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Bataille d'Isly (1844)

La bataille d'Isly du , près d'Isly à la frontière algéro-marocaine, est un conflit militaire opposant les troupes françaises aux armées marocaines, menée par le prince Moulay Mohammed[3] et constituée principalement des volontaires issus de la tribu berbère des Béni-Snassen mais aussi des tribus Ahl Angad et Bni Oukil[4].

Bataille d’Isly
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille d'Isly par Horace Vernet.
Informations générales
Date
Lieu Oued Isly, frontière algéro-marocaine
Issue Victoire française
Belligérants
Drapeau du Royaume de France Royaume de FranceDrapeau du Maroc Maroc
Commandants
• Thomas-Robert Bugeaud• Moulay Mohammed
Forces en présence
10 000 hommes 8 500 fantassins 1 400 cavaliers 400 supplĂ©tifs45 000 hommes[1]
Pertes
27 morts
99 blessés[2]
800 morts
11 pièces de canon
18 drapeaux

Guerre franco-marocaine (1844)

CoordonnĂ©es 34° 41′ 24″ nord, 1° 55′ 48″ ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Maroc
(Voir situation sur carte : Maroc)
Bataille d’Isly
Géolocalisation sur la carte : Algérie
(Voir situation sur carte : Algérie)
Bataille d’Isly

Elle est liée à la lutte des français contre Abdelkader ibn Muhieddine et se solde par un repli des troupes marocaines demandé par le sultan à la suite des bombardements de Tanger et de Mogador par la Marine française[5].

Contexte et prélude

Ă€ la suite des dĂ©buts de la conquĂŞte d'AlgĂ©rie en 1830, l'Ă©mir Abdelkader avait, en 1832, pris la tĂŞte des tribus de la rĂ©gion de Mascara pour s'opposer aux Français. Un premier traitĂ©, signĂ© par le gĂ©nĂ©ral Desmichels en 1834, lui fut jugĂ© trop favorable : en 1837, le marĂ©chal Bugeaud fut donc chargĂ© d'en signer un nouveau, le traitĂ© de la Tafna, qui exigeait qu'Abd el-Kader reconnaisse la souverainetĂ© de la France en Afrique du Nord, en Ă©change de quoi la France reconnaissait l’autoritĂ© d’Abd el-Kader sur une grande partie de l’AlgĂ©rie (environ les deux tiers : l'ensemble du beylik de l'ouest – Ă  l'exception des villes d'OranArzewMostaganem et Mazagran –, le beylik du Titteri et la province d'Alger – Ă  l'exception d'Alger et de Blida ainsi que de la plaine de la Mitidja et du Sahel algĂ©rois.).

NĂ©anmoins, Abd el-Kader n’avait de cesse de vouloir en chasser les Français. Dans ce but, il demanda et obtint l'appui du sultan du Maroc le , ainsi que la concession du territoire situĂ© entre Oujda et Tafna. Il avait levĂ© une vĂ©ritable armĂ©e et en novembre 1839, appuyĂ© par le sultan du Maroc, Abd Al-Rahman, il dĂ©clarait la guerre Ă  la France, Ă  la suite du franchissement des Biban par l'armĂ©e française.

En réaction, les Français entreprirent alors véritablement la conquête systématique du pays, dont la monarchie de Juillet fit un motif de fierté nationale et d’héroïsme militaire. Cette conquête fut l’œuvre du maréchal Bugeaud de La Piconnerie, nommé gouverneur en 1840. Abd el-Kader vit sa capitale détruite à Taguin en 1843 à la suite de la bataille de la Smala et fut refoulé dans le désert. Il se réfugia alors au Maroc, mais, au même moment, il fut ordonné à l’armée du sultan Abd Al-Rahman à Isly de se replier, tandis que la marine française bombardait les ports de Mogador et Tanger. Abd el-Kader ne pouvait plus être protégé par le sultan qui craignait que les Français continuent leurs bombardements sur les villes marocaines. Après trois années de guérilla, Abd el-Kader se rendit à Lamoricière en 1847[6].

Forces en présence

Forces françaises

Avant-garde (colonel Cavaignac) :

Aile droite (général Bedeau):

Aile gauche (colonel PĂ©lissier) :

Arrière-garde (colonel Cachot) :

DĂ©roulement

Le , Tanger avait été bombardée par des navires français commandés par le prince de Joinville, fils du roi Louis-Philippe.

Dans la nuit du 15 au 16 aoĂ»t, le gouverneur gĂ©nĂ©ral ayant rĂ©uni toutes ses forces ne s’élevant qu’à 11 000 hommes, se porta sur le camp marocain Ă©tabli Ă  la position de Djarf el-Akhdar, Ă  peu de distance d’Oujda, sur la rive droite de l’oued Isly, un sous-affluent de la Tafna.

Devant avoir affaire presque exclusivement à de la cavalerie, il avait formé de son infanterie un grand losange dont les faces se composaient elles-mêmes de petits carrés. La cavalerie était dans l’intérieur de ce losange qui marchait par un de ses angles dûment pourvu d’artillerie.

Au point du jour, voyant s’avancer l’armĂ©e française, le sultan lança contre elle toute la cavalerie marocaine prĂ©sentant une masse de 20 000 Ă  25 000 chevaux. Cette charge ne parvint pas Ă  forcer les lignes de tirailleurs, et fut bientĂ´t sĂ©parĂ©e en deux par les carrĂ©s qui s’avançaient dans la cavalerie. Le marĂ©chal Bugeaud fit alors sortir sa cavalerie. Celle-ci se formant par Ă©chelons, chargea la cavalerie marocaine qui Ă©tait Ă  la gauche de l'armĂ©e et la dispersa après avoir vaincu plusieurs centaines de ses cavaliers. Le premier Ă©chelon, composĂ© de six escadrons de spahis et commandĂ© par le colonel Yousouf, ne voyant plus devant lui que le camp marocain encore tout dressĂ©, s’y prĂ©cipita. Onze pièces de canon qui en couvraient le front de bandière firent feu une seule fois. Les artilleurs marocains n’eurent pas le temps de recharger.

L’infanterie marocaine bâti en retraite sur ordre du sultan et se dispersa dans des ravins où la cavalerie française ne pouvait la poursuivre, et gagna par de longs détours, la route de Taza. À la suite de cela, les troupes françaises en firent de même et le conflit se solda par le traité de Tanger, engageant le sultan Mohammed ben Abderrahmane à reconnaitre la légitimité de la présence française en Algérie et à ne plus porter de soutien à l'Emir Abd-el-Kader. Quinze ans plus tard, en dépit de ce traité et indépendamment du sultan, la tribu berbère zénète des Beni-Snassen, soutenue par les tribus d'Ahl Angad, de Bni Oukil et des M'hayia (Oujda), lança une puissante offensive sur les troupes coloniales en Algérie française en 1859, sous l'influence des marabouts qui prédisaient un terme de 30 ans à la présence française en Algérie. Cette offensive provoqua l'expédition française contre les Beni-Snassen et les tribus arabes d'Oujda[7].

Bilan et conséquences

Exposition au jardin des Tuileries de la tente du chef de l'armée marocaine

Les trophées de la victoire furent onze pièces de canon, dix-huit drapeaux, toutes les tentes des Marocains, y compris celle de Sidi-Mohammed richement meublée, enfin, des approvisionnements de tous genres. Les pertes en hommes des Marocains furent de 800 morts.

Hommages

Le maréchal Bugeaud fut fait duc d'Isly à l'issue de cette victoire.

Le tableau d'Horace Vernet fait partie d'une commande de plusieurs tableaux le , pour la "salle du Maroc" Ă  Versailles[8].

Plusieurs communes de France baptisent une voie publique de l’Isly en mémoire de ce conflit, comme à Grenoble, Lille, Limoges, Lyon, Marseille, Paris, Rennes, Toulouse ou Verdun. À Alger, il a existé une rue d’Isly, où eut lieu la fusillade de la rue d’Isly le .

La 27e promotion de Saint-Cyr (1843-1845) est baptisée « Promotion d'Isly ».

Références

  1. Micheal Clodfelter, Warfare and Armed Conflicts: A Statistical Encyclopedia of Casualty and Other Figures, 1492-2015, 2017, p. 199.
  2. Pierre Montagnon, La conquête de l'Algérie: Les germes de la discorde, 2012.
  3. Jean Balazuc, L'armée française pendant la guerre d'Algérie: Une chronologie mensuelle - Mai 1954 - décembre 1962, Editions L'Harmattan, (ISBN 978-2-343-18636-8, lire en ligne)
  4. Sahara Question, La bataille d'Isly, ou l’engagement constant du Maroc envers le Maghreb
  5. Jean-Baptiste Murez, « La bataille d’Isly (1844), I sur IV. », sur L'Antre du Stratège, (consulté le )
  6. « La bataille d'Isly », sur Histoire image
  7. Henri (1868-1943) Auteur du texte Mordacq, La guerre en Afrique : tactique des grosses colonnes, enseignement de l'expédition contre les Beni Snassen / par le commandant Mordacq,..., (lire en ligne)
  8. « Tableau de Vernet », sur Collection de Versailles (consulté le )

Sources

  • Annales de l'AlgĂ©rie
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