gration europĂ©enne, thĂ©ories notamment dĂ©veloppĂ©es par les politologues Liesbeth Hooghe et Gary Marks.
La thĂ©orie de la gouvernance multiniveaux est un systĂšme de nĂ©gociations continue entre les diffĂ©rents gouvernements imbriquĂ©s Ă plusieurs niveaux. Pour Gary Marks et Liesbeth Hooghe, lâincarnation europĂ©enne en est le parfait exemple car elle reprĂ©sente une diffusion du pouvoir Ă diffĂ©rents niveaux : supranational ou infranational[1].
Conceptualisation
Les premiers travaux de recherche sur les gouvernances multi-niveaux ont Ă©mergĂ© dans les annĂ©es 1990. Cette approche a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme une conceptualisation alternative de la construction des dĂ©cisions dans lâUnion EuropĂ©enne. Cette approche correspond Ă la mise en Ă©vidence de dynamiques rĂ©sultant de nĂ©gociations antagoniques entre les Ătats-Membres et les Institutions supranationales et infranationales[2]. On retrouve un processus composite de prise de dĂ©cisions composĂ© de diffĂ©rents niveaux et « se dĂ©ployant au-dessous de l'Ătat aussi bien qu'au-dessus de lui »[3].
LâĂtat-nation reste un acteur central dans la mise en place des politiques publiques, mais il est Ă©galement crucial de comprendre que la gouvernance nationale peut ĂȘtre remplacĂ©e par une gouvernance multiniveaux :
- La gouvernance nâest plus le seul fait de lâĂtat-nation mais concerne Ă©galement dâautres niveaux (supra ou infranational), se faisant toujours par dĂ©lĂ©gation : vers le bas et vers le haut
- La gouvernance des Ătats est elle-mĂȘme affectĂ©e par les diffĂ©rents niveaux. Le fait que des entitĂ©s « infranationales » soient dotĂ©es de compĂ©tences va influer sur la façon dont les dĂ©cisions prisent au niveau central vont ĂȘtre mises en Ćuvre.
De nombreux Ătats ont ainsi Ă©tĂ© affectĂ©s par une diffusion de lâautoritĂ© vers le haut, ce qui signifie une perte relative de souverainetĂ© dans certains domaines, et par une diffusion de lâautoritĂ© vers le bas, diffusion qui prend la forme dâune dĂ©centralisation souvent consĂ©quente.
Les auteurs sâintĂ©ressant dĂ©sormais Ă lâanalyse de la gouvernance multiniveau remettent en cause le « cloisonnement acadĂ©mique entre l'analyse des relations internationales et celle des politiques publiques, fondĂ© sur une distinction dĂ©passĂ©e entre l'interne et l'externe. Il n'est plus possible de dĂ©couper des espaces nationaux de politiques publiques, toute politique publique s'inscrivant dans des interactions dĂ©passant [par le bas et par le haut] le simple cadre national »[4].
Origine
Trois événements historiques importants ont permis de conceptualiser la notion récente de gouvernance à multi-niveaux :
PremiĂšrement, la rĂ©forme des fonds structurels europĂ©ens en 1988 a mis davantage lâaccent sur le partenariat et la coordination, faisant pression pour rĂ©former les administrations et crĂ©ant des rĂšgles et des procĂ©dures pour la gestion partagĂ©e des fonds structurels.
DeuxiĂšmement, la crĂ©ation du marchĂ© unique avec le programme 1992 a donnĂ© naissance Ă la mobilisation et la prolifĂ©ration de groupes dâintĂ©rĂȘts au sein de rĂ©seaux de politiques.
TroisiÚmement, la signature du Traité de Maastricht[5] en 1992 a introduit le principe de subsidiarité, désormais essentiel au sein des rÚgles européennes.
Dans ce contexte politique, Gary Marks est le premier Ă avoir thĂ©orisĂ© le concept de gouvernance Ă multi-niveaux dans un article publiĂ© en 1993 intitulĂ© « Politique structurelle et gouvernance Ă plusieurs niveaux dans la CommunautĂ© EuropĂ©enne ». Analysant les dĂ©veloppements rĂ©cents de la politique structurelle de la communautĂ© europĂ©enne, il reconnaĂźt lâimportance des niveaux de dĂ©cisions infranationales et suggĂšre lâĂ©mergence dâune gouvernance Ă plusieurs niveaux quâil dĂ©finit par « un systĂšme de nĂ©gociation continu entre les gouvernements imbriquĂ©s Ă plusieurs niveaux territoriaux ».
Ce premier article a Ă©tĂ© suivi de prĂšs par dâautres chercheurs qui exploraient la gouvernance Ă multi-niveaux comme une alternative aux formes traditionnelles centrĂ©es sur lâĂtat. Dans la revue American Political Science Review[6], Liesbet Hooghe et Gary Marks ont en 2003 tentĂ© de relier les rĂ©sultats du modĂšle de gouvernance multi-niveaux en tenant compte de la gouvernance territoriale et rĂ©gionale. Ainsi, ils ont conceptualisĂ© deux types idĂ©aux de gouvernance :
- La gouvernance multi-niveau de type I, prĂ©domine au sein des Ătats et rĂ©sulte de lâenracinement des compĂ©tences Ă diffĂ©rentes Ă©chelles. Ces juridictions - internationales, nationales, rĂ©gionales, locales - sont polyvalentes et regroupent plusieurs fonctions et responsabilitĂ©s en matiĂšre politique. Ces juridictions imbriquĂ©es ne se chevauchent ni ne se croisent pas Ă un niveau particulier.
- La gouvernance multi-niveau de type II, prĂ©domine dans les Ătats et conçoit des juridictions construites autour de problĂšmes politiques. La gouvernance est fragmentĂ©e en Ă©lĂ©ments fonctionnels spĂ©cifiques. Chaque juridiction est spĂ©cialisĂ©e dans une ou plusieurs fonctions de gouvernance et prend un ensemble dĂ©limitĂ© de dĂ©cisions faisant autoritĂ© sur un problĂšme particulier. Ces juridictions se chevauchent, se croisent et se coordonnent rarement.
Application
A l'échelle européenne
LâUnion EuropĂ©enne (UE) est lâobjet dâĂ©tude de nombreux mouvements thĂ©oriques. Deux nous intĂ©ressent ici. Tout dâabord, lâUE est reprise par les Ă©tudes des relations internationales. Ensuite, ce sont les diffĂ©rentes politiques publiques qui ont permis dâapprofondir et dâamĂ©liorer les Ă©tudes du premier cadre thĂ©orique. Cette deuxiĂšme phase thĂ©orique des politiques publiques est apparue au moment oĂč lâUnion europĂ©enne est devenue un exemple type et unique dâorganisation internationale, que Jacques Delors appelait « objet politique non-identifiĂ© ». Unique par son dĂ©veloppement et par son organisation politique, lâUnion sâimpose comme une entitĂ© oĂč la gouvernance sâexerce au niveau local et international dans la mise en place des politiques publiques. On parle dâailleurs de gouvernance et non de gouvernement car il nâexiste pas quâun seul centre de dĂ©cision.
La gouvernance multi-niveaux permet aussi de dĂ©passer le dĂ©bat classique entre les fonctionnalistes (ou supranationalistes) et les rĂ©alistes intergouvernementaux. Cette gouvernance rejoint les intergouvernementalistes en considĂ©rant les institutions comme « les piĂšces les plus importantes du puzzle europĂ©en ». Mais elle rejoint aussi les supranationalistes en considĂ©rant les institutions supranationales comme celles qui ont eu une influence significative dans lâexĂ©cution des politiques europĂ©ennes.
La gouvernance multi-niveaux apparaĂźt dans la deuxiĂšme phase thĂ©orique des politiques publiques. En effet, il sâagit ici de prendre en compte les nombreuses relations existantes entre les diffĂ©rents acteurs qui participent Ă la gouvernance territoriale, que ce soit au niveau privĂ© ou au niveau public. De plus, cette notion de gouvernance multi-niveaux est au cĆur de la distinction entre politique nationale et politique internationale. Une distinction qui devient de moins en moins claire avec lâĂ©volution de lâUnion EuropĂ©enne. Les Ă©tudes faites sur lâUE et ses prises de dĂ©cisions ont permis de comprendre cette gouvernance multi-niveaux en termes de nĂ©gociation, caractĂ©risĂ©e comme continue. Cette nĂ©gociation sâeffectue entre plusieurs gouvernements intĂ©grĂ©s sur les diffĂ©rents niveaux territoriaux. LâUnion europĂ©enne doit ainsi faire face aux diffĂ©rents niveaux de gouvernance qui sâinscrivent dans ce que lâon peut appeler des rĂ©seaux politiques ancrĂ©s dans une perspective territoriale. Câest dâailleurs dans les annĂ©es 1990 que se sont dĂ©veloppĂ©es ces Ă©tudes sur le rĂŽle des gouvernements rĂ©gionaux et infranationaux dans le processus dâintĂ©gration europĂ©enne et dans son organisation politique en gĂ©nĂ©ral. Les acteurs de ces gouvernements infranationaux vont sâengager de plus en plus dans la prise de dĂ©cision au sein de lâUnion EuropĂ©enne.
LâĂ©volution de lâUnion EuropĂ©enne a permis de mettre en lumiĂšre la multiplication des relations entre ces acteurs devenant de plus en plus complexes. Mais la thĂ©orie dĂ©voile aussi lâaction des acteurs considĂ©rĂ©s comme non-Ă©tatiques qui agissent dans les politiques publiques et dans lâintĂ©gration de lâUnion europĂ©enne.
La gouvernance multi-niveaux au sein de lâUnion se caractĂ©rise par des relations constantes, de respect des responsabilitĂ©s divisĂ©es au sein de chaque niveaux ainsi que le respect de leur compĂ©tence. Ceci est essentiel afin de coordonner les politiques au niveau supranational, national, rĂ©gional et local. Les autoritĂ©s rĂ©gionales et locales jouent un rĂŽle important puisquâils sont au cĆur de ce principe de subsidiaritĂ© essentiel Ă la gouvernance multi-niveaux, et dâailleurs introduit par le traitĂ© de Maastricht en 1992 (article 5). Ce principe de subsidiaritĂ© repose sur lâidĂ©e que la prise de la dĂ©cision ne doit pas ĂȘtre seulement ĂȘtre effectuĂ©e au niveau supĂ©rieur si dâautres acteurs au niveau infĂ©rieur peuvent le faire efficacement. Le principe est dâailleurs utilisĂ© dans une logique dâefficacitĂ© pour prendre la dĂ©cision la plus proche du terrain et donc de la rĂ©alitĂ© locale, puis dans une logique dĂ©mocratique Ă©tant donnĂ© quâil privilĂ©gie la dĂ©cision la plus proche du citoyen. LâUnion nâinterviendra alors Ă la place des Ătats seulement si elle a les capacitĂ©s dâagir plus efficacement quâeux. Les prises de dĂ©cision et la mise en place des politiques publiques doivent alors se faire entre tous les niveaux.
Afin de mettre en place ces politiques publiques au niveau national, de nombreuses institutions vont sâinterconnecter dans tous les niveaux afin que les politiques europĂ©ennes puissent ĂȘtre appliquĂ©s convenablement au niveau national. LâUnion EuropĂ©enne est caractĂ©risĂ©e par la couche europĂ©enne constituĂ©e de la Commission, du Parlement et du Conseil. Les Ătats sont reprĂ©sentĂ©s par une couche nationale et les territoires locaux par une couche locale. Ainsi, toutes ces couches sont interconnectĂ©es au travers des relations entre les acteurs de mĂȘme niveau (ce que lâon appelle la relation horizontale), mais Ă©galement au travers des relations entre les diffĂ©rents niveaux de gouvernance (cette fois-ci la relation verticale). La Commission joue dâailleurs un rĂŽle fondamental dans le « processus de formation institutionnelle »[7]. Ce processus aurait permis aux acteurs infranationaux de se doter de plus de compĂ©tences et de ressources politiques afin de participer aux dĂ©cisions de politiques publiques indĂ©pendamment des gouvernements centraux.
RÎle des niveaux régionaux et locaux
LâUnion europĂ©enne est composĂ©e de plus de 90 000 collectivitĂ©s locales ou rĂ©gionales possĂ©dant de nombreuses compĂ©tences dans les divers domaines que sont lâĂ©ducation, lâenvironnement, le dĂ©veloppement Ă©conomique, les services publics, l'amĂ©nagement des territoires ou encore les transports. On considĂšre le rĂŽle de ces collectivitĂ©s issu Ă 70 % de la lĂ©gislation europĂ©enne. En pratique les compĂ©tences des rĂ©gions et des villes doivent permettre dâassurer cette gouvernance aux deux niveaux rĂ©gional et local. Encore une fois, le rĂŽle jouĂ© par les acteurs non Ă©tatiques est Ă©galement important avec lâimportance de la sociĂ©tĂ© civile qui doit ĂȘtre incluse dans la prise de dĂ©cision des politiques publiques.
Comment un tel niveau de gouvernance multi-niveaux peut ĂȘtre lĂ©gitimĂ© ? Le traitĂ© de Lisbonne (2007) a Ă©tĂ© une Ă©tape importante dans ce processus de lĂ©gitimation. Les collectivitĂ©s locales et rĂ©gionales se trouvent dotĂ©es de compĂ©tences renforcĂ©es dans le domaine de la prise de dĂ©cision. Les ComitĂ©s des rĂ©gions deviennent plus importants en dĂ©tenant le pouvoir de veiller au respect du principe de subsidiaritĂ©. LâĂ©chelle territoriale prend tout son sens Ă travers cette institutionnalisation notamment par la cohĂ©sion territoriale, Ă©tape essentielle de lâintĂ©gration. Le traitĂ© de Lisbonne distingue dâailleurs 3 types de compĂ©tences. LâUE dĂ©tient les compĂ©tences exclusives sur tout ce qui concerne le marchĂ© unique et les Ătats doivent par consĂ©quent abandonner leur souverainetĂ© sur ces principes. La compĂ©tence exclusive des Ătats membres sâexerce sur ce qui concerne les questions nationales importantes que sont la culture, la santĂ©, lâĂ©ducation, sur lesquelles lâUnion peut mener des « actions dâappui, de coordination ou de complĂ©ment ». Enfin, il existe des compĂ©tences partagĂ©es entre les Ătats membres et lâUnion oĂč les Ătats exercent leur compĂ©tence lorsque lâUnion nâa pas exercĂ© la sienne, en matiĂšre dâenvironnement, de transport, de marchĂ© intĂ©rieur[8]âŠOn distingue deux types de canaux par lesquels les acteurs infranationaux agissent au niveau europĂ©en. Les premiers sont les canaux dits « internes », celui qui caractĂ©rise lâinfluence indirecte de ces acteurs sur les institutions europĂ©ennes (via notamment les institutions nationales, lâĂtat membre). Les canaux « externes » sont ceux par lesquels les acteurs infranationaux ont un accĂšs direct aux institutions supranationales, « au-delĂ de lâĂtat nation ». Ces canaux externes sont justement reprĂ©sentĂ©s par le ComitĂ©s des rĂ©gions, les associations inter-rĂ©gionales, ou encore les groupes dâintĂ©rĂȘts rĂ©gionaux.
Comité des Régions
Le , un livre blanc a mĂȘme Ă©tĂ© Ă©crit par le ComitĂ© des RĂ©gions concernant cette gouvernance multi-niveaux en dĂ©crivant quels sont les outils essentiels afin que toutes les Ă©tapes du processus dĂ©cisionnel soient respectĂ©es et considĂ©rĂ©es[9]. « Construire une culture europĂ©enne de la gouvernance Ă multiniveaux »: lâavis de suivi qui accompagne le livre blanc rĂ©vĂšle rĂ©ellement le rĂŽle jouĂ© par ce ComitĂ© Ă toutes les Ă©chelles de gouvernance. Un « tableau de bord de la gouvernance Ă multiniveaux » est mĂȘme mis en place afin dâĂ©valuer chaque annĂ©e lâĂ©volution de cette gouvernance[10].
Le câest une charte de la gouvernance multi-niveaux qui est mise Ă disposition par le comitĂ© des RĂ©gions appelant Ă toutes les autoritĂ©s publiques de tous les niveaux Ă lâutiliser et Ă la promouvoir[11]. Les diffĂ©rentes autoritĂ©s souhaitant sây conformer peuvent la signer. Il sâagit de toutes les autoritĂ©s locales et rĂ©gionales de lâUnion, les associations europĂ©ennes et nationales des pouvoirs locaux et rĂ©gionaux, ainsi que les diffĂ©rentes personnalitĂ©s politiques nationales et europĂ©ennes[12].
Une décentralisation centrale
Cette dĂ©centralisation Ă©vidente entretenue par les Ătats membres depuis bientĂŽt 30 ans sâexplique maintenant plus par une approche bottom-up quâune approche top-down. Le plus souvent, les politiques publiques tiennent leur origine des acteurs locaux ou rĂ©gionaux qui sont les plus proches des citoyens et qui agissent sur le terrain. Ils peuvent faire remonter les problĂšmes ou les avantages de certaines politiques et peuvent incarner les revendications des citoyens. Le dĂ©veloppement des moyens et la rĂ©partition des compĂ©tences au niveau rĂ©gional y sont pour beaucoup. Il faut bien sĂ»r prendre en compte que si cette approche bottom-up a pu ĂȘtre aujourdâhui aussi importante, câest grĂące Ă lâĂ©lan qui lui a Ă©tĂ© donnĂ© par lâapproche top-down. Depuis les annĂ©es 1980, on parle mĂȘme dâune « Europe des rĂ©gions ».
Les effets de la gouvernance multi-niveaux sont multiples. Mais plus prĂ©cisĂ©ment, on assiste Ă une europĂ©anisation de lâaction publique oĂč lâinfluence de lâUE se fait ressentir quant aux politiques publiques locales ou rĂ©gionales. Les Ă©lus locaux doivent dâailleurs intĂ©grer lâUnion EuropĂ©enne dans leur fonctionnement. Lorsqu'un Ă©lu souhaite coopĂ©rer ou sâaccorder Ă un autre Ătat membre, il doit sâaccorder en matiĂšre dâharmonisation des politiques publiques. De plus, la gouvernance multi-niveaux peut parfois dĂ©voiler une sorte dâaffaiblissement du niveau national aux dĂ©pens du niveau supranational ou du niveau rĂ©gional.
Exemple de la politique agricole commune
La PAC (Politique Agricole Commune) est un exemple type de cette europĂ©anisation de lâaction publique. Nous sommes face Ă©galement Ă une europĂ©anisation des normes, lâĂtat membre doit agir en termes de politique europĂ©enne et non en termes de politique nationale concernant lâagriculture. Ces normes sont europĂ©anisĂ©es jusqu'au niveau local, câest ce quâon appelle la primautĂ© du droit europĂ©en. Cette primautĂ© consiste Ă faire prĂ©valoir ce droit sur celui des Ătats et encadre donc leur action en matiĂšre de politiques publiques. Cet exemple dâeuropĂ©anisation des normes nâest pas le seul qui a suscitĂ© de nombreuses contestations quant Ă lâimportance prise par le niveau supranational. Certains Ătats ont mĂȘme recours Ă certains arguments le dĂ©nonçant en passant du « let us in » (afin dâintĂ©grer lâUnion EuropĂ©enne) au « let us alone » (voulant plus dâautonomie au niveau local).
Cependant, le terme de gouvernance multi-niveaux ou du moins celui de la dĂ©centralisation ne sâapplique pas seulement Ă lâUnion EuropĂ©enne qui mĂȘme si elle en a Ă©tĂ© le prĂ©curseur nâen incarne pas lâunicitĂ©. En effet, de nombreux auteurs ont rĂ©vĂ©lĂ© rĂ©cemment que cette gouvernance est appliquĂ©e sur dâautres continents. Câest le cas par exemple de lâAmĂ©rique latine ou de lâAsie. En 2011, on comptait 32 organisations rĂ©gionales intergouvernementales oĂč presque la totalitĂ© des Ătats du monde en font partie et ces organisations couvrent les nombreux domaines politiques auxquels les Ătats sont confrontĂ©s. Cette multiplication des organisations intergouvernementales peut sâexpliquer par lâimportance de lâinterdĂ©pendance transfrontaliĂšre oĂč les questions de migrations, du changement climatique et du terrorisme lâont renforcĂ©.
Au niveau: le cas du fédéralisme
On assiste aujourdâhui Ă une remise en cause de lâordre Westphalien : lâĂ©chelle de lâĂtat-nation disparaĂźt progressivement, laissant place Ă de nouveaux modĂšles de gouvernance dits supranationaux-internationaux via les organisations supranationales. Si la gouvernance multi-niveaux est communĂ©ment associĂ©e Ă lâidĂ©e dâune gouvernance supranationale, il nâen demeure pas moins que le terme peut Ă©galement faire rĂ©fĂ©rence Ă un modĂšle de gouvernance Ă©tatique, le fĂ©dĂ©ralisme.
Le fĂ©dĂ©ralisme, ou Ătat fĂ©dĂ©ral peut ĂȘtre dĂ©fini comme une association d'Ătats, superposĂ©s pour former une gouvernance Ă deux Ă©tages. Cette forme dâorganisation politique est aujourdâhui rĂ©pandue Ă travers le monde, et notamment au sein des dĂ©mocraties europĂ©ennes comme lâAllemagne, la Belgique ou encore la Suisse. Deux caractĂ©ristiques principales peuvent ĂȘtre mises en avant. Dâune part, lâexistence dâune constitution fĂ©dĂ©rale fondant les Ătats fĂ©dĂ©rĂ©s et crĂ©ant une nouvelle collectivitĂ© Ă©tatique. Dâautre part, la fĂ©dĂ©ration est en rĂ©alitĂ© une juxtaposition de deux niveaux de collectivitĂ©s Ă©tatiques, que sont le niveau fĂ©dĂ©ral, ou Ătat central, et le niveau des Ătats membres. Ces Ătats membres sont amenĂ©s Ă prendre diffĂ©rentes formes et dĂ©nominations en fonctions des Ătats: Les LĂ€nders allemands, les cantons suisses ou les provinces canadiennes ne sont que des exemples de cette diversitĂ© terminologique et organisationnelle.
Le processus dâĂ©mergence dâune fĂ©dĂ©ration peut prendre diffĂ©rentes formes. Il existe en rĂ©alitĂ© deux processus envisageables. La formation dâune fĂ©dĂ©ration par association rĂ©sulte de lâunion dâĂtats indĂ©pendants, liĂ©s par une Constitution fĂ©dĂ©rale. A contrario, la formation dâune formation dâune fĂ©dĂ©ration par dissociation rĂ©sulte du morcellement dâun Ătat unitaire. Cette fragmentation de lâĂtat donne ainsi naissance Ă plusieurs Ătats autonomes, liĂ©s par un cadre fĂ©dĂ©ral commun. Dans les deux cas, lâentrĂ©e en vigueur dâune constitution fĂ©dĂ©rale, mettant en exergue les rĂšgles de rĂ©partition des compĂ©tences entre les niveaux fĂ©dĂ©ral et fĂ©dĂ©rĂ© et prĂ©voyant la crĂ©ation dâinstitutions et dâorganes communs, vient finaliser la crĂ©ation de lâĂtat fĂ©dĂ©ral.
Les raisons poussant les Ătats Ă sâunir au sein dâune fĂ©dĂ©ration sont multiples. En premier lieu, ces derniers voient leurs capacitĂ©s diplomatiques, mais Ă©galement militaires et Ă©conomiques augmenter considĂ©rablement. Une telle mise en commun de ces capacitĂ©s permet bien souvent aux Ătats fĂ©dĂ©rĂ©s de gagner en lĂ©gitimitĂ© et en influence sur la scĂšne rĂ©gionale ou internationale. Plus gĂ©nĂ©ralement parlant, la formation dâune fĂ©dĂ©ration entraĂźne une importante facilitĂ© de gestion de certains services et infrastructures ainsi quâune optimisation des politiques publiques.
Le principe de subsidiaritĂ©, dĂ©veloppĂ© au sein des procĂ©dures europĂ©ennes, est Ă©galement appliquĂ© dans le fonctionnement interne dâune fĂ©dĂ©ration. Lâinstallation dâune gouvernance multi-niveaux permet de rapprocher lâadministration des administrĂ©s, et ainsi dâinclure davantage les citoyens au processus dĂ©cisionnel. Le pouvoir se voit ainsi sĂ©parĂ© de maniĂšre vertical, assurant un Ă©quilibre institutionnel et une plus grande pondĂ©ration dans lâexercice du pouvoir politique. Enfin, il convient de rappeler que le fĂ©dĂ©ralisme est un systĂšme politique encourageant la coexistence dâidentitĂ©s diffĂ©rentes au sein dâun mĂȘme territoire: les identitĂ©s religieuses, ethniques ou encore linguistiques sont reconnues par lâĂtat fĂ©dĂ©ral, qui assure leur respect et leur libertĂ©.
La fĂ©dĂ©ration, en tant que modĂšle de gouvernance multi-niveaux, fonctionne selon trois principes essentiels que sont les principes de superposition, dâautonomie et dâassociation. Le premier principe repose sur lâidĂ©e dâune juxtaposition des deux niveaux Ă©tatiques. DĂšs lors, les constitutions et ordres juridiques, mais Ă©galement les pouvoirs politiques et organes de gouvernement se voient superposĂ©s. Cette juxtaposition, ou superposition, nâimplique nĂ©anmoins pas une remise en question de la souverainetĂ© des Ătats membres. Ces derniers conservent bel et bien un droit souverain sur leur territoire, mais sont par ailleurs soumis Ă la primautĂ© du droit fĂ©dĂ©ral. Le deuxiĂšme principe dâautonomie confĂšre aux Ătats membres le droit de conserver leurs propres constitutions, lois ainsi que leurs organes lĂ©gislatifs, judiciaires et exĂ©cutifs. Ils jouissent ainsi dâune forte autonomie sur le plan interne. NĂ©anmoins, les Ătats-membres ne disposent dâaucune reprĂ©sentation Ă lâinternational. LâĂtat fĂ©dĂ©ral incarne vĂ©ritablement lâensemble de ces Ătats membres lors de rencontres diplomatiques et sommets internationaux, conformĂ©ment au principe de subsidiaritĂ©. Enfin, le principe dâassociation pose les conditions de fonctionnement de cette gouvernance multi-niveaux : lâĂtat fĂ©dĂ©rĂ© accepte de se dĂ©faire dâune partie de sa souverainetĂ© en intĂ©grant le cadre fĂ©dĂ©ral, sous la condition de pouvoir participer au fonctionnement de lâĂtat central et Ă la dĂ©termination de sa politique fĂ©dĂ©rale. Ainsi, les Ătats fĂ©dĂ©rĂ©s participent Ă lâĂ©laboration et Ă la modification de la Constitution lorsque nĂ©cessaire, ainsi quâĂ lâĂ©laboration des lois fĂ©dĂ©rales communes Ă lâensemble des Ătats membres. Par ailleurs, les Ătats sont reprĂ©sentĂ©s dans la chambre basse du parlement fĂ©dĂ©ral, et, dans la majoritĂ© des cas, au sein de lâexĂ©cutif mĂȘme. On parle ainsi dâun bicamĂ©ralisme fĂ©dĂ©ral.
Ă lâimage de lâUnion EuropĂ©enne, les fĂ©dĂ©rations opĂšrent une rĂ©partition plus ou moins stricte des compĂ©tences. Les schĂ©mas de rĂ©partition varient en fonction des Ătats, et visent Ă inscrire la gouvernance multi-niveaux dans une logique de coordination et complĂ©mentaritĂ©. Les compĂ©tences fĂ©dĂ©rales sont ainsi associĂ©es Ă la souverainetĂ© externe de la fĂ©dĂ©ration, tandis que les compĂ©tences des Ătats membres se rĂ©sument au droit privĂ©, Ă la fiscalitĂ© ou encore Ă lâĂ©ducation. Enfin, les deux niveaux de gouvernance partagent certains champs de compĂ©tences, comme lâĂ©cologie ou les transports.
LâEurope sâimpose aujourdâhui comme un terreau fertile pour les fĂ©dĂ©rations. La grande diversitĂ© des identitĂ©s qui la composent a notamment donnĂ© naissance Ă plusieurs systĂšmes fĂ©dĂ©raux au sein du territoire europĂ©en. NĂ©anmoins, le modĂšle fĂ©dĂ©ral de gouvernance est aujourdâhui prĂ©sent dans de trĂšs nombreux pays du globe, comme le Mexique, le Canada, les Ătats-Unis ou encore lâĂthiopie. Lâexemple de la Suisse sâimpose nĂ©anmoins comme un exemple pertinent du modĂšle de gouvernance multi-niveaux quâest le fĂ©dĂ©ralisme.
Contrairement aux prĂ©supposĂ©s dĂ©coulant du titre âConfĂ©dĂ©ration suisseâ, la Suisse est bel et bien une fĂ©dĂ©ration. La constitution fĂ©dĂ©rale de la ConfĂ©dĂ©ration Suisse, adoptĂ©e en , expose le fonctionnement des diffĂ©rents niveaux de gouvernance et rĂ©partit les compĂ©tences entre ces derniers. En rĂ©alitĂ©, la Suisse compte non pas deux mais bien trois niveaux de gouvernance, Ă savoir la ConfĂ©dĂ©ration, comme Ătat central, les cantons ou Ătats fĂ©dĂ©rĂ©s et les communes. LâĂtat central est ainsi responsable de la politique extĂ©rieure de la nation ainsi que des questions touchant aux douanes, Ă la monnaie, Ă la lĂ©gislation fĂ©dĂ©rale ou encore Ă la dĂ©fense nationale. Les cantons, au nombre de 26, jouissent dâune large souverainetĂ© en matiĂšre de budget, de systĂšme politique et de fiscalitĂ©. Enfin, les 2 300 communes sont chacune dotĂ©es dâune assemblĂ©e communale et dâun exĂ©cutif nommĂ© par le peuple. Elles sont ainsi chargĂ©es de lâĂ©ducation, du systĂšme de protection sociale, mais Ă©galement des infrastructures routiĂšres et de lâamĂ©nagement du territoire qui leur est attribuĂ©. Le pouvoir exĂ©cutif suisse est incarnĂ© par le Conseil fĂ©dĂ©ral, composĂ© de sept conseillers fĂ©dĂ©raux responsables dâun dĂ©partement particulier et dirigĂ©s par le prĂ©sident de la ConfĂ©dĂ©ration Ă©lu chaque annĂ©e. Ces derniers sont Ă©lus par lâAssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale, qui incarne le lĂ©gislatif fĂ©dĂ©ral. Suivant un modĂšle bicamĂ©ral, le Parlement suisse est composĂ© du Conseil National, au sein duquel 200 dĂ©putĂ©s reprĂ©sentent les cantons suisses. La reprĂ©sentation des cantons est proportionnelle Ă leur taille. La chambre haute du Parlement, dit Conseil des Ătats, est composĂ© de 46 membres. Lâensemble des cantons sont reprĂ©sentĂ©s par deux dĂ©putĂ©s, Ă lâexception des demi-cantons reprĂ©sentĂ©s par un unique dĂ©putĂ©.
Arguments
Implémentation calibrée
La mise en place dâune gouvernance multi-niveaux, permettant Ă diffĂ©rents acteurs (acteurs publics et privĂ©s, niveau local, rĂ©gional, national, et supranational) de prendre part au processus de dĂ©cision ainsi quâĂ la mise en Ćuvre de politiques publiques, aide Ă un gain de temps et dâeffectivitĂ© de ces derniĂšres.
La dĂ©lĂ©gation de certaines tĂąches aux autoritĂ©s rĂ©gionales et locales, permet par exemple une adaptation dâune politique publique nationale aux nĂ©cessitĂ©s du terrain ; les standards nationaux nâĂ©tant parfois pas adaptĂ©s aux situations locales.
Donner plus de responsabilitĂ©s et de marge de manĆuvre aux autoritĂ©s correspondant aux diffĂ©rents niveaux de cette forme de gouvernance permet une intervention calibrĂ©e de ces autoritĂ©s sur des enjeux qui leur sont spĂ©cifiques. Les enjeux transnationaux seront dâautant mieux gĂ©rĂ©s au niveau supranational aussi bien que des enjeux locaux le seront au niveau local.
De plus, charger des acteurs privĂ©es (entreprises privĂ©es) de la mise en Ćuvre dâune politique publique, Ă©manant des acteurs publics (Ătat, rĂ©gion, dĂ©partementâŠ) permet dâallĂ©ger des pouvoirs publics parfois dĂ©bordĂ©s, et ainsi gagner en effectivitĂ© et en efficacitĂ©.
Sécurité
La sĂ©curitĂ© demeure lâun des arguments de la mise en place dâune telle forme de gouvernance ; lâĂ©mergence dâune forme de supranationalitĂ© (lâUnion europĂ©enne par exemple) a dâores et dĂ©jĂ permis la possibilitĂ© dâun dialogue entre les nations afin dâĂ©viter les conflits politiques voire les Ă©ventuels conflits armĂ©s. De plus, le niveau supranational aide Ă la mise en commun des capacitĂ©s en matiĂšre de sĂ©curitĂ© permettant de lutter plus efficacement contre des menaces dĂ©passant le cadre de lâĂtat, des menaces transnationales telle que la lutte contre le terrorisme, contre les organisations criminelles, la gestion des frontiĂšres, les flux humains (ex : crise des rĂ©fugiĂ©s en Europe).
En outre, donner plus de pouvoir aux instances locales, rĂ©gionales et supranationales aide Ă un contre-poids effectif vis-Ă -vis de lâĂtat : Ce dernier nâaurait ainsi pas le monopole de dĂ©cision et de mise en place des politiques publiques, aussi bien que le niveau supranational permet de contenir la tentation hĂ©gĂ©monique de certaines nations.
Gestion Ă©conomique
Dans la lignĂ©e des enjeux plus transnationaux, comme les flux Ă©conomiques, la question dâune gestion transnationale peut sembler nĂ©cessaire. DâoĂč la nĂ©cessitĂ© dâune gouvernance multi-niveaux, incarnĂ© par une entitĂ© supranational gĂ©rant ces flux Ă©conomiques.
Lâexistence dâun niveau supranational permet de gĂ©rer des activitĂ©s Ă©conomiques et commerciales transnationales, ce qui favorise non seulement la prospĂ©ritĂ© des nations coopĂ©rantes mais aussi la paix en raison dâune interdĂ©pendance Ă©conomique plus poussĂ©e entre celles-ci.
Câest dans cette optique que fut fondĂ© la CECA en 1951 (CommunautĂ© europĂ©enne du charbon et de lâacier) : dâune part elle avait pour but une prospĂ©ritĂ© Ă©conomique des Ă©tats coopĂ©rants (France, Italie, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas et RFA (RĂ©publique FĂ©dĂ©rale dâAllemagne) et dâautre part, elle permettait une paix durable via une interdĂ©pendance Ă©conomique en Europe aprĂšs le cataclysme de la Seconde guerre mondiale. Cette coopĂ©ration Ă©conomique sera toujours plus poussĂ© jusquâĂ devenir lâUnion europĂ©enne actuelle.
Limites
Les limites théoriques
La notion de niveau nâest pas assez prĂ©cise dans le sens oĂč elle nâest que trĂšs rarement dĂ©veloppĂ©e et analysĂ©e via des dynamiques de pouvoir, de hiĂ©rarchisation. De plus, les niveaux sont habituellement vus directement comme Ă©tant un tout, un espace homogĂšne. Or, cela peut ĂȘtre compliquĂ© de voir le gouvernement national ou les dynamiques internationales, dâailleurs, comme un tout. En ce sens, faudrait-il prendre en compte les rĂ©seaux, les acteurs non-gouvernementaux dans la rĂ©flexion ? Les considĂ©rations ontologiques et sociologiques sont Ă reconnaĂźtre et Ă repenser afin dâavoir une explication claire[13]. Aussi, ce nâest pas parce que la structure change pour ĂȘtre plus stratifiĂ©e que les structures du pouvoir en sont changĂ©es[14].
De plus, la gouvernance multi-niveaux en tant quâapproche ne sâinscrit pas dans un cadre thĂ©orique particulier. En ce sens, les recherches menĂ©es sur le sujet sont surtout descriptives et trĂšs peu analytiques. Cette caractĂ©ristique Ă©pistĂ©mologique rend cette approche assez pauvre en matiĂšre de souverainetĂ© et des connexions entre les diffĂ©rents acteurs et diffĂ©rents niveaux.
Les limites pratiques
Dans lâoptique de crĂ©er des politiques publiques, les recherches sur le sujet ne se sont pas assez attardĂ©es sur les aspects fonctionnels. Il est important de se focaliser sur les interactions des diffĂ©rents niveaux pour se rendre compte de lâefficacitĂ© des diffĂ©rentes mesures dĂ©lĂ©guĂ©es au niveau infĂ©rieur. Or, la nature incrĂ©mentale et pluraliste de la gouvernance multi-niveaux complexifie les arrangements institutionnels qui en dĂ©coulent.
On peut remarquer que la dĂ©multiplication des niveaux peut mener Ă un fossĂ© dans lâapplication des politiques publiques. En thĂ©orie, le fait dâavoir plusieurs couches se relayant et implĂ©mentant les politiques devrait mener Ă une meilleure efficacitĂ©. La pratique est toute autre car les acteurs qui se doivent dâappliquer les politiques peuvent le faire de maniĂšre Ă les modifier voire Ă les bloquer. (Ceci dans le cadre dâune volontĂ© politique intentionnelle). Pour avoir une implĂ©mentation efficace, il faut une collaboration efficace entre les diffĂ©rents acteurs Ă chaque niveau[15].
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