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Glande clypéale

La glande clypéale, appelée aussi glande acronale, est un organe sécrétant, propre aux mâles du genre des Argyrodes, araignées appartenant à la famille des Theridiidae[1].

Elle se situe dans la partie antérieure du céphalothorax - appelé aussi prosoma - et joue un rôle capital lors de l'accouplement[2].

Introduction

Fig.1 - Vue de face ou frontale d'une araignée Microdipaena des Seychelles montrant son clypeus démesuré. B, bord frontal - C, clypéus ou bandeau - Ch,chélicères - O, région oculaire

Le clypĂ©us des AraignĂ©es est un territoire plus ou moins Ă©tendu du cĂ©phalothorax correspondant Ă  la partie toute antĂ©rieure de sa face dorsale (carapace ou bouclier) (Fig.1). Encore appelĂ© bandeau, il sĂ©pare les yeux (O) du bord frontal (B) surplombant les chĂ©licères (Ch). Chez les mâles de certaines araignĂ©es, essentiellement les Theridiidae du genre Argyrodes, et, en extrapolant Ă  certaines Linyphiidae (Mynoglenes)(Fig.2) ou Erigoninae, il est en relation

Fig.2 - Vue de face ou frontale d'une araignée Mynoglenes sp., mâle, La Réunion, montrant ses glandes dites" clypéales" en fait sous-oculaires (G).B, bord frontal - C, clypéus ou bandeau - Ch,chélicères - O, région oculaire

profonde avec un Ă©piderme dont les cellules se sont diffĂ©renciĂ©es en organes tĂ©gumentaires sĂ©crĂ©teurs plus ou moins complexes, les glandes dites clypĂ©ales, sensu stricto chez les premiers, et au sens large, par abus de langage, dans les deux autres groupes.

Localisation

Fig.3- Vue latérale du prosoma d'un Argyrodes femelle. A, pattes sectionnées - C, clypéus - Ch, chélicère - O, yeux. Pédipalpe peu visible

Cet organe prosomatique insolite, dĂ©couvert par AndrĂ© Lopez chez Argyrodes zonatus de Madagascar est propre aux mâles du mĂŞme genre , sans Ă©quivalent chez leurs femelles et remarquable par sa localisation[1] - [3]. Il siège en effet dans la rĂ©gion cĂ©phalique du corps de l'Argyrodes mâle, plus prĂ©cisĂ©ment dans la partie toute antĂ©rieure du prosoma oĂą ses rapports avec le clypeus avaient d'abord inspirĂ© son nom de glande clypĂ©ale[1], consacrĂ© par l’usage et Ă©tendu Ă  d’autres familles d’AraignĂ©es. En fait, cette appellation globale ne paraĂ®t plus justifiĂ©e car chez certaines espèces du type acuminĂ©, la glande n’a plus, au moins en partie, de relation directe avec le bandeau. Sa prĂ©sence est Ă©troitement liĂ©e Ă  celle d’un dimorphisme sexuel cĂ©phalothoracique très marquĂ©.

Fig.4 - Vue latérale du prosoma d'Argyrodes zonatus mâle. A, pattes sectionnées - Bf, bosse frontale - E et flèche, échancrure - O, yeux - P,pédipalpe gauche en travers des chélicères- Po, protubérance oculaire

Rapports avec le dimorphisme sexuel

Alors que le prosoma des femelles a un aspect banal et assez uniforme (Fig. 3), celui des mâles (Fig.4) présente une morphologie déjà utilisée dans la classification puisque certains auteurs (Pickard-Cambridge, Exline & Levi, Chrysanthus) ont eu recours aux détails du céphalothorax dans un but systématique.

Le dimorphisme sexuel des Argyrodes

Fig.5 - Prosoma d' Argyrodes argyrodes - Bf, bosse frontale - E, échancrure - G et flèches, glande clypéale vue par transparence - Po, protubérance oculaire - S, saillie accessoire (Pièce éclaircie au salicylate de méthyle)

Son aspect extraordinaire, bien visible au microscope Ă©lectronique (M.E.B) dans la rĂ©gion du clypeus , associe des saillies, bosses ou protubĂ©rances diverses et des dĂ©pressions, Ă©chancrures ou sillons plus ou moins garnis de poils. Leur ensemble confine parfois Ă  l'extravagance (Fig.4)(voir d'autres aspects ou morphotypes dans l'article Argyrodes : fig.5 Ă  9). L’étude au M.E.B[4] montre aussi l’aspect du tĂ©gument (lisse ou garni de reliefs en Ă©cailles), l’existence de saillies accessoires plus ou moins tronconiques (en chicots chez Argyrodes amplifrons) tendant Ă  fermer l'Ă©chancrure ou le  sillon, la structure des poils et surtout, l’existence d’orifices. Ces derniers sont bĂ©ants, sans bourrelet complet, parfois circonscrits par deux lèvres, non surĂ©levĂ©s, le plus souvent de niveau avec la surface tĂ©gumentaire,

Fig. - Argyrodes elevatus mâle, bosse clypeale, détails : flèches, pores - H, poils
Argyrodes elevatus mâle,bosse clypeale et ses pores dispersés : flèches, pores - H, poils

rarement dans le fond de fentes étroites en boutonnières (Argyrodes fissifrontella, Seychelles)[5]. Ils peuvent être dispersés sans ordre apparent (type acuminé) ou réunis en deux groupes de 2 à 5 orifices chacun, symétriques par rapport au plan sagittal (type rostré). Dans tous les cas, ils sont nettement séparés des poils, y compris chez l’espèce néozélandaise Argyrodes antipodiana où ils ne s’ouvrent pas dans leur alvéole basale, bien que Whitehouse[6], malgré son utilisation du M.E.B., ait affirmé le contraire par manque d’étude histologique. Ces orifices sont précisément les pores excréteurs de la glande clypéale sous-jacente déjà perceptible par transparence dans des céphalothorax éclaircis artificiellement (Fig.5).

Les divers morphotypes

Ces reliefs ont Ă©tĂ© initialement considĂ©rĂ©s comme "sans utilitĂ©" par Berland (1932), puis illustrĂ©s par Millot qui ne leur attribue aucune signification(1949), reconnus enfin par Legendre (1960)[2] comme jouant un rĂ´le de premier plan dans l'accouplement. Suivant leur aspect gĂ©nĂ©ral et leur disposition[4] - [5] - [7]) il a Ă©tĂ© proposĂ© de rattacher les mâles d’ Argyrodes Ă  six types morphologiques bien distinctsprĂ©sentĂ©s en dĂ©tails dans l'article Argyrodes.avec les figures rĂ©fĂ©rencĂ©es ci-après: types "acuminĂ©" (Argyrodes cognatus)(fig.5 in Argyrodes), "rostrĂ©" (Argyrodes zonatus, Argyrodes argyrodes, A. elevatus, A. nephilae et A. rostratus nephilae)(fig.2 in Argyrodes), "nasutĂ©" (Argyrodes borbonicus, A. nasutus) (fig. 6 in Argyrodes), "prognathe" (Argyrodes benedicti Lopez), de Guyane, A.cochleaforma, A. sullana, A.atopus, A. proboscifer) (fig.7 in Argyrodes), "lippu" (Argyrodes amplifrons et A.ululans de Guyane française) (fig.8 in Argyrodes) et "camard" (Argyrodes caudatus, A.cancellatus, tous deux des Antilles françaises) (fig.9 in Argyrodes).

Description de la glande clypéale ou acronale

Elle est dĂ©jĂ  perceptible par transparence dans des cĂ©phalothorax Ă©claircis artificiellement (Fig. 5 et Fig. 10 in Argyrodes). Sa connaissance est fondĂ©e sur les Ă©tudes histologiques et essentiellement sur les recherches au microscope Ă©lectronique Ă  transmission: Argyrodes argyrodes de type rostrĂ©[8] - [9] et Argyrodes cognatus, de type acuminĂ©[7].

Fig. - Argyrodes elevatus mâle, coupe sagittale du prosome: glande clypéale. B, cavité buccale - Bf, bosse frontale - C, chélicère - G, massif de la glande clypéale - M, muscle - O, œil - V, glande à venin


Elles en montrent respectivement la structure d’ensemble et la structure fine de l’unité glandulaire. De plus, les coupes histologiques horizontales révèlent que la glande clypéale n'est pas un organe impair mais bilatéral, car formé par deux parties distinctes, droite et gauche, plus ou moins asymétriques, et la microscopie électronique à balayage individualise une bipartition des orifices excréteurs (..). Toutefois, chez les Argyrodes cognatus et fissifrontella, il ne semble exister qu'un seul massif impair, à pores ouverts sur toute la surface de la "tourelle" et de l'échancrure (Fig.9,10) .

Fig.6 - Argyrodes zonatus mâle, coupe sagittale du prosome: glande clypéale. O, yeux sur la protubérance - G, massif glandulaire - S, échancrure ou sillon du clypéus

Structure histologique

Dans le type "rostré" que présente Argyrodes argyrodes (Fig.5), A. zonatus (Fig.4,6), A.elevatus, et A.nephilae (Fig.7), le type "lippu" d'Argyrodes ululans (Fig.8) et le type "camard" (Argyrodes caudatus, A.cancellatus)(Fig.9), un canal collecteur principal aboutit à chacun des pores.

Fig.7 - Argyrodes nephilae mâle, coupe sagittale du prosoma : glande clypéale. C : chélicère - G, massif glandulaire compact - M, gnathocoxe -O, œil - S, sillon du clypéus

Il résulte de la confluence de canalicules excréteurs de deuxième ordre; ces derniers sont eux-mêmes formés par l’union de canalicules excréteurs de premier ordre, chacun drainant une cellule sécrétrice ou adénocyte et constituant avec elle l’unité glandulaire.

Fig.8 - Argyrodes ululans mâle,coupe parasagittale du prosome : glande clypéale. C : chélicère - G, massif glandulaire - O, œil - R, rostre - S, sillon du clypéus

Les canaux excréteurs de tous ordres sont entourés par des cellules canalaires. L'ensemble de tous ces canaux constitue un appareil cuticulaire s’étendant des portions réceptrices aux pores de surface. Les adénocytes se groupent par 5 ou 6 en un petit lobule assez bien individualisé. L'ensemble des lobules constitue l’un des deux massifs compacts incurvés (Fig.6,7,8) ou des cordons sinueux (fig.9,10,11) dont est formée la glande[1] - [3] - [4]). Chaque massif ou cordon d'adénocytes aboutit donc séparément à l’un des deux groupes de pores du sillon ou échancrure par le système des canaux interposés (glandes arborescentes). Toutefois, chez l’espèce Argyrodes fissifrontella (Seychelles), de morphotype rostré, l’ensemble de l’organe ne paraît pas bilobé mais impair (Fig.10); ses unités glandulaires sont isolées ou en lobules lâches; leurs canaux ne se limitent pas à la bosse frontale mais s’ouvrent également sur la protubérance oculaire[5].

Fig.9 - Argyrodes caudatus mâle, prosome en coupe parasagittale : glande clypéale. C, chélicère - G, massif glandulaire en cordons - O, œil ; R, rostre -S, sillon du clypéus
Fig.10 - Argyrodes fissifrontella mâle, prosome en coupe sagittale : G, massif glandulaire compact - O, œil - R, rostre -S, sillon du clypéus
Fig.13 - Argyrodes cognatus mâle, prosome en coupe sagittale : glande clypéale. A, adénocytes des unités - Cu, cuticule - G1, massif glandulaire de la "tourelle" - G2, languette clypéale - H,poil -S, sinus sanguin

Dans le type "acuminé" (Argyrodes cognatus)(Fig.13) un massif glandulaire également impair

Fig.11 - Argyrodes caudatus, glande clypéale : ensemble de cordons glandulaires.

occupe la protubérance sus-oculaire en tourelle (turret gland) et se prolonge en languette sous le tégument clypéal[7]. Il est formé par des unités juxtaposées bien séparées ou à disposition lobulaire peu marquée, chacune d’elles comprenant un adénocyte, une seule cellule canalaire et un canal excréteur de 1er ordre, aboutissant directement à un pore, parfois après s’être fusionné avec un voisin juste avant cette terminaison. Comme chez A.fissifrontella, il n’existe pas de système excréteur ramifié (glandes "simples").

Fig.12 - Argyrodes caudatus, glande clypéale, détail d'un cordon.

Ultrastructure

Son étude permet seule de réconstituer l'organe avec ses unités glandulaires.

Unité glandulaire

Schéma - Adénocyte d'une glande clypéale d'Argyrodes mâle ramifiée et son système excréteur. Cc,cellules canalaires - Cd, canalicule conducteur - Ed, épiderme - Ep, épicuticule - En, endocuticule - Ex, cavité extracellulaire - Mt, mitochondrie - Mv, microvilli - N, noyau adénocytaire - P, pore - Rd, canalicule récepteur

Elle représente une structure anatomo-fonctionnelle de base, autonome, bien individualisée, constituée par une cellule glandulaire ou adénocyte et son appareil cuticulaire comportant deux portions, réceptrice et conductrice (Schéma).

Adénocyte
Divers organites dans un adénocyte clypéal d' Argyrodes argyrodes. Microscopie électronique à transmission.
Divers autres organites dans un adénocyte clypéal d' Argyrodes argyrodes. Microscopie électronique à transmission.

L’adĂ©nocyte est pyramidal ou piriforme, long en moyenne de 65 Âµm, pourvu d’un noyau vĂ©siculeux gĂ©nĂ©ralement basal, n’excĂ©dant pas µm, et d'un cytoplasme assez compact et basophile en pĂ©riphĂ©rie, d’aspect vacuolisĂ© et spongieux dans la majeure partie de son Ă©tendue, sans sĂ©crĂ©tion figurĂ©e. Il renferme un canalicule axial surtout visible en coupe transversale, et qu’entoure une zone arrondie en rĂ©servoir acidophile, faiblement PAS +.

Il est enveloppĂ© par une gaine de lame basale le sĂ©parant du sinus hĂ©molymphatique adjacent. Sa membrane plasmique ne prĂ©sente pas de dispositifs (replis) en augmentant la surface au niveau du pĂ´le externe (basal), qui est rĂ©gulièrement arrondi, et des faces latĂ©rales, qui sont Ă  peu près planes. En revanche, elle pĂ©nètre très profondĂ©ment dans le pĂ´le apical qui prĂ©sente ainsi une invagination de l’espace extracellulaire en cul de sac ou doigt de gant. Ce rĂ©servoir occupe en longueur la moitiĂ© de l’adĂ©nocyte, est sinueux,  bordĂ© par des microvillositĂ©s (considĂ©rĂ©es d’abord Ă  tort comme des canaux intra-cytoplasmiques !)[8] et renferme un canalicule rĂ©cepteur en position axiale (SchĂ©ma). Les microvillositĂ©s (Fig.) sont courtes et espacĂ©es près de l’apex, plus longues, plus nombreuses et resserrĂ©es dans sa partie distale, prĂ©sentent des flexuositĂ©s et sont soutenues par du cytosquelette (quelques microtubules, surtout des filaments d’actine rĂ©unis en faisceaux qui s'ancrent sur une densification apicale).

Le noyau est plus ou moins dĂ©formĂ© par les grains de sĂ©crĂ©tion, renferme un nuclĂ©ole volumineux et une chromatine finement grenue, dispersĂ©e, ou rĂ©unie en petites mottes Ă©parses.Les organites subcellulaires sont des mitochondries ovoĂŻdes dispersĂ©es dans le hyaloplasme, des ribosomes remarquablement nombreux et surtout, un rĂ©ticulum endoplasmique  extrĂŞmement dĂ©veloppĂ© et de type rugueux. Il se prĂ©sente sous la forme de tubules  irrĂ©guliers, surtout localisĂ©s en pĂ©riphĂ©rie, au voisinage du plasmalemme, et de citernes, très variables dans leur aspect et leurs dimensions, occupant surtout le reste de la cellule. Les empilements membranaires (“dictyosomes”) qui caractĂ©risent en gĂ©nĂ©ral un appareil de Golgi typique paraissent absents.

En revanche, une sĂ©crĂ©tion abondante est Ă©laborĂ©e dans certains adĂ©nocytes. Elle se prĂ©sente  sous la forme de grains (Fig.) contenus dans des vĂ©sicules semblant issues du rĂ©ticulum qui les entoure : les unes renferment un matĂ©riel peu dense, floculant, irrĂ©gulier et grossissent par confluence ; les autres, non coalescentes, ont un contenu plus opaque, homogène et subsphĂ©rique (Fig.). Les mĂŞmes vĂ©sicules peuvent fusionner et extrudent leur contenu entre les bases des microvillositĂ©s. Cette substance, finement grenue, pĂ©nètre ainsi dans l' espace extracellulaire, autour du canalicule rĂ©cepteur.

Canalicule récepteur (portion réceptrice)
Cinq portions réceptrices de l'appareil cuticulaire de la glande clypéale d' Argyrodes, 5 coupes transversales. Microscope électronique à transmission.
Détail d'une portion réceptrice de l'appareil cuticulaire de la glande clypéale d' Argyrodes (appareil terminal). Coupe transversale. Microscope électronique à transmission.

Il prĂ©sente une lumière de 0,5 Âµ de diamètre et une paroi (Ă©paisseur : 0,2 Ă  0,3 Âµ) comprenant deux couches : couche interne entourant la lumière, relativement homogène, perforĂ©e, et couche externe plus Ă©paisse, lâche, d’aspect vermiculĂ©, formĂ©e par des strates discontinues grossièrement concentriques se disposant en filtre (sieve) (Fig.). Le matĂ©riel sĂ©crĂ©toire finement grenu ayant gagnĂ© l' espace extracellulaire se retrouve dans les interstices de ce filtre,  puis rejoint la lumière par les pores de la couche interne et s’y accumule.

Le canalicule récepteur entouré par les microvillosités correspond à un appareil terminal (end apparatus) typique (Schéma, Fig.). Il s’abouche à la portion conductrice qui est dans son prolongement direct.

Portion conductrice
Portion réceptrice de l'appareil cuticulaire de la glande clypéale d' Argyrodes, coupe longitudinale. Microscope électronique à transmission.
Canal conducteur et sa cellule canalaire dans la glande clypéale d' Argyrodes cognatus. Microscope électronique à transmission

Difficilement perceptible et d'interprĂ©tation dĂ©licate dans les coupes histologiques (Fig. ) , elle est formĂ©e par un canalicule excrĂ©teur soit simple, reprĂ©sentant sa totalitĂ© lorsqu’il demeure isolĂ© jusqu’à la terminaison (glande simple) (Fig.), soit de 1er ordre lorsqu’il conflue ensuite (glandes ramifiĂ©e), dans les deux cas d’un mĂŞme diamètre, subcylindrique et Ă  paroi (Ă©paisseur 600 Ă…) rĂ©duite Ă  une seule couche, homogène, rĂ©gulière, formĂ©e par de l’épicuticule. Les

fig. - Argyrodes elevatus mâle, glande clypéale,vue très partielle. Autre partie de la glande en Fig... A, - adénocytes - C, cuticule du sillon, en partie "fracturée" - D, canalicules excréteurs et leurs cellules (Cc). Flèche : traversée de la cuticule par un canal excréteur principal.

canaux d’ordres supĂ©rieurs (2e ordre et excrĂ©teur principal) ont un diamètre plus grand (1,2 Âµ et 2 Ă  µ), une lumière plus large et une paroi formĂ©e cette fois par deux couches : l’une interne, Ă©picuticulaire, dense, opaque et homogène comme celle du canal de 1er ordre, mais d’épaisseur irrĂ©gulière, paraissant festonnĂ©e en coupes transversales; l’autre  externe, dĂ©rivĂ©e de l’exocuticule (?), plus claire, striĂ©e, montrant des fibres hĂ©licoĂŻdales et concentriques. Les canalicules excrĂ©teurs sont entourĂ©s par des cellules canalaires: une seule lorsque le canal est simple (Argyrodes cognatus) (Fig), plusieurs qui se succèdent en gaine continue lorsque la glande est ramifiĂ©e (Argyrodes argyrodes), dont une proximale, autour du canal de 2e ordre, et les autres distales, autour du conduit principal. Dans tous les cas l’adĂ©nocyte s’unit Ă  la cellule canalaire adjacente par une jonction adhĂ©rente annulaire (zonula adherens). Peu visibles dans les coupes histologiques (pigmentation mĂ©lanique Ă©ventuelle, long noyau très basophile), les cellules canalaires montrent en M.E.T., qu’elles s’enroulent autour des conduits et renferment dans leur hyaloplasme clair des microtubules ainsi que quelques grains de pigment mĂ©lanique. Le noyau est très allongĂ©, aplati, indentĂ©, rĂ©niforme en coupe transversale et contient une chromatine abondante, dense et marginĂ©e. L’enroulement de chaque cellule dĂ©termine une invagination en mĂ©so de son plasmalemme (Fig.), avec jonction septĂ©e. D’autres jonctions l’unissent aux voisines.

Interprétation et rôles

Interprétation anatomique

Détail du même canal conducteur et sa cellule canalaire dans la glande clypéale d' Argyrodes cognatus. Microscope électronique à transmission

La structure fine des unitĂ©s constituant la glande acronale permet de les rattacher Ă  la classe 3 des cellules glandulaires Ă©pidermiques d’Arthropodes dans sa forme la plus simple : un canal est d’abord entourĂ© par une seule cellule glandulaire oĂą il dĂ©bute, puis par une cellule canalaire et est enfin en continuitĂ© avec la cuticule au niveau de sa terminaison. Noirot et Quennedey (1974[10]) ont dĂ©fini pour la première fois cette classe chez les insectes oĂą existe Ă©galement un appareil terminal (end apparatus), censĂ© caractĂ©ristique de glandes exocrines tĂ©gumentaires dĂ©fensives ou sĂ©crĂ©trices de phĂ©romones. On sait par ailleurs que dans de nombreuses glandes exocrines d’insectes (salivaires, dermiques, annexes du tractus gĂ©nital), l’appareil de Golgi ne paraĂ®t pas polarisĂ©, ne se dispose pas en dictyosomes mais paraĂ®t uniquement formĂ© par des vĂ©sicules. Il en est probablement de mĂŞme pour la glande acronale des Argyrodes oĂą les amas vĂ©siculaires marqueraient l’emplacement de rĂ©seaux transgolgiens. Les unitĂ©s peuvent ĂŞtre discrètes et isolĂ©es (types acuminĂ© et nasutĂ©) ou former un organe glandulaire anatomiquement dĂ©fini, plus ou moins volumineux et massif (autres types) montrant gĂ©nĂ©ralement une bipartition visible dans les coupes histologiques transversales et la disposition symĂ©trique de pores au M.E.B. La glande acronale d’Argyrodes fissifrontella (Seychelles) se prĂ©sente comme  une variation importante, pouvant exister aussi chez d’autres espèces, et qui a valeur de stade Ă©volutif.

Interprétation fonctionnelle

La glande acronale est Ă©troitement liĂ©e au comportement sexuel des Argyrodes .Les conformations Ă©tranges du prosoma des mâles ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme « des bizarreries de la Nature … Ă©videmment sans utilitĂ© » (Berland, 1932) et illustrĂ©es par Millot (1968 : fig. 479, p. 696) sans tentative d’explication. Il convenait de rechercher dans l’éthologie d’ Argyrodes certains traits de comportement pouvant relier des hypothèses fonctionnelles Ă  l’existence de la glande. La relative immunitĂ© dont bĂ©nĂ©ficient les Argyrodes dans leurs rapports avec l’AraignĂ©e-hĂ´te n’est nullement concernĂ©e. La glande acronale ne peut ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme un organe de dĂ©fense Ă©laborant une substance rĂ©pulsive ou vulnĂ©rante : elle manque chez les femelles ; l’absence de musculature compressive et la terminaison des canaux excrĂ©teurs dans une rĂ©gion anfractueuse conformĂ©e en cul de sac, n’impliquent pas une projection de substance.

De plus, dans le cas du type rostrĂ©, le seul, semble-t-il, dont l’accouplement et ses prĂ©ludes aient Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s[6] - [2] jusqu'Ă  la rĂ©daction initiale de ce texte, les chĂ©licères de la femelle Ă©treignent la bosse frontale du mâle, leur doigt mobile pĂ©nĂ©trant selon Legendre dans le repli - plus prĂ©cisĂ©ment l’échancrure- formĂ© par la bosse frontale et le clypeus - plutĂ´t la protubĂ©rance oculaire. Il est probable qu'au cours de cette manĹ“uvre durant laquelle le mâle est littĂ©ralement prisonnier des chĂ©licères…(Legendre)[2], les parties buccales de  la femelle  entrent en contact intime avec l’échancrure et la sĂ©crĂ©tion clypĂ©ale qui doit s’y dĂ©verser. De nouvelles recherches anatomiques, axĂ©es cette fois sur le modelĂ© des appendices pĂ©ri-buccaux femelles,  pourraient Ă©tablir certaines correspondances entre ce dernier et les reliefs clypĂ©aux mâles.

Il ne semble pas que la sĂ©crĂ©tion soit consommĂ©e par la femelle (contrairement Ă  ce qui se passe chez certains Insectes pour des glandes d'une autre nature : Dictyoptères et Panorpes) mais plutĂ´t qu’elle s’évapore dans la dĂ©pression oĂą les poils pourraient jouer un rĂ´le pour la concentrer et (ou) la diffuser. Sa fonction est celle d’une phĂ©romone qui facilite l’accouplement, donc aphrodisiaque, soit en inhibant momentanĂ©ment l’agressivitĂ© de la femelle dont Legendre[2] a d’ailleurs soulignĂ© une « certaine torpeur» (effet pacificateur), soit en provoquant son excitation sexuelle (« arousal»[6]) ce qui paraĂ®t plus douteux.

En outre, et contrairement à une autre assertion de Whitehouse[6], rien ne prouve que la substance soit élaborée en permanence par le mâle qu’elle marquerait ainsi chimiquement.

Il est Ă  noter que la copulation s’accompagne de la mise en place d’un bouchon d'accouplement (mating plug des auteurs de langue anglaise) sur l’épigyne femelle, sĂ©crĂ©tion possible du pĂ©dipalpe mâle introduit. Chez des AraignĂ©es d'autres familles, ce bouchon pourrait ĂŞtre Ă©laborĂ© par les glandes gnathocoxales

Annexes

Bibliographie

  • C. Noirot et A. Quennedey, Fine structure of Insect epidermal glands, Ann.Rev.Entom., 19, 1974, p. 61-80[10].

Notes et références

  1. A. Lopez, avec R. Legendre, « Étude histologique de quelques formations glandulaires chez les AraignĂ©es du genre Argyrodes (Theridiidae) et description d’un nouveau type de glande : la glande clypĂ©ale des mâles », Bull. Soc. zool. Fr., 99 (3), p. 453-460.,‎
  2. Legendre,R., « Quelques remarques sur le comportement des Argyrodes malgaches (Araignées, Theridiidae). », Ann.Sci.nat., Zool., 12, p.507-512.,‎
  3. A. Lopez, « Contribution à l'étude des caractères sexuels somatiques chez les mâles des Aranéides », Thèse de Doctorat d'État es Sciences, Université de Montpellier II. 117 pp + planches (dont 4 en couleurs),‎
  4. A. Lopez, avec M. Emerit, « Données complémentaires sur la glande clypéale des Argyrodes (Araneae, Theridiidae). Utilisation du microscope électronique à balayage », Rev. Arachnol., 2 (4), p. 143-153,‎ (lire en ligne)
  5. A. Lopez, avec M. Emerit, « The clypeal gland of Argyrodes fissifrontella Saaristo, 1978 (Araneae, Theridiidae). Bull. Br. Arachnol. Soc., 5 (4), p. 166-168 », Bull. Br. Arachnol. Soc., 5 (4), p. 166-168,‎
  6. M.E.A. Whitehouse, « The external structure detail of the protrusions on the cephalothorax of mâle Argyrodes antipodiana », Bull.Brit.Arachnol.Soc., 7, p. 142-144,‎
  7. A. Lopez, avec L. Juberthie-Jupeau et M. Emerit, « The « clypeal Â» gland of Argyrodes cognatus (Blackwall, 1877), a Theridiid Spider from the Seychelles Islands. Verhandl.8. Intern. Arachnol. Kongr., Wien 1980, p. 309-313 », Verhandl.8. Intern. Arachnol. Kongr., Wien 1980, p. 309-313,‎
  8. A. Lopez, avec R. Legendre, « Ultrastructure de la glande clypéale des mâles d’Araignées appartenant au genre Argyrodes (Theridiidae). », C.R.Acad.Sci. Paris, 281, p. 1101-1103,‎
  9. A. Lopez, avec C. Juberthie, « La glande clypĂ©ale d’Argyrodes argyrodes (Walck.) : nouvelles prĂ©cisions sur son ultrastructure. », Rev.Arachnol., 3, p. 1-11,‎
  10. C. Noirot et A. Quennedey, « Fine structure of Insect epidermal glands. », Ann.Rev.Entom.,19, p. 61-80,‎
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