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Adélaïde de France (1732-1800)

Marie Adélaïde de France, née le à Versailles en France, et morte le à Trieste en Italie, est la quatrième fille et sixième enfant de Louis XV et de Marie Leszczyńska.

Biographie

Enfance

Marie Adélaïde de France nait le à Versailles. Elle est baptisée le [1]dans la religion catholique, apostolique et romaine, ayant pour parrain Charles de Bourbon-Condé (1700-1760), comte de Charolais, et pour marraine la sœur de celui-ci, Louise-Anne de Bourbon-Condé (1695-1758), demoiselle de Charolais, petits-enfants du Grand Condé.

Par sa place au sein de la famille royale, elle est d'abord appelée à la Cour de France « Madame Quatrième », puis « Madame Troisième »[2]. Par la suite, elle est connue sous le nom de « Madame Adélaïde » puis à partir de 1752 simplement par « Madame ».

Son éducation se fait à la cour, et non à l'abbaye de Fontevraud comme ses sœurs cadettes. En effet, par mesure d'économies et pour tenter d'assainir les dépenses de l’État, André Hercule de Fleury (1653-1743), cardinal de Fleury et principal ministre de Louis XV depuis 1723, réduit les frais de la Cour, y compris ceux de la famille royale, ce qui conduit à revoir l'éducation des princesses. Marie Adélaïde de France est donc élevée aux côtés de ses sœurs jumelles aînées, Louise-Élisabeth de France (1727-1759), dite « Madame Élisabeth », et Henriette de France (1727-1752), dite « Madame Henriette ». Toutes les trois demeurent dans l'ombre de leur frère, Louis, Dauphin de France.

Les princesses vont parfois prendre les eaux à Plombières dans le duché de Lorraine sur lequel règne à titre nominal et viager leur grand-père Stanislas Leszczynski qu'elles peuvent ainsi visiter.

Caractère

Imbue de son rang, Madame Adélaïde reçoit les hommages de plusieurs partis, dont ceux de son cousin, Louis-François de Bourbon (1717-1776), prince de Conti ou encore Xavier de Saxe (1730-1806), prince de Pologne et de Saxe, son beau-frère. Mais elle choisit le célibat sa vie durant.

Aimant les travaux domestiques, elle est surnommée « Torchon » ou « Madame Torchon » par son père lui-même, dont elle est l'enfant préférée.

Dotée d'un caractère vif, elle s'impose comme cheffe de famille auprès de ses sœurs, à l'exception de la benjamine, Louise de France (1737-1787), plus indépendante.

Prise de position

Jean-Marc Nattier aurait pris comme modèle Madame Adélaïde, pour représenter La Justice châtiant l'Injustice.
Madame Adélaïde par Nattier en 1758, une version au Louvre et une autre au château de Versailles.

S'intéressant aux sujets politiques sans avoir le pouvoir d'agir, Adélaïde ne renonce pas à faire connaître ses opinions à la Cour. Son soutien ardent de l'Ordre des Jésuites lui vaut notamment l'hostilité du Parlement de Paris.

Elle lutte également contre l'influence de Jeanne Antoinette Poisson (1721-1764), bourgeoise et épouse de banquier, devenue maîtresse-en-titre du roi, titrée marquise de Pompadour, et qui entend jouer un rôle politique dans les décisions royales.

La mort de la marquise, le 15 avril 1764, au château de Versailles privilège de la famille royale ne calme pas la princesse qui lutte contre la nouvelle maîtresse de son père, Jeanne Bécu (1743-1793), titrée comtesse du Barry. À cette fin, Adélaïde tente de se concilier l'épouse de son neveu, Marie-Antoinette d'Autriche (1755-1793), archiduchesse d'Autriche perdue à la Cour de France. Mais l'influence qu'elle gagne sur la dauphine est limitée par la surveillance menée par Marie-Thérèse d'Autriche (1717-1780), impératrice douairière du Saint-Empire, et Florimond de Mercy-Argenteau (1727-1794), ambassadeur d'Autriche en France.

Cette lutte d'influence sur la jeune archiduchesse tourne en défaveur d'Adélaïde qui finit par ne plus la désigner que par son origine, « l'Autrichienne », surnom qui suivra la future reine jusqu'à la mort.

Les deuils, le secours de la musique et de la religion

La famille royale n'est guère épargnée par les deuils qui se succèdent en son sein, notamment au cours des années 1760. Mis à part l'aînée, Madame Élisabeth, qui épouse à douze ans son cousin, l'infant Philippe de Bourbon (1720-1765), duc de Parme, afin de rapprocher les Cours d'Espagne et de France, aucune fille du roi ne s'est mariée. Celles qui avaient quitté Versailles pour terminer leur éducation à Fontevraud, sont revenues y vivre, à l'exception de la benjamine, Madame Louise, qui entre dans les Ordres comme carmélite sous le nom de Thérèse de Saint Augustin, en 1770.

Le 10 février 1752, Madame Henriette succombe à la petite vérole, à l'âge de vingt-cinq ans. Sa disparition fait d'Adélaïde, désormais la sœur la plus âgée vivant à la Cour, la nouvelle Madame.

Le 22 février 1754, Xavier de France (1753-1754), second fils du Dauphin, meurt d'une coqueluche.

Le 2 septembre 1755, Marie-Zéphirine de France (1750-1755), fille aînée du Dauphin, décède d'une péritonite aiguë à l'âge de cinq ans.

Le 6 décembre 1759, Madame Élisabeth, duchesse de Parme, jumelle d'Henriette, succombe à son tour de la petite vérole lors d'un séjour à Versailles.

Le 22 mars 1761, Louis de France (1751-1761), fils aîné du Dauphin, duc de Bourgogne, meurt d'une tuberculose osseuse.

Le 20 décembre 1765, Louis de France (1729-1765), fils aîné de Louis XV et frère d'Adélaïde, Dauphin de France, meurt de la tuberculose à l'âge de trente-six ans, laissant trois fils - qui deviennent tour à tour roi de France - et deux filles.

Le 23 février 1766, Stanislas Leszczynski (1677-1766), ancien roi de Pologne et grand-duc de Lituanie, duc de Bar et de Lorraine, père de la reine de France, meurt après une agonie douloureuse et longue, brûlé gravement après avoir voulu raviver son foyer.

Madame Marie-Adélaïde de France par Jean-Marc Nattier (1685-1766).

Le 13 mars 1767, Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767), veuve du Dauphin qu'elle a veillé durant sa maladie, contracte a son tour le même mal et y succombe, inconsolable.

Le 24 juin 1768, Marie Leszczyńska (1703-1768), épouse de Louis XV, reine de France et de Navarre, affectée par la mort de son père, survenue deux ans plus tôt, décède à son tour, à Versailles.

Le 10 mai 1774, Louis XV (1710-1774), est emporté par la variole. Devenu mal-aimé en France, et plus encore craignant la contagion, le roi est pleuré et veillé par ses filles vivant encore à la Cour (Madame Adélaïde, Madame Victoire et Madame Sophie) uniquement, ce qui fait moquer leur amour filial.

Dès lors, Adélaïde trouve dans la musique, comme dans la religion, une véritable raison de vivre.

Le règne de Louis XVI

À la mort de son frère (1765) puis de sa belle-sœur (1767), Madame Adélaïde devient la dépositaire de leurs papiers et d'une instruction à l'égard du futur roi, son neveu, Louis XVI. Ce document est ouvert deux jours après la mort de Louis XV, le 12 mai 1774, lors d'un petit conseil de famille, en présence du nouveau souverain. Il désigne alors trois principaux ministres possibles :

Ayant perdu son influence à la Cour, reprise en main par la nouvelle reine, Madame Adélaïde fait figure de ligne des mécontents de la politique royale et des tentatives de réformes destinées à sauver la monarchie. Mais davantage que son neveu, c'est Marie-Antoinette qui cristallise son mépris, notamment par le comportement insouciant des premières années de la jeune souveraine.

Après les morts de Madame Sophie (3 mars 1782) et de Madame Louise (23 décembre 1787), Madame Adélaïde et Madame Victoire sont les dernières enfants de Louis XV en vie. Elles sont très proches l'une de l'autre, et se réfugient dans la religion, au point de passer pour des bigotes. La nouvelle de l'expulsion des Jésuites les consterne au plus haut point.

La Révolution française et l'exil

Madame Adélaïde en 1787, par Adélaïde Labille-Guiard, 1787 Château de Versailles.

Elles sont aux côtés du Roi au début de la Révolution française. À la suite des journées des 5 et 6 octobre 1789, les princesses suivent la famille royale ramenée à Paris. Elles s'installent au château de Bellevue, près de Meudon, offert par leur neveu, plutôt qu'au palais des Tuileries, à ses côtés.

Bouleversées par les nouvelles lois votées contre l'Église de France, Mesdames décident de quitter la patrie[3] pour rejoindre Rome, le 20 février 1791, après en avoir avisé Louis XVI. Elles sont alors accompagnées de la marquise de Roquefeuil et du Comte de Narbonne-Lara (1755-1813).

Leur départ crée une émotion certaine, jusque sur les bancs de l'Assemblée nationale où l'on craint qu'il incite d'autres membres de la famille royale, dans une période où l'émigration, encore tolérée, ne fait que renforcer la défiance des révolutionnaires à l'égard de la monarchie.

Le Roi leur facilite la procuration des passeports. Elles sont néanmoins arrêtées à Arnay-le-Duc, le temps de décider de la conduite à tenir. Elles ne reprennent la route qu'après que le comte de Mirabeau (1749-1791) ait défendu leur cause devant l'Assemblée, raillant les députés « qui [ont] passé quatre heures entières à délibérer sur le départ de deux dames qui aiment mieux entendre la messe à Rome qu'à Paris [3]». Elles parviennent au duché de Savoie dont leur nièce, Clotilde de France (1759-1802), est l'épouse de l'héritier du trône. Puis elles arrivent finalement à Rome, le 16 avril 1791, où elles rencontrent dès le lendemain le pape Pie VI (1717-1799) en audience privée.

François-Joachim de Pierre (1715-1794), cardinal de Bernis, les reçoit au palais de Carolis.

Elles y apprennent alors l'échec de la fuite de Varennes (21 juin 1791), la prise des Tuileries (10 août 1792), l'abolition de la monarchie (21 septembre 1792), l'exécution de leur neveu (21 janvier 1793), celle de son épouse (16 octobre 1793) et celle de leur nièce (10 mai 1794).

La montée au pouvoir de Napoléon Bonaparte n'est pas pour les rassurer. Les succès militaires du général les contraignent à quitter Rome pour la Cour de Naples, où règnent Ferdinand Ier (1751-1825), roi de Naples et de Sicile de la Maison de Bourbon, et son épouse, Marie-Caroline d'Autriche (1752-1814), sœur de l'Autrichienne que Mesdames ont tant conspuée, et qui, de ce fait, ne les apprécie pas.

Elles y demeurent peu, obligées de fuir à nouveau, en 1798, l'avancée des troupes françaises. Mesdames atteignent d'abord Corfou puis Trieste, sur les terres relevant alors de la Couronne autrichienne. C'est là que, le 7 juin 1799, Madame Victoire décède des suites d'un cancer du sein. Madame Adélaïde, épuisée elle aussi par de longs voyages à un âge avancé, se retrouve seule avec la marquise de Roquefeuil, qui a renoncé à sa fortune et à sa position pour les suivre en exil. La princesse meurt à son tour, le 27 février 1800.

Quinze ans plus tard, une fois la monarchie restaurée, Louis XVIII (1755-1824) fait transférer leurs dépouilles à l'abbaye de Saint-Denis.

Un roman de Frédéric Lenormand, Les Princesses vagabondes (1998), décrit la fuite de Mesdames en Italie à partir de 1791 et jusqu'à leur mort. Dans sa biographie Mesdames de France, Bruno Cortequisse rend honneur aux filles de Louis XV et décrit leur existence de vacuité.

Bibliographie

  • Un lit à la turque est orné de motifs fleuris, ses rideaux assortis sont attachés. Un grand tapis couvre le sol.
    La chambre de Marie Adélaïde de France et son lit à la turque dans ses appartements du château de Versailles.
    Les Princesses vagabondes : roman de Frédéric Lenormand, fondé sur l'exil de Mesdames en Italie entre 1791 et leur mort ; l'œuvre se base sur leur vie réelle mais est fictive
  • Mesdames de France : roman de Bruno Cortequisse
  • Chronique de la Révolution, éditions Larousse, 1989.
  • Henri Valentino, Adélaïde de France: fille de Louis XV, Editions Balzac, 194
  • Guillaume Garcia-Moreau, "Entre tradition et Lumières, les choix de Mesdames Tantes", Antologia di Belli Arte, 2009, p. 94-119, lire l'article

Musique

  • Ensemble Quentin Lejeune, Le violon de Madame Adelaïde, Calliope, 2017
  • Olivier Baumont, Julien Chauvin, A Madame: divertissement pour Adelaïde, Aparté, 2017

Ascendance

Notes et références

  1. Archives départementales des Yvelines en ligne, registre des baptêmes 1737 de Versailles, paroisse Notre-Dame, vue 27/76
  2. Après la mort de sa sœur Marie-Louise en 1733
  3. « La Revue contemporaine, volumes 82 », sur www.books.google.fr (consulté le ), p. 403-407

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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