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Bataille de GĂ©rone (1808)

La bataille de Gérone se déroule les 20 et 21 juin 1808, pendant la guerre d'Espagne et oppose une division française commandée par le général Guillaume Philibert Duhesme à la garnison espagnole de Gérone sous les ordres des lieutenants-colonels O'Donovan et O'Daly. L'attaque française échoue et les assaillants se retirent en direction de Barcelone.

Bataille de GĂ©rone (1808)
Description de cette image, également commentée ci-après
La place de l'Indépendance à Gérone, commémorant la lutte contre les Français de 1808 à 1814.
Informations générales
Date 20 et
Lieu GĂ©rone, Espagne
Issue Victoire espagnole
Commandants
Guillaume Philibert DuhesmeLt.-Col. O'Donovan
Lt-Col. O'Daly
Forces en présence
5 900 hommes
8 canons
2 000 hommes
Pertes
700 tués ou blesséslégères

Guerre d'indépendance espagnole

Batailles

CoordonnĂ©es 41° 58′ 45″ nord, 2° 49′ 18″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Bataille de GĂ©rone (1808)
GĂ©olocalisation sur la carte : Catalogne
(Voir situation sur carte : Catalogne)
Bataille de GĂ©rone (1808)

Cherchant à renverser la famille royale espagnole, Napoléon Ier ordonne à ses soldats de s'emparer de Barcelone en février 1808. La ville est occupée avec succès, mais quelques semaines plus tard, les Espagnols s'insurgent contre les Français. La division Duhesme se trouve bientôt en difficulté. Encerclé par les milices catalanes et l'armée régulière espagnole, le général français décide de prendre Gérone afin d'ouvrir une ligne d'approvisionnement avec la France. Les troupes franco-italiennes tentent un assaut sur la cité, mais elles sont repoussées par les miliciens et les troupes régulières de la garnison. Duhesme retraite jusqu'à Barcelone où il reçoit le renfort de la division du général Reille, ce qui lui permet d'entamer un second siège cinq semaines plus tard.

Contexte

En 1808, Napoléon Ier organise l'invasion de l'Espagne. Il ordonne dans ce but, au mois de février, l'occupation de plusieurs points stratégiques, dont Barcelone[1]. Le 29 février, la division Lechi fait son entrée dans la ville. Prétextant d'une revue militaire, les soldats franco-italiens défilent dans les rues et, en arrivant près de la porte principale de la citadelle, se précipitent à l'intérieur, bousculent la garnison espagnole stupéfaite et occupent ainsi les fortifications sans coup férir. Les Français s'emparent également de Saint-Sébastien, Pampelune et Figueras. Le 2 mai, la population de Madrid se soulève contre les troupes impériales[2].

Ă€ l'Ă©tĂ© 1808, un corps d'armĂ©e français commandĂ© par le gĂ©nĂ©ral Guillaume Philibert Duhesme, fort de 12 710 hommes, est installĂ©e Ă  Barcelone. La 1re division du gĂ©nĂ©ral Joseph Chabran compte 6 050 soldats rĂ©partis en huit bataillons, tandis que la 2e division du gĂ©nĂ©ral Lechi aligne six bataillons totalisant 4 600 hommes. La cavalerie comprend 1 700 cavaliers organisĂ©s en neuf escadrons, le tout sous les ordres des gĂ©nĂ©raux de brigade Bessières et Schwarz. 360 artilleurs assurent quant Ă  eux le service des pièces[3].

Cette force de taille modeste est chargĂ©e de rĂ©primer l'insurrection en Catalogne et de soutenir le marĂ©chal Moncey Ă  Valence, tout en gardant le contrĂ´le de Barcelone. Compte tenu de l'importance du soulèvement, un pareil plan est complètement irrĂ©alisable. Duhesme tente malgrĂ© tout de se conformer Ă  ses instructions en envoyant Chabran avec 3 000 soldats se joindre Ă  Moncey, Schwarz se dirigeant Ă  la tĂŞte d'une autre colonne vers LĂ©rida. Schwarz quitte Barcelone le 4 juin et se heurte rapidement Ă  de nombreuses difficultĂ©s. Dans le dĂ©filĂ© d'El Bruch, les miquelets catalans empĂŞchent ses soldats de franchir la passe. Schwarz demande du secours Ă  Duhesme, qui lui envoie Chabran après avoir dĂ©tournĂ© ce dernier de son objectif initial. Les deux gĂ©nĂ©raux lancent un nouvel assaut le 15 juin, mais se montrent incapables de forcer le passage[4]. Après avoir perdu 400 hommes dans cette attaque, les ImpĂ©riaux se retirent ; frustrĂ©s par leur dĂ©faite, ils mettent Ă  sac tous les villages rencontrĂ©s pendant leur retraite vers Barcelone[5].

Prélude de la bataille

IsolĂ©, Duhesme dĂ©cide de rĂ©tablir ses lignes de communications avec la France, et rassemble pour cela 5 900 soldats et huit pièces d'artillerie[6]. Alors qu'il se dirige au nord-est en direction de GĂ©rone, il se heurte près de MatarĂł Ă  une imposante troupe de miquelets[4], alignant 10 000 hommes soutenus par trois ou quatre canons. Le 17 juin, la division Duhesme bat les miquelets et cĂ©lèbre son triomphe en pillant MatarĂł durant un jour entier[6]. Les forces impĂ©riales reprennent ensuite la route de GĂ©rone, mais les miquelets reparaissent après le dĂ©part de leurs adversaires et coupent toute communication entre Duhesme et Barcelone[4]. Le gĂ©nĂ©ral français n'en arrive pas moins devant GĂ©rone le 20 juin ; les dĂ©fenseurs ayant dĂ©clinĂ© son offre de reddition, il ordonne de prendre la ville d'assaut[7].

Topographie et forces en présence

Le général de division Guillaume Philibert Duhesme.

En 1808, la rivière Onyar divise Gérone en deux parties, est et ouest. La plus petite d'entre elles, le Mercadal, se situe sur la rive ouest. Comme il n'est pas protégé par des défenses naturelles, les ingénieurs militaires l'ont doté de cinq bastions à la Vauban. À l'est, la ville est protégée par une crête garnie d'une série de forts, le plus important d'entre eux étant la citadelle Montjuich. La ville est, en outre, entourée d'une muraille haute de m datant du Moyen Âge[8].

GĂ©rone est dĂ©fendue par deux petits bataillons rĂ©guliers du rĂ©giment Ultonia, soit 350 hommes en tout. Cette unitĂ©, entièrement composĂ©e d'Irlandais, est commandĂ©e par les lieutenants-colonels O'Donovan et O'Daly. La garnison de la ville comporte Ă©galement 1 600 miliciens[note 1] et une poignĂ©e d'artilleurs, pour un total d'environ 2 000 dĂ©fenseurs[6].

Le « corps expĂ©ditionnaire » du gĂ©nĂ©ral Duhesme est composĂ© de deux brigades d'infanterie et d'un dĂ©tachement de cavalerie, pour un total de 4 296 fantassins et 1 517 cavaliers. La brigade du gĂ©nĂ©ral Andrea Milossevich comprend les 2e bataillons des 2e et 5e rĂ©giments de ligne italiens, ainsi que le 3e bataillon du 4e de ligne. La seconde brigade, sous les ordres du gĂ©nĂ©ral François Xavier de Schwarz, compte les 1er et 2e bataillons du 1er rĂ©giment de ligne napolitain et le 1er bataillon de vĂ©lites italiens. La cavalerie est forte du 3e rĂ©giment de cuirassiers provisoire (409 hommes), du 3e rĂ©giment provisoire de chasseurs Ă  cheval (416 hommes), des chasseurs Ă  cheval italiens (504 hommes) et des chasseurs Ă  cheval napolitains (388 hommes)[6].

DĂ©roulement de la bataille

Duhesme lance son attaque principale à la porte Carmen, sur la rive est de Gérone. Située au sud, cette porte est le point faible de la défense espagnole. Un bataillon est envoyé contre le fort des Capucins tandis qu'un assaut est mené simultanément sur deux bastions de la rive ouest. L'attaque principale a toutefois débuté trop tôt, alors même qu'un aide de camp de Duhesme palabre encore avec les défenseurs. Les canons français sont rapidement démontés par l'artillerie de la ville et l'assaut, finalement, échoue[8].

La nuit venue, le général Duhesme tente un nouveau coup de main sur le fort de Santa Clara, sur la rive ouest, contre lequel il détache la brigade Schwarz. L'attaque prend les Espagnols par surprise, et les Italiens réussissent à prendre pied au sommet des murailles. En raison de l'obscurité, plusieurs porteurs d'échelles s'égarent, de sorte que les assaillants ne peuvent suffisamment renforcer leur position. Une contre-attaque du régiment Ultonia balaie les soldats italiens. Dans la matinée, Duhesme ordonne un troisième assaut face à l'un des bastions, mais les rangs des Impériaux sont très vite éclaircis par le feu intense des défenseurs[8]. En définitive, les Franco-Italiens laissent sur le terrain 700 tués, blessés ou disparus, alors que les pertes espagnoles sont minimes[6].

Conséquences et suites

Tenu en échec, Duhesme rentre à Barcelone, laissant Chabran avec une brigade à Mataró. Peu après, Duhesme rencontre une troupe de miquelets le long du fleuve Llobregat et la disperse. Chabran, de son côté, veut inciter la milice catalane à livrer bataille, mais en vain. Conscient des déboires de Duhesme, Napoléon lui envoie en renfort une division nouvellement formée sous les ordres du général Honoré Charles Reille. L'avant-garde de ce dernier relève la garnison du château de Sant Ferran à Figueras. Reille marche ensuite sur le port de Roses, mais ses troupes sont repoussées par la garnison[7] et par le navire de ligne britannique HMS Montagu qui a débarqué ses marins pour aider les Espagnols[9]. Rassuré par l'arrivée des renforts, Duhesme prépare une nouvelle expédition contre Gérone. Le second siège de la ville débute un mois plus tard[7].

Notes et références

Notes

  1. Rickards donne 2 000 miliciens[8].

Références

  1. Gates 2002, p. 10 et 11.
  2. Gates 2002, p. 12.
  3. Gates 2002, p. 482.
  4. Gates 2002, p. 59.
  5. Smith 1998, p. 260.
  6. Smith 1998, p. 260 et 261.
  7. Gates 2002, p. 61.
  8. (en) J. Rickard, « First siege of Gerona, 20-21 June 1808 », sur HistoryOfWar.org, (consulté le ).
  9. Smith 1998, p. 262.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) David Gates, The Spanish Ulcer : A History of the Peninsular War, Londres, Pimlico, , 557 p. (ISBN 0-7126-9730-6). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) Digby Smith, The Napoleonic Wars Data Book, Londres, Greenhill, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
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