Alcoolémie
LâalcoolĂ©mie ou Ă©thanolĂ©mie est la concentration d'alcool Ă©thylique (Ă©thanol) dans le sang[1] - [2]. Elle s'exprime gĂ©nĂ©ralement en grammes par litre (ou en milligrammes par 100 ml ou en millimoles par litre de sang). Ce n'est pas un taux, masse d'Ă©thanol dans une masse de sang, exprimĂ©e souvent en g pour 100 g. Elle se mesure Ă©galement, de façon indirecte, d'aprĂšs la concentration d'alcool dans l'air expirĂ© (il se mesure Ă©galement en milligrammes par litre d'air).
Type |
Type de mesurande biomédicale (d) |
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Correspondance des valeurs : une concentration d'un gramme d'éthanol par litre de sang équivaut à 22 millimoles par litre de sang ou bien à un demi-milligramme d'éthanol par litre d'air expiré.
Calcul approché de l'alcoolémie
Calcul
Soit l'alcoolémie approchée et le coefficient de diffusion (0,7 pour l'homme et 0,6 pour la femme)
La densité relative de l'éthanol étant d'environ 0,8, on obtient alors :
Avec :
- V : le volume de boisson ingéré en ml ;
- p : le degré d'alcool de la boisson ingérée ;
- K : le coefficient de diffusion ;
- m : la masse de l'individu en kg ;
- Ua : nombre d'UnitĂ©s d'alcool ingĂ©rĂ©es (dĂ©fini par l'OMS comme 10 grammes dâalcool pur)
Il s'agit là de la formule de Erik Matteo Prochet Widmark qui consiste en une estimation de base pour les calculs d'alcoolémie.
Facteurs métaboliques
Absorption
à la suite de son ingestion, l'alcool est absorbé selon une vitesse qui dépend de différents facteurs, tels que :
- présence d'aliments dans l'estomac (effet retardateur) ;
- concentration en alcool de la boisson consommée (effet amplifiant) ;
- vitesse de consommation (effet amplifiant).
Environ 20 % de l'alcool est absorbĂ© au niveau de l'estomac et les 80 % restants le sont au niveau de l'intestin grĂȘle. L'absorption de l'alcool se fait par un processus physique basĂ© sur la diffĂ©rence de concentration de part et d'autre de la membrane digestive.
Distribution
L'alcool ne demeure pas confiné dans la circulation sanguine et se répartit dans l'ensemble des tissus de l'organisme ; l'alcool étant hydrophile, sa concentration dans un tissu dépend de sa teneur en eau.
Une fois absorbĂ©, l'alcool se retrouve dans la circulation sanguine au niveau du systĂšme de la veine porte. De lĂ , il suit la circulation sanguine : veine porte, veine cave infĂ©rieure, cĆur droit, poumons, cĆur gauche puis autres tissus.
Ă consommation Ă©gale d'alcool en une mĂȘme pĂ©riode de temps, un homme aura un taux d'alcool sanguin moins Ă©levĂ© que la femme. Ceci s'explique par le fait que, gĂ©nĂ©ralement, ses masses corporelle et musculaire sont plus grandes que celles de la femme. Ainsi, l'alcool trouve davantage d'espace ou de volume de distribution dans le corps de l'homme (et ainsi demeure moins confinĂ© au niveau sanguin).
Ălimination
DÚs que l'on commence à absorber de l'alcool, l'organisme commence à l'éliminer. Lors de la phase de consommation, l'apport d'alcool est plus grand que ce que peut éliminer le corps. Par conséquent, l'alcoolémie augmente.
Une fois tout l'alcool absorbé, l'apport devient nul et l'élimination exerce son action. L'alcoolémie commence à redescendre. L'alcool est principalement éliminé par voie métabolique au niveau du foie par un systÚme enzymatique appelé alcool déshydrogénase. Cette voie, responsable de l'élimination de plus de 90 % de l'alcool présent dans l'organisme, est par ailleurs rapidement saturée, de telle sorte que la vitesse d'élimination demeure constante ; on ne peut l'augmenter (ou la diminuer) par un quelconque autre moyen. Le taux d'élimination de l'alcool est en moyenne de 0,15 g par litre de sang et par heure (15 mg pour 100 ml et par heure). D'une personne à l'autre, le taux peut varier entre 0,10 et 0,25 g/l et par heure (10 et 25 mg pour 100 mL et par heure)[4].
Effets de l'alcool en fonction de l'alcoolémie
L'alcool agit principalement sur le systÚme nerveux central, et provoque, dÚs que l'alcoolémie dépasse les 0,5 g/l (500 mg/1 000 mL) de sang, les effets suivants sur la plupart des sujets :
- rétrécissement du champ visuel ;
- augmentation de la sensibilité à l'éblouissement ;
- altération de l'appréciation de l'espace et notamment des distances ;
- diminution des réflexes et augmentation des temps de réaction à des situations imprévues. La durée moyenne du temps de réaction en conditions normales est évaluée à une seconde environ. DÚs 0,5 g/L, ce temps de réaction atteint 1,5 seconde. Plus l'alcoolémie est élevée, plus le temps de réaction est allongé ;
- surestimation de ses capacités ; l'effet généralement euphorisant de l'alcool inhibe certains réflexes et peut induire des comportements périlleux ;
- intoxication sévÚre au-delà de 3 g/L, avec risque de coma éthylique élevé ainsi que risques d'hypothermie et d'hypoglycémie.
- Ă partir de 3,8 g/L, le sujet risque la mort. Au-delĂ de 5 g/L, la mort devient fortement probable.
Ces effets, lorsqu'ils sont présents chez un conducteur de véhicule, peuvent rendre la conduite plus dangereuse :
- si un obstacle survient, la mauvaise appréciation des distances, combinée à un retard dans le temps de réaction dû aux réflexes altérés, risquent de provoquer un freinage trop tardif ;
- l'effet euphorisant peut conduire Ă des prises de risques inconsidĂ©rĂ©s, comme rouler Ă une vitesse excessive, se montrer agressif envers les autres usagers, oublier de mettre la ceinture de sĂ©curitĂ© ou le casqueâŠ
Restrictions
Prohibition
La vente d'alcool (et parfois celle d'autres produits euphorisants tels que le poppers) est restreinte dans de nombreux pays selon la qualité de l'acheteur[5] :
- vente interdite aux mineurs, l'alcool ayant un effet néfaste sur le développement de l'enfant, c'est le cas en France, depuis 2009.
- vente et consommation interdites aux moins de 21 ans aux Ătats-Unis.
- vente et consommation interdites aux musulmans dans certains pays mais pas tous les pays musulmans
- vente et consommation interdites aux musulmans mais autorisée aux non musulmans à Qatar, Abu Dhabi, Dubaï, Brunei et en Iran.
Certains pays ont mĂȘme pratiquĂ© ou pratiquent encore la Prohibition.
- vente et consommation interdites Ă tous en Mauritanie, au KoweĂŻt et en Arabie saoudite.
Concentrations légales
Les comportements liés à l'alcool sont réprimés lorsqu'ils constituent un trouble à l'ordre public :
- l'ivresse publique et manifeste (ou ivresse sur la voie publique) ; cette appréciation du comportement n'implique pas de taux légal.
- la conduite sous l'emprise de l'alcool (ou de produits stupéfiants), car les défauts d'attention et de contrÎle du véhicule peuvent causer des accidents.
Ce dernier point implique une limite légale au-delà de laquelle la conduite est interdite. Elle est le fruit du travail législatif.
Dans plusieurs pays comme la Hongrie et la République tchÚque, la concentration légale d'alcool maximale au volant est tout simplement de 0 g par litre de sang.
En France, depuis 1995[6], la concentration légale est de 0,5 g d'alcool par litre de sang (ou 0,25 mg par litre d'air expiré), ce qui correspond approximativement à deux verres de vin. DÚs lors, les cafetiers et restaurateurs sont tenus de servir des tailles standard de verre, mesurées en centilitres. Ainsi, la formule approchée rappelée ci-avant donne, à titre tout à fait indicatif pour un homme ayant une masse de 80 kg, V = 58 cl pour une biÚre ou un cidre à 6 %, V = 28 cl pour un vin à 12,5 % et V = 8 cl pour un alcool à 43 %.
Pour les conducteurs de véhicules de transport en commun, la concentration légale est de 0,2 g d'alcool par litre de sang.
Pour les personnes qui ont un permis probatoire, le taux lĂ©gal est de 0,2 g d'alcool par litre de sang. La rĂ©glementation sâapplique Ă tous les jeunes conducteurs pendant trois ans aprĂšs lâobtention du permis, deux ans si celle-ci est prĂ©cĂ©dĂ©e dâun apprentissage par conduite accompagnĂ©e. Cette nouvelle rĂ©glementation pour les permis probatoires est entrĂ©e en vigueur le , car il a Ă©tĂ© constatĂ© que les accidents de la route sont la 1re cause de mortalitĂ© et de handicap des 18â25 ans et dans un quart de ces accidents, une alcoolĂ©mie excessive en est la cause. En outre, un conducteur novice a quatre fois plus de risque d'ĂȘtre impliquĂ© dans un accident mortel, et les conducteurs novices sont impliquĂ©s dans 24 % des accidents mortels[7].
En Belgique, la concentration légale est de 0,5 g/l de sang ou 0,22 mg d'alcool par litre d'air expiré.
En Suisse, la concentration lĂ©gale est de 0,5 g/l de sang ou 0,25 mg d'alcool par litre d'air expirĂ©, depuis 2005. Auparavant, alors que la concentration lĂ©gale Ă©tait de 0,8 g/L, on dĂ©nombrait sur les routes suisses quelque 630 accidents par an avec blessĂ©s graves et quelque 80 accidents par an avec des morts oĂč l'alcool entrait en jeu. Mais depuis 2005, ces moyennes ont respectivement chutĂ© Ă 500 et 50 accidents[8].
Au Canada et au Royaume-Uni, la concentration lĂ©gale est de 80 milligrammes d'alcool pour 100 millilitres de sang, ce qui correspond Ă 0,8 g d'alcool par litre de sang. Depuis le [9], le taux lĂ©gal en Ăcosse a Ă©tĂ© rĂ©duit Ă 50 milligrammes d'alcool pour 100 millilitres de sang.
En SuÚde, la concentration légale est de 0,2 g par litre de sang.
Moyens de contrÎle de l'alcoolémie
Les moyens de contrÎle de l'alcoolémie sont :
- contrĂŽle comportemental : il prĂ©sente l'intĂ©rĂȘt de dĂ©tecter des troubles de comportement pouvant ĂȘtre dus Ă d'autres toxiques (mĂ©dicaments, cannabis) ; il consiste en gĂ©nĂ©ral en des tests d'Ă©quilibre (tenir un certain temps sur une jambe, marcher le long d'une ligne sur une certaine distance), et des tests d'apprĂ©ciation des distances (se toucher le nez les yeux fermĂ©s en partant bras tendus) ; il n'est pas pratiquĂ© en France ;
- éthylotest, ou alcootest : analyse semi-quantitative de l'air expiré par indicateur coloré (oxydation de l'alcool par le dichromate de potassium) ;
- éthylomÚtre électronique : analyse de l'air alvéolaire expiré par un détecteur semi-conducteur (sa résistivité varie en fonction de la quantité d'alcool adsorbée en surface) ou par une cellule qui compare les changements de hauteurs d'ondes envoyés par un émetteur IR ;
- analyse du taux plasmatique aprĂšs prise de sang.
Ces deux derniers moyens de contrÎle apportent une preuve de l'alcoolémie, ce qui peut donner suite aux sanctions appropriées, alors que l'éthylotest est utilisé pour détecter une alcoolémie supérieure au taux légal, et sera suivi par une mesure précise par prise de sang ou éthylomÚtre.
Certains usagers peuvent avoir une alcoolémie positive du fait d'un contrÎle de l'air expiré aprÚs avoir pratiqué un bain de bouche d'une solution contenant de l'alcool sans l'avoir ingérée ; comme seul l'alcool ingéré a une incidence sur la conduite, des juridictions ont relaxé les conducteurs en cause[10].
France
Les peines encourues en France pour une personne conduisant avec une certaine alcoolémie sont :
- pour une alcoolĂ©mie supĂ©rieure ou Ă©gale Ă 0,5 (soit 0,25 mg/L d'air) et infĂ©rieure Ă 0,8 g par litre de sang (contravention) : une amende maximale de 750 âŹ, la perte de six points et Ă©ventuellement la suspension du permis de conduire[11] (article R. 234-1 du Code de la route) ;
- pour une alcoolĂ©mie supĂ©rieure ou Ă©gale Ă 0,8 g par litre de sang (dĂ©lit) : jusqu'Ă deux ans d'emprisonnement, une amende pouvant atteindre 4 500 âŹ, la confiscation du vĂ©hicule, la suspension du permis de conduire et la perte de six points (articles L. 234-1 et L. 234-2 du Code de la Route). En cas de rĂ©cidive de ce mĂȘme dĂ©lit dans un dĂ©lai de cinq ans, l'annulation du permis de conduire est prononcĂ©e de plein droit, elle est automatique[12].
En cas d'infraction plus grave (récidive, homicide involontaire), la peine encourue est, en plus des sanctions pénales, l'annulation du permis de conduire pour une durée pouvant atteindre dix ans. à noter également que la loi no 2011-267 du , dite ModÚle:Nob romr, prévoit, en son article 74, la saisie automatique du véhicule pour récidive d'alcoolémie, sauf décision spécialement motivée du juge (article L. 234-12 du Code de la route). Toutefois, ces sanctions sont des plafonds qui, dans la pratique judiciaire et selon les avocats[13], ne sont jamais atteints.
Le refus de se soumettre à un dépistage de l'alcoolémie n'est pas une infraction ; c'est par contre un motif de vérification. Le refus de se soumettre à la vérification éthylométrique est un délit.
Québec
Les peines encourues au Québec pour une personne conduisant avec une certaine alcoolémie[14].
- Toute personne ayant un permis d'apprenti-conducteur, probatoire, restreint ou qui a la restriction I est soumise à la rÚgle du « zéro alcool », qui interdit de conduire aprÚs avoir consommé de l'alcool. Si elle ne se conforme pas à cette rÚgle, son permis (ou le droit d'en obtenir un) sera suspendu sur-le-champ pour une période de 90 jours.
- Il en va de mĂȘme pour toute personne ayant une alcoolĂ©mie supĂ©rieure Ă 0,8 g/l (80 mg d'alcool par 100 mL de sang) : son permis (ou le droit d'en obtenir un) sera suspendu sur-le-champ pour une pĂ©riode de 90 jours.
- Si une personne refuse de fournir un échantillon d'haleine ou de sang à la demande d'un policier : son permis (ou le droit d'en obtenir un) est suspendu sur-le-champ pour une période de 90 jours, et le véhicule que conduit la personne est saisi, remorqué sur-le-champ et gardé à la fourriÚre pour une période de 30 jours.
- Pour une alcoolémie supérieure à 160 mg d'alcool par 100 ml de sang, le véhicule que conduit la personne est saisi, remorqué sur-le-champ et gardé à la fourriÚre pour une période de 30 jours.
Suisse
En Suisse, la limite d'alcool est fixĂ©e Ă 0,25 mg/L, un taux Ă©gal ou supĂ©rieur engendre des sanctions administratives ou pĂ©nales. En cas d'Ă©briĂ©tĂ© « non qualifiĂ©e », entre 0,25 g/L et 0,39 mg/L, un avertissement est donnĂ© et un retrait de permis de un mois au minimum peuvent ĂȘtre prononcĂ©s en cas de cumul d'infraction lĂ©gĂšre ou de rĂ©cidive. Lors d'une Ă©briĂ©tĂ© dite « qualifiĂ©e », un retrait de permis de trois Ă six mois au minimum sera prononcĂ©[15].
Les transporteurs professionnels, élÚves conducteurs et détenteurs d'un permis à l'essai (pendant deux ans aprÚs la réussite de l'examen pratique) sont interdits de conduire sous l'influence de l'alcool. Une marge de 0,05 mg/L est admise en raison de la fermentation naturelle de certains aliments[15].
Notes et références
- DĂ©finition dans le Robert en ligne
- [https://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/alcool%C3%A9mie/11039 définition dans le Latousse
- Verre Ă biĂšre : Contenances.
- « Ce qu'il y a à savoir sur le taux d'alcoolémie », sur https://www.permis-de-exploitation.com/ (consulté le )
- La vente et/ou la consommation de tabac, sont également souvent restreintes, mais pas en tant que produit euphorisant mais en tant que produit cancérigÚne.
- Le décret no 95-962 du a abaissé le seuil maximum d'alcoolémie à 0,5 g/l.
- Permis probatoire - Taux d'alcool autorisé : 0,2 g/l de sang, Sécurité routiÚre en France, .
- Le recul Ă 0,5 pour mille a fait chuter le nombre d'accidents, Le Matin, .
- (en) « The drink drive limit », sur gov.uk.
- ContrÎlé positif à cause d'un bain de bouche, Le Télégramme .
- « Sécurité routiÚre : alcoolémie », sur Service-public.fr.
- LegiPermis, « Récidive d'alcool au volant : les sanctions », sur legipermis.com (consulté le ).
- Selon les avocats.
- Société de l'assurance automobile du Québec, Guide de la route, Québec, Les publications du Québec, (ISBN 978-2-5511-9827-6), p. 36-44.
- « Mesures en cas de conduite avec alcool », sur Office de la circulation et de la navigation du canton de Fribourg (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Ressources relatives à la santé :