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Ghetto de Białystok

Le ghetto de BiaĹ‚ystok (polonais : getto w BiaĹ‚ymstoku) Ă©tait un ghetto pour les Juifs crĂ©Ă© par les autoritĂ©s allemandes nazies en Pologne occupĂ©e pendant la Shoah polonaise[1]. CrĂ©Ă© entre le et le dĂ©but d'aoĂ»t 1941 dans le nouveau district de BiaĹ‚ystok, il rassemblait environ 50 000 juifs des environs de BiaĹ‚ystok et de la rĂ©gion environnante confinĂ©s dans une petite zone de la ville.

Ghettos dans la Pologne occupée (repérés par des étoiles rouges/or). Białystok est au nord-est de Treblinka. La ligne rouge continue indique la frontière germano-soviétique — point de départ de l'opération Barbarossa.
Frontières du ghetto de Białystok.

Le ghetto comprenait deux sections de part et d'autre du fleuve Biala. La plupart des détenus étaient soumis aux travaux dans les entreprises destinées à l'effort de guerre allemand, principalement dans de grandes entreprises textiles, de chaussures et de produits chimiques opérant à l'intérieur ou hors du ghetto. Il fut liquidé en [2], et ses habitants transportés dans des trains de l'Holocauste vers le camp de concentration de Majdanek ou le camp d'extermination de Treblinka. Seules quelques centaines d'entre-eux ont survécu à la guerre, soit en se cachant dans le secteur polonais de la ville, en s'échappant après le soulèvement du ghetto, ou en survivant des camps nazis jusqu'à leurs libérations.

Contexte

Invasion germano-soviétique de la Pologne

Le recensement de 1931 mentionne le chiffre de 91 000 habitants pour la ville, dont près de 40 000 sont juifs, soit 43 % de la population. Dans la ville, dont la vie culturelle Ă©tait alors en plein essor[3], subsistaient deux cinĂ©mas juifs, plusieurs quotidiens juifs, des clubs sportifs, des partis politiques de premier plan et une bibliothèque juive comprenant plus de 10 000 livres. Lorsque la Seconde Guerre mondiale Ă©clate le , BiaĹ‚ystok compte environ 50 000 juifs[4].

Białystok est envahie par la Wehrmacht le , lors de l'invasion allemande de la Pologne. À la suite de l’invasion de la Pologne de l’Est par les Soviétiques le , une partie de la région de Białystok est occupée par les Russes, en vertu du pacte Ribbentrop-Molotov, et le les Allemands évacuent la ville[5] - [6]. Du 1er au , l'Union soviétique annexe la Voïvodie de Białystok d'avant-guerre ainsi que plus de la moitié de la Deuxième République polonaise[7] - [8]. Selon les termes du pacte germano-soviétique signé plus tôt à Moscou, la ville reste aux mains des Soviétiques jusqu'en [9], annexée à la République socialiste soviétique de Biélorussie. Des milliers de réfugiés juifs ont alors afflué de la zone allemande de la Pologne occupée.

Pendant l'occupation soviétique, les entreprises et magasins juifs sont fermés et les institutions sociales, éducatives et politiques juives considérées comme illégales. En outre, de nombreux « capitalistes » juifs et polonais sont déportés par les autorités soviétiques en Sibérie[3].

Avis d'élection au Conseil populaire de Biélorussie occidentale (Białystok, juin-juillet 1941).

Invasion nazie de l'Union soviétique

La Wehrmacht attaque l'Union soviĂ©tique le et reprend BiaĹ‚ystok les 26 et dans le cadre de l'opĂ©ration Barbarossa. Ă€ cette date, avec l’afflux de tous les rĂ©fugiĂ©s, la population juive de la ville et de son district est de 60 000 personnes[10]. Le mĂŞme jour, le 309e bataillon de police fait son apparition[11], chargĂ© de terroriser la communautĂ© juive[12]. Le matin de ce vendredi , surnommĂ© « vendredi rouge » par les Juifs, le 309e bataillon se rĂ©pand dans le quartier juif alentour de la Grande synagogue. Les Allemands commencent Ă  massacrer les Juifs dans les rues et les maisons du quartier juif de Chanajki avec leurs mitraillettes et de grenades. Au moins 700 juifs sont enfermĂ©s Ă  clef dans la synagogue qui est incendiĂ©e. Le nazis forcent d'autres victimes Ă  se pousser les uns les autres dans le bâtiment en feu. Ceux qui rĂ©sistent sont abattus sur place. Ce premier jour, 2 000 Ă  2 200 juifs sont exterminĂ©s. Le lendemain, quelque 20 Ă  30 wagons de cadavres sont transportĂ©s vers de nouveaux charniers creusĂ©s sur ordre allemand le long de la rue Sosnowa, Ă  l'extĂ©rieur du centre-ville[13]. Le major Ernst Weis du 309e bataillon affirmera plus tard ne rien savoir de ce qui s'Ă©tait passĂ©. Le rapport officiel soumis par ses officiers au gĂ©nĂ©ral Johann Pflugbeil de la 221e division de sĂ©curitĂ©, Ă  laquelle le bataillon est subordonnĂ©, est rapidement falsifiĂ©. L'Aktion s'ensuit du meurtre d'environ 300 intellectuels juifs transportĂ©s par camion dans les champs de Pietrasze le . Le 309e bataillon rejoint BiaĹ‚owieĹĽa, au cours duquel il est remplacĂ© par le 316e et 322e bataillon de police de l'Orpo du Polizei-Regiment Mitte. ConformĂ©ment aux ordres, les bataillions reçoivent l'ordre de rassembler le plus de Juifs possible. Le , la ville reçoit la visite de Heinrich Himmler, accompagnĂ© d'Adolf Eichmann, agissant sur les instructions du chef de la Gestapo Heinrich MĂĽller. Il s’agit d’évaluer l'impact de la première vague des Einsatzkommandos[14]. Les 12 et , l'Einsatzkommando 9 et les deux bataillons mènent une fusillade de masse, surnommĂ©e « Samedi noir », dans les champs près de Pietraszek, en pĂ©riphĂ©rie de BiaĹ‚ystok. Environ 3 000 Juifs rassemblĂ©s dans le stade municipal — visitĂ© par Erich von dem Bach-Zelewski lui-mĂŞme — sont emmenĂ©s et tuĂ©s dans des tranchĂ©es antichars. Au total, plus de 5 500 Juifs de BiaĹ‚ystok ont Ă©tĂ© abattus au cours des premières semaines de l'occupation allemande Ă  l'Ă©tĂ© 1941[3].

Juifs locaux forcés de balayer les rues (Bialystock, juin 1941).

Indépendamment des opérations de meurtre de masse menées directement dans la ville, le nouveau quartier devient également le théâtre des opérations des Einsatzgruppen. Chaque escadron de la mort suit un groupe d'armées progressant vers l'Est. Himmler prétendant qu'un risque élevé d'activité de guérilla soviétique existe dans la région, la mission de détruire les prétendus collaborateurs du NKVD est assignée à l'Einsatzgruppe B sous le commandement du SS-Gruppenführer Arthur Nebe, assisté par le Kommando SS Zichenau-Schroettersburg commandé par Hermann Schaper, et le Kommando Bialystok dirigé par Wolfgang Birkner, convoqué par le gouvernement général sur ordre du bureau principal de sécurité du Reich[15]. Au début de l'occupation allemande, ces unités de massacre mobiles rassemblent et tuent des milliers de Juifs dans les quartiers.

Création du Ghetto

Formation

Le 1941, le commandant militaire convoque le rabbin de Bialystok, le Dr Gedaliah Rosenmann et le PrĂ©sident du Conseil de la CommunautĂ© juive, Efraim Barasz, et leur ordonne de former un « Judenrat ». ComposĂ© de douze membres reprĂ©sentant toutes les couches de la population, ce Judenrat est remplacĂ© un mois plus tard par un nouveau conseil, deux fois plus nombreux, avec comme prĂ©sident Barasz[14]. Le ghetto est officiellement crĂ©Ă© le , sur ordre des autoritĂ©s militaires allemandes. La totalitĂ© de la population juive de la ville reçoivent l'ordre de dĂ©mĂ©nager. Comme pour les autres ghettos, l'espace est totalement insuffisant pour le nombre d'habitants et deux ou trois familles s’entassent souvent dans une seule pièce sĂ©parĂ©es par des rideaux. Deux portes mènent hors du ghetto : une donne sur la rue Jurowiecka et l'autre sur la rue Kupiecka. Le ghetto englobe quant Ă  lui les rues de Lipowa, Przejazd, Poleska et Sienkiewicza. La zone, accueillant 43 000 personnes, est bouclĂ© officiellement le , dans deux petits secteurs de la ville sĂ©parĂ©s par le fleuve Biala. Elle est entourĂ©e d’une barrière en bois et d’une clĂ´ture de barbelĂ©s, composĂ©e finalement de trois entrĂ©es tenues par la police juive sous la surveillance des Allemands. Le Judenrat, composĂ© de 24 Juifs, tient sa première rĂ©union le au cours duquel il crĂ©e 13 dĂ©partements divisĂ©s en divisions. Ephraim Barash (ou Efraim Barasz en polonais), ingĂ©nieur en mĂ©canique de 49 ans, est Ă©lu prĂ©sident par intĂ©rim. Le Conseil Ă©tait prĂ©sidĂ© par Rabi Gedalyah (Gedalia) Rosenman. Des soupes populaires sont mises en place, ainsi que des infirmeries, des Ă©coles, des postes de police du ghetto juif, des bains publics et autres commoditĂ©s. Le Judenrat promet le travail acharnĂ© comme clĂ© de la survie ; sa principale obligation est de fournir des quotas de travailleurs aux Allemands[13]. Tous les Juifs âgĂ©s de 15 Ă  65 ans sont soumis au travail obligatoire. En peu de temps, le ghetto atteint 50 000 habitants juifs[9]. Des usines de textile et d'armement sont crĂ©Ă©es avec l'aide du Judenrat. Des usines privĂ©es dans le ghetto appartiennent Ă  l'industriel allemand Oskar Steffen. La plupart des juifs sont employĂ©s dans environ 10 usines ou dans d'autres ateliers du ghetto. Un petit nombre travaille dans diverses entreprises allemandes hors du ghetto[9]. Le Judenrat lui-mĂŞme est un employeur important : plus de 2 000 personnes travaillent dans divers hĂ´pitaux, pharmacies, Ă©coles, palais de justice ou autres Ă©tablissements publics. Un JĂĽdischer Ordnungsdienst (police juive) de 200 hommes est constituĂ©[14]. Les approvisionnements en nourriture par l'administration allemande sont, au mieux, irrĂ©guliers. Aussi, la contrebande de la nourriture (puni de la peine capitale) est la seule manière d'Ă©viter la famine sur une Ă©chelle massive. Dans de petits ateliers secrets, des marchandises sont produites et Ă©changĂ©es contre de la nourriture avec les habitants vivant en dehors du ghetto[14]. Afin d'augmenter la disponibilitĂ© de nourriture, le Judenrat convertit les emplacements des bâtiments dĂ©truits du ghetto en potagers[2] - [3].

Premières déportations

En , les autoritĂ©s nazies proclament que le nombre de Juifs Ă  BiaĹ‚ystok est trop important et ordonnent leur expulsion partielle vers PruĹĽany (aujourd'hui Proujany, en BiĂ©lorussie). Le Judenrat Ă©tablit alors une liste. Les dĂ©portations dĂ©butent le et se poursuivent pendant un mois[16]. Entre le 18 et le , 4 500 Juifs âgĂ©s, malades, non qualifiĂ©s et sans emploi sont dĂ©portĂ©s dans le ghetto de Pruzhany, Ă  100 kilomètres au sud de Bialystok. La plupart sera massacrĂ©e lors de la liquidation de ce ghetto en . D'autres arrivent soudainement Ă  s'en sortir, notamment en moyennant des sommes exorbitantes versĂ©es aux employĂ©s de Judenrat. Au , le nombre de fonctionnaires du Conseil (de tous les niveaux) passe de 1 600 Ă  4 000 en juin, principalement en raison des primes spĂ©ciales et des bons reçus pour la viande, les lĂ©gumineuses, la confiture, le savon, la farine et de grandes quantitĂ©s de charbon pour l'hiver[17]. Dans un mĂŞme temps, les rations alimentaires pour l'ensemble de la population sont considĂ©rablement rĂ©duites, d'abord Ă  500 grammes de pain par jour, puis Ă  300 grammes, entraĂ®nant une famine galopante[18]. Selon les mots de la survivante Riva Shinder, le ghetto est devenu synonyme « d'oppression humiliante, de fusillades [et] de pendaisons ». En , une organisation de rĂ©sistance juive est nouvellement formĂ©e. Celle-ci est dirigĂ© par Tadeusz Jakubowski et Niura Czerniakowska. Riva sert de secrĂ©taire. Le groupe Ă©coute des Ă©missions de radio, Ă©crit des communiquĂ©s et exploite une machine Ă  dupliquer, commettant Ă©galement des actes de sabotage dans les usines. Tout au long de l’annĂ©e 1942, les diverses factions des mouvements juifs de la jeunesse nĂ©gocient en vue de crĂ©er plusieurs mouvements unifiĂ©s en vue de rĂ©sister aux Allemands. Un accord est finalement conclu en et donne naissance Ă  un front uni appelĂ© « Bloc No1 » ou « Front A » comprenant les communistes, les socialistes « Bundistes » et les Sionistes du « Ha-Shomer ha-Tsa'ir » sous le commandement d'Edek Borak. En Mordechai Tenenbaum (Josef Tamaroff) arrive du ghetto de Varsovie pour soutenir la rĂ©sistance et le « Bloc No2 » est crĂ©Ă©, unissant tous les mouvements restants. Sur l’initiative de Tenenbaum et avec le soutien de Barasz, des archives secrètes sont Ă©tablies. CachĂ©s hors du ghetto, ces documents retrouvĂ©s constituent une source et un tĂ©moignage inestimables sur l'existence du ghetto. Barasz met Ă©galement Ă  la disposition de Tenenbaum des sommes d’argent considĂ©rables pour l’achat d’armes au mouvement secret de la rĂ©sistance polonaise Armia Krajowa, mais sans succès[14].

Nouvelles déportations et soulèvements

Télégramme de la Deutsche Reichsbahn sur le dernier transport de 35 wagons de marchandises de Białystok vers le camp d'extermination de Treblinka le . Ce fut le dernier départ avant la fermeture du camp.

Du 5 au , un premier groupe d'environ 10 000 Juifs de BiaĹ‚ystok est rassemblĂ© par les bataillons mobiles pour une « Ă©vacuation » massive du ghetto. Ils sont envoyĂ©s Ă  bord des trains de l'Holocauste jusqu'Ă  leur mort au camp d'extermination de Treblinka. 2 000 autres victimes, trop faibles ou malades pour prendre place dans les wagons, sont abattues sur le champ[3]. Le , lors d’une confĂ©rence du RSHA tenue Ă  Bialystok concernant la suite des dĂ©portations, il est promis aux employeurs que pour des raisons Ă©conomiques le ghetto de Bialystok, avec ses 30 000 Juifs survivants serait laissĂ© intact jusqu'Ă  la fin de la guerre[14].

Liquidation du ghetto de Białystok, du 15 au . Des hommes juifs, les mains levées, entourés d'unités de sécurité allemandes.

En dépit des protestations continues des employeurs militaires et civils, Himmler ordonne la liquidation immédiate du ghetto au cours de l’été 1943. Et puisqu'il considère que les autorités allemandes locales ne sont pas fiables, il confie la mission au personnel lui-même de l’Aktion Reinhard, sous la responsabilité d’Odilo Globocnik. Dans la nuit de 15 au , la police allemande, les unités de SS et les auxiliaires ukrainiens, estoniens, lettons et biélorusses (Hiwis), connus sous le nom d'hommes Trawniki, encerclent le ghetto[2]. Le Président du Conseil de la Communauté juive du ghetto Efraim Barasz est convoqué par la Gestapo et informé que les habitants du ghetto vont être déplacés à Lublin. Le ghetto se réveille pour découvrir l'annonce par le Judenrat de la déportation placardée sur les murs. Mais au moment où des milliers de juifs s’apprêtent à se rendre au point de rassemblement de la rue de Jurowiecka, la révolte armée éclate. Ce n'est pas le premier acte de la résistance dans Białystok, car lors des déportations de , le « Bloc No.1 » avait fait une première tentative de résistance armée, vite noyée dans le sang et décapitée de son chef, Borak expédié à Treblinka pour y être gazé. Dorénavant, le « Bloc No.1 » et le « Bloc No.2 », unis depuis et conscient de leurs sorts, décident de se battre avec l’énergie du désespoir[14].

À 10 heures du matin les diverses cellules secrètes prennent leurs positions avec leurs armes. Le plan est de se rendre maître du barrage de la rue Smolna, d’y ouvrir une brèche et de s'échapper par la forêt[9]. Pendant cinq jours, les résistants, mal armés et en trop petit nombre face à l’accablante puissance de feu allemande, tentent en vain de forcer un passage. Ils finissent par se barricader dans un de leurs bunkers de la rue Chmielna, que les Allemands assiègent le . Tous les 72, sauf un combattant y sont tués[9]. Le jour suivant, les dernières positions de résistance tombent. Tenenbaum et Daniel Moskowicz qui avaient conjointement mené le soulèvement, se donnent la mort. La résistance du ghetto de Bialystok fut aussi héroïque que celle de Varsovie[14].

Entre-temps, la dĂ©portation commence le et se poursuit durant trois jours, environ 7 600 dĂ©tenus sont rĂ©installĂ©s dans un nouveau camp de transit central dans la ville pour une sĂ©lection ultĂ©rieure[19]. Les personnes aptes au travail sont envoyĂ©es Ă  Majdanek. Après une nouvelle vĂ©rification de leur capacitĂ© Ă  travailler, ceux dĂ©portĂ©s Ă  Majdanek rejoindront les camps de Poniatowa et BliĹĽyn (sous-camps de Majdanek), ainsi qu'Auschwitz (Monowitz-Buna ou Birkenau). Ceux jugĂ©s trop Ă©maciĂ©s pour travailler sont assassinĂ©s dans les chambres Ă  gaz de Majdanek[9]. Environ 1 200 enfants juifs âgĂ©s de 6 Ă  15 ans, envoyĂ©s d'abord dans le ghetto de Theresienstadt, en BohĂŞme, sont gazĂ©s Ă  Auschwitz-Birkenau le en compagnie des 53 adultes qui les accompagnaient[14] - [19].

Au cours de la liquidation du ghetto, les Allemands sĂ©lectionnent, le , 43 personnes, dont Zalman Edelman et Shimon Amiel. Ils seront bientĂ´t versĂ©s dans le Sonderkommando 1005, chargĂ© de l'exhumation et de l'incinĂ©ration des corps des victimes massacrĂ©s pars les Einsatzgruppen. EnchaĂ®nĂ©s les uns aux autres pour empĂŞcher toute Ă©vasion, ils sont traĂ®nĂ©s d'un endroit Ă  l'autre dans la rĂ©gion de Bialystok pour accomplir leur horrible tâche : trois fosses Ă  AugustĂłw avec 2 100 cadavres, des fosses Ă  proximitĂ© de Grodno, près de Staraya Krepost, Ă  Novoshilovki, Kidl, et Golnino, près de Lomza. Avant qu'ils n’aient rĂ©ussi leur Ă©vasion le , Edelman et Amiel Ă©taient les deux seuls survivants de leur groupe d’origine de neuf membres[14].

Dans Bialystok mĂŞme, un « petit ghetto » est constituĂ© avec les 2 000 juifs restant. Après trois semaines, il est liquidĂ© lui aussi et ses occupants envoyĂ©s Ă  Majdanek. Parmi eux, Barasz et Rosenmann, qui, ainsi que le reste des Juifs de Bialystok, sont assassinĂ©s le lors de l’Aktion Erntefest.

Szymon Datner, survivant de la Shoah polonaise et historien de l'après-guerre, écrivit : « Le blocus du ghetto a duré un mois complet et le , après l'ultime point de résistance écrasé, les unités SS se sont retirées. La dernière étape des déportations massives a alors débuté[2]. »

Un tout petit nombre d'hommes armés sont parvenus à s'échapper du ghetto en . Avant le soulèvement de l’été 1943, 150 combattants du ghetto de Białystok rejoignent les partisans, dont Pawel Korzec. Ils vont harceler les Allemands dans la région jusqu'à la libération de Białystok par l'armée rouge le [19].

Sur les 50 Ă  60 000 Juifs habitant le ghetto, seuls environ 260 survĂ©curent Ă  la guerre, surtout dans les camps et dans les dĂ©tachements de partisans, ainsi que dans la clandestinitĂ© du cĂ´tĂ© aryen. Après la guerre, le nombre d’habitants juifs de BiaĹ‚ystok Ă  un peu grandi, pour atteindre 1 000 Juifs, puis Ă  de nouveau fortement diminuĂ©. Aujourd'hui BiaĹ‚ystok compte 350 000 habitants, mais seulement quelques dizaines sont Juifs[14].

Au cours de l'histoire du ghetto, il y eut un certain nombre d'évasions, ainsi que des tentatives de sauvetage par des polonais locaux. Parmi les Justes Parmi les nations ayant aidés les Juifs du ghetto de Grodno figurent la famille Skalski[20], la famille Smolko[21] - [22], la famille Burda[23], la famille Czyżykowski[24] - [25], et Jan Kaliszczuk[26]. Tous les efforts de sauvetage ne furent pas menés à biens, Henryk Buszko fut parmi ceux assassinés par les Allemands pour sa tentative de sauvetage[27] - [28].

Sort des bourreaux

En , Fritz Gustav Friedl, le commandant de la Gestapo de Bialystok, a été jugé pour crimes de guerre commis dans la ville et la ville voisine de Zabludow. D’autres procès ont eu lieu en République Fédérale d'Allemagne, principalement contre des membres des Einsatzgruppen ou des bataillons de police. La plupart ont été reconnus coupables et condamnés à des peines généralement légères. Beaucoup ont été acquittés[14].

L'emplacement de nos jours

Bâtiment abandonné de l'ancien ghetto de Bialystok.

Le ghetto était situé dans la section nord-ouest du centre historique, à peu près de nos jours le district de Sienkiewica et une partie du district de Przydworcowe. Il était bordé par la rue Lipowa au sud, la rue Sienkiewicza à l'est et la rue Poleska au nord. À la suite des violents combats du soulèvement du ghetto de Bialystok et aux combats avec les forces armées soviétiques, la plupart des bâtiments d'origine du ghetto ont été détruits. Pire encore, certaines rues ont totalement disparu et le tracé des autres rues a été modifié. Sur les ruines de plusieurs rues (Smolna, Chmielna, Górna) des immeubles ont été construits, le quartier Sienkiewicza[29].

Notes et références

  1. (en) The United States Holocaust Memorial Museum Encyclopedia of Camps and Ghettos, 1933–1945, vol. Volume II: Ghettos in German-occupied Eastern Europe, Bloomington, Indiana University Press, , 886–871 p. (ISBN 978-0-253-35599-7, lire en ligne)
  2. Szymon Datner, The Fight and the Destruction of Ghetto Białystok. December 1945. Kiryat Białystok, Yehud.
  3. M. Sypniewska, K. Bielawski, A. Dylewski, « BiaĹ‚ystok – Jewish Community », Virtual Shtetl Museum of the History of Polish Jews (consultĂ© le ) : « Encyclopedia Judaica and Christopher Browning confirm the death of 2,200 Jews on June 27 ('Red Friday') as well as about 300 Jewish intellectuals on July 3rd, and over 3,000 Jews on July 12, 1941 ('Black Saturday'), for the total of over 5,500 Jewish victims of Orpo terror in the first weeks of Operation Barbarossa. », p. 6–7
  4. Central Statistical Office (Poland), Population by Religion and Sex, Wikimedia Commons: Polish census of 1931 – Białystok Voivodeship, p. 57 of 413 in PDF (or 27 in quoted document)
    « Table 11. [M.] Białystok city. Population: 91,101 (1931). Catholic: 41,493. Judaism: 39,165. »
  5. « Le ghetto de Bialystok », sur www.encyclopedie.bseditions.fr (consulté le )
  6. Piotr Eberhardt et Jan Owsinski, Ethnic Groups and Population Changes in Twentieth-century Central-Eastern Europe : History, Data, Analysis, M.E. Sharpe, , 121, 199–201 (ISBN 0-7656-1833-8, lire en ligne)
    « Territory invaded by the Germans encompassed 188,700 sq km. The Soviets invaded a total of 201,000 sq km of Poland; of which 103,000 sq km were annexed to the Belorussian SSR; 89,700 sq km to the Ukrainian SSR; and 8,300 sq km of the Lithuanian SSR. »
  7. (en) From peace to war : Germany, Soviet Russia, and the world, 1939–1941, Providence, RI, Berghahn Books, , 74– (ISBN 1-57181-882-0, lire en ligne)
  8. The Soviet Takeover of the Polish Eastern Provinces, 1939–41, Springer, , 318 p. (ISBN 1-349-21379-9, lire en ligne), p. 224
  9. « Holocaust Encyclopedia BIALYSTOK », sur encyclopedia.ushmm.org (consulté le )
  10. « Le ghetto de Bialystok », sur www.encyclopedie.bseditions.fr (consulté le )
  11. Christopher R. Browning, Arrival in Poland, Penguin Books, (1re Ă©d. 1992) (lire en ligne)
    « Chpt. 3. Note 8, p. 12 (29 in PDF) source: YVA, TR-10/823 (Landgericht Wuppertal, judgement 12 Ks 1/67): 40— »
  12. Białystok, Macmillan (lire en ligne)
    « German occupation was from June 27, 1941, to July 27, 1944. At that time some 50,000 Jews lived in Bialystok, and some 350,000 in the whole province. On the day following the German occupation, known as “Red Friday,” the Germans burned down the Jewish quarter.[p.570] »
  13. Sara Bender, The Jews of Bialystok During World War II and the Holocaust, UPNE, , 87–112 p. (ISBN 978-1-58465-729-3 et 1-58465-729-4, lire en ligne)
  14. « Le ghetto de Bialystok », sur www.encyclopedie.bseditions.fr (consulté le )
  15. Alexander B. Rossino, « Polish "Neighbors" and German Invaders: Contextualizing Anti-Jewish Violence in the BiaĹ‚ystok District during the Opening Weeks of Operation Barbarossa » [archive du ],  : « Cited by Bogdan MusiaĹ‚ in: "Konterrevolutionäre Elemente sind zu erschiessen": Die Brutalisierung des deutsch-sowjetischen Krieges im Sommer 1941, (Berlin: Propyläen, 2000), pp. 32, 62. »
  16. The Holocaust Encyclopedia, « Jews expelled from the Ghetto: September 18, 1941 » [archive du ], Bialystok. 1939 – 1944 Timeline, United States Holocaust Memorial Museum,
  17. Bender (2008), p. 116–117.
  18. David Patterson, The Complete Black Book of Russian Jewry, Transaction Publishers, , 579 p. (ISBN 1-4128-2007-3, lire en ligne), p. 207
  19. « Bialystok », sur http://memorial-wlc.recette.lbn.fr/ (consulté le )
  20. « Skalski FAMILY », db.yadvashem.org (consulté le )
  21. « Smolko FAMILY », db.yadvashem.org (consulté le )
  22. « Smolko Jan », db.yadvashem.org (consulté le )
  23. « Burda FAMILY », db.yadvashem.org (consulté le )
  24. Polscy Sprawiedliwi, « Maria & Marcin Czyżykowski », Sprawiedliwy wśród Narodów Świata – tytuł przyznany, Przywracanie Pamięci, (consulté le )
  25. Żmijewska, « Bohaterowie wydobyci z zapomnienia. Nowy portal IPN », Wyborcza.pl, (consulté le )
  26. Israel Gutman, Lucien Lazare et Sara Bender, The Encyclopedia of the Righteous Among the Nations : Rescuers of Jews During the Holocaust, Yad Vashem, (lire en ligne), p. 329
  27. « Henryk Buszko - zamordowany za pomoc Żydom | Memory And Identity | International Information Center », pamiecitozsamosc.pl (consulté le )
  28. Ryszard Walczak, Those who helped : Polish rescuers of Jews during the Holocaust, Main Commission for the Investigation of Crimes against the Polish Nation--The Institute of National Memory, , 3 p. (ISBN 978-83-908819-0-4, lire en ligne), p. 58
  29. « Ciekawostki o ulicy Ciepłej », Wyborcza,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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