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Glandes gnathocoxales

Les glandes gnathocoxales, qualifiées aussi de glandes salivaires, sont des organes sécréteurs péri-buccaux situés dans les gnathocoxae ou lames maxillaires des Araignées. Elles présentent fréquemment un dimorphisme sexuel remarquable.

Elles ne doivent pas être confondues avec les glandes épidermiques en coussins, partie différenciée du tégument gnathocoxal.

Introduction

Fig.1 - Vue ventrale des gnathocoxae (G) avec leur serrula (S) chez une Araignée Aranéomorphe (M.E.B.). C, crochet et T, tige des chélicères - B, orifice buccal - H, hanche ou coxa - L, labium (M.E.B.).

Les pĂ©dipalpes (palpes) d’AraignĂ©es sont des appendices prosomatiques très importants diffĂ©renciĂ©s chez le mâle en organes d’accouplement dont un bulbe copulateur. Leur hanche ou coxa est insĂ©rĂ©e sur le cĂ´tĂ© de la lèvre infĂ©rieure (labium) et limite donc la bouche latĂ©ralement. Chez les Liphistiomorphes et beaucoup de Mygalomorphes, elle ne diffère de celle des pattes ambulatoires que par une brosse de poils utilisĂ©e pour la filtration des aliments. En revanche, chez d’autres Mygalomorphes, elle prĂ©sente une nette protubĂ©rance antĂ©ro-interne qui s’individualise en lame maxillaire dans le cas des AranĂ©omorphes. Cette gnathocoxa (gnathocoxe) a une forme et un dĂ©veloppement variables, peut devenir beaucoup plus volumineuse que la hanche elle-mĂŞme et prĂ©sente un bord interne aminci dont la brosse de poils est appelĂ©e scopula. Son sommet porte une serrula, carène denticulĂ©e et tranchante Ces diffĂ©renciations permettent Ă  l’ AraignĂ©e de dĂ©chirer et mastiquer ses proies, d’oĂą son autre nom de patte-machoire donnĂ© au pĂ©dipalpe (Fig. 1).

Les lames maxillaires contiennent des glandes dites gnathocoxales ou salivaires dĂ©couvertes par Campbell (1881) et ne devant pas ĂŞtre confondues avec les glandes pĂ©ri-buccales maxillaires en coussinet. Il Ă©tait communĂ©ment admis que leur nombre et leur importance varient selon les familles, qu’elles ont une structure uniforme considĂ©rĂ©e comme acineuse par Millot (1968) et qu’elles prĂ©sentent tout au plus des variations numĂ©riques entre le mâle et la femelle (Legendre, 1953).

Fig.2 - Araniella cucurbitina, mâle : coupe histologique longitudinale de gnathocoxa. E, glande gnathocoxale épidermique - Gc, glandes classiques - Gs, glandes sexuelles - M, muscle.
Fig.3 - Aculepeira ceropegia, mâle : coupe histologique longitudinale de gnathocoxa. Ch, chélicère - Gc, glandes classiques - Gs, glandes sexuelles - M, muscle.

En fait, les glandes gnathocoxales (maxillaires ou salivaires) de certaines Araignées présentent un dimorphisme sexuel remarquable. Observé pour la première fois dans les coupes histologiques d' un mâle d’Araniella cucurbitina (Clerck) (Fig. 2), d'ailleurs photographié sur le terrain avant sa capture[1], il a été signalé ultérieurement chez d’autres Araneidae, chez des Linyphiidae [2] et retrouvé ensuite dans plusieurs genres de ces mêmes familles, dont la remarquable Kaira alba[3](Fig. 4), Lepthyphantes[4] ainsi que chez les Leptonetidae[5] - [6] - [7].

Ce dimorphisme est liĂ© Ă  la prĂ©sence, chez le seul mâle, de glandes particulières qui siègent dans la gnathocoxa avec les glandes salivaires classiques qu’elles entourent. Elles peuvent y rester confinĂ©es ou la  dĂ©border pour s’engager plus ou moins largement dans le prosoma, ont une structure acinoĂŻde et renferment, dans leurs cellules glandulaires ou adĂ©nocytes, des grains de sĂ©crĂ©tion que l’éosine colore intensĂ©ment, d’oĂą le nom de « glandes Ă  grains Ă©osinophiles » qui leur a Ă©tĂ© attribuĂ© initialement[2] avant d’être remplacĂ©, faute de mieux, par l’appellation Â« glandes sexuelles »[1].

Localisation et rapports

Fig.4 - Kaira alba, mâle : coupe histologique de gnathocoxa. E, glande gnathocoxale épidermique - Gc, glandes classiques - Gs, glandes sexuelles

Ils varient sensiblement selon les familles et mĂŞme dans certains genres.

Chez les Araneidae, la sous-famille des Araneinae semble offrir seule un dimorphisme sexuel : Araniella cucurbitina (Fig. 2), Araneus quadratus, Nuctenea cornuta et sclopetaria, Aculepeira ceropegia (Fig. 3) et annulipes, Cyclosa conica et caroli, Zygiella x-notata, Kaira alba (Fig. 4), Wixia ectypa, Micrathena schreibersi[8]. Les glandes sexuelles mâles y occupent une grande partie de la lame maxillaire mais n’en débordent pratiquement pas (Fig. 2 à 4). Ainsi sont-elles baignées en totalité par son sinus hémolymphatique tout comme les glandes classiques ou banales des femelles d’Araneinae quelle qu’en soit l’espèce et toutes proportions corporelles gardées. Fait important, ces mêmes genres ont un palpe dont le style est dépourvu de coiffe embolique ou ne se rompt pas lors de la copulation[1] - [9]. En revanche, les mâles d’Araneinae sans glandes sexuelles possèdent une coiffe ou du moins, un embolus qui subit une rupture apicale in copula (Araneus, Neoscona, Nemoscolus, Metepeira).

Fig.5 - Linyphia triangularis mâle : coupe histologique parasagittale du prosoma. Ch, chélicère - Gc, glandes classiques - Gs, glandes sexuelles -M, muscle - N, ganglion nerveux - Tr, tissu réticulé

Chez les Linyphiidae et les Erigoninae, deux sous-familles bien séparées au sein des Linyphiidae, les glandes sexuelles mâles débordent en revanche largement des gnathocoxae ou lames maxillaires (Fig. 5, 6) alors que les glandes classiques y restent confinées (genres Linyphia, Lepthyphantes, Tapinopa, Pityohyphantes, Erigone, Styloctetor, Grammonota, Moebellia, Wideria, Hypomma [1] - [10] - [8].

Fig.6 - Moebellia penicillata mâle : coupe histologique parasagittale du prosoma. Ch, chélicère - Gs, glandes sexuelles - Gn, gnathocoxa - M, muscle - V, glande à venin.

Elles semblent envahir littéralement l’interstitium du céphalothorax (prosoma) et y deviennent en quelque sorte ectopiques, parfois à un tel degré que leurs canaux excréteurs restent seuls en place dans la lame maxillaire avec les glandes classiques.

Les glandes sexuelles mâles constituent schématiquement trois groupes acineux de localisations différentes.

Un groupe antéro-inférieur, intra-gnathoxoxal, correspond à celles qui sont demeurées en place dans la gnathocoxa et y entourent les glandes « classiques ».

Fig.7 - Leptyphantes sanctivincentii mâle : coupe histologique sagittale du rostre. Gr, glande rostrale - Gs, glandes gnathocoxales sexuelles - R, rostre.

Un groupe postĂ©rieur, rĂ©tro-pharyngien et sous-neural, s’interpose entre l’épiderme (hypoderme) ventral et la face infĂ©rieure des ganglions nerveux thoraciques sous-Ĺ“sophagiens (Fig.). Il entre aussi en rapport avec des nĂ©phrocytes, les glandes coxales, les glandes rĂ©tro-gnathocoxales, du tissu rĂ©ticulĂ© (organe antĂ©rieur de Legendre,1959) et peut atteindre un volume considĂ©rable, jusqu’à 500 µm de long chez le mâle minuscule de l’ Erigonine Styloctetor penicillatus (1,7 mm).

Fig.8 - Leptyphantes sanctivincentii mâle : coupe histologique frontale du rostre.Gc, glandes gnathocoxales classiques - Gn, gnathocoxa - Gs, glandes gnathocoxales sexuelles - M, muscles - R, rostre - V, glandes à venin.

Un groupe supérieur, précérébrale, coiffe les ganglions sus-œsophagiens, encadre la cavité buccale et s’insinue sous les glandes à venin. De plus, il s’engage fréquemment dans l’interstitium du rostre, paraît s’y incarcérer et entre ainsi en rapport plus ou moins direct avec du tissu réticulé, la glande rostrale , l’endosternite et divers faisceaux musculaires (Fig.7, 8). Une telle « incarcération » ou pénétration rostrale peut d’ailleurs s’observer dans le cas de certaines glandes à venin (Filistata, Pholcidae ; Diguetidae) et des diverticules intestinaux prosomatiques (Eresidae ; Hersiliidae).

Chez les Leptonetidae, à côté des glandes classiques, seules présentes chez les femelles (Fig. 9), les glandes sexuelles mâles occupent la partie proximale de la gnathocoxe et pénètrent également dans le céphalothorax. Elles y contractent des rapports de contiguïté presque aussi étendus que ceux des Araneidae et Linyphiidae avec le rostre, sa glande le pharynx, les glandes venimeuses, la partie antérieure du syncerebron et la masse ganglionnaire sous-œsophagienne. Elles ont été découvertes chez Leptoneta infuscata minos (Avant-monts, Montagne noire, ouest de l’Hérault[11], décrites ensuite chez L.microphthalma[5](Fig.) et retrouvées enfin chez 11 autres espèces et sous-espèces (France, Espagne) ainsi que dans le genre Paraleptoneta (P. bellesi)[7].

Structure histologique

Glandes classiques

Fig.9 - Leptoneta infuscata femelle : coupe histologique parasagittale du prosoma. C, chélicère - Gc, glandes salivaires classiques, seules présentes - G, gnathocoxe - M, muscle - N, ganglions nerveux.

Les glandes salivaires classiques de la femelle et du mâle occupent une position surtout centrale dans la gnathocoxes des Araneidae et plutĂ´t distale dans celle des Leptonetidae. Elles sont bien diffĂ©rentes des glandes pĂ©ribuccales en coussinet. De plus, elles sont remarquablement moins nombreuses que les sexuelles dans toutes les familles (6 en moyenne chez les femelles et 3 chez les mâles). Chacune d’elles est  formĂ©e par un corps glandulaire et un canal excrĂ©teur qui semble le pĂ©diculiser, structure gĂ©nĂ©rale dĂ©crite par Legendre (1953) dans le cas des  TĂ©gĂ©naires.

Fig.10 - Leptoneta fagei mâle : coupe parasagittale du prosoma. C, chélicère - D, canaux excréteurs - G, gnathocoxes - Gc glandes classiques - Gs, glandes sexuelles - N, ganglions nerveux.

Le corps a une forme globuleuse (diamètre moyen = 100 µ), Ă©voquant ainsi un acinus et, de ce fait, acinoĂŻde. Il se compose d’adĂ©nocytes et d’une cellule intermĂ©diaire. Les adĂ©nocytes sont allongĂ©s et se disposent radialement en assise unique autour d’une cavitĂ© axiale peu visible. Leur noyau basal est volumineux, arrondi et nettement nuclĂ©olĂ©. Le cytoplasme abondant paraĂ®t criblĂ© de vacuoles que sĂ©parent des travĂ©es Ă   basophilie diffuse, se colorant en outre par la pyronine (fig.) et lui confĂ©rant un aspect spongieux (fig.). La cellule intermĂ©diaire se prĂ©sente comme un vague liserĂ© frangĂ© sĂ©parant la cavitĂ© des pĂ´les apicaux adĂ©nocytaires. Elle n’est repĂ©rable qu’à son noyau clair, visible au niveau de collet.

Le canal excrĂ©teur, surtout visible en section transversale, unit le corps glandulaire Ă  un orifice (pore) de la cuticule. Il est plus ou moins oblique, court, assez large, bien dĂ©limitĂ© et montre une paroi Ă©paisse, acidophile, que flanque le noyau aplati, peu chromatique, d’une cellule satellite. ou canalaire. Dans chaque gnathocoxe, l’ensemble des canaux de glandes classiques converge vers sa face interne, près de la scopula ; leurs orifices s’y groupent en aire (plage) poreuse ou «criblĂ©e» (Fig.).

Glandes sexuelles

Fig.11 - Leptoneta microphtalma mâle : coupe parasagittale du prosome. G, gnathocoxe - Gc, glandes salivaires classiques - Gs, glandes sexuelles - M, muscle dans la chélicère (Ch) - N, ganglions nerveux.

Comme les prĂ©cĂ©dentes, chacune d’elles est formĂ©e par un corps glandulaire et un canal excrĂ©teur qui semble Ă©galement le pĂ©diculiser.

Le corps glandulaire est plus volumineux, plus allongĂ© que celui des glandes classiques (l = 50 Ă  100 µm ; L = 130 Ă  250 µm), de forme oblongue surtout marquĂ©e chez les Leptonetidae (Fig. 13) et prĂ©sente ainsi un aspect tubulo-acinoĂŻde (Fig.). Il est encore constituĂ© par des cellules glandulaires ou adĂ©nocytes reposant sur une basale et par une cellule intermĂ©diaire repĂ©rable Ă  son seul noyau visible près du collet. Les adĂ©nocytes sont pyramidaux et convergent vers une lumière axiale Ă©troite, presque virtuelle chez les Leptonetidae, contenant parfois un  matĂ©riel sĂ©crĂ©toire qui peut la distendre. Chez les Araneidae et les Linyphiidae, leur cytoplasme est souvent empli jusqu’à l’apex par des sphĂ©rules acidophiles, grains de sĂ©crĂ©tion arrondis colorĂ©s par  l’éosine en un rouge brillant intense ayant valu  aux glandes sexuelles  leur appellation initiale. Ces grains captent Ă©galement le bleu d’aniline mais ne se teintent qu’en rose pâle par la mĂ©thode Ă  l’A.P.S. Le cytoplasme n’est basophile que dans sa partie la plus externe oĂą apparaĂ®t une faible affinitĂ© pour la pyronine (mĂ©thode dite de Unna-Pappenheim) (Fig.). Il est frĂ©quent aussi qu’ils s’évacuent des adĂ©nocytes pour passer dans la cavitĂ© centrale  et disparaĂ®tre presque totalement du corps tubulo-acinoĂŻde. Les cytoplasmes ainsi « dĂ©shabitĂ©s » sont clairs, vacuolisĂ©s et offrent un aspect banal, plus proche de celui des glandes « classiques ». Dans le cas des Leptoneta (Leptonetidae), les glandes sexuelles rĂ©unies en  groupe proximal, ont un corps allongĂ© en « massue Â», situĂ© en quasi-totalitĂ© dans le prosoma (Fig. 10, Fig.11). 

Le cytoplasme de ses adĂ©nocytes, faiblement colorable,  ne contient jamais de grains acidophiles mais est criblĂ© de vacuoles innombrables, assez rĂ©gulières, sans sĂ©crĂ©tion bien visible, lui confĂ©rant un aspect spumeux. Le noyau est petit (6 µm), rond, avec des blocs chromatiniens et un nuclĂ©ole (Fig.). Une cellule intermĂ©diaire, d’abord interprĂ©tĂ©e Ă  tort comme la partie infĂ©rieure de la cellule satellite du canal s’interpose entre cette dernière et les adĂ©nocytes. Elle a un cytoplasme clair et un noyau vĂ©siculeux, Ă  nuclĂ©ole très apparent.

Fig.12 - Leptoneta trabucensis mâle : coupe histologique transversale des canaux excréteurs (flèches) et de leurs cellules canalaires dans les glandes sexuelles. N, noyaux de ces cellules

Les canaux excrĂ©teurs sexuels des Araneidae, sont brefs, acidophiles, d’à peu près la mĂŞme longueur que leurs homologues classiques et jamais ramifiĂ©s. En revanche, ceux des Linyphiidae sont beaucoup plus spectaculaires. Longs et grĂŞles (d. moyen = 2 µm), ils tendent Ă  se grouper en  deux faisceaux, l’un horizontal et dirigĂ© dans le sens postĂ©ro-antĂ©rieur (Fig.), l’autre descendant, oblique en bas et en dedans vers la gnathocoxa. Ils peuvent aussi se fusionner en troncs communs chitineux de teinte jaunâtre, leur disposition gĂ©nĂ©rale Ă©tant alors arborescente comme dans certaines formes de la glande clypĂ©ale (acronale) chez les Argyrodes. Les canaux excrĂ©teurs des glandes sexuelles sont toujours accompagnĂ©s  par des cellules satellites canalaires, peu visibles, repĂ©rables Ă  leur seul noyau aplati et en nombre variant selon la longueur des conduits, donc impossible Ă  prĂ©ciser.  Ils se terminent Ă   la partie interne de la gnathocoxa, par des pores siĂ©geant sur la plage criblĂ©e, au milieu des orifices homologues des glandes classiques.

Les canaux excrĂ©teurs des Leptonetidae sont plus longs que ceux des glandes classiques, grĂŞles, arrondis, rĂ©guliers et chacun accompagnĂ© par une cellule satellite canalaire remarquablement apparente (Fig. 12). Elle est en effet de très grande taille (L = 100 µm), prismatique allongĂ©e, avec un cytoplasme clair vacuolisĂ© de contour polygonal, un noyau excentrique aplati, Ă  chromatine très fine, et  entoure le canal qui y occupe en gĂ©nĂ©ral une position axiale. Ce conduit est peu net dans les coupes longitudinales mais beaucoup plus visible en section transversale, sous la forme d’un anneau minuscule inscrit  dans le polygone cellulaire et reliĂ© Ă  la membrane par une densification linĂ©aire (Fig.). Tous les canaux se terminent au fond d’une dĂ©pression cuticulaire par un orifice Ă©troit que porte une saillie en forme de papille (Fig.).

Microscopie Ă©lectronique Ă  balayage

Seules Ă©tudiĂ©es en dĂ©tail au M.E.B.[5], les gnathocoxae des Leptoneta sont très allongĂ©es et de section triangulaire (Fig.) ; elles montrent une scopula de poils multifides et surtout des pores qui sont les orifices des canaux excrĂ©teurs.

Leptoneta microphtalma femelle, gnathocoxa ou lame maxillaire.

Ces orifices, tous petits et semblables, ne forment chez la femelle qu’un groupe distal situé au-dessous et en dehors de la scopula, entre ses crins, internes, et une rangée externe de brefs poils en surplomb. Ils sont toujours peu nombreux (6 environ), arrondis et adoptent une disposition presque rectiligne

Leptoneta microphtalma mâle, gnathocoxa ou lame maxillaire.

Par contre, chez le mâle , ils constituent deux groupes distincts (Fig.) : l’un antĂ©rieur ou distal, formĂ© de 9 pores alignĂ©s comme ceux de la femelle (Fig.) ; l’autre postĂ©rieur ou proximal, occupant une aire en triangle orientĂ©e vers le rostre et le labium (Fig.). Les orifices y sont très nombreux (une cinquantaine), ovales (2,5 µm/1,5 µm), avec une saillie en dĂ´me correspondant Ă  la « papille Â» du canal excrĂ©teur et un bourrelet marginal qui s’étire en raquette (Fig.).

Leptoneta microphtalma mâle, gnathocoxa ou lame maxillaire 2. Orifices excréteurs.
Leptoneta microphtalma mâle, gnathocoxa ou lame maxillaire 3. "Zone criblée".
Fig. - Leptyphantes sanctivincentii mâle: gnathocoxa ou lame maxillaire, vue interne  totale. P, dĂ©pression cuticulaire en puits - S, scopula
Fig. - Leptyphantes sanctivincentii mâle, détail de la Fig.... : le "puits" et ses orifices. O, orifices excéteurs (pores) - P, dépression cuticulaire en "puits "- Sc, sécrétions sur le rebord du "puits"



Dans le cas de Leptyphantes sanctivincentii, objet d’une Ă©tude plus sommaire, les orifices excrĂ©teurs arrondis se mĂŞlent Ă  ceux des glandes salivaires « classiques Â» au fond d’un « puits Â» cuticulaire de la gnathocoxe, plage ou aire criblĂ©e de la microscopie photonique situĂ©e très près de la scopula. Il n’y a donc point deux groupes distincts comme chez Leptoneta.

Ultrastructure

Son étude a porté sur Leptyphantes sanctivincentii (Simon) (Linyphiidae) (grotte de Cailhol, Minervois : Ouest de l’Hérault)[12] - [13], Leptoneta microphtalma Simon (grotte de L’Espugne, Saleich, Haute Garonne, France ; grotte de Lestelas, Cazavet, Ariège), examinés en microscopie électronique à transmission, (M.E.T.) au laboratoire souterrain du CNRS et, plus accessoirement, sur Linyphia frutetorum Koch observée de même au laboratoire de l’INRA (St Christol les Alès, 30).

La M.E.T. complète les données histologiques et montre que chaque glande, sexuelle ou classique, peut être considérée comme une unité anatomo-fonctionnelle présentant toujours un même plan ultrastructural. Cette unité comporte : plusieurs adénocytes et une cellule intermédiaire correspondant au corps tubulo-acinoïde, et un canal excréteur ou conducteur qu’entourent jusqu’au pore des cellules canalaires plus ou moins nombreuses, leur ensemble formant un appareil cuticulaire (Schéma).

Glandes classiques

Elles sont appelées glandes de catégorie I dans le cas particulier de Leptyphantes sanctivincentii [12] - [13]

Adénocytes

Chaque adénocyte du corps glandulaire tubulo-acinoïde est une grosse cellule pyramidale dont le pôle apical, serti par la cellule intermédiaire, présente une invagination de l’espace extracellulaire en relation avec la cavité axiale. Cette invagination, souvent très étroite, est bordée par des microvilli irrégulières, enchevêtrées, contenant des microfilaments longitudinaux. Au niveau du pôle basal, qui repose sur une lame, le plasmalemme montre, du moins chez Leptoneta une série de profonds replis compartimentant le hyaloplasme. Dans le cas du même genre, les faces latérales s’engrènent par des interdigitations tandis que des axones riches en petites vésicules claires et en grains de sécrétion à cœur dense (amines biogènes) courent entre leurs plasmalemmes (Fig.). Le noyau présente un gros nucléole, une chromatine granuleuse dispersée et est plus ou moins déformé par les organites subcellulaires voisins.

Ces derniers sont essentiellement un réticulum endoplasmique granuleux expliquant la basophilie observée en microscopie optique et un appareil de Golgi à dictyosomes très nombreux chez Leptyphantes, paraissant plus rares chez Leptoneta. Les cisternae du réticulum granulaire élaborent chez Linyphia[1] et chez Leptoneta [6] un matériel dense, opaque aux électrons, et le libèrent ensuite dans des vésicules. Ces dernières, qui correspondent aux vacuoles des coupe histologiques, sont arrondies, juxtaposées, plus ou moins confluentes. Le matériel sécrétoire s’y disperse en devenant moins dense et granuleux. Des microvésicules et fragments de membranes réticulaires peuvent s’y mêler. Chez Leptyphantes (glandes I), les vésicules naissent du Golgi, grossissent progressivement,ont une membrane plus ou moins bien délimitée, renferment un matériel d’opacité variable, peuvent atteindre jusqu’à 5µm (Fig.), gagnent la partie supérieure de l’adénocyte et y confluant en « flaques » polylobées dont le contenu s’extrude dans la cavité extracellulaire entre les pieds des microvilli [12] - [13].

Les autres organites sont des mitochondries allongées, à crêtes parallèles, et des lysosomes opaques.

Cellule intermédiaire

Correspondant bien au lisĂ©rĂ© acidophile qui entoure la lumière dans les coupes histologiques, elle très irrĂ©gulière, comme «dĂ©coupĂ©e-laciniĂ©e», soutient les pĂ´les apicaux des adĂ©nocytes, rĂ©unit ces derniers en un groupement unitaire et assure leur liaison avec le canal excrĂ©teur (SchĂ©ma). Son extrĂ©mitĂ© supĂ©rieure ou proximale s’invagine, du moins chez Leptoneta, en une cavitĂ© extracellulaire prolongeant celles des adĂ©nocytes. Ses expansions s’insinuent entre les adĂ©nocytes et leur sont unies par des zonulae adherens près des apex. Une jonction annulaire du mĂŞme type solidarise l’extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure ou distale de la cellule intermĂ©diaire et la cellule du canal.  

Cas de Leptyphantes

A la suite de la dĂ©couverte histologique du dimorphisme sexuel «salivaire» chez Lepthyphantes et d’autres taxons du mĂŞme genre, un premier examen ultrastructural de L.sanctivincentii nous a montrĂ© qu’il existe chez le mâle non pas deux comme dĂ©crit initialement, mais trois catĂ©gories de glandes gnathocoxales, appelĂ©es I, II et III et bien une seule (catĂ©gorie I) chez la femelle oĂą elle vient d’être dĂ©crite.

Les glandes II et III se composent toutes d’unitĂ©s anatomo-fonctionnelles dont le  corps a Ă©tĂ© seul dĂ©crit en dĂ©tails dans des travaux  axĂ©s sur leurs remarquables sĂ©crĂ©tions, et dont le canal excrĂ©teur va s’ouvrir sur la face latĂ©ro-interne de la gnathocoxe dans une dĂ©pression commune en crypte (« pit »).

Adénocyte

Chaque adénocyte est une grosse cellule pyramidale.

Son pôle apical présente une invagination de l’espace extracellulaire en “cul de sac” occupant le grand axe adénocytaire, souvent très étroite et bordée de microvilli irrégulières et enchevêtrées.

Leptyphantes sanctivencentii mâle, glande gnathocoxale sexuelle à grains de sécrétion de type II.

Les grains de sécrétion des glandes II, présents chez le seul mâle, sont nombreux, sphériques, et contiennent un matériel granuleux plus ou moins condensé en mottes irrégulières (Fig.).

Quant aux grains des glandes III, Ă©galement propres aussi au mâle, ils sont très nombreux, rĂ©partis dans tout le cytoplasme, subsphĂ©riques et atteignent 3,2 µm de diamètre. D’ une complexitĂ© remarquable, ils renferment au moins trois composants : un matĂ©riel finement grenu  et assez clair ; un matĂ©riel marginal en « coiffe » ou

Leptyphantes sanctivincentii mâle, glande gnathocoxale ou salivaire "sexuelle" à grains de sécrétion de type III
Leptyphantes sanctivincentii mâle, glande gnathocoxale ou salivaire "sexuelle", adénocyte à grains de type III

« croissant », plus dense et plus grossier, au moins partiellement d’aspect rĂ©ticulĂ© ; des granules «riziformes» très caractĂ©ristiques de la sĂ©crĂ©tion des glandes III.Ces derniers sont bien individualisĂ©s, de  contours rĂ©guliers, d’opacitĂ© modĂ©rĂ©e, de forme ovoĂŻde permettant de les comparer Ă  de petits grains de riz (d’oĂą leur nom) et d’une taille assez constante (longueur : 0,17 µm). (Fig.). Ainsi, l’aspect des grains de sĂ©crĂ©tion est extrĂŞmement  variable, conditionnĂ© par les proportions respectives des trois composants et correspondent sans aucun doute Ă  diffĂ©rents degrĂ©s ou stades de maturation. Les granules riziformes semblent se dĂ©velopper Ă  partir de la composante rĂ©ticulĂ©e, passent ensuite dans la phase finement grenue qui devient de plus en plus claire, se fond dans le hyaloplasme  tandis que la membrane du grain s’efface, sont ainsi libĂ©rĂ©s au pied des microvilli, et finalement seuls extrudĂ©s dans la lumière de l’acinus qu’ils remplissent (Fig.).

Cellule intermédiaire

La cellule intermédiaire a des contours irréguliers et sertit les parties apicales des adénocytes. Elle est très riche en microtubules.

La cohésion de l’ensemble est assurée par des desmosomes zonaires et des jonctions septées.

Cas de Linyphia

Dans le cas de Linyphia (frontinellina)frutetorum, seule Ă©tudiĂ©e initialement et de manière succincte au M.E.T., l’adĂ©nocyte « sexuel » renferme aussi  un rĂ©ticulum granuleux  très dĂ©veloppĂ©. Les grains de sĂ©crĂ©tion correspondent bien aux sphĂ©rules acidophiles de la microscopie photonique (coupes histologiques : C.H.)mais ont un aspect ultrastructural très diffĂ©rent (microscope Ă©lectronique Ă  transmission : M.E.T.) de ceux de Leptyphantes. Ils sont volumineux, subĂ©gaux, rĂ©guliers, sphĂ©riques mais assez mal dĂ©limitĂ©s,  et paraissent formĂ©s par des  cisternae rĂ©ticulaires qui s’y reploient en « circonvolutions » et «volutes» tourbillonnantes. Un matĂ©riel modĂ©rĂ©ment opaque aux Ă©lectrons englue et estompe ces curieuses structures en forme de « boule »(Fig.). Chez Linyphia, dans les adĂ©nocytes classiques oĂą ne sont visibles que des vacuoles juxtaposĂ©es Ă  contenu granuleux plus ou moins dense (Fig.). Un tel aspect est visible aussi dans les glandes sexuelles après dĂ©granulisation et succèderait alors aux « boules », confirmant les donnĂ©es histologiques.

Adénocyte

L’adĂ©nocyte sexuel est une longue cellule piriforme, accolĂ©e aux  voisines par des faces sinueuses  et convergeant avec ces dernières, au nombre total de 4 ou 5 par  coupe transversale, vers une cavitĂ© centrale collabĂ©e très difficile Ă  reconnaĂ®tre.

Le pĂ´le apical prĂ©sente encore une invagination de l’ espace extracellulaire Ă©galement collabĂ©e et rĂ©duite Ă  un lacis formĂ© par des  microvilli enchevĂŞtrĂ©es (Fig.)

Le cytoplasme sous-jacent contient de nombreux ribosomes et des microfilaments s’engageant dans les axes villositaires. Ses rĂ©gions moyenne et basale contiennent des mitochondries Ă  crĂŞtes parallèles, de rares dictyosomes (Golgi), des ribosomes libres, des polysomes et surtout, de très nombreuses vĂ©sicules. Correspondant aux vacuoles de l’histologie, et très diffĂ©rentes des grains de sĂ©crĂ©tion  de Linyphiidae, elles sont subsphĂ©riques, de taille variable, plus ou moins confluentes et renferment parfois un matĂ©riel dispersĂ© et peu contrastĂ©.

Le petit noyau, souvent dĂ©formĂ© par les vĂ©sicules adjacentes, contient  un nuclĂ©ole excentrique et des masses chromatiniennes de taille assez uniforme, tendant Ă  s’accoler Ă  l’enveloppe nuclĂ©aire.

Cellule intermédiaire

Elle est volumineuse, allongĂ©e, très irrĂ©gulière au contact des adĂ©nocytes entre lesquels s’insinuent ses longues digitations mais s’ordonne autour du canal excrĂ©teur en un «manchon»  plus ou moins aplati.

Le noyau est volumineux, ovalaire et pourvu d’une chromatine en masses dispersées.

Le hyaloplasme est clair et très abondant. Il renferme quelques mitochondries, des polysomes épars , de petites vésicules à paroi mince contenant parfois un grain sphérique et surtout, des microtubules. Ces derniers sont nombreux et se groupent en faisceaux compacts parallèles aux canal excréteur, lui formant ainsi une sorte de «gaine».

La cellule intermédiaire est unie par des zonulae adhaerens, d’une part aux adénocytes (digitations), d’autre part à la cellule canalaire (extrémté opposée).

Appareil cuticulaire

Succincte chez Linyphia et Leptyphantes, son étude a été beaucoup plus poussée chez Leptoneta et montre dans leurs unités sexuelles un même aspect fondamental, retrouvé d’ailleurs dans les unités glandulaires classiques. Les canaux excréteurs sont entourés par des cellules canalaires.

Cellules canalaires

Cellule satellite de la microscopie photonique, chacun de ces Ă©lĂ©ments enveloppe le canal excrĂ©teur en se refermant sur lui-mĂŞme et en formant un mĂ©so de plasmalemme par l’accolement de ses faces opposĂ©es. Il reste toutefois sĂ©parĂ© du canal par une  cavitĂ© extracellulaire oĂą font saillie des microvillositĂ©s groupĂ©es en bouquets. Leur extrĂ©mitĂ© libre prĂ©sente souvent une zone plus dense aux Ă©lectrons (Fig.).

Le cytoplasme des cellules canalaires renferme un grand nombre de mitochondries longues et  sinueuses, ainsi que des grains très osmiophiles.

Canal excréteur

Il est arrondi, régulier, montre une lumière béante et une paroi épaisse, formée par deux couches, interne et externe.

La première est un liséré osmiophile fin et sinueux, tandis qiue la seconde, beaucoup plus épaisse, montre une structure hétérogène, finement granuleuse avec des vermiculations. Toutes deux se raccordent à l’épicuticule tégumentaire après avoir formé un «bec» aigu, correspondant en coupe à la saillie papilliforme déjà signalée (histologie, M.E.B.).

Cellules canalaires

Elles  forment aussi un «manchon» en se refermant sur elles-mĂŞmes et en crĂ©ant ainsi un mĂ©so,  sans toutefois s’accoler partout  aux conduits et en restant plus ou moins sĂ©parĂ©es par une Ă©troite cavitĂ© extracellulaire.

Il y a deux cellules canalaires proximales chez Leptyphantes (probablement aussi chez Linyphia), la première succédant à la cellule intermédiaire qui lui est unie par une jonction annulaire, et des distales, en nombre plus ou moins grand selon la longueur du canal. Elles présentent des microvilli d’ailleurs peu visibles au-dessous de la cuticule, renferment un chondriome assez développé ainsi que de nombreux microtubules mais paraissent dépourvues de toute activité sécrétrice. Leur noyau est excentrique, allongé, aplati et contient de petites mottes chromatiniennes.

Par contre, il n’y en a qu’une seule dans le cas de Leptoneta microphthalma. Elle est trĂ©s allongĂ©e, Ă©galement unie Ă  la cellule intermĂ©diaire par une jonction annulaire  et dĂ©termine, par l’accolement localisĂ© de ses deux faces et de leurs plasmalemmes un mĂ©so particulièrement long, net et sinueux, correspondant Ă  la «densification» des coupes histologiques. La face interne libre est hĂ©rissĂ©e de microvillositĂ©s longues, irrĂ©gulières et enchevĂŞtrĂ©es occupant la cavitĂ© extracellulaire.

Le noyau excentrique est allongé, plat et pourvu de petites mottes chromatiniennes.

Le cytoplasme étendu se singularise par son extrême richesse en vésicules sphériques, régulières, de taille assez variable, les plus petites portant des ribosomes sur leur face externe, et les plus grandes contenant fréquemment un matériel homogène, opaque aux électrons.

Canal excréteur

Son Ă©tude succincte chez Leptyphantes sanctivincentii montre qu’il est cylindrique, d’un diamètre Ă  peu près constant sauf dans les troncs commns oĂą il doit s’accroĂ®tre sensiblement.. Sa paroi est dense, d’aspect homogène, lisse intĂ©rieurement, mamelonnĂ©e sur sa face externe, donc d’épaisseur irrĂ©gulière et constituĂ©e au moins par de l’ Ă©picuticule (Fig.....). En fait, le canal excrĂ©teur n’a bien Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© que dans le cas de Leptoneta microphthalma.

Prolongeant les cavitĂ©s extracellulaires.de chaque unitĂ© anatomo-fonctionnelle, il est d’abord très petit, paraĂ®t collabĂ© et a une paroi extrĂŞmement mince, sinueuse, de sorte que ses coupes transversales ou obliques dessinent des figures osmiophiles plus ou moins complexes, comme  «étoilĂ©es» (Fig.).Lorsqu’il passe de la cellule intermĂ©diaire Ă  celle du canal, sa paroi s’épaissit brusquement et forme ainsi un conduit plus opaque oĂą la lumière, devenue bien visible, renferme un matĂ©riel assez dense. De plus, la gaine microtubulaire disparaĂ®t.

Le canal excréteur sexuel reste ensuite déprimé, rarement béant près de sa terminaison. Sa lumière paraît vide ou renferme un matériel peu abondant et d’opacité modérée aux électrons. Sa paroi comporte deux couches, interne et externe, analogues à celles des canaux excréteurs de glandes classiques . Ses rapports avec l’épicuticule tégumentaire sont également semblables.

Commentaires

Comparaison avec d'autres glandes

Sur le plan anatomique, la structure fine des unitĂ©s constituant les glandes gnathocoxales classiques et sexuelles les diffèrencie sensiblement de celles des autres glandes anatomiquement dĂ©finies.

Elle permet de leur reconnaĂ®tre un modèle fondamental commun Ă  trois Ă©tages  : un Ă©tage proximal tubulo-acinoĂŻde, comprenant plusieurs adĂ©nocytes, et leurs cavitĂ©s extracellulaires ; un Ă©tage moyen formĂ© par une cellule intermĂ©diaire non sĂ©crĂ©trice dont la cavitĂ© fait suite aux prĂ©cĂ©dentes ; un Ă©tage distal constituĂ© par le canal excrĂ©teur et sa (ses) cellule(s) canalaire (s). Ce modèle Ă©voque celui des glandes tĂ©gumentaires d’Opilions (Martens, 1973)[14], de Myriapodes (Nguyen Duy- Jacquemin, 1978 ; Juberthie-Jupeau, 1976)[15] - [16], de CrustacĂ©s (Juberthie-Jupeau & Crouau, 1977), d’Insectes AptĂ©rygotes (Juberthie-Jupeau & Bareth, 1977)  et de très nombreux PtĂ©rygotes. Toutefois, les glandes gnathocoxales possèdent un nombre d’adĂ©nocytes beaucoup plus Ă©levĂ©, surtout chez Leptoneta.

En outre, elles sont totalement dĂ©pourvues  des canalicules rĂ©cepteurs en « filtre » ou « crible » (au sens de Pastells, 1968, et de Quennedey,1978)  et de l’appareil terminal (end apparatus) qui les complète, aussi bien dans d’autres organes sĂ©crĂ©teurs d’AraignĂ©es (glande clypĂ©ale, glande segmentaire rĂ©trognathocoxale, glande labiosternale, glande rĂ©trogonoporale…) que dans ceux d' Arthropodes d'ordres diffĂ©rents. Par leur structure composite très particulière, les glandes gnathocoxales ne peuvent donc ĂŞtre  rattachĂ©es Ă  la classe 3 des glandes Ă©pidermiques d’Insectes et autres Arthropodes, d’autant plus que chez Leptoneta la cellule canalaire sexuelle montre des signes d’activitĂ© sĂ©crĂ©toire très marquĂ©e, Ă  peu près inconnus dans les autres ordres.Les grains de sĂ©crĂ©tion naissent de l'appareil de Golgi et leur aspect variable, liĂ© aux proportions respectives de leurs trois composants, correspond Ă  diffĂ©rents degrĂ©s ou stades de maturation.

Chez Linyphia, les rapports Ă©troits des grains avec le rĂ©ticulum et leur disposition en « boules circonvoluĂ©es »  uniformes s’oppose Ă  cette complexitĂ© et Ă  une origine golgienne, mais il ne s’agit peut-ĂŞtre lĂ  que d’un aspect Ă©galement temporaire, impossible Ă  cerner faute d’études plus complètes. Il n’est pas sans rappeler les « tourbillons Â» que Crossley & Waterhouse (1969) ont dĂ©crit dans l’osmeterium de certains Insectes LĂ©pidoptères (chenilles de Papilio).

 Fonctions prĂ©sumĂ©es

Sur le plan  fonctionnel, les glandes maxillaires propres aux mâles ont certainement un rĂ´le liĂ© au comportement sexuel comme dans le cas de la glande acronale (clypĂ©ale). Elles pourraient intervenir dans 3 fonctions qui ne s’excluent d’ailleurs pas mutuellement lors de la copulation et ses prĂ©liminaires, Ă  savoir : une lubrification de l’embolus du bulbe pĂ©dipalpaire lorsque l’accouplement est prolongĂ©e et (ou) rĂ©pĂ©tĂ© ; une obturation des voies gĂ©nitales femelles assurant au mâle sa « prioritĂ© spermatique Â» ; une action attractive ou, inversement, inhibitrice sur la partenaire.

Lubrification du pédipalpe

Une fonction lubrificatrice du pĂ©dipalpe  mâle (palpal lubrication des anglophones) paraĂ®t la plus vraisemblable. Divers auteurs ont en effet signalĂ© qu’au cours de la copulation, le mâle de nombreuses AraignĂ©es introduit souvent ses palpes entre les chĂ©licères et les pièces buccales comme pour les machonner (palpal chewing), humecter ou nettoyer, manĹ“uvre observĂ©e notamment chez les Linyphiidae (Wiehle, Rovner) et chez certaines Araneidae Araneinae telles qu’Araniella cucurbitina (Blanke,1973).

Selon toutes probabilitĂ©s, les glandes maxillaires mâles Ă©laborent alors une substance qui recouvre l’organe copulateur, en particulier son bulbe et l’embolus, assure l’entretien extĂ©rieur de cet organe complexe ou du moins le lubrifie, facilitant ainsi son intromission rotative dans les voies gĂ©nitales de la femelle.

Chez les Linyphiidae (Linyphiinae et Erigoninae), le développement des glandes gnathocoxales est tel qu’une sécrétion profuse doit inonder littéralement, avant leur insertion, les pièces chitineuses de bulbes complexes, plusieurs fois utilisés au cours de longs accouplements.

De mĂŞme, chez les Araneinae Ă  dimorphisme gnathocoxal les mâles peuvent s’accoupler plusieurs fois car l’intĂ©gritĂ© de leurs emboli a Ă©tĂ© conservĂ©e  et leur sĂ©crĂ©tion maxillaire abondante les lubrifie avant chaque copulation.

Plusieurs arachnologistes (Peck et Whitcomb,1970 ; Rovner, Gering…) ayant dĂ©crit aussi une lubrification palpaire dans certaines familles (Clubionidae,Lycosidae,Agelenidae) dont les mâles semblent dĂ©pourvus de glandes maxillaires « sexuelles Â», il semblerait  qu’ une humidification des bulbes puisse fort bien ĂŞtre assurĂ©e par des glandes salivaires normales ou classiques et constitue, de ce fait, un trait Ă©thologique assez rĂ©pandu chez les AraignĂ©es. L’apparition de structures gĂ©nitales complexes n' aurait donc entrainĂ© une diffĂ©renciation de glandes lubrifiantes mâles spĂ©cialisĂ©es que dans deux familles apparentĂ©es (Linyphiidae, Erigoninae comprises ; Araneidae), chez les Leptonetidae, et peut ĂŞtre aussi dans d’autre groupes taxonomiques Ă  explorer.

Fonction obturatrice

Bien que sĂ©duisante, une fonction obturatrice du gonopore femelle par la sĂ©crĂ©tion gnathocoxale est moins assurĂ©e. Les bouchons d’accouplement (mating plugs en anglais) qu’elle pourrait constituer en se solidifiant ne paraĂ®t pas signalĂ© chez les Linyphiidae, famille pourtant la mieux Ă©quipĂ©e en glandes sexuelles. En revanche, des bouchons ont Ă©tĂ© signalĂ©s chez les Salticidae, Clubionidae, Oxyopidae, Thomisidae et Theridiidae tous dĂ©pourvus, semble-t-il, des mĂŞmes organes mâles.

Au sein de la denière famille, le cas des Argyrodes est particulièrement Ă©loquent : la prĂ©sence d’obturateurs gĂ©nitaux  spectaculaires chez la femelle contraste avec des glandes gnathocoxales rĂ©duites et identiques dans les deux sexes ; leur Ă©laboration par une partie au moins de la glande pĂ©dipalpaire semble ĂŞtre la plus vraisemblable.

Action sur la femelle

Une action attractive ou inhibitrice sur la femelle impliquerait que la sĂ©crĂ©tion maxillaire sexuelle est aussi de nature phĂ©romonale. En effet, dans le cas au moins d’Araniella cucurbitina, le mâle enduit de sĂ©crĂ©tion, non seulement les pĂ©dipalpes mais aussi ses pattes antĂ©rieures au cours du nettoyage (Blanke, 1973). La substance jouerait alors un rĂ´le sĂ©miochimique lors des attouchements inhibiteurs d’agressivitĂ© que les pattes exercent sur le prosome femelle pendant la cour Ă  brève distance. L’existence de divers grains de sĂ©crĂ©tion (Lepthyphantes) pourrait y traduire plusieurs composantes. 

 IntĂ©rĂŞt systĂ©matique

Sur le plan systĂ©matique, le dimorphisme sexuel gnathocoxal dans les genres Leptoneta[4] - [5] - [6], Paraleptoneta [7] et mĂŞme Sulcia (observation histologique non publiĂ©e) se prĂ©sente comme un nouveau caractère familial d’intĂ©rĂŞt majeur. Il a Ă©tĂ© d’ailleurs pris  en compte par Brignoli (1979) dans son Ă©tude des Leptonetidae. Jusqu’alors, la diagnose de cette famille ne reposait que sur un les caractères dĂ©finis par Fage (1913) et y incluait [null Telema tenella]. En fait, cette petite AraignĂ©e pyrĂ©nĂ©enne ne montre pas  de dimorphisme sexuel gnathocoxal mais possède d’autres caractères positifs remarquables (spermatophores, organe copulateur mâle, spermathèque de la femelle, sphĂ©rites intestinaux) permettant formellement de l’extraire  des Leptonetidae pour la rattacher aux  Telemidae.

L’existence d’un dimorphisme gnathocoxal avec des glandes sexuelles encore plus « exubĂ©rantes », comme « ectopiques », et souvent pourvues d’un système canalaire complexe est un argument de poids supplĂ©mentaire pour associer Â« Linyphies » et « Erigones » sensu lato dans une  seule et mĂŞme famille : les Linyphiidae. Soulignant toutes les difficultĂ©s d’une limitation taxonomique dans cette famille, Lehtinen et Saaristo (1970) avaient d’ailleurs proposĂ© un examen combinĂ© de divers critères anatomiques et des caractères cytologiques. MalgrĂ© des diffĂ©rences leur confĂ©rant un statut de   sous-familles, Linyphiinae et Erigoninae, ces AraignĂ©es n’en sont pas moins Ă©troitement apparentĂ©es, d’autant plus que leur prosoma contient souvent aussi des [null glandes acronales]. Une subdivision bifurquĂ©e en deux familles distinctes, Linyphiidae et Erigonidae, est donc bien impossible (Lehtinen, 1975).

En ce qui concerne l’immense groupement des Araneidae, sa sous-famille des Araneinae devrait faire l’objet d’une révision taxonomique complémentaire fondée cette fois, et entre autres critères, sur l’anatomie des glandes gnathocoxales ou maxillaires et leur rapport, lorsqu’elle existe, avec une coiffe embolique dans le bulbe copulateur

Intérêt phylogénique

Sur le plan phylogĂ©nique, et bien qu’il n’ait guère Ă©tĂ© pris en compte par les auteurs, le  dimorphisme sexuel gnathocoxal justifie pleinement qu’ Araneidae et Linyphiidae  soient rĂ©unies dans la mĂŞme super-famille des Araneoidea (ex Argiopiformia ou Argiopidea). Selon Lehtinen (1975), les Linyphiidae y descendraient d’ailleurs directement de la première famille. Il insiste par ailleurs sur les difficultĂ©s d’une limitation taxonomique chez les Linyphiidae et en propose mĂŞme un examen  combinĂ© du colulus, de la sclĂ©rification abdominale, des trichobothries, du pĂ©dipalpe femelle et, ce qui est Ă  retenir ici, des caractères cytologiques. Le dimorphisme des Leptonetidae n’autorise aucun rapprochement avec la superfamille prĂ©cĂ©dente et semble les  isoler au sein des Haplogynes.

Anatomie comparée

Le dimorphisme sexuel salivaire est une raretĂ© anatomique se retrouvant, en dehors des trois familles d’ AraignĂ©es qu’il concerne, dans l’ordre des Insectes MĂ©coptères et celui des HĂ©tĂ©roptères Lygaeidae. Chez les MĂ©coptères, des Panorpidae telles que Panorpa communis et peut-ĂŞtre aussi les Choristidae, possèdent en effet des glandes salivaires ou labiales rudimentaires chez la femelle mais Ă©normes chez le mâle oĂą elles s’étendent jusqu’au sixième segment abdominal (Grell, 1938). Elles interviennent dans la parade nuptiale lorsque le mâle rĂ©gurgite de la salive que la femelle ingère ensuite (Mercier, 1915). Chez le Lygaeide Stilbocoris natalensis le mâle possède un lobe salivaire postĂ©rieur très allongĂ© et en injecte la sĂ©crĂ©tion dans une graine de MoracĂ©e qu’il offre ensuite Ă  la femelle (Carayon, 1964). Un tel don salivaire entre partenaires sexuels n’a jamais Ă©tĂ© observĂ© chez les AraignĂ©es oĂą les seules sĂ©crĂ©tions mâles qui soient absorbĂ©es, ou du moins contactĂ©es par la femelle, sont Ă©mises au niveau du bandeau ou clypeus par la glande clypĂ©ale de Theridiidae Argyrodes et d'organes glandulaires apparentĂ©s chez les Linyphiidae (Erigoninae, quelques Linyphiinae des genres Bolyphantes, Tapinopa). 

Bibliographie

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V

Notes et références

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Voir aussi

Article connexe

Lien externe

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