Collège Calvin
Le Collège Calvin, qui porte ce nom depuis 1969, et qui a été fondé en 1559 sous le nom de Collège de Genève, est une école de maturité du canton de Genève situé au numéro 2 de la rue Théodore-de-Bèze dans la vieille-ville de Genève.
Fondation | 1559 |
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Type | École de maturité |
Composante | Département de l'instruction publique de la République et canton de Genève |
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Directrice | Dolorès Meyer |
Formation | Maturité gymnasiale et bilingue allemande |
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Ville | Genève-Cité |
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Pays | Suisse |
Site web | icp.ge.ch/po/calvin |
Coordonnées | 46° 12′ 03″ nord, 6° 09′ 05″ est | |||
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Contrairement à Bâle, où la première université de Suisse a encore été fondée avant la Réforme en 1460, Jean Calvin a choisi cent ans plus tard de fonder une école supérieure indépendante sans statut universitaire, ce qui aurait en effet supposé l'accord du pape à Rome, posant ainsi néanmoins la première pierre de ce qui est aujourd'hui la plus ancienne école de maturité de Suisse.
Fouilles archéologiques
La cour du Collège Calvin se situe dans la continuité de deux sites majeurs de l'extrémité orientale de la Cité, à savoir l'ancienne prison Saint-Antoine et l'esplanade du même nom. En 2008 déjà , un sondage creusé dans la partie ouest de la cour a révélé trois tombes, toutes datées des IVe et Ve siècles de notre ère. Ces inhumations font partie d'un cimetière établi sans doute vers la fin du IIIe siècle hors de l'enceinte de la ville antique. D'autres tombes avaient déjà été découvertes en 1841 dans ce secteur, de même que 24 amphores. En été 2014, une série de fosses a été creusée pour une plantation d'arbres. On a alors retrouvé les fondations d'un mur de la courtine qui reliait la porte Saint-Antoine et la tour Sain-Laurent. Un seul autre sondage, à l'est, a livré des couches archéologiques en place, avec du matériel céramique daté entre 120 et 70 av. J.-C. et remontant à la période de La Tène[1].
Histoire
En adhérant à la Réforme protestante, le 21 mai 1536, les Genevois décident de remodeler l'enseignement et de le rendre obligatoire et gratuit. Inspiré par l'exemple des écoles fondées par les Frères de la vie commune et par l'idéal humaniste incarné par Jean Sturm de Strasbourg, fondateur du réputé Gymnase Jean-Sturm à Strasbourg, et son ancien maître Mathurin Cordier, Jean Calvin voit la nécessité de transformer l'institution. C'est le 29 mai 1559 que sont promulguées les Leges Academiae Genevensis[2] (Ordre du Collège de Genève) qui donnent à Genève un établissement d'enseignement secondaire mais aussi une université. Le collège, dirigé par Théodore de Bèze, connaît alors un rapide succès et atteint 2000 élèves en 1566, deux ans après la mort de Calvin, alors que Genève ne compte encore que 15 000 habitants.
Jusqu'au XIXe siècle, le programme demeure pratiquement inchangé. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que les études s'ouvrent aux sciences. Nullement affecté par l'occupation française, le programme ne connaît de changements sensibles que dans les années 1830. Ainsi, l'enseignement des langues vivantes étrangères est introduit et l'on met fin à la pratique des châtiments corporels.
Avec l'introduction de la mixité en 1969, l'ancien Collège de Genève prend le nom de Collège Calvin et l'ancienne École supérieure de jeunes filles celui de Collège Voltaire.
Bâtiments
Fondation
En janvier 1558, les travaux démarrent sous la direction de Pernet Desfosses[3]. Deux mois plus tard, les travaux commencent et, dès le début du mois de novembre, les cours débutent dans le bâtiment central. Le porche de ce bâtiment présente la caractéristique d'une construction de style Renaissance présentant, dans ses ogives, une persistance de la tradition médiévale. Les clés de voûte portent pour leur part des inscriptions en hébreu, grec, français en allemand. Le bâtiment est totalement achevé durant l'année 1559.
En 1560, le Conseil de la République décide l'édification du bâtiment sud qui est confiée à Jehan Budé et Ami de Chasteauneuf. Il concentre toute l'attention car elle doit abriter les premières classes, les logements des lecteurs, l'appartement du principal et la bibliothèque placée dans les combles. Achevé en 1561, sa façade sur cour combine la brique et la pierre sur le modèle de l'architecture de l'époque pratiquée sur les bords de la Loire. Le bas-relief en marbre qui orne ce bâtiment serait quant à lui dû à un élève de Jean Goujon et serait sans doute originaire de France au regard de la couronne entourée de fleurs de lys placée au-dessus des armes de Genève.
Agrandissements, annexes et transformations
Plusieurs bâtiments viennent compléter ceux du XVIe siècle, dans l’environnement immédiat des bâtiments historiques. En 1837 un petit bâtiment d’un seul niveau donne une forme de « U » à l’ensemble. En 1841 et 1888, le bâtiment sud du collège est allongée. Un portique et une terrasse sont construits au long de la rue Théodore-de-Bèze, côté est, en 1863 et 1938. Des salles de cours sont ajoutées en 1822 et 1891, une annexe dès 1957.
Entre 1886 et 1888, le bâtiment central avec son escalier double est transformé sous la direction de l'architecte de la ville Louis Viollier[4] : un clocheton est ajouté, le plancher du premier étage est relevé (pour améliorer les classes du rez). Dans les années 1950, on considère que l'aspect général de ce bâtiment a été « faussé », il est décidé de lui redonner ses proportions du XVIe siècle. En 1959, sous la direction de l’architecte Marcel Bonnard, l’antique lucarne remplace le clocheton, les escaliers sont refaits, la molasse du parapet est remplacée par de la pierre de Morlaix, les linteaux sont abaissés et l’avant-toit retrouve son aspect original[5].
Dans les années 1970, autant le Collège Calvin que son voisin le Palais de justice sont à l’étroit. Un projet adopté par le Conseil d’État en 1975 propose de détruire l’ancienne prison de Saint-Antoine et d’y construire un bâtiment destiné à l’enseignement (pour 2 000 m2) et aux activités judiciaires. La commission parlementaire de l’enseignement et de l’éducation constate « l’exiguïté des salles et lieux, mal équipés, trop chauds ou trop froids, exposés au bruit de la rue (…), au va-et-vient des élèves, à l’étroitesse de la cafeteria, de l’infirmerie, de la salle de musique, de la discothèque, de la salle d’activités créatrices. L’absence de salle de travail pour les maîtres et pour les élèves, (…) surtout d’une aula, telle qu’en possèdent tous les autres collèges »[6]. Le bâtiment de la prison de Saint-Antoine sera finalement conservé.
L’école des Casemates, située de l’autre côté du boulevard Émile-Jacques-Dalcroze (dans le prolongement du Musée d’art et d’histoire) est alors une annexe permettant à 350 élèves de suivre des cours. Ce bâtiment doit être restitué à la Ville de Genève en 1988. Le État de Genève construit en 1984-1987 un grand bâtiment pour un coût de 42 millions de francs, à l’angle de la rue Ferdinand-Hodler et du boulevard Émile-Jacques-Dalcroze[7], là où se trouvaient le bâtiment des objets trouvés, l’ancienne salle de gymnastique, l’immeuble des pompiers et un « baraquement »[8]. Il accueille des locaux pour l’enseignement des sciences, des laboratoires, des ateliers d’art visuel, trois salles de gymnastique avec leurs locaux annexes. On y trouve aussi le centre informatique cantonal de l’enseignement secondaire et des locaux administratifs[9].
En 1990 est réalisée une aula, aussi utilisée comme salle de spectacles, nommée « Salle Frank Martin »[10].
Les bâtiments historiques et la cour sont rénovés de 2008 à 2015. Les façades ont été colmatées et le crépi refait, les fenêtres réparées et quelques pierres remplacées. Les tuiles ont été remplacées (en conservant leurs formes et couleurs d’origine) et le maître d’ouvrage a découvert que la charpente de 1559 était en très bon état[11]. Ces travaux ont été conduits par l'architecte Yves Omarini et ont été récompensés par Patrimoine Suisse Genève en juin 2018, dans le cadre de l’Année européenne du patrimoine culturel. Le conseiller aux États Robert Cramer a dit son admiration pour ce bâtiment exceptionnel : « C’est de là que s’est construite la Rome protestante, son élite. Ce sont également les prémices de l’école gratuite, celle qui sera, bien plus tard, ouverte à tous »[12].
- Façade du bâtiment sud.
- Façade du bâtiment central.
- Porche du bâtiment central.
- Plan du collège.
- Salle Frank Martin.
Élèves célèbres
Parmi les élèves ayant fréquenté le collège, on notera :
- François d'Ivernois (1757-1842), avocat, auteur (essayiste) et personnalité politique suisse [13];
- Rodolphe Töpffer (1799-1846), pédagogue, écrivain, politicien et auteur de bande dessinée suisse, considéré comme le créateur et le premier théoricien de cet art ;
- Gustave Moynier (1826-1910), juriste suisse et fondateur de l'Institut de droit international ;
- Henry Dunant (1828-1910), homme d'affaires, humaniste suisse et fondateur du Comité international de la Croix-Rouge ;
- Augustus Desiré Waller (1856-1922), médecin physiologiste britannique, fils de l'anatomiste Augustus Volney Waller ;
- Ferdinand de Saussure (1857-1913), linguiste suisse ;
- Michel Simon (1885-1975), acteur ;
- Hector Hodler (1887-1920) , fils du peintre Ferdinand Hodler, pacifiste suisse fondateur de l'Association mondiale d'espéranto ;
- Edmond Privat (1889-1962), journaliste, écrivain et pacifiste suisse, espérantiste ;
- Friedrich Glauser (1898-1936), auteur de romans policiers ;
- Jorge Luis Borges (1899-1986), écrivain argentin de prose et de poésie ;
- Marcel Junod (1904-1961) , médecin suisse délégué de la Croix-Rouge actif entre autres à Hiroshima en 1945 ;
- Jean Starobinski (1920-2019), historien des idées, théoricien de la littérature et médecin psychiatre suisse ;
- Jean-Claude Fontanet (1925-2009), romancier suisse de langue française [N 1] ;
- Nicolas Bouvier (1929-1998), Ă©crivain, photographe, iconographe, voyageur suisse connu pour son livre l'usage du monde
- Baudouin (1930-1993), cinquième roi des Belges de 1951 à 1993 ;
- Albert II (1934- ), sixième roi des Belges de 1993 à 2013 ;
- Pierre de Senarclens (1942- ), professeur honoraire de relations internationales à l’université de Lausanne, vice-président de la Croix-Rouge suisse, directeur de la division des droits de l’homme et de la paix à l’UNESCO et un des fondateurs de l'Organisation mondiale contre la torture.
Notes et références
Notes
- Il est l'auteur de La mascogne ou le péché mignon du collégien. Le romancier y relate notamment ses souvenirs de tricheries au Collège Calvin.
Références
- Anne de Weck, « La cour du collège Calvin et ses environs », Archéologie genevoise 2014-2015 (Patrimoine et architecture, Série archéologie n° 3), Office du patrimoine et des sites, Genève, février 2017, pp. 37-41.
- Leges Academiae Genevensis. ; Genevae : Rob. Stephanus, 1559. (OCLC 69016309)
- Isabelle Brunier, « Pernet Desfosses » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Laurence Naef, « On a ouvert le Collège Calvin comme un livre d’histoire », Tribune de Genève,‎ .
- « Le corps central du collège retrouve l'aspect qu’il avait au XVIe siècle », Journal de Genève,‎ , p. 5 (lire en ligne, consulté le )
- Jean Troesch, « Le partage du terrain de la prison entre le Collège Calvin et le Palais de justice », Journal de Genève,‎ , p. 10 (lire en ligne, consulté le ). Déjà en 1955, il était envisagé d’agrandir le collège aux dépens de la prison (Journal de Genève du 26 mars 1955, p. 10).
- « Première pierre des nouveaux bâtiments du Collège », Journal de Genève,‎ , p. 17 (lire en ligne, consulté le )
- Nicolas Burgy, « Séance d’information sur Saint-Antoine », Journal de Genève,‎ , p. 23 (lire en ligne, consulté le )
- « Collège Calvin : Construction et intégration d’un bâtiment public à Genève », sur www.a-concept.ch, ass architectes associés sa (consulté le ).
- « Nouvelle salle de spectacles en ville : Salle Frank Martin », Journal de Genève,‎ , p. 19 (lire en ligne, consulté le ).
- Aurélie Toninato, « Le Collège Calvin renaît après six ans de travaux », Tribune de Genève,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Éric Budry, « La restauration du collège Calvin récompensée d'un clou rouge », Tribune de Genève,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Otto Karmin, Sir Francis d'Ivernois, 1757-1842 : sa vie, son œuvre et son temps (précédé d'une notice sur son père, François-Henri d'Ivernois et sur la situation politique à Genève, 1748-1768), Genève, Revue historique de la révolution française et de l'empire, , 730 p. (lire en ligne), p. 38-39.
Voir aussi
Bibliographie
- Charles Borgeaud, Une visite de Napoléon Bonaparte au Collège de Calvin. 22 novembre 1797., éd. Imprimerie du Journal de Genève, Genève, 1905 (OCLC 78023928)
- Adolphe Ferrière, Le collège de l'avenir. Tableau utopique du Collège de Calvin en l'an de grâce 1930, éd. Richter, Genève, 1919 (OCLC 46838642)
- Jean-Claude Frachebourg, Quatrième centenaire de la mort de Jean Calvin, fondateur du Collège de Genève, éd. Département de l'Instruction publique, Genève, 1964 (OCLC 79797957)
- Robert Moritz, Reconstitution et restauration des sculptures et inscriptions du péristyle du Collège de Calvin à Genève., éd. F. Rouge & Cie, Lausanne, 1904 (OCLC 80213019)
- Lanfranco de Lirac, L'auteur de l'inscription « Ob memoriam illius Perini, Quis cani dedit nomen Calvini », éd. Abis, Lugano, 2003
Liens internes
- Jean Calvin
- Théodore de Bèze
- Université de Genève
- École de Genève (homonymie)
- École de maturité en Suisse
Liens externes
- Site du collège
- Olivier Fatio et Jean-Pierre Gavillet, « Du Collège de Genève au collège Calvin », Département de l'instruction publique (consulté le )
- François Lombard, « Le collège Calvin », Université de Genève (consulté le )