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Geoffroy V d'Anjou

Geoffroy V d'Anjou, dit le Bel ou Plantagenêt ([2] – , Château-du-Loir), fut comte d'Anjou, du Maine et de Touraine (1129-1151), et, plus tard, duc de Normandie (1144-1151).

Geoffroy Plantagenêt
Illustration.
Effigie de Geoffroy V d'Anjou sur sa tombe, au Mans.
Titre
Comte d'Anjou et de Touraine
–
(22 ans)
Prédécesseur Foulques V
Successeur Henri II
Comte du Maine
–
(22 ans)
Prédécesseur Erembourg et Foulques V
Successeur Henri II
Duc de Normandie
–
(7 ans, 7 mois et 19 jours)
Prédécesseur Étienne
Successeur Henri II
Biographie
Dynastie 1.Maison de Gâtinais-Anjou

2.Plantagenêt(fondateur)

Date de naissance
Date de décès
Lieu de décès Château-du-Loir
Sépulture Cathédrale Saint-Julien du Mans
Père Foulques V
Mère Erembourg du Maine
Conjoint Mathilde l'Emperesse
Enfants Henri II d'Angleterre
Geoffroy VI d'Anjou
Guillaume d'Anjou
Hamelin de Warenne (illégitime)
Religion Catholicisme

Geoffroy V d'Anjou
Comte d'Anjou
Geoffroy V d'Anjou reproduit par le vicomte de Vaublanc[1] en 1844.

Il est surnommé Plantagenêt à cause du brin de genêt qu'il avait l'habitude de porter à son chapeau. Il était le fils de Foulques V († 1143), comte d'Anjou et roi de Jérusalem, issu d'une vieille famille franque, les Ingelgeriens, et d'Erembourge du Maine († 1126), héritière du Maine. Son fils Henri II d'Angleterre est le fondateur de la dynastie royale anglaise des Plantagenêt.

Mariage et accès au pouvoir

Le , à l'âge de 15 ans, il épouse Mathilde l'Emperesse, fille d'Henri Ier d'Angleterre dit Beauclerc, lui-même fils cadet de Guillaume le Conquérant, et veuve d'Henri V du Saint-Empire germanique, en la cathédrale du Mans. Cette union représente un gage de paix entre l'Anjou et la Normandie, qui avaient été en conflit à de nombreuses reprises au cours du XIe siècle. Mathilde l'Emperesse, plus âgée de onze ans, retourne auprès de son père peu de temps après leur mariage, peu heureux. En 1131, elle se réconcilie avec lui, et leur premier enfant, Henri, naît le .

L'année qui suit son mariage, son père est pressenti pour épouser Mélisende de Jérusalem, fille du roi de Jérusalem Baudouin II. Il retourne donc en Terre sainte — où il devient roi —, laissant toutes ses possessions à Geoffroy.

Conquête de la Normandie

Quand le roi Henri Ier d'Angleterre mourut en 1135, laissant son trône sans héritier mâle, le cousin de Mathilde, Étienne de Blois, s'empara du trône d'Angleterre et, du même coup, du duché de Normandie. Pendant que son épouse Mathilde, nommée par son père héritière légitime du trône, tournait son attention vers l'Angleterre, Geoffroy concentra la sienne sur la conquête de la Normandie. Après une vaine tentative en 1135, il entama, à partir de 1136, une conquête systématique, qui allait durer onze ans. Il fait hommage au roi Louis VI pour le duché, hommage qu'il renouvelle auprès du nouveau roi Louis VII en 1141. Il est maître de Caen, Bayeux, Lisieux, Falaise en 1141. Avranches tombe en 1143 et Arques en 1146.

Les mérites de cette stratégie sont discutés par les historiens, alors que les forces angevines auraient pu être envoyées en Angleterre. Il semble aussi que la possession de la Normandie joua un rôle décisif dans le succès de l'expédition militaire qu'entreprend leur fils Henri pour obtenir la couronne insulaire en 1153, après une vaine tentative en 1149. Avec ces possessions, Geoffroy devient le plus puissant vassal du roi de France. Les rentrées annuelles du trésor normand sont alors évaluées à 260 000 livres tournois, soit autant que le trésor royal[3]. Malgré le titre ducal, il semble que Geoffroy considère alors la Normandie comme une dépendance de l'Anjou. Alors que le denier angevin circulait en Normandie, il fait fermer les ateliers monétaires de Bayeux et Rouen[3].

Geoffroy réprima aussi trois révoltes de barons en Anjou, contre le vicomte de Thouars Aimery VI en 1129, 1135 et 1145-1151. Il faudra trois ans de siège, à partir de 1148, pour que tombe la place de Montreuil-Bellay. La menace de rébellion ralentit son avance en Normandie, et semble être une raison de sa non-intervention outre-Manche.

Dans les dernières années de sa vie, il consolida son contrôle sur la Normandie en réformant l'administration du duché, et, en 1150, il associa Henri à son gouvernement.

Mort et mausolée

Il meurt le à Château-du-Loir (comté du Maine), d'un refroidissement à la suite d'une baignade dans le Loir.

Son corps fut inhumé dans un mausolée impressionnant édifié au sein de la cathédrale du Mans ; « c'était déjà un insigne privilège que d'avoir enterré le comte à l'intérieur des murs de la cité, ce qui ne s'était pas encore fait », selon l'historien Robert Favreau[4]. La plaque tombale en cuivre et émail champlevée, le représentant vêtu d'un manteau à doublure de vair, actuellement conservée au musée Le Carré Plantagenêt (Le Mans), ciselée peu avant 1160, fut commandée par Guillaume de Passavant, évêque de la ville[4]. C'est la plus grande pièce (63 x 33 cm) qu'ait laissé le Moyen Âge occidental[5]. Elle célèbre le protecteur des églises : « Par ton épée, prince, la foule des pillards est mise en fuite, et grâce à la paix qui règne, la tranquillité est assurée aux églises »[4]. Son fils, Henri II, donna une rente à deux prêtres pour qu'ils se chargent quotidiennement du service de l'autel afin d'assurer le salut de l'âme de son père[4].

Les Plantagenêts et la geste arthurienne

La dynastie Plantagenêt tenta par la suite de récupérer, à des fins politiques, la légende des chevaliers de la Table ronde en établissant un lien avec Arthur. Wace y insiste dans son Roman de Brut, écrit vers le milieu du siècle. Il suivait en cela l'exemple de Geoffroy de Monmouth, qui dédiait déjà à Robert de Gloucester son Histoire des Rois de Bretagne, écrite vers 1138. Les Plantagenêts font grand cas, sur le continent, de l'épée d'Arthur Excalibur, qu'Henri Ier Beauclerc aurait, dit-on, offerte à Geoffroy en 1127, lors de son adoubement. Ceci avant la découverte opportune, en 1191, à l'abbaye de Glastonbury, en Angleterre, sur des indications données avant sa mort par Henri II, de la tombe supposée du roi légendaire[6].

Famille et descendance

Le au Mans, il épousa Mathilde l'Emperesse (1102-1167), veuve de l'empereur romain germanique Henri V du Saint-Empire, et fille d'Henri Ier d'Angleterre et de Mathilde d'Écosse.

Ils eurent trois fils :

  1. Henri (1133-1189), futur comte d'Anjou, du Maine et du Poitou, duc de Normandie et d'Aquitaine, roi d'Angleterre ;
  2. Geoffroy Plantagenêt (1134-1158), futur comte d'Anjou, du Maine et de Nantes. Sans descendance ;
  3. Guillaume (1136-1164), vicomte de Dieppe. Sans descendance.

Il eut aussi au moins trois enfants illégitimes :

Héraldique

Sur la plaque émaillée funéraire de Geoffroy V d'Anjou[7] sont représentées des figures qui semblent être de véritables armoiries, d'azur à six lionceaux d'or. Depuis Louis Bouly de Lesdain, on considère souvent que ce sont les plus anciennes armoiries connues[8] et qu'elles auraient été accordées à Geoffroy lors de son adoubement en 1127 par son beau-père Henri Ier. C'est donc la date souvent retenue pour la naissance des armoiries[9] - [10] - [11] jusqu'aux études de Michel Pastoureau. En effet, celui-ci montre que l'émail représentant Geoffroy Plantagenêt semble avoir été réalisé vers 1160-1165 et le récit de son adoubement, qui mentionne le bouclier aux six lionceaux, a été écrit vers 1170-1175, tandis que son seul sceau conservé, qui date de 1149, n'a pas d'armoiries[12] - [13] - [14].

Il est donc plus précis de considérer que cet émail funéraire est, selon l'expression de Laurent Hablot, le « plus ancien témoignage de représentation héraldique en couleurs connu »[15]. Même si on date cette oeuvre plutôt des années 1150, elle traduit l'influence anglo-normande sur les comtes d'Anjou[16] - [17]. C'est ici un cas où l'époux, Geoffroy Plantagenêt, adopte l'emblème familial de son épouse, Mathilde l'Emperesse, prestigieuse fille de roi, afin de revendiquer l'héritage[17].

Notes et références

  1. Vincent Victor Henri De Vicom Vaublanc, La France au temps des croisades.
  2. Douglas Richardson, Plantagenet ancestry: a study in colonial and medieval families, Genealogical Pub. Co., Baltimore, 2004, 945 p., p. 1.
  3. Favier 2004, p. 203.
  4. Robert Favreau (historien), « L'épithaphe d'Henri II Plantagenêt à Fontevraud », Cahiers de civilisation médiévale, vol. 50, no 197,‎ , p. 3-10 (p. 3 pour la citation) (lire en ligne).
  5. Marie-Madeleine Gauthier, 1972, cité par Favreau 2007.
  6. Favier 2004, p. 351.
  7. Marie-Madeleine Gauthier, « Art, savoir-faire médiéval et laboratoire moderne, à propos de l'effigie funéraire de Geoffroy Plantagenêt », Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 123, no 1,‎ , p. 105–131 (DOI 10.3406/crai.1979.13580, lire en ligne, consulté le ).
  8. Robert Viel, « La plaque tombale de Geoffroy Plantagenêt », Archives héraldiques suisses. Schweizer Archiv für Heraldik. Archivio araldico svizzero, vol. 73,‎ , p. 25-27 (lire en ligne).
  9. Louis Bouly de Lesdain, « Les plus anciennes armoiries françaises (1127-1300) », Archives héraldiques suisses. Schweizer Archiv für Heraldik. Archivio araldico svizzero. Archivum heraldicum, vol. 11,‎ , p. 69-79, 94-103 (lire en ligne).
  10. Louis Bouly de Lesdain, « Etudes héraldiques sur le XIIe siècle », Annuaire du conseil héraldique de France, vol. 20,‎ , p. 185-244 (lire en ligne).
  11. Pierre Gras, « Aux origines de l'héraldique. La décoration des boucliers au début du XIIe siècle, d'après la Bible de Cîteaux », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 109, no 2,‎ , p. 198–208 (DOI 10.3406/bec.1951.449440, lire en ligne, consulté le ).
  12. Michel Pastoureau, « L'apparition des armoiries en Occident. Etat du problème », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 134, no 2,‎ , p. 281–300 (DOI 10.3406/bec.1976.450062, lire en ligne, consulté le ).
  13. Michel Pastoureau, Traité d'héraldique, Paris, Picard, coll. « Grands manuels », , 4e éd. (1re éd. 1979), 407 p. (ISBN 2-7084-0703-1), p. 29-32.
  14. Michel Pastoureau, « La naissance des armoiries. De l'identité individuelle à l'identité familiale », dans Une histoire symbolique du Moyen-Âge, Paris, éditions du Seuil, coll. « Librairie du XXIe siècle », , 437 p. (ISBN 9782020136112, lire en ligne), p. 213-243.
  15. Laurent Hablot, Manuel d’héraldique et d’emblématique médiévale : Des signes, une société, comprendre les emblèmes du Moyen Âge (XIIe – XVIe siècles), Tours, Presses universitaires François Rabelais, , 336 p. (ISBN 978-2-86906-689-2, présentation en ligne).
  16. Laurent Hablot, « Entre pratique militaire et symbolique du pouvoir, l’écu armorié au XIIe siècle », dans M. Metelo de Seixas et M. de Lurdes Rosa (dir.), Estudos de Heràldica medieval, Lisbonne, (lire en ligne), p. 143-167.
  17. Jean-François Nieus, « L’invention des armoiries en contexte. Haute aristocratie, identités familiales et culture chevaleresque entre France et Angleterre. 1100-1160 », Journal des savants, vol. 1, no 1,‎ , p. 93–155 (DOI 10.3406/jds.2017.6387, lire en ligne).

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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