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Abdourahmane Sarr

Abdourahmane Sarr, né le [1] à Paris, est un économiste sénégalais. Il est à la tête du Mouvement pour la renaissance, la liberté et le développement (MRLD) - Moom sa Bopp, Mënël sa Bopp, un mouvement citoyen sénégalais créé en 2011[2], et dirige le Centre d'étude pour le financement du développement local (CEFDEL), un think tank fondé en 2010.

Abdourahmane Sarr
Portrait d'Abdourahmane Sarr
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Biographie

Jeunesse et Ă©tudes

Né à Paris le , dans une famille originaire de Kaolack, Abdourahmane Sarr grandit à Dakar, où il effectue ses études primaires et secondaires, notamment au collège de la Cathédrale de Dakar puis à l'Institution Sainte Jeanne d'Arc. Il fait ensuite ses études supérieures au Cégep Marie-Victorin à Montréal puis à HEC Montréal, où il obtient un BBA avec une spécialisation en finance et économie. Intéressé par le domaine de l'économie, il effectue une maîtrise en économie, puis un doctorat à l'université George Washington[3].

Carrière

Il intègre le Fonds monétaire international (FMI) à Washington en 1997 et y travaille pendant quinze ans. Spécialiste des questions monétaires, il démontre l'étendue de ses compétences au sein de cette institution, en travaillant sur ou en dirigeant des missions dans plusieurs pays et territoires tels que la Tunisie, le Maroc, la Guyane, l’Ukraine, la Bosnie-Herzégovine, le Ghana, la Zambie, le Burundi, le Cameroun ou encore la Thaïlande, sur des questions macroéconomiques, monétaires et financières. Il est aussi conseiller macroéconomique du FMI à la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) de 2005 à 2007[4]. En 2009, il devient représentant résident du FMI au Togo et au Bénin[5].

Il occupe ce poste jusqu'en octobre 2011, date où il démissionne du FMI afin de pouvoir se consacrer à son pays, et au Centre d'étude pour le financement du développement local (CEFDEL), un think tank qu'il crée en 2010 et qu'il sponsorise depuis le Togo. Il crée par ailleurs le Mouvement pour la renaissance, la liberté et le développement (MRLD) en 2011. Les nombreuses études effectuées au sein du CEFDEL lui permettent d'avoir un diagnostic de la situation économique et sociale du Sénégal et le poussent à se présenter à l’élection présidentielle du 26 février 2012 pour partager sa vision avec ses compatriotes[6].

Engagement patriotique

Convaincu d'avoir des solutions novatrices pour mettre le pays sur la voie de l'Ă©mergence, il parvient Ă  rassembler des SĂ©nĂ©galais de tous les horizons (entrepreneurs, fonctionnaires, enseignants, leaders communautaires, jeunes, etc.) au sein de son mouvement pour promouvoir l’idĂ©al de la dĂ©centralisation, et de l’émancipation Ă©conomique et politique locale dans les valeurs de libertĂ© et d’autonomie[7]. Ces valeurs sont promues durant toute la fin de l'annĂ©e 2011 par le biais de journĂ©es citoyennes et de formations de relais organisĂ©es dans plusieurs villes du pays, notamment Dakar, Saint-Louis, Kaolack, Ziguinchor et Thiès[8]. Le MRLD obtient 12 100 signatures pour participer aux Ă©lections prĂ©sidentielles, mais la candidature d'Abdourahmane Sarr est invalidĂ©e par le Conseil constitutionnel, malgrĂ© le fait que le total de 10 000 signatures requis ait Ă©tĂ© atteint. Selon le Conseil constitutionnel, seul 8 100 signatures ont pu ĂŞtre identifiĂ©es et validĂ©es[1]. Le chanteur Youssou N'Dour et le financier KĂ©ba KeindĂ© connaissent le mĂŞme sort. La mission post-Ă©lectorale de l’Union EuropĂ©enne dĂ©terminera ensuite que certaines de ces signatures invalidĂ©es Ă©taient bonnes mais que le Conseil n’avait pas les moyens logistiques d’effectuer les vĂ©rifications. MalgrĂ© cette dĂ©sillusion, le MRLD et son leader poursuivent le travail de sensibilisation des populations et de rĂ©flexion stratĂ©gique avec l'aide du CEFDEL.

Abdourahmane Sarr en compagnie de son Ă©pouse Ă  Harvard en 2013.

En juin 2012, Abdourahmane Sarr retourne aux États-Unis pour poursuivre sa réflexion sur les questions de développement du Sénégal et intègre l'université Harvard. Il est admis au programme Edward S. Mason de la John F. Kennedy School of Government (programme de formation pour les cadres des pays tiers) et obtient une maîtrise en administration publique. De nombreux chefs d'État du monde ont effectué ce même programme, tels que l'ancien président du Mexique Felipe Calderón et l'actuel Premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong[9]. Après une année passée à Harvard, Abdourahmane Sarr revient au Sénégal pour mettre en œuvre ses idées muries de longue date.

Création de la SOFADEL et blocage des autorités

Pour une mise en œuvre effective de ses solutions, il crée la Société fiduciaire d'appui au développement local (SOFADEL) en 2013, pour permettre aux Sénégalais de toutes les couches sociales de saisir les opportunités économiques qui s’offrent à eux et de se constituer un patrimoine économique et financier. Pour ce faire, il apporte une solution inédite en Afrique : la création d'une nouvelle monnaie complémentaire nationale au franc CFA et appelée SEN[10]. En raison de problèmes de garantie et du faible taux de bancarisation de la population sénégalaise (90 % de la population n'est pas bancarisée)[11], l'inclusion financière est difficile, d'où l'envie de Sarr de rendre effectives les solutions apportées par la SOFADEL. Ses membres achèteraient les SEN pour les utiliser dans leurs transactions de tous les jours entre eux dans leurs villes. Ces membres permettraient ainsi à la SOFADEL de constituer un fonds d’investissement et de garantie en FCFA (FONCIG) pour atteindre ses objectifs, qui sont de fournir un accès au crédit facile aux populations et d'investir dans leurs communautés[12].

En 2014, plus de 3 000 membres sont recrutĂ©s, ainsi que des distributeurs, et la SOFADEL est prĂŞte Ă  entamer ses activitĂ©s. Toutefois, dĂ©but 2015, les autoritĂ©s sĂ©nĂ©galaises et la BCEAO bloquent le projet et des collaborateurs sont emprisonnĂ©s Ă  Ziguinchor[13]. MalgrĂ© l'existence et l'apport des monnaies complĂ©mentaires dans plusieurs autres pays du monde (WIR en Suisse, Eusko en France, etc.), l'État sĂ©nĂ©galais refuse la mise en place du projet[14]. Cette seconde dĂ©sillusion n'arrĂŞte pas Abdourahmane Sarr, et ce dernier continue Ă  travailler sur le MRLD et le CEFDEL pendant deux ans. Étant donnĂ© la situation, il ne voit pas d'autre choix que de porter son projet politiquement aux Ă©lections lĂ©gislatives sĂ©nĂ©galaises de 2017, pour inciter les populations Ă  voter pour le MRLD et Ă  lever le blocage posĂ© par les autoritĂ©s sur le projet de la SOFADEL.

Élections législatives de 2017

Abdourahmane Sarr pendant la campagne en 2017.

Le MRLD rassemble plus de 30 000 signatures et se prĂ©sente aux Ă©lections lĂ©gislatives sĂ©nĂ©galaises de en tant qu'entitĂ© indĂ©pendante[15]. Le mouvement Defar SĂ©nĂ©gal du journaliste Mamadou Sy Tounkara est l'autre entitĂ© indĂ©pendante prĂ©sente Ă  ces Ă©lections[16]. Sarr est la tĂŞte de liste du MRLD et dirige la campagne pendant tout le mois de juillet ; il s'agit d'une campagne Ă©lectorale inĂ©dite dans l'histoire politique du SĂ©nĂ©gal, avec la participation de 47 listes[17]. De plus, la campagne est marquĂ©e par de nombreux affrontements entre les militants des trois grandes coalitions (Benno Bokk Yakaar du prĂ©sident Macky Sall, Gagnante Wattu SĂ©nĂ©gal de l'ancien prĂ©sident Abdoulaye Wade et Mankoo Taxawu SĂ©nĂ©gal du maire de Dakar, Khalifa Sall, emprisonnĂ© quatre mois plus tĂ´t)[18].

Abdourahmane Sarr et le MRLD obtiennent plus de 4 000 voix lors du scrutin, dĂ©montrant la difficultĂ© qu'ont les indĂ©pendants Ă  se faire entendre par les sĂ©nĂ©galais[19]. MalgrĂ© le faible score obtenu, le MRLD s'est prĂ©sentĂ© comme une alternative pour tous les citoyens qui ne se reconnaissent dans aucun parti politique, et a pu exprimer sa vision d'autonomie, de libertĂ© et de responsabilitĂ©, ainsi que sa proposition phare qui est l'instauration de la monnaie complĂ©mentaire SEN. Le mouvement continuera Ă  donner de la voix Ă  son message dans un autre cadre pour le futur[20].


Élection présidentielle de 2019

Doublement victime du parrainage avec une candidature à la présidentielle rejetée en 2012 et 45 autres listes non parrainées présentes aux législatives de 2017, Sarr soutient néanmoins le parrainage pour la présidentielle de 2019. N'ayant pu collecter que 11 000 signatures pour cette présidentielle, le MRLD ne dépose donc pas ses signatures en doublons[21]. Abdourahmane Sarr appelle donc à voter pour le candidat Ousmane Sonko, dont le programme porte "les germes d'une marche responsable vers une Afrique unie et libre avec des fondements solides puisque construits à partir des collectivités locales et non de bailleurs étrangers". Sarr soutiendra également que Sonko est le seul candidat à présenter les deux points d'ancrage nécessaires à la matérialisation d'une vision libérale et patriotique prônée par le MRLD, qui sont "la création d'une monnaie nationale permettant des politiques commerciales, financières et économiques maitrisées vers le libre-échange continental et international" et "une décentralisation en pôles régionaux autonomisés et responsabilisés pour leur développement et en concurrence dans un environnement national maitrisé"[22].

Notes et références

  1. « L’intégralité de l’arrêt du Conseil constitutionnel du 27 janvier 2012 », sur dakaractu.com (consulté le )
  2. « Abdourahmane Sarr, un jeune technocrate à la tête bien faite: et le conseil constitutionnel brisa son rêve ! », sur xalimasn.com (consulté le )
  3. (en) « Alleviating Poverty in Senegal by enabling economic participation », sur atlasnetwork.org (consulté le )
  4. « Le leader », sur menelsabopp2017.org (consulté le )
  5. « Le sénégalais Abdourahmane Sarr démissionne de son poste de représentant du FMI à Lomé », sur leral.net (consulté le )
  6. « Engagement dans la présidentielle de 2012 pour une campagne citoyenne : Le Dr Abdourahmane SARR, Représentant résident du FMI au Togo, compte démissionner pour se consacrer à son projet CEFDEL/MRLD », sur dakaractu.com (consulté le )
  7. « Le Mouvement pour la Renaissance, la Liberté et le Développement », sur menelsabopp2017.org (consulté le )
  8. « Le Cefdel du Dr Abdourahmane Sarr lance la campagne citoyenne pour stimuler l’économie locale à Saint-Louis », sur dakaractu.com (consulté le )
  9. (en) « HKS gives $10M boost to program », sur news.harvard.edu (consulté le )
  10. « SÉNÉGAL : MONNAIE COMPLÉMENTAIRE AU FRANC CFA », sur apsfd-burkina.bf (consulté le )
  11. « Total Sénégal et Sonatel précurseurs du paiement marchand par téléphone avec Orange Money », sur sonatel.com (consulté le )
  12. « Le projet de la monnaie complémentaire au FCFA explicité », sur seneweb.com (consulté le )
  13. « UNE ALTERNATIVE AU DEVELOPPEMENT LOCAL », sur sudonline.sn (consulté le )
  14. « Projet de monnaie Complémentaire : Un moyen d’échange pour les citoyens, particulièrement ceux exclus du système financier classique », sur dakaractu.com (consulté le )
  15. « LÉGISLATIVES : Le Docteur Abdourahmane Sarr tête de liste du Mouvement Moom Sa Bopp Menel Sa Bopp », sur dakaractu.com (consulté le )
  16. « Législatives au Sénégal: de la difficulté d'être un candidat indépendant des partis », sur rfi.fr (consulté le )
  17. « 47 Listes de coalitions de partis et entités indépendantes déclarées recevables pour les Législatives 2017 », sur senego.com (consulté le )
  18. « Affrontements entre militants de Benno Bokk Yaakaar et de la coalition Mànkoo Taxawu Senegaal à Grand-Dakar », sur ndarinfo.com (consulté le )
  19. « Résultats provisoires des élections législatives 2017 », sur legislatives.dakaractu.com (consulté le )
  20. Abdourahmane Sarr, « Leçons d’un Scrutin », sur dakaractu.com (consulté le )
  21. Abdourahmane Sarr, « Conseil Constitutionnel: La Démocratie Sénégalaise Debout », sur dakaractu.com (consulté le )
  22. Abdourahmane Sarr, « Macky La Continuité, Sonko La Rupture », sur seneweb.com (consulté le )

Liens externes

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