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Assemblée citoyenne

L'assemblée citoyenne est une institution qui a pour objectif de permettre aux individus qui composent le peuple[1] d'exprimer et d'exercer directement le pouvoir politique.

Composition de l'assemblée

Sur le modèle des assemblées de village ou de lutte, l'assemblée est ouverte à tous les citoyens hommes et femmes. Au sein d'une assemblée citoyenne nationale représentant plusieurs millions d'habitants, ce sont des citoyens mandatés par les assemblées populaires et choisis en fonction de leur appartenance à une catégorie sociale qui représentent le peuple (employés - ouvriers - cadres - professions libérales - fonctionnaires - agriculteurs - commerçants - entrepreneurs - étudiants - inactifs). Le choix de ces représentants s'effectue de plusieurs manières (vote - consensus, etc) et pour un mandat impératif et limité.

De nombreux pays dans le monde possèdent des mécanismes (référendum, assemblées populaires, initiative populaire) qui relèvent de la démocratie directe ou semi-directe.

Rôle de l'assemblée

Le rôle de cette assemblée est de proposer et de voter les lois et si nécessaire de nommer un gouvernement capable d'administrer et de gérer la politique du pays en respectant la volonté et les décisions du peuple réuni en assemblée.

Exemples récents

Parmi les exemples importants et récents de fonctionnement en assemblée citoyenne (ou assemblée générale) aux XXe et XXIe siècles, on peut citer :

  • le mouvement de mai 1968 en France ;
  • les plenum en Bosnie vers 1968
  • les assemblĂ©es ouvrières de 1969 et le mouvement autonome des annĂ©es 1970 en Italie.
  • le mouvement des indignĂ©s de la Puerta del Sol le 15 mai 2011 (en Espagne en Europe et dans les pays hispaniques), s'inscrivant dans la continuitĂ© temporelle du printemps arabe et sa volontĂ© de dĂ©mocratie gĂ©nĂ©rale
  • l'espoir d'expĂ©rimenter la dĂ©mocratie directe s'est ensuite propagĂ© en septembre 2011 sur le continent nord-amĂ©ricain par le mouvement Occupy Wall Street qui s'est Ă©tendu Ă  la plupart des États amĂ©ricains ainsi que dans de nombreuses capitales mondiales, sous le nom gĂ©nĂ©rique d'Occupy et dans environ 1 500 villes de 82 pays.
  • Les connexions entre anonymes, printemps arabe, indignĂ©s (15M) et occupy sont fortes, ainsi qu'avec de nombreux combats mondiaux (globaux). En 2015, la transformation de certains groupes en unitĂ©s politiques, comme Podemos, a dĂ©bouchĂ© sur la prise politique de certaines municipalitĂ©s espagnoles, dont Barcelone et Madrid [2] - [3].
  • CrĂ©Ă© en mars 2016, le mouvement Nuit debout veut promouvoir la dĂ©mocratie directe, au moyen d'assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales et de commissions[4].

Philosophes et courants de pensée proches de l'assemblée citoyenne

Siècle des Lumières

Au XVIIIe siècle, l'Europe redécouvre l'idéal républicain avec Jean-Jacques Rousseau, théoricien de la souveraineté populaire, et les encyclopédistes qui sont les Lumières. L'auteur de Du contrat social (1762) préconise un régime représentatif dans lequel le peuple souverain délègue le pouvoir exécutif aux élus avec des limites importantes. Critique envers un pouvoir législatif représentatif sans conditions, il mentionne avec ironie les Anglais se croyant libres alors qu'ils ne l'étaient que le jour de l'élection des membres du parlement, redevenant ensuite esclaves [5]. Il élabora un Projet de constitution pour la Corse en 1765.

inspiré des comices romaines, Rousseau dessine un modèle d'assemblée où le corps souverain, c'est-à-dire le peuple, délibère des lois sans déléguer son pouvoir législatif à des représentants. Toutefois, conscient des difficultés qu'une telle constitution politique représente, il pose des conditions à la véritable République; La cité doit être assez petite pour que de manière périodique, l'ensemble des citoyens puissent se rassembler pour délibérer sur le maintien des anciennes lois, et pour l'établissement de nouvelles. Dans le cas où il serait impossible de réduire la taille de l'état, il faudrait abandonner le principe de capitale pour privilégier une alternance de villes où le gouvernement et les assemblés siègent.

Les régimes modernes, qui se mettent progressivement en place dans le sillage de la Révolution française et de la Constitution américaine de 1787 sont principalement fondés sur la représentation et l'élection. C'est la principale critique qui leur est faite : mise en avant du « peuple », mais gouvernement d'une nouvelle oligarchie qui se fera « élire ».

En 1792, Maximilien de Robespierre, Jean-François Varlet et le Marquis de Sade. Ce dernier écrit Idée sur le mode de la sanction des Lois et défend dans une assemblée primaire la démocratie directe.

Ultérieurement, d'autres philosophes, tels Proudhon ou Kropotkine, fonderont ou affirmeront le courant politique anarchiste dont l'une des bases est la démocratie directe.

Cornelius Castoriadis est l'un des derniers philosophes à avoir consacré une large part de sa réflexion à l'idée de démocratie directe, qu'il défendit comme composante centrale du « projet d'autonomie » qu'il développa, celui-ci se donnant pour ambition d'établir une autonomie (liberté) aussi bien collective qu'individuelle. Il était ainsi fortement critique envers les systèmes représentatifs, qu'il considérait non pas comme des démocraties mais plutôt comme des « oligarchies libérales », en ce que, loin de permettre à tous les citoyens d'exercer le pouvoir politique, elles impliquent la constitution d'une classe de politiciens, qui une fois élus, ne peuvent être révoqués en dehors des élections périodiques.

Anarchistes et conseillistes

Les conseillistes, certains syndicalistes-révolutionnaires et certains anarchistes sont partisans de la démocratie directe en assemblée citoyenne ou communale.

Le choix du vote (élection) et/ou du consensus pour les prises de décisions reste un sujet de discussions parmi toutes ces tendances. A contrario, on peut qualifier d'autres formes de démocratie comme partielles ou incomplètes.

Notes et références

  1. Le peuple n'est pas un agrégat d'individus définis par un territoire, Il est "lié" par un processus de domination (pouvoir d’État) et de résistance (ceux qui subissent cette domination). C'est la définition qu'en donne l'historien Gérard Noiriel (dans son ouvrage paru en mars 2017 aux éditions Agone [Une histoire populaire de la France]).
  2. Sandrine Morel, « Manuela Carmena et Ada Colau, deux « indignées » maires de Madrid et Barcelone », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  3. Le Monde avec AFP, « Ada Colau, l’« indignée », sera investie maire de Barcelone avec une majorité absolue », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  4. « Liste des commissions et des villes organisant assemblées générales avec Nuit debout », sur Nuit debout (wiki), (consulté le ).
  5. J.J. Rousseau, Contrat social, livre III, chapitre XV : « Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. »

Annexes

Bibliographie

  • Fabrice Wolff, Qu’est-ce que la dĂ©mocratie directe ? (Manifeste pour une comĂ©die historique), Éditions antisociales, (lire en ligne).
  • Antoine Bevort, Pour une dĂ©mocratie participative, Presses de Sciences Po, .
  • Yvan Blot, La DĂ©mocratie directe, une chance pour la France, Economica, .
  • (en) Shaun Bowler, Demanding Choices : Opinion, Voting, and Direct Democracy, Ann Arbor (Michgan), The University of Michigan press, .
  • Martin Breaugh, L'ExpĂ©rience plĂ©bĂ©ienne. Une histoire discontinue de la libertĂ© politique, Paris, Éditions Payot-Rivages, .
  • (en) Steve Davis, Click On Democracy: the Internet's Power to Change Political Apathy Into Civic Action, Westview press, .
  • Leopold Kohr, The Breakdown of Nations, , 256 p. (ISBN 1-870098-98-6).
  • Alexandre Ledru-Rollin, Du gouvernement direct du peuple, Paris, impr. de Prève, .
  • Charles Maccio, Penser le devenir de l'humanitĂ© : Construire une dĂ©mocratie participative…, Lyon, Chronique sociale, .
  • Dick Morris, Vote.com ou Comment Internet va rĂ©volutionner la politique, Paris, Plon, .
  • Yannis Papadopoulos, DĂ©mocratie directe, Paris, Économica, .
  • (en) Johannes Reich, « An Interactional Model of Direct Democracy - Lessons from the Swiss Experience », sur SSRN.com, (consultĂ© le ).
  • Jos Verhulst et Arjen Nijeboer, DĂ©mocratie Directe, faits et arguments sur l’introduction de l’initiative et du rĂ©fĂ©rendum (e-book, 8 langues) (lire en ligne).
  • (en) Bruno Kaufmann, Rolf BĂĽchi et Nadja Braun, Guidebook to Direct Democracy in Switzerland and beyond (e-book) (prĂ©sentation en ligne).
  • Pascal Rode, Le Retour de la vraie dĂ©mocratie, Dunkerque (49 Av. About, 59240), P. Rode, .
  • Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social ou Principes du droit politique, .
  • Roland Simon, Le DĂ©mocratisme radical, Paris, Éditions. Senonevero, .
  • Roger de Sizif, La Stochocratie : Modeste proposition pour que le peuple de France soit heureusement gouvernĂ© grâce Ă  l'instauration d'une sĂ©lection politique alĂ©atoire, Paris, les Belles lettres, .
  • Albert de Surgy, Le Grand Choix : SociĂ©tĂ© rĂ©publicaine ou sociĂ©tĂ© de marchĂ©, Paris; Budapest; Turin, l'Harmattan, .
  • Takis Fotopoulos, Vers une dĂ©mocratie gĂ©nĂ©rale. Une dĂ©mocratie directe, Ă©conomique, Ă©cologique et sociale, Paris, (lire en ligne). (Nos Buts)

Articles connexes

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