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Bataille de la crĂŞte de Thiepval

La bataille de la crête de Thiepval est une bataille de la Première Guerre mondiale qui se déroula du 25 au , au cours de la Bataille de la Somme.

Bataille de la crĂŞte de Thiepval
Description de cette image, également commentée ci-après
Blessé évacué d'une tranchée allemande, crête de Thiepval, septembre 1916.
Informations générales
Date 25 -
Lieu autour de Thiepval
Issue Victoire tactique britannique

Première Guerre mondiale,
Front de l'Ouest

Batailles

Bataille de la Somme

CoordonnĂ©es 50° 03′ 16″ nord, 2° 41′ 18″ est

Ce fut la première offensive de l'armée de réserve (future 5e armée britannique) du lieutenant-général Hubert Gough lors de la bataille de la Somme. Cette offensive est déclenchée 24 heures après l'attaque de la 4e armée britannique sur Morval pour profiter de la désorganisation des troupes allemandes[N 1]. La bataille se déroule sur un front qui s'étend à l'est de Courcelette près de la route Albert-Bapaume jusqu'à Thiepval et la redoute Schwaben (Feste Schwaben) à l'ouest. Ce point fortifié domine les défenses allemandes plus au nord, dans la vallée de l'Ancre. La crête de Thiepval est très fortifiée, les Britanniques n'ont pu prendre cette crête le premier jour de la bataille de la Somme. Au cours de cette nouvelle tentative du mois de septembre, les défenseurs allemands se battent avec beaucoup de détermination. Les troupes britanniques éprouvent de plus en plus de difficultés à coordonner l'action de l'infanterie et de l'artillerie après le , en raison de la nature confuse des combats dans les dédales des tranchées, les cratères d'obus ou les casemates. L'objectif britannique de prendre la crête n'est pas atteint. Il faut attendre la réorganisation de l'armée de réserve et la bataille des hauteurs de l'Ancre du au pour que la crête de Thiepval soit finalement conquise.

Les Britanniques au cours de cette bataille expérimentent de nouvelles techniques de guerre, comme l'emploi de gaz de combat, de mitrailleuses lourdes pour effectuer des tirs indirects d'interdiction et l'emploi pour la première fois des tanks. Les Britanniques et les Français utilisent une quantité de matériel et d'hommes supérieure à celle des défenseurs allemands malgré la réorganisation des armées allemandes et l'apport de renfort en troupes, artillerie et avions venus de Verdun. Le mois de septembre est le mois le plus coûteux en pertes humaines pour les armées allemandes sur la Somme.

Contexte historique

Des débats ont lieu au sein de l'état-major de l'armée de réserve sur les tactiques d'attaque à employer pour attaquer la crête de Thiepval. Le commandant du 2e corps d'armée, le Lieutenant-général Claud Jacob (en) préconise une attaque par une seule ligne de combattants pour éviter que les troupes de soutien se retrouvent dans le no man's land sous le bombardement de barrage allemand déclenché six à huit minutes après le début des attaques britanniques. Jacob considère que les troupes de soutien ne jouent qu'un rôle marginal dans le succès de l'attaque et ne sont juste que des victimes supplémentaires. Jacob préconise également de réaliser les attaques durant l'après-midi. Il a en effet constaté que les six attaques réalisées par son corps d'armée l'après midi ont réussi alors que les deux attaques faites à l'aube ont échoué. Le commandant de l'armée de réserve, le lieutenant-général Hubert Gough, est plus prudent dans son analyse. Il souhaite cependant que les troupes de soutien franchissent le plus rapidement possible le no man's land pour se protéger. Gough utilise un film sur une attaque le pour s'opposer à une avancée en groupe de l'infanterie. Si l'infanterie progresse en groupe elle est alors vulnérable aux tirs d'artillerie et aux zones défensives allemandes dépassées par la première ligne d'attaque mais encore actives qui peuvent stopper la progression de l'infanterie par des actions sur les troupes de soutiens ou les flancs de l'attaque[1].

Intentions

Préparatifs britanniques

Le 8 septembre, la 18e division rejoint le 2e corps d'armĂ©e après avoir sĂ©journĂ© dans les Flandres et effectuĂ© un complĂ©ment de formation au sein de la 3e armĂ©e britannique. Tous les officiers supĂ©rieurs Ă  la tĂŞte de compagnies, de bataillons ou de brigades vont reconnaĂ®tre le terrain. Ils participent Ă  une confĂ©rence donnĂ©e par le brigadier-gĂ©nĂ©ral P. Howell, le chef d'Ă©tat-major du 2e corps sur la situation locale et sur l'expĂ©rience militaire rĂ©cente. Les diffĂ©rents officiers apprĂ©cient ces informations car leur division Ă©tait stationnĂ©e dans les Flandres au mois d'aoĂ»t. L'artillerie divisionnaire de deux divisions est allouĂ©e au major-gĂ©nĂ©ral Maxse le commandant de la 18e division, ainsi qu'une batterie d'obusiers de 6 pouces provenant du 2e corps et de quatre tanks. Le les tranchĂ©es au sud de Thiepval sont enlevĂ©es par la 49e division et sont modifiĂ©es pour devenir des tranchĂ©es d'attaque. Des compagnies du gĂ©nie, des pionniers et deux bataillons d'infanterie creusent environ 2 100 mètres (2 300 yards) de tranchĂ©es d'attaque et de communication pour les relier aux tranchĂ©es existantes. Ces dernières sont amĂ©liorĂ©es, des dĂ©pĂ´ts de ravitaillement sont prĂ©parĂ©s pendant quatre nuits. La route reliant Authuille Ă  Thiepval est rĂ©parĂ©e et cachĂ©e derrière un Ă©cran de broussailles. Ce camouflage permet d'apporter le matĂ©riel et d'Ă©vacuer les blessĂ©s sans trop subir le bombardement allemand. La 18e division dĂ©cide de laisser vides les tranchĂ©es de dĂ©part de l'attaque pour que le bombardement de barrage allemand tombe sur un terrain sans troupe. Dès l'arrĂŞt du barrage allemand, le bataillon de rĂ©serve doit progresser rapidement en petites colonnes pour atteindre les tranchĂ©es conquises[2].

Plan d'attaque britannique

Le commandant du BEF le gĂ©nĂ©ral Sir Douglas Haig ordonne Ă  l'armĂ©e de rĂ©serve d'attaquer vers Achiet-le-Grand et Ă  la 3e armĂ©e britannique de se tenir prĂŞte Ă  attaquer Gommecourt en flanc-garde. Le lieutenant-gĂ©nĂ©ral Sir Hubert Gough, commandant de l'armĂ©e de rĂ©serve, fait dĂ©clencher l'attaque de son armĂ©e le Ă  12 h 35 pour repousser les Allemands au-delĂ  de la crĂŞte de Thiepval. L'attaque doit partir de Courcelette 5 500 mètres (6 000 yards) Ă  l'ouest de la redoute Schwaben, par le corps canadien commandĂ© par le lieutenant-gĂ©nĂ©ral Julian Byng et par le 2e corps d'armĂ©e commandĂ© par le lieutenant-gĂ©nĂ©ral Claud Jacob (en), chacun des corps lance deux divisions dans l'attaque. L'attaque doit se dĂ©rouler en trois temps avec des pauses d'une dizaine de minutes, puis d'une heure avant la dernière poussĂ©e. Le Corps canadien est chargĂ© de fournir un flanc-garde sur le flanc droit de l'attaque, en prenant les tranchĂ©es allemandes sur l'Ă©peron nord-ouest de Courcelette. la droite du 2e corps d'armĂ©e doit prendre la Redoute Zollern au cours de la deuxième avancĂ©e et la redoute Stuff lors de l'avancĂ©e finale au sommet de la crĂŞte. La gauche du 2e corps d'armĂ©e doit prendre Thiepval au cours de la seconde poussĂ©e, puis atteindre la redoute Schwaben dominant les pentes menant Ă  Saint-Pierre-Divion. Le gĂ©nĂ©ral Gough prĂ©cise que les Allemands doivent ĂŞtre chassĂ©s de toute la crĂŞte pour les empĂŞcher d'avoir des vues sur Albert et pour permettre aux Britanniques d'obtenir des vues sur la vallĂ©e de l'Ancre ; de plus la ligne de front allemande Ă  l'ouest de Thiepval doit ĂŞtre prise lors de la progression[3].

Environ 230 canons, obusiers et mortiers lourds et 570 canons de campagne et obusiers sont disponibles pour l'attaque. Les canons du 5e corps d'armĂ©e au nord de l'Ancre sont utilisĂ©s pour tirer sur les points de passage et les tranchĂ©es allemandes sur la rive sud de l'Ancre. L'artillerie du 2e corps d'armĂ©e est chargĂ©e de bombarder et de dĂ©truire les redoutes allemandes et Thiepval, certaines tranchĂ©es allemandes destinĂ©es par la suite Ă  l'infanterie britannique ne sont pas bombardĂ©es. Deux modifications sont introduites dans le plan d'artillerie, les obus de gaz sont tirĂ©s par les mortiers de 4 pouces et les mitrailleuses des deux corps sont chargĂ©es de rĂ©aliser des tirs indirects de barrages entre les zones de tirs du barrage fixe d'artillerie[4]. Le barrage roulant doit progresser de 91 mètres (100 yards) en trois minutes, puis de 91 mètres (100 yards) en deux minutes une fois le no man's land et la première ligne de front allemande atteinte[5]. Six des huit chars disponibles sont attribuĂ©s au 2e corps d'armĂ©e.

Les troupes sont envoyées en première ligne au dernier moment, dans la nuit du 22 au les troupes commencent à s'amasser sur la droite de la ligne d'attaque et dans la nuit du 24 au sur la gauche de la ligne d'attaque. L'heure H de l'attaque est fixée pour l'après-midi au lieu de l'aube. Maxse souhaite en effet seulement trois heures de lumière du jour sur l'objectif final pour le renforcer. La plupart des travaux de renforcement défensif sont effectués dans l'obscurité, évitant ainsi une exposition aux tirs d'artillerie allemands[6]. L'attaque de Thiepval doit ensuite être suivie par une attaque sur les deux rives de l'Ancre[7]. Le , les troupes britanniques reçoivent l'ordre de capturer le plus d'objectifs possibles et de gagner un maximum de terrain à chaque opportunité. L'attaque de la crête de Thiepval doit être combinée avec l'attaque de la 4e armée britannique au début du mois d'octobre, connu sous le nom de Bataille de Le Transloy. Les redoutes de Stuffs et de Schwaben doivent être capturées avant le et la tranchée Stuff le [8].

Organisation défensive allemande

Ferme Mouquet avant sa destruction (AWM J00181)

De l'ouest de Courcelette Ă  Thiepval, on trouve successivement les VIIe et VIIIe divisions et la XXVIe division de rĂ©serve (formĂ©e de deux rĂ©giments, le IIIe Ă©tant rattachĂ© Ă  la IIe division de rĂ©serve de la garde). Le front de Thiepval Ă  Saint-Pierre-Divion est gardĂ© par un rĂ©giment dĂ©tachĂ© de la LIIe division[9]. La première ligne allemande est situĂ©e Ă  270 mètres (300 yards) devant la limitĂ© sud du village de Thiepval. La seconde ligne est placĂ©e 910 mètres (1 000 yards) derrière le village, cette seconde ligne est appelĂ©e Staufen Riegel ( Trench Stuff pour les troupes britanniques ou Regina Trench pour les Canadiens), et 910 mètres (1 000 yards) encore en retrait se trouve la 3e ligne, Grandcourt Riegel (« Grandcourt Trench »). Les caves sous Thiepval sont agrandies pour former un complexe imposant de tunnels avec des salles utilisĂ©es comme entrepĂ´ts ou comme abris. Un chemin creux parcourt le village jusqu'au cimetière, il est bordĂ© d'abris. Dans la première ligne, on dĂ©comptera plus de 144 abris profonds[6].

Ferme Mouquet Pozières (Peintre: Fred Leist)

Le village de Thiepval est organisé défensivement par le 180e (Württembergisches) régiment d'infanterie depuis 1914. Ce régiment comprend encore de nombreux soldats formés avant la guerre, il n'a pas été déplacé et s'est organisé depuis le début de la guerre. Il utilise Bapaume comme base arrière[6]. La Zollern Redoute protège la première ligne entre Courcelette et Thiepval. les redoutes Staufen (Stuff) et redoutes Schwaben sont positionnées à l'extrémité ouest de la première et de la deuxième ligne de défense. La ferme du Mouquet, à l'est de Thiepval est depuis le début de la bataille de la Somme isolée, à 320 mètres (350 yards) au-delà des tranchées de soutien, la position n'est reliée à la première ligne que par une tranchée à moitié démolie. Les pertes subies pour sa défense ont affaibli la garnison[10]. Au-delà du sud-ouest de Thiepval, la première ligne allemande va du nord de Saint-Pierre-Divion jusqu'à l'Ancre[11]. Les garnisons allemandes sont en alerte permanente se doutant de l'imminence d'une attaque britannique. Le , l'artillerie allemande entame des tirs de harcèlement sur les tranchées britanniques et les dépôts de ravitaillement. Ces bombardements ne perturbent pas l'organisation de l'attaque britannique prévue pour le [9].

Bataille

Armée de réserve

Le bombardement prĂ©liminaire dĂ©bute le 23 septembre dans une mauvaise visibilitĂ©, avec de la brume le matin et le soir les jours suivants. Le 2e corps d'armĂ©e tire 60 000 obus d'artillerie de campagne et 45 000 obus d'artillerie lourde. L'après-midi du 24 septembre, un dĂ©tachement de la Brigade spĂ©ciale tire 500 obus lacrymogènes dans Thiepval, ce qui permet de rĂ©duire au silence les mortiers de tranchĂ©e allemands Ă  17h. Le soir du 24 septembre, une opĂ©ration prĂ©liminaire est lancĂ©e pour capturer la ferme du Mouquet placĂ©e en saillant devant la première ligne allemande. Une compagnie issue de la 11e division (en) atteint la ferme, mais un bombardement allemand et le feu prĂ©cis des mitrailleuses contraint les troupes britanniques Ă  se replier[9]. Le 26 septembre, le barrage roulant dĂ©bute Ă  12h35 et l'infanterie commence sa progression[12].

Le 26 septembre : Le corps canadien est positionné sur la partie droite du front d'attaque. Il emploie la 6e brigade de la 2e division comme flanc-garde sur son aile droite. La 1re division est placée sur la partie gauche du front du corps canadien. À 12h35 la 6e brigade attaque avec trois bataillons et deux tanks en soutien, cette attaque est précédée par un barrage roulant. Un contre-barrage allemand bloque le bataillon de droite dans ses tranchées. Les deux tanks sont perdus dès le début des opérations. Le 29e bataillon placé au centre du dispositif offensif atteint la ligne de front allemande en dix minutes. Le bataillon de gauche est arrêté par le tir croisé de mitrailleuses placé en face et sur le flanc gauche du bataillon, quelques éléments arrivent cependant atteindre les tranchées allemandes. À 22h50 l'objectif est capturé, de Twenty Road à l'ouest de l'extrémité est de Miraumont Road. Les troupes repoussent au cours de la nuit deux contre-attaques[13].

Scène de nuit à Thiepval

La 1re division canadienne attaque avec deux brigades. La brigade de droite avec deux bataillons avance durant le bombardement Ă  370 mètres (400 yards) de la tranchĂ©e Sudbury (Sudbury Trench) elle reprend son avance Ă  13h00 et atteint Ă  14h40 la tranchĂ©e Kenora qui relie au nord-ouest la tranchĂ©e RĂ©gina (Stuff Trench). Le bataillon de gauche de la brigade s'avance dans le no man's land durant le bombardement britannique pour Ă©chapper Ă  la rĂ©action de l'artillerie allemande. Il est retardĂ© dans sa progression, il subit une contre-attaque de grenadiers allemands finalement repoussĂ©e. Après des combats difficiles le bataillon atteint ses objectifs au milieu de l'après-midi en prenant pied sur une partie de la crĂŞte, mais la liaison avec la brigade de gauche de la 11e division (en) n'est pas encore rĂ©alisĂ©e. La brigade de gauche avance avec deux bataillons renforcĂ©s sous le tir d'une mitrailleuse sur le flanc gauche. La brigade parvient Ă  atteindre la partie orientale de la tranchĂ©e Zollern (Zollern Trench) puis la partie occidentale. Ă€ 13h00 la progression reprend, la tranchĂ©e de Hesse (Hesse Trench) est facilement capturĂ©e. La tranchĂ©e Touch est capturĂ©e avec la brigade de droite mais la liaison n'est toujours pas faite. La prĂ©sence d'une mitrailleuse bloque la progression des Canadiens et les obligent Ă  un repli partiel, ils se barricadent et creusent une tranchĂ©e reliant la tranchĂ©e de Hesse Ă  la tranchĂ©e Zollern Ă  partir de 22h30[13].

Tank britannique Mark I, Somme, 25 septembre 1916.

Le 2e corps d'armée attaque à l'ouest du corps canadien avec les 11e et 18e divisions d'infanterie. La 11e division attaque avec deux brigades. La 34e brigade sur la droite attaque avec deux bataillons, ils parviennent lors du bombardement britannique à s'approcher suffisamment de la ferme Mouquet avant le début de l'attaque pour pouvoir, une fois le barrage déplacé, bloquer les sorties des abris allemands. Les deux bataillons arrivent sur la tranchée de soutien allemande, correspondant au premier objectif de la division. L'un des bataillons de soutien est atteint par les tirs de contre-barrage allemand. Le bataillon de droite s'enlise dans la lutte pour la redoute Zollern, la plupart des nettoyeurs de tranchée sont tués. Environ 50 survivants creusent sur la partie droite du front une tranchée face à la tranchée Zollern (Zollern Trench), d'autres soldats se mettent à l'abri à l'ouest de la redoute. Le bataillon de gauche subit le feu des mitrailleuses de la redoute Zollern et de la ligne Midway, qui relie la ferme du Mouquet à la redoute Schwaben, au nord de Thiepval. Quelques troupes atteignent la tranchée Zollern (Zollern Trench), les restes du bataillon de soutien parviennent à renforcer ces troupes[14].

Les combats pour la ferme du Mouquet continuent, deux tanks sont envoyĂ©s en soutien de l'attaque. Des renforts sont envoyĂ©s dans cette zone dont un bataillon de pionniers, Ă  17h30 les 56 derniers Allemands se rendent après un bombardement d'obus fumigènes. La 33e brigade sur la gauche du front attaque par Nab Valley avec deux bataillons, elle atteint la tranchĂ©e Joseph (Joseph Trench) Ă  12h45 et avance vers la tranchĂ©e Schwaben (Schwaben Trench) entre la Ferme du Mouquet et l'extrĂ©mitĂ© est de Thiepval. La tranchĂ©e Zollern (Zollern Trench) est atteinte Ă  13h30 et la tranchĂ©e de Hesse (Hesse Trench) vers 16h00 sauf pour 230 mètres (250 yards) sur la droite du front d'attaque de la 11e division. La tranchĂ©e Touch est conquise Ă  gauche en liaison avec la 18e division, la tranchĂ©e Zollern (Zollern Trench) et Midway Line sont capturĂ©es par un bataillon de rĂ©serve qui renforce les troupes de la tranchĂ©e de Hesse (Hesse Trench) et repousse une contre-attaque allemande sur la droite[14].

La 18e division attaque avec deux bataillons de la 53e brigade Ă  droite de Nab Valley et dispose d'un bataillon en soutien. Le plan pour Ă©viter le contre-barrage allemand a pleinement fonctionnĂ©. Son premier objectif est la tranchĂ©e Schwaben (Schwaben Trench) sur la droite et la route de Saint-Pierre-Divion Ă  Pozières, il est atteint en 12 minutes. Deux tanks avancent pour appuyer les troupes d'infanterie, ils sont rapidement abandonnĂ©s après la nouvelle progression des bataillons. Les bataillons d'infanterie atteignent la tranchĂ©e Zollern (Zollern Trench) Ă  13h15 et sont confrontĂ©s Ă  une lĂ©gère rĂ©sistance, ils sont ensuite arrĂŞtĂ©s par le feu de mitrailleuses allemandes et sont obligĂ©s de se replier sur la tranchĂ©e Zollern (Zollern Trench), un bombardement est demandĂ©. La 54e brigade attaque sur un front Ă©troit de 270 mètres (300 yards), un bataillon passe par le village, une compagnie avance le long de la ligne de front allemande initiale, avec le bataillon de soutien et le bataillon de rĂ©serve en Ă©chelon. Les troupes progressent dans le no man's land avant l'heure de l'attaque pour Ă©viter les rĂ©actions de l'artillerie allemande, deux tanks avancent sur le bois Caterpillar. La progression vers Thiepval est lente car les troupes britanniques sont sous le feu des mitrailleuses des ruines du château, jusqu'Ă  ce qu'un tank supprime les mitrailleuses allemandes. L'infanterie britannique perd du temps et n'est plus liĂ©e au barrage, elle continue le combat Ă  travers le village jusqu'Ă  14h30, le village est capturĂ© exceptĂ© le coin nord-ouest du village[14].

Photo aérienne de Thiepval, 1916. (IWM HU 91108)

27 septembre : Toute la nuit et le matin du 27 septembre, la 6e brigade de la 2e division canadienne subit un bombardement d'artillerie par les allemands. Les patrouilles constatent que les Allemands se sont retirés et la brigade s'est alors avancé vers les tranchées d'entraînement allemandes jusqu'à Dyke Road, allant au nord-est de Courcelette et occupe le reste du premier objectif. La 1re division canadienne est contre-attaquée à la tranchée Kenora (Kenora Trench) au petit matin et est repoussée jusqu'à ce qu'une attaque réoccupe la tranchée. Vers 18h00. un bombardement allemand a permis aux allemands d'être proches de reprendre la tranchée, jusqu'à ce qu'ils soient repoussés au dernier moment; plus tard, les Canadiens se retirent dans la tranchée de soutien, puis lancent une contre-attaque à 2 h du matin qui échoue[15]. Dans la zone du IIe corps, la 11e division trouve la redoute de Zollern vide. La tranchée de Zollern était occupée vers l'ouest jusqu'à la jonction avec la ligne médiane et vers l'est pour faire le lien avec les Canadiens. Une avancée prévue à 10h00 est arrêtée par des tirs de mitrailleuses de la redoute Stuff et de la tranchée de Hesse (Hessian Trench). La 32e brigade, en réserve, reçoit l'ordre de poursuivre l'attaque à 15h00[16].

L'attaque est reportée mais l'un des deux bataillons attaque quand même et atteint le côté sud de la redoute Stuff. Une heure plus tard, la tranchée de Hesse à l'ouest est capturée et à 21h00, un bataillon commence à bombarder en avant depuis la redoute de Zollern au nord-ouest. La brigade de gauche attaque vers l'est dans la matinée, liée à la 34e brigade et à 15h00, le reste de la tranchée de Hesse est occupé[17]. La 53e brigade, à droite de la 18e division (Est) consolide la tranchée de Zollern, puis prend part à la tranchée Bulgaren derrière un barrage de mortier Stokes. Les relèves d'unité sont achevées rapidement dans la 54e brigade sur la gauche et l'attaque à travers Thiepval reprend à 5h45, en compagnie d'un bataillon de la 146e brigade de la 49e division (West Riding), dans la ligne de front britannique d'origine à l'ouest de Thiepval. Tout Thiepval est capturé à 11h00 et le contact avec la 53e brigade effectué, la 146e brigade étant relevée par une brigade de la 25e division pendant la nuit[16].

28 septembre : Une patrouille de cavalerie avance sur la droite de la 6e brigade de la 2e division canadienne à l'aube, elle est rapidement arrêtée par le feu des mitrailleuses. Un bataillon avance vers le nord jusqu'à la tranchée de Courcelette (Courcelette Trench), il est sous le feu de mitrailleuses allemandes de la tranchée Regina. Deux nouvelles tentatives de progression sont opérées dans l'après-midi et le soir à 20h30 mais échouent. Durant la nuit, les quatre brigades canadiennes engagées sont relevées par les 4e et 8e brigades. Au 2e corps d'armée, la 32e brigade monte en ligne sur la droite de la 11e division pour engager le combat contre la redoute Stuff et la tranchée de Hesse (Hesse Trench) à 18h00 mais l'attaque est retardée. Un bombardement aux mortiers permet de pénétrer dans la Redoute Stuff et de gagner du terrain, mais les troupes doivent ensuite se replier. La 18e division doit attaquer la redoute Schwaben à 13h00, la brigade de droite est face à la tranchée Zollern (Zollern Trench) et à la ligne Midway. Un bataillon supplémentaire rattaché à la brigade attaque la redoute, dans le même temps, un bataillon de la 54e brigade attaque sur la gauche du front de la brigade[18].

La tranchée des Bulgares (Bulgare Trench) est rapidement prise, les Allemands résistent davantage sur la Ligne Midway. À 14h30 l'extrémité est de la redoute des Souabes (Schwaben Redoubt) est atteinte, la ligne Touch est prise sur la droite du front de la 11e division. Les troupes britanniques atteignent l'angle sud - ouest de la redoute et à 17h00 le côté sud de la redoute est capturé et une liaison établie avec les troupes présentes sur la ligne Midway sur la droite et les troupes mixtes de la 54e brigade sur la gauche. L'ouest de la redoute est prise à 20h00, à partir des lignes allemandes conquises, des patrouilles de la 49e division rencontrent des hommes de la 54e brigade sur leur gauche. Des escarmouches à coups de grenades ont lieu toute la nuit avec des soldats allemands. Au cours de la nuit, la 55e brigade relève la 54e brigade[18].

29 - 30 septembre : La 8e brigade de la 3e Division canadienne attaque à midi en liaison avec la 11e division la tranchée de Hesse sur la partie gauche de son front d'attaque. La tranchée est prise en partie mais ces prises sont abandonnées devant la vigueur de la réponse allemande en artillerie lourde et devant des contre-attaques. Au 2e corps d'armée, la 11e division attaque la redoute Stuff (Stuff Redoubt) et la tranchée Hesse (Hesse Trench) sur la droite de son front d'attaque. La plupart des objectifs sont atteints en liaison avec les troupes canadiennes, mais la redoute n'est pas capturée. Sur le front de la 18e division, une lutte d'artillerie commence vers 7h30 sur la bordure ouest de la redoute des Souabes (Schwaben Redoubt) et dure toute la journée. Le terrain gagné ne peut être conservé, le bataillon d'attaque replie ses troupes présentes trop profondément avancées dans le dispositif allemand. Le 30 septembre, la 11e division reprend l'attaque de la redoute Stuff (Stuff redoubt) à 16h00 soutenu par un barrage d'artillerie à l'ouest sur la tranchée de Hesse (Hesse Trench) et sur la tranchée Zollern (Zollern Trench), au cours de la nuit la moitié sud de la redoute Stuff est conquise. Les mortiers canadiens participent à la capture de la tranchée de Hesse, la 11e division est ensuite relevée par la 25e division d'infanterie. À l'aube une contre-attaque allemande repousse la 18e division du sud et de l'ouest de redoute des Souabes (Schwaben Redoubt). Une nouvelle attaque britannique permet de reprendre la face sud de la redoute et de capturer la face nord à 16h. Une nouvelle contre-attaque allemande à 21h00 reprend la face nord de la redoute jusqu'à l'entrée de la tranchée Stuff[19].

Opérations aériennes

Un Nieuport 23

Les 4e (en) et 7e Squadrons font plusieurs vols de reconnaissance pour observer l'Ă©tat des barbelĂ©s et des tranchĂ©es allemandes avant l'attaque[N 2][20]. Le GHQ Wing fait rĂ©aliser au corps des observateurs aĂ©riens des patrouilles d'observation pour suivre la progression de l'infanterie derrière le barrage roulant. Ils observent les troupes britanniques entrer dans Thiepval avec deux tanks entraĂ®nant la fuite des soldats allemands. Ă€ 13h10 les troupes britanniques sont photographiĂ©es dans la tranchĂ©e de Hesse (Trench Hesse), les observateurs aĂ©riens annoncent la capture du village de Thiepval exceptĂ© le coin nord-ouest. Les observateurs d'artillerie prĂ©sents dans les avions ou les ballons d'observation signalent la position de 64 batteries allemandes actives au cours des 24 premières heures de l'attaque, ils arrivent Ă  localiser les positions de 103 autres. Les observateurs au sol rĂ©ussissent Ă  engager six batteries allemandes, l'observation aĂ©rienne permet de bombarder 22 autres batteries. Au sud de Miraumont un observateur du No. 4 Squadron rapporte la prĂ©sence d'environ 1 000 hommes de troupe allemande sur la route, ils sont dispersĂ©s par l'artillerie lourde britannique. Les Squadrons des 4e et 5e brigades aĂ©riennes ont lancĂ© 135 bombes de 20 livres sur les tranchĂ©es et sur l'artillerie. Les Squadrons de la 3e brigade bombardent l'aĂ©rodrome de Lagnicourt malgrĂ© la mauvaise visibilitĂ© et attaquent les ballons et cerfs-volants allemands. Les Nieuports du 60e Squadron (en) tirent des fusĂ©es le Prieur et des bombes au phosphore sur les ballons en l'air ou Ă  terre. Le 19e Squadron (en) attaque un quartier gĂ©nĂ©ral divisionnaire allemand Ă  Barastre avec 64 bombes de 20 livres. Deux avions allemands sont abattus et quatre endommagĂ©s pour la perte d'un avion britannique sur Bapaume, les machines allemandes plus rapides ont pu ainsi Ă©viter le contact Ă  volontĂ©[21].

Airco DH.2

Le lendemain, les patrouilles offensives britanniques rencontrent de nombreuses formations allemandes dans la matinée avant que la pluie interrompt les vols. Six avions de la 27e Squadron (en) sont attaqués par cinq Albatros D.I de la Jasta 2 dirigé par Oswald Boelcke, qui abattent trois des avions et endommagent l'un des Martinsydes[22][N 3]. Un autre avion britannique du 70e Squadron (en) est perdu lors d'une reconnaissance matinale le long du chemin de fer. Le 28 septembre les avions de la 5e brigade aérienne indiquent la présence des Britanniques sur Schwaben Redoubt et dirigent les tirs d'artillerie sur 31 positions d'artillerie allemande, ils réussissent à faire exploser neuf magasins de munitions. Peu d'avions allemands sont trouvés en vol, deux d'entre eux sont abattus et deux autres endommagés. L'un des avions abattu l'est par un nouveau SPAD S.VII piloté par un pilote de la 60e escadrille. Le mauvais temps maintient au sol la plupart des avions le 29 septembre. Le lendemain le ciel est plus clément, 500 photographies aériennes sont prises afin d'étudier l'état des tranchées et des barbelés allemands. Avec la prise de la redoute Stuff et de la plus grande partie de la Schwaben Redoubt, l'élimination des avions d'observation allemands prend une importance cruciale, onze avions attaquent à nouveau l'aérodrome de Lagnicourt, escorté par les 11e (en) et 60e Squadrons (en). Plusieurs avions allemands ont pu décoller et attaquer les avions britanniques lors de leur retour, trois avions allemands sont abattus et un endommagé pour une perte d'un FE 2b chez les Britanniques[23].

Ire armée allemande

Photo aérienne de Thiepval sous bombardement

La VIIe division est formée de 3 régiments, elle est placée sur Courcelette. Chaque régiment dispose d'un bataillon en première ligne, d'un bataillon en seconde ligne et d'un bataillon de réserve. Les tranchées de première ligne à proximité de la route reliant Albert à Bapaume sont perdus rapidement. Le LXXIIe régiment d'infanterie placé au centre de la ligne de la VIIe division résiste aux attaques canadiennes. Le régiment placé à droite est lentement repoussé, après avoir réussi à tendre une embuscade aux Canadiens en occupant la tranchée Fabeck (Fabeck Graben) dans le no man's land que les planificateurs d'artillerie britanniques l'ont ignoré, pensant qu'elle était abandonnée. Les Allemands sont rapidement débordés, les cinquante survivants se rendent à 12h55. Les Canadiens pressent les deux flancs et envahissent rapidement la tranchée Zollern (Zollern Trench). À 13h30, le LXXIIe régiment a ses deux flancs sans lien, des renforts du bataillon de soutien permettent d'établir un flanc défensif en contrebas de la route reliant Courcelette à Miraumont, au sud de la tranchée Stuff (Trench Stuff). Le reste des renforts rejoint le CCCXCIIIe régiment sur le flanc gauche[24].

Au crĂ©puscule, l'artillerie britannique transforme la tranchĂ©e Zollern (Zollern Trench) en un paysage lunaire, tandis que les avions britanniques mitraillent la tranchĂ©e. Une attaque canadienne est repoussĂ©e, une deuxième tentative Ă  minuit est arrĂŞtĂ©e grâce aux renforts. Les Canadiens continuent leur pression sur les deux flancs du LXXIIe rĂ©giment allemand. Ils parviennent Ă  occuper, de part et d'autre du LXXIIe rĂ©giment, la tranchĂ©e Zollern (Zollern Trench) et l'extrĂ©mitĂ© est de la tranchĂ©e de Hesse (Trench Hesse). Ces positions tombent une fois les bataillons du XXVIe rĂ©giment de première ligne et seconde ligne dĂ©truits. Quelques soldats allemands parviennent Ă  se replier sur la tranchĂ©e Stuff (Trench Stuff). Ils tiennent tout l'après-midi 1 600 mètres (1 700 yards) de la tranchĂ©e face aux Canadiens Ă  l'exception de la perte de 180 mètres (200 yards) de la tranchĂ©e Ă  proximitĂ© de la route reliant Courcelette Ă  Grandcourt. Au cours de la nuit, la VIIe division se retire au sud de la tranchĂ©e Stuff (Trench Stuff) et Ă  l'est pour couvrir Pys la position Below[24].

Le XCIIIe régiment de la VIIIe division tient la redoute Zollern (Redoubt Zollern ) et une partie de la tranchée Zollern à l'est de Thiepval, le bataillon de soutien se trouve dans la tranchée de Hesse (Trench Hesse) et le bataillon de réserve dans la tranchée Stuff (Trench Stuff). Le CLXVe régiment est positionné dans la tranchée du Mouquet ( Mouquet Trench ) le long de la route reliant Thiepval à Pozières, une compagnie est située dans la ferme du Mouquet, les bataillons de soutien et de réserve sont placés dans la redoute verte (Green Redoubt ou Feste Grüne), la ligne Midway et la tranchée Stuff (Stuff Trench). Le CLIIIe régiment tient la grande tranchée de la route Pozières sur le bord est de Thiepval avec les bataillons dans la tranchée des Souabes (Schwaben Trench) et dans la tranchée de Hesse. La défense du CLIIIe régiment placé à la périphérie de Thiepval s'effondre, quand trois chars, résistants aux tirs de mitrailleuses et aux grenades à mains, apparaissent. Un bataillon et demi de troupes allemandes situés dans le domaine de la grande tranchée et de la tranchée des Souabes (Schwaben Trench) sont submergés par l'infanterie britannique et doivent se rendre. La poussière et la fumée de l'artillerie masque la progression de l'infanterie britannique vers la tranchée de Hesse où sont positionnées deux compagnies de réserve allemandes[25].

La dĂ©fense allemande est dĂ©bordĂ©e sur les deux ailes, la ferme de Mouquet est encerclĂ©e et rĂ©siste jusqu'Ă  18h00. La tranchĂ©e de Mouquet est capturĂ©e, le CLXVe rĂ©giment sur l'aile gauche est repoussĂ© le long de Feste GrĂĽne. Les Allemands tiennent encore la redoute Zollern (Zollern Redoubt) aidĂ©s par un contre-barrage prĂ©cis qui tombe 140 mètres (150 yards) devant la redoute. Une batterie d'artillerie britannique est dĂ©telĂ©e Ă  910 mètres mais est atteinte par des tirs de mitrailleuses allemandes. Un nouveau bombardement britannique est dĂ©clenchĂ©, suivi d'une nouvelle attaque d'infanterie Ă  15h00 repoussĂ©e. Les troupes canadiennes avancent sur la gauche du front et commencent Ă  menacer le flanc gauche tandis que les troupes britanniques passent sur la partie droite et repoussent les derniers dĂ©fenseurs allemands de la tranchĂ©e de Hesse. Pendant la nuit, la tranchĂ©e Staufen (Staufen Riegel) devient la tranchĂ©e de première ligne et les points encore tenus en avant deviennent des avant-postes. En dĂ©but de matinĂ©e la nouvelle ligne de front de la division se situe entre la tranchĂ©e de Hesse (Hessen Weg) et la tranchĂ©e Staufen (Staufen Riegel) puis passe par la route reliant Grandcourt Ă  Courcelette. La droite de la VIIe division passe par Feste GrĂĽne[25].

Le CLXXXe régiment d'infanterie de la XXVIe division de réserve tient Thiepval avec une partie du LXXVIIe régiment d'infanterie de réserve. La redoute Schwaben Redoubt (Schwaben Redoubt) et la ligne de front au nord-ouest de Saint-Pierre-Divion sont tenues par le LXVIe régiment d'infanterie. Le bataillon de soutien et le bataillon de réserve sont placés sur la tranchée Schwaben (Schwaben Riegel), la Feste Grüne et la tranchée Staufen Riegel (Staufen Riegel). Les Allemands sont témoins du creusement des tranchées d'attaque britanniques et sont mis en alerte. Les défenseurs bloquent la progression des deux premières vagues britannique. Un tank est apparu venant du bois d'Authuille à la tête d'une troisième vague d'attaque. Cette attaque recueille les survivants des deux premières vagues et atteint les positions allemandes. Les compagnies du CLXXXe régiment qui tiennent encore les côtés sud et ouest de Thiepval sont attaquées à revers par des grenadiers britanniques vers l'ouest. Certaines troupes britanniques atteignent la tranchée bulgare (Bulgaren Weg) derrière Thiepval. Les compagnies de soutien et de réserve allemandes parviennent à stopper la progression britannique. En 30 minutes, les Britanniques parviennent sur Feste Grüne et envoient des reconnaissances au-delà de la tranchée de Hesse (Hessen Weg). À 18 h 30 un pigeon voyageur parvient au quartier-général de la XXVIe division de réserve, avec un message indiquant que le bataillon est réduit à dix-huit hommes[26]. La garnison de Thiepval a environ 75 % de pertes, les survivants se rallient de part et d'autre de la route reliant Thiepval à Grandcourt, sur la tranchée de Hesse (Hohen Weg), la tranchée bulgare (Bulgaren Weg) à la Feste Grüne[27].

Actions françaises

Une planification rigoureuse de l'attaque combinĂ©e Ă  Morval est nĂ©cessaire car la 6e armĂ©e française doit avancer dans des directions divergentes vers l'est et vers le nord-est[N 4]. Les nouvelles attaques dans le nord qui doivent maintenir le contact avec les troupes britanniques. Une partie des troupes chargĂ©es de cette mission viennent des troupes de la 10e armĂ©e plus au sud. De l'artillerie et de l'aviation sont transfĂ©rĂ©es du front de Verdun et 32e corps d'armĂ©e est insĂ©rĂ© Ă  la droite du 1er corps d'armĂ©e. La 6e armĂ©e doit avancer sur un front de 2 700 mètres (3 000 yards) Ă  proximitĂ© de la ligne Moislains - Le Transloy. Le gĂ©nĂ©ral Foch intervient le 25 septembre pour s'assurer que les 1er et 32e corps attaquent au nord de Sailly-Saillisel, avec le 5e corps d'armĂ©e en flanc-garde droite. Les rĂ©sultats des attaques rĂ©alisĂ©es au cours des après-midi des 26 et 27 septembre sont faibles, peu de terrain est gagnĂ© du fait de l'intensitĂ© de la rĂ©action de l'artillerie allemande. le gĂ©nĂ©ral Fayolle conclut alors que les prochaines opĂ©rations nĂ©cessiteront une prĂ©paration d'artillerie consĂ©quente[28].

Bilan

Analyse de la bataille

Les conclusions allemandes sur la bataille de la crĂŞte de Thiepval indiquent que les avancĂ©es au nord-ouest de Courcelette et Ă  l'est de Thiepval vont entraĂ®ner Ă  terme la dĂ©faite par la perte de la position de Thiepval. Le manque de rĂ©serves force la VIIe division Ă  battre en retraite vers l'est. La 11e division (en) a rĂ©ussi Ă  dĂ©border Thiepval par la droite et Ă  s'emparer du village et de sa garnison, les Britanniques avancent d'environ 900 Ă  1 800 mètres (1 000 Ă  2 000 yards) sur 5 500 mètres (6 000 yards) du front de l'attaque[29]. Les Britanniques continuent les jours suivants leur progression vers les redoutes Stuff et Schwaben, les Allemands sont finalement dĂ©logĂ©s de ces points fortifiĂ©s lors de la bataille des hauteurs de l'Ancre qui dĂ©bute le 1er octobre. La prise de la crĂŞte de Thiepval, de Sailly-Saillisel sur le front de la 6e armĂ©e française et au mois de juillet de la crĂŞte de Bazentin permet d'obtenir des points d'observation sur les terrains situĂ©s sur le cours supĂ©rieur de la rivière Ancre supĂ©rieur et les Ă©perons et les vallĂ©es de la rive nord[30]. Les Britanniques font un meilleur usage de leur artillerie, l'artillerie allemande voit sa consommation de munitions passĂ©e de 1,5 million d'obus en aoĂ»t Ă  4,1 millions d'obus en septembre. La plupart des munitions est utilisĂ©e inefficacement, la majoritĂ© des tirs allemands sont faits en aveugle, les observateurs n'ont plus de positions hautes permettant de diriger le tir. La pĂ©nurie des munitions limite Ă©galement la durĂ©e des barrages dĂ©fensifs allemands Ă  trois minutes, de plus du fait de l'usure des pièces jusqu'Ă  25 % des canons allemands tombent en panne lors de la bataille[31].

Pertes humaines

La 1re division canadienne enregistre entre le 1er et le 30 septembre : 6 254 pertes. La 11e division (en) entre le 26 et le 30 septembre a 3 615 pertes dont environ 70 % sont blessĂ©s[32]. Les pertes de la 18e division sont de 4 000 hommes[33]. Les pertes allemandes sont inconnues, mais on considère que le mois de septembre est le mois le plus coĂ»teux en hommes pour les Allemands avec environ 135 000 hommes[34]. Entre le 14 et le 30 septembre environ 10 000 Allemands, 27 canons, 200 mitrailleuses et 40 mortiers de tranchĂ©e sont capturĂ©s par l'armĂ©e de rĂ©serve[35] - [36]. Environ 2 300 prisonniers sont faits au cours de la bataille de la crĂŞte de Thiepval.

Opérations ultérieures

La bataille de la crête de Thiepval s'achève le 30 septembre avec la capture d'une grande partie de la redoute Schwaben, au nord de Thiepval, un des objectifs de la première journée de la bataille de la Somme théâtre de violents combats de la 36e division (Ulster)[37]. Avec la bataille des hauteurs de l'Ancre qui débute le 1er octobre, tous les objectifs finaux de la bataille de Thiepval sont atteints. Le 14 octobre le reste de la Schwaben Redoubt est capturé, le 11 novembre le Corps canadien prend la tranchée Régina[38].

Site de Commémoration

MĂ©morial de Thiepval

La position de Thiepval a Ă©tĂ© un objectif majeur pour les troupes britanniques au cours de la bataille de la Somme. Dès le premier jour de la bataille le site est attaquĂ© sans rĂ©sultat. Il faut attendre pratiquement trois mois pour que la crĂŞte de Thiepval soit capturĂ©e par les troupes britanniques. Du fait de la violence des combats et de sa position dominante, les hauteurs de la crĂŞte de Thiepval est choisi pour ĂŞtre le lieu du mĂ©morial anglo-française aux « disparus de la Somme ». L'impressionnant et massif MĂ©morial de Thiepval aux disparus de la Somme est dĂ©diĂ© aux hommes tuĂ©s lors des combats de 1916 Ă  1918 et dont les corps n'ont jamais pu ĂŞtre retrouvĂ©s. Les piliers du monument portent les noms de plus de 72 000 soldats britanniques tuĂ©s sur les champs de bataille de la Somme « mais Ă  qui la fortune de la guerre a refusĂ© une sĂ©pulture connue et honorĂ©e donnĂ©e Ă  leurs camarades dans la mort »[39].

Pour approfondir

Bibliographie

  • J. H. Boraston, Sir Douglas Haig's Despatches, Londres, Dent, , Littlehampton Book Services 1979 Ă©d. (ISBN 0-460-04371-4).
  • C. Duffy, Through German Eyes : The British and the Somme 1916, Londres, Weidenfeld & Nicholson, , Phoenix 2007 Ă©d., 383 p. (ISBN 978-0-7538-2202-9).
  • M. Farndale, History of the Royal Regiment of Artillery, Western Front 1914–18, Londres, Royal Artillery Institution, (ISBN 1-870114-00-0).
  • G Gliddon, When the Barrage Lifts : A Topographical History and Commentary on the Battle of the Somme 1916, Norwich, Gliddon Books, (ISBN 0-947893-02-4).
  • P Griffith, Battle Tactics of the Western Front : The British Army's Art of Attack 1916–18, Londres, Yale, , 1996e Ă©d. (ISBN 0-300-06663-5).
  • H. A. Jones, The War in the Air, Being the Story of the Part Played in the Great War by the Royal Air Force : Vol II, Londres, Clarendon Press, , N & M Press 2002 Ă©d. (ISBN 1-84342-413-4).
  • C McCarthy, The Somme : The Day-by-Day Account, Londres, Weidenfeld Military, , Arms & Armour Press 1995 Ă©d. (ISBN 1-85409-330-4).
  • W. Miles, Military Operations, France and Belgium, 1916. 2nd July 1916 to the End of the Battles of the Somme, Londres, HMSO, , IWM & Battery Press 1992 Ă©d. (ISBN 0-901627-76-3).
  • G.H.F. Nichols, The 18th Division in the Great War, Londres, Blackwood, , N&M Press 2004 Ă©d., 536 p. (ISBN 1-84342-866-0).
  • (en) W. Philpott, Bloody victory : the sacrifice on the Somme and the making of the twentieth century, Londres, Little, Brown, , 1st Ă©d., 721 p. (ISBN 978-1-4087-0108-9).
  • (en) Wilson, T Prior, R &, The Somme, Londres, Yale, , 358 p. (ISBN 0-300-10694-7).
  • D. (ed.) Rogers, Landrecies to Cambrai : Case Studies of German Offensive and Defensive Operations on the Western Front 1914–17, Solihull, Helion, (ISBN 978-1-906033-76-7).
  • (en) J. Sheldon, The German Army on the Somme 1914–1916, Londres, Leo Cooper, , Pen & Sword Military 2006 Ă©d., 432 p. (ISBN 1-84415-269-3).
  • S. F. Wise, Canadian Airmen and the First Word War : The Official History of the Royal Canadian Air Force, Toronto, University of Toronto Press, (ISBN 0-8020-2379-7).

Liens internes

Notes et références

Notes

  1. Après la bataille de Flers-Courcelette le 22 septembre, les armĂ©es anglo-françaises ont tentĂ© d'appuyer leur avantage avec plusieurs petites attaques en succession rapide, plutĂ´t que de faire une pause pour se regrouper et donner aux armĂ©es allemandes le temps de rĂ©cupĂ©rer. La pĂ©riodisation par les historiens a donnĂ© des dates discrètes pour les batailles anglo-françaises, mais il y avait des chevauchements considĂ©rables et une continuitĂ© des opĂ©rations, jusqu'Ă  ce que les difficultĂ©s mĂ©tĂ©orologiques et d'approvisionnement de la mi-novembre mettent fin Ă  la bataille. L'histoire de la Grande Guerre britannique continue le rĂ©cit jusqu'au 30 septembre, bien qu'elle date la bataille du 26 au 28 septembre.
  2. Les observateurs aĂ©riens pouvaient identifier les troupes Ă  partir de 700 pieds (210 m) et, sous un bon Ă©clairage, pouvaient distinguer les tranchĂ©es occupĂ©es Ă  partir de 2 000 pieds (610 m)
  3. Au début de la bataille de la Somme, l'Imperial German Flying Corps (Die Fliegertruppen des deutschen Kaiserreiches/Die Fliegertruppen) avait reçu quelques Halberstadt D.II et LFG Roland D.I qui surclassaient la Royal Aircraft Factory B.E.12, Morane-Saulnier L et d'autres modèles britanniques et français plus anciens. L'Albatros D.II a commencé à équiper les Jagdstaffeln (Jastas), nouveaux escadrons de chasse allemands spécialisés, formés à partir d'août
  4. Les unités militaires mentionnées après cette première dans cette section sont françaises sauf si cela est spécifié spécifiquement.

Références

  1. Griffith 1996, p. 75–76.
  2. Nichols 2004, p. 78–83.
  3. Miles 1992, p. 391–393.
  4. Farndale 1986, p. 154.
  5. Nichols 2004, p. 79–83.
  6. Nichols 2004, p. 81.
  7. Miles 1992, p. 391–394.
  8. Miles 1992, p. 412 & 420.
  9. Miles 1992, p. 394.
  10. Duffy 2007, p. 239.
  11. Rogers 2010, p. 124–125.
  12. Nichols 2004, p. 82.
  13. McCarthy 1995, p. 119.
  14. McCarthy 1995, p. 119–120.
  15. McCarthy 1995, p. 122.
  16. McCarthy 1995, p. 123.
  17. McCarthy 1995, p. 122–123.
  18. McCarthy 1995, p. 123–124.
  19. McCarthy 1995, p. 124–125.
  20. Wise 1981, p. 382.
  21. Jones 2002, p. 291–293.
  22. Wise 1981, p. 383–384.
  23. Jones 2002, p. 293–296.
  24. Rogers 2010, p. 126–127.
  25. Rogers 2010, p. 127–129.
  26. Sheldon 2006, p. 303–306.
  27. Rogers 2010, p. 130–131.
  28. Miles 1992, p. 390.
  29. Prior et Wilson 2005, p. 358.
  30. Rogers 2010, p. 131.
  31. Duffy 2007, p. 242–243.
  32. Miles 1992, p. 411, 422.
  33. Prior et Wilson 2005, p. 258.
  34. Duffy 2007, p. 242.
  35. Gough 1968, p. 149.
  36. Boraston 1979, p. 44.
  37. Miles 1992, p. 417–420.
  38. Miles 1992, p. 447–454, 465.
  39. Philpott 2009, p. 538–539, 545–546, 619.
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