ForĂȘt de Benon
La forĂȘt de Benon est situĂ©e dans le nord-est du dĂ©partement de la Charente-Maritime et constitue aujourd'hui l'unique forĂȘt de l'Aunis.
Il s'agit essentiellement d'une forĂȘt de feuillus, constituĂ©e de chĂȘnes, qui s'Ă©tend sur une surface totale de 3 300 hectares, dont environ 600 hectares sont gĂ©rĂ©s directement par l'ONF et le dĂ©partement de la Charente-Maritime.
Situation géographique
La forĂȘt de Benon est situĂ©e Ă 29 km Ă l'est de La Rochelle, Ă 36 km Ă l'ouest de Niort et Ă 17 km au nord de SurgĂšres. Elle est entiĂšrement situĂ©e dans le dĂ©partement de la Charente-Maritime, dans sa partie nord-est, oĂč elle sĂ©pare le Marais Poitevin de la plaine calcaire de l'Aunis.
Cette forĂȘt est bordĂ©e Ă l'est, par la vallĂ©e moyenne du Mignon, et Ă l'ouest, par celle du CurĂ©. Au nord, elle est en contact avec le Marais Poitevin, tandis qu'au sud, elle s'ouvre sur la plaine dĂ©nudĂ©e de l'Aunis.
Le massif boisé est traversé d'est en ouest par la voie expresse à 2X2 voies La Rochelle-Niort, la N.11. Elle est également traversée par une route départementale, qui relie Courçon à SurgÚres, en passant par les communes de Benon et Saint-Georges-du-Bois.
Cette forĂȘt fut traversĂ©e, dans sa bordure Ă l'ouest, par une voie ferrĂ©e qui reliait SurgĂšres Ă Marans et passait par FerriĂšres d'Aunis, cette voie fut dĂ©mantelĂ©e dĂšs 1951.
Histoire
Avec les forĂȘts de ChizĂ©, d'Aulnay, de Chef-Boutonne, de Boixe, de la Braconne, de Tusson, de Bois-blanc, de Dirac et d'Horte ainsi qu'avec le Bois des Essouverts ; la ForĂȘt de Benon constitue la relique forestiĂšre du Massif forestier d'Argenson[1]qui s'Ă©tendait entre le littoral mĂ©ridional du Golfe des Pictons et le PĂ©rigord vert.
La prĂ©sence de quinze tumuli, constituant de petites nĂ©cropoles (Champ ChĂąlon, Mille Ăcus, des Biarnes, de la Pointe), atteste d'une occupation humaine pendant le nĂ©olitique moyen[2].
Le Massif forestier d'Argenson était, à l'époque Gauloise, la frontiÚre naturelle entre les Pictons, au nord, et les Santons, au sud[3]. Ce massif forestier semble avoir été à l'écart d'un peuplement humain avant la Gaule romaine, comme l'atteste la faible proportion de toponymes gaulois, les premiers essartages et autres aménagements forestiers n'étant attestés que depuis la Période gallo-romaine[4]. à cette époque, des « voies romaines » y ont été tracées pour relier Mediolanum Santonum, Lemonum et Juliomagus. Ce réseau routier figure sur la Table de Peutinger et l'Itinéraire d'Antonin[5].
La ForĂȘt de Benon semble avoir Ă©tĂ© quant Ă elle dĂ©laissĂ©e avant la fin du IIIe siĂšcle, la voie reliant Mediolanum Santonum et Juliomagus la contournant totalement. Ă partir de cette pĂ©riode, les Gallo-Romains vont y entreprendre des dĂ©frichements. C'est ainsi que sur la marge orientale de l'Aunis, des villae rusticae sont implantĂ©es, notamment Ă Virson et Argenton.
Ă partir des « Grandes invasions »[6], la ForĂȘt de Benon est de nouveau dĂ©laissĂ©e et il faudra attendre le Moyen Ăge central pour y voir rĂ©apparaitre la « main de l'homme ». Devant faire face aux raids des Vikings en Aunis, les Comtes de Poitou dĂ©cident de fortifier la petite province en y Ă©tablissant des mottes castrales, notamment celle de Benon. Le village fortifiĂ© devient alors le centre du futur dĂ©frichement de la forĂȘt qui prend Ă partir de cette Ă©poque l'Ă©ponyme de ForĂȘt de Benon.
Pour mener Ă bien cette vaste entreprise, les comtes du Poitou facilitent la crĂ©ation d'une abbaye cistercienne Ă Benon, qui sera la premiĂšre abbaye de ce genre Ă s'implanter en Aunis. Les moines dĂ©fricheurs de la puissante abbaye cistercienne de La GrĂące-Dieu sont donc mandatĂ©s pour ouvrir de larges clairiĂšres et fonder des villages. Le front de dĂ©frichement part dans tous les sens, mais les seigneurs des lieux vont se rĂ©server une partie de la forĂȘt pour se constituer une rĂ©serve giboyeuse.
La Guerre de Cent Ans stoppe pour un temps les défrichements, qui reprennent avec le retour de la paix, dÚs la seconde moitié du XVe siÚcle.
Cependant, les guerres de religion qui ensanglantent de nouveau la rĂ©gion dans la seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle vont durablement stopper le dĂ©boisement de cette forĂȘt, cet arrĂȘt des travaux perdurera jusqu'Ă la fin du XVIIe siĂšcle.
La reprise Ă©conomique en Aunis a lieu dĂšs le XVIIIe siĂšcle, et grĂące Ă l'essor de la vente des eaux de vie de cognac, les forĂȘts de la rĂ©gion sont de nouveau dĂ©frichĂ©es, dont celle de Benon. Les dĂ©boisements vont ĂȘtre particuliĂšrement actifs pendant ce siĂšcle, notamment sur le front mĂ©ridional de la forĂȘt de Benon, oĂč des terres nouvellement dĂ©frichĂ©es vont ĂȘtre quasi exclusivement vouĂ©es Ă la plantation des vignes, notamment Ă Aigrefeuille d'Aunis, Le Thou, Forges. Les distilleries d'eaux de vie commencent Ă se dĂ©velopper rapidement et vont s'avĂ©rer exigeantes en fourniture de bois pour les "brĂ»leries" de cognac. La dĂ©forestation de la forĂȘt de Benon sera si rapide que, dĂ©jĂ dans le premier tiers du XIXe siĂšcle, les distilleries de l'Aunis s'alimenteront, non plus en bois de chauffage, mais en tourbes[7].
Au XXe siĂšcle, la forĂȘt de Benon fera l'objet d'une protection avisĂ©e, avec notamment l'intervention de l'ONF - Office National des ForĂȘts - qui y acquiert 465 hectares de forĂȘt[8]. En 1972, le Conseil GĂ©nĂ©ral de la Charente-Maritime se porte Ă©galement acquĂ©reur de 133 hectares de la forĂȘt[8] qui, ici, prend le nom de Bois de Benon. En 1979, la forĂȘt domaniale de Benon est incorporĂ©e dans le pĂ©rimĂštre du Parc interrĂ©gional du Marais Poitevin.
Enfin, en 1995, un arboretum a été planté et sert notamment à tester les différentes essences des futures plantations.
AprĂšs le passage de l'ouragan "Martin" dans la nuit du 27 au , la ForĂȘt de Benon a subi quelques dĂ©gĂąts, oĂč moins de 20 % des chĂȘnes ont souffert, mais globalement "elle a Ă©tĂ© relativement Ă©pargnĂ©e"[9].
Caractéristiques
Cette forĂȘt, qui s'Ă©tend sur une surface totale de 3 300 hectares, dont 598 hectares sont du domaine public, est essentiellement une forĂȘt de feuillus, composĂ©e majoritairement de chĂȘnes pubescents, auxquels s'ajoutent des frĂȘnes et des Ă©rables, alors qu'Ă l'origine, il s'agissait d'une vaste hĂȘtraie. Ce massif boisĂ© s'Ă©tend sur 15 km d'est en ouest et sur 6 km du nord au sud.
L'ensemble de ce massif forestier, au parcellaire assez morcelĂ©, hĂ©ritage de dĂ©boisements excessifs, repose sur des terrains calcaires et marneux du jurassique, exactement de la mĂȘme nature gĂ©ologique que la plaine de l'Aunis. Ces sols, qui sont peu permĂ©ables en hiver mais secs en Ă©tĂ©, conviennent particuliĂšrement bien aux chĂȘnes pubescents qui constituent l'essentiel de la ForĂȘt de Benon.
Cette unique forĂȘt en Aunis est rĂ©partie sur sept communes, dont une appartient au canton de SurgĂšres, toutes les autres au canton de Courçon. Les communes, oĂč est implantĂ©e la forĂȘt, sont d'est en ouest et du nord au sud, La GrĂšve-sur-Mignon, La Laigne, Courçon, Cramchaban, Saint-Georges-du-Bois, Benon et Le GuĂ©-d'AllerĂ©. La commune de Saint-Georges-du-Bois, qui relĂšve du canton de SurgĂšres, partage avec Benon la plus grande partie de la forĂȘt de Benon.
La commune de Benon, quant Ă elle, se singularise fortement en Aunis. Non seulement elle a donnĂ© son nom Ă ce massif forestier, mais elle concentre Ă elle seule plus des 2/3 de la forĂȘt totale. Sur les 3 300 hectares de la forĂȘt de Benon, 2 264 hectares sont situĂ©s sur cette commune. De ce fait, c'est la commune la plus boisĂ©e de toute la rĂ©gion de l'Aunis.
Elle est soumise au rĂ©gime forestier de l'ONF, de mĂȘme que les forĂȘts communales et sectionnales, ainsi que la portion de la forĂȘt dĂ©partementale, achetĂ©e en 1972 par le Conseil GĂ©nĂ©ral de la Charente-Maritime.
La partie dĂ©partementale de la forĂȘt de Benon a Ă©tĂ© classĂ©e en rĂ©serve de chasse et de faune sauvage, Ă©tant un espace protĂ©gĂ© en tant que milieu rare, riche et fragile. Cette portion de la forĂȘt est catĂ©gorisĂ©e "E.N.S." (Espaces Naturels Sensibles) et fait partie du Parc InterrĂ©gional du Marais Poitevin depuis 1979.
Dans le cadre de la dĂ©couverte de ce milieu boisĂ© mais fragile, les amĂ©nageurs de la forĂȘt dĂ©partementale ont mis en place trois sentiers de randonnĂ©e[10] :
- la Promenade des pins au départ du parking des Terres Rouges (voie communale de la D116 prÚs de la voie rapide)
- la Promenade des charmes sur la D207
- le sentier au départ de la Garenne, en lisiÚre de la commune de Courçon.
Dans la partie domaniale de la forĂȘt, l'ONF y a amĂ©nagĂ© des aires de stationnement et de pique-nique et a balise des sentiers de petite randonnĂ©e.
Notes et références
- (voir Ă©galement l'article sur l'Aunis
- https://docplayer.fr/76522750-Les-tumulus-neolithiques-de-la-foret-de-benon.html
- voir notamment l'article sur l'Antiquité de la Charente-Maritime à : Histoire de la Charente-Maritime
- citĂ© dans ForĂȘts charentaises, ouvrage collectif sous la direction de J.L. NEVEU, Le CroĂźt vif, 2001, p.403
- voir notamment l'article et les notes et références sur l'Antiquité de la Charente-Maritime à : Histoire de la Charente-Maritime
- Se référer notamment à l'article sur l'histoire de l'Aunis à : Aunis
- voir notamment l'article sur Aigrefeuille d'Aunis
- Le Guide des départements - La Charente-Maritime, (ouvrage collectif), éditions du Terroir, 1985, (notice sur la commune de Benon), p. 62
- citĂ© dans ForĂȘts charentaises, ouvrage collectif sous la direction de J.L. NEVEU, Le CroĂźt vif, 2001, p.37
- Concernant la visite de la forĂȘt de Benon, consulter notamment Site officiel du Tourisme en Charente-Maritime
Pour approfondir
Bibliographie recommandée
- Ouvrage collectif sous la direction de Jean Louis NEVEU, ForĂȘts charentaises, Le CroĂźt vif, 2001, 510 pages.