Blindage de véhicule improvisé
Le blindage de véhicule improvisé est l'ajout de blindage à des véhicules tels que des voitures, des camions ou des chars de manière artisanale et improvisée à l'aide de matériaux disponibles sur-le-champ. Généralement, le blindage est installé d'emblée et n'a pas été imaginé pour les modèles de série. Le blindage improvisé est utilisé pour abriter l'équipage des armes de faible calibre, des armes lourdes et des pièces d'artillerie ou de tout autre dispositif offensif. Ces ajouts improvisés incluent les plaques de métal, la ferraille, les sacs de sable, le béton, le bois et plus récemment, le Kevlar. La protection conférée par ces dispositifs varie selon leur nature.
L'apparition du blindage de véhicule improvisé est conjointe à celle des véhicules eux-mêmes. Durant la Première Guerre mondiale, les premières voitures blindées consistaient en des voitures civiles auxquelles étaient fixées des plaques de métal. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les équipages des chars de nombreuses armées ajoutaient des chenilles détachées à leurs tourelles et sur le blindage de série. Pendant la guerre du Vietnam, les « camions armés » américains étaient renforcés à l'aide de sacs de sable et de blindage en acier, disponible localement[1].
Les forces irrégulières et les guérilleros ont également exploité cette technique. Durant la première guerre civile libyenne, les militants anti-Kadhafi ont utilisé le blindage improvisé sur leurs technicals (pick-ups équipés de mitrailleuses). Bien que l'article se concentre sur l'utilisation militaire, ce dispositif a connu des usages civils, tels que la protection de bus transportant des briseurs de grève.
Première Guerre mondiale
Le blindage des premières voitures envoyées au combat était entièrement improvisé, Bien que le blindage fut rapidement officiellement assuré au fil de la guerre. Quelques-unes furent utilisées par les forces belges lors de l'invasion allemande[2]. La Royal Naval Air Service eut vent de cette pratique et convertirent une partie de leurs voitures[2]. La conversion improvisée s'est poursuivie jusqu'en décembre 1914 quand les premiers blindages standardisés furent mis en service[2]. La Royal Naval Air Service envoya des équipes de secours dans des voitures blindées afin d'aller secourir les pilotes de reconnaissance dont l'appareil a été abattu au-dessus du champ de bataille. Des mitrailleuses furent montées sur ces véhicules mais ces missions n'en restaient pas moins extrêmement dangereuses, ce qui poussa les forces britanniques à installer des tôles en acier sur leurs véhicules, fournies par un constructeur naval local.
Seconde Guerre mondiale
La plupart des armées impliquées dans le conflit ont adopté la technique du blindage improvisé, chacune à leurs manières. La Home Guard britannique s'est équipée d'un grand nombre de véhicules de combat improvisés, tels que le camion blindé Bison, destiné à la défense des bases aériennes. Plus tard en 1944, quelques chars Cromwell et Churchill se virent équipés de séries de chenilles fixés au blindage standard[3]. Il arrivait que l'équipage des automitrailleuses M8 Greyhound américaines tapissent le sol de leur véhicule pour se prémunir des dégâts matériels engendrés par les mines terrestres[4].
L'ajout de blindage improvisé aux chars a été effectué par les forces de l'Axe et des Alliés en raison de la course aux armements entre les concepteurs d'armes antichar et les concepteurs du blindage des chars. Dans certains cas, il arrivait qu'un char au blindage considéré comme efficace sur le banc d'essai se trouve finalement vulnérable aux armes anti-char conçues après leur mise en service. De plus, les équipages demandaient aux ingénieurs d'utiliser les vastes principes de la défense passive au sein de leurs innovations comme l'installation d'un blindage espacé (la vélocité de l'obus diminue grandement après avoir rencontré plusieurs couches successives et séparées) ou d'un blindage cage (qui casse la roquette sans la faire détoner).
L'armée allemande pris conscience de l'utilisation massive de ces blindages improvisés par ses troupes et a émis une recommandation contre l'usage de la plupart d'entre eux en 1944 dans le Nachrichtenblatt der Panzertruppen (« Lettre d'information des forces blindées »). Bien que l'armée allemande était consciente que ces blindages improvisés amélioraient le moral des troupes (en raison du sentiment accru de sécurité), les analystes affirmaient que bon nombre de ces techniques de défense n'étaient pas efficaces. Par exemple, les chenilles soudées aux tourelles des chars n'apportaient aucune protection puisqu'elles n'étaient pas faites de l'acier adéquat au blindage. De plus, le béton offrait une protection supplémentaire trop faible par rapport au risque de projection engendé par l'impact. Il arrivait même parfois que l'ajout de ces blindages improvisés amenaient la partie frontale du char à adopter un angle de 80 à 90 degrés, ce qui rendaient les armes ennemie encore plus efficace. Enfin, le poids des matériaux ajoutés sur-sollicitaient le moteur.
Le soudage improvisé n'était pas autorisé, en raison des craintes que le soudage de l'armure de plaque d'usine d'origine puisse l'affaiblir ; cependant, l'utilisation de supports pour monter les « jupes » latérales et arrière de la tourelle ou les jupes latérales était autorisée[5]. Les jupes latérales étaient autorisées car les fusils antichars soviétiques de 14,5 mm pouvaient pénétrer les côtés les moins blindés du Panzer.
À part le soudage de chenilles, les chars américains, d'autres améliorations consistaient en des rondins de bois, des troncs d'arbres, ou même la réutilisation d'acier issus de chars ennemis détruits ou abandonnés. Le béton était parfois utilisé afin de protéger la partie supérieur des chars (puisque plus fine que tout autre partie de l'engin) et ainsi d'empêcher tout tir anti-char par dessus le tank.
Guerre du Vietnam
Durant la guerre du Vietnam, les camions armés ont réutilisé les techniques précédemment citées.
Guerre d'Irak
Entre 2003 et 2011, l'armée américaine en Iraq a blindé ses Humvees et nombre de ses véhicules logistiques et de transport de troupe avec de la ferraille : cette pratique a pris le nom de blindage hillbilly (plouc en français)[6], ou blindage hajji (pèlerin en français) lorsque installé par les mercenaires irakiens[7]. Durant l'occupation américaine faisant suite à l'invasion américaine de 2003, les forces insurgées ont déployé des engins explosifs improvisés (EEI ou IED en anglais), des escouades anti-char armées de RPG, et des tireurs d'élite pour attaquer les convois dont ils avaient connaissance.
Certains officiers américains se sont vus sanctionnés après avoir refusé de mener des missions en Irak avec ce qu'ils considéraient être des véhicules mal protégés.
Sur-blindage fourni par l'armée américaine
L'armée américaine a diffusé en 2003 des kits de sur-blindage pour protéger les véhicules militaires, mesure suivie deux ans plus tard par le corps des Marines. Trois classes de sur-blindage ont été développés :
- Classe I : Blindage intégré à la protection des véhicules (dont des vitres pare-balles)
- Classe II : Blindage supplémentaire à poser (dont des vitres pare-balles)
- Classe III : Blindage fabriqué sur place (solution temporaire, sans vitre pare-balles)
Le processus de sur-blindage devait se poursuivre jusque mi-2005.
En février 2006, l'armée soudait du blindage additionnel sur les variantes M1114 de ses Humvees en Irak.
L'incident des questions à Rumsfeld
La pratique du blindage improvisé devint de notoriété publique après qu'un soldat américain a interrogé le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld sur la nécessité de récupérer des blindages à partir de matériaux de rebut, le , au Camp Buehring, au Koweït[8] - [9]. La question a été accueillie par les acclamations des autres militaires[10].
Rumsfeld a rendu visite à approximativement 2 300 militaires la veille de leur déploiement. Le Specialist (équivalent de caporal) Thomas Wilson a posé la question, mais il sera révélé plus tard que Lee Pitts, journaliste embarqué pour le Chattanooga Times Free Press, a demandé à Wilson d'exposer cette requête.
Plusieurs autres questions liées à la précédentes ont été posées par les soldats à Rumsfeld et nombre de ses coéquipiers et supérieurs ont apporté leur soutien à Wilson.
Le 9 décembre 2004, le président George W. Bush a répondu à l'incident, affirmant que les préoccupations exprimées étaient prises en compte[11].
Guerre civile libyenne
Durant la guerre civile libyenne, les militants anti-Kadhafi ont été vu exploitant des chars T-55 ainsi que des technicals (pick-ups équipés de mitrailleuses) sur lesquels étaient fixés des dispositifs de défense artisanaux, susceptible d'opposer de la résistance à l'armée libyenne disposant de T-72.
Guerre Russo-Ukrainienne
Pendant la guerre du Donbass, des unités de chaque faction ont improvisé des blindages additionnels fixés à des véhicules tels que des BTR-80, transport de troupes amphibie[14] - [15]. Le Régiment Azov a développé son propre véhicule, l’Azovets, similaire au BMPT Terminator russe[16] - [17].
Fin 2021, de nombreux chars russes ont été observé, arborant un blindage artisanal fait de grilles d'acier[18]. En décembre 2021, l'armée ukrainienne a publié la vidéo d'un exercice militaire au cours duquel un véhicule militaire blindé (ressemblant à un BTR équipé d'une tourelle semblable au T-64 protégée par un blindage improvisé de ce type a été détruit par un tir de Javelin. Cependant, l'efficacité de ce type de blindage reste à ce jour inconnue[19].En 2022, durant l'invasion de la Russie par l'Ukraine, lorsque ces grilles d'acier ont été vues à l'usage, elles ont été surnommées de manières péjoratives blindage de soutien émotionnel ou encore cages anti-stress[20] - [21] - [22] - [23] parmi les communautés d'internautes, en raison du scepticisme qui entoure l'efficacité supposée de ces dispositifs. Les analystes militaires ont suggéré que ce blindage était probablement conçu dans le but d'atténuer la menace d'une attaque aérienne, par Javelin, RPG tirés depuis les toits, attaque de drone, etc.[24] - [25] - [26]
Après l'invasion, les forces russes ont commencé à ajouter mes dispositifs de défense passive improvisés à leurs camions.
Guerre civile syrienne et guerre contre l'État islamique
Durant leur engagement au sein de la guerre qui oppose les kurdes et l'État islamique et pendant la guerre civile syrienne, les peshmerga kurdes et l'YPG ont construit de nombreux véhicules de combat improvisés dans leur lutte contre les militants de l'EI, qui, eux, sont équipés de véhicules capturés au blindage moderne. Nombre de ces véhicules artisanaux sont des tracteurs et autres engins agricoles auxquels sont fixés des canons soviétiques, où figurent parfois des camouflages. Les journalistes occidentaux ont pu comparer ces engins militaires bâtards à ceux figurant au sein de l'univers de Mad Max[27]. Leurs alliés, l'armée syrienne libre ont eux aussi été vus aux commandes de telles machines[28].
Bataille de Marawi
Durant la Bataille de Marawi, l'armée de terre philippine et la marine ont utilisé un blindage rudimentaire composé de bois sur leurs véhicules de transport de troupes comme pour les GKN Simba, V-150, M113A2 et le Marine LAV-300 pour se protéger des tirs des hommes de Maute et d'Abou Sayyaf dans les villes[29] - [30] - [31] - [32] - [33].
Usage dans le civil
Au cours de la grève des mineurs britanniques de 1984-1985, les bus mobilisés pour le transport des briseurs de grève sont équipés de grilles de métal pour se prémunir des représailles des grévistes. Ces bus au blindage improvisé ont été surnommés les bus de combat.
Ces dernières années, certains chasseurs d'orages des États-Unis ont développé des véhicules à ce dessein, tels que le Tornado Intercept Vehicles pensé pour résister aux torrnades. Ces véhicules sont généralement construits à partir d'un châssis de SUV et couverts de kevlar et de polycarbonate.
Les cartels impliqué dans la guerre de la drogue au Mexique disposent de nombreux véhicules prévus afin de faire face à des affrontements[34].
Marvin Heemeyer, citoyen en litige judiciaire avec ses voisins à passé six mois à construire un bulldozer au blindage improvisé et a attaqué les domiciles de ses voisins ainsi que la police. La machine utilisée était un bulldozer Komatsu D355A[35] blndée avec de l'acier pour constituer un blindage composite. ces opérations ont rendu la machine invulnérable aux tirs de faible calibre et résistante aux explosifs: trois explosions ont atteint le bulldozer et plus de 200 balles atteignirent l'engin sans aucun effet[36].
Articles connexes
Notes et références
- « Gun Trucks: Genuine Examples of American Ingenuity », sur web.archive.org, (consulté le )
- Jack Livesey, Armoured Fighting Vehicles of World Wars I and II, Southwater, , 12–13 p. (ISBN 978-1-84476-370-2)
- George Forty, World War Two Tanks, Osprey, (ISBN 1-85532-532-2, lire en ligne), 9
- Jack Livesey, Armoured Fighting Vehicles of World Wars I and II, Southwater, , 71 p. (ISBN 978-1-84476-370-2)
- Nachrichtenblatt der Panzertruppen no 14, août 1944. Berlin : Generalinspekteur der Panzertruppen, 1944. 40 p. Nachrichtenblatt der Panzertruppen no 15, septembre 1944. Berlin : Generalinspekteur der Panzertruppen, 1944. 30 p. Reisebericht über die Teilnahme an der Rüstungsbesprechung und Rücksprache beim P.A., 1944. 6 p. General der Artillerie no 240/44 g.Kdos.
- « MSNBC - Hillbilly Armor », sur web.archive.org, (consulté le )
- (en) « Frantically, the Army tries to armor Humvees », sur NBC News (consulté le )
- Burns, Robert. Soldiers criticize lack of armor, Associated Press, 9 décembre 2004.
- Rumsfeld Responds to U.S. Soldier's Grilling: Defense Secretary Donald Rumsfeld Tries to Quell the Firestorm Over the 'Hillbilly Armor' Issue, ABC News, 9 décembre 2004.
- Sonnenfeldt, Helmut and Nessen, Rob. You Go to War with the Press You Have, Washington Times, 30 décembre 2004.
- Bush: Soldiers' equipment gripes heard: To colleagues' cheers, soldier complained about armor to Rumsfeld, MSNBC, 9 décembre 2004.
- William Kristol, The Defense Secretary We Have, Washington Post, December 15, 2004.
- Tom Costello, Lack of armor sign of the times in Iraq, MSNBC, 9 décembre 2004.
- N.R. Jenzen-Jones et Jonathan Ferguson, Raising Red Flags: An Examination of Arms & Munitions in the Ongoing Conflict in Ukraine, Armament Research Services Pty. Ltd., (ISBN 978-0-9924624-3-7, lire en ligne)
Full PDF on armamentresearch.com - « Ukrainian 'Fortress On Wheels' », sur www.rferl.org (consulté le )
- « New improvised armoured fighting vehicle design in Ukraine – Armament Research Services », armamentresearch.com (consulté le )
- « Ukrainian Defense Industry in the Hybrid War with Russia », bintel.com.ua (consulté le )
- (en) Roblin, « Russian Tanks Massing Near Ukraine Sport Mods Against Drones, Javelin Missiles » [archive du ], Forbes (consulté le )
- Thomas Newdick, « Ukrainian Troops Test Javelin Missile Against Russian Cage-Style Improvised Tank Armor », The Drive, Brookline Media Inc.,
- « Russian tanks in Ukraine are sprouting cages » [archive du ], The Economist, : « They have indeed been mockingly dubbed by Western analysts as emotional support armour or cope cages. »
- James Dwyer, « How do anti-tank missiles work, and how helpful might they be for Ukraine's soldiers? » [archive du ], Australian Broadcasting Corporation, : « These are colloquially termed cope cages by various communities on the internet. Of course, they will do little to minimise the impact from a missile, but they do demonstrate that Russian soldiers are fearful of the threat the missiles present. »
- « What to know about the role Javelin antitank missiles could play in Ukraine’s fight against Russia » [archive du ], Washington Post, : « Social media has been littered with photos of destroyed Russian tanks with cages. The images have acquired a symbolic resonance so quickly that Internet users have coined the term cope cage earning a page on the Internet’s primary meme directory. »
- (hu) « Igazi tankszörnyet zsákmányoltak az ukránok » [archive du ], Portfolio.hu, : « Érdekes egy szót említeni a kutyaólként vagy csirkeketrecként, angolszász forrásokban cope cage, vagyis durván dolgozd fel ketrecként emlegetett improvizált páncélzatról a tornyon. A páncélzat célja az lenne, hogy megvédje a harcjárműveket a felülről érkező drónrakétáktól vagy páncéltörő rakétáktól. »
- Alia Shoaib, « Russian soldiers appear to be fixing makeshift cages to the turrets of their tanks in a crude effort to protect themselves against Ukraine's anti-tank missiles » [archive du ], Business Insider, : « The cages are supposed to defend against anti-tank weapons that strike the top of the vehicle, where the armor is the thinnest. The idea is that if you set off a bazooka or a Panzerfaust... they're set off early and so they don't hit the tank itself... Crump explained. However, the cages are largely ineffective against the modern anti-tank weapons used by the Ukrainians, such as the Javelin and NLAW... Many modern weapons are designed to counter that sort of protection »
- « Russian tanks in Ukraine are sprouting cages » [archive du ], The Economist, : « Another idea is that the cages are a response to the conflict in 2020 between Armenia and Azerbaijan, over Nagorno-Karabakh, in which large numbers of Russian-made Armenian tanks were destroyed from above by MAM-Ls ... A third possibility is that the cages are meant as protection against RPGs ... which are being fired at tanks from above. This ... is a preferred tactic in urban warfare, where buildings offer shooters the necessary elevation. »
- (en) Newdick, « Russian T-80 Tank With Improvised Anti-Drone Armor Reportedly Appears In Crimea » [archive du ], The Drive (consulté le )
- Saner, « Battlefield DIY – the homemade armoured vehicles fighting Isis », sur www.theguardian.com, (consulté le )
- Vocativ, « DIY Tank Used in Fight Against ISIS » [archive du ], sur YouTube, (consulté le )
- « Wood-reinforced vehicles foil Maute antitank weapons »,
- « Will Makeshift Wooden Tank Armor Protect Our Troops in Marawi? »
- « These ISIS-Fighting Philippine Tanks Are Clad in DIY Wooden Armor »,
- « Images surface of wood armor on Philippine military vehicles fighting ISIS: Could that actually work against an RPG? »,
- « IN PHOTOS: Military opens Mapandi bridge to media amid heavy fighting in Marawi »,
- Damien Cave, « Monster Trucks on the Road, From Gangs in Mexico », The New York Times, (lire en ligne, consulté le )
- « Crews Begin Dismantling Granby Bulldozer » [archive du ], KMGH-TV, (consulté le )
- « Man who bulldozed through Colo. town is dead », NBC News, (consulté le )