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Glande rétrogonoporale

La glande rétrogonoporale de certaines Araignées est située dans l'abdomen ou opisthosoma, en arrière de l'orifice génital chez la femelle de Leptyphantes sanctibenedicti ou Pseudomaro aenigmaticus (Linyphiidae). Elle ne doit pas être confondue avec la glande rétrognathocoxale (Fig. ci-contre : Rg), l'une des glandes segmentaires, qui elle, est située dans le céphalothorax ou prosoma, en arrière de la gnathocoxe ou lame maxillaire (Fig.ci-contre : Gn), à proximité de la glande coxale proprement dite (Fig.ci-contre : Cx)

Metepeira incrassata, coupe histologique longitudinale du prosoma passant par une glande rétrognathocoxale et la glande coxale proprement dite (A.Lopez, C.H.) ..

Introduction

On sait que les femelles d’Araignées attirent leurs mâles par des phéromones de contact, déposées ou non sur le substrat, et par des phéromones volatiles agissant à distance. Ces sémiochimiques facilitent le rapprochement des sexes dans les manœuvres préliminaires à la copulation[1].

Leur production a été d’abord attribuée au « tégument » des femelles, sans préjuger s’il comporte ou non des zones sécrétrices privilégiées.

Des Ă©tudes histologiques ultĂ©rieures[2] ont permis d’évoquer la rĂ©gion gĂ©nitale oĂą certaines des glandes montrent des indices structuraux d’une sĂ©crĂ©tion phĂ©romonale : adĂ©nocytes volumineux, Ă  gros noyau clair, pourvus d’un « rĂ©servoir » acidophile intra-cytoplasmique et d’un  canalicule excrĂ©teur qu’entoure sa cellule « satellite ». Ces glandes siègent dans l’épiderme de l’atrium gĂ©nital, de l’épigyne et surtout, dans celui des deux lèvres du sillon (fente) Ă©pigastrique ou gĂ©nital , en particulier chez les femelles d’EntĂ©lĂ©gynes : Oecobiidae, Thomisidae, Agelenidae, Lycosidae, Uloboridae, Araneidae (Kovoor,1981) et Linyphiidae[3]. Elles y sont gĂ©nĂ©ralement dispersĂ©es sans ordre apparent.

Fig.1 - Leptyphantes femelle , grotte sur sa toile, grotte de Cailhol (Hérault, Occitanie), vue ventrale. Flèche jaune : organe (glande) rétrogonoporal. Extrait de http://faune-flore-languedocienne.alwaysdata.net/garrigue/cavernicole.html#Leptyphantes_sanctivincentii (Lopez & Marcou, d'après une vieille diapositive)

Toutefois A. Lopez (1979b) a découvert chez une espèce de la dernière famille Leptyphantes sanctivincentii baptisée depuis, et l'on ne sait trop pourquoi, Pseudomaro aenigmaticus , que les glandes présumées phéromonales peuvent se grouper en un véritable organe bien individualisé dans la lèvre postérieure du sillon épigastrique, donc de l’orifice génital, et qu'il a ainsi qualifié de "post-gonoporal". Son matériel d'étude, Leptyphantes sanctivincentii (Simon) (Linyphiidae), des deux sexes (Fig.1), provenait de la grotte de Cailhol ( Minervois : Ouest de l’ Hérault, Occitanie) et examiné par coupes histologiques (C.H.) ainsi qu'aux microscopes électroniques à balayage (M.E.B) et par transmission (M.E.T).

Description

Anatomie

La glande rétrogonoporale n’existe que chez la femelle adulte. Elle siège dans la lèvre postérieure du sillon épigastrique, très près de la face ventrale, et y est surplombée par l’épigyne (Fig.2,3)

Fig.3 - Leptyphantes sanctivincenti femelle, région génitale en vue ventrale. E, épigyne - OR, organe postgonoporal en bourrelet transverse (A.Lopez,M.E.B.).
Fig.2 - Leptyphantes sanctivincenti femelle, rĂ©gion gĂ©nitale en vue latĂ©rale.  E, Ă©pigyne - F, fente ou sillon Ă©pigastrique - G (OR), organe ou glande rĂ©trogonoporal(e)(A.Lopez,M.E.B.).

Vu au M.E.B.[3], cet organe se présente extérieurement comme un bourrelet transversal arqué très saillant (Fig.3), orientant sa convexité vers la fente épigastrique, étendu sans interruption entre les deux stigmates pulmonaires, et séparé de la même fente par une étroite « rigole » réunissant

Fig.5 - Leptyphantes sanctivincenti femelle,organe rétrogonoporal. Détails : P, pores excréteurs - R, replis (A.Lopez,M.E.B.).
Fig.4 - Leptyphantes sanctivincenti femelle,organe rétrogonoporal. P, ensemble de pores (flèches) dans une dépression - R, replis. (A.Lopez,M.E.B.).

ces deux orifices respiratoires. Il est long d’environ 300 µm et large de 70. Sa surface est tourmentĂ©e, irrĂ©gulière, toute en dĂ©pressions et replis, d’aspect « gaufrĂ© » ou « cĂ©rĂ©briforme » (Fig.4,5), parsemĂ©e de pores excrĂ©teurs arrondis (1 µm de diamètre moyen), rĂ©guliers, sans margelle, isolĂ©s ou plus souvent rĂ©unis en petits groupes (Fig.4). L’aspect d’ensemble  suggère un dispositif d’évaporation ou de diffusion.

Structure histologique

Au niveau du bourrelet et de ses pores, l’épiderme sous-jacent est considĂ©rablement modifiĂ©. Il prĂ©sente un massif Ă©pithĂ©lial dense, beaucoup plus Ă©pais que lui, convexe et un peu en forme d’éventail dans les coupes parasagittales (Fig.5), en bourrelet incurvĂ© dans les transversales (Fig.6), Ă©pais d’une quarantaine de microns et recouvert par une mince cuticule sinueuse (Fig.7).  Un petit sinus hĂ©molymphatique et des fibres musculaires striĂ©es le sĂ©parent des diverticules chylentĂ©riques, du tissu interstitiel et des glandes sĂ©ricigènes.

Fig.7 - Leptyphantes sanctivincenti femelle,organe rétrogonoporal en vue globale. G, organe - TD, tube digestif - S, glandes à soie (A.Lopez, C.H.) .
Fig.6 - Leptyphantes sanctivincenti femelle , Ă©pigyne et organe rĂ©trogonoporal. Vue globale de la zone Ă©pigastrique.  E, Ă©pigyne - F, fente ou sillon Ă©pigastrique - G (OR), organe ou glande rĂ©trogonoporal(e) - S, spermathèque (A.Lopez, C.H.) .

L’épithélium tégumentaire modifié comporte 4 catégories de cellules.

Fig.8 - Leptyphantes sanctivincenti femelle. Détail d'une coupe histologique sagittale de l'organe rétrogonoporal (rotation 90°). C, cuticule - D, canalicules - I,glande à soie - N, noyau adénocytaire - R, "réservoir". Les noyaux des cellules canalaires et épidermiques sont visibles sous la cuticule et ceux des compagnes entre les adénocytes (A.Lopez, C.H.) .

Les plus grandes ont un aspect d’adénocytes allongés et pyramidaux (hauteur : 25 à 30 µm environ) dont le noyau arrondi (diamètre : 8 µm environ), clair et vésiculeux montre un gros nucléole central et une chromatine périphérique très fine. Dans sa partie apicale, le cytoplasme de chaque adénocyte renferme une zone éosinophile ovoïde, en « réservoir », avec de fines stries radiaires convergeant vers une densification axiale. Il s’en détache un bref canalicule excréteur ralliant le revêtement cuticulaire (Fig.8).

Une deuxième catégorie de cellules se loge entre les adénocytes et la cuticule sus-jacente ; accompagnant les canalicules, ces cellules canalaires ont un cytoplasme étroit, peu visible, et un petit noyau irrégulier très chromatique.

La troisième catégorie se compose de cellules s’insinuant entre les adénocytes qu’elles paraissent soutenir, pouvant être ainsi qualifiées de satellites, plus ou moins perpendiculaires à la cuticule et reconnaissables à leur noyau aplati, allongé (jusqu’à 10 µm) et d’aspect « tigré ».

La dernière catégorie semble correspondre à des cellules épidermiques, visibles dans la périphérie de l’organe et entre les cellules canalaires.

Le revĂŞtement cuticulaire sinueux est traversĂ© par les canalicules excrĂ©teurs, issus des adĂ©nocytes sous- jacents, très grĂŞles, rĂ©unis en petits faisceaux et aboutissant chacun en surface Ă  l’un des  pores tĂ©nus dĂ©celĂ©s au M.E.B (Fig.4).

A quelque distance de l’épiderme ainsi transformĂ© en organe sĂ©crĂ©teur, le revĂŞtement Ă©pithĂ©lial renferme encore quelques cellules glandulaires isolĂ©es. D’autres adĂ©nocytes sont Ă©galement logĂ©s dans l’épiderme ventral, un peu en arrière de l’organe post-gonoporal.      

La différenciation de ce dernier s’ébauche chez la femelle subadulte, pendant la dernière intermue, dans un épaississement post-épigastrique de l’épiderme, et se complète ensuite chez l’individu mature. Les adénocytes sont identifiables avant les cellules canalaires et satellites.

Il est Ă  noter que les mâles en sont totalement dĂ©pourvus, la glande post-gonoporale Ă©tant remplacĂ©e par une hernie de tissu interstitiel et par quelques fibres musculaires que recouvre du tĂ©gument pigmentĂ© banal. En revanche, la lèvre antĂ©rieure de leur sillon gĂ©nital contient  des organes acineux prĂ©gonoporaux, faisant partie d’un appareil Ă©pigastrique absent chez les femelles.

Ultrastructure

Les recherches[4] au M.E.T. montrent que l’épiderme rétro-gonoporal modifié est formé par un ensemble d’unités fonctionnelles bien individualisées, autonomes, présentant toutes la même organisation ultrastructurale, et par des cellules satellites, « compagnes » ou de soutien.

Une lame basale continue, très mince (quelques nm) et finement grenue les sépare bien du muscle sous-jacent et du sinus. Elle suit les sinuosités des pôles basaux adénocytaires et surtout, celles, beaucoup plus marquées, des cellules de soutien.

Chaque unité fonctionnelle ou glandulaire se compose d’un adénocyte et d’un appareil cuticulaire s’étendant de cette cellule sécrétrice à l’un des pores de surface (Schéma).

Schéma - Unité fonctionnelle rétrogonoporale périphérique. Les cellules compagnes et épidermiques ne sont pas représentées. Cc, cellule canaliculaire - Cd, canalicule conducteur - Cm, corps myéloïde - En, endocuticule - Ep, , épicuticule - Ex, cavité extracellulaire - G, dictyosome (Golgi) - L, lysosome - Mt, mitochondrie - Mv, microvilli - N, noyau- P, pore - R, réticulum - Rd, canalicule récepteur - V, vésicule . (A.Lopez, d 'après M.E.T.)

Adénocyte

L’adénocyte est volumineux (30 µm), grossièrement pyramidal, repose sur la lame basale et est flanqué par des cellules satellites ou de soutien (Fig.9).

Fig.9 - Leptyphantes sanctivincentii, adénocyte de l'organe rétrogonoporal : cavité extracellulaire et canalicule récepteur.A, adénocytes voisins - Cs,Cellule satellite - Ex, cavité extracellulaire - Mv, microvilli - Flèche : canalicule récepteur en coupe oblique (A.Lopez,M.E.T.).
Fig.10 - Leptyphantes sanctivincentii, adénocyte de l'organe rétrogonoporal : Ex, cavité extracellulaire - Mv, microvillosités - M, mitochondrie - V, vésicules golgiennes - Flèches : canalicule récepteur en coupe transversale (A.Lopez,M.E.T.) .

Son plasmalemme s’accole à celui des cellules voisines au niveau des faces latérales qui ne sont pas engrenées. Au niveau du pôle basal, il ne présente que quelques replis irréguliers ne compartimentant pas le cytoplasme. En revanche, il pénètre dans le pôle apical qui présente ainsi une invagination de l’espace extracellulaire, en “ cul de sac ” ou “ doigt de gant ”, peu profonde, n’atteignant pas la moitié basale et obturée par la cellule canaliculaire dans sa partie apicale (Schéma). Cette cavité correspond au « réservoir » de la microscopie optique. Grossièrement ovoïde et longue d’environ 7 µm, elle est garnie sur tout son pourtour par des microvillosités et renferme, en position axiale, un canalicule récepteur (partie initiale de l’appareil cuticulaire)(Fig.9 à 11).

Fig.11 - Leptyphantes sanctivincentii, adénocyte de l'organe rétrogonoporal : cavité extracellulaire. Le canalicule récepteur n'est plus visible à ce niveau. Dy, dictyosome (Golgi) - Ex, cavité extracellulaire - M, mitochondrie - Mv, microvilli. Flèches : vésicules golgiennes allant s'ouvrir entre les pieds des microvilli (A.Lopez,M.E.T.).

Un feutrage fibrillaire très dense, et vaguement stratifiĂ© dans les coupes longitudinales (Fig.12), estompe les contours du conduit et le sĂ©pare comme un « manchon » des microvillositĂ©s . Ces dernières sont nombreuses, coniques, assez rĂ©gulières, longues d’environ 1,5 µm, adoptent une disposition radiaire centrĂ©e sur le canalicule et ne mĂ©nagent entre elles que des interstices Ă©troits, presque virtuels. Elles  contiennent des microfilaments tĂ©nus, convergeant vers des densifications apicales osmiophiles discrètes (Fig.9 Ă  12).

Fig.12 - Leptyphantes sanctivincentii, adĂ©nocyte de l'organe rĂ©trogonoporal : canalicules rĂ©cepteur et  conducteur, coupe oblique. Cd,canalicule conducteur. Les microvilllositĂ©s (Mv) et le canalicule rĂ©cepteur (Rd) qu'entoure un feutrage fibrillaire constituent l "appareil terminal".(A.Lopez,M.E.T.). Voir aussi le SchĂ©ma.

Le noyau est situĂ© au-dessous de l’invagination, dans la moitiĂ© basale de l’adĂ©nocyte. Il est volumineux, arrondi, rĂ©gulier, renferme un nuclĂ©ole rĂ©ticulĂ© excentrique ainsi qu’ une chromatine granuleuse,  dispersĂ©e dans le nuclĂ©oplasme ou rĂ©unie en petites mottes. Son enveloppe est pourvue de nombreux pores très apparents.

Le cytoplasme contient divers organites subcellulaires dont aucun ne semble particulièrement développé.

Le rĂ©ticulum endoplasmique est constituĂ© par des sacs aplatis  ou cisternae  et par des vĂ©sicules. Les cisternae sont pour la plupart granulaires, assez courtes, parallèles Ă  la surface de la cellule ou s’enroulent sur elles mĂŞmes, adoptant alors parfois une disposition en « bulbe d’oignon » dans le voisinage du noyau. D’autres ne portent que de rares ribosomes et peuvent s’accoler Ă  la face externe des complexes golgiens. Les vĂ©sicules du rĂ©ticulum sont Ă©galement Ă  peu prĂ©s lisses et se fusionnent parfois en chapelet Ă  la base des microvilli.

L’appareil de Golgi est constitué par un ensemble d’empilements membranaires (“dictyosomes”) (Fig.11), sans localisation précise. Leurs saccules sont nombreux, très serrés et bourgeonnent par les bords de petites vésicules à contenu osmiophile granuleux qui les remplit entièrement ou ne revêt que la face interne de leur membrane (« vésicules tapissées »). Elles se fusionnent souvent en grains denses et gagnent ensuite le réservoir (Fig.9,10).

Les mitochondries sont petites, nombreuses, irrégulières, pourvues de crêtes d’orientation variable et réparties sans ordre apparent dans tout le cytoplasme (Fig.9,10).

Fig. - Leptyphantes sanctivincentii, adénocyte de l'organe rétrogonoporal : Dy, dictyosome - L, lysosomes (dont petits corps myéloïdes)- Mv, microvilli - P, plasmalemmes (A.Lopez,M.E.T.).

On note aussi de petites vĂ©sicules d’endocytose naissant entre les pieds microvillositaires,  des ribosomes libres (polysomes) et des lysosomes secondaires autophagiques siĂ©geant surtout entre le noyau et la cavitĂ© extracellulaire. Pouvant atteindre une taille importante (300 nm), ces derniers organites contiennent

Fig. - Leptyphantes sanctivincentii, adénocytes de l'organe rétrogonoporal : Cm, gros corps myéloïde -N, noyau - P, plasmalemmes d'adénocytes accolés - R, vésicules de réticulum (A.Lopez,M.E.T.).

des corps myĂ©loĂŻdes Ă  très nombreuses lamelles concentriques, parfois très volumineux et confluents (Fig. ), ainsi que des vĂ©sicules rĂ©ticulaires et golgiennes d’aspect parfois « vermiculĂ© », qu’ils ont absorbĂ©es.Une activitĂ© sĂ©crĂ©toire est reprĂ©sentĂ©e par les vĂ©sicules du rĂ©ticulum et par celles de l’appareil de Golgi. Elles vont s’ouvrir dans l’espace extracellulaire entre les pieds des microvilli (SchĂ©ma, Fig..10), et y dĂ©versent leur contenu (chapelets, grains denses) après s’être parfois fusionnĂ©es.           

Appareil cuticulaire  

Comme dans le cas de diverses autres glandes, il comporte deux portions bien distinctes dont les noms sont inspirés par la terminologie des entomologistes (Quennedey & Brossut, 1975 ; Sreng, 1979 ; Bitsch, 1981) : un canalicule récepteur, logé dans la cavité extracellulaire de l’adénocyte, et un canalicule conducteur s’étendant de l’adénocyte au pore cuticulaire (Schéma). un canalicule récepteur, logé dans la cavité extracellulaire de l’adénocyte, et un canalicule conducteur s’étendant de l’adénocyte au pore cuticulaire (Schéma).

La portion initiale rĂ©ceptrice plonge dans la cavitĂ© extracelCmulaire qu’elle paraĂ®t axer (Fig.9, Fig.14). Brève, elle ne dĂ©crit pas de sinuositĂ©s (Fig.14). La paroi de ce canalicule rĂ©cepteur, de nature Ă©picuticulaire probable, est formĂ©e par une couche unique, très mince, homogène, dense, lisse et rĂ©gulière, entourant une lumière Ă  contenu  granuleux ; non fenestrĂ©e, elle s’interrompt peut ĂŞtre Ă  l’extrĂ©mitĂ© libre du canalicule, s’y ouvrant directement dans la partie basale de la cavitĂ© extracellulaire.

L’ensemble du canalicule rĂ©cepteur, du feutrage fibrillaire qui l’entoure comme un manchon et des microvillositĂ©s ancrĂ©es sur ce dernier par leurs densifications apicales  constitue un “ appareil terminal ”(“ end apparatus ”) typique tel qu’il est dĂ©crit chez les Insectes dans sa diversitĂ© (Fig.14)[5].

Le canalicule rĂ©cepteur s’abouche Ă  la portion conductrice qui est dans son prolongement direct (Fig.14). Elle est formĂ©e par un canalicule conducteur ou excrĂ©teur, simple, isolĂ© des autres conduits, subrectiligne et trĂ©s court, sa longueur n’excĂ©dant pas 9 µm). Ce canalicule prĂ©sente une lumière arrondie, d’un calibre plus gros que celui de la portion rĂ©ceptrice, allant  en croissant jusqu’à la terminaison (1/2 µm de diamètre interne),  et une paroi formĂ©e par une seule couche d’épicuticule. Cette dernière est dense, opaque, homogène, compacte, ininterrompue, osmiophile, d’épaisseur Ă©galement croissante (jusqu’à 0,2 µm)de sa traversĂ©e de la cuticule, lisse intĂ©rieurement, bosselĂ©e sur sa face externe et se raccorde Ă  l’épicuticule tĂ©gumentaire au niveau du pore excrĂ©teur.

Le canalicule conducteur ou excrĂ©teur est presque entièrement logĂ© dans une cellule canaliculaire (SchĂ©ma, Fig.15 Ă  17). SituĂ©e dans la moitiĂ© supĂ©rieure de l’épiderme modifiĂ©, elle y est entourĂ©e par d’autres Ă©lĂ©ments du mĂŞme type, par des cellules de soutien et coiffe le pĂ´le apical de l’adĂ©nocyte correspondant ainsi sĂ©parĂ© de la cuticule. Elle a des contours irrĂ©guliers, Ă©met des prolongements descendants  et s’enroule autour du canalicule conducteur, l’accolement de ses faces affrontĂ©es donnant naissance Ă  un long mĂ©so flexueux  clos par un desmosome (Fig.16,17). Elle pĂ©nètre, par un prolongement en digitation trapue, dans la partie supĂ©rieure de la cavitĂ© extracellulaire de l’adĂ©nocyte auquel l’unit une jonction septĂ©e annulaire, l’obture comme un bouchon et y englobe ainsi le canalicule conducteur dès son origine. Les autres prolongements sont des lames cytoplasmiques aplaties, s’insinuant entre les faces latĂ©rales de l’adĂ©nocyte et les cellules voisines (SchĂ©ma). Le noyau de la cellule canaliculaire est assez irrĂ©gulier, anguleux, large denviron 3,8 µm et renferme une chromatine bien contrastĂ©e, se condensant en mottes marginales. Le cytoplasme contient des polysomes, quelques vĂ©sicules de rĂ©ticulum, des mitochondries ovoĂŻdes, des groupes de microtubules Ă  disposition longitudinale et ne montre pas d’activitĂ© sĂ©crĂ©toire.

Déjà unie à l’adénocyte, la cellule canaliculaire s’engrène avec ses voisines, et, en périphérie de l’organe, avec les cellules épidermiques banales. Cette cohésion est renforcée par des desmosomes sub-apicaux.

Cellules compagnes ou de soutien

Étendues de la lame basale à la cuticule, elles sont allongées, très aplaties, s’insinuent entre les adénocytes et entre les cellules canalaires qu’elles entourent de manière très variée.

Fig. - Leptyphantes sanctivincentii, glande rétrogonoporale : cellule compagne entourée par des adénocytes. A, adénocytes - Ip, inclusion paracristalline - Mt, mitochondrie - N, noyau (A.Lopez,M.E.T.).
Fig. - Leptyphantes sanctivincentii, glande rĂ©trogonoporale : autres cellules compagnes entourĂ©es par des adĂ©nocytes A, adĂ©nocytes - Dy, dictyosome - E, parties de cellules en dĂ©gĂ©nĂ©rescence prĂ©sumĂ©e - Ip, inclusions paracristallines - L, lysosome ;  Mt, mitochondrie (A.Lopez,M.E.T.).

Le pôle apical ne présente pas d’invagination de l’espace extracellulaire mais est garni de microvillosités trapues lorsqu’il atteint la cuticule. Fait particulier, le pôle basal est découpé (lacinié) en compartiments d’une grande irrégularité par des invaginations très profondes du plasmalemme ; il s’ensuit que la lame basale pénètre dans ces replis et remonte ainsi vers la surface, jusqu’à mi-hauteur de l’organe ; sur la cuticule et émet aussi quelques prolongements s’engageant dans les canaux poraires.

Cellules Ă©pidermiques banales

PĂ©riphĂ©riques ou logĂ©es entre les cellules des canalicules et de soutien, elles rappellent ces dernières  par l’aspect ultrastructural, leur sont probablement apparentĂ©es, ont un contour assez irrĂ©gulier, s’engrènent par les interdigitations de leurs faces latĂ©rales et sont unies aussi par des desmosomes subapicaux.

Leur pĂ´le basal repose sur les cellules canaliculaires et Ă©met des prolongements entre les adĂ©nocytes. Le pĂ´le apical est hĂ©rissĂ© de microvillositĂ©s peu nombreuses, montrant une densification terminale au contact de la cuticule sus-jacente et envoie parfois des expansions dans cette dernière (Fig.20). Le noyau est haut situĂ©, anguleux, pourvu d’une chromatine marginale très dense et d’un nuclĂ©ole sub-central. Le cytoplasme est abondant, assez clair,  renferme des mitochondries ovoĂŻdes, quelques complexes golgiens, du glycogène, des ribosomes, ainsi que quelques flaques de matĂ©riel grenu (produit de sĂ©crĂ©tion ?).

Fig. - Leptyphantes sanctivincentii, glande rétrogonoporale: adénocytes dans leur partie superficielle. A, adénocyte - C, cuticule (épicuticule) - Cd, cellule du canalicule entourant ce dernier - N, noyau - P, pore (A.Lopez, M.E.T.)

Cuticule

Autour de l’organe rétrogonoporal, le revêtement cuticulaire est épais, plissé, formé par de l’épicuticule dense et par de l’endocuticule stratifiée, moins opaque aux électrons. Il repose sur les microvilli des cellules épidermiques banales et est creusé de pores-canaux. Ces derniers se terminent en cul-de-sac sous l’épicuticule et sont occupés par les expansions apicales des cellules épidermiques (Fig.20).

Au niveau de l’organe, la cuticule diminue brusquement d’épaisseur, réduite environ à son cinquième, l’endocuticule ayant pratiquement disparu. L’épicuticule constitutive est en continuité dans les pores avec celle des canalicules excréteurs (Fig.20).

Muscle

Fig. - Leptyphantes sanctivincentii, glande rétrogonoporale : adénocytes dans leur partie basale et muscle .A, adénocytes avec des replis du plasmalemme - Bs, lame basale et sarcolemme accolés - Ms, muscle strié et son noyau (Nm) - N, noyau d'adénocyte - Z, strie Z. Flèches : myofilaments (A.Lopez,M.E.T.).

Il est formé par des fibres striées très minces (épaisseur : 6 µm) s’accolant à la lame basale par leur sarcolemme (Fig. ).

Ces fibres sont pourvues de noyaux marginaux oblongs (longueur : 7,5 µm) à chromatine condensée en grosses mottes. Leurs sarcomères (longueur moyenne : 6 µm) sont compris entre des bandes osmiophiles («stries» Z) très apparentes ; ils montrent des myofilaments fins et épais qui alternent avec régularité.Le sarcoplasme contient du réticulum lisse tubuleux et des mitochondries surtout visibles près du noyau.

Bibliographie

  • Lopez,A. avec J.Kovoor & M.EMERIT,1981 - Des glandes tĂ©gumentaires particulières aux femelles chez Leptyphantes sanctivincentii et Linyphia triangularis (Araneae,Linyphiidae). Atti. Soc.Tosc.Sci.Nat.,Mem.,ser.B,88,suppl.,p.53-60.
  • Bitsch, J., 1981 .- Int.Journ. Insect Morphol. Embryol., 10, 3, p.247-263.
  • Noirot, Ch. & A.Quennedey, 1974.- Ann.Rev.Entomol.,19, p.61-80.
  • Quennedey A. & R.Brossut, 1975.- Tissue and Cell, 7,3,p. 503-517.

Notes et références

  1. Krafft, 1980 ; Tietjen & Rovner, 1982
  2. Kovoor,1981 ; Lopez,1981b
  3. Lopez,1981b
  4. Lopez (1989)
  5. Noirot & Quennedey, 1974 ; Bitsch & Palevody, 1976

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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