Gerbille de Mongolie
Meriones unguiculatus
- Meriones chihfengensis Mori, 1939
- Meriones koslovi (Satunin, 1903)
- Meriones kurauchii Mori, 1930
- Pallasiomys unguiculatus selenginus Heptner, 1949
La Gerbille de Mongolie[1], (Meriones unguiculatus ou Meriones (Pallasiomys) unguiculatus) ou encore MĂ©rione de Mongolie[2], est un petit rongeur de la famille des MuridĂ©s, sous-famille des Gerbilles, genre Meriones. Son habitat naturel est situĂ© dans les rĂ©gions semi-dĂ©sertiques du Nord-Est de la Chine et de la Mongolie. En captivitĂ© c'est la gerbille dâĂ©levage la plus connue. Elle est considĂ©rĂ©e lĂ©galement en France comme animal domestique[3].
Description de l'espĂšce
Le corps de la Gerbille de Mongolie mesure 12 cm de long en moyenne, la queue peut Ă©galement atteindre 12 cm[4]. Le poids Ă lâĂąge adulte peut atteindre 70 g Ă 100 g[5].
Le dimorphisme sexuel est peu apparent. Le mĂąle, un peu plus massif, diffĂšre peu de la femelle mais on peut facilement les identifier par sexage. La tĂȘte est soudĂ©e au corps avec de trĂšs petites oreilles rondes. Le corps est compact, couvert dâun pelage lisse de couleur variable, parfois plus clair sur le ventre. Les pattes avant sont petites avec 5 doigts (le pouce est trĂšs rudimentaire), les pattes arriĂšre, beaucoup plus longues, ont 5 doigts. Ils sont garnis de fines griffes. La queue est longue Ă poils ras. Elle sert de contrepoids ou dâappui lorsque la gerbille se dresse sur les membres postĂ©rieurs. Si la gerbille est saisie par la queue, la peau de celle-ci se dĂ©chire pour permettre la fuite de lâanimal, laissant une partie des os Ă nu jusquâĂ ce quâils se dessĂšchent et tombent. Contrairement Ă celle du lĂ©zard la queue de la gerbille ne repousse pas.
La gerbille est un vĂ©gĂ©tarien Ă tendance omnivore (graines, vĂ©gĂ©taux, insectes). Elle boit trĂšs peu dâeau. Un mĂąle adulte mange environ 8 g de nourriture par jour.
Reproduction
Les gerbilles sont monogames et se reconnaissent Ă l'odeur de l'urine et les phĂ©romones prĂ©sentes dans la salive. Les gerbilles prĂ©fĂšrent avoir un partenaire de la mĂȘme couleur. Les mĂąles participent Ă l'Ă©levage des petits[6].
- La maturité sexuelle, pour le mùle gerbille, est de 10 semaines et pour la femelle de 18 semaines environ [5].
- Le cycle Ćstrien est de 4 Ă 6 jours[5] environ.
- Ovulation : dans dix-huit heures aprĂšs la mise bas[5].
- PĂ©riode de chaleurs : 24h[5].
- Retard d'implantation des Ćufs fĂ©condĂ©s : jusqu'Ă 42 jours, si la portĂ©e prĂ©cĂ©dente est nombreuse[5].
- Gestation : environ 25 jours[5], de 24 Ă 28 jours. La premiĂšre fois pouvant aller jusqu'Ă 48 jours.
- La gerbille est monogame. Les parents construisent un nid et Ă©lĂšvent ensemble les jeunes[5].
- De 1 à 10, mais le plus souvent de 4 à 6[5], les petits naissent nus et les yeux fermés. Ils pÚsent environ 3 g[7].
- Sevrage Ă environ 6 semaines.
- Séparation des petits : en captivité pas avant 7 semaines.
- 6 portées par an au minimum.
- Longévité de 3 à 4 ans. Mais rares sont les individus d'élevage qui vivent plus de 2 ou 3 ans à cause de l'incidence élevée des tumeurs à partir de l'ùge de 2 ans[5].
- Un couple formĂ© le restera tout au long de leur vie. La femelle et le mĂąle cessent d'avoir des jeunes vers l'Ăąge de 22 mois (arrĂȘt de la spermatogenĂšse vers 22 mois) voire un peu avant[5].
La gerbille de Mongolie sauvage : animal du désert
Son habitat naturel est situé dans les régions semi-désertiques du nord-est de la Chine et de la Mongolie[5].
Parfaitement adaptĂ©e Ă ce milieu hostile, la gerbille de Mongolie a la capacitĂ© de ne pas se dĂ©shydrater : elle nâa besoin que de 4 ml dâeau par jour et nâĂ©limine que quelques gouttes dâurine. De plus elle arrive Ă faire des rĂ©serves dâeau dans leurs cellules Ă partir des vĂ©gĂ©taux humides dont elle se nourrit[5].
Sa morphologie est adaptĂ©e Ă la fuite et les griffes sont des outils redoutables pour creuser autant que des armes de dĂ©fense. DâoĂč son nom latin de « petit guerrier Ă griffes » (Meriones de MĂ©rion = guerrier dans la guerre de Troie, unguiculatus de unguiculus = ongle)[8].
Comme les lĂ©zards ou des rongeurs tels le chinchilla ou le dĂšgue du Chili la gerbille a la capacitĂ© d'abandonner un morceau de sa queue aux prĂ©dateurs pour leur Ă©chapper (autotomie). La peau se dĂ©tache et la partie osseuse mise Ă nu se dessĂšche et finit par tomber. Elle ne repoussera jamais, contrairement Ă celle du lĂ©zard. Ceci ne l'empĂȘchera pas de vivre mais occasionne Ă©ventuellement une perte d'Ă©quilibre et des difficultĂ©s Ă se dresser sur les pattes arriĂšre[9].
La gerbille de Mongolie est plutĂŽt crĂ©pusculaire/nocturne mais, si on l'Ă©tudie de plus prĂšs, on a tendance Ă observer qu'elle a des cycles d'activitĂ©s de 4 heures, car peu de prĂ©dateurs vivent dans ces contrĂ©es, Ă part quelques oiseaux de proie et des serpents. Les pĂ©riodes dâactivitĂ© intense alternent toutefois avec des pĂ©riodes de repos tout au long du jour.
Les gerbilles de Mongolie creusent et vivent dans des terriers Ă multiples chambres et galeries oĂč elles se rĂ©fugient quand les tempĂ©ratures deviennent extrĂȘmes. Bien que prĂ©fĂ©rant une tempĂ©rature de 20 °C, elles supportent des Ă©carts de â18 °C Ă plus de 35 °C Ă condition que l'environnement ne soit pas humide[5].
Animaux grĂ©gaires, ils forment de grands groupes dâune vingtaine dâindividus de tempĂ©rament plutĂŽt pacifique[10]. Cependant, en pĂ©riode de reproduction lorsque deux mĂąles sont mis en prĂ©sence, ils peuvent avoir un comportement belliqueux.
La fourrure de lâanimal sauvage est de teinte agouti (gris-brun mĂȘlĂ© de poils noirs) avec le ventre crĂšme et le bout de la queue plus noir.
La gerbille de Mongolie en captivité
La gerbille de Mongolie est domestiquĂ©e depuis peu. Vingt couples capturĂ©s dans la rĂ©gion du fleuve Amour sont introduits au Japon en 1935 pour des recherches scientifiques au Kitasato Institute. Ce rongeur se rĂ©pand ensuite dans les laboratoires d'AmĂ©rique et d'Europe Ă partir de 1954, quand quatre couples sont envoyĂ©s Ă New York comme animaux d'expĂ©rimentation biomĂ©dicale. Ce sera le dĂ©but de lâessor de son Ă©levage commercial dans le monde entier[11].
Objet d'Ă©tudes biologiques
Sa rĂ©sistance Ă la dĂ©shydratation et aux maladies infectieuses ou parasitaires en fait un sujet dâĂ©tude apprĂ©ciĂ©. L'observation de la descendance d'un groupe de gerbilles pendant six ans a permis Ă©galement l'Ă©tude des patrons de robe rencontrĂ©s et de leurs gĂšnes pour tenter d'aboutir Ă la dĂ©termination des gĂ©notypes des principaux reproducteurs .
Environ 100 000 gerbilles sont utilisées chaque année pour la recherche (1999-2006)[6].
Domaines d'Ă©tudes[6]:
- Radiobiologie
- Attaque cérébrale
- Bulles tympaniques proches des humains
- Fonctions endocrines et conservation de l'eau
- Ăpilepsie spontanĂ©e Ă l'Ăąge de 2 mois affectant 50 % de la population
- Hypercholestérolémie (1 590 mg/dl) métabolisme hépatique et lipidique
- Maladies cardiovasculaires
- Recherches dentaires
- Recherches sur la reproduction
- Histocompatibilité (greffes)
- Psychologie territoriale, marquage et comportement
- Pathologies nerveuses dues aux additifs alimentaires, pesticides, solvants, métaux lourds
- Recherches sur les maladies infectieuses.
Ătude des conditions optimales d'Ă©levage
Les éleveurs de Meriones unguiculatus ont favorisé une modification progressive du comportement au niveau de la régression du tambourinage et de l'agressivité mais également une modification des paramÚtres physiologiques comme un plus fort taux de fécondité et une augmentation du poids par comparaison avec les individus sauvages prélevés dans la nature[12].
Les chercheurs, qui veulent des résultats fiables pour leurs expériences, doivent apporter un certain confort et respecter des exigences proches de l'espÚce sauvage d'origine, afin de ne pas modifier l'organisme et les habitudes comportementales de l'espÚce par un élevage en captivité trop industriel et artificiel[13].
En effet, conserver ces rongeurs dans des cages de laboratoire standard, sans stimuli sociaux ni accessoires adaptés, altÚre leurs fonctions cognitives, occasionne des réponses comportementales inappropriées, des réactions de stress, des comportements anormaux stéréotypés comme chercher à creuser ou ronger les barreaux continuellement, une altération des fonctions du cerveau[14] et réduit la tolérance au stress dans leur vie adulte. Tout cela met en cause la validité des recherches expérimentales sur ces animaux[13].
Une étude a démontré par exemple que des jeunes séparés de leurs parents avant la naissance de la portée suivante, ont la manie de ronger les barreaux de leur cage à longueur de temps[15].
Un nouvel animal de compagnie
Câest aussi un nouvel animal de compagnie (NAC) apprĂ©ciĂ© car il est trĂšs facile Ă apprivoiser, Ă Ă©lever et Ă entretenir grĂące Ă ses qualitĂ©s naturelles. On en trouve Ă prĂ©sent de toutes couleurs dans les animaleries.
Les gerbilles doivent rester Ă plusieurs pour leur assurer une vie sociale Ă©panouie. On peut les garder en couple ou en petits groupes du mĂȘme sexe, formĂ©s avant la pubertĂ© pour minimiser les risques de conflits[13], car introduire un nouvel individu s'avĂšre ensuite particuliĂšrement risquĂ©. Ainsi une gerbille vivant seule depuis plus d'un an est le plus souvent condamnĂ©e Ă rester seule Ă vie, Ă moins de procĂ©der avec beaucoup de patience Ă l'acclimatation d'un compagnon[16] - [17].
Rongeurs et fouisseurs, on doit veiller Ă fournir Ă ces animaux au minimum une cage solide ou un vivarium, garnis dâune litiĂšre et de matĂ©riaux leur permettant de creuser (bois, carton) et de faire leurs nids, des cachettes (tunnels et maison)[10], du foin, ainsi que du sable ou de la terre Ă chinchilla pour faire leur toilette et des rĂ©cipients propres pour l'eau et la nourriture[13] - [17].
ProblÚmes de santé
DomestiquĂ©es depuis peu, les gerbilles dâĂ©levage sont encore remarquablement rĂ©sistantes aux infections ORL, mais plus fragiles du tube digestif [5].
Lâexcroissance des incisives, commune chez les rongeurs domestiques, est due Ă un mauvais alignement (malocclusion dentaire) ou Ă une rupture des dents. Elles sont hĂ©rĂ©ditairement sujettes au cholestĂ©rol, aux tumeurs et Ă des crises Ă©pileptiformes se dĂ©clarant spontanĂ©ment.
Il convient de ne jamais saisir une gerbille par la queue car elle se brise facilement par une sorte d'autotomie et ne repoussera jamais[9].
Les différentes variétés colorées
Les éleveurs ont développé différentes variétés de robes à partir du pelage agouti d'origine :
Agoutis : Ces gerbilles ont le ventre clair et un mélange de trois couleurs sur le dos : les poils sont gris à la base, jaunes au milieu et foncés à leur extrémité. Les couleurs agouti (couleur d'origine), agouti gris (chinchilla), cannelle, crÚme, miel et polaire en font partie.
Unies : En principe, les gerbilles unies n'ont pas le ventre clair et leurs poils sont unis. Il existe diverses variétés : noir, ardoise, ivoire, argent, muscade, safran, muscade argenté et bleu.
Gantées : Elles ont le corps clair et les extrémités sombres. Ces nouvelles variétés sont, entre autres, les gerbilles birmanes (gantées sombre), siamoises (gantées clair), les saphir et les topaze.
Albinos : Les gerbilles au corps blanc et aux yeux rouges sont appelées albinos. Toutefois, l'albinisme réel est rare et la queue ou les yeux sont généralement plus sombres. Les couleurs himalaya et blanc en font partie.
La gerbille et la loi
En France l'espÚce Meriones unguiculatus est inscrite sur la liste officielle des animaux reconnus comme domestiques. On n'a donc pas besoin d'avoir un certificat de capacité pour l'élever[18].
En Suisse, les gerbilles sont considérées comme animaux sauvages ne nécessitant pas d'autorisation de détention[19]. Depuis 2008 l'Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) impose des exigences minimales concernant la détention des animaux[20] - [21].
Dans certaines parties du monde, comme la Californie, le Nouveau-Mexique et HawaĂŻ, leur importation, dĂ©tention et Ă©levage sont interdits afin d'Ă©viter l'introduction d'une espĂšce susceptible d'ĂȘtre invasive[19].
Notes et références
- Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
- (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0-444-51877-0), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
- Liste des animaux domestiques selon la législation française
- Myers, P., R. Espinosa, C. S. Parr, T. Jones, G. S. Hammond, and T. A. Dewey. The Animal Diversity Web (online). Accessed at https://animaldiversity.org, consulté le 28 décembre 2012
- Les gerbilles de Mongolie sur le site du Conseil canadien de protection de Animaux
- (en) Marti Hanes, Diseases of gerbils(Meriones unguiculatus) Pola - 1999. Dept of Lab Animal Resources. University of Texas Health Science Center-San Antonio Lire le document en ligne
- Photos de jeunes à différents stades d'évolution et de coloris variés.
- (en), Thomas O, 1908. The Duke of Bedford's zoological exploration in eastern AsiaâIX. List of mammals from the Mongolian plateau. Proc Zool Soc Lond 1908:104â110.
- Les Maladies de la Gerbille ou MĂ©rione de Mongolie
- Manuel sur le soin et l'utilisation des animaux d'expérimentation, site du Conseil canadien de protection des animaux
- (en) F. Petrij et all.,2001, A Second Acromelanistic Allelomorph at the Albino Locus of the Mongolian Gerbil (Meriones unguiculatus). The American Genetic Association. The Journal of Heredity, 2001. Lire le document
- (en) Stuermer IW 1998. Reproduction and developmental differences in offspring of domesticated and wild Mongolian gerbils (Meriones unguiculatus). Zeitschrift fĂŒr SĂ€ugetierkunde 63 (Sonderband), p. 57-58 (en)
- (en) Eva Waiblinger, Comfortable Quarters for Gerbils in Research Institutions, Animal Behavior, Zoological Institute, University of ZĂŒrich. Lire le document
- (en) I.W. Stuermer et W.Wetzel, Early experience and domestication affect auditory discrimination learning, open field behaviour and brain size in wild Mongolian gerbils and domesticated Laboratory gerbils (Meriones unguiculatus forma domestica), Behavioural Brain Research Volume 173, n° 1, 2 octobre 2006, Pages 11-21. Lire le résumé
- Barbara König, Hans Schmid, Development of laboratory housing conditions preventing stereotypic behaviour in Mongolian gerbils (Meriones unguiculatus), Fondation Recherche 3R, 2000 Lire le résumé et Voir l'expérience (en)
- Cohabitation des gerbilles sur le site suisse Une gerbille dans les Alpes
- Cohabitation des gerbilles
- ArrĂȘtĂ© du fixant la liste des espĂšces, races ou variĂ©tĂ©s d'animaux domestiques
- (fr) Gerbille.ch, FAQ: Animal sauvage ou domestique, Une gerbille dans les Alpes.
- Le choix d'une cage
- 455.1, Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn)du 23 avril 2008 (Etat le 1er mars 2009)
Liens externes
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Meriones (Pallasiomys) unguiculatus Milne-Edwards, 1867
- {http://wamiz.com/rongeurs/gerbille-8/la-reproduction-chez-la-gerbille-753.html}
- (en) Référence Brainmuseum : Meriones unguiculatus
- {http://gerbille.rongeurs.net/reproduction.php}
- (en) Référence Catalogue of Life : Meriones unguiculatus (Milne-Edwards, 1867) (consulté le )
- (en) Référence Animal Diversity Web : Meriones unguiculatus
- (en) Référence NCBI : Meriones unguiculatus (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espÚce Meriones unguiculatus (Milne-Edwards, 1867) (consulté le )
Autres sites:
- Les gerbilles sur le site de la Protection Suisse des Animaux (PSA). Un guide pour un maintien adapté aux besoins des animaux.
- Sur le site du Conseil canadien de protection des Animaux, Les gerbilles de Mongolie
- (en)(de) The Gerbils Color Palette, toutes les couleurs possibles de la Gerbille de Mongolie.
- (en) Mongolian gerbils Un site trÚs complet sur les gerbilles sauvages ou d'élevage. Nombreuses photos et références.
- (en) Eva Waiblinger, Comfortable Quarters for Gerbils in Research Institutions, Animal Behavior, Zoological Institute, University of ZĂŒrich. Lire le document en ligne sur awionline.org.