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Chronologie des femmes en littérature francophone

XIIe siècle

Marie de France écrit entre 1167 et 1189 les Fables, une traduction de l'Isopet qui aurait appartenu au roi Alfred Le Grand[1].

XIVe siècle

Christine de Pisan et son fils.
Christine de Pisan et son fils.

Christine de Pizan est considérée comme la première femme de lettres de langue française ayant vécu de sa plume. Son érudition la distingue des écrivains de son époque, hommes ou femmes. Veuve et démunie, elle dut gagner sa vie en écrivant. On lui doit, entre autres, Cent ballades d'amant et de dame et La Cité des dames. Son travail majeur est accompli entre 1400 et 1418.

XVIe siècle

Louise Labé

XVIIe siècle

Madame de La Fayette publie La Princesse de Montpensier anonymement en 1662, puis Zaïde en 1669 sous la signature de Segrais, homme de lettres de l’époque et La Princesse de Clèves en 1678.

XVIIIe siècle

Marie-Anne Robert écrivaine féministe française[2]est l'une des premières du genre de la science-fiction féministe : elle publie en 1765 le roman Voyage de Milord Céton dans les Sept Planèttes est considéré comme un des premiers romans de science-fiction féministe[3] - [4].

Anne Germaine de Stael

Germaine de Staël[5] - [6], issue d'une famille de protestants valdo-genevois[7] richissimes affirme sa réputation littéraire et intellectuelle grâce à trois essais philosophiques que sont les Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau (1788), De l'influence des passions sur le bonheur de l'individu et des nations (1796) et De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800)[alpha 1]. Favorable à la Révolution française et à une monarchie constitutionnelle, elle est interdite de séjour sur le sol français par Napoléon Bonaparte et s'installe en Suisse dans le château familial de Coppet qui sert de lieu principal de rencontres au groupe du même nom, et d'où elle fait paraître Delphine (1802), Corinne ou l'Italie (1807) et De l'Allemagne (1810/1813). Ce livre popularise en France les œuvres des auteurs de langue allemande et ouvre la voie au romantisme français[8].

XIXe siècle

Plusieurs femmes tiennent salon dont Madame Arman de Caillavet, Juliette Adam, Marie-Laure de Noailles ou Lucie Delarue-Mardrus[9].

D'origine russe née à Saint-Pétersbourg, La comtesse de Ségur devient connue à partir des années 1850 grâce à ses romans qui racontent les épreuves et les bourdes de Sophie, victime d'une marâtre, Madame Fichini, alors que ses cousines (et amies) sont à la fois raisonnables et pourvues d'une mère aimante : Les Malheurs de Sophie, Les Petites Filles modèles et Les Vacances.

Marceline Desbordes-Valmore

George Sand

XXe siècle

Années 1900

Jury prix vie heureuse 1904
Jury prix vie heureuse 1904

Création en 1904 du prix Vie heureuse qui deviendra le prix Femina par vingt-deux collaboratrices du magazine La Vie heureuse, afin de constituer une contre-proposition au prix Goncourt, jugé misogyne en raison notamment de son attribution. Le prix, attribué chaque année par un jury exclusivement féminin, récompense une œuvre de langue française écrite en prose ou en vers[10] - [11]. Myriam Harry en est la première récipiendaire pour La Conquête de Jérusalem

André Corthis reçoit le prix Femina en 1906 pour Gemmes et Moires.

Années 1910

Judith Gautier
Judith Gautier

Judith Gautier est en 1910 la première femme à entrer à l'Académie Goncourt[12]. Marguerite Audoux publie la même année Marie-Claire, roman prolétaire qui connaît un triomphe et reçoit le prix Fémina. Il donne son nom au magazine féminin Marie Claire créé en 1937[13].

Neel Doff publieen 1911 Jours de famine et de détresse, premier d'une série de romans et de récits autobiographiques qui constituent une fresque de la vie populaire à la fin du XIXe siècle[14].

Camille Marbo est lauréate du Prix Femina en 1913 pour son premier roman la Statue voilée[15].

Louise Weiss, journaliste et femme de lettres, fonde en 1918 la revue L'Europe Nouvelle, dont elle devient la rédactrice en chef en 1920[16].

Années 1930

Camille Marbo devient en 1937 la première femme présidente de la Société des gens de lettres, association française de promotion du droit et de défense des intérêts des auteurs[15].

Années 1940

En 1945, Jeanne Loviton, sous le pseudonyme de Jean Violier succède à Robert Denoël à la direction des éditions Denoël. Elle vend l'année suivante la maison d’édition à Gallimard[9]. Elsa Triolet est la première femme a recevoir le prix Goncourt pour son recueil de nouvelles Le premier accroc coûte deux cents francs[17] - [18]. En décembre, Anne-Marie Monnet remporte le prix Fémina pour son roman Le Chemin du soleil, décrivant la vie des paysans de Savoie[19].

Simone de Beauvoir publie en 1949 Le Deuxième Sexe, qui expose sur le plan théorique la condition féminine[9] - [20].

Années 1950

En 1953, Anne Desclos, dite Dominique Aury, devient secrétaire générale de La Nouvelle Revue française[21].

Nathalie Sarraute publie L'Ère du soupçon en 1956. Ce recueil de quatre essais sur la littérature récuse les conventions traditionnelles du roman. Elle devient l'une des figures du courant du Nouveau Roman[9].

Marguerite Duras remporte le Prix de Mai 1958 pour Moderato cantabile[22].

Années 1960

Pionnière de l'histoire des femmes, Édith Thomas publie en 1963 Les « Pétroleuses », où elle raconte l'histoire de femmes accusées à tort d'avoir été des incendiaires pendant la Commune de Paris. Il obtient en 1964 le Prix Fémina Vacaresco[23]. Elle prépare une biographie de Louise Michel, publiée à titre posthume en mars 1971[24] - [25].

Années 1970

Dominique Aury devient membre du Conseil supérieur des Lettres en 1974[21].

1975, la sage-femme et femme politique malienne, Aoua Keïta publie Femme d’Afrique. La vie d’Aoua Keïta racontée par elle-même et devient l'année suivante la première femme à remporter le Grand prix littéraire d'Afrique noire[26].

Parution en 1978 de La Parole aux négresses d'Awa Thiam et préfacé par Benoîte Groult. C'est un livre fondateur du féminisme africain francophone, précurseur de l'intersectionnalité en exposant la spécificité du féminisme des femmes noires dans le mouvement féministe d'un point de vue francophone. Il est composé d'entretiens donnant la paroles aux femmes noires concernées[27].

En 1979, Mariama Bâ publie Une si longue lettre aux Nouvelles Éditions Africaines à Dakar où elle traite de la société sénégalaise et plus largement de l’émancipation féminine. Prix Noma de publication en Afrique en 1980, il devient, plus de quarante ans plus tard, le roman épistolaire le plus célèbre du continent africain[28].

La Grève des bàttu, roman d'Aminata Sow Fall acquiert une reconnaissance internationale. Grand prix littéraire d'Afrique noire en 1980, il est adapté au cinéma pour le film intitulé Bàttu, réalisé par le cinéaste malien Cheick Oumar Sissoko et sorti en 2000[29].

  • Aoua Keïta
    Aoua Keïta
  • Awa Thiam
    Awa Thiam
  • Mariama Bâ
    Mariama Bâ
  • Aminata Sow Fall
    Aminata Sow Fall

Années 1980

Marguerite Yourcenar
Marguerite Yourcenar

Le 6 mars 1980, Marguerite Yourcenar est la première femme élue membre de l'Académie française[30].

Marguerite Duras remporte le Prix Goncourt 1984 pour L'Amant.

Médiathèque Marguerite Duras, Paris

Monique Blin cofonde avec Pierre Debauche en 1984 à Limoges le Festival des Francophonies, festival de création théâtrale international. Elle en est la directrice jusqu'en 1999[31].

Années 1990

Virginie Despentes publie son roman Les Jolies Choses chez Grasset en 1998. Elle obtient le Prix de Flore en 1998 et le Prix Saint-Valentin en 1999[32].

XXIe siècle

Années 2000

Marie NDiaye remporte le prix Femina en 2001 pour Rosie Carpe et le prix Goncourt en 2009 pour Trois Femmes puissantes.

En 2006 Virginie Despentes publie King Kong Théorie.

Années 2010

Leïla Slimani obtient le prix Goncourt en 2016 pour son deuxième roman Chanson douce qui sera ensuite adapté au théâtre[33] - [34].

Années 2020

Annie Ernaux
Annie Ernaux

Annie Ernaux, autrice notamment de Les Armoires vides et La Place, reçoit le prix Nobel de littérature en 2022 pour l'ensemble de sa carrière. Elle est la première femme francophone à être récompensée[35].

Notes et références

Notes

  1. Dans l'essai De la littérature…, elle présente Ossian comme « l'Homère du Nord ».

Références

  1. Journal des demoiselles, Bureau du journal, (lire en ligne)
  2. « Quand les élèves révèlent des autrices », sur Le café pédagogique (consulté le )
  3. « Wayback Machine », sur web.archive.org, (consulté le )
  4. (en) Erica Harth, Cartesian Women: Versions and Subversions of Rational Discourse in the Old Regime, Cornell University Press, (ISBN 978-1-5017-2174-8, lire en ligne)
  5. Staël, Germaine de dans le Dictionnaire historique de la Suisse.
  6. Notice sur larousse.fr.
  7. Etienne Hofmann, « Staël, Germaine (de) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  8. Gustave Lanson, « Histoire de la Littérature française », op. cit., p. 875.
  9. Michèle Touret, « Où sont-elles ? Que font-elles ? La place des femmes dans l’histoire littéraire. Un point de vue de vingtiémiste », Fabula-LhT : littérature, histoire, théorie, no 7, (DOI 10.58282/lht.185, lire en ligne, consulté le )
  10. Alisonne Sinard, « Contre un Goncourt misogyne : le Femina, un prix tour à tour militant, volcanique et collabo », sur France Culture, (consulté le )
  11. « Discours pour les 100 ans du Femina », sur www2.culture.gouv.fr (consulté le )
  12. Judith Gautier
  13. Claire Bouchard, « Marguerite Audoux, écrivaine du terroir », sur Libération (consulté le )
  14. « Neel Doff, 1858 - 1942 », sur Objectif plumes, Le portail des littératures belges (consulté le )
  15. « « Camille Marbo » », Nouveau Dictionnaire national des contemporains, vol. 1, , p. 579
  16. Evelyne Winkler, Louise Weiss : une journaliste - voyageuse, au coeur de la construction européenne, (ISBN 978-2-14-004018-4 et 2-14-004018-X, OCLC 1001324642, lire en ligne)
  17. « Leïla Slimani est la douzième femme à obtenir le prix Goncourt », sur Madame Figaro, (consulté le )
  18. « Hors-série. Le feu d'Elsa Triolet : à la découverte d’une célèbre inconnue », sur L'Humanité, (consulté le )
  19. « Anne-Marie Monnet : "J'ai écrit dans la solitude complète, dans les montagnes, l'hiver" : épisode 3/9 du podcast La Nuit des Prix Littéraires », sur France Culture (consulté le )
  20. Encyclopædia Universalis, « LE DEUXIÈME SEXE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  21. Éditions Larousse, « Anne Desclos dite Dominique Aury - LAROUSSE », sur www.larousse.fr (consulté le )
  22. Prix décerné à la librairie la Hune par un jury composé notamment de Roland Barthes, Georges Bataille, Maurice Nadeau, Louis-René des Forêts, Nathalie Sarraute et Alain Robbe-Grillet (sources : Laure Adler, Marguerite Duras, Gallimard, 1998, p. 325).
  23. « Les « Pétroleuses » - Folio histoire - Folio - GALLIMARD - Site Gallimard », sur www.gallimard.fr (consulté le )
  24. « Louise Michel ou La Velléda de l'anarchie - Leurs Figures - GALLIMARD - Site Gallimard », sur www.gallimard.fr (consulté le )
  25. Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique
  26. « Aoua Keïta biography | Femmes », sur fr.unesco.org (consulté le )
  27. « "La Parole aux négresses" de Awa Thiam, livre fondateur du féminisme africain », sur TV5MONDE, (consulté le )
  28. « « Une si longue lettre », un récit-manifeste sur la condition féminine au Sénégal », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  29. « Aminata Sow Fall : « On obtient plus de résultats quand on apprend aux femmes à se battre » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  30. « Les grandes dates | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le )
  31. « Décès de Monique Blin, légendaire cofondatrice des Francophonies à Limoges », sur RFI, (consulté le )
  32. « Elle obtient alors la reconnaissance du monde littéraire grâce à Les Jolies Choses (1998), qui décroche le Prix de Flore et le prix Saint-Valentin. » : critique et portrait de l'auteur sur Bloc.com
  33. « Le prix Goncourt attribué à Leïla Slimani pour "Chanson douce" », sur Franceinfo, (consulté le )
  34. « « Chanson douce », le roman glaçant de Leïla Slimani, adapté au théâtre », sur TV5MONDE Culture (consulté le )
  35. « Le prix Nobel de littérature 2022 attribué à l’écrivaine française Annie Ernaux », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
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