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Debaryomyces hansenii

Debaryomyces hansenii est une levure de la famille des Saccharomycetaceae, proche de Saccharomyces cerevisiae. Elle prĂ©sente un intĂ©rĂȘt particulier en raison de ses facultĂ©s d'adaptation Ă  de nombreux milieux[1] et de ses possibilitĂ©s d’utilisation biotechnologique[2].

Debaryomyces hansenii
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Cellules "bourgeonnantes" du genre Candida (espÚce non précisée, voir la section "Taxonomie")

EspĂšce

Debaryomyces hansenii
(Zopf) Lodder & Kreger-van Rij (1952)

Synonymes

  • Saccharomyces hansenii, Zopf (1889)

Taxonomie

L'espÚce a été décrite sous de nombreux synonymes[3], par exemple:

  • Saccharomyces hansenii Zopf, 1889[4]
  • Debaryomyces hansenii (Zopf) Lodder & Kreger-Van Rij, 1952[5]
  • Torulaspora hansenii (Torulaspora (Zopff) v.d. Walt et Johannsen)[6]
  • Pichia hansenii(Zopf) Campbell nov.comb[7].

Les outils de biologie moléculaire ont permis de décrire un complexe d'espÚces cryptiques comprenant[8]:

  • Debaryomyces hansenii (formerly, Debaryomyces hansenii var. hansenii)
  • Debaryomyces fabryi (formerly, Debaryomyces hansenii var. fabryi)
  • Debaryomyces tyrocola
  • Candida flaeri (formerly, Candida famata var. flaeri)
  • Candida famata var. famata

"Candida famata" peut désigner l'anamorphe de D. hansenii, c'est-à dire sa forme imparfaite, non "sexuée", principalement dans les études concernant sa pathogénicité éventuelle[8]. Le "complexe Candida famata" inclut par ailleurs Debaryomyces nepalensis et D. fabryi[9].

Écologie

D. hansenii est particuliĂšrement tolĂ©rante aux variations de salinitĂ© et d’osmolaritĂ©. Elle se dĂ©veloppe dans les milieux hyper-salĂ©s, comme le Grand Lac SalĂ© dans l’Utah[10], et elle peut coloniser la surface de plantes dĂ©sertiques dans la rĂ©gion de la mer Morte[11]. Elle supporte les basses tempĂ©ratures, et elle a Ă©tĂ© retrouvĂ©e dans le sol du dĂ©sert le plus froid et le plus sec de la planĂšte, les VallĂ©es sĂšches de McMurdo dans l'Antarctique[12]. Mais elle colonise Ă©galement des milieux riches en Ă©lĂ©ments nutritifs comme l’intestin des poissons[13] ou des oiseaux[14], et elle est prĂ©sente dans de nombreux aliments traditionnels, par exemple des fromages[15] et des olives fermentĂ©es[16]. Elle peut survivre en milieu trĂšs acide (pH 2)[17] ou alcalin (pH 10)[2]. Cette espĂšce comporte des souches de « levures tueuses » (« killer yeasts », voir "Levure", 4.2 CaractĂ©ristiques gĂ©nĂ©tiques), capables de sĂ©crĂ©ter des substances antagonistes qui leur confĂšrent un avantage dans la compĂ©tition microbienne contre d’autres levures ou moisissures[18].

Besoins nutritionnels

Cette espĂšce a besoin d'ions sodium ou potassium pour maintenir son osmolaritĂ© et pour exprimer son activitĂ© "tueuse"[19]. Elle se multiplie plus rapidement lorsque la concentration en sel atteint 1 M de NaCl, soit environ 58 g par litre, et elle peut ĂȘtre cultivĂ©e en milieu trĂšs salĂ© (jusqu’à 4 M de NaCl)[1]. La prĂ©sence de glycĂ©rol dans le milieu de culture lui permet de supporter cette forte salinitĂ©[20]. Elle peut utiliser une grande variĂ©tĂ© de glucides en prĂ©sence d'oxygĂšne, mais son activitĂ© fermentaire est faible ou nulle, selon les souches[21]. Son aptitude Ă  la fermentation alcoolique est cependant amĂ©liorĂ©e en prĂ©sence de sel (1 M de NaCl ou de KCl)[22]. Elle peut produire des protĂ©ases[23] et des lipases[24], qui lui permettent de se dĂ©velopper dans des produits alimentaires. Pour un dĂ©veloppement maximum, elle requiert 0,1 ppm de pyridoxine[25].

Reproduction

D. hansenii est gĂ©nĂ©ralement prĂ©sente sous la forme de cellules haploĂŻdes qui se reproduisent par multiplication vĂ©gĂ©tative en « bourgeonnant ». Il peut arriver que la cellule « mĂšre » s’apparie avec un de ses « bourgeons » en produisant un noyau diploĂŻde qui se re-divise par mĂ©iose pour former le plus souvent une seule ascospore haploĂŻde, parfois deux[26] - [6]. L'occurrence de cette mĂ©iose fait considĂ©rer l'espĂšce comme possĂ©dant une reproduction "sexuĂ©e" de type homothallique[27].

Sécurité sanitaire

Le genre Candida comprend certaines espĂšces pathogĂšnes, phylogĂ©nĂ©tiquement proches de D. hansenii, dont la forme imparfaite ("asexuĂ©e"), "C. famata", peut elle-mĂȘme prĂ©senter trĂšs exceptionnellement un risque infectieux chez des patients immunodĂ©primĂ©s[28].

Applications biotechnologiques

Affinage du fromage et autres applications agro-alimentaires

Malgré la proximité phylogénétique de souches pathogÚnes, l'utilisation de D. hansenii est généralement autorisée pour des applications concernant l'industrie chimique, l'agronomie et l'alimentation[29] - [30]. Cette espÚce contribue au développement de l'arÎme de nombreuses préparations alimentaires, en particulier des fromages affinés[31] et de la charcuterie fermentée (voir "saucisson sec")[32].

BiosynthÚse de composés organiques

Le "complexe D. hansenii-C. famata" appartient Ă  un groupe de levures capables de synthĂ©tiser en excĂšs la riboflavine (vitamine B2, utilisĂ©e en outre comme colorant alimentaire), Ă  condition de limiter la concentration en fer dans le milieu de culture. Certaines souches de C. famata peuvent ainsi accumuler 20 g de riboflavine par litre de milieu[33]. D. hansenii est utilisĂ©e pour produire du xylitol, un Ă©dulcorant pour prĂ©parations alimentaires, qui peut Ă©galement servir de mĂ©dicament contre certaines maladies[34] - [35]. L'espĂšce pourrait produire d'autres mĂ©dicaments, par exemple en lui faisant hydrolyser la casĂ©ine du lait pour obtenir des peptides efficaces contre l'hypertension[36]. De nombreuses enzymes pourraient ĂȘtre produites Ă  partir de cette levure, comme une superoxyde dismutase qui a fait l'objet d'une attention particuliĂšre pour ses applications possibles en tant que mĂ©dicament et antioxydant pour l'industrie agro-alimentaire[37], ou une bĂȘta-glucosidase capable d'augmenter par hydrolyse la teneur du soja en isoflavones aglycones, principes bioactifs plus facilement absorbables dans l'intestin que leurs formes hĂ©tĂ©rosides[38].

Lutte biologique

Les souches "tueuses" pourraient ĂȘtre mise Ă  profit pour lutter contre les espĂšces pathogĂšnes du genre Candida[39], ainsi que contre d'autres champignons responsables de mycoses[40]. Elles peuvent aussi avoir des applications en agriculture biologique, par exemple pour lutter contre Penicillium italicum[41] et Penicillium digitatum[42], moisissures attaquant les agrumes, ou plus gĂ©nĂ©ralement, pour prolonger la conservation des fruits aprĂšs cueillette[43], ainsi que pour protĂ©ger des produits laitiers[44] ou charcutiers[45].

Probiotique

En tant qu'hĂŽte naturel de l'intestin de nombreuses espĂšces animales, cette levure a fait l'objet de recherches en vue d'applications probiotiques, en particulier pour des espĂšces d'intĂ©rĂȘt aquacole telles que des poissons[46], des crevettes[47] et des ormeaux[48]. L'amĂ©lioration de la santĂ© des animaux recevant un aliment qui contient une souche probiotique de D. hansenii semble due en particulier Ă  une stimulation des dĂ©fenses immunitaires[49] - [50] et antioxydantes[51].

Autres applications envisagées

D. hansenii pourrait ĂȘtre employĂ©e dans des procĂ©dĂ©s de dessalement de l'eau de mer[52]. Elle pourrait Ă©galement permettre de traiter des eaux usĂ©es issues de l'industrie agro-alimentaire, par exemple en dĂ©toxifiant des composĂ©s phĂ©noliques rejetĂ©s lors de la production d'huile d'olive[53].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

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