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Bataille d'Évora

La bataille d'Évora se dĂ©roula le 29 juillet 1808 Ă  Évora au Portugal, dans le cadre de la guerre pĂ©ninsulaire portugaise et de la guerre d'indĂ©pendance espagnole. Elle opposa la division française du gĂ©nĂ©ral Louis Henri Loison Ă  une armĂ©e hispano-portugaise dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Francisco de Paula Leite de Sousa. Les troupes impĂ©riales se heurtèrent au petit corps de Leite près d'Évora et le dispersèrent aisĂ©ment, puis prirent la ville d'assaut et massacrèrent les dĂ©fenseurs portugais. La citĂ© fut ensuite saccagĂ©e par les Français. Pour son comportement très brutal Ă  Évora, le gĂ©nĂ©ral Loison devint connu au Portugal sous le nom de Maneta (« le Manchot Â»).

Bataille d'Évora
Description de cette image, également commentée ci-après
Défense d'Évora le 29 juillet 1808, d'après un dessin publié dans la História Popular da Guerra Peninsular de J. Teixeira Botelho.
Informations générales
Date
Lieu Évora, Portugal
Issue Victoire française
Forces en présence
7 000 Ă  8 800 hommes
8 canons
2 900 hommes sans compter la milice
7 canons
Pertes
90 tués
200 blessés
2 000 tuĂ©s ou blessĂ©s

Guerre d'Espagne (Empire)

Batailles

CoordonnĂ©es 38° 34′ 17″ nord, 7° 54′ 31″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Portugal
(Voir situation sur carte : Portugal)
Bataille d'Évora

En novembre 1807, une armée française commandée par le général Jean-Andoche Junot envahit le Portugal avec l'appui des Espagnols. L'occupation suivit son cours jusqu'au soulèvement du Dos de Mayo contre les Français à Madrid, qui entraîna bientôt à son tour le Portugal dans la révolte. Abandonnant le nord et le sud du pays, les troupes de Junot concentrèrent leurs forces autour de Lisbonne. Au mois de juillet 1808, Junot détacha le général Loison pour secourir la garnison d'Elvas assiégée par les Portugais. Après avoir défait le contingent hispano-portugais à Évora, Loison atteignit Elvas, mais il fut rappelé en urgence par Junot pour faire face au corps expéditionnaire britannique du général Wellesley, qui venait de débarquer près de Lisbonne.

Contexte

Portrait d'un monarque avec ses attributs.
Le roi Jean VI du Portugal. Huile sur toile de Jean-Baptiste Debret, 1816.

En juillet 1807, l'empereur Napoléon Ier signa avec le tsar Alexandre le traité de Tilsit qui mit fin à la Quatrième Coalition. Alors que le royaume de Prusse fut amputé de la majeure partie de son territoire, l'Empire russe s'allia à la France. Ce triomphe permit à Napoléon de se pencher sur le cas du Portugal, où le roi Jean VI refusait d'appliquer le Blocus continental à l'encontre du commerce britannique.

Le 19 juillet, l'ambassadeur français adressa un ultimatum au gouvernement portugais. Le 2 aoĂ»t, le 1er corps d'observation de la Gironde fut mis sur pied avec pour commandant le gĂ©nĂ©ral Jean-Andoche Junot. Le prince rĂ©gent rejeta dans un premier temps plusieurs des clauses de l'ultimatum, mais la menace de l'armĂ©e de Junot se faisant plus pressante, Jean VI accĂ©da finalement Ă  presque toutes les conditions imposĂ©es par l'Empereur[1]. Junot faisait alors route Ă  travers l'Espagne Ă  la tĂŞte de 25 000 hommes. Lorsque NapolĂ©on l'informa que les Portugais avaient finalement consenti Ă  dĂ©clarer la guerre au Royaume-Uni, il Ă©tait trop tard : en dĂ©pit de nombreuses difficultĂ©s, Junot fit son entrĂ©e Ă  Lisbonne le 30 novembre 1807[2].

Embarqué sur une escadre portugaise de 16 navires escortée par la Royal Navy, le prince régent et son entourage prirent la fuite en direction du Brésil juste avant l'arrivée des Français. Les soldats de Junot n'avaient rencontré aucune résistance sérieuse mais beaucoup d'entre eux étaient morts en cours de route tandis que d'autres avaient été lynchés par des paysans portugais en colère[3]. Une première émeute éclata à Lisbonne le 13 décembre mais fut aisément réprimée par les occupants. À la suite de cet événement, Junot dissolut l'armée portugaise et imposa de lourdes taxes, ce qui provoqua le mécontentement de la population[2].

RĂ©bellion des Portugais

Allégorie d'un officier protégeant une femme entourée d'être spirituels.
Le général Junot protégeant la ville de Lisbonne. Huile sur toile de Domingos Sequeira, 1808.

Au printemps 1808, la position de Junot au Portugal restait relativement sĂ»re. Son armĂ©e avait en effet Ă©tĂ© renforcĂ©e par 4 000 soldats qui venaient largement compenser les hommes morts au cours de l'invasion. Parmi les trois divisions espagnoles alliĂ©es aux Français et qui avaient soutenu la marche de Junot, les troupes du gĂ©nĂ©ral Solano retournèrent en Andalousie. Le gĂ©nĂ©ral Caraffa resta quant Ă  lui dans la rĂ©gion de Lisbonne avec 7 000 hommes tandis que le gĂ©nĂ©ral Belesta occupa Porto avec plus de 6 000 Espagnols. La dissolution de l'armĂ©e nationale, la fuite des classes dirigeantes au BrĂ©sil et la soumission des autoritĂ©s civiles aux Français incita la population portugaise Ă  accepter silencieusement l'occupation[4].

En raison du blocus britannique, il Ă©tait dĂ©sormais impossible pour les ports lusitaniens d'Ă©couler leurs marchandises vers l'Angleterre ou le BrĂ©sil. 10 000 personnes furent rĂ©quisitionnĂ©es par les Français pour travailler dans les arsenaux et les chantiers navals, mais les rues de Lisbonne se remplirent bientĂ´t d'un grand nombre de chĂ´meurs vivant dans la misère[5]. Une dĂ©pĂŞche de NapolĂ©on arrivĂ©e au mois de mai ordonna Ă  Junot d'envoyer un contingent de 4 000 hommes sur Ciudad Rodrigo pour soutenir le marĂ©chal Bessières dans le nord de l'Espagne, ainsi que 8 000 soldats supplĂ©mentaires pour prendre contact avec le gĂ©nĂ©ral Dupont en Andalousie ; ce furent lĂ  les dernières instructions expĂ©diĂ©es Ă  l'armĂ©e du Portugal depuis Paris[6].

Le soulèvement du Dos de Mayo à Madrid contre les Français bouleversa complètement la situation. Lorsque la nouvelle de la révolte atteignit Porto le 6 juin 1808, Belesta s'empara du général Quesnel avec son état-major et son escorte et les traita comme prisonniers de guerre. Le commandant espagnol rassembla ensuite les dirigeants de la cité et les exhorta à former un gouvernement anti-français. Obéissant fidèlement aux ordres de la junte de Galice, Belesta mit ses troupes en marche afin de rejoindre les autres armées espagnoles[6]. Une fois les soldats partis, l'administration ne prit toutefois aucune mesure en faveur du soulèvement. Certains responsables écrivirent même à Junot pour lui faire part de leur loyauté et le gouverneur militaire décida de retirer le drapeau national de la citadelle[7]. Cette situation ne se répéta pas partout à l'identique, cependant. Ainsi, la province de Trás-os-Montes se souleva entre les 9 et 12 juin ; à Bragance, le général Sepúlveda fut désigné comme commandant en chef tandis que le colonel Francisco Silveira était nommé gouverneur de Vila Real[8].

InformĂ© de la dĂ©fection de Belesta le 9 juin, Junot projeta de mettre la division Caraffa hors d'Ă©tat de nuire. ConvoquĂ© au quartier-gĂ©nĂ©ral français, Caraffa fut arrĂŞtĂ© au moment oĂą ses troupes Ă©taient passĂ©es en revue ou chargĂ©es d'inspecter certaines positions, avant d'ĂŞtre soudainement encerclĂ©es par les troupes françaises et faites prisonnières Ă  leur tour. Seul le rĂ©giment de cavalerie lĂ©gère no 2 Reina, dont le colonel n'avait pas obĂ©i aux ordres reçus, parvint Ă  s'Ă©chapper vers Porto alors qu'une partie des rĂ©giments d'infanterie de Murcie et de Valence put Ă©galement fuir en direction de Badajoz[6]. Par ce stratagème, Junot rĂ©ussit nĂ©anmoins Ă  neutraliser 6 000 soldats de la division Caraffa qui furent entassĂ©s sur les pontons du port de Lisbonne, avec ordre pour les officiers français responsables des forts de couler les navires en cas de tentative d'Ă©vasion des prisonniers. Ces derniers ne furent finalement libĂ©rĂ©s qu'après la signature de la convention de Cintra[9].

Le 16 juin, la rĂ©bellion se propagea au sud du pays avec le soulèvement de la population d'OlhĂŁo contre les Français. Le 18, les habitants de Faro suivirent le mouvement et le gouverneur français de l'Algarve, le gĂ©nĂ©ral Antoine Maurin, et 70 soldats furent capturĂ©s puis transportĂ©s Ă  bord d'un navire de guerre britannique. Le colonel Jean-Pierre Maransin rassembla alors deux bataillons d'infanterie en garnison dans l'Algarve (soit 1 200 hommes) et se retira sur MĂ©rtola sans ĂŞtre inquiĂ©tĂ© par les insurgĂ©s[10].

Riposte française

Portrait d'un général français de Napoléon.
Le général Jean-Andoche Junot, commandant en chef l'armée française du Portugal. Illustration du XIXe siècle.

La possession de Lisbonne, la plus grande ville du pays qui abritait aussi son seul arsenal d'importance, représentait pour Junot un atout majeur contre les Portugais. Parmi toutes les villes portugaises, la capitale était en effet la seule capable de fournir le matériel et les approvisionnements nécessaires à la formation d'une armée. La position de Junot était toutefois compliquée par la présence de l'escadre russe de l'amiral Seniavine dans le port de Lisbonne. Ce dernier promit de se défendre en cas d'attaque de la flotte britannique, mais il refusa en revanche de débarquer ses marins à terre pour prêter assistance aux Français. Seniavine fit en outre remarquer que son pays n'était pas en guerre avec le Portugal, mais sa neutralité ne l'empêcha pas de puiser largement dans les réserves de vivres pourtant limitées de Junot[9].

Se conformant aux ordres de NapolĂ©on, Junot dĂ©pĂŞcha le gĂ©nĂ©ral de brigade Jean-Jacques Avril avec 3 000 hommes en direction de Badajoz. Avril se mit en marche mais se heurta sur les rives de la Guadiana Ă  un corps de miliciens espagnols soutenu par de l'artillerie. Après avoir Ă©tĂ© informĂ© que son collègue Dupont n'avait pas dĂ©passĂ© Cordoue et que de nombreuses troupes espagnoles avaient Ă©tĂ© signalĂ©es autour de Badajoz, le gĂ©nĂ©ral français rĂ©trograda sur Estremoz dans la rĂ©gion de l'Alentejo. Le 12 juin, le gĂ©nĂ©ral de division Louis Henri Loison quitta les alentours d'Almeida et se dirigea dans la province de Beira avec une brigade d'infanterie. Il chassa la garnison espagnole du fort Concepcion et atteignit les environs de Ciudad Rodrigo, mais apprit que la ville Ă©tait solidement dĂ©fendue. Ne pouvant compter sur l'appui du marĂ©chal Bessières, trop Ă©loignĂ©, Loison revint Ă  Almeida le 15 pour y apprendre que Porto Ă©tait au bord de la rĂ©bellion. Le gĂ©nĂ©ral rassembla alors 2 000 hommes et quelques canons et se mit en marche vers Porto, mais le 21 juin, les Français tombèrent dans une embuscade tendue par des guĂ©rilleros. Loison, jugeant ses troupes trop faibles, n'insista pas et se replia sur Almeida[11].

Entre-temps, des Ă©meutes Ă©clatèrent Ă  Lisbonne lors de la cĂ©lĂ©bration annuelle de la fĂŞte du Corpus Christi le 16 juin. Junot, qui avait autorisĂ© le dĂ©roulement des festivitĂ©s, fit tout de mĂŞme dĂ©ployer 15 000 soldats pour prĂ©venir toute tentative de rĂ©bellion. Alors que la procession religieuse se dĂ©roulait normalement dans les rues de la ville, la foule fut soudainement prise de panique et bouscula les lignes des soldats[11]. De l'artillerie fut mise en batterie et se prĂ©para Ă  tirer sur la population, mais Junot, faisant preuve Ă  cette occasion d'un grand sang-froid, rĂ©ussit Ă  dĂ©gager les rues et Ă  calmer les habitants, puis demanda que la procession reprenne son cours habituel. L'intervention de Junot avait permis d'Ă©viter un massacre mais Lisbonne resta en proie Ă  des troubles. Par-dessus le tout, une flottille britannique transportant un corps expĂ©ditionnaire commandĂ© par le gĂ©nĂ©ral Spencer rĂ´dait au large des cĂ´tes. Spencer ne disposait que de 5 000 hommes, mais Junot ignorait la faiblesse de son adversaire[12].

Portrait d'un général français de Napoléon.
Le général François Étienne Kellermann, comte de Valmy. Peinture anonyme, XIXe siècle.

Le 18 juin, une rĂ©volte se dĂ©clencha Ă  Porto, forçant les autoritĂ©s Ă  se dĂ©clarer en faveur de la rĂ©bellion. Une junte suprĂŞme fut mise en place et l'Ă©vĂŞque de Porto fut dĂ©signĂ© Ă  sa tĂŞte. Les juntes secondaires Ă  Bragance et Vila Real devaient en rĂ©fĂ©rer Ă  la junte de Porto pour leurs dĂ©cisions. Sur le plan militaire, les 2e, 12e, 21e et 24e d'infanterie, le 6e Caçadores et les 6e, 11e et 12e rĂ©giments de cavalerie furent rĂ©tablis. La fourniture en armes s'avĂ©ra incomplète pour les 5 000 soldats rĂ©guliers du gĂ©nĂ©ral Freire de Andrade[8], mais malgrĂ© cet Ă©tat de fait, 12 000 Ă  15 000 miliciens supplĂ©mentaires se joignirent Ă  la cause portugaise[10].

À l'issue du conseil de guerre du 25 juin 1808, Junot et ses généraux décidèrent d'abandonner les provinces du nord et du sud afin de défendre le centre du Portugal, jugeant la retraite à travers l'Espagne trop risquée. Les Français devaient tenir les forteresses d'Almeida, Elvas et Peniche d'une part et concentrer l'armée autour de Lisbonne d'autre part, ordres qui furent ensuite transmis aux différents commandants français : Loison à Almeida, Avril à Estremoz, Maransin à Mértola et le général François Étienne Kellermann à Elvas. Bien qu'un certain nombre de courriers aient été interceptés en chemin par les guérilleros portugais, tous les chefs de corps reçurent leurs instructions. Un rapport précise qu'un seul des 20 courriers envoyés au général Loison était parvenu à destination[13].

Le 22 juin, le gĂ©nĂ©ral Avril marcha sur Vila Viçosa oĂą une compagnie du 86e de ligne Ă©tait assiĂ©gĂ©e par les habitants. Les troupes françaises mirent les Portugais en dĂ©route et livrèrent la ville au pillage. Kellermann laissa un bataillon du 2e rĂ©giment suisse et quatre compagnies du 86e de ligne (en tout 1 400 hommes) en garnison Ă  Elvas et retourna Ă  l'ouest de Lisbonne. En cours de route, il fit sa jonction avec les soldats d'Avril Ă  Estremoz et ceux de Maransin Ă  Évora, laissa une brigade dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Jean François Graindorge Ă  SetĂşbal et atteignit la capitale sans encombre[14].

Pendant ce temps, postant 1 200 invalides en garnison Ă  Almeida, Loison quitta la ville le 4 juillet avec le reste de ses troupes et atteignit Abrantes une semaine plus tard. Les soldats français furent harcelĂ©s tout au long du parcours, si bien qu'Ă  Guarda, la rĂ©sistance de la population dĂ©termina Loison Ă  saccager les lieux et Ă  y mettre le feu. 200 ImpĂ©riaux moururent durant la marche, essentiellement des traĂ®nards mis Ă  mort par les paysans. Loison procĂ©da systĂ©matiquement Ă  la destruction des villages rencontrĂ©s, ce qui lui valut le surnom de Maneta (« le Manchot Â») et d'ĂŞtre maudit pendant des annĂ©es par la population portugaise[14]. Ă€ la fin du mois de juin, l'insurrection s'Ă©tendit Ă  Coimbra. Un contingent dirigĂ© par un Ă©tudiant, Bernardo Zagalo, se prĂ©senta sous les murs de Figueira da Foz et captura la petite garnison française. Peu de temps après, Freire dĂ©ploya ses 5 000 soldats au sud du fleuve Mondego. Le 5 juillet, Junot ordonna au gĂ©nĂ©ral Pierre Margaron de marcher Ă  la rencontre des Portugais avec 3 000 hommes pour rĂ©primer la rĂ©bellion, tandis que lui-mĂŞme supervisa la concentration de 24 000 soldats autour de la capitale[15].

DĂ©roulement de la bataille

Portrait d'un général français de Napoléon.
Le général Louis Henri Loison. Illustration du XIXe siècle.

Le mois de juillet 1808 vit une pĂ©riode d'accalmie, aucun des deux belligĂ©rants n'osant prendre l'initiative. Ă€ la fin du mois, Junot demanda Ă  Loison de se frayer un chemin jusqu'Ă  Elvas. Le gĂ©nĂ©ral fut placĂ© Ă  la tĂŞte d'un contingent comprenant les 4e et 5e rĂ©giments de dragons provisoires (1 248 hommes), deux bataillons de grenadiers (1 100 hommes), douze compagnies des 1er et 2e bataillons du 86e de ligne (1 667 hommes), le 1er bataillon de la lĂ©gion hanovrienne (804 hommes), et les 3e bataillons du 12e lĂ©ger (1 253 hommes), du 15e lĂ©ger (1 305 hommes) et du 58e de ligne (1 428 hommes). Les effectifs ainsi cumulĂ©s donnaient un total de 8 805 hommes, mais l'historien Charles Oman souligne que 1 200 soldats doivent ĂŞtre soustraits de ce total pour tenir compte des compagnies de grenadiers dĂ©tachĂ©es. La petite armĂ©e de Loison, forte ainsi de plus de 7 000 hommes et huit pièces d'artillerie, quitta Lisbonne le 25 juillet[15] - [16].

La junte de l'Alentejo avait entre-temps installĂ© son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  Évora. Le gĂ©nĂ©ral Francisco de Paula Leite de Sousa fut nommĂ© commandant en chef, mais, dĂ©pourvu de tout, il ne rĂ©ussit Ă  mettre sur pied qu'une force très restreinte[15]. Le 29 juillet 1808, les troupes de Loison se prĂ©sentèrent aux environs d'Évora en quĂŞte du contingent hispano-portugais. Leite n'avait sous ses ordres qu'un demi-bataillon d'infanterie portugaise et 120 cavaliers. Depuis Badajoz, le colonel Moretti amena en renfort un demi-bataillon supplĂ©mentaire d'infanterie espagnole ainsi que le rĂ©giment de hussards Maria Luisa no 5 et sept canons ; la colonne comprenait Ă©galement la garnison d'Évora, très hĂ©tĂ©roclite car composĂ©e de citadins et de paysans armĂ©s de vieux fusils et de piques[17]. Les deux commandants alliĂ©s pouvaient ainsi compter sur un total de 2 900 hommes[16].

La décision de Leite et Moretti de livrer bataille en rase campagne plutôt que de se réfugier à l'abri des murs d'Évora fut une lourde faute tactique. La ligne de bataille hispano-portugaise fut rompue sous la charge des soldats de Loison. Les hussards espagnols prirent la fuite en toute hâte ainsi que le général Leite. L'infanterie parvint quant à elle à se regrouper à l'intérieur de la ville, mais les Français firent irruption de toute part et massacrèrent les défenseurs ainsi qu'un grand nombre de non-combattants. Le général Loison mit ensuite la ville à sac[17]. L'historien William Francis Patrick Napier remarque cependant que durant leur retraite, les Espagnols se comportèrent auprès de la population portugaise de manière encore plus brutale que les Français[18].

Bilan et conséquences

Le gĂ©nĂ©ral Foy estime les pertes hispano-portugaises Ă  2 000 hommes hors de combat. Son collègue Paul ThiĂ©bault Ă©crit de son cĂ´tĂ© que les dĂ©fenseurs laissèrent 8 000 hommes sur le terrain, ce que l'historien Charles Oman juge peu probable. Les Français ne dĂ©plorèrent quant Ă  eux que 90 tuĂ©s et 200 blessĂ©s. Le 1er aoĂ»t, Loison reprit sa marche sur Elvas oĂą il dispersa un grand nombre de miliciens en train de faire le siège de la ville. Il reçut sur place un message de Junot lui ordonnant de le rejoindre au plus vite Ă  la suite du dĂ©barquement d'un corps expĂ©ditionnaire britannique sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Arthur Wellesley le mĂŞme jour. Loison fit immĂ©diatement demi-tour et regagna Lisbonne, laissant en chemin la lĂ©gion hanovrienne Ă  SantarĂ©m[17].

Notes et références

  1. Chandler 1966, p. 597.
  2. Gates 2002, p. 8.
  3. Chandler 1966, p. 599.
  4. Oman 2010, p. 206.
  5. Oman 2010, p. 207.
  6. Oman 2010, p. 208.
  7. Oman 2010, p. 210.
  8. Oman 2010, p. 211.
  9. Oman 2010, p. 209.
  10. Oman 2010, p. 212.
  11. Oman 2010, p. 213.
  12. Oman 2010, p. 214.
  13. Oman 2010, p. 215.
  14. Oman 2010, p. 216.
  15. Oman 2010, p. 217.
  16. Smith 1998, p. 264.
  17. Oman 2010, p. 218 et 219.
  18. Napier 1836, p. 45.

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) David G. Chandler, The Campaigns of Napoleon, New York, Macmillan, . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) David Gates, The Spanish Ulcer : A History of the Peninsular War, Londres, Pimlico, , 557 p. (ISBN 0-7126-9730-6). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Charles Oman, A History of the Peninsular War, vol. 1, La Vergne, Kessinger Publishing, (ISBN 978-1-4326-3682-1 et 1-4326-3682-0). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) William Francis Patrick Napier, History of the War in the Peninsula, Pennsylvania State University, . Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

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