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Homoplasie

L’homoplasie est la similitude d’un état de caractère chez différents taxons qui, contrairement à l’homologie, ne provient pas d’un ancêtre commun.

Il existe différents types d’homoplasie : la convergence, le parallélisme et la réversion.

  • la convergence : ressemblance apparue indĂ©pendamment chez des taxons distants phylogĂ©nĂ©tiquement.
  • le parallĂ©lisme : ressemblance apparue chez des taxons relativement proches.
  • la rĂ©version : un Ă©tat dĂ©rivĂ© d’un caractère revient Ă  un Ă©tat ancestral (antĂ©rieur).

L'homoplasie de fonction est une analogie, c'est-à-dire une ressemblance de caractères remplissant les mêmes fonctions biologiques.

Une homoplasie peut ĂŞtre simple, telle qu’un changement de monomères d’ADN, ou bien complexe, comme une rĂ©organisation indĂ©pendante de systèmes multiples composĂ©s de plusieurs gènes et membres qui convergent vers une mĂŞme fonction. Dans tous les cas, ces similitudes sont survenues par des Ă©vĂ©nements indĂ©pendants sur des lignages sĂ©parĂ©s, puisque ces caractĂ©ristiques ne correspondent pas Ă  des Ă©vènements uniques chez un ancĂŞtre commun. 

Niveau moléculaire

Il n’y a pas de preuve à ce jour que les données moléculaires soient moins homoplasiques que les données morphologiques. La convergence est peut-être moins fréquente parmi certains caractères moléculaires tels que l’ADN ou les sites de restriction. Cependant, ils sont globalement moins exposés à la sélection naturelle que les caractères morphologiques.

Remplacement d'un nucléotide

Les organismes qui occupent un rôle écologique similaire évoluent souvent de manière convergente avec des phénotypes similaires qui reflètent des pressions de sélection similaires. Cependant, l’homoplasie peut être engendrée en l'absence de sélection via des mutations récurrentes[1]. Lorsqu’un organisme n’est pas sous sélection, les mutations, ne diminuant pas l'adaptation, ont tendance à s’accumuler. Ainsi, des mutations analogues peuvent s’accumuler par chance dans les espèces. Les mêmes remplacements de nucléotides (mutations analogues) peuvent se produire dans différentes lignées de manière indépendante par hasard et s’accumuler. Ce phénomène ne reflète donc pas un ancêtre commun mais plutôt un changement parallèle, inverse ou convergent[2].

Prenons l’exemple de deux espèces différentes, 1 et 2. Une mutation peut surgir sur le lignage conduisant à l’espèce 1, changeant ainsi le T en troisième position pour un A. Indépendamment, une mutation peut aussi modifier le nucléotide G en troisième position pour un A dans le lignage qui conduit à l’espèce 2. Finalement, les séquences des deux espèces sont identiques bien que le nucleotide A ne soit pas hérité d’un ancêtre commun. Il ne peut être alors considéré comme homologue. Il s’agit ainsi d’une homoplasie, c'est-à-dire une similitude qui résulte d’évènements indépendants sur deux lignages différents. Le nombre d’homoplasies récurrentes, comme celle de l’exemple précédent, devrait généralement augmenter avec le nombre de taxons dans une lignée[1]. En fait, plus on compare d’espèces divergentes, plus on a de chances que deux ou plusieurs de celles-ci partagent une mutation basée sur le hasard et non sur un ancêtre commun.

Transfert de gènes horizontal

Le transfert de gènes horizontal peut aussi gĂ©nĂ©rer de l’homoplasie. Il s’agit d’une manière de propagation d’un trait dans un taxon qui diffère de la forme de transmission habituelle soit verticale et biparentale. C’est ainsi, par exemple, que de nombreux microbes infectieux ont acquis la rĂ©sistance aux mĂŞmes antibiotiques par la propagation et l’incorporation de plasmides contenant la sĂ©quence gĂ©nĂ©tique pour une telle rĂ©sistance[1]. Un autre exemple d’homoplasie grâce au transfert horizontal de gènes sont les syncytines. Ces protĂ©ines jouent un rĂ´le important dans le dĂ©veloppement du placenta. Elles provoquent la fusion des cellules et permettent le dĂ©veloppement du syncytiotrophoblaste, un des tissus qui composent le placenta. Celui-ci possède des propriĂ©tĂ©s immunodĂ©pressives, ce qui Ă©vite au système immunitaire de la mère de rejeter le fĹ“tus. Les gènes qui codent les syncytines proviennent de rĂ©trovirus ayant infectĂ© de nombreuses fois les mammifères de manière indĂ©pendante. En effet, on retrouve ces protĂ©ines dans plusieurs mammifères tels que les souris, les Ă©cureuils et les humains. Chez l’être humain, il existe deux de ces gènes intacts d’enveloppe issus d’infections par des rĂ©trovirus endogènes exprimĂ©s de manière spĂ©cifique dans le placenta : Syncytin-1 et Syncytin-2. Pour faire fusionner les cellules, les gènes de ces protĂ©ines utilisent le mĂŞme mode d’action que les rĂ©trovirus. En fait, tout comme les protĂ©ines ancestrales de rĂ©trovirus, les syncytines reconnaissent un rĂ©cepteur cellulaire spĂ©cifique et ont une activitĂ© immunosuppressive. Ainsi, il y a de nombreuses annĂ©es, un virus aurait infectĂ© la cellule, copiĂ© son ADN pour ensuite l’intĂ©grer au gĂ©nome de la cellule. La cellule aurait exprimĂ© ses nouveaux gènes et commencĂ© Ă  synthĂ©tiser de la syncytine. Ce processus se serait produit dans plusieurs groupes diffĂ©rents de mammifères placentaires de manière indĂ©pendante grâce au phĂ©nomène de convergence Ă©volutive. 

Triade catalytique

On dĂ©signe triade catalytique les trois rĂ©sidus d’acides aminĂ©s qui interviennent ensemble dans le site actif de certaines hydrolases et transfĂ©rases. Les protĂ©ases de sĂ©rine jouent un rĂ´le essentiel dans de nombreuses fonctions cellulaires et extracellulaires telles que le processus de coagulation sanguine, la digestion des protĂ©ines, la signalisation cellulaire, l’inflammation et la transformation des protĂ©ines[3]. Ceux-ci contiennent tous la triade Ser/His/Asp. Deux des protĂ©ases-sĂ©rine les plus connues qui utilisent cette triade sont chrymotrypsine et la trypsine. La subtilisine utilise elle aussi la triade catalytique mais elle n’a aucune similaritĂ© de sĂ©quence avec les deux protĂ©ases prĂ©cĂ©dentes. Elle adopte la structure de feuille ouverte α/β- torsadĂ©e plutĂ´t que la structure en double tonneau-β[4]. La subtilisine et la chymotrypsine sont de bons exemples d’homoplasie. Bien que les plis protĂ©iques de ces protĂ©ases soient complètement diffĂ©rents, les deux ont convergĂ© vers un mĂ©canisme similaire de Ser/His/Asp. De plus, la trypsine et la chymotrypsine sont des protĂ©ases digestives tandis que la subtilisine est une protĂ©ase bactĂ©rienne produite par Bacillus subtilis. Les contraintes chimiques et physiques sur la catalyse des enzymes ont ainsi engendrĂ© des arrangements identiques de triade. En fait, la nature mĂŞme des rĂ©actions chimiques catalysĂ©es ont conduit de façon indĂ©pendante aux mĂŞmes types de sites actifs d’au moins 23 superfamilles distinctes. 

Voie de signalisation des EGFR

Voie de signalisation EGFR

La voie de signalisation des EGFR (Epidermal Growth Factor Receptor) joue un rĂ´le essentiel dans le dĂ©veloppement des vertĂ©brĂ©s et des invertĂ©brĂ©s. Cette voie s’est dĂ©veloppĂ©e chez les deux groupes de manière indĂ©pendante. Chez les vertĂ©brĂ©s, elle dĂ©tient un rĂ´le important dans l’embryogenèse et le dĂ©veloppement. EGFR prĂ©sente un rĂ´le physiologique prĂ©fĂ©rentiel dans le dĂ©veloppement des tissus d’origine Ă©pithĂ©liale. L’activation du rĂ©cepteur a pour consĂ©quence d’augmenter la prolifĂ©ration cellulaire et la motilitĂ© cellulaire ainsi que de diminuer l’apoptose. Tout comme chez les vertĂ©brĂ©s, la voie des EGFR est nĂ©cessaire Ă  un grand nombre d’étapes dans le dĂ©veloppement des invertĂ©brĂ©s, plus particulièrement de la Drosophile. Cette voie permet d’établir l’axe antĂ©ro-postĂ©rieur de l’embryon, de contrĂ´ler le destin cellulaire pendant le dĂ©veloppement des disques embryonnaires et imaginaux et pendant l’oogenèse. 

Écholocation

L’homoplasie au niveau moléculaire engendre parfois de l’homoplasie au niveau morphologique. En effet, la comparaison des génomes d’écholocation des chauves-souris et des dauphins identifie plusieurs substitutions d’acides aminés convergentes dans les gènes impliqués dans l’audition et la vision. Il a été déterminé que les deux types d’écholocation soit chez la chauve-souris et le dauphin avaient les mêmes mutations dans une protéine particulière appelée prestine qui affecte la sensibilité de l’ouïe[5]. De plus, l’analyse d’autres gènes connus pour être impliqués dans l’audition a démontré que plusieurs protéines avaient aussi été modifiées de manière similaire chez ces deux mammifères. En fait, pas moins de 200 gènes ont changé indépendamment de la même façon. La plupart de ces gènes sont impliqués dans l’audition mais d’autres ne sont pas directement liés à l’écholocation jusqu’à présent mais plusieurs seraient importants pour la vision. Ainsi, la convergence n’est pas qu’un processus restreint à plusieurs loci, mais peut engendrer des homoplasies moléculaires répandues dans le génome. L’écholocation est un mode de repérage et de visualisation utilisé par quelques mammifères tels que les chauves-souris et les dauphins lors de leurs déplacements pour localiser leurs proies et les obstacles dans leur environnement. Ceux-ci émettent des ondes sonores qui sont renvoyées lorsqu’elles se heurtent à une proie ou un obstacle. Elles sont ensuite enregistrées et visualisées par le cerveau de l’animal ce qui lui fournit ainsi une image en trois dimensions de son environnement. Puisque cette caractéristique leur procure un net avantage, il n’est donc pas difficile de comprendre pourquoi la sélection naturelle conserva ces mutations chez ces mammifères très différents.

Niveau morphologique

De nombreuses similaritĂ©s phĂ©notypiques ont Ă©voluĂ© de manière indĂ©pendante dans diffĂ©rentes lignĂ©es. Ces homoplasies sont convergentes soit au niveau de la structure, soit au niveau de la fonction ou mĂŞme les deux. Ces convergences morphologiques sont des rĂ©ponses Ă©volutionnaires Ă  des patrons de sĂ©lection naturelle similaires dans les habitats des espèces. Il existe de nombreux exemples de ces homoplasies physiologiques dont quelques-uns sont dĂ©crits ci-dessous. 

Forme hydrodynamique du corps

La forme du corps des vertĂ©brĂ©s marins comme les poissons, les ichtyosaures, les dauphins et les phoques est un cas intĂ©ressant d’homoplasie. Prenons comme exemple les requins et les dauphins qui possèdent la mĂŞme forme hydrodynamique. Puisque les dauphins ont Ă©voluĂ© depuis un ancĂŞtre tĂ©trapode, ce caractère ne peut ĂŞtre dĂ» par la prĂ©sence d’un ancĂŞtre commun. En effet, les fossiles conservĂ©s prouvent bel et bien que certains mammifères terrestres ont modifiĂ© leur mode de vie passant de la terre Ă  l’eau et ont Ă©voluĂ© des formes hydrodynamiques du corps tout comme les espèces marines dĂ©jĂ  prĂ©sentes Ă  cette Ă©poque[6]. Ainsi, bien que ces deux vertĂ©brĂ©s partagent des ancĂŞtres communs, leurs formes de corps n’est pas dĂ©rivĂ© de ceux-ci. Ces deux espèces ont Ă©tĂ© confrontĂ©es aux mĂŞmes pressions de sĂ©lection des milieux aquatiques. Leurs formes de corps hydrodynamiques est ainsi une adaptation indĂ©pendante et convergente Ă  la vie aquatique afin d’amĂ©liorer leurs performances et leurs vitesses sous l’eau.   

Aile et vol actif

Aile d'oiseau composée de plumes
Aile de chauve-souris constituée de 4 doigts
Aile de ptérosaure constituée d'un seul doigt

L’exemple d’homoplasie le plus souvent Ă©noncĂ© est sans contredit le vol actif. Il s’agit d’une convergence morphologique de structure et de fonction. Trois groupes sĂ©parĂ©s de tĂ©trapodes ont modifiĂ© leurs membres antĂ©rieurs en ailes soit les ptĂ©rosaures, les oiseaux et les chauves-souris. Bien que leurs ailes soient superficiellement semblables, elles sont construites très diffĂ©remment. Les ailes de chauves-souris sont composĂ©es en grande partie de leur main dont les doigts sont très allongĂ©s et entre lesquels est tendu une membrane de peau palmĂ©e[7]. Les ailes des ptĂ©rosaures, aujourd’hui Ă©teints, sont similaires. Cependant, elles sont constituĂ©es d’un seul doigt, au lieu de 4, d’oĂą s’étire une membrane de peau jusqu’au cĂ´tĂ© de l’animal. Les ailes des oiseaux sont encore plus diffĂ©rentes puisqu’elles sont constituĂ©es de plumes allongĂ©es attachĂ©es aux os s’étendant sur tout le long de leurs membres antĂ©rieurs. Ces diffĂ©rences structurales suggèrent que leurs ailes, bien que d’apparences similaires, ont Ă©voluĂ© de manière indĂ©pendante et ne seraient pas hĂ©ritĂ©es d’un ancĂŞtre commun avec des ailes. Les trois lignĂ©es distinctes auraient, en fait, rĂ©pondu de la mĂŞme façon aux mĂŞmes pressions de sĂ©lection. Finalement, les ailes de ces trois groupes sont des modifications convergentes des membres antĂ©rieurs, structure originellement utilisĂ©e pour la marche et la course. Sans peau membraneuse ou plumes sur leurs membres antĂ©rieurs, ces espèces seraient confinĂ©es Ă  une vie au sol et ne pourrait Ă©viter la forte prĂ©dation qui s’y trouve.  

En plus des oiseaux, des chauves-souris et des ptĂ©rodactyles, le vol actif a aussi Ă©voluĂ© indĂ©pendamment chez les insectes. Leurs ailes sont, quant Ă  elles, radicalement diffĂ©rentes. Ceux-ci n’ont pas modifiĂ© leurs membres antĂ©rieurs comme les tĂ©trapodes. En fait, l’origine des ailes des insectes seraient une modification des branchies originellement prĂ©sentes seulement lors du stade larvaire[7]. PrĂ©sentes sur de nombreux segments sur l’abdomen des larves aquatiques, ces structures branchiales se sont dĂ©veloppĂ©es sur certains segments alors qu’ils ont Ă©tĂ© supprimĂ©s sur d’autres. Cette restructuration a alors menĂ© aux premiers insectes volants Ă  4 ailes. Il est possible d’observer cette condition primitive chez certains insectes aquatiques adultes comme l’éphĂ©mère. Encore une fois, ce sont pour des raisons fonctionnelles et non hĂ©rĂ©ditaires que les insectes auraient dĂ©veloppĂ© la capacitĂ© de vol. La sĂ©lection naturelle aurait alors avantagĂ© les insectes dotĂ©s d’ailes passant du milieu aquatique Ă  l’atmosphère. 

Yeux camérulaires

L’évolution rĂ©pĂ©tĂ©e des yeux de type « chambre noire Â» ou camĂ©rulaire est l’un des exemples d’homoplasie des plus impressionnants. On appelle yeux camĂ©rulaires les yeux dont la rĂ©tine est concave et qu’une image de l’espace visuel peut ĂŞtre rĂ©alisĂ©e par l’adjonction d’une lentille convergente devant cette surface[8]. Un compartiment liquidien ou humeur vitrĂ©e sĂ©pare le cristallin de la rĂ©tine, ce qui a pour consĂ©quence la formation de l’image d’un objet dans le plan focal rĂ©tinien[9]. Ce type d’œil a Ă©voluĂ© indĂ©pendamment chez les cnidaires (certaines mĂ©duses), les cĂ©phalopodes (comme les calmars et les pieuvres) et les vertĂ©brĂ©s (oiseaux, mammifères). Il existe cependant quelques diffĂ©rences morphologiques entre les yeux des cĂ©phalopodes et des vertĂ©brĂ©s. Ces derniers possèdent une rĂ©tine en position inversĂ© comparativement Ă  la rĂ©tine directe des cĂ©phalopodes. Par exemple, les photopigments sont directement touchĂ©s par les rayons lumineux chez la seiche par rapport aux vertĂ©brĂ©s oĂą la lumière doit traverser un grand nombre de couches cellulaires avant d’atteindre les cellules photorĂ©ceptrices[9].  

Mammifères placentaires et mammifères marsupiaux

Écureuil volant (Glaucomys volans)
Phalanger du sucre (Petaurus breviceps

Certains animaux très éloignés géographiquement mais vivants dans des habitats similaires et se nourrissant d’aliments similaires ont des ressemblances physiologiques étonnantes. C’est le cas des mammifères placentaires d’Amérique du Nord et des mammifères marsupiaux d’Australie regroupant plusieurs espèces partageant de nombreuses homoplasies dues à l’évolution convergente. Les Marsupiaux[10] se caractérisent par un développement embryonnaire qui commence dans l’utérus maternel et se poursuit dans une poche ventrale. Ils se distinguent des Placentaires[11], dont le développement embryonnaire se déroule entièrement dans l’utérus[12]. Certains Marsupiaux d’Australie ressemblent étonnamment à plusieurs Placentaires de divers continents.

Prenons comme exemple les Ă©cureuils volants (Glaucomys volans) et les phalangers du sucre (Petaurus breviceps). Ce dernier est un marsupial arboricole tandis que l’écureuil est un placentaire qui saute d’arbre en arbre dans les forĂŞts d’AmĂ©rique du Nord. Les deux prĂ©sentent des adaptations similaires puisqu’ils sont dotĂ©s les uns et les autres de membranes qui leur permettent de planer entre les arbres et ralentir leur chute. On ne peut expliquer ces ressemblances par la prĂ©sence d’un ancĂŞtre commun puisque ces deux lignĂ©es distinctes de mammifères ont divergĂ© après que la PangĂ©e se soit dĂ©jĂ  sĂ©parĂ©e en continents du nord et du sud[13].  La parentĂ© entre ses espèces est très lointaine et leur ancĂŞtre commun ne dĂ©tenait pas la capacitĂ© de planer. On parle alors ici d’homoplasie et non d’homologie. Ainsi, bien qu’ils aient Ă©voluĂ© indĂ©pendamment Ă  partir d’ancĂŞtres diffĂ©rents, ces deux petits mammifères se sont adaptĂ©s de manière semblable Ă  des environnements similaires. 

Végétaux en milieu désertique

L’homoplasie peut ĂŞtre retrouvĂ© aussi bien chez les animaux et les insectes que chez les vĂ©gĂ©taux. Comparons, par exemple, les cactus retrouvĂ©s en AmĂ©rique du Nord et du Sud tels que Echinocereus avec les euphorbes des dĂ©serts du sud de l’Afrique et de Madagascar. Leurs apparences gĂ©nĂ©rales sont extraordinairement similaires. En effet, les euphorbes ont Ă©voluĂ© au fil du temps des caractĂ©ristiques physiques semblables aux cactus de sorte qu’elles sont très souvent appelĂ©es « cactus Â» Ă  tort. Ces deux plantes occupent des habitats secs et dĂ©sertiques ainsi ils ont dĂ©veloppĂ© des caractĂ©ristiques similaires pour minimiser leurs pertes en eau. Ils ont dĂ©veloppĂ© des tiges Ă©paisses capables de stocker ainsi que des structures Ă©pineuses pour dĂ©courager les animaux Ă  se nourrir d’eux en plus de rĂ©duire les surfaces d’évaporation[13]. Ces vĂ©gĂ©taux pratiquent aussi la photosynthèse CAM, mĂ©tabolisme acide crassulacĂ©en, et leurs stomates ne s’ouvrent que pendant la nuit pour absorber le dioxyde de carbone. Ainsi, bien que le cactus d’AmĂ©rique et l’euphorbe d’Afrique ne partagent pas la prĂ©sence d’un ancĂŞtre commun avec ces caractĂ©ristiques dans leur lignĂ©e, les deux ont convergĂ© vers les mĂŞmes solutions afin de lutter contre les pĂ©riodes de sĂ©cheresse.    

Ces exemple d’homoplasie sont tous formés par l’environnement physique des organismes en question soit la possibilité de voler dans les airs pour les ailes ou de se déplacer efficacement dans l’eau pour la forme du corps hydrodynamique, la perception de la lumière pour les yeux camérulaires, etc. On pourrait s’attendre à ce que la présence fixe de ces caractéristiques environnementales conduise à l’adaptation de nombreuses espèces.

Notes et références

  1. (en) Givnish, T., & Sytsma, K., Molecular Evolution and Adaptative Radiation, Cambridge University Press,
  2. (en) Rogozin, I., Thomson, K., Csuros, M., Carmel, L., & Koonin, E., « Homoplasy in genome-wide analysis of rare amino acid replacements : the molecular-evolutionary basis for Vavilov's law of homologous series », Biology Direct,‎ 2008, mar 17, p. 3 :7
  3. (en) Buller, A & Townsend, C., « Intrinsic evolutionary constraints on protease structure, enzyme acylation, and the identity of the catalytic triad », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America,‎ 2013, feb 4, p. 110(8) : 653-661
  4. (en) Ekici, O., Paetzel, M., & Dalbey, R., « Unconventional serine proteases : Variations on the catalytic Ser/His/Asp triad configuration », Protein Science,‎ , p. 17 (12) : 2023-2037
  5. (en) Joe Parker, Georgia Tsagkogeorga, James A. Cotton, Yuan Liu, Paolo Provero, Elia Stupka & Stephen J. Rossiter, « Genome-wide signatures of convergent evolution in echolocating mammals », Nature,‎ 2013, oct 10, p. 502(7470) : 228-231
  6. (en) Kampourakis, K, Understanding Evolution, New York, Cambridge University Press,
  7. (en) McGhee, G., Convergent Evolution : Limited Forms Most Beautiful, Cambridge, MIT Press,
  8. Yves Le Men, La vision dans le monde animal, AlterPublishing, (présentation en ligne)
  9. Tanzarella, S, Perception et communication chez les animaux, Bruxelles, De Boeck & Larcier,
  10. Marsupiaux
  11. Placentaires
  12. Campbell, N., Reece, J., Urry, L., Cain, M., Wasserman, S., Minorsky, P. & Jackson, R., Biologie de Campbell (4e Ă©dition), ERPI,
  13. (en) Russell, P., Hertz, P., & McMillan, B., Biology : The Dynamic Science (4th edition), Boston, Kindle Edition,

Voir aussi

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