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ForĂȘt en Europe

Les forĂȘts europĂ©ennes telles que nous les connaissons actuellement ont commencĂ© Ă  se former au dĂ©but de l'HolocĂšne. Leur superficie a Ă©tĂ© en grande partie rĂ©duite sous l'action de l'homme, mĂȘme si la tendance actuelle est au reboisement.

Taux de couverture des forĂȘts en Europe par pays

Les forĂȘts europĂ©ennes sont trĂšs diffĂ©rentes les unes des autres, ces diffĂ©rences s'expliquant en grande partie par des facteurs climatiques. On distingue la forĂȘt mĂ©diterranĂ©enne, la forĂȘt borĂ©ale, la forĂȘt tempĂ©rĂ©e Ă  feuillage caduc et la forĂȘt tempĂ©rĂ©e mixte.

En gĂ©nĂ©ral, elle comporte moins d'essences diffĂ©rentes que les forĂȘts tropicales ou que d'autres forĂȘts tempĂ©rĂ©es. Les genres dominants sont les pins, les chĂȘnes, les hĂȘtres, les Ă©picĂ©as et les sapins.

Un quart des forĂȘts mondiales se trouvent en Europe, et un cinquiĂšme en Russie.

Histoire de la forĂȘt europĂ©enne

La forĂȘt europĂ©enne est une forĂȘt relativement jeune Ă  l'Ă©chelle des temps gĂ©ologiques. Elle n'a en effet commencĂ© son installation qu'il y a 12 000 ans, au dĂ©but de l'HolocĂšne et du retrait des glaciers qui couvraient l'Europe du Nord et les Alpes. Ceux-ci influençaient l'ensemble du territoire europĂ©en et favorisaient la prĂ©sence de toundras et de steppes plutĂŽt que de forĂȘt[1].

Les essences actuelles ont survĂ©cu Ă  la pĂ©riode de glaciation dans des territoires refuges suffisamment Ă©loignĂ©s des glaciers, comme la Sicile ou la GrĂšce. À partir de ces rĂ©gions, les forĂȘts ont colonisĂ© progressivement l'Europe au fur et Ă  mesure du rĂ©chauffement climatique[2].

Leur Ă©volution depuis le dĂ©but de l'HolocĂšne jusqu'Ă  nos jours est due Ă  plusieurs familles de facteurs. Certains changements sont d'origine gĂ©ologique ou climatique[3], mais l'action humaine fut Ă©galement trĂšs importante. À cause d'elle, la forĂȘt a diminuĂ© en surface de maniĂšre continue jusqu'au dix-neuviĂšme siĂšcle, et ses diffĂ©rentes caractĂ©ristiques - composition en essences, structure, sol - en ont Ă©tĂ© Ă©galement grandement chamboulĂ©es[4].

Avant la rĂ©volution nĂ©olithique, gĂ©nĂ©ratrice de dĂ©frichements pour la mise en culture des terres, les forĂȘts couvraient 80% des 10 millions de km2 du continent europĂ©en Ă  comparer au taux actuel de 23%[5].

Situation actuelle

Les forĂȘts europĂ©ennes s'Ă©tendent sur un milliard d'hectares (1 017 millions d'ha), ce qui reprĂ©sente un quart des forĂȘts mondiales (4 059 millions d'ha). Quatre cinquiĂšmes de ces forĂȘts se trouvent en Russie, qui Ă  elle seule possĂšde un cinquiĂšme des rĂ©serves forestiĂšres mondiales (815 millions d'ha)[6].

La proportion de surface couverte par les forĂȘts en Europe est de 46 %[6], mais les diffĂ©rences entre pays sont fortes. Le pays le plus couvert est la Finlande, avec 73 %. Le pays le moins couvert est Monaco, qui n'a pas de forĂȘts[7]. 178 millions d'hectares de forĂȘt se trouvent sur le territoire de l'Union europĂ©enne, ce qui reprĂ©sente 40 % de sa surface[8].

L’Europe est le continent qui a expĂ©rimentĂ© le plus important gain de couverture forestiĂšre. Depuis les annĂ©es 1950, la surface forestiĂšre a augmentĂ© de 300 000 kmÂČ, soit l’équivalent de la surface de l’Italie[9], parfois naturellement (on parle de forĂȘts secondaires), parfois par des plantations artificielles[7]. Les gains les plus Ă©levĂ©s ont Ă©tĂ© observĂ©s durant les derniĂšres dĂ©cennies : les estimations vont de 8 000 kmÂČ par an depuis les annĂ©es 1990, Ă  28 300 kmÂČ par an entre 1982 et 2015[9]. L'Irlande a vu sa surface forestiĂšre augmenter de plus de 20 % entre 2000 et 2010 ; quatre pays de l'UE perdent cependant des forĂȘts, dont le Danemark qui en a perdu 5 % sur une dĂ©cennie (les autres pays sont le Portugal, la SlovĂ©nie et la Finlande)[8]. Plusieurs publications scientifiques rĂ©centes montrent que les forĂȘts secondaires non gĂ©rĂ©es favorisent la biodiversitĂ© et sont plus rĂ©silientes face Ă  la sĂ©cheresse. Leurs rĂ©sultats ont Ă©tĂ© publiĂ©s en 2020 dans une sĂ©rie de six articles[9] de la revue Annals of Forest Science.

40 % des forĂȘts de l'Union europĂ©enne sont privĂ©es[10], avec une grande disparitĂ© entre les diffĂ©rents États membres : de 0 % pour Malte (ou bien 11 % pour la Bulgarie) Ă  98 % au Portugal. Ce pourcentage est plus important que pour la plupart des rĂ©gions du monde, incluant la Russie (oĂč les forĂȘts privĂ©es n'existent quasiment pas) et les États-Unis.

Liste des pays d'Europe par superficie forestiĂšre

ForĂȘt-Noire, Allemagne.
RangPaysSuperficie forestiĂšre
(en milliers d’ha)
1 Drapeau de la SuĂšde SuĂšde 27 980
2 Drapeau de la Finlande Finlande 22 409
3 Drapeau de l'Espagne Espagne 18 572
4 Drapeau de la France France 17 253
5 Drapeau de la NorvĂšge NorvĂšge 12 180
6 Drapeau de l'Allemagne Allemagne 11 419
7 Drapeau de l'Ukraine Ukraine 9 690
8 Drapeau de l'Italie Italie 9 566
9 Drapeau de la Pologne Pologne 9 483
10 Drapeau de la BiĂ©lorussie BiĂ©lorussie 8 768

Source : FAO (2020 ; hors Fédération de Russie - 815 312 000 ha)[6]

Comparaison avec les forĂȘts tempĂ©rĂ©es d'autres continents

L'orientation des chaĂźnes de montagnes, diffĂ©rente en AmĂ©rique et en Europe, explique en partie les diffĂ©rences entre les forĂȘts tempĂ©rĂ©es europĂ©enne et amĂ©ricaine. Ainsi l'absence d'un barrage montagneux aussi important que les montagnes rocheuses des États-Unis permet Ă  l'air humide en provenance de l'ocĂ©an atlantique de pĂ©nĂ©trer profondĂ©ment dans les terres. Par contre, les formations montagneuses du sud de l'Europe rĂ©duisent l'Ă©tendue du climat tempĂ©rĂ© chaud, limitĂ© au pourtour de la MĂ©diterranĂ©e.

DiversitĂ© des forĂȘts europĂ©ennes

Plusieurs grands types de forĂȘts se trouvent en Europe. La composition et la structure des forĂȘts s'expliquent en grande partie par deux facteurs climatiques :

  • La latitude, qui a un effet sur la tempĂ©rature moyenne qui diminue lorsque l'on monte vers le nord. Cette diminution est corrĂ©lĂ©e avec celle de la pĂ©riode de vĂ©gĂ©tation.
  • La continentalitĂ©, qui se manifeste par un accroissement de l'amplitude thermique. Les saisons sont beaucoup plus contrastĂ©es Ă  l'intĂ©rieur des terres qu'Ă  proximitĂ© des mers et de l'ocĂ©an. Globalement, cet amplitude thermique s’accroĂźt vers l'est, mais le dĂ©coupage irrĂ©gulier des terres rend les choses un peu plus complexes. L'effet d'une plus grande amplitude thermique sur les vĂ©gĂ©taux est un risque accru de gelĂ©e tardive.

De plus, le maximum des précipitations se déplace des mois d'hiver vers les mois d'été lorsque l'on va plus à l'est, ce qui est un avantage pour la végétation.

Ces deux gradients climatiques dĂ©terminent la chorologie des diffĂ©rentes essences. Ainsi, le hĂȘtre s'Ă©tend relativement peu vers l'est Ă  cause de sa faiblesse face aux gelĂ©es tardives. Le chĂȘne pĂ©donculĂ©, qui les gĂšre mieux, est lui capable de pĂ©nĂ©trer loin dans les terres (jusqu'Ă  proximitĂ© de l'Oural). Les deux essences sont en revanche limitĂ©es de la mĂȘme maniĂšre vers le nord par la rigueur du climat.

La forĂȘt mĂ©diterranĂ©enne, Ă  basse latitude et Ă  climat plutĂŽt ocĂ©anique, est caractĂ©risĂ©e par des Ă©tĂ©s secs et chauds, qui induisent de forts stress hydriques qui rĂ©duisent Ă  nĂ©ant la croissance de la forĂȘt. Elles sont donc relativement peu productives. On les trouve sur les bordures de la MĂ©diterranĂ©e, ainsi que dans le sud du Portugal.

La forĂȘt tempĂ©rĂ©e feuillue se trouve aux endroits suffisamment au nord pour que l'Ă©tĂ© ne soit pas trop chaud, suffisamment au sud pour que l'hiver ne soit pas trop rigoureux, et suffisamment proche de l'ocĂ©an pour ne pas ĂȘtre trop sujet aux gelĂ©es tardives. C'est le domaine des hĂȘtraies et des chĂȘnaies caducifoliĂ©es. Étant donnĂ© les conditions climatiques optimales, il s'agit de l’écosystĂšme forestier le plus productif d'Europe. Il est caractĂ©ristique d'une partie de la France, de la Suisse, du Benelux, de l'Allemagne, de l'Autriche et du Danemark ; son Ă©tendue se confond avec l'aire de rĂ©partition du hĂȘtre.

La forĂȘt tempĂ©rĂ©e mixte qui couvre l'Europe centrale et l'Europe de l'Est est dĂ©terminĂ©e par un climat favorable en Ă©tĂ© mais rigoureux en hiver. Le hĂȘtre y a disparu. On distingue plusieurs sous-ensembles : tout d'abord le domaine des chĂȘnaies-charmaies, en Pologne, en BiĂ©lorussie et en Ukraine ; ensuite, des pays baltes jusqu'Ă  l'Oural, une forĂȘt mixte oĂč dominent les conifĂšres qui est une zone de transition entre les forĂȘts tempĂ©rĂ©es et borĂ©ales.

La forĂȘt borĂ©ale, enfin, couvre les pays nordiques. Les hivers y sont trop rigoureux pour la plupart des essences, notamment pour le chĂȘne pĂ©donculĂ©, ce qui explique leur monotonie. On y trouve l'Ă©picĂ©a, le pin sylvestre et le bouleau pubescent, ainsi que certaines espĂšces venant de SibĂ©rie qui prennent place dans les zones les plus rigoureuses.

Politique forestiĂšre en Europe

La MCPFE (ConfĂ©rence ministĂ©rielle sur la protection des forĂȘts en Europe), aussi appelĂ©e Forest Europe, est un processus politique rĂ©unissant les pays de l'Union europĂ©enne ainsi que d'autres pays europĂ©ens (dont la Russie). Elle a dĂ©veloppĂ© des lignes de conduite pour des forĂȘts gĂ©rĂ©es durablement. Elle rĂ©dige Ă©galement un questionnaire Ă  propos de l'Ă©tat des forĂȘts europĂ©ennes qu'elle envoie aux pays membres, et ce tous les 5 ans[11].

L'Union europĂ©enne n'a actuellement pas de politique europĂ©enne spĂ©cifique. Les mesures prises en relation avec la forĂȘt dĂ©pendent de la politique agricole commune, dont presque 10 % du budget est en relation avec les forĂȘts[12]. Cependant, l'Union europĂ©enne a adoptĂ© en 2006 le Plan d'Action pour les ForĂȘts, qui donne un cadre aux politiques forestiĂšres des États membres. Ce plan a comme principaux objectifs d'amĂ©liorer la communication autour des forĂȘts, de rendre l'Ă©conomie forestiĂšre plus compĂ©titive, et de faire contribuer les forĂȘts et le monde forestier au bien-ĂȘtre global et Ă  la protection de l’environnement. Ce document accorde Ă©galement une grande place Ă  la durabilitĂ© des forĂȘts et Ă  leur multifonctionnalitĂ©[13].

Références

  1. Paul Arnould, Micheline Hotyat, Laurent Simon, Les forĂȘts europĂ©ennes, Paris, Nathan UniversitĂ©, 1997 (ISBN 2-09-1 901 -88-1), page 36
  2. 'Arnould', page 37
  3. 'Arnould', page 38
  4. 'Arnould', page 40
  5. « En Europe, la nature connaßt un renouveau », sur nationalgeographic.fr, (consulté le )
  6. (en) « Global Forest Resources Assessment 2020 (184 p.) », sur fao.org, (consulté le )
  7. Situation des forĂȘts dans le monde, Rome, FAO, 2011 (ISBN 978-92-5-206750-4), page 13
  8. Forestry in the EU and the world, Eurostat, 2011, page 12
  9. Arndt Hampe, « Etablissement spontanĂ© de forĂȘts en Europe : une opportunitĂ© pour la prĂ©servation et la gestion des paysages », sur INRAE, (consultĂ© le )
  10. Forestry in the EU and the world, Eurostat, 2011, page 14
  11. Forestry in the EU and the world, Eurostat, 2011, page 7
  12. Forestry in the EU and the world, Eurostat, 2011, page 5
  13. Forestry in the EU and the world, Eurostat, 2011, page 6

Voir aussi

Bibliographie

  • Paul Arnould, Micheline Hotyat, Laurent Simon, Les ForĂȘts europĂ©ennes, Paris, Nathan UniversitĂ©, 1997 (ISBN 2-09-1 901 -88-1)
  • Situation des forĂȘts dans le monde, Rome, FAO, 2011 (ISBN 978-92-5-206750-4) [lire en ligne]
  • Forestry in the EU and the world, Eurostat, 2011 (ISBN 978-92-5-206750-4) [lire en ligne]
  • Forest ans Forestry in European Union Countries, Forest Research Institute, Varsovie, 2006

Article connexe

Liens externes


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