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Gilbert Joseph Martin Bruneteau

Gilles[1] Joseph Martin Bruneteau, vicomte de Sainte-Suzanne, né le au Mothé près de Poivres (Aube), et mort le à Paris, est un général français de la Révolution et de l’Empire.

Biographie

Carrière militaire

Sous-lieutenant des pages de la Comtesse de Provence, il passe lieutenant en premier au Régiment d'Anjou-Infanterie en 1779. Lorsque la Révolution française éclate, il en adopte les principes, est promu capitaine de grenadiers, combat avec distinction dans les rangs de ses défenseurs et se signale à la défense de Mayence. Il est ensuite envoyé en Vendée où il combat à la bataille de Cholet.

Il se fait remarquer à l’armée de Rhin-et-Moselle. Lorsque Desaix effectue le passage du Rhin, Sainte-Suzanne se porte à la rencontre des Autrichiens qui arrivent du Haut-Rhin, marche sur Simmern, Urloffen et Wischlingen dont il s’empare, et fait une centaine de prisonniers à l’ennemi qu’il contraint de battre en retraite. Au combat qui a lieu sur le Renchen, il est chargé de contenir les Autrichiens qui menacent l’aile gauche de l’armée française, mission qu’il exécute avec autant de vigueur que de succès. Le 16, il reçoit l’ordre de Desaix de s’emparer des positions inexpugnables de l’ennemi, entre Rastadt et Gerpach. Désespérant de les enlever de front, il s’avance rapidement vers le village d’Oos, s’en rend maître malgré la résistance la plus opiniâtre, tourne les hauteurs et force l’ennemi à se retirer avec précipitation.

À la bataille d'Ettlingen (en) livrée le 21 du même mois, c’est lui qui à la tête de son infanterie et de quelques régiments de cavalerie, débouche des bois de Sandwich ; mais le général Delmas chargé de le soutenir prend une fausse direction, ce qui compromet pendant quelques instants les troupes du général Sainte-Suzanne[2]. Il est promu général de brigade le .

Le , il donne encore des preuves d’une rare intrĂ©piditĂ© au combat d’Alen. Le mĂŞme jour, en rĂ©compense de sa belle conduite, le GĂ©nĂ©ral Moreau qui l'estime particulièrement, le nomme gĂ©nĂ©ral de division. En l’an V, on l’investit du commandement de la 5e division militaire Ă  Strasbourg. Après avoir Ă©tĂ© chargĂ© de dĂ©fendre la tĂŞte de pont de Kehl, il est appelĂ© le , au bureau topographique de la guerre, oĂą il se fait remarquer par l’étendue de ses connaissances. En l’an VII, le gouvernement lui a offert le commandement en chef par intĂ©rim de l’armĂ©e d’Italie, le gĂ©nĂ©ral Sainte-Suzanne le refuse, mais il commande l’annĂ©e suivante Ă  l’armĂ©e du Danube, sous les ordres de Moreau, l’aile gauche forte de 16 000 hommes.

Le 5 florĂ©al an VIII, on le voit traverser le Rhin vis-Ă -vis de Kehl, attaquer les Autrichiens avec impĂ©tuositĂ© sur le Kinzig, leur tuer 1 200 hommes et les forcer Ă  se replier sur Offenbourg. Il se dirige ensuite sur Ulm pour se conformer aux ordres de Moreau, et attaquĂ© le 26 au matin, il comprend qu’il n’a qu’un moyen d’empĂŞcher l’ennemi de percer sa ligne c’est de resserrer ses ailes qui sont trop Ă©tendues et d’abandonner momentanĂ©ment la rive gauche du Danube qui lui sert d’appui[3].

Le général Sainte-Suzanne chargé d’organiser le corps de réserve qui se forme à Mayence, reçoit l’ordre de se mettre à la tête de ce corps, traverse la Nidda, le Mein, près de Francfort, et bat de nouveau l’ennemi à Neu-Wissembourg et à Hanau[4].

Carrière parlementaire

Appelé au bureau topographique (section de la Guerre) du Conseil d'État, par arrêté du , il s’y fait remarquer par sa compétence, son zèle et son dévouement.

Le 1er floréal an X, Napoléon Ier le nomme Sénateur. Membre de la Légion d'honneur depuis le 9 vendémiaire an XII, il est fait grand officier de l'Ordre le . Il est envoyé en par la Commission du Sénat à Linz (Autriche) pour complimenter l’Empereur sur ses dernières victoires (Ulm, Austerlitz).

Le , Napoléon Ier lui donne la sénatorerie de Pau, et en 1807 le commandement de la 2e légion de réserve. Nommé inspecteur des côtes de Boulogne, d'Ostende et de Hollande en 1809, il prend toutes les dispositions nécessaires pour les mettre dans un état de défense respectable. C'est lui qui annonce au ministre de la guerre l’arrivée d’une flotte anglaise devant Flessingue (Expédition de Walcheren), déclarant qu’il reste à son poste malgré le mauvais état de sa santé. C’est en récompense de sa conduite dans ces circonstances difficiles qu’il est créé comte de l'Empire le .

En 1814, il adhère aux actes du gouvernement provisoire, et devient Pair de France, chevalier de Saint-Louis, commandant d’armes à Landau en 1815, et le il obtient de Louis XVIII des lettres patentes qui lui confirment son titre de comte. Lors du procès du maréchal Ney, il refuse avec quatre de ses collègues de prendre part au jugement. Il reste sans activité publique durant les Cent-Jours.

Dans tout le cours de sa carrière législative, il ne cesse de faire partie de l’opposition constitutionnelle. Il publie en 1819 un ouvrage sur les places fortes qui a obtenu les suffrages du général Lamarque et du maréchal Saint-Cyr.

En 1830, bien qu'il soit fort malade, il se fait transporter à Paris pour y donner son adhésion au « retour du drapeau tricolore ». Il meurt le à Paris. Il est inhumé avec son épouse dans un tombeau familial de l’ancien cimetière de Hangenbieten (Bas-Rhin), contre le côté sud de la nef de l'église paroissiale.

Vie familiale

Issu d'une famille de petite noblesse champenoise, il est le fils de Louis Gilles de Bruneteau de Sainte Suzanne et Françoise de La Mothe d'Haucourt. Sa fratrie se compose de :

Jean-Chrysostôme est souvent désigné à tort comme le fils de Gilles Joseph Martin Bruneteau de Sainte Suzanne : leur écart d'âge (13 ans) étant insuffisant.

Il se marie le avec Dorothée Catherine Zorn de Bulach ( † - La Robertsau, Strasbourg), ils ont comme enfants :

  • Joseph Auguste François ( - Strasbourg † - Château d'Écury, Marne), propriĂ©taire, Pair de France, admis Ă  siĂ©ger Ă  la chambre des pairs le par droit hĂ©rĂ©ditaire en remplacement de son père dĂ©cĂ©dĂ©, il donne sa dĂ©mission le et ne reparait plus sur la scène politique,
    • MariĂ© le avec Anne Marie ThĂ©rèse Virginie de Chamorin (1800 † 1882), dont postĂ©ritĂ© ;
  • Sophie Constance (1800 † , inhumĂ©e Ă  Poivres),
    • MariĂ©e en 1820 Ă  Alexandre Nicolas Joseph Hennequin de Willermont (1796 † 1850) ;
  • Philippe (nĂ© le - Strasbourg),
    • MariĂ© le (Les Monthairons) avec Charlotte ThĂ©rèse Henriette de Lacour ( † 1879), dont postĂ©ritĂ© ;
  • Ferdinand (nĂ© le ).

État de service

  • Page de Madame, Comtesse de Provence, belle-sĹ“ur de Louis XVI,
  • Sous-lieutenant au RĂ©giment d'Anjou-Infanterie en 1779 ;
  • Lieutenant en second le ;
  • Lieutenant en premier le ;
  • Capitaine au 36e rĂ©giment d’infanterie, ci-devant RĂ©giment d'Anjou-Infanterie le ;
  • Capitaine de grenadiers en 1793 ;
  • Adjudant-gĂ©nĂ©ral chef de bataillon Ă  titre provisoire le ;
  • GĂ©nĂ©ral de brigade en ;
  • GĂ©nĂ©ral de division le ;
  • Commandant de la 4e division de l'ArmĂ©e du Rhin ( - ) ;
  • Commandant de la 5e division de l'ArmĂ©e du Rhin Ă  Strasbourg ( - ) ;
  • Commandant de la 5e division militaire Ă  Strasbourg ( - ) ;
  • Commandant de la 1re division de l'ArmĂ©e de Mayence ( - ) ;
  • Commandant d'une division de l'ArmĂ©e d'Italie ( - ) ;
  • Commandant en chef par intĂ©rim de l’ArmĂ©e d’Italie ( - ) ;
  • Commandant de la place de Milan ( - ) ;
  • Commandant des troupes françaises stationnĂ©es dans les États romains en aoĂ»t 1799 mais refuse ce commandement ;
  • Lieutenant du commandant en chef de l'armĂ©e du Rhin ( - ) ;
  • Commandant du corps de rĂ©serve de l'armĂ©e du Rhin ( - ) ;
  • Inspecteur-gĂ©nĂ©ral de l’infanterie le ;
  • Admis Ă  la retraite le ;
  • RappelĂ© au service en qualitĂ© de commandant de la 2e lĂ©gion de rĂ©serve de l’armĂ©e de l’IntĂ©rieur le ;
  • Inspecteur de la ligne de dĂ©fense des cĂ´tes de Boulogne ( - ).

Campagnes et faits d'armes

  • ArmĂ©e du Rhin (1792-1794) :
  • Guerre de VendĂ©e :
  • ArmĂ©e de Rhin-et-Moselle ( - ) :
    • Au passage du Rhin le , il commande une partie des troupes qui abordent les Ă®les de ce fleuve, sous le feu de l’ennemi. ChargĂ© de stopper Ă  la marche des Autrichiens venant du Haut-Rhin, il mène ses troupes sur Urlafen et Simmern, repousse une des colonnes qui tentait de s'intercaler en lui faisant une centaine de prisonniers, et s’empare du village, ainsi que de Windschliegen.
    • Le , ses manĹ“uvres et ses attaques permirent de contenir les troupes autrichiennes qui se portaient sur l’aile gauche de l’armĂ©e française.
    • Le , il reçoit du gĂ©nĂ©ral Desaix l’ordre d’attaquer les positions inexpugnables que les Autrichiens occupaient entre Rastadt et Gerpach : il force donc le village d’Oos y fait quelques prisonniers et tourne les hauteurs de Kappenheim jugĂ©es inabordables de front, et oblige l’ennemi Ă  la retraite.
    • Ă€ la bataille d’Ettlingen le , les accidents de terrain mirent en retard la brigade Delmas qui devait seconder l'attaque de l'infanterie de Sainte-Suzanne et de la première ligne de cavalerie depuis le bois de Sandwich. Ses troupes se trouvèrent bientĂ´t battues de front, en flanc et en Ă©charpe par le canon des ennemis. Cependant, l’artillerie lĂ©gère s’étant mise en batterie par ordre de Delmas, elle parvient Ă  rĂ©tablir l’égalitĂ© d’un combat, dont les rĂ©sultats finirent par ĂŞtre totalement Ă  l’avantage de l’armĂ©e française. Après la bataille la division du gĂ©nĂ©ral Sainte-Suzanne est une de celle employĂ©e Ă  la poursuite des ennemis dans la montagne d’Albe, oĂą ce gĂ©nĂ©ral se signale de nouveau par les marches et les manĹ“uvres habiles qu’il fait exĂ©cuter.
    • Ă€ la bataille d’Aalen le , il est citĂ© avec les plus grandes Ă©loges sur sa conduite et ses talents militaires par le gĂ©nĂ©ral en chef Moreau dans son rapport adressĂ© au Directoire.
    • Siège de Kehl (1796-1797)
  • Bureau topographique de la Guerre ( - ) ;
  • ArmĂ©e d'Allemagne ( - ) ;
  • ArmĂ©e d'Italie ( - ) ;
  • ArmĂ©e du Rhin ( - ) ;
  • ArmĂ©e du Danube (1799-1800) :
    • Ayant passĂ© le Rhin, face Ă  Kehl le , il attaque les colonnes ennemies sur les rives de la Kinzig, et les force après un combat des plus opiniâtres Ă  se replier sur [Offenbourg], leur infligeant une perte d’environ 1 200 hommes.
    • Le au matin en Erbach et Asch les lignes de son corps d’armĂ©e, s’avançant sur Ulm, sont attaquĂ©es et forcĂ©es. Ce n'est que la manĹ“uvre habile et hardie qu'il fit faire Ă  ses troupes qui les tira du pas dangereux oĂą les combinaisons du gĂ©nĂ©ral en chef les avaient engagĂ©es. Resserrant sa ligne et rĂ©tablissant le combat avec avantage, il est avertit que le gĂ©nĂ©ral Gouvion-Saint-Cyr va lui porter secours. Voyant les Autrichiens faire un mouvement rĂ©trograde, il fait poursuivre vivement leur arrière-garde, et reprend les positions qu’il a Ă©tĂ© forcĂ© d’abandonner.
    • AttaquĂ© de nouveau Ă  Erbach le , il rĂ©siste aux efforts de deux colonnes autrichiennes commandĂ©es par l’archiduc Ferdinand, leur fait Ă©prouver des pertes assez considĂ©rables, et se maintient dans ses positions sur les bords du Danube : cette action est vive et très sanglante.
    • Après avoir organisĂ© un corps de rĂ©serve qui s'Ă©tait rassemblĂ© Ă  Mayence, il en prend le commandement et s'avance avec celui-ci vers la Franconie oĂą il force le passage de la Nidda le , passe le Mein le , sur deux ponts qu’il a fait Ă©tablir près de Francfort, prend position le mĂŞme jour Ă  Neu-Wissemburg et Hanau, et bat le lendemain, , un corps autrichien qui est venu attaquer ses avant-postes.
  • ArmĂ©e de l'IntĂ©rieur (1807) ;
  • ArmĂ©e des cĂ´tes de l'OcĂ©an ( - ) :

Autres fonctions

  • Conseiller d’État[5] :
    • En service ordinaire du 1er thermidor an IX () Ă  l'an XI, rattachĂ© Ă  la section de la guerre,
    • En service extraordinaire en l'an XII et exerce alors les fonctions de gĂ©nĂ©ral de division ;
  • NommĂ© sĂ©nateur par le Premier Consul le bĂ©nĂ©ficiaire de la sĂ©natorerie de Pau le . Il siège au SĂ©nat jusqu’en 1814 et y vote le , la dĂ©chĂ©ance de NapolĂ©on et la crĂ©ation d’un gouvernement provisoire ;
  • Pair de France[6] - [7] :
    • Ordonnance du ;
    • Confirmation de pairie Ă  titre hĂ©rĂ©ditaire par l'ordonnance du ;
    • Titre de comte-pair par l'ordonnance du , confirmĂ© sur majorat de pairie, par lettres patentes du .

Hommage, honneurs, mentions,...

Publications

Titres

DĂ©corations

Armoiries

Figure Blasonnement
Armes du comte Bruneteau de Sainte-Suzanne de l'Empire

Écartelé : au premier des comtes sénateurs ; au deuxième d'azur au lion lampassé d'or, surmonté d'une étoile du même adextrée et sénestrée d'une colombe d'argent ; au troisième d'azur à l'épée haute en pal d'argent ; au quatrième de gueules coupé d'or, à l'étoile d'argent à huit pointes sur le premier.[8] - [7]

Armes du comte Bruneteau de Sainte-Suzanne, pair de France

Coupé, au I : parti, a) d’azur à l'épée d’argent montée d’or, b) d'azur au lion d’or surmonté d’une étoile du même et accosté de deux colonnes d’argent ; au II recoupé de gueules à l'étoile d’argent à huit rais, sur or.[6] - [7]

On trouve aussi
Écartelé : aux 1 et 4, coupé : a. de gueules à une étoile à huit rays d'or ; b. d'or plein ; aux 2 et 3, d'azur, au lion d'or, accosté de deux colonnes d'argent et surmonté d'une étoile d'or.[9]

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Notes et références

  1. Il est parfois de manière erronée prénommé Gilbert dans certaines biographies anciennes
  2. Sans perdre de temps il ordonne de mettre son artillerie légère en batterie dans une position favorable, puis s’élançant sur l’ennemi avec la brigade du général Drouet, il culbute les Autrichiens et leur fait éprouver des pertes considérables
  3. Cette manœuvre est couronnée d’un plein succès, et elle permet à son corps d’armée, que les combinaisons du général en chef Moreau ont pendant quelque temps compromis, de reprendre tout le terrain qu’il a perdu
  4. C'est sa dernière opération militaire
  5. Source : Bruneteau Sainte Suzanne, Gilbert Joseph Martin, (1760-1830) sur www.napoleonica.org
  6. François Velde, « Armory of the French Hereditary Peerage (1814-30) », Lay Peers, sur www.heraldica.org, (consulté le )
  7. « Tout sur l'héraldique : dessin de blasons et d'armoiries », Noblesse impériale, sur toutsurlheraldique.blogspot.com (consulté le )
  8. « BB/29/974 page 108. », Titre de comte accordé à Gilles, Joseph, Martin Bruneteau de Sainte-Suzanne. Bayonne ()., sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France) (consulté le )
  9. Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887
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