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Aisne au Moyen Ă‚ge

L’Aisne fut l’un des quatre-vingt-trois départements créés en 1790. Il fut constitué de territoires issus de la Champagne pour la Brie, et de la Picardie, pour Laonnois, le Soissonnais, le Noyonnais, le Valois, le Vermandois et la Thiérache.

Nous parlerons ici, pour le Moyen Âge, de la région comprise dans les limites géographiques actuelles de ce département.

On peut dire que l'histoire du département de l'Aisne durant l'Antiquité se termine en 486 avec la défaite de Syagrius à Soissons face aux Francs saliens conduits par Clovis qui ouvre le Moyen Âge de la région.

L'Aisne sous les rois mérovingiens

La conquête de Soissons fut le premier exploit notable de Clovis Ier. Il décida de faire de cette ville sa première capitale et en fit son lieu de résidence pendant plus de vingt ans. Lorsqu'il eut assis son autorité sur la Gaule, grâce à ses conquêtes, ses intrigues mais aussi surtout grâce à l'appui des évêques après son mariage avec Clotilde et sa conversion, il choisit Paris comme capitale.

À sa mort, son royaume fut partagé entre ses quatre fils. Soissons et toute la région environnante furent attribuées à Clotaire Ier qui revint à Soissons et en fit sa capitale. Clotaire Ier parvint à réunir à ses États les parts de ses deux frères, Childebert et Clodomir. La Neustrie était née alors que le royaume de Metz était désigné sous le nom d'Austrasie.

Clotaire Ier passa les dernières années de sa vie dans sa villa de Braine. À sa mort, le royaume de Neustrie fut divisé entre ses deux fils : Chilpéric Ier et Caribert. À la mort de Caribert, Chilpéric Ier récupéra la part de son frère et reconstitua tout le royaume de Neustrie.

La situation de l'Aisne actuelle fait que la région était à l'époque aux limites de ces deux états : Neustrie et Austrasie. Les deux royaumes étaient rivaux et la région fut le témoin et le théâtre des principales périodes d'hostilités qui opposèrent les deux royaumes. La région fut également soumise à la sanglante domination de Frédégonde qui dirigea les affaires du royaume après la mort de son époux Chilpéric Ier; leur jeune fils Clotaire II étant à peine âgé de quatre mois. Cependant, il apparaît également clairement que la région fut aussi, de manière intermittente, soumise à l'influence de l'Austrasie et de Brunehilde qui dirigeait la politique des rois de ce royaume.

C'est autour de Soissons que se déroulèrent les évènements les plus importants entre les deux royaumes.

En 593, Ă  Droizy (15 km au sud de Soissons), l'armĂ©e de Childebert II fut dĂ©faite et en 596, Ă  Latofao (aujourd'hui Laffaux, entre Soissons et Laon), Thibert II essuya, comme son père, une dĂ©faite.

En juin 687, lors de la bataille de Tertry en Vermandois (à quinze km à l'ouest de Saint-Quentin), Pépin de Herstal, maire du palais d'Austrasie, remporte une victoire sur Berchaire, maire du palais du roi mérovingien Thierry III de Neustrie.

L'Aisne sous Charlemagne et ses successeurs

Charlemagne.

En 751, Pépin le Bref fut proclamé roi et sacré par saint Boniface, à Soissons. Après le couronnement de Pépin le Bref, la région perdit de son importance politique puisque Pépin déplaça sa capitale sur Paris.

En 768, à la mort de Pépin le Bref, son fils aîné Carloman est élevé au trône par le consentement des grands et la consécration des évêques à Soissons pendant que son frère, Charles (futur Charlemagne), est proclamé à Noyon.

Le règne de Carloman fut bref puisqu'il décéda le au palais carolingien de Samoussy. À l'annonce de la mort de son frère, Charles provoqua une réunion des principaux évêques à Corbeny et se fit octroyer la couronne de son frère, usurpant de la sorte l'héritage de ses neveux.

Bien que les évènements marquants du règne de Charlemagne se passèrent loin de la région, il y vint de temps en temps. C'est ainsi qu'en 804 il reçut le pape Léon III à Reims et à Quierzy.

Le successeur de Charlemagne, Louis le Pieux, dit aussi Louis le Débonnaire, connut un règne fort agité et dense en matière de conflits familiaux. Dans le partage qui suivit sa mort et qui fut ratifié par le traité de Verdun, la région de l'Aisne fut comprise dans la part attribuée à Charles II le Chauve, son dernier fils.

Le capitulaire de Quierzy

Charles le Chauve.

Quierzy fut le lieu où Charles le Chauve accomplit l'acte le plus important de son règne : le capitulaire de Quierzy qui est l'élément fondateur de la féodalité[1].

Cette décision ne fut pas prise sans raison. En effet, Charles souhaitait obtenir l'appui et le dévouement de ses vassaux dans le cadre de ses visées impériales et la défense de ses états contre les Normands.

Les Normands

La région actuelle de l'Aisne, bien qu'éloignée des côtes, eut à connaître les affres des incursions normandes qui dévastèrent les palais carolingiens de Quierzy et de Servais.

En 882, l'abbaye Saint-Vincent de Laon fut pillée et incendiée une première fois par l'envahisseur viking[2]. Dix ans plus tard, après un deuxième pillage, les moines abandonnèrent l'abbaye. Il fallut attendre l'année 925[3] pour voir l'évêque Adelelme de Laon et le roi Raoul favoriser leur retour.

En 883, Charles le Gros acheta la paix à leurs chefs Siegfried et Godfried qui se retirèrent de la vallée de la Meuse pour envahir celle de la Somme. Chemin faisant, ils brûlèrent au passage, Saint-Quentin et s'avancèrent jusqu'aux portes de Laon et de Reims. En revenant, ils en profitèrent pour piller Château-Thierry.

Deux ans plus tard, au cours de l'hiver 885/886, pendant que les hommes de Siegfried assiégeaient Paris, la vallée de l'Aisne eût à subir de nombreuses incursions de la part des envahisseurs nordiques qui arrivèrent entre autres jusqu'à Soissons où ils incendièrent l'abbaye Saint-Médard.

Lorsque Charles le Gros fut déposé, les seigneurs de la région proclamèrent, comme tous les autres seigneurs du royaume, Eudes comme roi.

Eudes et la réaction carolingienne

L'avènement de Eudes Ier en lieu et place du successeur légitime, Charles le Simple, ne fut cependant pas accepté de manière si unanime qu'on ne le laisse souvent entendre et, essentiellement du côté des partisans carolingiens.

C'est ainsi que le comte de Flandre, Baudouin II de Flandre s'opposa à Eudes Ier et que le comte Waucher (ou Valtguire) s'empara de Laon. Eudes Ier parvint à reprendre la ville et fit décapiter Waucher. Appelé en Aquitaine il ne put, cependant, étouffer le parti carolingien dont les chefs, Foulques, archevêque de Reims, et Pépin, comte de Vermandois, en profitèrent pour sacrer roi Charles, fils de Louis le Bègue. Réagissant à cette nouvelle marque d'opposition, Eudes Ier revint entre Laon et Reims ce qui contraignit les chefs de la réaction carolingienne à traiter avec Zwentibold, roi de Lorraine qui pénétra en France et assiégea Laon. Il fut défait par Eudes Ier qui vint également à bout de Foulques et de Pépin.

La réaction carolingienne ne resta cependant pas sans effet puisque Eudes Ier promit à Charles le Simple de lui succéder. Parole donnée fut tenue : Charles le Simple succéda sans aucune difficulté à Eudes, lorsque ce dernier mourut à La Fère en 898.

L'Aisne sous Charles le Simple

Charles le Simple.

L'autorité de Charles n'était guère considérable sur ses sujets et il ne possédait, en propre, que les comtés de Laon et de Soissons. Il s'entoura d'Haganon comme conseiller qui réussit, pour diverses raisons dont toutes ne sont pas encore bien établies aujourd'hui, à s'aliéner les seigneurs.

En 920, les grands seigneurs tinrent une assemblée à Soissons où ils se séparèrent du roi et lui dénièrent toute suzeraineté. Le roi n'accepta pas cette destitution et résista. Ses vassaux prirent alors les armes et Laon tomba aux mains de Robert, comte de Paris qui en profita pour se faire sacrer roi à Reims le . Après cette destitution forcée, Charles, par l'intermédiaire du même Haganon qui avait pourtant causé sa perte, traita avec les Lorrains et les Normands. Les tractations permirent la levée d'une armée qui, sous la conduite de Charles, pénétra sur le territoire de l'Aisne et marcha en direction de Soissons.

Le , l'armée de Charles le Simple rencontra celle de Robert à Soissons. où s'engagea une bataille rude et meurtrière au cours de laquelle Robert fut tué. Paradoxe de sa victoire, les pertes ayant été nombreuses au sein des deux armées, Charles ne put poursuivre l'armée défaite et dut se réfugier en Lorraine.

Profitant de ce repli inespéré du vainqueur, le les princes proclamèrent et firent sacrer à Saint-Médard de Soissons Raoul, duc de Bourgogne et gendre de Robert.

Le comte Herbert de Vermandois

Château Thierry, première geôle de Charles Le Simple.

Le comte de Vermandois fut un des plus fervents soutien de Charles mais il se détourna de ce dernier lors de sa destitution.

Cependant, peu de temps après le sacre de Raoul, Herbert se brouilla avec le nouveau monarque et décida de faire appel à Charles. Le roi déchu répondit à son appel sans défiance. Après tout, Herbert ne fut-il pas son allié par le passé ?

Arrivé à Saint-Quentin, Charles fut capturé par Herbert et conduit à Château-Thierry d'où il fut transféré à Péronne et fut bien traité jusqu'à sa mort, en 929.

Herbert profita de sa "prise" pour faire pression vis-Ă -vis du roi Raoul. Il obtint ainsi :

Le pape Jean X intervint auprès d'Herbert afin qu'il libère Charles. Peu enclin à libérer un prisonnier qui lui apportait de manière indirecte tant de satisfactions mais ne souhaitant pas se fâcher avec le pape, Herbert convoqua en octobre 924 un synode de six évêques pour délibérer sur la question à Trosly, près de Coucy. Une manœuvre habile qui lui permettait de gagner du temps et de montrer au pape qu'il avait entendu sa requête et s'employait à y répondre.

Sur ces entrefaites, Charles mourut. Après l'annonce de la mort de Charles, Raoul se mit immédiatement en campagne contre Herbert.

Reims fut reprise et son tout jeune archevêque renvoyé. Laon fut également reprise malgré une forte résistance. Saint-Quentin se rendit.

Herbert, devant ces défaites successives, décida de s'enfuir et se réfugia auprès du roi de Germanie, Henri l'Oiseleur.

Cependant, les villes et régions reprises par Raoul soutenaient le fuyard et lui étaient dévouées. C'est ainsi que Noyon et Saint-Quentin se révoltèrent et que fut signé, en 935, à Soissons, un traité de paix qui rendait à Herbert le Vermandois et la citadelle de Laon.

Lutte des derniers carolingiens

Louis IV de France, dit d'Outre Mer, Recueil des rois de France, vers 1550.

En 936, à la mort de Raoul, Hugues le Grand fit revenir le fils de Charles le Simple, Louis IV d'Outremer, qui avait suivi sa mère en Angleterre où elle s'était réfugiée.

Louis IV d'Outremer fut sacré roi à Laon par l'archevêque de Reims, Artaud. Le sacre de Louis ne fut qu'un soubresaut avant l'extinction...

Le domaine royal de Louis IV ne comptait que les comtés de Soissons et de Laon. Cependant, autant son domaine fut limité, autant son ambition fut grande. Trop grande aux yeux de ses vassaux. Tant et si bien que lorsqu'ils furent réellement convaincus que leur suzerain souhaitait réellement gouverner, ils prirent les armes et s'opposèrent aux ambitions trop interventionnistes de leur roi.

Ils assiégèrent Reims et l'archevêque Artaud, pourtant fidèle à son roi, dut se résoudre à traîter. Incapable de soutenir un siège, il échangea son siège épiscopal qui fut rendu... au fils de Herbert de Vermandois qui en avait été chassé par Raoul. (Voir le Comte Herbert de Vermandois ci-dessus).

Les vassaux mutins marchèrent ensuite sur Laon qui restait fidèle au roi Louis IV. La ville tint le choc et résista jusqu'à la paix générale décrétée en novembre 942.

Peu de temps après, Herbert décéda. Ses domaines furent partagés entre ses quatre fils. L'un eut le comté de Vermandois, l'autre celui de Château-Thierry, un troisième l'abbaye de Saint-Médard et, le dernier, l'archevêché de Reims. Ce partage, quoi que logique scella le destin de la maison de Vermandois. Sa puissance, divisée par quatre, ne pourra plus jamais contrebalancer la fortune de la maison de Hugues le Grand.

Après avoir perdu, malgré la paix de 942, de nombreuses possessions, Louis IV eut des vues très précises et marquées sur la Normandie. C'est ainsi qu'il fit enlever le duc Richard Ier de Normandie, alors jeune enfant, et le fit enfermer à Laon. Le duc, après être parvenu à s'échapper, se réfugia au château de Coucy d'où il regagna son duché de Normandie.

Ne souhaitant pas être en reste, Louis IV proposa à Hugues le Grand de conquérir avec lui la Normandie mais les affaires ne tournèrent pas à l'avantage du roi. Et pour cause... il fut capturé par les Normands et enfermé à Rouen.

Portrait d'Otton Ier d'après Lucas Cranach.

Hugues le Grand intervint auprès des Normands afin de libérer Louis IV. Mais Hugues ne le fit pas de manière désintéressée. Quel intérêt d'ailleurs que de faire libérer un roi qui l'agaçait par sa volonté affirmée de régner? Au moins un et non des moindres... celui de se voir céder la ville de Laon qui constituait le dernier centre de la résistance carolingienne à la maison des ducs de France.

Concession accordée, Louis IV perdit sa ville fidèle. Il ne tarda pas à négocier avec Otton, son beau-frère. Ces négociations lui apportèrent quelques troupes armées avec lesquelles il reprit Laon à l'exception de la tour qui portait son nom. Le combat se traînant en longueur et ne révélant aucun vainqueur, les armes furent déposées. Hugues consentit à rendre Laon et Soissons à Louis IV.

Après la reprise de Laon et le gain de Soissons, le roi passa les dernières années de sa vie à combattre certains de ses vassaux en révolte perpétuelle contre lui. Il mourut à Reims en 954 d'une chute de cheval survenue au cours d'une partie de chasse organisée sur les terres d'Ecry (Asfeld actuel).

Lothaire, fils de Louis IV, succéda à son père. Il eût un fils Louis V qui fut le dernier roi carolingien.

Bien que le Laonnois fut encore la résidence des rois Lothaire et Louis V, les principaux évènements marquant l'extinction des carolingiens se déroulèrent hors de la région qui deviendra, bien plus tard, le département de l'Aisne.

Lothaire mourut en 986 et son héritier Louis en 987.

Hugues Capet, duc de France et roi de fait est sacré à Noyon par l'archevêque de Reims, Adalbéron.

Le sentiment national

Le mouvement intellectuel au Moyen Âge dans la région

La Guerre de Cent Ans et ses implications pour la région

Les Armagnacs et les Bourguignons

Le sac de Soissons

En 1414, l'armée du roi de France Charles VI vient mettre le siège devant Soissons qui est occupée par les troupes de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Le , la ville est prise, pillée et incendiée.

Guerres contre Charles Quint

Trêve de Crépy

Après avoir envahi la Provence et la Champagne, Charles Quint est vaincu à Cérisoles le . Le 18 septembre, il doit signer la paix de Crépy, à Crépy (Aisne) au sein de l'église Notre-Dame, qui met fin à la guerre contre François Ier.

Les guerres de religion dans la région

La Ligue

Pendant les guerres de religion, la ville prend le parti des Ligueurs. Sa garnison d’Espagnols commandée par le capitaine Mansfeld capitule devant Henri IV le [4] 1594[5]. Pendant le siège[6], les Espagnols tentent de dégager la ville (bataille de Cerny). En 1596, le présidial est transféré à Soissons qui devient siège de la Généralité en 1599. Une citadelle est construite de 1595 à 1598[7] par l’architecte Jean Errard.

Notes et références

  1. Le capitulaire ratifiait législativement un État qui existait déjà en fait mais n'était pas législativement retranscrit
  2. Histoire de l'abbaye de Saint-Vincent de Laon page 97
  3. Histoire de l'abbaye de Saint-Vincent de Laon page 110
  4. e-chronologie.org
  5. Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, , 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, présentation en ligne). p 392
  6. Le Siège de Laon sous Henri IV 1594, par Mme Suzanne Martinet
  7. Notice IA00066467 de l’inventaire Inventaire général, 1989. Dossier consultable : service régional de l'inventaire Picardie, en ligne

Bibliographie

Aisne sous les MĂ©rovingiens

  • Clovis et les MĂ©rovingiens, Patrick PĂ©rin, Gaston Duchet-S., Tallandier, 2002
  • Histoire de Soissons, Martin Jacob, Lorisse, 2004
  • Le Royaume de Soissons, Jean Pierre Boizette, France Europe, 2002
  • La trahison de FrĂ©dĂ©gonde, J. Katuszewsky, A. ThĂ©rou, Grasset, 1987
  • Brunechild et les austrasiens, Première Ă©tude sur l'Histoire d'Austrasie, Huquenin Jeune, Lamort Metz, en rupture mais dispo en biblio.

Aisne sous Charlemagne et ses successeurs

  • Charlemagne et les Carolingiens, 687-987, Philippe Depreux, Tallandier, 2002
  • Louis Ier, premier successeur de Charlemagne, Ivan Gobry, Pygmalion, 2002
  • Picardie, terre de frontière: Actes du colloque (Amiens, ), Dumenil, Nivet, Encrage Éditions, 1998

Le capitulaire de Quierzy

Eudes et la réaction carolingienne

  • Eudes : Fondateur de la dynastie capĂ©tienne, Ivan Gobry, 2005

Tous sujets

  • Dictionnaire historique du dĂ©partement de l'Aisne, Maximilien Melleville, 2 Tomes, Res Universis, 2000.
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