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Adolphe Quetelet

Adolphe Quetelet (/kœt.lɛ/), de son nom complet Lambert Adolphe Jacques Quetelet, né à Gand le et mort à Bruxelles le , est un mathématicien, astronome, naturaliste et statisticien belge, précurseur de l'étude démographique et fondateur de l'observatoire royal de Belgique.

Adolphe Quetelet
Description de cette image, également commentée ci-après
Adolphe Quetelet
par Joseph-Arnold Demannez
Nom de naissance Lambert Adolphe Jacques Quetelet
Naissance
Gand (République française)
Décès
Bruxelles (Belgique)
Nationalité Drapeau de la Belgique Belgique

Compléments

Statue d'Adolphe Quetelet, située devant le Palais des Académies.

Poète à ses heures, il fut membre de la Société de littérature de Bruxelles et plus tard membre-fondateur de la Société des douze.

Biographie

Adolphe Quetelet est d'origine française par son père, François Quetelet, originaire de Picardie, qui fut d'abord durant dix ans secrétaire de lord Caher, puis franc-mercier à Gand[1] dont il devint bourgeois en 1790 et enfin sous la République française administrateur municipal[2], mort en 1803 ; sa mère, Anne-Françoise Van de Velde, est de la province du Brabant-Méridional.

Il épouse le 20 septembre 1824 Cécile Curtet (née le 1er novembre 1801 à Bruxelles et y décédée le 20 mars 1858), fille du médecin français Antoine Curtet.

Reçu docteur en sciences mathématiques à l'université de Gand en 1819 pour une thèse sur la théorie des sections coniques, il enseigne les mathématiques à Gand et à Bruxelles.

Nommé professeur de mathématiques à l'Athénée Royal de Bruxelles (lycée de garçons), il se spécialise en astronomie[3].

En 1823, il visite l'Observatoire de Paris où il rencontre François Arago et Alexis Bouvard. Il est influencé par Laplace, Poisson et Fourier avec qui il étudie la statistique qu'il élèvera au rang de science.

En 1828, il réussit à persuader les autorités et à lever des fonds publics et privés pour créer à Bruxelles un observatoire qu'il dirige à partir de 1832. Pendant la révolution belge de 1830, il visite les observatoires italiens. En 1834, il devient secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Belgique.

Adolphe Quetelet crée plusieurs sociétés et journaux de statistique, dont les Transactions of the Statistical Society of London en 1837. Il est particulièrement impliqué dans la création d'une coopération internationale entre statisticiens.

Il préside le premier congrès international de statistique qui se tient à Bruxelles en 1853. La même année, il participe à la Première conférence maritime internationale à Bruxelles visant à favoriser les échanges de données météorologiques. Cette coopération débouche sur l’Organisation météorologique internationale en 1873.

Il meurt le et est inhumé au cimetière de Bruxelles.

Contributions

Psychologie

Quetelet fonde l’approche différentielle en psychologie. Avec Francis Galton, il montre que les différences entre les individus se répartissent habituellement selon la courbe de Gauss. Le caractère mesuré est expliqué par la rencontre d’un très grand nombre de facteurs simples répartis dans la population selon les lois de la probabilité.

Mathématique

Il est l'auteur avec Dandelin des théorèmes qui relient les définitions de coniques (sections planes d'un cône) avec celle d'ellipse (hyperbole), ensemble des points dont la somme (différence) des distances à deux points fixes est constante, ainsi que celle des trois coniques définies comme ensemble des points dont le rapport des distances à un point (foyer) et une droite (directrice) est une constante appelée excentricité. Ces théorèmes sont connus aussi sous l'appellation de « théorèmes belges ».

Quetelet est le premier à utiliser la courbe normale autrement que comme répartition d'erreurs, entre autres dans des méthodes de moindres carrés.

Statistique

Dans Sur l'homme et le développement de ses facultés, essai d'une physique sociale, Quetelet présente sa conception de « l'homme moyen » comme valeur centrale autour de laquelle les mesures d'une caractéristique humaine sont groupées suivant une courbe normale. L'homme moyen est une réalité sui generis, différente des individus. Quetelet s'oppose ainsi au nominalisme de Guillaume d'Ockham. Quetelet distingue trois types de moyennes, reprises par Alphonse Bertillon : la moyenne objective, qui correspond à un objet réel, soumis à un certain nombre de mesures ; la moyenne subjective, résultat du calcul d’une tendance centrale, dans le cas où la distribution obéit à la loi binomiale (courbe de Gauss) ; le troisième cas, qui ne mérite pas vraiment le nom de moyenne, s’appelle moyenne arithmétique, afin de marquer le fait que c’est une pure fiction, n’obéissant pas à la loi binomiale (la hauteur des toits d’une rue), ne justifiant pas la création d’un type moyen.

A l'Exposition universelle de 1851 à Londres, il regrette le manque de liaisons entre démographes, et, avec ses amis William Farr (1807-1883) et Charles Babbage (1791-1871), il met sur pied un congrès international de statistique où seront discutées toutes les questions sur la statistique et la population. Le premier congrès se tient à Bruxelles en 1853 avec 250 participants belges et étrangers, et est suivi de huit autres, tous les deux ou trois ans[4] - [5].

Ses études sur la consistance numérique des crimes suscitèrent une large discussion entre liberté et déterminisme social. Comme son homologue français André-Michel Guerry, il rassemble et analyse pour son gouvernement les statistiques sur le crime et la mortalité, améliorant ainsi le système de recensement. Il apporte des améliorations dans les prises de sanctions. Son travail suscite d'ailleurs une grande controverse parmi les sociologues du XIXe siècle.

On lui doit le système de mesure internationale de l'obésité, connu sous le nom d'indice de Quetelet, ou encore Indice de masse corporelle, une grandeur qui permet d'estimer la corpulence d’une personne.

Astronomie

En 1815, le Congrès de Vienne réunit la Belgique (les Pays-Bas autrichiens annexés par Napoléon) et le royaume de Hollande, et crée le royaume uni des Pays-Bas (1815-1830). Le nouveau roi Guillaume Ier accorde les premiers budgets pour la construction de l'Observatoire à deux pas de la Porte de Schaerbeek, au milieu du Boulevard du Jardin botanique. Mais apprenant que Quetelet est professeur de mathématiques et non astronome, le bâtiment reste inachevé.

Après les combats de la Révolution belge de 1830, l'Observatoire semble irrécupérable. Quetelet a bien cru que son rêve de devenir astronome allait s'achever. À la suite des pillages commis, l'Observatoire semble détruit. Tout est à refaire. Le directeur de l'Observatoire de Paris forme Quetelet à son nouveau métier pendant le temps des travaux.

À l'Observatoire royal de Bruxelles, il travaille sur les données géophysiques et météorologiques. Il étudie les pluies de météores et établit des méthodes de comparaison et d'évaluation des données.

L’observatoire était pourvu notamment d’un cercle mural d' Edward Troughton et William Simms ainsi que de deux horloges de précision. Parmi les observations réalisées grâce à ces instruments, on peut citer la détermination des coordonnées de l’Observatoire, la différence de longitude entre les observatoires de Bruxelles et de Greenwich, l’observation d’occultation d’étoiles par la Lune ainsi que des passages de Mercure devant le Soleil[6].

En 1970, l'Union astronomique internationale a attribué le nom de Quetelet à un cratère lunaire.

Principales publications

  • Relation d'un voyage fait Ă  la grotte de Han au mois d', par MM. Kickx et Quetelet (1823)
  • Recherches sur la population, les naissances, les dĂ©cès, les prisons, les dĂ©pĂ´ts de mendicitĂ©, etc., dans le royaume des Pays-Bas (1827) Texte en ligne
  • Positions de physique ou rĂ©sumĂ© d'un cours de physique gĂ©nĂ©rale, 3 vol. in-18, chez H. Tarlier, Bruxelles, 1827-1829
  • Recherches statistiques sur le royaume des Pays-Bas (1829) Texte en ligne
  • Astronomie Ă©lĂ©mentaire, Paris, Ă  la Librairie scientifique et Industrielle de Malher et Cie, 1826, in-12, 331 p.
  • Sur l'homme et le dĂ©veloppement de ses facultĂ©s, ou Essai de physique sociale (2 volumes, 1835) Texte en ligne 1 2
  • De l'influence des saisons sur la mortalitĂ© aux diffĂ©rens âges dans la Belgique (1838)
  • Catalogue des principales apparitions d'Ă©toiles filantes (1839)
  • Sur l'emploi de la boussole dans les mines (1843) Texte en ligne
  • Sur le climat de la Belgique (2 volumes, 1845-1851) Texte en ligne 1 2
  • Du système social et des lois qui le rĂ©gissent (1848)
  • Sur la statistique morale et les principes qui doivent en former la base (1848)
  • MĂ©moire sur les lois des naissances et de la mortalitĂ© Ă  Bruxelles (v. 1850)
  • MĂ©moire sur les variations pĂ©riodiques et non pĂ©riodiques de la tempĂ©rature, d'après les observations faites, pendant vingt ans, Ă  l'observatoire royal de Bruxelles (1853) Texte en ligne
  • Histoire des sciences mathĂ©matiques et physiques chez les Belges (1864)
  • MĂ©tĂ©orologie de la Belgique comparĂ©e Ă  celle du globe (1867) Texte en ligne
  • Sciences mathĂ©matiques et physiques au commencement du XIXe siècle (1867) Texte en ligne
  • Sur la physique du globe en Belgique (v. 1869) Texte en ligne
  • AnthropomĂ©trie, ou Mesure des diffĂ©rentes facultĂ©s de l'homme (1870)
  • Sur les anciens recensements de la population belge (s. d.) Texte en ligne
  • ThĂ©orie des probabilitĂ©s, Bruxelles, A. Jamar, , 104 p. (lire en ligne) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Correspondance mathĂ©matique et physique avec Jean Guillaume Garnier, M. Hayez, imprimeur, (1825-1835) Volume 8 Texte en ligne ; d'autres ICI.

HĂ©ritage

Philatélie

La Régie des postes belges émet le un timbre-poste à l'occasion du centenaire de la mort d'Adolphe Quetelet. Le timbre d'une valeur de dix francs est réalisé d'après une œuvre du peintre Joseph-Denis Odevaere.

Sociétés et institutions de recherche

Plusieurs sociétés et instituts de recherche ont été nommés en hommage à Adolphe Quetelet, comme en France le Réseau Quetelet[7] créé en 2001[8] (« Centre Quetelet » jusqu'en 2005[9]) ou, en Belgique, la Adolphe Quetelet Society créée en 1952[10].

Bibliographie

  • Fabien Locher, Le Savant et la TempĂŞte : Étudier l’atmosphère et prĂ©voir le temps au XIXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Carnot », , 222 p. (ISBN 9782753506961)
    notamment sur l'action de Quetelet au sein de l'Observatoire de Bruxelles
    .
  • AndrĂ© de MeeĂ»s, Recherches historiques et iconographiques sur la Porte de Schaerbeek, ce haut-lieu de la RĂ©volution de 1830, Ă©preuve intĂ©grĂ©e dĂ©posĂ©e au Cercle d'Histoire de Bruxelles en .
  • Alain Desrosières, « Adolphe Quetelet », Courrier des statistiques, no 104,‎ (lire en ligne sur Gallica).
  • Jean-Jacques Droesbeke, Adolphe Quetelet : Passeur d'idĂ©es, Éditions de l'AcadĂ©mie royale de Belgique, , 424 p. (ISBN 978-2-8031-0806-0, lire en ligne).

Notes

  1. Son frère Antoine-Montain Quetelet (Ham 1736- Gand 25.2.1787), avait déjà épousé auparavant à Paris le 21.1.1773 la gantoise Jeanne-Thérèse de Keghel née à Gand en 1739 et y décédée le 11.12.1799 (Jean de Launois, « La famille Quetelet, agnats et cognats », dans : Adolphe Quetelet 1796-1874, Bruxelles : Palais des Académies, 1924, p. XXV).
  2. Jean de Launois, « La famille Quetelet, agnats et cognats », dans : Adolphe Quetelet 1796-1874, Bruxelles : Palais des Académies, 1924, p. XXV.
  3. « Adolphe Quetelet », sur serge.mehl.free.fr (consulté le )
  4. Henri Bunle et Claude Lévy, « Histoire et chronologie des réunions et congrès internationaux sur la population », Population, vol. 9, no 1,‎ , p. 9–36 (lire en ligne, consulté le )
  5. Adolphe (1796-1874) Auteur du texte Quetelet, Congrès international de statistique : sessions de Bruxelles (1853), Paris (1855), Vienne (1857), Londres (1860), Berlin (1863), Florence (1867), La Haye (1869) et St-Pétersbourg (1872) / par A. Quételet,..., (lire en ligne)
  6. « Histoire de l'Observatoire », sur www.astro.oma.be (consulté le )
  7. Bernard Baudoux, « Adolphe Quetelet, génial touche-à-tout », L'Astronomie, 35, février 2011, p. 27.
  8. Alain Leroux et Pierre Livet, La pauvreté dans les pays riches. Tome IV : Leçons de philosophie économique, Paris, Economica, 2009, p. 163.
  9. Arianna Caporali, Amandine Morisset et Stéphane Legleye, « La mise à disposition des enquêtes quantitatives en sciences sociales : l'exemple de l'Ined », traduction par Camille Richou, Population, 70, mars 2015, p. 576, doi:10.3917/popu.1503.0567.
  10. The Adolphe Quetelet Society – Société Adolphe Quetelet – Adolphe Quetelet Vereniging, « Home », www.quetelet.be, 2016, http://www.quetelet.be/, consulté le vendredi 14 avril 2017.

Liens externes

Quételet est l’abréviation botanique standard de Adolphe Quetelet.

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