AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Chlorure de gadolinium(III)

Le chlorure de gadolinium(III), Ă©galement connu sous le nom de trichlorure de gadolinium, a pour formule brute GdCl3. Il se prĂ©sente sous la forme d'un solide incolore, hygroscopique et soluble dans l'eau. On le trouve communĂ©ment sous sa forme hexahydratĂ©e GdCl3∙6H2O, Ă©galement nommĂ©e trichlorure de gadolinium. L'intĂ©rĂȘt particulier que l'on porte Ă  cet Ă©lĂ©ment chimique provient du fait que son ion Gd3+ possĂšde le nombre maximal de spins non appariĂ©s parmi les espĂšces connues Ă  ce jour. En effet, il possĂšde sept Ă©lectrons de valence et ses sept orbitales f sont disponibles, d'oĂč la possibilitĂ© pour tous ces Ă©lectrons d'occuper seuls une orbitale en Ă©tant non appariĂ©s. La forte symĂ©trie et le magnĂ©tisme important de cet ion Gd3+ en font un produit trĂšs utile pour des caractĂ©risations en RMN et en IRM.

Chlorure de gadolinium(III)
Image illustrative de l’article Chlorure de gadolinium(III)
Identification
No CAS 10138-52-0
No ECHA 100.030.338
PubChem 61486
ChEBI 37288
SMILES
InChI
Apparence solide incolore, hygroscopique
Propriétés chimiques
Formule Cl3GdGdCl3
Masse molaire[1] 263,61 ± 0,04 g/mol
Cl 40,35 %, Gd 59,65 %,
Propriétés physiques
T° fusion 609 °C
T° Ă©bullition 1 580 °C
Solubilité soluble dans l'eau

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Préparation

GdCl3 est prĂ©parĂ© conventionnellement en phase solide Ă  partir de chlorure d'ammonium, ce qui implique la synthĂšse prĂ©alable de (NH4)2GdCl5. Ce composĂ© peut ĂȘtre prĂ©parĂ© Ă  partir d'oxyde de gadolinium Gd2O3, Ă  une tempĂ©rature de 230 °C[2] :

10 NH4Cl + Gd2O3 → 2 (NH4)2[GdCl5] + 6 NH3 + 3 H2O

ou bien à partir d'oxyde de gadolinium hexahydraté :

4 NH4Cl + 2 GdCl3∙6H2O → 2 (NH4)2[GdCl5] + 12 H2O

ou encore à partir du gadolinium métallique :

10 NH4Cl + 2 Gd → 2 (NH4)2[GdCl5] + 6 NH3 + 3 H2

au cours d'une seconde étape, le pentachlorogadolinate d'ammonium se décompose à 300 °C :

(NH4)2[GdCl5] → GdCl3 + 2 NH4Cl

La réaction de pyrolyse passe par l'intermédiaire NH4[Gd2Cl7].

La premiÚre voie évoquée, passant par le chlorure d'ammonium, est la plus répandue et la moins onéreuse. Une variante pour la synthÚse de GdCl3 à partir du solide métallique Gd consiste à se placer à une température de 300 °C et à balayer le métal d'un flux de chlorure d'hydrogÚne HCl[3].

Gd + 3 HCl → GdCl3 + 3⁄2 H2

Le composĂ© hexahydratĂ© GdCl3∙6H2O est, quant Ă  lui, prĂ©parĂ© Ă  partir de l'oxyde de gadolinium et d'acide chlorhydrique concentrĂ©[4].

Structure

GdCl3 cristallise dans un rĂ©seau hexagonal du type UCl3, de maniĂšre analoque Ă  d'autres trichlorures de lanthanides, comme ceux du lanthane, du cĂ©rium, du prasĂ©odyme, du nĂ©odyme, du promĂ©thium, du samarium et de l'europium[5]. Les trichlorures suivants cristallisent dans un motif de type YCl3 : DyCl3, HoCl3, ErCl3, TmCl3, YdCl3, LuCl3. Ainsi, le gadolinium est un Ă©lĂ©ment charniĂšre en termes d'arrangement cristallin dans la famille des lanthanides. Cette position particuliĂšre d'Ă©lĂ©ment central de la sixiĂšme pĂ©riode est renforcĂ©e par la singularitĂ© de ses propriĂ©tĂ©s de spin. Le cristal UCl3 prĂ©sente neuf sites de coordination, organisĂ©s en une sphĂšre de coordination prismatique occupĂ©e par trois sites trigonaux. Dans le chlorure de gadolinium(III) hexahydratĂ© GdCl3∙6H2O, ainsi qu'au sein des chlorures et bromures de lanthanides plus petits mentionnĂ©s plus haut, c'est cette structure qui rĂ©git la disposition des molĂ©cules d'eau et des anions Cl− autour des cations mĂ©talliques.

Propriétés, applications à l'IRM

Les sels de gadolinium sont des composĂ©s d'intĂ©rĂȘt pour la composition d'agents de relaxation en imagerie par rĂ©sonance magnĂ©tique (IRM). Cette technique exploite lĂ  encore le fait que l'ion Gd3+ soit dotĂ© d'une configuration Ă©lectronique f7. PossĂ©dant le nombre maximal de spins parallĂšles possible, cette espĂšce entre donc dans la formulation de complexes hautement paramagnĂ©tiques[6]. Ces propriĂ©tĂ©s magnĂ©tiques accrues sont la clef d'un contraste et d'une sensibilitĂ© Ă©levĂ©s, lesquels sont mis Ă  profit dans les techniques de scintigraphie au gadolinium. Afin de gĂ©nĂ©rer ce type d'agents de relaxation, GdCl3∙6H2O est converti en complexes de coordination de Gd3+ qui soient biocompatibles. En effet, GdCl3∙6H2O n'est pas utilisable en tant que tel dans une expĂ©rience d'IRM du fait de sa trop faible solubilitĂ© en milieu aqueux au pH physiologique, lequel est proche de la neutralitĂ©[7]. Le gadolinium triplement oxydĂ© sous sa forme libre, i.e. simplement complexĂ©, peut s'avĂ©rer toxique. En effet, il peut entrer en compĂ©tition avec le calcium dans certains processus mĂ©taboliques tels la respiration, les battements cardiaques, ou encore les contractions musculaires. C'est pourquoi, lorsque l'on doit l'utiliser Ă  des fins mĂ©dicales, il doit toujours ĂȘtre accompagnĂ© par des agents chĂ©latants. Des ligands monodentates ou bidentates ne sont pas suffisants dans un contexte biologique car leur constante d'association avec l'ion Gd3+ n'est pas assez Ă©levĂ©e en solution. Parmi les agents de chĂ©lation polydentates, un candidat naturel est l'EDTA, sous sa forme quatre fois nĂ©gativement chargĂ©e. Ce ligant est hexadentate et est couramment utilisĂ© pour complexer les mĂ©taux de transition. Le gadolinium Ă©tant un lanthanide, il peut se coordonner plus de six fois, d'oĂč l'usage d'amino-carboxylates plus grands, possĂ©dant davantage de sites chĂ©latants.

Un exemple de ce type de composĂ©s est le H5DTPA, autrement dit l'acide diĂ©thylĂšnetriaminepenta-acĂ©tique[8]. Une fois complexĂ© Ă  la base conjuguĂ©e de ce ligand, l'ion chĂ©lation Gd3+ voit sa solubilitĂ© Ă  pH physiologique grandement augmentĂ©e, tout en conservant les propriĂ©tĂ©s de paramagnĂ©tisme nĂ©cessaires Ă  son action en tant que produit de contraste pour l'IRM. Le ligand DTPA5− se lie Ă  l'ion Gd3+ avec cinq de ses atomes d'oxygĂšne appartenant Ă  des groupes carboxylate et trois atomes d'azote appartenant aux amines. Le neuviĂšme site de coordination demeure libre et est alors occupĂ© par une molĂ©cule d'eau. Cette derniĂšre joue un rĂŽle particulier dans le renforcement du signal Ă©mis par le gadolinium. En effet, ce ligand est en Ă©change rapide avec les molĂ©cules d'eau environnantes constituant le solvant dans lequel se trouve le complexe. Cet Ă©change permet d'attribuer une signature particuliĂšre Ă  un environnement biologique donnĂ©. La structure du complexe [Gd(DTPA)(H2O)]2− est un prisme Ă  trois sites trigonaux dĂ©formĂ© par la chĂ©lation.

Voici un schĂ©ma de la rĂ©action de formation du complexe [Gd(DTPA)(H2O)]2− :

Préparation du Gd-DTPA

Notes et références

  1. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) G. Meyer, « The Ammonium Chloride Route to Anhydrous Rare Earth Chlorides-The Example of YCl3 », Inorganic Syntheses, vol. 25,‎ , p. 146–150 (ISBN 978-0-470-13256-2, DOI 10.1002/9780470132562.ch35)
  3. John D. Corbett, « Trichlorides of the Rare Earth Elements, Yttrium, and Scandium », Inorganic Syntheses, vol. 22,‎ , p. 39–42 (ISBN 978-0-470-13253-1, DOI 10.1002/9780470132531.ch8)
  4. L. L. Quill et George L. Clink, « Preparation of Lanthanide Chloride Methanolates Using 2,2-Dimethoxypropane », Inorganic Chemistry, vol. 7, no 7,‎ , p. 1433–1435 (DOI 10.1021/ic50053a032)
  5. (en) A.F. Wells, Structural Inorganic Chemistry, Oxford, Clarendon Press,
  6. (en) B. Raduchel, Weinmann, H. et Muhler, A., « Gadolinium Chelates: Chemistry, Safety, & Behavior », Encyclopedia of Nuclear Magnetic Resonance, vol. 4,‎ , p. 2166–2172
  7. (en) A. J. Spencer, S. A. Wilson, J. Batchelor, A. Reid, J. Pees et E. Harpur, « Gadolinium Chloride Toxicity in the Rat », Toxicologic Pathology, vol. 25, no 3,‎ , p. 245–255 (ISSN 0192-6233, DOI 10.1177/019262339702500301)
  8. (en) S. Aime, Mauro Botta, Walter Dastru, Mauro Fasano, Maurizio Panero et Aldo Arnelli, « Synthesis and Characterization of a Novel DPTA-like Gadolinium(III) Complex: A Potential Reagent for the Determination of Glycated Proteins by Water Proton NMR Relaxation Measurements », Inorganic Chemistry, vol. 32, no 10,‎ , p. 2068–2071 (DOI 10.1021/ic00062a031)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.