Baie-du-Petit-Pokemouche
Baie-du-Petit-Pokemouche[1] - [2] - [3] ou Petit-Pokemouche est un village côtier canadien situé dans la région de la Péninsule acadienne et le comté de Gloucester, au Nouveau-Brunswick.
Baie-du-Petit-Pokemouche | |||
Administration | |||
---|---|---|---|
Pays | Canada | ||
Province | Nouveau-Brunswick | ||
Région | Péninsule acadienne | ||
Subdivision régionale | Gloucester | ||
Statut municipal | District de services locaux | ||
Démographie | |||
Population | 162 hab. (2021 ) | ||
Densité | 62 hab./km2 | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 47° 42′ 11″ nord, 64° 43′ 38″ ouest | ||
Superficie | 262 ha = 2,62 km2 | ||
Divers | |||
Langue(s) | Français | ||
Fuseau horaire | UTC-4 | ||
Indicatif | +1-506 | ||
Code géographique | 130005 | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : Nouveau-Brunswick
Géolocalisation sur la carte : Nouveau-Brunswick
| |||
Baie-du-Petit-Pokemouche a le statut de DSL sous le nom légal Baie du Petit Pokemouche[4].
Toponyme
Le nom « Pokemouche » s'appliquait à l'origine uniquement à la rivière Pokemouche. Il dérive de « Pokomújpetúák », un mot de la langue micmaque prononcé [pokomu:tʃpetu:a:k], écrit ainsi dans l'orthographe Francis-Smith (Pogomu’jpetu’a’g dans l'orthographe de Listuguj, Pokomu:jpetu:a:k dans l'orthographe du Lexique, Pogomotjpetoag dans l'orthographe Pacifique et Pokŭmooch'-petooāāk dans l'orthographe Rand[5]). Ce mot signifierait entrée d'eau salée[6], beaucoup de poissons[7] ou encore terre d'abondance[7] selon les sources. Le nom fut mentionné pour la première fois en 1685 sur une carte géographique du missionnaire récollet Emanuel Jumeau, alors basé à Miramichi, avec l'orthographe Pakmouch[8]. Il y eut ensuite successivement Poquemouche (Bellin, 1744 et Mitchell, 1755), Pokemushi (Jefferys, 1755, Smethurst, 1755), Bamush (DesBarres, 1778), Pockmouche (Coney, 1832 et Saunders, 1852) et Pokamouche (Gesner, 1847). L'orthographe actuelle apparut en 1852 (Perley)[6].
Géographie
Situation
Baie-du-Petite-Pokemouche est situé dans la péninsule acadienne, à 70 kilomètres à l'est de Bathurst et à 4 kilomètres au sud de Shippagan.
Baie-du-Petit-Pokemouche est limitrophe de Le Goulet à l'est, de la paroisse de Shippagan au nord-est, de Shippagan au nord et de la paroisse de Shippagan à l'ouest. Le village est bordé par le Golfe du Saint-Laurent au sud.
Baie-du-Petit-Pokemouche est généralement considérée comme faisant partie de l'Acadie[9].
Topographie
Baie-du-Petit-Pokemouche est situé dans la plaine de Shippagan, où l'altitude dépasse à peine le niveau de la mer.
Situé au bord d golfe du Saint-Laurent, le littoral est composé d'une longue dune. La baie du Petit-Pokemouche s'étend à l'est du village. Ce barachois communique avec le golfe du Saint-Laurent par le goulet du Petit-Pokemouche.
Baie-du-Petite-Pokemouche est un village-rue s'étendant le long du chemin Petit-Pokemouche. Ce dernier relie Le Goulet à la route provinciale 113, qui forme la limite nord et qui relie la ville de Shippagan au continent. Il y a un hameau au nord et un autre, plus important, au sud.
Une grande partie du territoire est couvert de tourbière.
Géologie
Le sous-sol de Baie-du-Petit-Pokemouche est composé principalement de roches sédimentaires du groupe de Pictou datant du Pennsylvanien (entre 300 et 311 millions d'années)[10].
Histoire
Origines
Baie-du-Petit-Pokemouche est situé dans le territoire historique des Micmacs, plus précisément dans le district de Sigenigteoag, qui comprend l'actuel côte Est du Nouveau-Brunswick, jusqu'à la baie de Fundy[11].
Selon ce que rapporte Donat Robichaud, la région est visitée par des pêcheurs Normands et Bretons dès la fin du XIIIe siècle[12]. Les Bretons sont en fait bien établis avant 1536[13]. Les Basques chassent la baleine en Europe à partir du XIIe siècle ou plus tôt mais, à la suite de l'effondrement de la population de ces cétacés, commencent à les chasser au sud du Labrador au XVIe siècle, en plus de pêcher la morue[13]. Ces pêcheurs viennent surtout du Pays basque espagnol mais ceux du Pays basque français deviennent de plus en plus nombreux[13]. Ils sont déjà bien installés vers 1540. Contrairement à une idée répandue, ils n'ont pas chassés la baleine de plus en plus loin jusqu'à atteindre l'Amérique mais s'y sont rendus directement[13]. Vers 1632, les pêcheurs de morue basques se déplacent dans des endroits plus reculés, dont Caraquet, Paspébiac et Shippagan, notamment pour éviter les attaques des Inuits et des pirates anglais ou danois, mais aussi à cause de la baisse de la population de baleine et de l'ouverture de la pêche au Svalbard[13]. La pêche basque dans la région dure sans encombre jusque vers la fin du XVIIe siècle[13].
Le , le Conseil souverain donne la concession de Pokemouche à Philippe Hesnault, de Nipisiguit, lui ajoutant trois lieues de largeur de chaque côté de la vallée, pour un total de huit lieues par quatre[14], un territoire qui inclut le site de Baie-du-Petit-Pokemouche[15]. Michel Degrez, qui possédait auparavant la seigneurie, devait 200 livres à Hesnault, ce qui explique probablement cette décision. Hesnault ne s'établit pas sur les lieux et d'autres marchands en profitent pour chasser sur ses terres. Il porte plainte au Conseil et obtient gain de cause le contre le directeur général de la Compagnie de Mont-Louis, Jean de Clarmont[14]. On ne sait pas avec précision ce qui est arrivé au fief de Pokemouche après la mort d'Hesnault[14].
Pêche
Le village vit de la pêche. L'usine Marché de poisson Lanteigne, transformant le homard, est construite au début des années 1980[16]. Les activités de l'usine sont réduites en 2013 mais une partie des employés se trouvent un emploi ailleurs[16]. Un projet de transformation du hareng est lancé mais le bâtiment est détruit lors d'un incendie probablement d'origine accidentelle le ; 80 personnes se retrouvent alors sans emploi[16].
Chronologie municipale
1786: La paroisse d'Alnwick est érigée dans le comté de Northumberland [17].
1814: La paroisse de Saumarez est créée à partir de portions de la paroisse d'Alnwick et d'un territoire non organisé[17].
1826: Le comté de Gloucester est créé à partir des paroisses de Saumarez et de Beresford, du comté de Northumberland[17].
1831: La paroisse de Caraquet est créée à partir d'une portion de la paroisse de Saumarez[17].
1851: La paroisse de Shippagan est créée à partir d'une portion de la paroisse de Caraquet[17].
1851: La paroisse d'Inkerman est créée à partir de portions des paroisses de Caraquet et de Shippagan[17].
1867: Confédération canadienne.
Années 1870: Le comté de Gloucester est constitué en municipalité.
1947: Shippagan est constitué en municipalité dans le territoire de la paroisse.
1958: Le village de Shippagan obtient le statut de ville.
1966: La municipalité du comté de Gloucester est dissoute. La paroisse de Shippagan devient un District de services locaux. Des portions de la paroisse sont détachées pour former le village de Lamèque ainsi que les DSL de Le Goulet, de Sainte-Marie-sur-Mer et de Saint-Raphaël-sur-Mer.
1968: Le DSL de Pointe-Brûlée est créé à partir d'une portion de la paroisse de Shippagan.
1974: Le DSL de Pointe-Sauvage est créé à partir d'une portion de la paroisse de Shippagan.
1984: Les DSL de Baie-du-Petit-Pokemouche, Chemin-Coteau, de Chiasson-Savoy, de Cap-Bateau, de Haut-Lamèque, de Haut-Shippagan, de Miscou, de Petite-Lamèque, de Pointe-Alexandre, de Pointe-Canot, de Pigeon Hill, du Portage de Shippagan et de Sainte-Cécile sont créés à partir de portions de la paroisse de Shippagan.
Démographie
D'après le recensement de Statistique Canada, il y avait 195 habitants en 2006, comparativement à 201 en 2001, soit une baisse de 3,0%. Le village compte 86 logements privés dont 77 occupés par des résidents habituels. Le village a une superficie de 2,62 km² et une densité de population de 74,4 habitants au km² [18].
Économie
La pêche est importante dans l'économie locale[20]. Baie-du-Petit-Pokemouche compte quelques commerces. On fait aussi la culture de patates au village. De nombreux habitants travaillent plutôt à Shippagan, qui possède des commerces, un parc industriel et des services publics[20]. Entreprise Péninsule, un organisme basé à Tracadie-Sheila faisant partie du réseau Entreprise, a la responsabilité du développement économique de la région[20].
Administration
Comité consultatif
En tant que district de services locaux, Baie-du-Petit-Pokemouche est en théorie administré directement par le Ministère des Gouvernements locaux du Nouveau-Brunswick, secondé par un comité consultatif élu composé de cinq membres dont un président. Il n'y a actuellement aucun comité consultatif.
Commission de services régionaux
Baie-du-Petit-Pokemouche fait partie de la Région 4[21], une commission de services régionaux (CSR) devant commencer officiellement ses activités le [22]. Contrairement aux municipalités, les DSL sont représentés au conseil par un nombre de représentants proportionnel à leur population et leur assiette fiscale[23]. Ces représentants sont élus par les présidents des DSL mais sont nommés par le gouvernement s'il n'y a pas assez de présidents en fonction[23]. Les services obligatoirement offerts par les CSR sont l'aménagement régional, l'aménagement local dans le cas des DSL, la gestion des déchets solides, la planification des mesures d'urgence ainsi que la collaboration en matière de services de police, la planification et le partage des coûts des infrastructures régionales de sport, de loisirs et de culture; d'autres services pourraient s'ajouter à cette liste[24].
Représentation
Nouveau-Brunswick: Baie-du-Petit-Pokemouche fait partie de la circonscription de Centre-Péninsule—Saint-Sauveur, qui est représentée à l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick par Denis Landry, du Parti libéral. Il fut élu en 2003 puis réélu en 2008 et en 2010.
Canada: Baie-du-Petit-Pokemouche fait partie de la circonscription d'Acadie-Bathurst. Cette circonscription est représentée à la Chambre des communes du Canada par Yvon Godin, du NPD. Il fut élu lors de l'élection de 1997 contre le député sortant Doug Young, en raison du mécontentement provoqué par une réforme du régime d’assurance-emploi[25].
Infrastructures et services
Éducation
Les élèves francophones bénéficient d'écoles à Shippagan. La ville de Shippagan possède également le CCNB-Péninsule acadienne et un campus de l'Université de Moncton.
Les anglophones bénéficient d'une école à Brantville accueillant les élèves de la maternelle à la huitième année. Ils doivent ensuite poursuivre leurs études à Miramichi. Les établissements d'enseignement supérieurs anglophones les plus proches sont à Fredericton ou Miramichi.
Il y a une bibliothèque publique à Shippagan.
Autres services publics
La population est en grande partie dépendante de localités voisines, notamment Shippagan, pour les loisirs et les services[20]. Le détachement de la Gendarmerie royale du Canada le plus proche est d'ailleurs situé à Shippagan. Cette ville dispose d'un poste d'Ambulance Nouveau-Brunswick alors que l'hôpital le plus est l'hôpital de Lamèque. Le bureau de poste le plus proche est quant à lui à Le Goulet.
Existant depuis le , la Commission de gestion des déchets solides de la Péninsule acadienne (COGEDES) a son siège-social à Caraquet. Les déchets sont transférés au centre de transbordement de Tracadie-Sheila et les matières non-recyclables sont ensuite enfouies à Allardville.
Les francophones bénéficient du quotidien L'Acadie nouvelle, publié à Caraquet, ainsi que de l'hebdomadaire L'Étoile, de Dieppe. Les anglophones bénéficient quant à eux du quotidien Telegraph-Journal, publié à Saint-Jean.
Municipalités limitrophes
baie Saint-Simon | Shippagan | Shippagan | ||
Inkerman | N | Le Goulet | ||
O Baie-du-Petit-Pokemouche E | ||||
S | ||||
baie du Petit-Pokemouche | golfe du Saint-Laurent | Le Goulet |
Notes et références
- Canada, Nouveau-Brunswick. « Règlement du Nouveau-Brunswick 84-168 », art. 9 [lire en ligne (page consultée le 10 août 2012)]
- « Profils des communautés de 2011 - Baie-du-Petit-Pokemouche », sur Statistique Canada (consulté le ).
- David Caron, « Le regroupement municipal dans la Péninsule acadienne avance », L'Acadie nouvelle, (lire en ligne, consulté le )
- http://laws.gnb.ca/fr/showfulldoc/cr/84-168/
- (en) J.C. Pilling, A first reading book in the Micmac, Halifax, Nova Scotia printing company, , p. 98.
- (en) Alan Rayburn, Geographical Names of New Brunswick, Énergie, Mines et Ressources Canada, Ottawa, 1975, p.220.
- (fr) École La rivière - Historique
- (en) William F. Ganong, The history of Caraquet and Pokemouche, Saint-Jean (Nouveau-Brunswick): Musée du Nouveau-Brunswick, 1948, p. 50.
- Murielle K. Roy et Jean Daigle (dir.), Démographie et démolinguistique en Acadie, 1871-1991, L'Acadie des Maritimes, Moncton, Centre d'études acadiennes, Université de Moncton, , 908 p. (ISBN 2-921166-06-2), p. 141.
- (en) [PDF] Ministère des Ressources naturelles et de l'énergie du Nouveau-Brunswick, « Bedrock Geology of New Brunswick », (consulté le )
- (en) Philip K. Bock et William C. Sturtevant (dir.), Handbook of North American Indians, vol. 13, t. 1, Government Printing Office, , 777 p., p. 109-110
- (fr) Donat Robichaud, Le Grand Shippagan, 1976. p. 33-37
- (en) Selma Huxley Barkham, « The Basque Whaling Establishments in Labrador 1536-1632 — A Summary », Arctic, vol. 37, no 4, , p. 515-519 (lire en ligne, consulté le )
- « Philippe Hesnault », dans Revue d'histoire de la Société historique Nicholas Denys, Vol. XXXIV, no. 3, sept.-déc. 2006, p.95-105.
- (en) William Gagnong, A Monograph of historic sites in the province of New Brunswick, Ottawa, J. Hope, (lire en ligne), Carte no. 39, p. 319
- Pierre Leyral, « Shippagan: une usine de transformation rasée par les flammes », L'Acadie Nouvelle, (lire en ligne)
- (en) Cleadie B. Barnett, « New Brunswick Parishes », dans New Brunswick's Past, 17 avril 1998 [lire en ligne (page consultée le 27 novembre 2008)].
- Statistique Canada, « Chiffres de population et des logements, Canada, provinces et territoires, et localités désignées, recensements de 2006 et 2001 - Données intégrales »,
- « Statistique Canada - Profils des recensements 2021- Baie-du-Petit-Pokemouche » (consulté le )
- « District de services régionaux 4 », sur Bâtir des gouvernements locaux et des régions viables (Rapport Finn), sur Gouvernement du Nouveau-Brunswick (consulté le ).
- « Les communautés dans chacune des 12 Commissions de services régionaux (CSR) », sur Gouvernement du Nouveau-Brunswick (consulté le ).
- « Conseils d'administration des commissions de services régionaux annoncés », sur Gouvernement du Nouveau-Brunswick (consulté le ).
- « Gouvernance des nouvelles commissions de services régionaux », sur Gouvernement du Nouveau-Brunswick (consulté le ).
- « Services obligatoires », sur Gouvernement du Nouveau-Brunswick (consulté le ).
- (fr) Réal Fradette, « Qui arrivera à défaire Yvon Godin », dans L'Acadie Nouvelle, 20 décembre 2008 [lire en ligne (page consultée le 20 décembre 2008)].
Voir aussi
Bibliographie
- (en) William F. Ganong, A Monograph of the Origins of the Settlements in New Brunswick, Ottawa, J. Hope, , 185 p.
- (en) Alan Rayburn, Geographical Names of New Brunswick, Ottawa, Énergie, Mines et Ressources Canada,