Jean Voilier
Jean Voilier, de son vrai nom Jeanne Loviton, née le à Paris et morte le dans cette même ville, est une éditrice et romancière française.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 93 ans) Paris (8e arrondissement de Paris) |
Nom de naissance |
Jeanne Louise Anne Elisabeth Pouchard |
Pseudonyme |
Jean Voilier |
Nationalité | |
Domiciles |
Rue du Val-de-Grâce (à partir de ), château de Béduer |
Formation | |
Activités | |
Père |
Biographie
Jeanne Loviton est née le à Paris, de père inconnu[1]. Sa mère est une artiste connue sous le nom de Denise Fleury : cette dernière épouse en 1913 l'éditeur Ferdinand Loviton qui reconnaît sa belle-fille Jeanne la même année[2]. Jeanne Loviton suit des études secondaires au lycée Fénelon et au Collège Notre-Dame de Sion. Après avoir passé son baccalauréat[2] elle est licenciée en droit le [3].
Elle obtient une carte d'avocat-stagiaire le ; Maurice Garçon l'engage comme secrétaire durant environ une année. Elle n'exerce pas cette profession.
Elle épouse à 24 ans l'écrivain Pierre Frondaie, dont elle divorce en 1936. C'est à cette époque qu'elle commence ses activités de journaliste et publie sous le pseudonyme de Jean Voilier. Son premier roman, Beauté raison majeure, est publié en 1936 aux éditions Émile-Paul frères[4]. Elle publie ensuite plusieurs autres romans : Jours de lumière en 1940 (J. Ferenczi et fils)[5], Ville ouverte en 1942 (Émile-Paul frères)[6] et Les Manèges en 1989 (Belfond-jeunesse)[7].
Jeanne Loviton acquiert en 1939 le château de Béduer, dans le Lot, dont elle reste propriétaire jusqu'en 1985[8].
Elle meurt à Paris le . Elle est inhumée au cimetière Notre-Dame de Versailles, où sa tombe (Loviton) porte simplement son prénom : Jeanne.
Vie privée
Jeanne Loviton est aussi connue comme une grande séductrice du milieu littéraire français : on compte parmi ses amants Jean Giraudoux, Saint-John Perse, Curzio Malaparte, Paul Valéry — qui la surnommait Héra — Émile Henriot, Robert Denoël, Pierre Roland-Lévy[9], mais aussi la féministe Yvonne Dornès.
« Elle a été le dernier personnage romanesque de ce temps. (François Mauriac) »
L'assassinat de Robert Denoël
Le , sur l'esplanade des Invalides à Paris, l'éditeur Robert Denoël — qui devait comparaître en justice pour faits de collaboration la semaine suivante — est mystérieusement assassiné d'une balle dans le dos.
Alors qu'il se rendait au théâtre dans sa Peugeot 302 noire en compagnie de Jeanne Loviton, un des pneus de la voiture aurait crevé. Le meurtre a été commis pendant qu'il aurait été en train de changer la roue, et que sa compagne se soit éloignée afin d'appeler un taxi. L'assassin ne fut jamais retrouvé et l'affaire non élucidée fut classée.
Interrogée comme témoin principal, ce qui excluait l'assistance d'un avocat, Jeanne Loviton fut suspectée du meurtre car son témoignage comportait des confusions. Cécile Denoël, la femme de l'éditeur, l'accusa ouvertement, de même que Céline, de son exil danois, qui en fit « la figure la plus insultée de toute la comédie célinienne[10] ».
Denoël avait des projets de remariage avec celle qu'il avait placée comme actionnaire principale de sa maison d'édition ; et, de fait, Jeanne Loviton lui succéda à la direction des éditions Denoël. Elle cédera moins d'un an plus tard 90 % des parts à Gaston Gallimard, le rival de Robert Denoël, mais la vente ne fut officialisée qu'en 1951[11].
Elle vécut entre autres 11, rue de l'Assomption à Passy (Paris XVIème), dans un hôtel particulier acquis avec son père Fernand en 1936, "tanière romantique" créée par Madeleine Castaing dans cette ancienne dépendance du château de la Thuilerie sous Louis XVI ; son mobilier, conservé après la vente de cette propriété par sa fille adoptive Mireille Fellous-Loviton, fut mis en vente par celle-ci en 2015 (cf. catalogue de la vente Piasa du 9/12/2015).
Les « archives Valéry »
Jeanne Loviton a conservé de sa relation avec Paul Valéry ce que l'on a appelé les « archives Valéry »; c'est pourquoi, lorsqu'elle confia la décoration intérieure de sa maison de Senneville (Guerville, Yvelines) à Madeleine Castaing, étant ensuite en litige avec elle, elle évita d'aller demander une estimation de ses « archives » à son fils, l'expert Michel Castaing.
Ĺ’uvres
- Beauté raison majeure, 1936
- Jours de lumière, 1940
- Ville ouverte, 1942
- Les Manèges, 1989
Iconographie
Une photographie de Jeanne Loviton publiée sur le site Robert Denoel, éditeur[12] a été reproduite dans le bulletin n° 31 () de l'association Mémoire de l'abbé Lemire, à la suite de la publication d'un article relatif à celle-ci.
Références
- Elisabeth Roudinesco, « Célia Bertin (1920-2014), résistante, romancière, journaliste et biographe », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Jacques De Decker, « Paul Valéry est-il mort d’amour ? », Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique,‎ , p. 82 (lire en ligne)
- « Notices biographiques - Loviton Jeanne », sur thyssens.com (consulté le ).
- Voilier, Jean (1903-1996). Auteur du texte et Voilier, Jean (1903-1996), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )
- Voilier, Jean (1903-1996). Auteur du texte et Voilier, Jean (1903-1996), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )
- Voilier, Jean (1903-1996). Auteur du texte et Voilier, Jean (1903-1996), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )
- Voilier, Jean (1903-1996). Auteur du texte et Voilier, Jean (1903-1996), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr, (consulté le )
- « Histoire | Chateau De Beduer », sur chateaudebeduer.com (consulté le )
- Pierre Assouline, « Une don juan », Le Nouvel Observateur du 31 juillet 2008, page 69.
- Jérôme Dupuis, « Croqueuses d'écrivains », L'Express du 26 février 2008.
- Arch. Imec, en ligne.
- Voir sur thyssens.com.
Voir aussi
Bibliographie
- Paul Valéry secret. Correspondance inédite adressée de 1937 à 1945 à Madame Jean Voilier Catalogue de la vente à Monte-Carlo le 2 octobre 1982.
- A. Louise Staman, Assassinat d’un éditeur à la Libération. Robert Denoël (1902-1945) (Paris, Éditions e-dite, 2005);
- Célia Bertin, Portrait d'une femme romanesque (Éditions de Fallois, 2008);
- Jean Clausel, Cherche mère désespérément (Rocher, 2008 Un chapitre sur « Madame V. ».
- Paul Valéry, Corona & Coronilla, poèmes à Jean Voilier, en postface : « L’histoire de Corona » par Bernard de Fallois (Éditions de Fallois, 2008)
- Carlton Lake, Confessions of a literary archeologist, 1990, traduit en français sous le titre Chers papiers - Mémoires d'un archéologue littéraire, Seghers, 1991, pp. 230 à 273 L'auteur mentionne la vente publique d'un partie des « archives Valéry » de Loviton, dont le carnet des premiers brouillons de Charmes (datés de 1917 et 1920), à l'Hôtel Drouot en février 1979, en trois lots qui furent acquis par un admirateur suisse de l'écrivain. Finalement, 113 lots d'ouvrages et d'essais en éditions originales provenant de la bibliothèque Loviton furent vendus aux enchères à Paris le 16 décembre 2015.
- Dominique Bona, Je suis fou de toi. Le grand amour de Paul Valéry (Grasset, 2014)
- Catalogue de la vente aux enchères publiques de "Bijoux, Tableaux et Dessins, Mobilier, Objets d'art" par Piasa à Paris le 9/12/2015
(pp 175 à 345 - reprod. d'une photographie de la façade sur jardin de la maison de J.Loviton).
Filmographie
- 2011 : Les Livres qui tuent, de Denys Granier-Deferre : joué par Cécile Camp