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Asteriornis

Asteriornis maastrichtensis

Asteriornis
Description de l'image Asteriornis.svg.
66.8–66.7 Ma
↓

Genre

† Asteriornis
Field et al.[1], 2020

EspĂšce

† Asteriornis maastrichtensis
Field et al.[1], 2020

Asteriornis est un genre éteint d'oiseaux Neornithes, dont un fossile a été découvert dans le Crétacé supérieur de Belgique[1] - [2] - [3].

Une seule espÚce est rattachée au genre : Asteriornis maastrichtensis, décrite en 2020 par Daniel J. Field, Juan Benito, Albert Chen, John W. M. Jagt et Daniel T. Ksepka[1].

Asteriornis est un petit oiseau avec de longues pattes, trĂšs proche des membres du super-ordre des Galloanserae qui regroupe entre autres les Galliformes, communĂ©ment appelĂ©s « gallinacĂ©s », dont les dindes, les poules, les pintades, les cailles et les faisans. Sa masse est estimĂ©e Ă  prĂšs de 400 g[2]. Il coexistait avec d'autres oiseaux, plus « primitifs », comme Ichthyornis.

Asteriornis est l'un des plus anciens oiseaux nĂ©ornithes connu, une sous-classe qui inclut tous les oiseaux actuels. Il prĂ©sente des caractĂ©ristiques Ă  la fois des Galliformes et des Anseriformes (« canards »), ce qui indique qu'il est proche du dernier ancĂȘtre commun de ces deux groupes[1] - [4].

Les inventeurs du genre Asteriornis insistent sur l'importance de cette dĂ©couverte qui pourrait aider Ă  comprendre pourquoi les Neornithes sont les seuls dinosaures Ă  avoir survĂ©cu Ă  la grande extinction de la fin du CrĂ©tacĂ©, il y a environ 66 Ma (millions d'annĂ©es). Sa coexistence avec des oiseaux non-nĂ©ornithes comme Ichthyornis implique que la concurrence n'est pas le facteur principal de l'extinction de ces derniers.

Plusieurs avantages sélectifs (écologiques) des premiers néornithes, leur ayant permis de survivre et de se diversifier à la suite de l'extinction de la fin du Crétacé, ont été mis en avant[5] - [4] :

  • leur petite taille[6] ;
  • leur vie terrestre[7] ;
  • un rĂ©gime alimentaire gĂ©nĂ©raliste[8].

Asteriornis remplit ces qualités, ce qui suggÚre que celles-ci seraient de réels avantages sélectifs[1].

Étymologie

Le nom de genre Asteriornis est composĂ© des mots du grec ancien ᜄρΜÎčς, ornis, « oiseau », et de AstĂ©ria du nom d'une titanide de la mythologie grecque, AstĂ©ria « « Ă©toiles », l’« Ă©toilĂ©e » », qui est associĂ©e aux Ă©toiles filantes, et Ă  propos de laquelle il existe un mythe cĂ©lĂšbre dans lequel elle se transforme en caille, un Pangalloanserae actuel. C'est ainsi une allusion Ă  l'astĂ©roĂŻde de Chicxulub considĂ©rĂ© comme le responsable de l'extinction massive de la limite CrĂ©tacĂ©-PalĂ©ogĂšne. Le nom spĂ©cifique maastrichtensis fait rĂ©fĂ©rence Ă  la formation gĂ©ologique de Maastricht dans laquelle le fossile a Ă©tĂ© dĂ©couvert et Ă  l'Ăąge de ce fossile, le Maastrichtien, dernier Ă©tage du CrĂ©tacĂ©.

DĂ©couverte

Le genre Asteriornis est basĂ© sur un spĂ©cimen unique, rĂ©pertoriĂ© NHMM 2013 008, conservĂ© au musĂ©e d'histoire naturelle de Maastricht (en). Il s'agit d'un crĂąne presque complet et de fragments des os des pattes, ainsi qu'un fragment de radius. Il a Ă©tĂ© dĂ©couvert aux alentours de l'an 2000 dans la formation de Maastricht, qui a donnĂ© son nom Ă  l'Ă©tage gĂ©ologique du Maastrichtien,. Le fossile est datĂ© entre 66,8 et 66,71 Ma (millions d'annĂ©es), peu avant la grande extinction de la fin du CrĂ©tacĂ© intervenue il y a environ 66,0 Ma[9] - [1].

Description

CrĂąne

Le bec est lĂ©ger et lĂ©gĂšrement courbĂ© vers le bas. Son extrĂ©mitĂ© n'est pas pointue, comme chez les Galloanserae, mais lĂ©gĂšrement arrondie. Le crĂąne devient plus Ă©troit au-dessus des orbites, oĂč les os frontaux sont incisĂ©s par une partie en forme de « V » des os nasaux. Les os formant l'articulation de la mĂąchoire ressemblent beaucoup Ă  ceux des Galloanserae. L'os carrĂ© (la partie du crĂąne s'articulant avec la mĂąchoire) est reliĂ© au toit du crĂąne par deux tubercules prononcĂ©s adjacents Ă  un troisiĂšme plus petit, le tuberculum sub-capitulaire. La mandibule est reliĂ©e Ă  l'os carrĂ© avec une paire d'emboĂźtures. L'extrĂ©mitĂ© arriĂšre de la mĂąchoire infĂ©rieure possĂšde un grand processus rĂ©tro-articulaire crochu vers l'arriĂšre ainsi qu'un plus petit processus mĂ©dial tournĂ© vers l'intĂ©rieur. Toutes ces morphlogies osseuses sont considĂ©rĂ©es comme des caractĂ©ristiques (uniques — ou du moins les plus courantes —) des Galloanserae[1].

À certains Ă©gards, le crĂąne d'Asteriornis parait trĂšs semblable Ă  celui des oiseaux galliformes tels que les poulets et les faisans. Les os de son museau ne sont pas fusionnĂ©s et ses os nasaux bifurquent en avant des yeux. Par d'autres aspects, Asteriornis ressemble aux oiseaux ansĂ©riformes comme les canards et les oies. Ces caractĂ©ristiques comprennent le processus rĂ©tro-articulaire crochu de la mĂąchoire et un processus postorbital (la partie de l'os formant le bord arriĂšre de l'orbite) qui se courbe vers l'avant Ă  son extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure. L'ensemble de ces caractĂ©ristique du crĂąne d'Asteriornis est conforme Ă  un principe d'Ă©volution selon lequel les animaux proches de l'ancĂȘtre commun de deux groupes partagent certaines similitudes avec chaque groupe[1].

Os des membres

Le radius s'aplatit et s'Ă©largit vers le poignet, oĂč il prĂ©sente une grosse bosse crochue. Les os des pattes sont allongĂ©s et Ă©lancĂ©s, dans des proportions et une structure similaires Ă  celles des oiseaux terrestres modernes. Le fĂ©mur prĂ©sente des crĂȘtes musculaires bien dĂ©veloppĂ©es et un grand condyle mĂ©dial anguleux. Le tibiotarse s'Ă©largit vers le genou, tandis que le tarsomĂ©tatarse est plus fin et couvert de crĂȘtes[1].

Classification

L'analyse phylogĂ©nĂ©tique rĂ©alisĂ©e lors de l'Ă©rection du genre en 2020 par Daniel J. Field et ses collĂšgues, place Asteriornis proche de la base des Galloanserae. Sa position exacte varie selon la mĂ©thode d'analyse phylogĂ©nĂ©tique utilisĂ©e (maximum de parcimonie ou infĂ©rence bayĂ©sienne). La parcimonie en fait un groupe frĂšre des Galloanserae, tandis que l'infĂ©rence bayĂ©sienne le place au sein des Galloanserae, en groupe frĂšre des Galliformes. Il serait ainsi plus proche des « poulets » que des « canards », sans ĂȘtre pour autant un ancĂȘtre direct des oiseaux actuels ressemblant aux poulets.

La position d'Asteriornis, proche des poulets et des canards modernes, le dĂ©finit clairement comme un oiseau, un Neornithes. Or les nĂ©ornithes sont originaires du dernier ancĂȘtre commun de tous les oiseaux vivants et correspondent au terme « oiseau » car il se rĂ©fĂšre aux oiseaux actuels. MĂȘme si les oiseaux prĂ©-nĂ©ornithiens, comme Ichthyornis, les Enantiornithes ou encore Archaeopteryx, ressemblaient globalement Ă  des oiseaux modernes, ils en diffĂ©raient par des caractĂ©ristiques primitives telles que la prĂ©sence de dents ou de griffes sur leurs ailes[4].

Les fossiles de Neornithes d'Ăąge CrĂ©tacĂ© sont extrĂȘmement rares. Il s'agit souvent de restes fragmentaires car fragiles. Le genre Vegavis, dĂ©couvert en Antarctique, qui a Ă  peu prĂšs le mĂȘme Ăąge (~ 66,5 Ma), a Ă©tĂ© dĂ©crit comme un Anseriformes basal, un proche parent des canards et des oies[10] - [11]. Cette attribution est cependant discutĂ©e et, pour les inventeurs du genre Asteriornis, qui l'ont dĂ©crit Ă  partir de restes fossiles suffisamment bien conservĂ©s et diagnostiques, il peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le plus ancien fossile incontestĂ© d'un oiseau Neornithes de style moderne[4].

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Daniel J. Field, Juan Benito, Albert Chen, John W. M. Jagt et Daniel T. Ksepka, « Late Cretaceous neornithine from Europe illuminates the origins of crown birds », Nature, vol. 579, no 7799,‎ , p. 397–401 (ISSN 1476-4687, PMID 32188952, DOI 10.1038/s41586-020-2096-0)
  2. (en) Daniel J. Field, Colton Lynner, Christian Brown et Simon A. F. Darroch, « Skeletal Correlates for Body Mass Estimation in Modern and Fossil Flying Birds », PLOS One, vol. 8, no 11,‎ , e82000 (ISSN 1932-6203, PMID 24312392, PMCID 3843728, DOI 10.1371/journal.pone.0082000, Bibcode 2013PLoSO...882000F)
  3. (en) « PaleoOrnithology ‱ 2020 Asteriornis maastrichtensis ‱ Late Cretaceous Neornithine from Europe illuminates the Origins of Crown Birds » [archive du ], (consultĂ© le )
  4. (en) Kevin Padian, « Poultry through time », Nature, vol. 579, no 7799,‎ , p. 351–352 (PMID 32188944, DOI 10.1038/d41586-020-00766-2)
  5. (en) Daniel T. Ksepka, Thomas A. Stidham et Thomas E. Williamson, « Early Paleocene landbird supports rapid phylogenetic and morphological diversification of crown birds after the K–Pg mass extinction », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 114, no 30,‎ , p. 8047–8052 (ISSN 0027-8424, PMID 28696285, PMCID 5544281, DOI 10.1073/pnas.1700188114, Bibcode 2017PNAS..114.8047K)
  6. (en) Jacob S. Berv et Daniel J. Field, « Genomic Signature of an Avian Lilliput Effect across the K-Pg Extinction », Systematic Biology, vol. 67, no 1,‎ , p. 1–13 (ISSN 1063-5157, PMID 28973546, PMCID 5837713, DOI 10.1093/sysbio/syx064)
  7. (en) Daniel J. Field, Antoine Bercovici, Jacob S. Berv, Regan Dunn, David E. Fastovsky, Tyler R. Lyson, Vivi Vajda et Jacques A. Gauthier, « Early Evolution of Modern Birds Structured by Global Forest Collapse at the End-Cretaceous Mass Extinction », Current Biology, vol. 28, no 11,‎ , p. 1825–1831.e2 (ISSN 0960-9822, PMID 29804807, DOI 10.1016/j.cub.2018.04.062)
  8. (en) Derek W. Larson, Caleb M. Brown et David C. Evans, « Dental Disparity and Ecological Stability in Bird-like Dinosaurs prior to the End-Cretaceous Mass Extinction », Current Biology, vol. 26, no 10,‎ , p. 1325–1333 (ISSN 0960-9822, PMID 27112293, DOI 10.1016/j.cub.2016.03.039)
  9. (en) Norbert Keutgen, « A bioclast-based astronomical timescale for the Maastrichtian in the type area (southeast Netherlands, northeast Belgium) and stratigraphic implications: the legacy of P.J. Felder », Netherlands Journal of Geosciences, vol. 97, no 4,‎ , p. 229–260 (ISSN 0016-7746, DOI 10.1017/njg.2018.15)
  10. (en) Julia A. Clarke, Claudia P. Tambussi, Jorge I. Noriega, Gregory M. Erickson et Richard A. Ketcham, « Definitive fossil evidence for the extant avian radiation in the Cretaceous », Nature, vol. 433, no 7023,‎ , p. 305–308 (ISSN 1476-4687, PMID 15662422, DOI 10.1038/nature03150, Bibcode 2005Natur.433..305C)
  11. (en) AgnolĂ­n, F.L., Egli, F.B., Chatterjee, S. et al. Sci Nat (2017) 104: 87. https://doi.org/10.1007/s00114-017-1508-y, https://link.springer.com/article/10.1007/s00114-017-1508-y#citeas
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