Affaire de l'IME de Moussaron

En 1997, d'après Le Monde, un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales qualifie la gestion financière de cet établissement d'« opaque », signale « des dysfonctionnements, voire des dérives, tout à la fois de nature institutionnelle, financière, comptable et médicale », et note que « le patrimoine des propriétaires gérants de l'établissement s'est entretenu et embelli depuis 1971 »[11]. Ce rapport souligne aussi, d'après l'article de Marie Vaton publié en 2019, que M. Doazan n'a pas soutenu la thèse qui lui aurait permis de se présenter comme Docteur en médecine, et que son épouse n'a pas obtenu les diplômes obligatoires pour exercer comme médecin psychiatre, ce qui n'empêche pas son augmentation de salaire de l'ordre 24 % entre 1994 et 1997[8].

Une inspection de l'Agence régionale de santé (ARS), saisie en mai 2013, fait état dans son rapport de 400 pages de « graves dysfonctionnements » et d'« une situation de maltraitance institutionnelle »[12].

En conséquence du rapport de l'ARS, l'établissement est mis sous administration provisoire[13] par la ministre déléguée aux personnes handicapées Marie-Arlette Carlotti, en décembre 2013[14]. L'acteur handicapé Philippe Croizon a également joué un rôle, en alertant la ministre et Valérie Trierweiler[15].

La directrice Aurélie Doazan, recrutée en janvier 2012 pour apaiser le climat social, apprend cette mise sous administration provisoire par la télévision, et y répond dans la presse en demandant « comment l’État peut-il nous placer sous administration provisoire alors que nous sommes un établissement privé ? »[16]. Elle conserve son poste de directrice générale de l'établissement durant l'administration provisoire, travaillant avec l'administrateur provisoire[17]. Un collectif des salariés et syndicats demande en parallèle le départ de la direction[18].

Un groupe de parents d'enfants handicapés crée le « Collectif de parents et enfants victimes de l'Institut médico-éducatif de Moussaron »[19]. 96 salariés de l'établissement protestent avec le syndicat Force ouvrière contre la possibilité d'une fermeture de cet IME[20].

Wendy Bouchard en janvier 2014, au moment de la diffusion du reportage tourné en caméra caché à l'IME de Moussaron.

Le 19 janvier 2014, l'IME de Moussaron est dénoncé sur la chaîne de télévision française M6, dans un reportage de Zone interdite intitulé « Enfants handicapés : révélations sur les centres qui les maltraitent »[21] - [22]. Ce reportage, tourné en caméra cachée, montre des enfants qui dorment dans des box en plexiglas, qui sont attachés à des lits ou encore qui défèquent, nus ou partiellement nus et sans intimité, dans des seaux[23]. Il dévoile aussi un véhicule de marque Ferrari, propriété du couple de gérants[24], qui en détiendrait « une collection »[8].

La journaliste et présentatrice de Zone interdite, Wendy Bouchard, dit après l'émission que « [...] ça fait plus de trente ans que ces plaintes ont été déposées à plusieurs reprises. Certains membres du personnel ont été licenciés. Ils ont sacrifié une partie de leur mission pour dénoncer ces actes-là »[25]. Après l'émission, Marie-Arlette Carlotti promet de faire preuve de fermeté à l'égard des établissements maltraitants[25].

L'annexe « ancienne et sous-équipée » montrée dans le reportage, accueillant la moitié des pensionnaires de l'IME de Moussaron, est fermée par la suite[10].

En 2015, l'association Enfance Majuscule décerne ses prix aux médias récompensant « les émissions de télévision qui, par leur qualité et leur contenu, ont amélioré l'information et la sensibilisation du public concernant l'enfance en danger – les droits de l'enfant – la protection de l'enfance ». Dans la catégorie documentaire tournée en France, le reportage de Nicolas Bourgoin consacré à l'institut médico-éducatif de Moussaron l'emporte, ex æquo avec « Mon fils, un si long combat », diffusé sur France 5[26].

• Maltraitance des personnes handicapées

• [Boussié 2019] Céline Boussié, Les enfants du silence : Donner une voix à ceux qui n'en ont pas, HarperCollins, 2019, 414 p. (ISBN 9791033903161)
• [Vaton 2019] Marie Vaton, « Enfants meurtris de Moussaron : au château, il s’est passé des « choses graves » et jamais aucune condamnation », L'Obs,‎ 15 mai 2019 (lire en ligne)