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Henriette de France (1727-1752)

Anne-Henriette de France, née le à Versailles et morte le à Versailles, est une des nombreuses filles du roi Louis XV de France et de la reine née Marie Leszczynska. Elle est la sœur jumelle d'Élisabeth (1727-1759), qui, étant considérée comme l'aînée, épousa l'infant Philippe d'Espagne, futur duc de Parme. Réputée pour être la fille préférée du couple royal, Henriette se signala par sa douceur et ses qualités de cœur.

Anne-Henriette de France
Description de cette image, également commentée ci-après
Henriette de France par Jean-Marc Nattier.
Biographie
Titulature Fille de France
Dynastie Maison de Bourbon
Nom de naissance Anne-Henriette de France
Surnom Madame Seconde
Madame Henriette
Madame
Naissance
Versailles (France)
Décès
Versailles (France)
SĂ©pulture NĂ©cropole de Saint-Denis
Père Louis XV
Mère Marie Leszczyńska
Conjoint Aucun
Enfants Aucun
RĂ©sidence

Château de Versailles Château de Fontainebleau

Grand Trianon
Description de l'image Lozenge of a "Daughter of France" (Fille de France).svg.
Acte de baptĂŞme 1737

Biographie

Un mariage royal et une intrigue de cour

Succédant à son arrière-grand-père Louis XIV dont le règne brillant fut un des plus longs que l'histoire ait connus, le roi Louis XV, orphelin de bonne heure, était âgé de 5 ans et six mois lors de son avènement. Son oncle et plus proche parent mâle étant le roi d'Espagne, Philippe V qui avait renoncé à contre-cœur pour lui et ses descendants à la couronne de France, la régence fut assumée par le prince du sang français le plus proche de la couronne, Philippe, duc d'Orléans, neveu et gendre du défunt roi.

Sacré en à Reims, le jeune roi Louis XV fut déclaré majeur en . Il confia le pouvoir à l'ex-régent qui mourut en décembre de la même année. A peine âgé de 13 ans, le roi orphelin confia le pouvoir à un autre membre de sa famille, Louis-Henri, duc de Bourbon. Celui-ci, gouverné par sa mère et surtout sa maîtresse, se posait en rival des Orléans et chaque maladie du jeune roi - qui risquait de mettre un Orléans sur le trône - le mettait en transe. En 1724, la duchesse douairière d'Orléans, dans l'expectative de la mort du roi adolescent et convoitant le trône pour son propre fils maria ce dernier prestement. En , le roi qui venait de fêter son quinzième anniversaire, se trouva une fois encore malade. La puberté le tourmentait. Le duc de Bourbon n'hésita plus.

Tabatière commémorative du mariage royal

Il voulut marier le roi afin de contrecarrer les partisans du jeune duc d'Orléans qui avait trouvé en son épouse l'amour de sa vie. Le but était de donner au plus vite une descendance à la branche aînée de la maison de Bourbon décimée par les maladies et les accidents entre 1711 et 1715.

Cependant, le duc de Bourbon n'élit pas une princesse issue des grandes dynasties catholiques européennes régnantes. Sa maîtresse, craignant l'influence que pourrait prendre sur le jeune souverain une épouse digne de son rang, choisit une princesse en exil, fille d'un roi de Pologne fantoche imposé par la Suède puis chassé par les Russes et les Autrichiens quinze ans plus tôt et vivant au fin fond de l'Alsace des quelques subsides que lui octroyait la monarchie française : Marie Leszczyńska, qui avait sept ans de plus que son futur époux, pouvait être considérée comme une vieille fille de province, princesse inoffensive, ne connaissant rien à la vie de cour. La maîtresse du duc calculait que, par reconnaissance, la nouvelle reine lui serait totalement soumise. Cependant, dès l'année suivante, le duc, particulièrement impopulaire, perdait la confiance du roi, se trouvait disgracié, séparé de sa maîtresse - exilée par ailleurs - et reclus dans un de ses châteaux tandis que sa maîtresse trouvait une mort prématurée. La jeune reine, qui avait voulu s'entremettre, s'y prit si mal qu'elle perdit à jamais l'influence politique qu'elle aurait pu avoir sur son mari. Néanmoins, le roi gardait son affection à son épouse qui conservait sa mission de devenir la mère du futur héritier.

Le roi fait "coup-double"

Louise-Élisabeth et Henriette de France (Pierre Gobert, 1737).

Le premier accouchement de la reine était donc très attendu. Mais à la place du dauphin espéré, ce furent deux princesses qui virent le jour. La surprise et la déception furent grandes et les ragots commençaient à fuser quand le roi, heureux père de 17 ans, s'exclama joyeusement « on me disait impuissant et j'ai fait coup double » et il demanda à haute voix à la reine de donner rendez-vous à son accoucheur pour l'année suivante.

Venue au jour après sa sœur, Madame Henriette fut considérée comme fille puînée nommée Madame Seconde avant son baptême[1] à Versailles le puis Madame Henriette puis uniquement Madame pour souligner le fait qu'après le mariage de sa sœur jumelle, elle était l'aînée des filles du roi (1739) encore célibataire. Son parrain fut le prince de Condé et sa marraine Mademoiselle de Charolais.

Une famille nombreuse, un couple désuni

La reine et son fils, le Dauphin (1730)

L'année suivante, une autre fille vint au monde (qui ne vécut que 5 ans) mais en 1729 naquit enfin le dauphin tant espéré. Cela faisait 68 ans qu'un Dauphin n'était pas né en France et la naissance de l'héritier du trône fut célébrée avec faste. En 1730, un petit duc d'Anjou prit le second rang dans la succession royale mais le rendit après trois ans d'existence. De 1732 à 1737 cinq filles se succédèrent.

En 1738, une fausse-couche obligea les médecins à déclarer à la reine qu'une onzième grossesse lui serait fatale. Sans rien oser dire et encore moins prévenir son mari, la reine, qui s'était parfois plainte de ses nombreuses grossesses, ferma sa porte au roi qui, toujours jeune homme tandis que la reine devenait une vieille femme, commença la carrière d'adultère qui le rendit si impopulaire.

Peut-être pour des raisons d'économie, le cardinal de Fleury qui tenait les fonctions de premier ministre convainquit alors le roi qui l'aimait comme un père de confier l'éducation de ses filles au plus prestigieux couvent de France, l'abbaye de Fontevrault dont l'abbesse était toujours une dame de la plus haute noblesse : si les jumelles étaient dispensées du voyage (on songeait déjà à marier l'aînée), la pétillante Madame Adélaïde, du haut de ses six ans, sut au dernier moment attendrir son père et resta à Versailles avec ses aînées et son frère tandis que les cadettes, Victoire, 5 ans, Sophie-Philippine, 4 ans, Thérèse, 2 ans et Louise, 1 an, quittèrent la cour pour un lieu moins corrompu.

Madame Henriette passa les dernières années de son enfance à la cour de Versailles avec sa sœur jumelle Élisabeth, leur cadette Adélaïde et leur unique frère, le dauphin Louis.

Le mariage d'une fille et d'un fils de France

Louis XV de France, grand-père à 31 ans

L'année suivante, Élisabeth, "Madame", fut mariée à l'infant Philippe d'Espagne, troisième fils du roi Philippe V d'Espagne. Il s'agissait de consolider l'union entre les branches française et espagnole de la maison de Bourbon. Les souverains espagnols avaient été humiliés par la rupture des fiançailles de Louis XV avec l'infante Marie-Anne en 1725. En signe de réconciliation, le dauphin était promis à l'infante Marie-Thérèse et "Madame" devait épouser l'infant Philippe, troisième fils du roi. Le mariage n'était guère brillant pour la fille aînée du plus puissant roi d'Europe: l'infant, troisième dans l'ordre de succession n'était pas appelé à ceindre la couronne. La princesse devrait laisser le pas à ses belles-sœurs, une infante de Portugal et une duchesse de Saxe, princesses issues de dynasties moins prestigieuses sans parler de sa belle-mère, née princesse de Parme. Fière de son sang, la toute jeune princesse - à peine 12 ans - vécut douloureusement cette relégation.

La séparation des trois enfants aînés du roi fut déchirante. "Hélas, c'est pour toujours !" se lamentait le Dauphin. En 1741, la jeune infante d'Espagne donna une fille à son mari qui combattait en Italie pendant la guerre de succession d'Autriche. Louis XV devenait grand-père. Il avait 31 ans.

Histoires de famille

Devenue la fille aînée du roi résidant à la cour, Madame Henriette ne fut plus appelée désormais selon le protocole que "Madame".

À la différence de sa sœur, elle ne fut jamais mariée, ni même fiancée.

L'amour impossible

Madame Henriette par Nattier (1751)

On lui prêta une idylle avec son cousin le duc de Chartres. Le roi, qui posa d'abord sur cette idylle un regard bienveillant, dut finalement, pour des raisons diplomatiques, s'opposer à ce mariage qui aurait trop élevé le futur chef de cette branche cadette de la maison de France et aurait indisposé le roi d'Espagne, plus proche successeur du roi au cas où le dauphin Louis mourût sans descendance mâle survivante (1743).

La musique avant tout

Comme son frère et ses sœurs (qui revinrent à la cour entre 1748 et 1750, une fois leur éducation terminée), Madame Henriette se passionna pour la musique. En témoigne le célèbre portrait de Jean-Marc Nattier, Madame Henriette jouant de la basse de viole, instrument qu'elle étudia avec Jean-Baptiste Forqueray

On célébra en 1745 le mariage convenu du Dauphin âgé de 15 ans avec l'infante d'Espagne qui en avait 18. Au cours des fêtes qui suivirent, le roi rencontra la châtelaine d'Etiolles, charmante jeune femme du monde de la finance. Le roi en fit sa maîtresse et, pour qu'elle pût être présentée à la cour et y tenir une charge, la titra marquise de Pompadour. La reine se résigna à la présence de cette quatrième favorite royale qui, à la différence des trois premières issues de la Haute Noblesse, la traitait avec respect et ménagement.

« Maman Putain »

Madame, son frère le dauphin Louis, sa belle-sœur la Dauphine et leur sœur cadette Madame Adélaïde, dans la fougue de leur jeunesse, formaient un groupe uni qui, par amour pour leur mère, s'opposa à Madame de Pompadour qu'ils appelaient en privé « Maman Putain ».

La grande sœur et la triste Pepa

Le dauphin (1747)
Marie-Josèphe de Saxe

Marié à 16 ans, père et veuf à 17, le dauphin, inconsolable de la mort de sa première épouse morte en couches à l'âge de 20 ans en 1746, fut pourtant remarié au plus tôt.

Après une Espagnole, on choisit pour des raisons toutes diplomatiques une princesse de la lointaine Allemagne orientale dont le père régnait sur la Pologne, Marie-Josèphe de Saxe. Le dauphin fut si contristé de cette union qui lui était imposée que l'on compara la nuit de noces à un sacrifice. Il battit le froid à sa jeune épouse qui faisait tout son possible pour lui plaire et se morfondait dans son impuissance. Quant à la reine, elle ne considérait pas d'un œil favorable cette jeune princesse issue de la Maison qui avait chassé son père de son trône et de son pays.

Jeune et intelligente, pieuse et généreuse, la nouvelle Dauphine sut rapidement conquérir les cœurs de cette famille royale meurtrie et divisée par l'adultère de son chef.

En 1748 mourut la petite princesse que le dauphin avait eue de sa première épouse et Marie-Josèphe pleura sincèrement la fille de sa rivale d'outre-tombe.

Madame, qui ne se consolait pas de son histoire d'amour avortée, se prit d'affection pour cette jeune belle-sœur intelligente et pleine de tact et, avec succès, s'employa à faire changer les sentiments de son frère. Le couple delphinal fut un des couples princiers les plus unis de l'histoire de France et eut une nombreuse descendance et après la naissance d'une fille en 1750, la dauphine conforta la continuité de la dynastie en mettant au monde un petit duc de Bourgogne en 1751.

1748 vit aussi la fin de la Guerre de succession d'Autriche. Le roi de France, dont les armées avaient conquis les Pays-Bas autrichiens, préféra "traiter en prince plutôt qu'en marchand" et rendit les conquêtes ce qui ne fit qu'augmenter son impopularité. En revanche, la diplomatie française s'était alliée avec celle du roi d'Espagne pour obtenir les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla qui furent donnés à l'infant Philippe, gendre du roi de France. La nouvelle duchesse de Parme, s'ennuyant fort en Espagne, ne voulut pas rejoindre ses états sans remercier d'abord son père. C'était un prétexte salutaire pour passer par Versailles, où la princesse, que les français surnommèrent "Madame Infante" et sa fille, demeurèrent près d'une année à la grande joie de la famille royale, notamment du Dauphin et de "Madame" qui retrouvait leur sœur. Cependant, la duchesse de Parme n'était plus tout à fait l'enfant qui avait quitté la France en larmes. Devenue épouse, mère et souveraine, elle se garda bien de s'opposer aux puissants du jour et entretint des liens cordiaux avec la favorite royale.

Le châtiment divin

De santé délicate, Madame décéda prématurément le , à seulement 24 ans de la petite vérole[2], à la suite d'une course en traîneau avec son père sur un canal gelé. La fièvre emporta la fille favorite de Louis XV, après une existence solitaire et effacée.

La famille royale fut très affectée par la mort de la princesse. Madame Adélaïde, la sœur suivante, fut à son tour appelée Madame par le protocole.

Le roi commençait à être impopulaire et le peuple prétendit que la mort de sa fille préférée était un châtiment que le Ciel envoyait au roi adultère.

La chambre de Madame

Chambre de Madame Henriette

La chambre de Madame Henriette était un peu inspirée de celle de sa grande sœur Elisabeth mais le rouge est plus clair et il n'y a pas de cercle en or sur le haut. Il y avait aussi un grand tapis coloré.

Ascendance

Références

  1. AD 78, registre des baptêmes de la paroisse Notre-Dame de Versailles, année 1737, vue 27/76
  2. « Biographie et œuvre de Jean-Marc Nattier », sur www.rivagedeboheme.fr (consulté le )

L'an mil sept cent trente sept le vingt septième d'avril Anne Henriette fille de très haut et très excellent et très puissant Prince Louis quinze par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre et de très haute très excellente et très puissante Dame Marie Princesse de Pologne son épouse, née et ondoyée le quatorze du mois d'aout mil sept cent vingt sept par messire Henry Hubert de Couravel de Pesé conseiller aumônier du Roy abbé de Beaupré, a reçu les cérémonies du baptême par haut et puissant Prince de Strasbourg monseigneur Armand Gaston de Rohan cardinal et grand aumônier de France, en présence de nous curé soussigné, le parrain a été très haut et puissant Prince monseigneur Louis Henry de Bourbon Prince de Condé duc de Bourbon Prince du sang, et la marraine très haute et puissante Princesse mademoiselle Louise Anne de Bourbon, Princesse du sang, qui ont signé. Le Roy et la Reine présents qui ont bien voulu signer.

Articles connexes

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