David Hahn
David Hahn, né le à Royal Oak (Michigan) et mort le à Shelby Charter Township (Michigan)[1], est un Américain passionné de rayonnement nucléaire. En 1994, alors ùgé de 17 ans et scout membre des Boy Scouts of America, il essaie de construire un surgénérateur nucléaire dans le hangar de son jardin de la banlieue de Détroit.
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(Ă 39 ans) Shelby Charter Township ou Shelby (en) |
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Bien que son rĂ©acteur n'a jamais atteint la masse critique, David Hahn a attirĂ© l'attention de la police locale quand, au dĂ©tour de la fouille de son vĂ©hicule, celle-ci a trouvĂ© des matĂ©riaux douteux qu'il a prĂ©sentĂ© comme radioactifs. Dix mois plus tard, la maison de sa mĂšre et ses alentours ont Ă©tĂ© nettoyĂ©s par l'Environmental Protection Agency dans le cadre du plan Superfund. David Hahn a obtenu le rang de Eagle Scout (le plus haut rang scout aux Ătats-Unis) peu aprĂšs le dĂ©mantĂšlement de son laboratoire amateur[2].
Bien qu'il n'ait originellement pas reçu beaucoup d'attention médiatique, il devient plus largement connu aprÚs un article publié en 1998 dans la revue Harper's Magazine par le journaliste Ken Silverstein (en), intitulé « Le boy-scout radioactif »[3]. Silverstein lui consacre aussi un livre, The Radioactive Boy Scout en 2004[2].
Il est trÚs probable que David Hahn a reçu des doses significatives de radiations au cours de ses expérimentations dans son hangar. Adulte, il sert dans l'US Navy et à l'United States Marine Corps. Il est plus tard soigné pour des problÚmes mentaux, mais son décÚs à l'ùge de 39 ans est lié à sa consommation excessive d'alcool.
Création du réacteur
Jeune homme, David Hahn est passionné par la chimie. Il passe des années à s'exercer à la chimie dans le sous-sol de sa maison (ce qui cause de temps à autre de petites explosions) et essaie de récolter des échantillons de tous les éléments du tableau périodique, y compris ceux radioactifs. Il remporte plus tard un badge du mérite (prix gagné par les jeunes membres du Boy Scouts of America) sur l'énergie atomique et se lance dans la création d'un surgénérateur nucléaire.
Il amasse des matĂ©riaux radioactifs rĂ©cupĂ©rĂ©s dans des produits commerciaux civils, parfois volĂ©s, tels que l'amĂ©ricium provenant des dĂ©tecteurs de fumĂ©e, le thorium des manchons de lanternes Ă gaz, le radium de peintures phosphorescentes des (anciennes) horloges, et le tritium contenu dans certains viseurs pour arme Ă feu. Son rĂ©acteur se constitue d'un grand creuset en plomb, et il dĂ©pense mĂȘme 1 000 $ en batteries pour en extraire le lithium de celles-ci, afin de purifier les cendres de thorium avec un bec Bunsen.
Hahn se prĂ©sente comme un scientifique adulte, ou comme un professeur de lycĂ©e pour gagner la confiance de plusieurs professionnels avec qui il Ă©change des lettres â avec succĂšs, malgrĂ© des fautes d'orthographe et des erreurs Ă©videntes. Il espĂšre Ă terme pouvoir enrichir ses Ă©chantillons de thorium et d'uranium[4].
Bien que trĂšs loin de la masse critique, son rĂ©acteur nuclĂ©aire artisanal finit par Ă©mettre des niveaux de radioactivitĂ© dangereux (autour de mille fois le rayonnement de fond normal). AlarmĂ©, il commence Ă dĂ©manteler ses expĂ©riences, mais une rencontre fortuite avec la police amĂšne Ă la dĂ©couverte de ses activitĂ©s, et dĂ©clenche une urgence radiologique fĂ©dĂ©rale (« Federal Radiological Emergency Response »), impliquant le FBI et la Commission de rĂ©glementation nuclĂ©aire des Ătats-Unis.
Le , l'agence de protection de l'environnement amĂ©ricaine (EPA) dĂ©clare la propriĂ©tĂ© familiale des Hahn couverte par le Superfund, une loi fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine visant Ă nettoyer les sites souillĂ©s par des dĂ©chets dangereux. Le hangar de Hahn est dĂ©mantelĂ© et son contenu enterrĂ© en tant que dĂ©chets radioactifs de bas niveau, dans l'Utah. Mais sa mĂšre, craignant de perdre sa maison si l'Ă©tendue des radiations devait ĂȘtre connue, avait dĂ©jĂ commencĂ© Ă rĂ©cupĂ©rer la majoritĂ© des matĂ©riaux radioactifs collectĂ©s par son fils et les jeta parmi les dĂ©chets conventionnels.
Hahn refusa toute évaluation médicale de son exposition aux radiations.
CarriĂšre
David Hahn entre en dépression aprÚs le scandale, un problÚme exacerbé par sa rupture avec sa petite amie, ainsi que le suicide de sa mÚre en 1996[2]. Bien qu'il réussisse ses études au lycée, il n'a pas de plan pour la suite. Son pÚre et sa belle-mÚre l'encouragent d'abord à aller à l'université. Il débute une formation de métallurgiste, mais sÚche fréquemment les cours[2].
On l'encourage ensuite à entrer dans l'armée. Il s'engage alors dans la Navy, et est affecté sur le porte-avion nucléaire USS Enterprise en tant que matelot. AprÚs une mission de quatre ans, il obtient le rang de Spécialiste des communications intérieures[2].
David Hahn avait espĂ©rĂ© obtenir une carriĂšre de spĂ©cialiste nuclĂ©aire. Les scientifiques de l'Agence de protection de l'environnement pensent que son espĂ©rance de vie a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© largement rĂ©duite, du fait de son exposition aux radiations, particuliĂšrement en considĂ©ration son temps passĂ© dans son petit hangar, peu aĂ©rĂ©, avec des mesures de prĂ©caution minimales. Toutefois, Hahn ignorera leur recommandation de se faire examiner Ă la centrale nuclĂ©aire Enrico Fermi.
AprÚs la Navy, il s'engage dans le Corps des Marines et est mobilisé au Japon. AprÚs quelques années, il est démobilisé pour raisons médicales.
Vol de détecteurs de fumée
Le , David Hahn est accusé du vol à Clinton, dans la banlieue de Détroit, des détecteurs de fumée du hall de son immeuble, a priori dans le but d'en extraire de l'américium[5] - [6] - [7].
Sur sa photographie d'identitĂ© judiciaire, son visage est couvert de lĂ©sions, que les enquĂȘteurs ont attribuĂ© Ă son irradiation[8].
Lors de son audience à une cour de circuit, Hahn plaide coupable de l'accusation de tentative de vol. D'aprÚs les archives en ligne de la cour, les procureurs recommandent que sa condamnation se limite à son temps passé en détention provisoire, et à une hospitalisation de force. Il est condamné à 90 jours de prison, une peine différée de six mois le temps qu'il reçoive des soins médicaux à l'unité psychiatrique de la prison du comté de Macomb[9].
Mort
David Hahn meurt à l'ùge de 39 ans. Il vit alors dans le canton de Shelby dans le Michigan[1] - [10]. Depuis, son pÚre a confirmé que sa mort a été due à une intoxication alcoolique[11].
Dans la culture populaire
MĂ©diatisation initiale
à l'époque, l'incident reçut une maigre couverture médiatique, mais ceci changea aprÚs la parution d'un article de Ken Silverstein (en) dans le Harper's Magazine en 1998[3]. En 2004, Silverstein développa son récit de l'histoire dans un livre, The Radioactive Boy Scout. En 2016, il est fait mention d'un film basé sur le livre[12].
Personnes
En 1999, Justin Kasper et Fred Niell, étudiants en physique à l'Université de Chicago dans le cadre d'une chasse au trésor qui requerrait notamment « un surgénérateur construit dans un hangar » ont réussi à construire un réacteur nucléaire similaire, qui a produit des traces de plutonium.
Les expérimentations de Hahn ont fait des émules, particuliÚrement dans le cas de Taylor Wilson qui, à l'ùge de 14 ans, est devenu la plus jeune personne à faire de la fusion nucléaire.
Télévision
En 2003, un documentaire télévisé, The Nuclear Boyscout, est diffusé au Royaume-Uni sur Channel 4. Dans celui-ci, Hahn démontre certaines de ses méthodes devant l'objectif.
Dans l'épisode « Page Turner » de la série télévisée Les Experts : Manhattan, le personnage de Lawrence Wagner est inspiré de celui de David Hahn.
Dans l'épisode « Le réacteur nucléaire » de la série télévisée Young Sheldon, le personnage de Sheldon tente de fabriquer un réacteur nucléaire en extrayant de l'américium d'une centaine de détecteurs de fumée.
Dans l'épisode « L'Ennemi d'Homer » de la série d'animation Les Simpson, le personnage de Martin Prince fabrique un réacteur nucléaire fonctionnel.
Notes et références
- (en) « David Charles Hahn », sur tributes.com, .
- (en) Ken Silverstein, The radioactive boy scout : the true story of a boy and his backyard nuclear reactor, Random House, (ISBN 0-375-50351-X, 9780375503511 et 1415574774, OCLC 52386153, lire en ligne).
- (en) « The Radioactive Boy Scout », sur harpers.org, .
- Kean, Sam., The disappearing spoon : and other true tales of madness, love, and the history of the world from the periodic table of the elements, Little, Brown and Co, , 400 p. (ISBN 978-0-316-05164-4, 0316051640 et 9780316051637, OCLC 456551224, lire en ligne)
- (en) « The Weird Story Of The Swedish Man Who Tried To Build A Nuclear Reactor In His Kitchen », sur businessinsider.com, (consulté le )
- (en) « Man dubbed 'Radioactive Boy Scout' pleads guilty » [archive du ], sur web.archive.org, (consulté le )
- (en) « Man dubbed 'Radioactive Boy Scout' pleads guilty », sur freep.newspapers.com, (consulté le )
- (en) « 'Radioactive Boy Scout' Charged in Smoke Detector Theft », sur foxnews.com, (consulté le )
- (en) « 'Radioactive Boy Scout' Sentenced to 90 Days for Stealing Smoke Detectors », sur foxnews.com, (consulté le )
- (en) « David Hahn Obituary - Shelby Township, Michigan », sur legacy.com, (consulté le )
- (en) « Man who tried to build a homemade nuclear reactor didnât die of radiation poisoning », sur arstechnica.com, (consultĂ© le )
- (en) « âRadioactive Boy Scoutâ Movie About Real Teen Nuke Builder in the Works (Exclusive) », sur thewrap.com, (consultĂ© le )
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Ken Silverstein (en), The Radioactive Boy Scout: The Frightening True Story of a Whiz Kid and His Homemade Nuclear Reactor, Villard, , 240 p. (ISBN 0-8129-6660-0)
- Articles de presse
- (en) Ken Silverstein, « The Radioactive Boy Scout: When a teenager attempts to build a breeder reactor », Harper's Magazine,â .
- (en) Albert Ghiorso, « Pitfalls of self-guided science : Book review of "The Radioactive Boy Scout: The Frightening True Story of a Whiz Kid and His Homemade Nuclear Reactor" », Chemical and Engineering News,â , p. 36-37 (lire en ligne).
Articles connexes
- Gilbert U-238 Atomic Energy Laboratory (en), une mallette de « science amusante » (jeu éducatif) sortie en 1950, contenant un kit permettant aux enfants de créer et d'observer des réactions nucléaires et chimiques à l'aide de matiÚres radioactives.
Autres personnes avec des cas similaires :
- Richard Handl, un Suédois, connu pour ses tentatives de créer un réacteur nucléaire dans son appartement.
- Taylor Wilson, un physicien nucléaire américain qui devient, à l'ùge de 14 ans, la plus jeune personne à construire un mini-réacteur à fusion nucléaire.