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Eaux temporaires

Les eaux temporaires désignent les lacs peu profonds, les étangs, les mares, les marais, les zones inondables, les cours d’eau qui ne contiennent de l’eau que pour une durée limitée et qui le reste du temps sont à sec. Les eaux temporaires peuvent être lotique ou lentique. La présence intermittente de l’eau et l’habitat aquatique éphémère qui en résulte distinguent les eaux temporaires des autres habitats aquatiques[1].

Les eaux temporaires se retrouvent sur tous les continents, sous toutes les latitudes et dans tous les biomes. Elles se présentent sous une variété de formes et contiennent de l’eau pendant une période suffisamment longue pour qu’une vie aquatique s’y développe[1].

Cet article ne traite pas des mares résiduelles, associées au milieu marin.

Typologie

Lit asséché de la rivière White dans le Parc national du Mont Rainier.
Rambla dans la Province de Valence.
Doline dans le Tennessee.
  • Bassin d’eaux de fonte : accumulation d’eaux de fonte dans les rĂ©gions arctique et antarctique.
  • Bassin de plaine inondable : dĂ©pression en zone inondable oĂą persiste une accumulation d’eau après le retrait des eaux de l’inondation.
  • Bassin rocheux : accumulation d’eau de provenances diverses dans les dĂ©pressions d’une assise rocheuse, un bloc rocheux.
  • Bourbier des prairies : mare temporaire des prairies et des steppes.
  • Contenants artificiels : tout artefact pouvant accumuler l’eau, souvent l’eau de pluie : gouttière mal installĂ©e, pneu abandonnĂ©, vieux caniveau, abreuvoir, arrosoir, lavogne, aiguier, etc.
  • Cours d’eau d’amont temporaire : les plus petits affluents en amont des systèmes hydrographiques sont souvent saisonniers, drainant les eaux de fonte au printemps ou Ă  la saison des pluies.
  • Cours d’eau de fonte : cours d’eau drainant les eaux de fonte des glaciers, des champs de glace et de la neige. Ces cours d’eau actifs le jour sont souvent inactifs la nuit lorsque la baisse de tempĂ©rature inhibe la fonte.
  • Cours d’eau des rĂ©gions arides : on retrouve ce type de cours d’eau dans les rĂ©gions oĂą la nappe phrĂ©atique est loin sous la surface et oĂą le taux d’évapotranspiration est plus Ă©levĂ© que le taux de prĂ©cipitations. Ces cours d’eau sont actifs pendant une partie de l’annĂ©e seulement, ou lors des prĂ©cipitations abondantes.
  • Doline : certaines dolines accumulent temporairement les eaux de fonte ou de prĂ©cipitations.
  • Flaque d'eau : accumulation d’eau de pluie sur toute surface.
  • Marais de zone inondable : accumulation d’eau dans une dĂ©pression rĂ©sultant d’une inondation Ă  proximitĂ© d’un milieu humide dominĂ© par les herbacĂ©es, les carex ou les joncs.
  • Mare forestière temporaire : accumulation saisonnière Ă  la fin de l’hiver ou au printemps de l’eau de pluie ou de la fonte des neiges dans les milieux forestiers.
  • MarĂ©cage de zone inondable : accumulation d’eau dans une dĂ©pression en milieu forestier rĂ©sultant de la crue d’un cours d’eau voisin.
  • Phytotelme : l’accumulation d’eau dans les rĂ©cipients vĂ©gĂ©taux crĂ©e un microhabitat aquatique, souvent temporaire, dont tirent avantages plusieurs espèces animales.
  • Dendrotelme : un type de phytotelme.
  • Plaine inondable : terrain Ă©pisodiquement inondĂ© par la crue d’un cours d’eau voisin.
  • Plan d’eau assĂ©chĂ© : ces plans d’eau peu profonds des rĂ©gions arides drainent l’eau du bassin hydrographique oĂą ils se trouvent. L’ariditĂ© du climat entraĂ®ne une Ă©vaporation rapide du plan d’eau de sorte qu’il est Ă  sec une partie de l’annĂ©e. Ces plans d’eau sont gĂ©nĂ©ralement salĂ©s Ă  la suite de la rĂ©pĂ©tition du processus d’inondation et d’évaporation.
  • Source et suintement : les eaux souterraines qui montent Ă  la surface Ă  la suite de prĂ©cipitations abondantes peuvent produire des sources et des suintements temporaires qui donnent naissance Ă  des flaques d’eaux, des mares ou d’autres types de plans d’eau Ă©galement temporaires.

Terminologie

Aiguier du Mont Ventoux.
Oued dans le Néguev en Israël.
Lavogne Ă  la Couvertoirade (Aveyron).
Fossé d'irrigation en Oregon.
Un abreuvoir en Haute-Savoie.

Liste de termes en diverses langues désignant des eaux temporaires ou associés aux eaux temporaires :

  • Arroyo, wash, draw : en AmĂ©rique, cours d’eau temporaire du mĂŞme genre que le oued.
  • Baias : lac temporaire en AmĂ©rique latine
  • Billabongs : mĂ©andre mort crĂ©Ă© Ă  la suite du changement du cours d'une rivière en Australie. Peut dĂ©signer aussi un bassin d’eau temporaire subsistant après le retrait des eaux d’inondation saisonnière.
  • Buffalo wallows : en AmĂ©rique du Nord, dĂ©pressions peu profondes crĂ©Ă©es par les bisons lorsqu’ils se vautrent et qui se remplissent d’eau lorsqu’il pleut.
  • Cadereau : dans la rĂ©gion nĂ®moise, ruisseau gĂ©nĂ©ralement Ă  sec, et qui reçoit l'eau pluviale lors des orages.
  • California vernal pool : dans le chaparral californien, bassins d’eau saisonniers abritant des communautĂ©s vĂ©gĂ©tales diversifiĂ©es et caractĂ©ristiques.
  • Carolina bays : dĂ©pressions rondes ou ovales des plaines cĂ´tières du sud-est des États-Unis abritant des communautĂ©s vĂ©gĂ©tales endĂ©miques et une faune de milieux aquatiques temporaires.
  • Corixos : plan d’eau temporaire du Pantanal.
  • Chotts : lacs salĂ©s d'Afrique du Nord qui s'assèchent parfois complètement.
  • Dambos : milieux humides peu profonds annuellement inondĂ©s en amont des systèmes de drainages en Afrique du Sud.
  • Dismals : marais et marĂ©cages en Virginie, Delaware, Caroline du Sud et Caroline du Nord.
  • Doline
  • Fen : tourbières minĂ©rotrophes
  • Flaque d’eau
  • Gator holes : dans les Everglades, dĂ©pressions crĂ©Ă©es par les alligators qui conservent de l’eau après le retrait des eaux environnantes.
  • Gnammas : dans l’ouest de l’Australie, eaux temporaires sur les affleurements granitiques.
  • Heaths : tourbières acides en Grande-Bretagne.
  • Kettle
  • Lavogne
  • Marigot : en Afrique, une petite Ă©tendue d'eau fermĂ©e – une mare –, souvent dĂ©pourvue d'eau pendant la saison sèche.
  • Mires : tourbières acides dans le nord de l’Europe.
  • Moors : tourbières acides situĂ©es au sommet des collines des Landes en Grande-Bretagne.
  • Mosses : tourbières acides situĂ©es au sommet des collines en Écosse
  • Muskeg
  • Oshanas : dĂ©pressions peu profondes pĂ©riodiquement remplies par les inondations ou l’eau de pluie en Namibie et en Angola.
  • Oued ou Wadi
  • Pakahi : en Nouvelle-ZĂ©lande, dĂ©pressions peu profondes inondĂ©es par les eaux souterraines.
  • Panes, panes ou pannes : dĂ©pressions peu profondes dans les rĂ©gions arides recueillant l’eau de pluie.
  • Phytotelme
  • Dendrotelme
  • Plunge pools : dĂ©pressions profondes creusĂ©es dans le roc par l’érosion au pied des chutes et qui retiennent l’eau une fois le cours d’eau assĂ©chĂ©.
  • Pocosin
  • Prairie potholes ou cuvettes des prairies : dĂ©pressions circulaires formĂ©es Ă  la suite du retrait des glaciers dans les Prairies nord-amĂ©ricaines et qui s’emplissent d’eau tous les printemps.
  • Ramblas : en Espagne, cours d’eau temporaires actifs après un orage.
  • Salinas : lacs salĂ©s en AmĂ©rique du Sud.
  • Sebkha ou Playa
  • Sinking creeks : en AmĂ©rique du Nord, cours d’eau disparaissant dans le sol.
  • Slough : dĂ©signe divers types de milieux humides.
  • Swallow holes : en Grande-Bretagne, dolines profondes oĂą l’eau disparaĂ®t dans le sous-sol.
  • Takyrs : au TurkmĂ©nistan, dĂ©pressions peu profondes dans le dĂ©sert recueillant l’eau de pluie.
  • Tenajas : en AmĂ©rique du Nord, bassins rocheux conservant l’eau dans le lit des cours d’eau assĂ©chĂ©s.
  • Tourbière
  • Turloughs : en Irlande, eaux temporaires des rĂ©gions calcaires qui s’emplissent par les eaux souterraines et parfois par l’eau de pluie en automne, mais Ă  sec au printemps et Ă  l’étĂ©.
  • Vasante : en AmĂ©rique du Sud, cours d’eau temporaires reliant les lacs pendant la saison des pluies dans la rĂ©gion du Pantanal.
  • Vernal pools : en AmĂ©rique du Nord, mare printanière et forestière qui s’assèche Ă  l’étĂ© ; aussi, plus gĂ©nĂ©ralement, n’importe quelle mare printanière.
  • Vleis : en Afrique du Sud, milieux humides pĂ©riodiquement inondĂ©s par la crue des cours d’eau.
  • Whale wallows : Ă©tang saisonnier et forestier le long de la cĂ´te du Delaware.


Turlough en Irlande gonflé par les pluies printanières.

RĂ©gime d'inondation

Petite doline inondée par la fonte des neiges.
Un exemple de phytotelme: une broméliacée avec une réserve d'eau en son centre.
Flaque d'eau forestière en Roumanie.
Mare temporaire asséchée et envahie par la végétation en Californie. On distingue les « ceintures végétales » d'espèces différentes et de tailles différentes, qui traduisent l'influencée de l'humidité du sol et parfois du gradient de température.
Les crustacés du genre Triops comptent parmi les espèces les plus caractéristiques des eaux temporaires. Leurs œufs peuvent survivre jusqu'à plusieurs décennies hors de l'eau.

Le régime d’inondation des systèmes d’eaux temporaires varie en fonction du type de système, du climat, de la géographie ou de l’action humaine. Certains sont à sec la plupart du temps, alors que d’autres subissent des périodes de sécheresse qu’à de rares occasions. Une classification en cinq catégories a été établie selon un régime d’inondation : éphémère, épisodique, intermittent, saisonnier et quasi permanent.

Classification du régime d'inondation des systèmes d'eaux temporaires[2]
Régime d’inondation Régularité et durée de l’inondation
Inondations imprévisibles, de courtes durées, généralement par la pluie ou par le ruissellement. Les plans d’eau créés s’assèchent dans les jours qui suivent et n’abritent généralement qu’une vie microscopique.
Inondations rares et irrégulières. Les plans d’eau sont à sec la plupart du temps. L’eau peut persister plusieurs mois.
Les périodes d’inondations et de sécheresses alternent de façon irrégulière. Les périodes d’inondations peuvent s’étendre sur plusieurs mois ou des années.
Alternance régulière et prévisible des périodes d’inondation et de sécheresse suivant la saison.
Présence d’eau presque continuelle avec des périodes de sécheresse occasionnelles et courtes. La majorité des espèces de ce milieu sont intolérantes à l’assèchement.

Écologie des mares et eaux temporaires

Les principaux taxons des organismes vivants en eau douce se retrouvent dans les eaux temporaires. Ces espèces se distinguent cependant par leurs adaptations à survivre aux périodes de sécheresse qui caractérisent les eaux temporaires. La diapause, la quiescence, la fuite et dans une moindre mesure la dormance constituent les principaux moyens pour subsister au dessèchement du milieu.

  • Chez les vĂ©gĂ©taux, les graines rĂ©sistent Ă  la sĂ©cheresse et/ou Ă  l'immersion durant des annĂ©es.
    Certaines espèces végétales comme le tamaris étendent des racines profondément dans le sol pour assurer un accès aux eaux souterraines pendant les périodes de sécheresse.
  • Chez les animaux, de nombreuses adaptations existent. Ainsi, les dipneustes s’enlisent dans la vase et rĂ©duisent le rythme de leur mĂ©tabolisme. Certains mollusques s’enfoncent dans le sol jusqu’au retour des eaux. Les Ă©crevisses creusent de profonds terriers qui restent submergĂ©s d’eau mĂŞme pendant la sĂ©cheresse. Plusieurs amphibiens et insectes ont des stades larvaires aquatiques qui ont le temps de complĂ©ter leur cycle avant la fin de la pĂ©riode d’inondation. La pupe de certaines espèces d’insectes devient dormante jusqu’à la prochaine pĂ©riode d’inondation[1]. Les crustacĂ©s Triops et daphnies ou des poissons comme les Killies pondent des Ĺ“ufs qui, une fois dĂ©shydratĂ©s peuvent survivre des mois ou des annĂ©es jusqu'au retour de l'eau.

La conservation de milieux temporairement inondés est nécessaire à la survie de certaines espèces à faible pouvoir de dispersion ou qui dépendent des cycles marqués d'exhondation/inondation tels que les triops (par exemple en Europe et France Triops cancriformis, espèce dite « fossile », car très ancienne, mais néanmoins en voie de disparition sur une grande partie de son aire potentielle de répartition[3]).

Mâle (en haut) et femelle (en bas) d'Eubranchipus grubii (Chirocephalidae): la femelle transporte ses œufs (ici visibles près de l'orifice génital) de l'ordre des Anostraca (crustacés branchiopodes). C'est avec les daphnies et les triops, l'un des taxons les plus représentatifs des mares et eaux temporaires.

Notes et références

  1. (en) E.A. Colburn et Brian Fath, Encyclopedia of Ecology, Oxford, Academic Press, , 1re éd. (ISBN 978-0-08-045405-4, lire en ligne), « Temporary Waters », p. 3516-3527
  2. (en) D. Dudley Williams, The Biology of Temporary Waters, Oxford, Oxford University Press, , 1re Ă©d., 337 p. (ISBN 978-0-19-852811-1, LCCN 2005019559, lire en ligne), p. 337
  3. Hughes, I. (1997) Conservation breeding of the tadpole shrimp Triops cancriformis in Britain . Aqu. Sci. Cons. 1: 5-18.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • PĂ´le-relais Mares, zones humides intĂ©rieures et vallĂ©es alluviales: .
  • Restaurer une mare.

Bibliographie

  • Certu, Composer avec la nature en ville, Collection du Certu, 1995
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