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Bataille d'Iwo Jima

La bataille d'Iwo Jima est l'assaut, durant la guerre du Pacifique, menĂ© par les forces amĂ©ricaines sur l'Ă®le japonaise d'Iwo Jima (硫黄島, IĹŤtĹŤ), petite Ă®le faisant partie de l'archipel d'Ogasawara, Ă  environ 1 000 km au sud de Tokyo et solidement dĂ©fendue par l'ArmĂ©e impĂ©riale japonaise. Elle se dĂ©roula entre fĂ©vrier et mars 1945 et s'acheva par la conquĂŞte de l'Ă®le par les AmĂ©ricains au prix de 20 703 tuĂ©s et 1 152 Japonais disparus (la quasi-totalitĂ© de la garnison) et 6 821 tuĂ©s, 492 disparus et 19 189 AmĂ©ricains blessĂ©s.

Bataille d'Iwo Jima
Description de cette image, également commentée ci-après
Le premier drapeau planté sur le mont Suribachi.
Informations générales
Date 19 février –
Lieu Iwo Jima, Japon
Issue Victoire américaine décisive
Commandants
• Holland Smith
• Marc Mitscher
• Alexander Vandegrift
• Graves Erskine
• Clifton Cates
• Keller Rockey
• Chester Nimitz
• Tadamichi Kuribayashi †
• Sadasue Senda †
• Rinosuke Ichimaru †
• Takeichi Nishi †
Forces en présence
• V Amphibious Corps
• Seventh Air Force
• Cinquième flotte des États-Unis
soit 70 000 hommes
22 000 hommes
Pertes
6 821 morts
19 189 blessĂ©s
494 disparus

1 porte-avions coulé
1 porte-avions gravement endommagé
20 703 morts
216 prisonniers
1 152 disparus

Notes

Campagne des archipels Ogasawara et Ryūkyū



CoordonnĂ©es 24° 46′ 48″ nord, 141° 19′ 12″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Japon
(Voir situation sur carte : Japon)
Bataille d'Iwo Jima
Géolocalisation sur la carte : océan Pacifique
(Voir situation sur carte : océan Pacifique)
Bataille d'Iwo Jima

La bataille a été particulièrement médiatisée par la photographie des Marines érigeant le drapeau au sommet du mont Suribachi (prise le par le photographe américain Joe Rosenthal).

Bombardements des mois précédents et contexte de l'assaut

L'île subit les bombardements les plus longs de toute la guerre du Pacifique avec, d'août à octobre 1944, 48 raids aériens[1], principalement pour détruire ses deux aérodromes. À partir du 8 décembre 1944, les navires de l'US Navy prirent le relais.

Au début de 1945, le Japon était bombardé quotidiennement depuis les îles Mariannes (opération Scavenger (en)) et Iwo Jima sert de station d'alerte pour la défense nippone. Fin décembre 1944, les Alliés avaient débarqué sur l'île de Leyte dans les Philippines et la conquirent bien plus rapidement qu'ils ne l'escomptaient. L'invasion de l'île d'Okinawa ne pouvait cependant pas commencer avant plusieurs mois pour des raisons logistiques, il fut donc décidé d'envahir Iwo Jima pendant ce laps de temps et de prendre le contrôle de ses aérodromes, d'importance stratégique pour la suite des opérations, sous le nom d'opération Detachment.

Les défenses japonaises

L'Ă®le, d'une superficie de seulement 21 km2, prĂ©sente dans son ensemble un relief relativement plat, avec un plateau sur sa partie la plus large au nord et une pointe sud basse et resserrĂ©e, mais Ă  l'extrĂ©mitĂ© de laquelle se dresse le volcan Suribachi[1]. Les dĂ©fenseurs japonais Ă©taient prĂŞts. L'Ă®le Ă©tait dĂ©fendue par une garnison de 22 000 soldats composĂ©e de la 109e division d'infanterie japonaise[1] et de renforts. Elle Ă©tait fortifiĂ©e par un rĂ©seau de protections souterraines, dont le but Ă©tait d'infliger des pertes sĂ©vères aux AlliĂ©s et de les dĂ©courager d'envahir l'archipel du Japon. Tous devaient faire le sacrifice de leur vie pour leur patrie en emportant dix ennemis avec eux. Les invasions d'autres Ă®les tenues par les Japonais, les mois prĂ©cĂ©dents, avaient rendu les AmĂ©ricains mĂ©fiants. Ainsi, Ă  partir du 16 fĂ©vrier, dĂ©buta un pilonnage aĂ©rien et naval systĂ©matique, qui dura trois jours. MalgrĂ© cela, les dĂ©fenses enterrĂ©es furent très peu endommagĂ©es.

DĂ©barquement

L'assaut amphibie commença le 19 février à 9 heures. Les unités américaines se retrouvèrent très rapidement bloquées sur la plage sous un intense tir croisé d'artillerie, de mitrailleuses et de snipers d'unités japonaises retranchées dans de bonnes positions défensives qu'elles avaient mis des mois à construire et que les bombardements préalables à l'invasion avaient à peine endommagées. Au fur et à mesure que des vagues successives de Marines étaient acheminées sur l'île, la zone de débarquement se retrouva bientôt bondée augmentant encore plus les pertes au combat des forces américaines toujours incapables d'avancer. Deux heures à peine après le début de l'offensive, on fit déjà appel aux unités d'infanterie de réserve. La plage ne fut à peu près sécurisée que le soir ; cependant les tirs de snipers sporadiques ne cesseront qu'après la prise du mont Suribachi quatre jours plus tard[2].

La bataille sur l'île

Carte américaine.
Débarquement de la 5e division de Marines depuis les navires de la sixième flotte américain avec Le mont Suribachi en arrière-plan.
Matériel sur la plage.

L'opĂ©ration Detachment regroupait 8 cuirassĂ©s, 8 croiseurs et 10 porte-avions d'escorte[1]. Cette flotte est chargĂ©e d'appuyer le Ve corps amphibie (3e, 4e et 5e divisions de Marines) composĂ© de 30 000 hommes qui dĂ©barquent sur la longue plage sud-est de l'Ă®le le 19 fĂ©vrier. Ils doivent faire face Ă  un feu nourri depuis le volcan Suribachi qui domine au sud de la plage. Les Japonais ont attendu que les Marines aient mis pied Ă  terre avant de dĂ©clencher un feu important. Les AmĂ©ricains sont clouĂ©s sur les plages mais la progression se fait avec l'appui du feu de la Navy. Ă€ la fin du premier jour, ils ont rĂ©ussi Ă  Ă©tablir une tĂŞte de pont sur toute l'extrĂ©mitĂ© sud de l'Ă®le, exceptĂ© le mont Suribachi[1].

Il n'était pas possible de creuser des trous dans le basalte et seuls les lance-flammes et les grenades purent déloger les défenseurs retranchés. Quarante mille hommes débarquèrent les jours suivants et, finalement, le 23 février, le sommet est atteint. Un drapeau est élevé sur le Suribachi et un deuxième le remplace peu après. La scène du deuxième est immortalisée par un cliché de Joe Rosenthal, Raising the Flag on Iwo Jima.

La prise des aérodromes

L'île comprenait 2 aérodromes et un 3e en construction sur le plateau de la partie nord de l'île.

Les 22 000 Japonais se battirent avec opiniâtretĂ© mais un premier aĂ©rodrome est pris le 22 fĂ©vrier. Le deuxième fut l'objet de combats sauvages et dĂ©cousus oĂą des groupes de Japonais, sur les initiatives individuelles de quelques officiers mais pas du haut-commandement impĂ©rial sur l'Ă®le, se lancèrent dans des contre-attaques suicides qui provoquèrent une profonde confusion et dĂ©sordre dans la bataille. Les chars Sherman furent dĂ©truits les uns après les autres Ă  cause des canons antichars dissimulĂ©s et des nombreuses mines. Le 25 fĂ©vrier, les derniers soldats japonais dĂ©fendant le deuxième aĂ©rodrome se suicident.

Le 2 mars, le troisième terrain d'aviation tombe après des combats sanglants. Une zone situĂ©e Ă  l'est du deuxième aĂ©roport est baptisĂ©e the meatgrinder (le hachoir Ă  viande) par les Marines. Elle tombe le 3 mars mais a coĂ»tĂ© Ă  elle seule 6 600 Marines blessĂ©s ou tuĂ©s.

Le 15 mars, la majorité de l'île est prise par les Américains qui durent cependant continuer à nettoyer des poches de résistance tenaces. Le blockhaus, au nord de l'île, du général Tadamichi Kuribayashi, commandant la garnison japonaise, ne sera neutralisé que le 25 mars[1] ; il n'y aura aucun survivant. Dans les premières heures du 26 mars, après s'être silencieusement infiltrés au plus près des lignes américaines, environ 300 soldats nippons lancèrent une ultime charge, bien organisée, sur l'un des aérodromes, au cours de laquelle 262 d'entre eux et 53 Américains périrent. Il est probable que le général Kuribayashi ait mené cet ultime assaut bien que son corps ne fut jamais retrouvé.

De toute la bataille, seuls 216 Japonais[3] sur les 22 000 dĂ©fenseurs de l'Ă®le furent faits prisonniers. Parmi ces 216 hommes, seulement 22 se sont rendus de leur propre initiative, les autres ayant Ă©tĂ© capturĂ©s inconscients ou blessĂ©s, ce qui illustre la fĂ©rocitĂ© des combats qui auraient attendus les AlliĂ©s dans le cas de l'invasion des principaux archipels japonais lors de l'opĂ©ration Downfall.

Unicité de la bataille d'Iwo Jima dans la guerre du Pacifique

En plus du taux élevé de pertes au combat des Américains sur cette île, la spécificité d'Iwo Jima par rapport aux autres batailles de la guerre du Pacifique consiste en le fait qu'il n'y existait pas de réel front de combat clair et distinct. L'île était simplement parsemée d'îlots disparates de résistance japonaise astucieusement placés, de tailles et d’agressivité variées. Au fur et à mesure que les troupes américaines s’enfonçaient dans l'île, elles risquaient de s'exposer à un feu ennemi venant de tous les côtés, y compris dans leur dos. Les soldats japonais, acharnés à défendre leurs positions, étaient retranchés aussi bien dans des casemates, grottes, tranchées, bunkers que simplement cachés derrière des rochers. Ils harcelaient constamment les soldats américains : il en résulta une certaine paranoïa des Marines ouvrant le feu au moindre doute, ce qui engendra un nombre relativement élevé de pertes sous feu ami.

Cette bataille est restée profondément ancrée dans l'imaginaire collectif américain, en raison de son intensité, mais également par l'ambiance unique que décrivent les vétérans : jusque dans les derniers jours de combat, hormis près des plages, aucune zone de l'île ne pouvait être réellement considérée comme une zone sûre. La mort pouvait frapper à tout instant, n'importe où, venant de n'importe quelle direction. Tout au long de l'affrontement, on releva fréquemment de leurs activités des Marines de l'arrière ne devant normalement pas combattre en première ligne (troupes du génie, de la logistique, de l'administration, mécaniciens, cuisiniers…), afin de remplacer au combat les troupes d'infanterie décimées[2].

Les pertes

L'USS Saratoga après l'attaque kamikaze du 21 février 1945.

Les forces amĂ©ricaines subirent 6 821 morts, dont 5 931 Marines[4] (soit environ un quart de l'ensemble des Marines tuĂ©s durant toute la Seconde Guerre mondiale en seulement 5 semaines), et 19 000 blessĂ©s. Un quart de toutes les Medal of Honor reçues au cours de la guerre par des membres de l'USMC seront attribuĂ©es Ă  l'occasion de cette invasion. Le hĂ©ros de guerre John Basilone y pĂ©rit notamment le premier jour du dĂ©barquement amĂ©ricain.

L'US Navy perdit en tout de son côté 881 hommes au combat[5], aussi bien des infirmiers ou des Seabees qui combattaient sur l'île même aux côtés des Marines, que des pilotes d'avions ou des marins morts en mer lors d'attaques aériennes. Le 21 février 1945, l'USS Saratoga au cours d'une patrouille au large d'Iwo Jima fut à ce titre par exemple gravement endommagé, 123 de ses marins tués ou disparus et 36 de ses avions détruits, lors d'une attaque au cours de laquelle le porte-avions a été touché par cinq bombes et trois avions kamikazes japonais[6]. Deux autres avions kamikazes touchèrent ce même jour un autre porte-avions américain, l'USS Bismarck Sea, qui coula et entraîna la mort de 318 de ses marins[7].

Seuls 8 700 corps sur les 20 Ă  22 000 combattants japonais morts durant la bataille ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s, des recherches Ă©tant toujours en cours en 2011[8]. Il n'y eut aucune victime civile, la population locale ayant Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©e avant le dĂ©but de la bataille. Les derniers soldats nippons faits prisonniers sur l'Ă®le, Yamakage Kufuku et Matsudo Linsoki, ne se rendirent que le 6 janvier 1949 après avoir vĂ©cu près de quatre ans cachĂ©s dans des grottes, survivant grâce Ă  des rations alimentaires volĂ©es dans les stocks amĂ©ricains[9].

Après la bataille : une base aérienne américaine

Dès le 9 mars, un aérodrome pris permet l'atterrissage en urgence d'un B-29[1] (il y en aura en tout 2 251[1]).

La semaine suivante, des chasseurs américains menaient leurs opérations depuis les aérodromes conquis et dès le 7 avril, les chasseurs d'escorte de type Mustang P-51, accompagnent les raids de B-29 sur le Japon depuis l'île[1], effectuant trois missions dans le mois avant de suspendre les vols d'escortes jusqu'à la mi-juillet à cause des forts vents dans cette zone qui entament grandement leurs réserves de carburant. Les travaux d'agrandissement et de construction de nouvelles pistes feront que la structure aéroportuaire américaine couvrira jusqu'à la moitié d'Iwo Jima[1].

Avec la prise d'Okinawa trois mois plus tard, l'encerclement du Japon Ă©tait total[1].

Galerie

  • DĂ©barquement amĂ©ricain sur Iwo Jima.
    Débarquement américain sur Iwo Jima.
  • Canon de 37 mm tirant sur le mont Suribachi.
    Canon de 37 mm tirant sur le mont Suribachi.
  • Combats devant une cave japonaise creusĂ©e dans la roche.
    Combats devant une cave japonaise creusée dans la roche.
  • Des hommes de la 4e division des Marines.
    Des hommes de la 4e division des Marines.
  • L'Ă®le d'Iwo Jima offrait un terrain de combat escarpĂ© et rocailleux.
    L'île d'Iwo Jima offrait un terrain de combat escarpé et rocailleux.
  • Un char M4 Ă©quipĂ© d'un lance-flammes Ronson.
    Un char M4 équipé d'un lance-flammes Ronson.
  • Sgt. Bill Genaust (gauche) et le Cpl AtleeTracy dans un abri creusĂ©
    Sgt. Bill Genaust (gauche) et le Cpl AtleeTracy dans un abri creusé
  • Un Marine utilisant une mitrailleuse Browning sur les positions japonaises
    Un Marine utilisant une mitrailleuse Browning sur les positions japonaises

Postérité

Trois navires de l'US Navy porteront le nom d'Iwo Jima :

Le mémorial du Corps des Marines aux abords du cimetière d'Arlington près de Washington D.C avec une statue de bronze reproduisant la célèbre photo Raising the Flag on Iwo Jima.

Films

Cette bataille inspira le film Iwo Jima (Sands of Iwo Jima), réalisé en 1949.

Clint Eastwood a réalisé en 2006 une version cinématographique en deux parties :

Séries télévisées

  • Steven Spielberg et Tom Hanks ont rĂ©alisĂ© de 2007 Ă  2008 la sĂ©rie The Pacific, dont l'Ă©pisode 8 avec la reconstitution du dĂ©barquement Ă  Iwo Jima du 19 fĂ©vrier 1945.
  • Dans l'Ă©pisode 7 de la saison 2 de NCIS : EnquĂŞtes spĂ©ciales, la bataille d'Iwo Jima est mise en scène par le biais d'un ancien soldat rĂ©cipiendaire de la mĂ©daille d'honneur de la Marine, Ernest Yost, qui avoue le meurtre de son meilleur ami lors de la bataille.
  • Dans l'Ă©pisode 2 de la saison 3 de Pawn Stars, un client, dont le père Ă©tait pilote de pĂ©niche lors du dĂ©barquement d'Iwo Jima, apporte au magasin des plans amĂ©ricains ayant servis au repĂ©rage (profondeur des eaux et heures des marĂ©es).

Jeux vidéo

Notes et références

  1. (en) Willmott (trad. de l'anglais par Geneviève Brzustowski, préf. Philippe Masson, ill. Cassel), La Guerre du Pacifique : 1941-1945 [« The Second World War in the Far East »], Paris, Autrement, coll. « Atlas des Guerres », (1re éd. 2001), 224 p. (ISBN 2-7467-0042-5), « Dernière étape : Suprématie et victoire », p. 182 et 183.
  2. (en) McLaughlin/Miller, From the Volcano to the Gorge : Getting the Jobe Done on Iwo Jima, Tower, , 330 p..
  3. Ce chiffre est celui donné par Robert S. Burrell dans son ouvrage The Ghosts of Iwo Jima, 2006, Texas A&M University Press (ISBN 1-58544-483-9).
  4. (en) Mitchell Landsberg, « On War: Joe Rosenthal & Iwo Jima », DenverPost.com, .
  5. (en) « Iwo Jima-The Cost ».
  6. (en) « USS Saratoga », World War II Database.
  7. (en) « Sinking of the USS Bismarck Sea off Iwo Jima », IAD Maritime Resource and Historical Documentation Center.
  8. Leo West, « Naoto Kan promet de trouver les derniers soldats d’Iwo Jima », Aujourd'hui le Japon, le 16 février 2011.
  9. (en) Donald Cook, « Capture of Two Holdouts January 6, 1949 », No Surrender: Japanese Holdouts.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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