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Barge rousse

Limosa lapponica

La Barge rousse (Limosa lapponica) est une espèce d'oiseaux limicoles de la famille des scolopacidés (qui compte aussi les bécassins).

La barge rousse est un oiseau migrateur, multiples dĂ©tenteur de records de distance de vol sans arrĂŞt : des vols de 12 000 kilomètres Ă  13 000 kilomètres[1] sans escale durant une dizaine de jours, et Ă  une vitesse pouvant atteindre 90 km/h[2] - [3] - [4] ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s par plusieurs spĂ©cimens porteurs de balises GPS, le record totalisant un vol 13560 km le 13 octobre 2022[5].

Description

Jeune barge rousse dans sa belle robe (Nouvelle-ZĂ©lande).

Cet oiseau possède un bec long et très pointu, des pattes sombres, un plumage du dessus fortement strié. On les reconnaît grâce à leur croupion blanc dessous et barré dessus, ainsi qu'à leur sourcil blanchâtre. Contrairement aux barges à queue noire, les barges rousses n'ont pas de barre alaire blanche.

L'espèce peut atteindre un âge avancé, l'actuel record concernant un spécimen capturé et bagué dans le Norfolk et capturé à nouveau dans le même comté 34 ans plus tard[6] (Le record précédent était de 32 ans[6]).

Sous-espèces

D'après la classification de référence (version 12.2, 2022) du Congrès ornithologique international (ordre phylogénique) :

  • Limosa lapponica lapponica (Linnaeus, 1758) — nord de l'Europe ;
  • Limosa lapponica taymyrensis Engelmoer & Roselaar, 1998 — nord-ouest et centre-nord de la SibĂ©rie ;
  • Limosa lapponica menzbieri Portenko, 1936 — nord-est de la SibĂ©rie ;
  • Limosa lapponica baueri Naumann, JF, 1836 — du nord-est de la SibĂ©rie jusqu'au nord et Ă  l'ouest de l'Alaska.

Comportement

Il fréquente les vasières en larges bandes, souvent associé à d'autres espèces de limicoles.

Alimentation

Au printemps et en été, les barges rousses se nourrissent essentiellement d'insectes (mouches, coléoptères), de chenilles, de vers de terre, et parfois de baies et de graines. Leurs régimes alimentaires d'hiver diffère considérablement : elles consomment des vers marins (néréis et arénicoles), des crevettes et des puces de mer.

Reproduction

Œuf de barge rousse (muséum de Toulouse).

La Barge rousse construit son nid au sol, dans une tourbière : un creux tapissé de lichen et de feuilles de bouleau. Elle pond quatre œufs couleur olive que les parents couvent pendant trois semaines.

Migration

Visualisations sur le globe terrestre de tracés migratoires de barge rousse (Limosa lapponica).

Une barge rousse avait déjà été enregistrée en mars 2007 comme ayant effectué le plus long vol sans escale connu pour un oiseau. Des oiseaux ont été marqués et équipés en Nouvelle-Zélande, puis ils ont été suivis par satellite jusqu'en mer Jaune en Chine.

Selon le Dr Clive Minton de l'Australasian Wader Studies Group : « La distance entre ces deux endroits est 9 575 km, mais le trajet effectuĂ© par l'oiseau a Ă©tĂ© de 11 026 km. C'est le plus long vol connu sans escale pour un oiseau. Le vol a Ă©tĂ© effectuĂ© en environ neuf jours. Au moins trois autres barges rousses semblent aussi avoir atteint la mer Jaune après des vols sans escale Ă  partir de la Nouvelle-ZĂ©lande ». En 2020, une autre barge a parcouru 12 200 kilomètres sans escale de l'Alaska Ă  la Nouvelle-ZĂ©lande[7].

En septembre 2021, une Barge rousse mâle adulte, Ă©quipĂ©e d'une balise GPS, Ă©tablit un nouveau record avec un vol de dix jours sans interruption sur 13 035 kilomètres entre l'Alaska et la Nouvelle-ZĂ©lande[1]. En octobre 2022, un juvĂ©nile de cinq mois, Ă©quipĂ© d'une balise GPS bat ce record en volant 13 560 kilomètres d'une seule traite, sans arrĂŞt, durant onze jours[8] entre l'Alaska et la Tasmanie[9]. Depuis la cĂ´te sud de l'Alaska, l'oiseau a d'abord volĂ© vers le sud-ouest, longeant l'arc des Ă®les alĂ©outiennes sur près de 2 000 kilomètres, puis il vire plein sud, traverse l'ocĂ©an Pacifique Nord, survole plusieurs archipels comme Kiribati, Vanuatu et la Nouvelle-CalĂ©donie mais sans s'y poser[8], vole ensuite au large de la cĂ´te orientale de l'Australie, puis atteint la Tasmanie oĂą il vire alors 90 degrĂ©s plein ouest vers la station balnĂ©aire d'Ansons Bay (en) au nord-est de l'Ă®le[8]. Il s'y pose après onze jours et une heure de vol ininterrompu. Selon l'Institut Max Planck d'ornithologie qui a Ă©tudiĂ© ce vol, ce juvĂ©nile Ă©tait probablement accompagnĂ© d'autres barges dans son pĂ©riple[8]

C'est lors de ces trajets migratoires de 11 000 km environ que la barge rousse transporte naturellement des Ĺ“ufs vivants de Triops (crustacĂ©s typiques des « mares temporaires Â»), de l'Alaska Ă  l'Australie ou inversement, ce qui explique la proximitĂ© de deux espèces de triops gĂ©nĂ©tiquement proches, mais gĂ©ographiquement très Ă©loignĂ©es l'une de l'autre[10].

RĂ©partition

RĂ©partition :
- en rouge, zones de nidification.
- en bleu, territoires d'hivernage.

La barge rousse est un oiseau limicole qui niche dans la toundra arctique et subarctique du nord de l'Europe, de la SibĂ©rie et l'Alaska. Il effectue de grandes migrations (jusqu'Ă  13 000 km sans escale) vers les rivages africains, asiatiques ou ocĂ©aniens selon la longitude de son aire de dĂ©part. En octobre 2022, Un nouveau record de vol direct est effectuĂ©e par une Barge rousse d'Alaska suivie par GPS : 13 560 km jusqu'en Tasmanie soit une moyenne de 50 km/h parcourus d'une traite en 11 jours et 11 nuits (et 1h), sans se nourrir ni boire.

État, pression et menaces

De par les lieux qu'elle fréquente, sa durée de vie et son comportement alimentaire, c'est une des nombreuses espèces qui pourrait être victime de saturnisme aviaire, à la suite de l'ingestion de grenaille de plomb.

Cette espèce n'est néanmoins pas considérée comme menacée à l'échelle de sa métapopulation.

Notes et références

  1. (en) « These Mighty Shorebirds Keep Breaking Flight Records—And You Can Follow Along », sur Audubon, (consulté le )
  2. « Migrations. Record battu pour l’oiseau qui relie sans escale l’Alaska à la Nouvelle-Zélande », sur Courrier international, (consulté le )
  3. (en) Daniel Boffey, « 'Jet fighter' godwit breaks world record for non-stop bird flight », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  4. Extreme endurance flights by landbirds crossing the Pacific Ocean.
  5. Cet oiseau vole sur 13.560 km sans interruption et bat un record du monde
  6. birdwatch (Royaume-Uni)
  7. Julie Kern, « Cet oiseau a volé non-stop de l'Alaska à la Nouvelle-Zélande », Futura-sciences,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Rod Mcguirk, « Un oiseau aurait volé plus de 13 500 km de l’Alaska à la Tasmanie », Associated Press, 28 octobre 2022.
  9. (en) Graham Readfearn, « Bar-tailed godwit sets world record with 13,560km continuous flight from Alaska to southern Australia », The Guardian, 26 octobre 2022.
  10. Gill RE, Jr, Piersma T, Hufford G, Servranckx R, Riegen A. « Crossing the ultimate ecological barrier: evidence for an 11,000-km-long nonstop flight from Alaska to New Zealand and eastern Australia by Bar-tailed Godwits », Condor, 2005;107:1–20

Voir aussi

Articles connexes

Références taxonomiques

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