AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Embargo des États-Unis contre Cuba

L'embargo des États-Unis contre Cuba dĂ©crit Ă  Cuba par le terme espagnol el bloqueo qui signifie « le blocus » est un embargo Ă©conomique, commercial et financier Ă  l'Ă©gard de Cuba par les États-Unis mis en place le Ă  la suite de nationalisations expropriant des compagnies amĂ©ricaines. Aujourd'hui, l'embargo est officiellement toujours en place, ce qui en fait le plus long embargo commercial de l'Ă©poque contemporaine. Cependant, depuis 2000, les produits alimentaires sont exemptĂ©s d'embargo. Pendant la prĂ©sidence de Barack Obama, les exportations de mĂ©dicaments sont redevenues lĂ©gales, bien qu’encore soumises Ă  de lourdes restrictions[1] - [2]. Les États-Unis sont ainsi redevenus les premiers fournisseurs de produits alimentaires de Cuba[3] et assurent entre 35 et 45 % des importations de nourriture de l'Ăźle[4]. Donald Trump met fin Ă  cette relative ouverture et sous sa prĂ©sidence 240 nouvelles sanctions[5] sont mises en place. Neuf jours avant la fin de son mandat, il place Cuba dans la liste des pays soutenant le terrorisme[6].

L'embargo demeure un sujet particuliÚrement controversé : la controverse est notamment alimentée par l'emploi, à la place d'« embargo », du mot « blocus » par les partisans de Cuba. Ce dernier terme est parfois repris par l'Assemblée générale des Nations unies[7], qui a condamné en 2009 pour la 18e fois le « blocus » dans le communiqué version française et l'« embargo » dans la version anglaise, par 187 voix contre 3[8].

L'Union européenne est opposée à l'embargo car il affecte ses propres relations commerciales, elle soutient en revanche « un processus de transition progressif et pluraliste et qui permette d'améliorer le niveau de vie des Cubains »[9].

Les pertes occasionnĂ©es par l’embargo Ă  l’économie cubaine de 1962 Ă  2014 s’élevaient Ă  plus de 116 milliards de dollars selon le vice-ministre des Affaires Ă©trangĂšres cubain Abelardo Moreno[10].

Avant l'embargo

Les États-Unis et Cuba ont des liens gĂ©ographiques, Ă©conomiques et historiques Ă©troits. Cuba fut une colonie espagnole pendant 400 ans, et les nombreuses luttes pour l'indĂ©pendance de cette pĂ©riode culminĂšrent avec la guerre de Dix Ans (1868-1878) et la guerre d'indĂ©pendance cubaine (1895-1898). Durant ces derniers Ă©vĂšnements, une explosion aux origines controversĂ©es dĂ©truit l'USS Maine, un navire de guerre de l'US Navy qui Ă©tait alors ancrĂ© dans la baie de La Havane, causant Ă©galement la mort de plusieurs hommes d'Ă©quipage. Ce drame permet aux États-Unis d'entrer dans une guerre contre l'Espagne (accusĂ©e d'ĂȘtre derriĂšre un Ă©ventuel sabotage), durant laquelle un corps expĂ©ditionnaire amĂ©ricain de 17 000 hommes dĂ©barqua sur l'Ăźle le 20 juin 1898, appuyĂ© en mer par la Marine. La guerre hispano-amĂ©ricaine se termine par la dĂ©faite des Espagnols qui sont contraints de reconnaitre l'indĂ©pendance de Cuba par le traitĂ© de Paris.

En dĂ©pit de la dĂ©claration d'indĂ©pendance de Cuba, les AmĂ©ricains occupent l'Ăźle de Cuba durant cinq annĂ©es qui suivent. Bien qu'ils Ă©vacuent l'Ăźle en 1902, l'amendement Platt, sous le prĂ©texte que les États-Unis se portent garants de la constitution cubaine, leur accorde le droit d’intervenir dans les affaires de Cuba en cas "d'effondrement constitutionnel". Afin de remplir cette mission, ils conservent donc des bases navales : GuantĂĄnamo et BahĂ­a Honda. Les États-Unis gardĂšrent des rapports privilĂ©giĂ©s avec l'Ăźle en investissant dans la production de sucre et de tabac qu'ils achetaient Ă  bas prix, dans le tourisme ainsi qu'en concĂ©dant diverses prĂ©fĂ©rences aux importations cubaines. De ce fait, Cuba considĂšre la pĂ©riode qui va de 1899 Ă  1902 comme une occupation militaire, et celle de 1902 Ă  1958 comme une pĂ©riode nĂ©o-coloniale[11].

Le gouvernement des États-Unis a initialement soutenu la rĂ©volution cubaine, pensant qu'elle n'Ă©tait pas d'orientation marxiste. Washington reconnait alors le nouveau gouvernement de Manuel Urrutia le , aprĂšs la fuite de Batista le 1er janvier. Cependant, les relations entre les deux États se sont trĂšs vite dĂ©tĂ©riorĂ©es. Fidel Castro est dĂ©signĂ© Premier ministre en fĂ©vrier 1959 et opĂšre un rapprochement avec l'Union soviĂ©tique.

Le , un rapport de la Banque nationale de Cuba consigne le dĂ©pĂŽt dans des banques nord-amĂ©ricaines de 424 millions de dollars retirĂ©s de la Banque centrale cubaine par l'entourage de Batista juste avant sa fuite. Pas un seul centime n’a Ă©tĂ© restituĂ© par les banques amĂ©ricaines. Ce qui n'empĂȘche pas, six jours plus tard le , le Conseil National de SĂ©curitĂ© des États-Unis de refuser un crĂ©dit sollicitĂ© par la Banque Nationale de Cuba pour soutenir la monnaie cubaine.

Le nouveau gouvernement procĂ©da Ă  une nationalisation le : la loi de RĂ©forme Agraire est dĂ©crĂ©tĂ©e. Elle nationalise toute propriĂ©tĂ© de plus de 420 hectares pour les redistribuer aux paysans, aux locataires et aux sans-terre[12]. De nombreuses propriĂ©tĂ©s appartenant Ă  des citoyens ou des sociĂ©tĂ©s nord-amĂ©ricaines furent ainsi nationalisĂ©es sans compensation.

Le , le dĂ©partement d’État convoque une rĂ©union pour informer qu’il « appartenait au gouvernement des États-Unis d’assumer immĂ©diatement une position trĂšs ferme Ă  l’encontre de la Loi de RĂ©forme agraire et de sa mise en Ɠuvre » et que « la meilleure maniĂšre d’atteindre le rĂ©sultat nĂ©cessaire Ă©tait la pression Ă©conomique ». Pour la premiĂšre fois est envisagĂ©e la suppression de la quote-part de sucre (voir plus bas).

Le , l'Union soviétique signe un accord commercial avec Cuba.

Le , Lester D. Mallory, sous-secrĂ©taire d’État adjoint aux Affaires interamĂ©ricaines affirma que « la majoritĂ© des Cubains soutenait Castro » et qu’il « n’existait pas une opposition politique effective », en ajoutant que « le seul moyen prĂ©visible de rĂ©duire le soutien interne passait par le dĂ©senchantement et le dĂ©couragement basĂ©s sur l’insatisfaction et les difficultĂ©s Ă©conomiques (
) Tout moyen pour affaiblir la vie Ă©conomique de Cuba doit ĂȘtre utilisĂ© rapidement (
) : refuser de faire crĂ©dit et d’approvisionner Cuba pour diminuer les salaires rĂ©els et monĂ©taires dans le but de provoquer la faim, le dĂ©sespoir et le renversement du gouvernement ».

En , les multinationales Esso, Texaco et Shell, à la demande du gouvernement américain, décident de limiter les exportations de combustibles vers Cuba. En , trois raffineries (Texaco, Shell et Esso) refusent de traiter le pétrole importé d'Union soviétique. Fidel Castro les fera saisir.

Le , les États-Unis refusent d'acheter le reliquat du quota sucrier cubain (700 000 tonnes d'une denrĂ©e traditionnellement vendue sur ce marchĂ© et vitale pour l'Ă©conomie cubaine). L'URSS se porte acquĂ©reur. AprĂšs l'Ă©chec de nĂ©gociations menĂ©es avec la mĂ©diation du prĂ©sident argentin Arturo Frondizi (UCR), Cuba nationalise 36 centrales sucriĂšres, les raffineries et la compagnie des tĂ©lĂ©phones.

Fidel Castro à l'Assemblée générale des Nations unies le avec les dirigeants des autres pays.

Le , le gouvernement des États-Unis annonce la suspension des opĂ©rations de l'usine de nickel Nicaro, dĂ©tenue par le gouvernement de ce pays.

Le sont promulguées des mesures générales interdisant les exportations américaines vers Cuba. Exceptions faites de la nourriture, des médicaments et des équipements médicaux qui ne sont pas couverts par des subventions.

Le : Eisenhower supprime totalement la quote-part de sucre cubain pour les trois premiers mois de 1961.

Le , les États-Unis rompent leurs relations diplomatiques avec Cuba.

Le , le nouveau prĂ©sident Kennedy supprime totalement la quote-part de sucre cubain sur le marchĂ© nord-amĂ©ricain pour l’annĂ©e 1961 (3 millions de tonnes).

Avril 1961 est marquĂ© par l'invasion de la baie des Cochons qui impliquait un raid aĂ©rien amĂ©ricain contre les aĂ©roports de la Havane et Santiago suivis du dĂ©barquement de 1 500 exilĂ©s cubains formĂ©s par la CIA. Cette opĂ©ration armĂ©e a Ă©tĂ© dĂ©faite en 72 heures par les forces armĂ©es cubaines.

Embargo

Le , l'Organisation des États amĂ©ricains (OEA), par 14 voix contre 6 (Argentine, Bolivie, BrĂ©sil, Chili, Équateur, Mexique), exclut Cuba. Toutes les relations commerciales, diplomatiques et aĂ©riennes entre l'Ăźle et les autres pays du continent sont rompues (sauf avec le Mexique et le Canada). L'embargo est partagĂ© par les alliĂ©s occidentaux des États-Unis, sauf entre autres par le Canada, la France et l'Espagne. Cuba est presque totalement isolĂ©. L'Union soviĂ©tique augmenta alors son aide financiĂšre Ă  Cuba.

En rĂ©ponse au rapprochement de Cuba et de l'Union soviĂ©tique pendant la guerre froide et Ă  la suite de la vague de nationalisations[13] - [14], le prĂ©sident John F. Kennedy a Ă©tendu les sanctions en Ă©largissant le champ des restrictions commerciales. Le , par l’ordre exĂ©cutif prĂ©sidentiel 3447, est mis en Ɠuvre formellement l’« embargo » total du commerce entre les États-Unis et Cuba. Kennedy a imposĂ© des restrictions aux voyages vers l'Ăźle. Le , le dĂ©partement du TrĂ©sor nord-amĂ©ricain annonce l’interdiction de l’entrĂ©e sur le territoire nord-amĂ©ricain de tout produit Ă©laborĂ©, totalement ou partiellement, avec des produits d’origine cubaine, mĂȘme dans un pays tiers. En juillet 1963 entre en vigueur le rĂšglement pour le contrĂŽle des actifs cubains qui interdit toutes les transactions avec Cuba et ordonne le gel des avoirs de l’État cubain aux États-Unis. En mai 1964, le dĂ©partement du Commerce Ă©tablit l’interdiction totale des embarcations d’aliments Ă  destination de Cuba, bien que dans la pratique celles-ci ne s’effectuaient dĂ©jĂ  plus. Le 21 aoĂ»t 1975 l'interdiction faite en fĂ©vrier 1962 aux pays de l'OEA de commercer avec Cuba fut levĂ©e aprĂšs accord du prĂ©sident amĂ©ricain Gerald Ford. Les nĂ©gociations avec l'URSS et les pays de l'Est pendant la ConfĂ©rence sur la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe Ă  Helsinki, relatives Ă  la libre circulation des biens, des personnes, des idĂ©es, au droit Ă  l'autodĂ©termination des Etats, expliquent ce geste amĂ©ricain.

Sous la présidence démocrate de Jimmy Carter, les Américains d'origine cubaine furent autorisés à aller à Cuba entre septembre 1977 et avril 1982[1].

En 1992, sous l’administration de George H. Bush, les États-Unis adoptent la loi Torricelli, qui intensifie les sanctions en leur confĂ©rant un caractĂšre extraterritorial, pourtant interdit par le droit international. Tout navire Ă©tranger accostant dans un port cubain se voit interdire l'entrĂ©e aux États-Unis pendant six mois. Cuba doit en consĂ©quence payer un prix bien supĂ©rieur Ă  celui du marchĂ© afin de convaincre les transporteurs internationaux de la livrer. La loi impose par ailleurs des sanctions Ă  tout pays apportant une assistance Ă  Cuba[15]. Une clause interdit en outre aux entreprises de pays tiers de louer ou de vendre Ă  Cuba des biens ou des services dont la technologie contiendrait plus de 10 % de composants amĂ©ricains, ce qui est le cas de la trĂšs grande majoritĂ© des plates-formes pĂ©troliĂšres et d'une grande partie des Ă©quipements de santĂ©[16].

En 1996, l'administration Clinton adopte la loi Helms-Burton, qui ajoute la rĂ©troactivitĂ© Ă  l'extraterritorialitĂ©. La loi sanctionne toute entreprise, quelle que soit sa nationalitĂ©, qui s'installeraient sur des propriĂ©tĂ©s nationalisĂ©es aprĂšs 1959. Elle permet ainsi de dissuader les investisseurs de s'installer Ă  Cuba par crainte des reprĂ©sailles amĂ©ricaines[15]. En 1998, Bill Clinton dĂ©clara que Cuba n’était plus une menace pour les États-Unis et assouplit l’embargo[14]. L'interdiction des ventes alimentaires a Ă©tĂ© levĂ©e en 2000[17]. Le montant des exportations amĂ©ricaines vers Cuba s’élĂšve en 2007 Ă  500 millions de dollars par an[17].

L'administration Bush impose de nouvelles sanctions en 2004. Un AmĂ©ricain souhaitant se rendre Ă  Cuba doit prouver auprĂšs du dĂ©partement du TrĂ©sor avoir au moins un membre de sa famille (parents, fratrie, grands-parents) vivant dans l'ile, ne peut sĂ©journer dans l'ile plus de quatorze jours tous les trois ans (au lieu d'un voyage par an auparavant), et ne peut dĂ©penser plus de 50 dollars par jour. En outre, les envois d'argent des Cubano-amĂ©ricains Ă  un membre de leur famille sont limitĂ©s Ă  100 dollars par mois et sont interdits si la personne est membre du Parti communiste de Cuba[15]. De nouvelles restrictions furent Ă©galement imposĂ©es Ă  la coopĂ©ration scientifique entre chercheurs amĂ©ricains et cubains[18]. Les Ă©changes entre les bibliothĂšques scientifiques des deux pays, la publication d'ouvrages cubains aux États-Unis, et les visas accordĂ©s aux chercheurs devinrent fortement rĂšglementĂ©s[18].

En 2002 et en 2006, le gouvernement amĂ©ricain a fait des propositions pour arrĂȘter l'embargo, Ă  la condition d'une transition dĂ©mocratique dans l'Ăźle[19]. Ces propos furent alors jugĂ©s trĂšs provocateurs par le gouvernement cubain[20], indiquant que George W. Bush Ă©tait « mal placĂ© pour donner des leçons de dĂ©mocratie ». En 2006, les États-Unis sont les premiers fournisseurs de produits alimentaires de Cuba[3]. En 2008, entre 35 et 45 % des importations alimentaires Ă  Cuba viennent des États-Unis, qui sont devenus les premiers fournisseurs de nourriture de l'Ăźle[4].

L'embargo a été une nouvelle fois assoupli sous la présidence de Barack Obama : en mars 2009, le CongrÚs autorise les citoyens américains d'origine cubaine à se rendre à Cuba une fois par an[1] ; puis, le , le président annonce la fin des restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Américano-Cubains vers l'ßle[1]. Il est alors encore interdit d'envoyer de l'argent à des membres de la fonction publique ou de l'armée cubaine[1].

En 2009, le dĂ©partement du TrĂ©sor des États-Unis a ordonnĂ© la fermeture de plus de 80 sites Internet qui faisaient du commerce avec Cuba.

Motivations de l'embargo

De nombreux observateurs de Cuba accusent son gouvernement de violations rĂ©pĂ©tĂ©es des droits de l'homme, tandis que d'autres affirment que celui-ci a fait davantage pour le dĂ©veloppement des droits humains, Ă  Cuba et Ă  l'Ă©tranger, qu'aucun autre pays (c'est le cas de Adolfo PĂ©rez Esquivel[21]). Ainsi, le rĂ©dacteur en chef du journal Le Monde Bertrand Le Gendre Ă©crit-il : « les prĂ©mices [du castrisme] portaient pourtant en germe une vĂ©ritĂ© dĂ©primante : le castrisme est un totalitarisme »[22]. Ils reprochent aussi Ă  Fidel Castro de contrĂŽler son gouvernement grĂące au contrĂŽle qu'il exerce sur l'armĂ©e et d'avoir rĂ©primĂ© sĂ©vĂšrement les opposants au rĂ©gime. Ainsi, selon Le Livre noir du communisme, sur une population de 11 millions d'habitants, plus de 100 000 Cubains ont connu depuis 1959 les camps et les prisons en raison de leurs opinions, et de 15 000 Ă  17 000 personnes ont Ă©tĂ© fusillĂ©es. Pour crĂ©dibiliser son livre StĂ©phane Courtois a tenu Ă  prĂ©ciser sur des plateaux tĂ©lĂ©visĂ©s que deux pays communistes n'avaient pas pratiquĂ© la terreur : Cuba et le Nicaragua. Pour les États-Unis et une partie des anti-castristes, l'embargo est la rĂ©plique Ă  apporter aux violations des droits de l'homme dont ils accusent l'État cubain. Les dĂ©fenseurs de Cuba rĂ©pliquent que les États-Unis n'ont pas eu le mĂȘme souci de la dĂ©fense des droits de l'homme dans les autres pays d'AmĂ©rique latine Ă©galement soumis Ă  la dictature (Argentine, BrĂ©sil, Chili, etc.).

En 1960, Lester D. Mallory, alors sous-secrĂ©taire d'État assistant aux Affaires inter-amĂ©ricaines des États-Unis, Ă©crivit dans un mĂ©morandum que la seule façon de renverser Castro Ă©tait de provoquer « la faim et le dĂ©sespoir » parmi les Cubains, afin de les pousser Ă  « renverser le gouvernement », soutenu par « la majoritĂ© des Cubains ». Il dĂ©clare que, dans cet objectif, le gouvernement amĂ©ricain doit utiliser « tous les moyens possibles pour miner la vie Ă©conomique de Cuba »[23].

Reporters sans frontiĂšres ajoute que « Cuba tient toujours son rang de deuxiĂšme prison du monde pour les journalistes »[24]. Le dĂ©partement d'État amĂ©ricain pointe des violations des droits de l'homme dans de nombreux domaines Ă  Cuba, mais note qu'elles sont difficiles Ă  documenter du fait qu'aucune association ne peut travailler Ă  Cuba sans ĂȘtre reconnue par le gouvernement de l'Ăźle. D'aprĂšs des sources officielles cubaines, 75 personnes que le dĂ©partement d'État amĂ©ricain appelle « activistes des droits de l'homme » furent arrĂȘtĂ©es en mars 2003, puis condamnĂ©es pour avoir, d'aprĂšs les chefs d'accusation, « nui Ă  la souverainetĂ© de l’État national au profit d’une puissance Ă©trangĂšre », et reçu de l'argent du gouvernement amĂ©ricain pour cela[25]. 14 d'entre elles furent relĂąchĂ©s Ă  fin 2004. En juin 2004, des membres de l'Union europĂ©enne imposĂšrent des mesures de restriction envers Cuba. Ces restrictions furent levĂ©es en janvier 2005 dans un effort pour rĂ©engager le rĂ©gime Ă  poursuivre la politique europĂ©enne encourageant les reformes tout en prĂ©parant la transition. À la mort de Fidel Castro une responsable d'Amnesty International affirma qu'il Ă©tait impossible de prĂ©senter une liste de prisonniers politiques Ă  faire libĂ©rer du fait que les violations des droits de l'homme ne relevaient Ă  Cuba que de gardes Ă  vue abusives ou d'emprisonnements temporaires de trois mois, sans chef d'inculpation.

Le gouvernement cubain contrevient Ă  la libertĂ© de culte en favorisant les communautĂ©s religieuses qui sont membres du Conseil des Églises cubaines et que ces communautĂ©s religieuses n'ont pas libre accĂšs Ă  la presse. Les groupes non enregistrĂ©s sont en butte Ă  diffĂ©rents degrĂ©s d'interfĂ©rences et de rĂ©pression officielle.

Les partisans du blocus sont majoritaires parmi les exilés cubains de Floride. Cette communauté, forte d'1,5 million d'habitants, vivant majoritairement dans la région de Miami, bénéficie d'une influence politique certaine sur les choix de Washington[26].

Effets de l'embargo

Pendant la guerre froide

La rĂ©glementation de contrĂŽle sur les actifs cubains (Cuban Assets Control Regulations) impose des restrictions sur les importations et les exportations entre Cuba et les États-Unis (cadeaux en nature ou en argent inclus) et sur les autres transactions avec Cuba ou avec des ressortissants cubains. Elle impose un gel total des actifs cubains et des transactions financiĂšres entre l'Ăźle et les États-Unis. Elle restreint enfin le voyage vers Cuba. En 2004, les restrictions sont toujours en place et sont mises en Ɠuvre par le Service de contrĂŽle des actifs Ă©trangers du TrĂ©sor (Office of Foreign Assets Control). Des peines de prison d'au plus dix annĂ©es de rĂ©clusion sont prĂ©vues en cas de non-respect de l'embargo et l'amende peut atteindre un million de dollars pour les entreprises et 250 000 dollars pour les particuliers.

En 1958, les États-Unis reprĂ©sentaient 67 % des exportations cubaines et 70 % de ses importations. De son cĂŽtĂ©, Cuba reprĂ©sentait 3 % des exportations amĂ©ricaines et 4 % de ses importations, plaçant l'Ăźle Ă  la septiĂšme place pour les exportations et les importations. DĂšs les premiĂšres annĂ©es de l'embargo, le commerce officiel entre les deux pays a Ă©tĂ© totalement Ă©liminĂ©.

Le gouvernement cubain Ă©value l'effet total de l'embargo Ă  70 milliards de dollars rĂ©duisant la croissance, en prenant en compte les revenus issus des exportations perdues, les coĂ»ts supplĂ©mentaires des importations (l'Ăźle aurait pu acheter des produits amĂ©ricains moins chers). De son cĂŽtĂ©, la commission du commerce international des États-Unis (U.S. International Trade Commission) estime une perte annuelle de 1,2 milliard de dollars pour les exportateurs. NĂ©anmoins, l'embargo a eu un effet limitĂ© sur Cuba durant les premiĂšres dĂ©cennies car l'Ăźle bĂ©nĂ©ficiait du soutien de l'Union soviĂ©tique et des pays du CAEM qui lui fournissaient carburant, biens de consommation et subventions en Ă©change de sucre et de nickel. Pour la seule annĂ©e 1980, Cuba reçut environ 6 milliards. Cuba avait aussi accĂšs aux marchĂ©s des pays soviĂ©tiques pour exporter ses produits (principalement le sucre et le nickel).

Une des manifestations les plus visibles de l'embargo est la quasi-absence d'automobiles dans les rues de La Havane, la capitale.

En entraĂźnant un arrĂȘt de son soutien Ă©conomique Ă  Cuba, l'effondrement du bloc de l'Est en 1989 et de l'Union soviĂ©tique deux ans plus tard a rĂ©vĂ©lĂ© l'impact des effets de l'embargo amĂ©ricain : cet arrĂȘt a Ă©tĂ© rapidement suivi par une crise Ă©conomique Ă  Cuba.

En 2012, on a demandĂ© Ă  un groupe d'experts Ă©conomiques de l'Initiative on Global Markets de la Chicago Booth School of Business s'ils Ă©taient d'accord ou non avec le fait que « la faible croissance du revenu par habitant de Cuba — 1,2 pour cent par an depuis 1960 - a plus Ă  voir avec les propres politiques Ă©conomiques de Cuba qu'avec l'embargo amĂ©ricain sur le commerce et le tourisme." Le sondage a rĂ©vĂ©lĂ© que 49 % des experts Ă©conomiques Ă©taient "tout Ă  fait d'accord" avec la dĂ©claration, 49 % "d'accord", 1 % Ă©taient "incertains" et 0 % "en dĂ©saccord" ou "fortement en dĂ©saccord" avec la dĂ©claration[27].

À la fin du XXe siùcle

ÉtagĂšres dĂ©garnies dans un petit magasin de la vallĂ©e de Viñales (janvier 2015)

Cuba a dÚs lors diversifié ses relations commerciales avec le reste du monde. Malgré les difficultés créées par l'embargo dans les années 1990, Cuba ne s'est pas effondré, comme le supposaient certaines conjectures formulées lors de la fin de l'Union soviétique.

En 1999, les exportations officielles amĂ©ricaines vers l'Ăźle s'Ă©lĂšvent Ă  4,7 milliards de dollars, constituĂ©es principalement d'aide mĂ©dicale et d'autres dons caritatifs. Cuba est 180e sur 180 dans la liste des importateurs de produits agricoles amĂ©ricains en 2000. À la suite des allĂšgements des sanctions depuis 2000[28], Cuba est 138e en 2001, 45e en 2002 et autour de la 33e place en 2003.

Présidence de Barack Obama : Assouplissement de l'embargo

Alors que le prĂ©sident amĂ©ricain George W. Bush avait renforcĂ© l'embargo amĂ©ricain sur Cuba sous sa prĂ©sidence, Barack Obama l'assouplit en 2008. Les 1,5 million d'AmĂ©ricains d'origine cubaine peuvent ainsi voyager Ă  Cuba (600 000 s'y rendent chaque annĂ©e, participant Ă  l'Ă©conomie locale). En 2009, Obama libĂ©ralise les virements bancaires vers l'Ăźle (les « remesas »), supprimant notamment les plafonds (en 2008, on Ă©value Ă  1 milliard de dollars le montant de l'argent envoyĂ© par les AmĂ©ricains d'origine cubaine, contre 3 milliards en 2013). Les Cubains ont Ă©galement dĂ©sormais le droit de quitter le pays. En 2012, les États-Unis sont le premier fournisseur de biens alimentaires et agricoles Ă  Cuba, ces secteurs n'Ă©tant plus concernĂ©s par l'embargo[29]. Le gouvernement amĂ©ricain lĂšve partiellement en 2014 l'interdiction faite Ă  Google de proposer ses programmes Ă  Cuba[30]. En octobre 2016, des mesures supplĂ©mentaires d'allĂšgement de l'embargo sont dĂ©crĂ©tĂ©es par le prĂ©sident des États-Unis, Barack Obama. Ces allĂšgements permettent davantage d'Ă©changes dans les secteurs de la recherche, de la mĂ©decine, ainsi que dans l'importation de tabac, de rhum et dans le commerce de marchandises cubaines via un pays tiers[31].

Le , les deux pays annoncent conjointement la reprise de leurs relations diplomatiques, impliquant un assouplissement de l'embargo amĂ©ricain sur Cuba[32]. Les relations entre Washington et La Havane s'effectuent via la United States Interests Section in Havana (en) dans la capitale cubaine et SecciĂłn de Intereses de la RepĂșblica de Cuba (es) dans la capitale amĂ©ricaine. Cette reprise dure de 2014 Ă  2016[33].

Gouvernement de Donald Trump et Ăšre Biden : Nouveau renforcement de l'embargo 

Sous la présidence de Donald Trump, 190 sanctions sont imposées à Cuba en quatre ans, dont notamment l'interdiction des croisiÚres américaines et les obstacles à l'envoi d'argent de leurs proches vers l'ßle, notamment[6].

Les entreprises amĂ©ricaines du domaine de la santĂ© arrĂȘtent d'envoyer des mĂ©dicaments vers Cuba, de peur de reprĂ©sailles du gouvernement Trump. Les nouvelles lois sanctionnent toute importation de mĂ©dicaments vers Cuba si au moins 10 % en est produit aux États-Unis[34].

L'embargo a un impact significatif sur le secteur de la santĂ©. PrĂšs de 80 % des brevets du secteur mĂ©dical sont dĂ©posĂ©s par des multinationales pharmaceutiques amĂ©ricaines, et Cuba ne peut donc en bĂ©nĂ©ficier. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme indique que « les restrictions imposĂ©es par l'embargo ont contribuĂ© Ă  priver Cuba d'un accĂšs vital aux mĂ©dicaments, aux nouvelles technologies mĂ©dicales et scientifiques ». L'embargo a Ă©galement compromis l’opĂ©ration « Miracle » : la compagnie espagnole Hola Airlines, qui transportait vers l'Ăźle des patients latino-amĂ©ricains atteints de maladies oculaires, a rompu le contrat qu'elle avait avec Cuba, le fabricant amĂ©ricain Boeing refusant d'effectuer des rĂ©parations sur ses appareils[15]. En avril 2020, dans un contexte de pandĂ©mie de Covid-19, les États-Unis font bloquer un envoi chinois de matĂ©riel mĂ©dical Ă  destination de Cuba par le biais de l'embargo, puis menacent de durcir les sanctions, critiquant sĂ©vĂšrement les missions mĂ©dicales cubaines Ă  l'Ă©tranger[35].

En janvier 2021, neuf jours avant la fin de son mandat de prĂ©sident des États-Unis, Donald Trump impose de nouveau des sanctions contre Cuba, celle-ci dĂ©jĂ  durement touchĂ©e par le renforcement de l'embargo amĂ©ricain en pleine pandĂ©mie de coronavirus se voit classĂ©e comme terroriste, un classement que le prĂ©sident Obama avait retirĂ© en 2015. Pour le gouvernement cubain et le think-tank amĂ©ricain Washington Office on Latin America (Wola), il s'agit d'« opportunisme politique »[6].

Le ministre des affaires étrangÚres de Cuba estime que l'embargo imposé par Donald Trump aura coûté 20 milliards de $US à Cuba[36].

En fĂ©vrier 2021, plus de 300 personnalitĂ©s cubaines rĂ©sidant Ă  l’étranger demandent la fin de la rĂ©pression dans l'Ăźle et la libĂ©ration des prisonniers politiques, comme prĂ©alable Ă  toute avancĂ©e de Washington vers une normalisation de ses relations avec Cuba. Parmi les signataires, Camila Lobon et HĂ©ctor Luis ValdĂ©s sont membres du mouvement 27N; d’autres sont des opposants historiques comme JosĂ© Daniel Ferrer et Rosa MarĂ­a PayĂĄ ou l'historien cubain Rafael Rojas [37].

En mai 2022, l’administration Biden allĂšge toutefois modĂ©rĂ©ment certaines restrictions, facilitant notamment les voyages vers l’üle et les transferts d’argent de particuliers[38]. L’instauration d’une politique d’ouverture demeure un sujet difficile aux États-Unis, en raison de la prĂ©sence d’un grand nombre d’immigrĂ©s d’origine cubaine fortement opposĂ©s Ă  de telles avancĂ©es.

Manifestations cubaines de 2021

À la suite des manifestations du 11 juillet 2021 Ă  Cuba, Miguel Diaz-Canel demande Ă  ses partisans de dĂ©fendre la RĂ©volution dans la rue et accuse les États-Unis d'ĂȘtre Ă  l'origine de cette contestation[39] - [40]. Il met Ă©galement en avant le rĂŽle des sanctions renforcĂ©es depuis le mandat de Donald Trump, asphyxiant le pays[33]. Joe Biden appelle « le rĂ©gime cubain Ă  entendre son peuple » et son « appel vibrant Ă  la libertĂ© »[41]. Il propose d'aider la population en envoyant de façon importante des doses de vaccin anti-Covid, puisque le rĂ©gime cubain a refusĂ© d'adhĂ©rer au dispositif COVAX. Il offre Ă©galement l'aide des États-Unis pour rĂ©tablir internet[42]. Le prĂ©sident mexicain Andres Manuel Lopez Obrador rĂ©agit Ă  ses Ă©changes en proposant d'envoyer de l'aide humanitaire tout en proclamant que l'ingĂ©rence n'a aucune place Ă  avoir[33]. Des sanctions symboliques sont prises par les États-Unis contre le ministre de la dĂ©fense cubain Álvaro LĂłpez Miera et contre une unitĂ© spĂ©ciale anti-manifestation, gelant leurs accĂšs et leurs avoirs financiers aux États-Unis[43].

Commerce entre les deux nations

Le 30 mai 2007, selon le directeur gĂ©nĂ©ral d'Alimport (Cuban Food Imports Company), Pedro Alvarez, le volume total du commerce amĂ©ricano-cubain a atteint 2,4 milliards de dollars et l'importation de produits agricoles a atteint 7,8 millions de tonnes, incluant le riz, les haricots, le maĂŻs, les cĂ©rĂ©ales, les Ɠufs et le poulet.

Les États-Unis sont le troisiĂšme fournisseur de Cuba avec 11 % des importations en 2006[44]. En 1998, le prĂ©sident amĂ©ricain Bill Clinton dĂ©clara que Cuba n’était plus une menace pour les États-Unis et assouplit l’embargo[14]. Depuis 2001, Ă  la suite de l'allĂšgement de l'embargo, les sociĂ©tĂ©s amĂ©ricaines peuvent vendre certains produits agroalimentaires et des mĂ©dicaments Ă  Cuba. La plupart des importations agroalimentaires Ă  Cuba viennent des États-Unis[45]. Le gouvernement amĂ©ricain a autorisĂ© la mise en vente aux États-Unis de deux vaccins Ă©laborĂ©s Ă  Cuba, devenu un grand exportateur de mĂ©dicaments gĂ©nĂ©riques[46]. Washington possĂšde une Section d’intĂ©rĂȘts des États-Unis Ă  La Havane[45]. Enfin, les Cubains exilĂ©s en Floride envoient sur l'Ăźle des Remesas, c'est-Ă -dire de l'argent sous forme de mandats. AprĂšs avoir Ă©tĂ© lĂ©galisĂ© comme les autres monnaies Ă©trangĂšres en aoĂ»t 1993, le dollar amĂ©ricain a Ă©tĂ© interdit de nouveau en 2004[14].

Le DĂ©partement de la DĂ©fense a, durant l’annĂ©e fiscale 2011, effectuĂ© pour 1,9 million de dollars d'achat Ă  Cuba[47].

Critiques

Un bus Ă  La Havane portant un slogan contre l'embargo

De nombreuses voix dans la communautĂ© internationale s'Ă©lĂšvent contre cet embargo. Ainsi Ă  l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies, de nombreuses rĂ©solutions proposant aux États-Unis de cesser leur embargo sur Cuba ont Ă©tĂ© votĂ©es, Ă  une trĂšs large majoritĂ©. En juin 2021, seuls deux États, les États-Unis et IsraĂ«l, sur plus de 190 ont votĂ© contre la rĂ©solution demandant la fin totale de l'embargo.

Année Date Pour Contre Abstention Votant contre
1992 24 novembre 59 2 71 États-Unis, IsraĂ«l
1993 3 novembre 88 4 57 États-Unis, IsraĂ«l, Albanie, Paraguay
1994 26 octobre 101 2 48 États-Unis, IsraĂ«l
1995 2 novembre 117 3 38 États-Unis, IsraĂ«l, OuzbĂ©kistan
1996 12 novembre 138 3 25 États-Unis, IsraĂ«l, OuzbĂ©kistan
1997 Octobre 143 3 17 États-Unis, IsraĂ«l, OuzbĂ©kistan
1998 Octobre 157 2 12 États-Unis, IsraĂ«l
1999 Novembre 155 2 8 États-Unis, IsraĂ«l
2000 Novembre 167 3 4 États-Unis, IsraĂ«l, Îles Marshall
2001 Novembre 167 3 3 États-Unis, IsraĂ«l, Îles Marshall
2002 Novembre 173 3 4 États-Unis, IsraĂ«l, Îles Marshall
2003 Novembre 179 3 2 États-Unis, IsraĂ«l, Îles Marshall
2004 Octobre 179 4 1 États-Unis, IsraĂ«l, Îles Marshall, Palaos
2005 Novembre 182 4 1 États-Unis, IsraĂ«l, Îles Marshall, Palaos
2007 Octobre 184 4 1 États-Unis, IsraĂ«l, Îles Marshall, Palaos
2009 Octobre 187 3 2 États-Unis, IsraĂ«l, Palaos
2011 Octobre 186 2 3 États-Unis, IsraĂ«l
2012 Novembre 188 3 2 États-Unis, IsraĂ«l, Palaos
2013[48] Octobre 188 2 5 États-Unis, IsraĂ«l
2015 Octobre 191 2 0 États-Unis, IsraĂ«l
2016 Octobre 191 0 2
2017 Novembre 191 2 0 États-Unis, IsraĂ«l
2018 Novembre 189 2 0 États-Unis, IsraĂ«l
2019 Novembre 187 3 2 États-Unis, IsraĂ«l, BrĂ©sil
2021 Juin 184 2 3 États-Unis, IsraĂ«l

Le BrĂ©sil change de position avec l'arrivĂ©e au pouvoir du prĂ©sident d’extrĂȘme droite de Jair Bolsonaro, et vote en 2019 en faveur du maintien de l'embargo[49].

De nombreux intellectuels et personnalités réclament l'abandon de cet embargo. On citera notamment :

  • Ramsey Clark (ex-secrĂ©taire Ă  la Justice des États-Unis) : « Le gouvernement des États-Unis est seul, dĂ©fiant la volontĂ© des nations du monde, dans la mise en Ɠuvre de ce crime contre l'humanitĂ©. Il agit dans l'intĂ©rĂȘt d'une poignĂ©e de groupes Ă©conomiques qui veulent s'approprier les richesses de Cuba et appauvrir le peuple cubain dont la rĂ©volution apporta la santĂ©, les libĂ©ra de la misĂšre et apporta aussi une Ă©ducation universelle partagĂ©e avec les pauvres de la planĂšte. Cessez cette honte », Ramsey Clark on the Fiftieth Anniversary of the Universal Declaration of Human Rights.
  • Alice Walker (Pasteurs pour la Paix – États-Unis) : « De ce pays [les États-Unis] gonflĂ© de richesses matĂ©rielles et intellectuellement misĂ©rable, oĂč il y a tant de sans-abris et d'affamĂ©s, j'ai pu admirer la lutte de Cuba pour partager ses maigres ressources afin que chacun puisse retrouver sa dignitĂ©. Cuba est admirĂ© dans le monde entier parce que les cubains ont dĂ©montrĂ© un amour, un engagement et un sens du sacrifice pour tout ce qui – les ĂȘtres comme la planĂšte – est opprimĂ©, pour tout ce qui souffre. Aujourd'hui, Ă  l'heure oĂč souffre Ă  son tour Cuba, il est temps d'agir ».
  • JosĂ© Saramago, Prix Nobel de littĂ©rature 1998 : « S’il est au monde un pays, ou il est vĂ©ritablement possible d’ĂȘtre humain, Cuba est ce pays. Bien qu’elle soit passĂ©e par toutes sortes de bouleversements, de circonstances implacablement nĂ©gatives, depuis la domination coloniale jusqu’aux harcĂšlements qu’elle subit aujourd’hui, l’histoire cubaine garde une racine intacte, que l’on ne peut arracher et qui toujours continue de fleurir. Pour cette raison, je dis que Cuba est un Ă©tat d’esprit. Que l’on peut ĂȘtre Cubain sans ĂȘtre nĂ© Ă  Cuba. Et qu’en ce sens, je suis Cubain ».

De mĂȘme l'ONG, Reporters sans frontiĂšres est intervenue en 2010 sur l'embargo des États-Unis contre Cuba et demande que « soit levĂ© l'embargo absurde imposĂ© Ă  l'Ăźle depuis 1962 par les États-Unis »[50].

Face Ă  ces critiques largement partagĂ©es par l'opinion publique mondiale, comme le prouvent les votes Ă  l'ONU, l'État amĂ©ricain, par l'intermĂ©diaire de son reprĂ©sentant Ă  l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies dĂ©clare que « Cuba affirme que les sanctions Ă©conomiques imposĂ©es par les États-Unis au Gouvernement cubain causent de sĂ©rieux prĂ©judices au peuple cubain. En fait, [
] la politique commerciale des États-Unis Ă  l’égard de Cuba est soigneusement Ă©tudiĂ©e pour permettre aux Cubains d’accĂ©der aux denrĂ©es alimentaires et aux secours humanitaires tout en limitant la capacitĂ© du Gouvernement rĂ©pressif de Cuba Ă  tirer parti de son contrĂŽle autoritaire de l’économie cubaine pour consolider son pouvoir. [
] De fait, les AmĂ©ricains restent les principaux pourvoyeurs d’aide humanitaire au peuple cubain. En 2007, ils ont donnĂ© 240,5 millions de dollars au titre de l’aide humanitaire privĂ©e. [
] À la suite des dĂ©gĂąts causĂ©s par l’ouragan Ike, le Gouvernement des États-Unis a mis en rĂ©serve 200 000 dollars supplĂ©mentaires pour les organisations non gouvernementales de secours et a rĂ©affirmĂ© notre offre de fournir une Ă©quipe d’évaluation humanitaire. Encore une fois, le Gouvernement cubain a rejetĂ© notre offre »[51].

Notes et références

  1. « Barack Obama lÚve les restrictions de voyage des Américano-Cubains vers Cuba », dans Le Monde du 13-04-2009, [lire en ligne]
  2. Une société pharmaceutique a été lourdement condamnée pour avoir exporté vers Cuba des produits pharmaceutiques sans la licence prévue à cet effet ; les exportations de médicaments sont légales mais soumises à licence cf Chiron fined for exports to Cuba, Judy Silber, 9 juillet 2004
  3. Paulo A. Paranagua, « Cuba n'a pas retrouvé le niveau de 1989 », dans Le Monde du 22/08/2006
  4. Paulo A. Paranagua, « La crise mondiale et trois cyclones ont aggravé la pénurie alimentaire à Cuba » dans Le Monde du 05-12-2008, [lire en ligne], mis en ligne le 04-12-2008
  5. Ed Augustin, Naima Bouteldja, Romane Frachon, « Cuba cĂ©lĂšbre «Souveraine», l’un de ses vaccins anti-Covid », sur Mediapart (consultĂ© le )
  6. « L'ultime sanction de Trump contre Cuba, un coup dur pour les habitants », sur La Croix,
  7. L'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale demande de nouveaux aux États-Unis de lever le blocus Ă©conomique, commercial et financier appliquĂ© Ă  Cuba, : L'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale demande de nouveaux aux États-Unis de lever le blocus appliquĂ© Ă  Cuba
  8. L'Assemblée générale adopte sa résolution annuelle contre le blocus visant Cuba
  9. Pour la onziÚme année consécutive l'assemblée générale appelle à la levée du blocus contre Cuba
  10. « L'embargo américain a coûté 116 milliards USD à l'économie cubaine », (consulté le )
  11. RepĂșblica de Cuba sur EcuRed
  12. RevoluciĂłn Cubana sur EcuRed
  13. « Retour sur la crise des missiles Ă  Cuba », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  14. Janette Habel, Yves Bongarçon, « Les trois ùges du castrisme », dans Géo, no 339, mai 2007, p. 101-102
  15. Salim Lamrani, « A Cuba, vers la fin de l'embargo », sur Le Monde diplomatique,
  16. Patrick Howlett-Martin, « Dégel sous les tropiques entre Washington et La Havane »,
  17. James McKinley, « Ces Américains qui commercent avec Cuba », dans International Herald Tribune, cité dans Courrier international du 14-11-2007, [lire en ligne]
  18. Bush contre Cuba et contre nous tous, Remy Herrera, 2004
  19. « Cuba : les États-Unis renouvellent leur proposition de levĂ©e d'embargo », Le Monde, 24/08/2006, [lire en ligne]
  20. Radio Havane Cuba, 21 mai 2002
  21. Un avant et un aprÚs, Adolfo Perez Esquivel, dans Il était une fois la révolution, publié par l'Humanité, 2009
  22. Le castrisme, une passion française, Le Monde, 22 février 2008
  23. Foreign Relations of the United States (FRUS), 1958-1960, Volume VI, Cuba : (Washington : United States Government Printing Office, 1991), p. 885
  24. Rapport annuel de RSF sur Cuba, version consultée le 4 mars 2008
  25. Article de Granma, 10 avril 2003
  26. (en) The coddled "terrorists" of South Florida, Salon.com, Tristram Korten et Kirk Nielsen, 14 janvier 2008.
  27. (en) « Cuba's Economy », sur IGM Chicago, (consulté le )
  28. Les États-Unis, fournisseurs malgrĂ© l’embargo, Sara Roumette, RFI, 25 avril 2004
  29. Hector Lemieux, « Les États-Unis au secours de l'Ă©conomie cubaine », Le Figaro, encart « Économie », 13 dĂ©cembre 2013, p. 21.
  30. « Les Cubains auront un accÚs plus rapide à Google », sur L'Orient-Le Jour,
  31. Les USA allĂšgent les sanctions contre Cuba, Le Figaro, 15 octobre 2016
  32. Les États-Unis et Cuba annoncent un rapprochement historique - Europe 1 du 17 dĂ©cembre 2014.
  33. « Troubles Ă  Cuba : le rĂ©gime cubain et Washington s’accusent mutuellement », sur Le Monde,
  34. « La médecine cubaine affectée par des sanctions américaines renforcées », sur RTS.ch,
  35. (es) « Washington bloquea envío de donativo médico a Cuba desde China », sur Escambray,
  36. AFP, « Les sanctions économiques sous Trump ont coûté 20 G$ à Cuba », sur Le Journal de Montréal,
  37. Plus de 300 Cubains exigent la fin de la répression avant tout geste de Washington france Info, 17 février 2021
  38. « Les États-Unis lĂšvent une sĂ©rie de sanctions contre Cuba », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  39. Cuba : ce que l'on sait des manifestations inédites contre le gouvernement. France info, 13 juillet 2021.
  40. Manifestations inédites à Cuba contre le gouvernement. Service international, Le Monde, 12 juillet 2021.
  41. « Washington appelle Cuba à rétablir l'internet mobile, coupé aprÚs des manifestations », La Libre,
  42. Joe Biden prĂȘt Ă  « aider le peuple de Cuba », AFP, Le Figaro, 15 juillet 2021.
  43. « Washington impose des sanctions symboliques contre Cuba », sur Le Temps,
  44. Pascal Boniface, L'Année stratégique 2007 : analyse des enjeux internationaux, Dalloz-Sirey, Paris, 7 septembre 2006, 611 pages, (ISBN 2247069517)
  45. Sara Roumette, « Pas forcĂ©ment l’idĂ©e que l’on en a
 », dans GĂ©o, no 339, mai 2007, p. 90
  46. Sara Roumette, « Pas forcĂ©ment l’idĂ©e que l’on en a
 », dans GĂ©o, no 339, mai 2007, p. 92
  47. [PDF](en) « Department of Defense Report to Congress on Purchases of Supplies Manufactured Outside the United States in FY 2011 », sur Département de la Défense, (consulté le )
  48. CR de L'Assemblée Générale de l'ONU AG/11445. https://www.un.org/News/fr-press/docs/2013/AG11445.doc.htm
  49. « À l’ONU, le BrĂ©sil vote contre la levĂ©e de l’embargo amĂ©ricain contre Cuba », RFI,‎ (lire en ligne)
  50. Sept ans aprĂšs le Printemps noir, les journalistes libĂ©rĂ©s parlent, Échange international de la libertĂ© d'expression du 8 septembre 2010.
  51. [PDF]« Rapport du Secrétaire général (A/63/93). Projet de résolution (A/63/L.4) », ONU (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Ariel Colonomos, La modernitĂ© d'un archaĂŻsme : l'embargo cubain au dĂ©fi des critiques adressĂ©es Ă  la loi Helms-Burton, CERI, CNRS, Science Po, coll. « Les Études du CERI » (no 63), (lire en ligne)
  • (en) L. A. Jr. PĂ©rez, « Fear and Loathing of Fidel Castro : Sources of US Policy toward Cuba », Journal of Latin American Studies (es), vol. 34, no 2,‎ , p. 227-254
  • Nils Graber, « Les activitĂ©s d'un rĂ©seau d'ONG Ă  Cuba : internationalisme mĂ©dical et santĂ© globale », Revue Tiers Monde, no 215,‎ , p. 149-164 (DOI 10.3917/rtm.215.0149, lire en ligne)
  • (en) Garfield, R. et Santana, S., « The impact of the economic crisis and the US embargo on health in Cuba », American Journal of Public Health, vol. 87, no 1,‎ , p. 15–20 (DOI 10.2105/ajph.87.1.15)
  • (en) Patrick J. Haney et Walt Vanderbush, The Cuban embargo : the domestic politics of an American foreign policy, University of Pittsburgh Press, Pittsburgh, Pa., 2005, 222 p. (ISBN 0-8229-5863-5)
  • (en) Donna Rich Kaplowitz, Anatomy of a failed embargo: U.S. sanctions against Cuba, Lynne Rienner Publishers, Boulder, 1998, 246 p. (ISBN 1-555-87616-1)
  • (en) The Olof Palme international Center, Health and nutrition in Cuba : effects of the U.S. embargo, Olof Palme Center, Stockholm, 1998, 184 p. (ISBN 91-88836-10-X)
  • (en) William Ratliff et Roger Fontaine, A strategic flip-flop in the Caribbean : lift the embargo on Cuba, Hoover Institution on War, Revolution and Peace, Stanford, Calif., 2000, 76 p. (ISBN 0-8179-4352-8)
  • (en) Peter Schwab, Cuba: confronting the U.S. embargo, St. Martin's Griffin, New York, 1999, 226 p. (ISBN 0-312-22965-8)
  • (en) Paolo Spadoni, Failed sanctions : why the U.S. embargo against Cuba could never work, University Press of Florida, Gainesville, 2010, 230 p. (ISBN 978-0-8130-3515-4)

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.