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Alexandre Duval (restaurateur)

Jules Alexandre Duval (né le et mort le ), est un entrepreneur et un restaurateur français, héritier et dirigeant de la société des Bouillons Duval.

Alexandre Duval
Portrait reproduit dans Paris-Soir (1937)[1].
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité

Biographie

Auguste Renoir : Une serveuse du restaurant Duval, ca 1875, Metropolitan Museum of Art.
Anonyme: Le Bouillon Duval dans le parc du Champ-de-Mars installé pour la durée de l'exposition universelle de 1878.
Pierre Vidal : Au Bouillon Duval, publié dans Paris qui consomme (1893) d'Émile Goudeau.
Publicité pour le potage et le bouillon Duval (1919) vendus en épicerie et fabriqués à Courbevoie : on notera la référence à Maggi Kub, entreprise avec laquelle Alexandre Duval fut en procès.

Jules Alexandre Duval est le fils d'Anne-Ernestine Bertrand, bouchère, et du boucher des Halles Adolphe-Baptiste Duval (1811-1870)[2], qui développa sous le Second Empire le concept du restaurant populaire de type « bouillon » à Paris en ouvrant un premier établissement en 1854 rue de la Monnaie, puis de nombreux autres les années suivantes[3]. À proximité de sa première boucherie établie no 15 de la rue Coquillière, Adolphe-Baptiste Duval ouvrit une deuxième brasserie, en 1856, rue Montesquieu[4], où les serveurs et serveuses avec le tablier blanc de la boucherie servaient des bouillons de bœuf, un restaurant plus vaste, de type table populaire, qui propose pour moins de quarante sous (2 francs) un plat unique aux ouvriers des Halles et aux bâtisseurs du colossal chantier Haussmann[5]. Le père Duval ouvrit de nouvelles boucheries dans tout Paris (par exemple au 31 rue Tronchet en 1859)[6], ciblant la clientèle bourgeoise, et grâce à ses bouillons populaires, créa par l'intégration verticale, une entreprise florissante. Le père Duval fut activement impliqué dans le carnaval de Paris et la promenade du bœuf gras, suivant la tradition des bouchers parisiens. Le succès est considérable : le Bouillon-Duval ouvre une échoppe durant l'exposition universelle de 1867, puis fait même des émules à Saint-Pétersbourg en 1868, et l'année suivante la société[7] entre à la bourse de Paris via un emprunt obligataire[8].

Alexandre Duval développa le concept de son père et ouvrit plusieurs restaurants dont les fameux Bouillons Duval (ce qui lui valut le surnom ironique de « Godefroi des Bouillons »[9], par référence à Godefroy de Bouillon) et aussi celui de « Petite Marmite », du fait de son habitude à porter un demi haut-de-forme, un chapeau dit « cronstadt »[1].

Durant le siège de Paris, Alexandre Duval obtient du général Trochu l'ouverture des bouillons Duval et la possibilité de servir des repas à prix modérés[2].

Vers 1875, Auguste Renoir peint le portrait Une serveuse au restaurant Duval[10]. En 1879, Aristide Bruant écrit les paroles de La Caissière du bouillon Duval[11].

Chaque jour, il se rendait au 21 rue Saint-Fiacre, Ă  son siège social, oĂą venaient au rapport tous les grands chefs de ses maisons qui, en 1900, comptaient 2 200 employĂ©s (dont 75 % de femmes)[2]. « On sait combien Alexandre Duval, ce parfait Parisien, avec son chapeau cronstadt, sa lavallière Ă  pois, ses guĂŞtres blanches, Ă©tait populaire dans tous les milieux oĂą l'on s'amusait. Les revenus de ses restaurants lui permettaient une oisivetĂ© bien pourvue[12]». Durant l'exposition universelle de 1889, sa sociĂ©tĂ© assure le service restauration des visiteurs[2].

À partir de 1896, les frères Frédéric et Camille Chartier, en s'inspirant du concept des bouillons Duval viennent concurrencer ses établissements.

Le 20 octobre 1911, il est nommé officier de la Légion d'honneur à la suite d'un rapport du ministère du Commerce[2].

En mars 1919, il est à l'origine d'une nouvelle polémique quand il se heurte au « baraques Vigrain », ouvertes par Ernest Vilgrain, chargé du ravitaillement par le Gouvernement, et rappelle dans la presse, que les bouillons Duval participent à l'effort général, et offre de quoi manger pour à peine trois francs le repas (soit moins qu'avant guerre)[13]. En mai suivant, il devient pour la première fois comédien dans l'opérette Les Deux Aveugles créée au Français au bénéfice de l'Orphelinat des Arts. Dans les mois qui suivent, il s'en prend à la viande congelée, importée par bateau des colonies françaises.

Juste avant sa mort, il ouvre un dernier bouillon, celui du restaurant du Palais-Bourbon[14].

Sa mort survenue le 15 février 1922 au 23 rue Georges-Bizet à la suite d'une péritonite, donne lieu à de nombreuses nécrologies dans la presse parisienne, qui rappelle son élégance vestimentaire, sa vivacité et son goût pour le théâtre.

Il est inhumé au cimetière de Passy, (15e division).

Vie privée

En 1872 la rupture théâtrale de la liaison passionnelle qu'entretenait le jeune Alexandre Duval avec la demi-mondaine Cora Pearl — pour laquelle il avait créé la recette de la « truite Cora Pearl[15] » — fit la une des journaux. « M. Alexandre Duval, le fils du fondateur des établissements de bouillon que tout Paris connaît, s'est tué parce que Mlle Cora Pearl, lui ayant pris jusqu'à son dernier billet de mille francs, l'a jeté à la porte d'un hôtel qu'il avait acheté pour elle… M. Alexandre Duval lui avait donné un magnifique hôtel rue de Chaillot, une maison de campagne à Maisons-Laffitte, des chevaux, un train de maison splendide[16] ». L'affaire fit d'autant plus scandale que certains gazetiers avides de sensationnel avaient exagéré la gravité des faits en insinuant que Duval s'était tué alors qu'en réalité sa blessure était superficielle.

Marié le 12 novembre 1879 à Marie Eugénie Henriette Chéron du Villiers (Paris 3e), le couple a trois trois enfants[2], dont l'acteur André Cheron[17] - [18].

Alexandre Duval résidait en 1900 au 6 bis rue de Presbourg[2].

La sociĂ©tĂ© continua sous le nom de « Compagnie anonyme des Établissements Duval », dĂ©clarant après guerre un capital de 750 000 francs ; elle rĂ©alisait 700 000 francs de bĂ©nĂ©fice en 1911, et en 1931, administrĂ©e par un certain M. Rabel, elle affiche un rĂ©sultat de près de 2,298 millions de francs au titre des bĂ©nĂ©fices[19]. Elle est encore signalĂ©e Ă  Paris, en 1937, Ă  l'adresse du siège historique, rue Saint-Fiacre[20].

Quelques Bouillons Duval

Duval père ouvrit 14 établissements avant sa mort. Il en exista près de 250 à Paris, en province et hors de la France métropolitaine (Alger, Tunis), incluant sans doute des franchises, et sans compter les bouillons temporaires liés aux expositions internationales. Parmi ceux-ci :

Annexes

Bibliographie

  • Julien Turgan, Les Établissements Duval, Paris, Calman-LĂ©vy, 1882.

Articles connexes

Notes et références

  1. Léon-Paul Fargue, « Alexandre Duval dit "Petite Marmite" », in: Paris-Soir, Paris, 9 août 1937, p. 5 — sur Retronews.
  2. Notice de la base LĂ©onore, Archives nationales de France.
  3. Kilien Stengel, Histoire divertissante et curieuse de la gastronomie, Grancher, 2013, p. 216
  4. Le Spectateur, Dijon, 23 septembre 1856, p. 3 — sur Retronews.
  5. En 1866, il est déjà signalé dans la presse parisienne l'existence de plusieurs bouillons Duval, in: Manuel général de l'instruction primaire, Paris, 12 mai 1866, p. 14-15 — sur Retronews.
  6. Le Tintamarre, Paris, 3 avril 1859, p. 6 — sur Retronews.
  7. FondĂ©e le 28 dĂ©cembre 1867 au nom de la « Compagnie anonyme des Établissements Duval », siĂ©geant 5 rue de Rome, et au capital de 3,5 millions de francs — Le Moniteur universel, Paris, 22 janvier 1868, p. 4.
  8. Le Petit Journal, Paris, 21 janvier 1869, p. 1 — sur Retronews.
  9. Eric Mension-Rigau, L'Ami du prince : Journal inédit d'Alfred de Gramont (1892-1915), Fayard, 2011
  10. Auguste Renoir, Une serveuse au restaurant Duval, ca. 1875, huile sur toile, Metropolitan Museum of Art, New York, inv. 61.101.14 (Voir la notice A Waitress at Duval's Restaurant en ligne (en)).
  11. (BNF 45666690).
  12. André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. Vol. 1, Paris, Pierre Horay, 1953, p. 117
  13. A. Duval, « Le Menu Vilgrain », in: Le Journal, Paris, 23 mars 1919, p. 2 — sur Retronews.
  14. Le palais Bourbon se modernise : Le restaurant des députés a été inauguré hier dans Le Matin : derniers télégrammes de la nuit du 20 mai 1921, p. 1 (voir en ligne sur le site gallica.bnf.fr de la BnF)
  15. André Castelot, L'histoire à table : si la cuisine m'était contée, Plon-Perrin, 1979
  16. Thomas Grimm, Les amours malsaines, article publié dans Le Petit Journal du 21 décembre 1872 (en ligne).
  17. L'Intransigeant, Paris, 3 février 1938, p. 8.
  18. [https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/registres-paroissiaux-et-detat-civil/ Archives des Yvelines, Saint-Germain-en-Laye, Acte de naissance année 1880, n° 221, vue 41/65.
  19. Établissements Duval, in: L'Information financière, Paris, 6 mars 1931, p. 4 — en ligne.
  20. L'Information financière, Paris, 10 juin 1937, p. 5 — en ligne.
  21. L'Illustration, journal universel du 27 janvier 1855, p. 51 (en ligne).
  22. Adolphe Joanne, Paris illustré en 1878, Paris, Hachette, 1878, p. XLII (en ligne).
  23. Immeuble disparu
  24. Karl Baedeker, Paris et ses environs : manuel du voyageur, Baedeker, 1900 pp. 15-18.
  25. Karl Baedeker, Paris et ses environs : manuel du voyageur, Baedeker, 1903 pp. 15-19.
  26. Lancement d'une chaîne appelée « Duval Restaurants for London Ltd », Le Journal des débats, 31 janvier 1894, p. 3.
  27. Dans un immeuble d'angle (1880) qui a aussi comme adresse le 17, rue Saint-Benoît. En 2017, le rez-de-chaussée est occupé par un magasin de mode (en ligne).
  28. « This century was one year old », photographies anciennes et historique du lieu sur le site du Club Montmartre www.leclubmontmartre.com.

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