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Triops

Triops est un genre de crustacés d'eau douce faisant partie de l'ordre des Notostracés, de la classe des Branchiopodes. Ce sont des petits prédateurs très actifs des milieux aquatiques stagnants. Certaines espèces peuvent jouer un rôle important dans l'équilibre écologique de ces milieux via les équilibres prédateurs-proies qu'ils contribuent à entretenir en contrôlant les populations de daphnies ou de larves de moustiques par exemple. Ils sont caractéristiques des mares temporaires.

Le genre Lepidurus (illustration) est morphologiquement et génétiquement proche du genre Triops[1]

Phylogénie

On les présente souvent au grand public comme des « fossiles vivants » ou espèces panchroniques[1] car leur morphologie externe se rencontrait déjà chez d'autres espèces fossilisées il y a 220 millions d'années.

Ainsi Triops cancriformis est souvent prĂ©sentĂ©[2] comme « l'une des espèces vivantes les plus anciennes Â» Ă  cause de sa ressemblance avec des crustacĂ©s fossiles datĂ©s de la fin du Permien[3] et du dĂ©but du Trias[4] - [5] - [6] - [7] - [8]. De mĂŞme, Triops longicaudatus Ă©voque des fossiles de la fin du CrĂ©tacĂ©[9] et d'autres fossiles trouvĂ©s dans des couches de roches du mĂŞme âge ressemblent très fortement au genre Lepidurus existant[10] - [11]. Toutefois une forte ressemblance avec des fossiles (dont les plus anciens datent du Carbonifère supĂ©rieur[12]) ne signifie pas que leurs gĂ©nomes soient identiques ni mĂŞme proches, ni que ces espèces n'ont pas Ă©voluĂ© depuis le Carbonifère.

Pour mieux comprendre les origines et caractères des Triops contemporains, leur gĂ©nome fait l'objet d'Ă©tudes poussĂ©es[13] - [14] - [15]. Certaines espèces contemporaines sont morphologiquement très proches de spĂ©cimens fossiles vieux de 250 millions d'annĂ©es, mais aucun indice molĂ©culaire n'a Ă  ce jour Ă©tĂ© trouvĂ© dans le gĂ©nome contemporain Ă©voquant une radiation au (prĂ©)MĂ©sozoĂŻque[1]. Au contraire, les individus vivants semblent issus d'une radiation relativement rĂ©cente (ère cĂ©nozoĂŻque)[16]. La ressemblance de taxons actuels avec des fossiles rĂ©sulterait donc de la conservation d'une morphologie gĂ©nĂ©rale très stable dans ce groupe et/ou d'une simple homoplasie[1].

Le genre Triops est phylogénétiquement proche du genre Lepidurus[1].

Les études génétiques montrent des niveaux élevés de diversité cryptique[1]. Elles ont aussi mis en évidence un lien biogéographique singulier entre l'Australie et l'Amérique du Nord, qui pourrait être lié aux migrations de la Barge rousse (Limosa lapponica), oiseau limicole proche des bécasses, qui semble avoir naturellement et depuis longtemps transporté des œufs vivants de triops de l'Alaska à l'Australie et/ou inversement[17].

Description

Les trois yeux du triops

D'une taille moyenne de 4 à 6 cm mais pouvant atteindre jusqu'à 15 cm chez certaines espèces, les Triops sont caractérisés par une tête en forme de fer à cheval.

Comme leur nom l'indique, ils sont dotés de trois yeux : « Triops » est composé du grec tri qui signifie « trois » et ops qui signifie « œil ». Les deux plus gros yeux remplissent la fonction d'organe visuel. Le troisième est à la fois un organe détecteur de luminosité et de température, leur permettant de se diriger vers les conditions a priori les plus favorables (là où la productivité liée à la photosynthèse sera probablement la plus importante, et donc sa nourriture la plus abondante). Les Triops sont photophiles et de nuit, ils sont irrésistiblement attirés par la lumière, ce qui les rend vulnérables à la pollution lumineuse. La disposition de leurs yeux ne leur permet pas de voir la nourriture ni les graviers, roches ou sédiments sur lesquels ils se déplacent, mais ils disposent pour cela d'autres capteurs.

Environnement

Trajet migratoire (11 000 km environ) de la Barge rousse (Limosa lapponica), qui semble avoir naturellement et depuis longtemps transportĂ© des Ĺ“ufs vivants de triops de l'Alaska Ă  l'Australie ou inversement, ce qui expliquerait la proximitĂ© gĂ©nĂ©tique de deux espèces de triops gĂ©nĂ©tiquement proches, mais gĂ©ographiquement très Ă©loignĂ©es l'une de l'autre[17].

Des Triops ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans des mares ou Ă©tangs temporaires d'une grande partie du monde dont en Australie[18] oĂą une espèce se montre curieusement proche (gĂ©nĂ©tiquement et morphologiquement) d'une espèce vivant en Alaska Ă  11 000 km de lĂ [17], probablement grâce aux transports d'Ĺ“ufs par un oiseau grand-migrateur, Limosa lapponica.

Leurs espĂ©rance de vie est plutĂ´t courte, de l'ordre d'une saison chaude, y compris en captivitĂ© oĂą elle dĂ©passe rarement 2 mois. Pour survivre, ces espèces compensent cette courte espĂ©rance de vie par une forte adaptation des Ĺ“ufs (microscopiques) Ă  la dĂ©shydratation et Ă  la chaleur, leur permettant de survivre plusieurs annĂ©es hors de l'eau.

Durant l'année 2004, une très bonne pluviométrie sur la région des Tassili du Hoggar (Tagrera, Tahaggart, Tin Akachakir) a régénéré d'anciens points d'eau (gueltas) qui étaient complètement à sec depuis des années. D'immenses dunes se sont couvertes d'une espèce herbacée qui poussa soudainement. Des dizaines de Triops frétillaient dans de grandes mares, ils ont été ensuite identifiés comme de l'espèce T. numidicus par le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris, leur taille était d'au moins 8 à 10 cm de long.

Alimentation

Les Triops se nourrissent de déchets organiques, de la microflore des fonds, et de petits organismes. En captivité, ils acceptent la nourriture destinée aux poissons tropicaux ainsi que des pommes ou des carottes finement ciselées.

Animal de compagnie ou pédagogique

La capacité de survie des œufs de Triops fait que l'on en trouve facilement dans le commerce : depuis quelques années, ils sont la plupart du temps vendus comme supports pédagogiques à l'attention des enfants.

Les conditions idéales pour le Triops sont :

  • une luminositĂ© non diffuse ;
  • une eau entre 24 et 28 °C ; mieux vaut avoir cette tempĂ©rature aux premiers jours de leur vie, qui pourra descendre petit Ă  petit vers 20 °C.

Températures optimales admises par les cinq espèces actuellement reconnues (Triops numidicus étant a priori un synonyme de T. granarius) :

  • Triops australiensis : entre 26 et 28 °C
  • Triops cancriformis : entre 10 et 25 °C
  • Triops granarius : entre 20 et 26 °C
  • Triops longicaudatus : entre 24 et 26 °C
  • Triops newberryi : entre 18 et 30 °C

Liste des espèces et sous-espèces

Selon NCBI (9 mars 2016)[19] :

Selon ITIS (9 mars 2016)[20] :



Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Références taxonomiques

Notes et références

  1. (en) Vanschoenwinkel B, Pinceel T, Vanhove MP, Denis C, Jocque M, Timms BV, Brendonck L, « Toward a global phylogeny of the "living fossil" crustacean order of the Notostraca Â» PLoS One. 2012;7(4):e34998. PMID 22529967
  2. Bosc, 1801.
  3. Gand G, Garric J, Lapeyrie J. « Bioscenoses Ă  triopsides (Crustacea, Branchiopoda) du Permien du bassin de Lodève (France) Â» Geobios. 1997;30:673–700.
  4. (de) Guthörl P. « Die arthropoden aus dem Carbon und Perm des Saar-Nahe-Pfalz-Gebietes Â» Abh Preuss Geol Landesanst. 1934;164:1–219
  5. (de) Tröger KA, Ruchholz HK, Watznauer A, Kahlke H-D. Abriß der Historischen Geologie. Berlin: Akademie Verlag; 1984. 8.
  6. (en) Wallossek D. « The Upper Cambrian Rehbachiella and the phylogeny of Branchiopoda and Crustacea Â» Fossils and Strata. 1993;32:1–202
  7. (en) Kelber KP. « New Triopsids (Crustacea, Notostraca) from the Upper Triassic of Frankonia Â» - Epicontinental Triassic International Symposium. Hallesches Jb Geowissenschaften Beiheft. 1998;5:85.
  8. (de) Kelber KP. « Triops cancriformis (Crustacea, Notostraca): Ein bemerkenswertes fossil aus der Trias mitteleuropas Â» In: Hauschke N, Wilde V, editors. Trias, eine ganz andere welt: mitteleuropa im frĂĽhen erdmittelalter. MĂĽnchen: Verlag Dr. Friedrich Pfeil; 1999. p. 383–394.
  9. Le Conte, 1846.
  10. (en)(ru) Chernyschev BI. « Mesozoic Branchiopoda from Turkestan and Transbaikal Â» Akademiya Nauk Ukrainskoj SSR, Geologicheskij Zhurnal. 1940;7:5–43.
  11. (en) Tasch P, editor. Branchiopoda. Boulder/Lawrence: Geological Society of America/University of Kansas Press; 1969. p. 129–185.
  12. (en) Voigt S, Hauschke N, Schneider JW. « On the occurrences of fossil notostracans in Germany - an overview Â». Abhandlungen und Berichte fĂĽr Naturkunde. 2008;31:7–24.
  13. (en) Luchetti A, Mingazzini V, Mantovani B. « 28S junctions and chimeric elements of the rDNA targeting non-LTR retrotransposon R2 in crustacean living fossils (Branchiopoda, Notostraca) Â» Genomics. 2012 Jul;100(1):51-6. Epub 2012 May 1. (rĂ©sumĂ©)
  14. (en) Mingazzini V, Luchetti A, Mantovani B., « R2 dynamics in Triops cancriformis (Bosc, 1801) (Crustacea, Branchiopoda, Notostraca): turnover rate and 28S concerted evolution Â» Heredity (Edinb). 2011 Apr; 106(4):567-75. Epub 2010 Jul 14. (rĂ©sumĂ©)
  15. (en) King JL, Hanner R., « Cryptic species in a "living fossil" lineage: taxonomic and phylogenetic relationships within the genus Lepidurus (Crustacea: Notostraca) in North America Â» Mol Phylogenet Evol. 1998 Aug; 10(1):23-36
  16. (en) Zierold T, Hanfling B, GĂłmez A., « Recent evolution of alternative reproductive modes in the 'living fossil' Triops cancriformis Â» BMC Evol Biol. 2007 Sep 13; 7:161. Epub 2007 Sep 13.
  17. (en) Gill RE, Jr, Piersma T, Hufford G, Servranckx R, Riegen A. « Crossing the ultimate ecological barrier: evidence for an 11,000-km-long nonstop flight from Alaska to New Zealand and eastern Australia by Bar-tailed Godwits Â» Condor. 2005;107:1–20.
  18. (en) Murugan G, Obregon-Barboza H, Maeda-Martinez AM, Timms BV. « Co-occurrence of two tadpole shrimp, Triops cf. australiensis (Branchiopoda : Notostraca), lineages in middle Paroo, north-western New South Wales, with the first record of Triops hermaphrodites for the Australian continent Â» Australian Journal of Zoology. 2009;57:77–84.
  19. NCBI, consulté le 9 mars 2016
  20. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 9 mars 2016
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