Andrée De Jongh
Andrée Eugénie Adrienne De Jongh (surnommée « Dédée »), qui deviendra en 1985 la comtesse Andrée De Jongh, est née le à Schaerbeek en Belgique et morte le [1] aux cliniques universitaires Saint-Luc à Woluwe-Saint-Lambert.
portant la médaille de George.
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(Ă 90 ans) Bruxelles |
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CegeSoma (BE-A0547_3122) |
Dans la Résistance belge, elle a été cofondatrice du réseau Comète, filière d'évasion pour des soldats alliés (particulièrement des aviateurs).
Avec la Française Marie-Madeleine Fourcade, elle est l’une des très rares femmes chefs de réseau de résistance[2].
Biographie
Jeunesse
Andrée De Jongh naît au no 73 de l'avenue Émile Verhaeren à Schaerbeek[3].
Son père, Frédéric De Jongh, directeur de l'école primaire de la rue Gaucheret, est un admirateur d'Edith Cavell, de Gabrielle Petit et du Père Damien ; il transmet cette admiration à sa fille, qui n'a plus qu'un rêve, celui de devenir infirmière. Cependant, douée pour le dessin, elle entreprend des études d'arts décoratifs, tout en suivant des cours du soir à la Croix-Rouge de Belgique pour devenir ambulancière. Les études terminées, elle obtient un emploi de dessinatrice publicitaire auprès du siège malmédien de la société Sofina.
Le réseau Comète
Lors de l'invasion de la Belgique par les troupes allemandes en 1940, elle quitte son travail à Malmedy et revient à Bruxelles pour tout d'abord travailler pour la Croix-Rouge de Bruxelles. Rapidement, elle décide de s'investir dans la Résistance.
Le premier réseau dans lequel elle s'est impliquée ayant été détruit par la police militaire allemande, elle décide avec Arnold Deppé de créer une filière d'évasion vers l'Espagne. Après avoir pris quelques contacts à Anglet, dans la région de Bayonne, Andrée et Arnold tentent, en , un premier convoyage vers le sud, accompagnés d'un groupe de Belges qui veulent poursuivre la lutte à partir de l'Angleterre. Andrée a financé le voyage en vendant ses bijoux et en empruntant à des amis. Arrivés à Anglet, ils confient les évadés à un guide basque qui assure leur passage en Espagne.
En , Andrée et Arnold font un second voyage, en deux groupes. Arnold est arrêté en France, mais Andrée passe, traverse les Pyrénées avec son groupe, et se présente au consulat britannique de Bilbao pour demander de l'aide pour son réseau. En effet, elle a appris que le groupe précédent a été intercepté en Espagne, que les soldats ont été internés, et se rend compte que sa filière doit avoir en Espagne un point de chute d'où les services britanniques emmèneront les évadés à Gibraltar, puis en Angleterre.
Après trois semaines d'hésitation, les Britanniques décident de faire confiance au petit cyclone — comme on surnommait Andrée pour sa capacité à tout emporter sur son passage. Avec ce soutien et l'aide des résistants locaux, elle met en place la « ligne Dédée », rebaptisée plus tard « ligne Comète ». La ligne, qui comptera jusqu'à 3 000 membres, traverse, en partant de Bruxelles, la France puis les Pyrénées jusqu'au consulat britannique de Bilbao, qui s'occupe ensuite du transport à Gibraltar. De 1941 à la Libération, la filière permet de faire évader (ou de cacher après le débarquement) plus de 600 volontaires de guerre, résistants brûlés et soldats alliés, dont 288 aviateurs rapatriés et 250 autres cachés après le débarquement[4], et Andrée a accompagné personnellement ou aidé lors de leur voyage 118 d'entre eux.
Toutefois la ligne Dédée est infiltrée par un agent de la Geheime Feldpolizei, Jacques Desoubrie ce qui provoque de nombreuses arrestations. « Dédée » quant à elle est dénoncée par un valet de ferme et capturée le alors qu'elle s'apprête à traverser les Pyrénées avec un groupe d'aviateurs. D'abord emprisonnée à Bayonne, puis au fort du Hâ et à Biarritz, elle est transférée à la maison d'arrêt de Fresnes le . Andrée avoue qu'elle est la fondatrice de la ligne d'évasion, mais la Gestapo ne la croit pas. Elle est envoyée à la prison de Saint-Gilles et déportée en Allemagne en . Elle y est internée dans plusieurs prisons, puis dans les camps de concentration de Ravensbrück et de Mauthausen, d'où elle est libérée par la Croix-Rouge internationale le [5].
Quant à son père, Frédéric (connu dans le milieu de la résistance sous le pseudonyme de « Paul »), il est capturé à Paris en juin 1943 et fusillé au Mont Valérien le . La filière sera alors un temps dirigée par Jean-François Nothomb (sous le pseudonyme de « Franco »), fils de Pierre Nothomb, qui sera aussi arrêté le puis déporté.
Après la guerre, elle entame des études d'infirmière. En 1954, elle part soigner les lépreux au Congo belge puis au Cameroun, à Addis-Abeba en Éthiopie et enfin à Dakar au Sénégal avant de revenir en Belgique en 1981.
Décès
Elle décède le aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Woluwe-Saint-Lambert. Les funérailles ont lieu le 19 octobre suivant à l'église abbatiale de la Cambre et l'inhumation, le même jour, dans le caveau familial du cimetière de Schaerbeek (parcelle 23 – pelouse 17)[3].
Distinctions
- Officier de l'ordre de LĂ©opold avec palme
- Croix de guerre belge 1940-1945 avec palme
- MĂ©daille de la RĂ©sistance
- Médaille commémorative de la guerre 1940-1945
- Croix du Prisonnier politique 1940-1945
- Nommée au grade de lieutenant-colonel en qualité d'agent de renseignements et d'action
- Médaille de la Liberté avec palme d'or
- MĂ©daille de George
- Chevalier de la LĂ©gion d'honneur
- Médaille de la Résistance française
- Diplôme des Forces françaises combattantes
- Anoblie avec titre de comtesse par le roi Baudouin en 1985
- Docteur honoris causa de l'université catholique de Louvain
Hommages
- Une plaque commémorative est apposée sur sa maison natale du 73 de l'avenue avenue Émile Verhaeren à Schaerbeek
- Yann au scénario et Olivier Schwartz au dessin mettent en scène Andrée De Jongh à la page 39 de leur album de bande dessinée Le Groom vert-de-gris (une aventure de Spirou et Fantasio)
- Elle est choisie comme marraine de la 148e promotion « Sciences sociales et militaires » (SSMW) de l'École royale militaire belge
Notes et références
- Disparition d'Andrée De Jongh, extrait du journal de la rtbf sur dailymotion
- « La Résistance », Encyclopédie Larousse, (consulté le )
- Lieux de mémoire du « réseau Comète » (a.) plaque commémorative sur sa maison natale, (b.) sa tombe au cimetière de Schaerbeek [lire en ligne]
- Voir la liste des aviateurs passés sur le site de cometeline.org
- Rémy, Réseau Comète, t. 3, Paris, Librairie académique Perrin, 1971.
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Andrée de Jongh » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Bibliographie
- Marie-Pierre d'Udekem d'Acoz, Andrée De Jongh. Une vie de résistante, Bruxelles, Racine, 2016, 272 p. (ISBN 9-782-87386-978-6)
- Cécile Jouan (Suzanne Wittek-de Jongh), Comète : histoire d'une ligne d'évasion, Veurne, 1948.
- Airey Neave, Little Cyclone, 1954.
- Airey Neave, Petit Cyclone, Brussel, 1965.
- Remy, Réseau Comète, 3 volumes, Parijs, 1966, 1967, 1971.
- W. E. Armstrong, « Une héroïne de la Résistance belge », in Sélection du Reader's Digest, 1974.
- Françoise Van Vyve, Une Belge contre la Gestapo, Brussel, 1986
- Juan Carlos Jimenez de Aberastural Corta, En passant la Bidassoa : le réseau « Comète » au Pays basque (1941-1944), Anglet, 1995.
- Étienne Verhoeyen, « La ligne d'évasion Comète ( - ) », in Jours de guerre, n° 11-12-13, Brussel, 1997.
- Christian Laporte, « Le dernier passage de Dédée De Jongh », in La Libre Belgique, .
- Marc Met de Penningen, « Dédée a rejoint les étoiles », in Le Soir, .
- Alasdair MacDermott, « Comète, a World War II Belgian Evasion Line », in Roger Coekelbergs et al. (éd.), Livre-mémorial des agents de renseignement et d'action, Anvers, 2015.
- Andrée Dumon, Je ne vous ai pas oubliés, Editions Mols, Collection Histoire, 2018, 235 pages, (ISBN 978-287402-239-5).
Filmographie
- Lurre Telleria et Enara Goikoetxea, « Le dernier passage », 2010, Sélection au festival du film de San Sebastian