Marvin Heemeyer
Marvin John Heemeyer, (né le à Castlewood, dans le Dakota du Sud et mort le à Granby, dans le Colorado), est un soudeur et propriétaire d'un magasin de silencieux automobiles américain.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 52 ans) Granby |
SĂ©pulture |
Inconnu |
Nom dans la langue maternelle |
Marvin John Heemeyer |
Nationalité | |
Activités |
À la suite d'une impasse juridique avec ses voisins et les autorités locales de la ville de Granby, il se suicide après avoir détruit avec un bulldozer la ville et en particulier les propriétés des personnes lui ayant fait du tort.
Biographie
Débuts des problèmes juridiques
En 1992, Heemeyer achète aux enchères, pour 42 000 dollars, 8 000 m2 de terrain pour installer son entreprise de soudage à Granby. Ce terrain est enclavé et il doit passer sur la propriété de ses voisins pour atteindre la route. En 2001, Cody Docheff, ayant un ancrage local important, obtient un permis de construire pour une usine de béton qui jouxtera le terrain de Heemeyer. La négociation pour vendre son terrain à Docheff n'aboutit pas. Heemeyer engage des actions en justice affirmant que l'usine bloquera son passage. Les autorités locales lui refusent la construction d'un accès, qu'il aurait crée lui-même grâce au bulldozer qu'il avait acheté pour l'occasion. Ils lui infligent même une amende pour ne pas avoir raccordé sa propriété au réseau d'égout. Il tente de répandre cette affaire dans les médias et ouvre une pétition mais sans succès. Sur le volet juridique, il perd tous ses procès. En 2003, ayant épuisé tous ses recours, plutôt que de vendre et partir à 52 ans, il prend la décision d'agir seul[1] - [2].
Préparation de son acte
Son Killdozer était un bulldozer Komatsu D335A recouvert d'un blindage qu'il avait lui-même fabriqué, et qui couvrait la cabine, le moteur et une partie des chenilles ; certaines sections du blindage étaient épaisses de presque 305 mm. Fait d'une couche de béton placé entre deux plaques d'acier, c'était un blindage composite. Le Killdozer aurait été imperméable aux attaques avec des armes à feu de petit calibre et résistant aux explosifs. Trois explosions externes et plus de deux cents balles ne lui firent aucun dégât[3]. Des troupes de la Garde nationale des États-Unis furent mises en alerte par le gouverneur Bill Owens (l'ordre de déployer les troupes doit obligatoirement venir du gouverneur depuis le passage du Posse Comitatus Act)[4].
Heemeyer avait installé trois caméras reliées à des écrans dans la cabine pour pouvoir voir l'extérieur[3]. Des ventilateurs et un climatiseur étaient installés pour qu'il n'ait pas trop chaud et de l'air comprimé dirigé sur les caméras pour les débarrasser de la poussière. Il disposait de nourriture, d'eau, et d'un système de survie dans la cabine quasi hermétique. Heemeyer n'avait aucune intention de sortir du Killdozer une fois dedans ; il avait soudé définitivement la seule entrée de la cabine[3].
Alors que l'engin connaissait des problèmes avec son radiateur endommagé qui fuyait, le sol de l'un des bâtiments céda pendant qu'il le détruisait, bloquant une des chenilles dans le vide.
Mort
Heemeyer se suicida alors avec une arme de poing (le bruit fut d'ailleurs entendu par les policiers qui étaient à proximité). Plus tard, son corps fut extrait du Killdozer avec une grue après environ 12 heures de travail pour découper le blindage.
Conséquences
Malgré l'importance des dommages faits à la ville (treize édifices furent détruits[5], la plupart nécessitant des milliers de dollars de réparation), il n'y eut aucun blessé et aucun tué à part Heemeyer. Les témoins disent qu'il avait l'air de faire des petits détours afin d'éviter les personnes[3]. Le total des dommages s'élèvera à 10 millions de dollars.
Sort du bulldozer
Le , il est annoncé que le Killdozer serait démonté et vendu comme ferraille. Les morceaux ainsi démontés seraient envoyés à beaucoup d'endroits pour éviter que les gens admirant Heemeyer prennent des « souvenirs »[5].
Dans la culture populaire
"Killdozer"
Le surnom "Killdozer" n'a pas été choisi par Heemeyer, mais vient d'une nouvelle de Theodore Sturgeon datant de 1944 qui sera plus tard adaptée au cinéma (Killdozer). Après sa mort, la ville a expédié le Killdozer en pièces détachées à plusieurs ferrailleurs de sorte que des fans de Heemeyer ne puissent pas acheter une pièce du Killdozer comme trophée.
Cinéma
Les démêlés de Marvin Heemeyer avec les autorités inspirent au cinéaste russe Andreï Zviaguintsev le film Léviathan (2014). Le réalisateur transpose cette histoire de harcèlement en Russie. Le bulldozer figure dans la première version du scénario, avant d'être supprimé, car Zviaguintsev et son coscénariste Oleg Negin jugent « invraisemblable » une si spectaculaire révolte de la part d'un Russe[6].
Bibliographie
- Patrick Brower, Killdozer, The True Story of the Colorado Bulldozer Rampage, Deer Track Publishing, 2017.
Notes et références
- « The Durango Telegraph », sur archives.durangotelegraph.com (consulté le )
- « L'homme qui construisit son propre tank pour se venger de la bureaucratie », sur www.vice.com (consulté le )
- (en) Man who bulldozed through Colo. town is dead, MSNBC, 5 juin 2004
- (en) Rampaging Bulldozer driver Found Dead, ABC News, Denver Channel, 4 juin 2004.
- (en) Crews Begin Dismantling Granby Bulldozer, ABC News 7, Denver Channel, 19 avril 2005.
- Andreï Zviaguintsev, interrogé par Sergueï Sytchev, Ogoniok, 16 juin 2014. Traduit sous le titre « L'âme est le bien le plus cher de l'être humain », sur courrierinternational.com, 24 septembre 2014.
Liens externes
- Discovery Channel - Destroyed in Seconds video
- Washington Post Article
- Denver Channel Article
- CBS4: Bulldozer Rampage Revisited
- Granby Damage, includes several pictures of the incident
- (en) Photos du Killdozer et des dégâts causés
- (en) Vidéo du Killdozer en action, filmée depuis un hélicoptère
- (en) Page parlant des conflits entre Heemeyer et l'administration de la ville (du Internet Archive)