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Indice de masse corporelle

L’indice de masse corporelle ou IMC (en anglais, body mass index ou BMI) est une grandeur qui permet d'estimer la corpulence d’une personne. InventĂ© au milieu du XIXe siĂšcle par Adolphe Quetelet, mathĂ©maticien belge et l'un des fondateurs de la statistique moderne, cet indice est aussi appelĂ© l'indice de Quetelet.

Graphique de l'indice de masse corporelle.

Il se calcule en fonction de la taille et de la masse corporelle. Il a été conçu, au départ, pour les adultes de 18 à 65 ans, mais de nouveaux diagrammes de croissance ont vu le jour au cours des derniÚres décennies pour les enfants de 0 à 18 ans. Dans les deux cas, il constitue une indication et intervient dans le calcul de l'indice de masse grasse (IMG).

DĂ©finition

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), , avec M la masse corporelle (en kilogrammes) et T la stature (en mÚtres)[1]. L'IMC s'exprime en kg/m2. Ce n'est pas un indice (valeur sans unité) au sens mathématique du terme.

Exemple : une personne mesurant 1,74 m et pesant 65,5 kg a un IMC = 65,5 / 1,742 = 65,5 / 3,027 6 = 21,6 (21,6 kg/m2).

IntĂ©rĂȘt

L'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) a dĂ©fini en 1997 cet indice de masse corporelle comme la norme pour Ă©valuer les risques liĂ©s au surpoids chez l’adulte. Elle a Ă©galement dĂ©fini des intervalles standards (maigreur, indice normal, surpoids, obĂ©sitĂ©) en se basant sur la relation constatĂ©e statistiquement entre l'IMC et le taux de mortalitĂ©.

Les compagnies américaines d'assurance maladie utilisent l'IMC comme indicateur du risque d'accident cardiovasculaire chez leurs assurés et font varier les primes sur la base de ce critÚre. Cependant, les accidents cardiovasculaires sont rares avant 65 ans. Il existe des moyens plus scientifiques pour déterminer les risques, mais les compagnies ne peuvent pas légalement les demander à leurs assurés : cholestérolémie, fréquence cardiaque avant et aprÚs effort, etc.

L'IMC est surtout utile pour mettre en évidence l'augmentation des facteurs de risques. Il n'a pas vocation à déterminer précisément la valeur de la masse grasse ou, encore moins, de la masse musculaire et osseuse.

Une mĂ©ta-analyse de 97 Ă©tudes, couvrant un total de trois millions d'individus dans le monde et 270 000 dĂ©cĂšs, publiĂ©e en 2013, conclut que l'IMC est corrĂ©lĂ© avec une hausse du taux de mortalitĂ©, toutes causes confondues, pour la trĂšs grande obĂ©sitĂ© (Ă  partir d'un IMC de 35), avec une hausse des dĂ©cĂšs dus aux maladies cardiovasculaires, aux cancers, au diabĂšte et aux accidents[2]. Cependant, le rapport de risque de mortalitĂ© des individus en lĂ©ger surpoids (IMC de 25 Ă  29,9) Ă©tait significativement un peu moins Ă©levĂ© que celui des sujets de poids normal (IMC 18,5 Ă  24,9), et n’était pas diffĂ©rent entre ces derniers et les individus souffrant d'une obĂ©sitĂ© modĂ©rĂ©e (IMC entre 30 et 34,9). Seule l'obĂ©sitĂ© sĂ©vĂšre ou morbide (grades 2 et 3 : IMC ≄ 35) Ă©tait caractĂ©risĂ©e par une surmortalitĂ© de 29 % par rapport aux sujets normaux. Par ailleurs, l'Ă©tude conclut que depuis les annĂ©es 1970, l'indice de masse corporelle qui minimise la mortalitĂ© a augmentĂ©.

Plusieurs hypothÚses sont proposées par les auteurs pour expliquer ces résultats : les personnes en surpoids seraient mieux suivies par leurs médecins qui pourraient ainsi plus facilement prévenir et traiter leurs maladies, et les traitements contre les maladies liées au surpoids se seraient améliorés depuis les années 1970. De plus, les tissus adipeux fourniraient des réserves d'énergie aidant à lutter contre certaines maladies.

Cette étude a été critiquée par d'autres auteurs, qui observent que les travaux antérieurs parvenaient à des conclusions différentes et qui estiment que la méthode présente un risque de causalité inversée et un risque de confusion avec d'autres causes comme le tabagisme[3]. Une étude publiée en 2016, reposant sur des trajectoires de masse plutÎt que des observations instantanées, conclut que les personnes restées minces (IMC inférieur ou égal à 24) jusqu'à l'ùge de 50 ans présentent des risques de maladie plus faibles que celles qui ont toujours été en surpoids ou celles qui ont pris de la masse (du poids en vulgarisant) au cours de leur vie[4].

Interprétation

Selon la définition de l'OMS[1], les valeurs 18,5 et 25 délimitent la plage communément admise pour définir un IMC normal et donc un facteur de risque jugé acceptable.

InterprĂ©tation de l’IMC
IMC (kg/m2) Interprétation
moins de 16,5 dénutrition
16,5 Ă  18,5- maigreur
18,5 Ă  25- poids normal
25 Ă  30- surpoids
30 à 35- obésité modérée
35 à 40- obésité sévÚre
40 et plus obésité morbide ou massive
Obésité et Indice de masse corporelle (IMC).

Interprétation pour un sujet d'ùge chronologique inférieur à 18 ans

L'interprĂ©tation varie selon le pays et les courbes de croissances Ă©tablies. Un IMC est alors dit normal s'il se situe entre le 3e percentile et le 97e percentile, c'est-Ă -dire si c'est un IMC compris dans l'intervalle 18,5 Ă  25 kg/m2.

Exemples

  • Une personne pesant 95 kg et mesurant 1,81 m a un IMC de : elle est en surpoids.
  • Une personne pesant 48 kg et mesurant 1,69 m a un IMC de : elle est maigre.
  • Une personne pesant 61 kg et mesurant 1,57 m a un IMC de : elle prĂ©sente une corpulence normale.
  • Une personne pesant 140 kg et mesurant 2,04 m a un IMC de : elle est obĂšse.

Cet indice de risque ne prend néanmoins pas en compte la proportion de masse musculaire ni de masse osseuse[5], contrairement à l'absorption biphotonique à rayons X, aussi appelée « méthode DXA »[5]. Il est inadapté sur certaines populations et en particulier les sportifs, qui se retrouvent alors trÚs souvent mesurés en surpoids alors que leur forme physique est supérieure à la moyenne[5].

Il perd également de sa pertinence chez les personnes amputées ou de taille particuliÚrement grande ou petite.

À noter que la rĂšgle empirique qui consiste Ă  considĂ©rer comme masse normale en kilogrammes les deux premiĂšres dĂ©cimales de la taille en mĂštre donne d'assez bons rĂ©sultats comparĂ©e Ă  l'IMC :

Taille
(m)
Masse
(kg)
IMC
1,505022,2
1,606023,4
1,707024,2
1,808024,7
1,909024,9

Données statistiques

France

IMC dans la population française selon l'année[6] - [7]
IMC
(kg/m2)
1997 2000 2003 2006 2009 2012 2020
Proportions (%)
Moins de 18,5 4,2 3,8 3,9 3,9 3,6 3,5 4,5
18,5 Ă  24,9 57,5 55,5 52,7 52,4 50,0 49,2 48,2
25 Ă  29,9 29,8 30,6 31,5 30,6 31,9 32,3 30,3
30 Ă  39,9 8,2 9,7 11,2 12,3 13,4 13,8 15,0
Plus de 40 0,3 0,4 0,7 0,8 1,1 1,2 2,0

Utilisation pratique

Cet indice a été utilisé dans les années 1950-1960 par des compagnies d'assurance nord-américaines telles que la Metropolitan Life Insurance Company dont les statistiques permettaient d'évaluer le niveau à partir duquel on observe une augmentation importante de la morbidité ou de la mortalité et d'établir les seuils qui ont depuis été réévalués[8] - [9].

En Espagne, depuis 2005, les femmes mannequins ayant un IMC infĂ©rieur Ă  18 kg/m2 ne sont plus autorisĂ©es Ă  participer aux dĂ©filĂ©s.

En France, le , l'AssemblĂ©e nationale adopte dans le cadre du projet de loi de modernisation du systĂšme de santĂ©, prĂ©sentĂ© par Marisol Touraine, un amendement interdisant l'activitĂ© de mannequin Ă  toute personne dont l'IMC est infĂ©rieur Ă  18 kg/m2.

Tableau

RĂ©serves

L'IMC est un indicateur et non une donnĂ©e absolue[10]. Du fait de leur masse musculaire, certains sportifs et culturistes ont un indice de masse corporelle supĂ©rieur Ă  25 kg/m2 sans que cela pose de problĂšme pour leur santĂ©[11]. De plus, l'IMC de bonne forme varie selon la morphologie de la personne considĂ©rĂ©e. Une personne peut ĂȘtre trapue sans ĂȘtre grasse[12], et une autre peut ĂȘtre longiligne mais avoir une masse graisseuse trop importante. De plus, l'IMC n'est pas valable pour les femmes enceintes, qui prennent entre 10 et 20 kg en moyenne. L'IMC a une bonne spĂ©cificitĂ© mais une mauvaise sensibilitĂ© pour dĂ©tecter l'excĂšs d'adipositĂ©[13].

Les seuils recommandĂ©s par l'OMS sont pratiques Ă  utiliser, mais ils devraient idĂ©alement varier selon le sexe, l'Ăąge et l'origine ethnique[14] et ces derniers doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©s avec prudence dans le cadre d'un diagnostic individuel.

L'interprétation de l'impact de l'IMC sur le risque de mortalité est donc à nuancer car il ne prend en compte ni le sexe, ni l'ùge, ni la répartition des graisses dans le corps (les graisses localisées au niveau de l'abdomen sont celles qui ont le plus d'impact sur la santé et la forme physique de l'individu)[15].

Le jugement de sa masse au moyen de l'indice de masse grasse doit donc se faire avec l'aide d'un mĂ©decin, et la consultation d’un mĂ©decin nutritionniste ou d'un diĂ©tĂ©ticien diplĂŽmĂ© est recommandĂ©e.

La hausse de l'IMC n'est pas associée de façon linéaire à la sévérité de l'obésité ou à l'augmentation du risque cardiovasculaire et le calcul de l'IMC est devenu avant tout un outil de dialogue avec le patient[16] - [17].

À noter que cette formule n’est pas applicable pour les enfants, la femme enceinte ni pour les personnes ĂągĂ©es de plus de 65 ans[18].

Ainsi d’autres critĂšres peuvent ĂȘtre pris en compte pour estimer si une personne est, ou non, en surpoids : c’est le cas du tour de taille par exemple. Il est alors possible de parler d’obĂ©sitĂ© abdominale lorsque le tour de taille d’un homme est supĂ©rieur Ă  100 cm et celui d’une femme Ă  88 cm (hors cas de grossesse). Cet excĂšs de masse grasse localisĂ© autour du ventre est Ă  surveiller puisqu’il reprĂ©sente un risque accru de diabĂšte et de maladies cardiovasculaires, indĂ©pendamment de l’IMC[19].

Par ailleurs, la notion d’obĂ©sitĂ© peut ĂȘtre rapprochĂ©e de celle du handicap. Dans ce cas la reconnaissance est encore diffĂ©rente. En effet, dans une dĂ©cision de la Cour de justice de l'Union europĂ©enne (CJUE) du [20], la Cour ne se base pas sur l’IMC pour considĂ©rer le salariĂ©, dont il est question dans l’arrĂȘt, handicapĂ© du fait de son obĂ©sitĂ©, mais sur la difficultĂ© qu’il a Ă  participer effectivement Ă  la vie de l’entreprise sur un pied d’égalitĂ© avec ses collĂšgues[21]. D’ailleurs, la CJUE n’a pas retenu le critĂšre proposĂ© par l’avocat gĂ©nĂ©ral dans ses conclusions. Celui‐ci avait en effet estimĂ© que seule l’obĂ©sitĂ© morbide, c’est‐à‐dire « celle qui prĂ©sente un IMC supĂ©rieur Ă  40 pourrait crĂ©er des limitations Ă©quivalentes Ă  un handicap au sens de la directive »[22].

Outils alternatifs

La classification d'Edmonton[23], ou EOSS (Edmonton obesity staging system)[24], développée par Arya Mitra Sharma (en) a l'avantage de montrer une corrélation satisfaisante avec le risque de mortalité lié à l'obésité.

L'indice de corpulence fondé sur la surface corporelle (« surface based body shape index » (SBSI)) prend en compte la taille et la masse, le périmÚtre abdominal et la distance entre les épaules, le dos et l'aine[25].

Si le but est de prédire le risque cardiaque chez la personne obÚse, d'autres indicateurs, comme le périmÚtre abdominal et le rapport périmÚtres hanches/abdomen, sont meilleurs que l'IMC[26].

Notes et références

  1. « Dix faits sur l'obésité », sur le site de l'OMS.
  2. (en) Katherine M. Flegal, Brian K. Kit, Heather Orpana et Barry I. Graubard, « Association of All-Cause Mortality With Overweight and Obesity Using Standard Body Mass Index Categories », JAMA, vol. 309, no 1,‎ , p. 71 (DOI 10.1001/jama.2012.113905, lire en ligne).
  3. (en) Deirdre K. Tobias et Frank B. Hu, « Does Being Overweight Really Reduce Mortality? », Obesity, vol. 21, no 9,‎ , p. 1746–1749 (DOI 10.1002/oby.20602, lire en ligne, consultĂ© le ).
  4. (en) Mingyang Song, Frank B. Hu, Kana Wu, Aviva Must, Andrew T. Chan, Walter C. Willett et Edward L. Giovannucci, « Trajectory of body shape in early and middle life and all cause and cause specific mortality: results from two prospective US cohort studies », British Medical Journal, vol. 353,‎ (DOI 10.1136/bmj.i2195, lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. « ObĂ©sitĂ© : le manque de fiabilitĂ© de l'IMC a sous-estimĂ© l’épidĂ©mie », sur futura-sciences (consultĂ© le ).
  6. ObÉpi 2012 : EnquĂȘte Ă©pidĂ©miologique nationale sur le surpoids et l'obĂ©sitĂ© [PDF], une enquĂȘte Inserm/Kantar Health/Roche, , 60 p., sur roche.fr.
  7. « EnquĂȘte Ă©pidĂ©miologique nationale sur le surpoids et l’obĂ©sitĂ© », sur Odoxa (consultĂ© le ).
  8. Jean-Michel Lecerf, Masse et obésité, John Libbey Eurotext, , p. 5.
  9. Arnaud Basdevant, Médecine et chirurgie de l'obésité, Lavoisier, , p. 3.
  10. « L'indice de masse corporelle est une mesure obsolÚte de l'obésité », sur slate.fr.
  11. « Comment mesurer et comprendre son IMC ? », sur vitaemed.com (consulté le ).
  12. Par exemple Bixente Lizarazu, Mike Tyson ou Jonah Lomu.
  13. (en) Okorodudu D.O., Jumean M.F., Montori V.M. et al., Diagnostic performance of body mass index to identify obesity as defined by body adiposity: a systematic review and meta-analysis, Int. J. Obes. (Lond.), 2010, 34:791-9.
  14. Comment mesurer la corpulence et la masse « idĂ©ale » ? Histoire, intĂ©rĂȘts et limites de l'Indice de masse corporelle [PDF], Notes & Documents, 2007-01, Paris, Sciences-Po/OSC.
  15. (en) Steven B. Heymsfield, « Does Body Mass Index Adequately Convey a Patient's Mortality Risk? », JAMA, vol. 309, no 1,‎ , p. 87 (DOI 10.1001/jama.2012.185445).
  16. Anne Jeanblanc, Calcul du surpoids : l'IMC ne reflÚte pas les risques pour la santé, Le Point.fr, , lire en ligne.
  17. Charlotte Demati, « Obésité, faut-il abandonner l'IMC », Le Généraliste, no 2673, , p. 14.
  18. « Comment connaßtre son IMC - BMI », sur ddg-gastro.be, .
  19. « Obésité, une maladie des tissus adipeux », sur INSERM, .
  20. Cour de justice de l'Union europĂ©enne, « Affaire C‑354/13 Fag og Arbejde (FOA) contre Kommunernes Landsforening (KL) », sur curia.europa.eu, (consultĂ© le ).
  21. J. Cavallini, « Identification des discriminations fondĂ©es sur le handicap », La Semaine Juridique - Social, no 3,‎ , p. 1023.
  22. « Conclusions de l’avocat gĂ©nĂ©ral, M. Niilo JÀÀskinen », sur curia.europa.eu, .
  23. Compte-rendu de la Journée Annuelle Benjamin Delessert (JABD) du (CNIT Paris-La-défense), par Alexandre Glouchkoff, diététicien nutritionniste, sur I-Dietetique.com, lire en ligne.
  24. (en) « EOSS: Edmonton Obesity Staging System » (consulté le ).
  25. « L'IMC bientÎt rempacé [sic] par le SBSI », sur Santé Magazine (consulté le ).
  26. (en) Song X., Jousilahti P., Stehouwer C.D.A. et al., Comparison of various surrogate obesity indicators as predictors of cardiovascular mortality in four European populations, Eur. J. Clin. Nutr., 2013, 67:1298.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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