Hermann Schaper
Hermann Schaper ( - dĂ©cĂ©dĂ© aprĂšs 2002) est un commissaire de la Police criminelle du TroisiĂšme Reich et SS-HauptsturmfĂŒhrer pendant la Seconde Guerre mondiale.
Hermann Schaper | |
Naissance | Strasbourg, Alsace-Lorraine |
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DĂ©cĂšs | AprĂšs 2002 (Ă + 90 ans) |
Origine | Allemagne |
Allégeance | TroisiÚme Reich |
Arme | Schutzstaffel |
Unité | Einsatzgruppen |
Grade | SS-HauptsturmfĂŒhrer |
Commandement | Einsatzkommando SS Zichenau-Schroettersburg |
Conflits | Seconde Guerre mondiale |
Il est l'un des acteurs majeurs de l'Holocauste perpétrés par les Einsatzgruppen en Pologne et en Union soviétique. AprÚs la guerre, il fut condamné pour ses nombreux crimes de guerre commis sur le Front de l'Est[1].
CarriĂšre
Schaper rejoint la SS et est promu successivement SS-UntersturmfĂŒhrer le et SS-ObersturmfĂŒhrer le . Avant l'invasion de la Pologne en 1939, Schaper travaille dans les principaux bureaux du SD de l'Allemagne nazie. Pendant l'occupation allemande de la Pologne, Schaper fut commandant du Kommando SS Zichenau-Schröttersburg â un Einsatzgruppe nazi, l'une des cinq formations de ce type crĂ©Ă©es dans l'est de la Pologne et composĂ© de 500 Ă 1 000 fonctionnaires des SS et de la Gestapo. Schaper opĂ©rait dans le district de PĆock, administrĂ© par le comte von der Groeben. Son supĂ©rieur Ă©tait un chef de la Gestapo basĂ© Ă CiechanĂłw[1].
L'escadron de la mort de Schaper a Ă©tĂ© dĂ©ployĂ© dans le nouveau district de Bialystok peu aprĂšs l'invasion allemande de l'Union soviĂ©tique. Himmler lui-mĂȘme lui rendit visite Ă BiaĆystok le et dĂ©clara qu'il fallait davantage de forces dans la rĂ©gion, car la poursuite massive aprĂšs la fuite de l'ArmĂ©e rouge en fuite laissa un vide sĂ©curitaire. Le , le gouvernement gĂ©nĂ©ral, dirigĂ© par le SS-HauptsturmfĂŒhrer Wolfgang Birkner, ancien combattant de l'Einsatzgruppe IV pendant la campagne de Pologne, place dans la ville une formation supplĂ©mentaire de la Schutzpolizei. L'unitĂ© de secours, appelĂ©e kommando Bialystok[2], Ă©tĂ© envoyĂ©e par le SS-Obersturmbannfuhrer Eberhard Schöngarth sur ordre de l'office central de la sĂ©curitĂ© du Reich, en raison de rapports faisant Ă©tat d'activitĂ©s de guĂ©rilla soviĂ©tique dans la rĂ©gion, les Juifs Ă©tant Ă©videmment immĂ©diatement soupçonnĂ©s de les aider. Le , l'Einsatzgruppe de Schaper fut subdivisĂ© en dizaines de petits Einsatzkommandos de plusieurs Ă plusieurs dizaines de personnes ayant pour mission de tuer des juifs, des communistes prĂ©sumĂ©s et les collaborateurs du NKVD soviĂ©tique dans les territoires capturĂ©s, souvent loin derriĂšre le front allemand. L'ensemble de l' Einsatzgruppe a eu recours Ă la mĂȘme mĂ©thode systĂ©matique de massacres en masse dans de nombreux villages et villes polonaises situĂ©s Ă proximitĂ© de BiaĆystok. Le pĂ©riple meurtrier de Schaper au sud-est de la Prusse orientale est assez bien documentĂ© et inclut Wizna (fin juin), WÄ sosz (), RadziĆĂłw (), Jedwabne (), ĆomĆŒa (dĂ©but aoĂ»t), Tykocin (22). - ), Rutki (), PiÄ tnica, ZambrĂłw ainsi que dâautres lieux[1]. En ce qui concerne le massacre de Jedwabne et le pogrom de RadziĆĂłw, lâEinsatzgruppe de Schaper n'intervient pas directement, mais incite les villageois Ă massacrer eux-mĂȘmes les Juifs. Une directive rĂ©cente du RSHA, rĂ©digĂ©e par Reinhard Heydrich le du , soit quelques jours avant les pogroms, Ă©dictait que dans la mesure du possible, les forces d'occupations se devaient de s'appuyer sur l'antisĂ©mitisme des populations locales[3].
ProcĂšs d'aprĂšs-guerre
Au dĂ©but des annĂ©es 1960, le Centre judiciaire allemand pour la poursuite des crimes nazis Ă Ludwigsburg enquĂȘta sur les crimes de guerre commis par Schaper. Il a Ă©tĂ© interrogĂ© par un procureur fĂ©dĂ©ral allemand sur la base dâune liste de questions, prĂ©liminaires Ă une enquĂȘte sur les crimes de Jedwabne et RadziĆĂłw. Le procureur de la Direction gĂ©nĂ©rale de la Commission pour la poursuite des crimes contre la nation polonaise de Bialystok, Radoslaw Ignatiev, Ă©tait Ă©galement prĂ©sent Ă lâaudience. Selon le communiquĂ© de lâInstitut de la mĂ©moire nationale (IPN, institution gouvernementale polonaise), en rĂ©ponse aux questions, Hermann Schaper, a dĂ©clarĂ© : « durant lâĂ©tĂ© 1941, je commandais le dĂ©tachement de la Gestapo composĂ© de 10 Ă 15 personnes se dĂ©plaçant en vĂ©hicule particulier ou Ă motocyclette ; jâajoute que le commando nâavait pas de camions ». Schaper a niĂ© avoir portĂ© Ă lâĂ©poque lâuniforme noir et la casquette Ă tĂȘte de mort ainsi quâavoir donnĂ© des ordres Ă ses subordonnĂ©s sur le marchĂ© de Tykocin, comme lâon dĂ©crit Chaja Finkelstein et Izchak Feler, deux tĂ©moins israĂ©liens survivants[4] - [5]. L'historien Krzysztof Persak, qui a menĂ© l'enquĂȘte officielle de l'IPN sur ces Ă©venements[6], considĂšre cependant que les pogroms de Jedwabne et de RadziĆĂłw ont Ă©tĂ© perpĂ©trĂ©s par les villageois polonais, mais sous les encouragements de Schaper, qui n'y a pas participĂ© directement mais leur a donnĂ© l'« inspiration criminelle »[3].
RĂ©pondant Ă une autre question, Schaper a dĂ©clarĂ© que son supĂ©rieur se nommait Pulme. Il sâest rappelĂ© aussi le nom de Baumann, lâun des officiers de la Gestapo, avec qui il a servi en 1941. InterrogĂ© pour savoir si son commando au-delĂ de la traque des agents et la recherche de documents avait Ă©galement dâautres tĂąches, il a rĂ©pondu : « nous nâavions pas dâautres responsabilitĂ©s ». Sur la question de savoir ce quâil savait des assassinats en masse des Juifs en juin â septembre 1941 dans la rĂ©gion de ĆomĆŒa, il a dĂ©clarĂ© « quâil y a eu des actions sauvages des populations locales et de certaines unitĂ©s », rajoutant « quâil ignore de quelles unitĂ©s il sâagit »[4] - [5].
LâinterrogĂ© a soumis au procureur un certain nombre de certificats, parmi lesquels un certificat mĂ©dical attestant lâincapacitĂ© de tĂ©moigner. Lâaudience a Ă©tĂ© interrompue, le mĂ©decin dĂ©clarant que sa poursuite pourrait dĂ©clencher une crise cardiaque ou un AVC[4] - [5].
Lâexistence du Commando Schaper et sa relation avec lâextermination des Juifs du district de ĆomĆŒa Ă©tĂ© confirmĂ©e par la dĂ©couverte dans les archives de lâAllemand Ph. D. Edmund Dmitrov, directeur du Bureau de lâĂ©ducation publique de lâIPN Ă Bialystok. Schaper a Ă©tĂ© vu dans RadziĆĂłw ; il a Ă©tĂ© reconnu sur des photos par Chaya Finkelstein. Il a Ă©galement Ă©tĂ© remarquĂ© Ă la fin aoĂ»t, lors de lâextermination des Juifs de Tykocin, comme en tĂ©moigne Izchak Fehler. Les deux tĂ©moins israĂ©liens ont dĂ©clarĂ© que « Schaper leur a donnĂ© lâimpression dâĂȘtre le meneur de lâextermination des Juifs »[4] - [5].
La procĂ©dure pĂ©nale contre le commandant Schaper de lâEinsatzkomando Zichenau-Schrötersburg a Ă©tĂ© interrompue le en Allemagne pour manque de preuves[7] - [8].
Le dossier de Schaper a Ă©tĂ© rouvert en 1974. En 1976, un tribunal allemand de Giessen (Hessen) a dĂ©clarĂ© Schaper coupable dâexĂ©cutions de Polonais et de Juifs par le SS Kommando Zichenau-Schroettersburg. Schaper a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă six ans d'emprisonnement mais a rapidement Ă©tĂ© libĂ©rĂ© pour des raisons mĂ©dicales[8] - [7]. Il est mort de vieillesse Ă l'Ăąge de 90 ans. Selon une dĂ©claration du parquet allemand collaborant avec l'IPN polonais, la documentation de son procĂšs n'est plus disponible et a probablement Ă©tĂ© dĂ©truite aprĂšs la clĂŽture de l'affaire[9].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Hermann Schaper » (voir la liste des auteurs).
- Thomas Urban, "Poszukiwany Hermann Schaper" (A Wanted Man), Rzeczpospolita, 01.09.01 Nr 204. (pl)
- Tomasz Szarota, « Do we now know everything for certain? (translation) » [archive du ], Gazeta Wyborcza, december 2â3, 2000 (consultĂ© le )
- Krzysztof Persak, Jedwabne before the Court. Polandâs Justice and the Jedwabne MassacreâInvestigations and Court Proceedings, 1947â1974, East European Politics and Societies, July 2011
- « Forum Le Monde en Guerre - Massacre de Jedwabne », sur www.39-45.org (consulté le )
- alcidenitryk, « Le témoin Hermann Schaper », sur chezalcide, (consulté le )
- Krzysztof Persak et PaweĆ Machcewicz, WokĂłĆ Jedwabnego, 2 volumes, 1034 pages, IPN, Warszawa 2002
- Alexander B. Rossino, historian at the United States Holocaust Memorial Museum in Washington, D.C., « Polish "Neighbors" and German Invaders: Contextualizing Anti-Jewish Violence in the BiaĆystok District during the Opening Weeks of Operation Barbarossa » [archive du ] [Internet Archive], Polin: Studies in Polish Jewry, Volume 16, (consultĂ© le ) : « Cited by Bogdan MusiaĆ in: "KonterrevolutionĂ€re Elemente sind zu erschiessen": Die Brutalisierung des deutsch-sowjetischen Krieges im Sommer 1941, (Berlin: PropylĂ€en, 2000), pp. 32, 62. Also, cited in German archives of Birkner's postwar investigation at: Auswertung der Ereignismeldungen zu den Judenerschiessungen in BiaĆystok im Juli 1941 in ZStL, 5 AR-Z 56/1960, pp. 4ff. »
- Thomas Urban, reporter de la SĂŒddeutsche Zeitung ; Texte en polonais dans Rzeczpospolita, les 1er et 2 septembre 2001
- « Ćledztwa zawieszone (Suspended investigations) », Instytut PamiÄci Narodowej (Institute of National Remembrance), Varsovie, (consultĂ© le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- HauptsturmfĂŒhrer Hermann Schaper - dowĂłdca speckomanda SS CiechanĂłw-PĆock Fotogaleria miasta PĆocka
- Lessons and Legacies VII: The Holocaust in International Perspective By Dagmar Herzog
- ArtykuĆy, Polemiki, Listy CzytelnikĂłw; 2000-2002, Rzeczpospolita