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ADSL

L’ADSL (de l'anglais Asymmetric Digital Subscriber Line) est une technique de communication numĂ©rique (couche physique) de la famille xDSL. Elle permet d'utiliser une ligne tĂ©lĂ©phonique, une ligne spĂ©cialisĂ©e, ou encore une ligne RNIS (en anglais ISDN pour integrated services digital network), pour transmettre et recevoir des donnĂ©es numĂ©riques de maniĂšre indĂ©pendante du service tĂ©lĂ©phonique conventionnel (analogique). À ce titre, cette mĂ©thode de communication diffĂšre de celle utilisĂ©e lors de l'exploitation de modems dits « analogiques », dont les signaux sont Ă©changĂ©s dans le cadre d'une communication tĂ©lĂ©phonique (similaire au fax, c'est-Ă -dire sur des frĂ©quences vocales). La technologie ADSL est massivement mise en Ɠuvre par les fournisseurs d'accĂšs Ă  Internet pour le support des accĂšs dits « haut-dĂ©bit ».

Description

Le sigle ADSL vient de l'anglais asymmetric digital subscriber line, qui se traduit fonctionnellement par « [liaison] numérique [à débit] asymétrique [sur] ligne d'abonné »[1]. La terminologie française officielle recommande l'expression « liaison numérique asymétrique »[2], mais le sigle « ADSL » reste le plus largement utilisé dans le langage courant.

Comme son nom l'indique, la technologie ADSL fournit un débit asymétrique. Le flux de données est plus important dans un sens de transmission que dans l'autre. Contrairement à la technologie SDSL pour laquelle le débit est symétrique, donc équivalent en émission et en réception, le débit de données montant d'une communication ADSL (upload) est plus faible que le débit descendant (download), dans un rapport qui varie généralement entre 5 et 20.

Histoire

Alors qu'il Ă©tudiait les moyens de transmettre des informations Ă  haut dĂ©bit sur une ligne tĂ©lĂ©phonique, Joseph Lechleider, ingĂ©nieur aux laboratoires de recherche Bell, constata que lorsque les dĂ©bits ascendant et descendant Ă©taient identiques (SDSL), les interfĂ©rences et les parasites Ă©taient souvent trop nombreux et perturbaient la communication. Tenant compte du fait que ces nouvelles technologies seraient mises en Ɠuvre dans un cadre oĂč le but premier Ă©tait de fournir du contenu, il imagina donc un moyen de favoriser la vitesse de tĂ©lĂ©chargement aux dĂ©pens de la vitesse d’émission et rendit ainsi la communication asymĂ©trique. Le brevet fut dĂ©posĂ© en 1988[3].

En France, le lancement commercial de l'ADSL a été effectué par France Telecom Interactive en 1999[4] ; l'ADSL a commencé à décliner au quatriÚme trimestre 2014 face à la concurrence de la fibre optique et du VDSL2 qui apportent un débit supérieur[5].

Principe de fonctionnement

Principe de fonctionnement de l'ADSL

La ligne tĂ©lĂ©phonique qui relie le domicile d'un abonnĂ© Ă  l'autocommutateur public qui dessert son quartier (le « central tĂ©lĂ©phonique ») est constituĂ©e d'une paire de fils de cuivre, en gĂ©nĂ©ral continue entre ces deux points (la boucle locale). Les signaux utilisĂ©s pour la tĂ©lĂ©phonie classique RTC (sonnerie, numĂ©rotation multifrĂ©quences, voix) occupent une bande de frĂ©quences qui gĂ©nĂ©ralement s'Ă©tend de 25 Ă  3 400 Hz environ. Le principe de l'ADSL consiste Ă  exploiter une autre bande de frĂ©quence, situĂ©e au-dessus de celle utilisĂ©e pour la tĂ©lĂ©phonie, pour Ă©changer des donnĂ©es numĂ©riques en parallĂšle avec une Ă©ventuelle conversation tĂ©lĂ©phonique[6]. GrĂące Ă  cette sĂ©paration dans le domaine frĂ©quentiel, les signaux ADSL qui transportent les donnĂ©es et les signaux tĂ©lĂ©phoniques qui transportent la voix circulent donc simultanĂ©ment sur la mĂȘme ligne d'abonnĂ© sans interfĂ©rer les uns avec les autres.

L'ADSL fait partie d'une famille de technologies semblables, regroupées sous le terme générique DSL (ou xDSL). Les différents membres de cette famille se différencient par leur nature symétrique ou asymétrique, les débits offerts, les longueurs de ligne compatibles avec une qualité de service déterminée, etc. Parmi ces technologies, on peut citer le SDSL et les VDSL et VDSL2 ; toutefois, la méthode SDSL de transmission exploite la totalité de la bande passante de la ligne téléphonique, et ne permet donc plus le partage de celle-ci entre un service de téléphonie analogique et la transmission SDSL.

Mise en Ɠuvre

Un DSLAM.
Filtre ADSL en blanc et prise téléphone analogique en noir.

L'ADSL nĂ©cessite l'installation d'Ă©quipements de communication spĂ©cifiques Ă  cette technologie aux deux extrĂ©mitĂ©s de la ligne tĂ©lĂ©phonique (souvent dĂ©nommĂ©e « paire de cuivre » dans le jargon des tĂ©lĂ©communications ou encore boucle locale). Dans les locaux de l'autocommutateur public, l'Ă©quipement qui traite les signaux ADSL d'un groupe d'abonnĂ©s s'appelle un DSLAM (pour Digital Subscriber Line Access Multiplexer). Chez l'abonnĂ©, l'Ă©quipement qui effectue la mĂȘme fonction est soit un modem ADSL, soit un routeur ADSL (qui n'est autre qu'un routeur classique muni d'un modem ADSL interne).

L'ADSL utilise un spectre de frĂ©quences Ă©tendu sur un support physique qui n'Ă©tait pas conçu pour cela Ă  l'origine (la paire de cuivre). Cette technologie peut donc se rĂ©vĂ©ler inexploitable sur des lignes d'abonnĂ©s qui prĂ©sentent une trop forte attĂ©nuation pour les signaux de l'ADSL. C'est le cas lorsque la section de la paire cuivrĂ©e est trop faible ou lorsque la longueur de la ligne est trop importante. Le terme d'Ă©ligibilitĂ© technique est utilisĂ© pour qualifier la compatibilitĂ© d'une ligne tĂ©lĂ©phonique donnĂ©e avec l'ADSL. Cette Ă©ligibilitĂ© peut ĂȘtre vĂ©rifiĂ©e sur les sites Web des fournisseurs d'accĂšs.

Le signal ADSL transite sur la paire cuivrĂ©e tĂ©lĂ©phonique au mĂȘme titre que le signal tĂ©lĂ©phonique, et la cohabitation de ces deux types de signaux requiert l'installation de filtres destinĂ©s Ă  sĂ©parer les frĂ©quences respectives des deux flux. Au niveau de l'autocommutateur public, ces filtres sont installĂ©s sous la forme d'armoires de filtrage qui regroupent plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de cartes Ă©lectroniques de filtrage. Chez l'abonnĂ©, la sĂ©paration des deux flux est rĂ©alisĂ©e au moyen d'un filtre ADSL placĂ© entre la prise tĂ©lĂ©phonique et la fiche de connexion du tĂ©lĂ©phone.

Dans le cas oĂč la ligne n'est utilisĂ©e que pour l'ADSL (cas des lignes en ADSL nu ou en dĂ©groupage total) un filtre n'a aucune utilitĂ©.

Le signal à destination de l'ordinateur, arrive au modem qui extrait les données numériques du signal ADSL. Ces données sont ensuite transmises à l'ordinateur, par l'intermédiaire d'un cùble Ethernet, d'un cùble USB ou encore grùce à une liaison Wi-Fi.

Les donnĂ©es numĂ©riques vĂ©hiculĂ©es par l'ADSL peuvent servir de support Ă  une communication tĂ©lĂ©phonique (VoIP), ou Ă  la diffusion de programmes de tĂ©lĂ©vision numĂ©rique (le plus souvent en MPEG-2, mais aussi en MPEG-4). On voit donc apparaĂźtre des familles de modems ADSL Ă©voluĂ©s qui permettent de traiter ces flux de maniĂšre native. En France, c'est le cas de nombreuses « box » proposĂ©es par les fournisseurs d'accĂšs Ă  Internet : Freebox, Livebox, Neuf Box, Alice Box ou DartyBox. Ces modems spĂ©cialisĂ©s sont munis de connecteurs qui permettent d'y raccorder directement un poste tĂ©lĂ©phonique (connecteur RJ-11) ou un tĂ©lĂ©viseur (connecteur pĂ©ritel ou HDMI). Pour des raisons de commoditĂ© de mise en Ɠuvre et de limitation de la consommation Ă©lectrique, ces matĂ©riels se prĂ©sentent souvent sous la forme de deux boĂźtiers distincts. Dans ce cas, le premier boĂźtier assure gĂ©nĂ©ralement la communication ADSL proprement dite, ainsi que le support des fonctions de tĂ©lĂ©phonie et de transmission de donnĂ©es informatiques. Le second boĂźtier supporte les services multimĂ©dias comme la rĂ©ception des chaĂźnes de radio et de tĂ©lĂ©vision numĂ©rique, l'enregistrement et la restitution des flux audio et vidĂ©o sur disque dur embarquĂ© ou externe, la restitution de programmes en diffĂ©rĂ©, etc. La communication entre les deux boĂźtiers peut emprunter un cĂąble Ethernet, une liaison Wi-Fi, ou encore un systĂšme de courants porteurs en ligne.

DĂ©tails de fonctionnement

N.B. : Le terme de sous-porteuse utilisé dans les chapitres ci-dessous est un abus de langage. Il s'agit en réalité de porteuses parce qu'elles ne modulent pas une porteuse principale.

Domaine fréquentiel

N.B. : les chapitres ci-dessous concernent les modes ADSL, ADSL2 et Re-ADSL. Le mode ADSL2+ fait l'objet d'un paragraphe distinct en fin de chapitre.

L'ADSL fait appel Ă  la notion de sous-porteuses : la bande de frĂ©quences comprise entre Hz et environ 1,1 MHz est divisĂ©e en 255 intervalles de 4,312 5 kHz[7]. À chaque intervalle est associĂ©e une sous-porteuse, qui donne un signal modulĂ©. La n-iĂšme sous-porteuse est donc matĂ©rialisĂ©e sous la forme d'un signal dont la frĂ©quence de base vaut [n × 4,312 5 kHz]. Un modem ADSL peut donc ĂȘtre considĂ©rĂ© comme la mise en parallĂšle d'un grand nombre de modems analogiques, chacun transmettant sur une frĂ©quence diffĂ©rente : 4,312 5 kHz pour le premier, 8,625 0 kHz pour le second, 12,937 5 kHz pour le troisiĂšme, et ainsi de suite.

La sous-porteuse d'indice 0 n'est pas utilisĂ©e, car elle correspond Ă  un signal de frĂ©quence nulle[8]. Les sous-porteuses d'indice 1 Ă  255 sont thĂ©oriquement utilisables pour transmettre des donnĂ©es. Toutefois, les sous-porteuses d'indice 1 Ă  6 ne sont en gĂ©nĂ©ral pas exploitĂ©es en raison de la prĂ©sence possible de signaux tĂ©lĂ©phoniques dans une gamme de frĂ©quences proche des frĂ©quences utilisĂ©es par ces sous-porteuses[9]. Dans la pratique, lorsque l'ADSL est mis en Ɠuvre sur une ligne tĂ©lĂ©phonique classique (analogique), les sous-porteuses d'indice 7 Ă  255 sont donc disponibles pour la communication ADSL proprement dite.

L'ADSL2 et le Re-ADSL (Reach Extended ADSL) sont des évolutions de la technologie ADSL d'origine. Grùce à une technique de modulation/démodulation améliorée, ces nouveaux modes permettent d'obtenir une meilleure immunité de la communication aux perturbations et un fonctionnement acceptable sur des lignes qui auraient été trop longues pour supporter une transmission ADSL classique.

RĂ©partition des sous-porteuses entre sens montant et sens descendant

L'ADSL est considĂ©rĂ© par les instances de normalisation comme une technologie destinĂ©e essentiellement au grand public mais aussi aux PME et aux TPE. Vis-Ă -vis des ressources disponibles sur Internet, cette catĂ©gorie de clients est en gĂ©nĂ©ral davantage amenĂ©e Ă  tĂ©lĂ©charger des informations (consultation d'un site Web, par exemple) qu'Ă  envoyer des informations vers un site distant. Il a donc Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de favoriser le sens de la communication qui va du rĂ©seau vers l'abonnĂ© (descendant en français, downstream en anglais), au dĂ©triment du sens qui va de l'abonnĂ© vers le rĂ©seau (montant en français, upstream en anglais). C'est pour cela que l'ADSL est qualifiĂ© d’asymĂ©trique : le nombre de sous-porteuses affectĂ©es au sens descendant est plus Ă©levĂ© que le nombre de sous-porteuses affectĂ©es au sens montant.

Spectre de fréquence de l'ADSL classique (sans annulation d'écho)
Spectre des fréquences ADSL. Code couleur :
  • Analogique/RNIS
  • Bande de garde
  • Canaux montants
  • Canaux descendants ADSL/ADSL2
  • Canaux descendants additionnels ADSL2+

Quand l'ADSL est mis en Ɠuvre sur une ligne tĂ©lĂ©phonique classique (analogique : RTC), les sous-porteuses 7 Ă  31 sont affectĂ©es au trafic Ă©mis par l'abonnĂ© vers le rĂ©seau. Les sous-porteuses 33 Ă  255, quant Ă  elles, sont affectĂ©es au trafic reçu du rĂ©seau par l'abonnĂ©. En ADSL1, la sous-porteuse d'indice 64 sert de signal de rĂ©fĂ©rence (« porteuse pilote ») pour les deux sens de communication et n'est pas modulĂ©e[10]. Dans les modes ADSL2 et supĂ©rieurs, le choix de la sous-porteuse utilisĂ©e comme pilote fait partie de la nĂ©gociation prĂ©alable Ă  la synchronisation.

Les modems ADSL les plus rĂ©cents comportent des systĂšmes de traitement numĂ©rique basĂ©s sur une technique d'annulation d'Ă©cho qui permet, si nĂ©cessaire, d'utiliser aussi les sous-porteuses d'indice infĂ©rieur Ă  32 pour transporter des donnĂ©es de la voie descendante. Dans la pratique, ce mode de fonctionnement n'apporte qu'un gain de dĂ©bit limitĂ©, au prix d'une plus grande sensibilitĂ© aux perturbations, et il ne semble donc pas promis Ă  une large mise en Ɠuvre.

Il existe deux variantes de l'ADSL que l'on utilise selon que la ligne d'abonnĂ© est une ligne tĂ©lĂ©phonique analogique (dans ce cas, on utilise l'ADSL annexe A[11]) ou une ligne exploitĂ©e en RNIS (dans ce dernier cas, on utilise l'annexe B[12]). Les paragraphes ci-dessus dĂ©crivent la rĂ©partition des sous-porteuses de l'ADSL annexe A. Comme la plage des frĂ©quences utilisĂ©es par le RNIS est plus Ă©tendue que pour la tĂ©lĂ©phonie classique (RTC), et atteint la centaine de kilohertz (kHz), l'annexe B prĂ©voit de rĂ©server davantage de sous-porteuses inutilisĂ©es dans le bas de bande, et dĂ©cale d'autant la frontiĂšre entre les sous-porteuses utilisĂ©es pour le sens montant et celles utilisĂ©es pour le sens descendant. L'annexe B est utilisĂ©e en Allemagne, par exemple, oĂč la plupart des lignes du rĂ©seau tĂ©lĂ©phonique public Ă©taient exploitĂ©es en RNIS.

On peut également signaler l'existence d'une autre annexe qui permet de disposer d'un plus grand nombre de sous-porteuses pour le sens montant (annexe M), au détriment du nombre de porteuses affectées au sens descendant. Cette option est relativement peu utilisée et n'est d'ailleurs pas autorisée sur le réseau public en France, car elle peut perturber par intermodulation une communication ADSL classique sur une ligne d'abonné adjacente (diaphonie, ou crosstalk en anglais).

Modulation des sous-porteuses

Modulation en 16QAM d'une sous-porteuse, pour 4 bits transportés.

Chaque sous-porteuse est modulĂ©e en amplitude et en phase, au rythme de 4 000 symboles par seconde (on notera toutefois que ce nombre n'est pas tout Ă  fait exact, voir plus bas le paragraphe « supertrames »)[13]. Un symbole est un Ă©tat de modulation qui peut reprĂ©senter un plus ou moins grand nombre de bits d'information.

La complexitĂ© de modulation de chaque sous-porteuse est choisie en fonction de la qualitĂ© de transmission observĂ©e sur la ligne pour cette sous-porteuse. En effet, les modulations complexes permettent de transporter un nombre Ă©levĂ© de bits, ce qui favorise le dĂ©bit, mais ce type de modulation est plus difficile Ă  dĂ©coder au niveau du rĂ©cepteur et est plus sensible aux interfĂ©rences et donc plus susceptible de subir des erreurs de transmission provoquĂ©es par les Ă©ventuelles perturbations de la ligne. Le niveau de modulation de chaque sous-porteuse peut donc ĂȘtre ajustĂ© pour transporter entre 2 et 15 bits d'information par symbole[14]. Le nombre de bits affectĂ© Ă  chaque sous-porteuse est dĂ©terminĂ© en dĂ©but de connexion, aprĂšs une phase de mesure de qualitĂ© de la ligne effectuĂ©e par Ă©change de signaux de test entre les deux Ă©quipements ADSL qui Ă©tablissent la communication[15].

Trames ADSL

Les informations transportĂ©es par l'ADSL dans chaque sens de communication sont organisĂ©es en trames d'une taille Ă©gale Ă  la somme des bits vĂ©hiculĂ©s par l'ensemble des sous-porteuses affectĂ©es Ă  ce sens de communication. En supposant par exemple que le sens descendant utilise 40 sous-porteuses et que chaque sous-porteuse transporte bits par symbole, la taille de la trame correspondante est de 320 bits, soit 40 octets. Chaque sous-porteuse Ă©tant modulĂ©e Ă  raison de 4 000 symboles par seconde, ce sont donc 4 000 trames qui sont envoyĂ©es Ă  chaque seconde, et avec les chiffres de notre exemple, le dĂ©bit brut du sens descendant s'Ă©tablit Ă  4 000 × 320 bits, soit 1 280 kbit/s.

Chaque trame contient des informations de service, des données utilisateur, et éventuellement des octets de redondance utilisés pour détecter et si possible corriger les erreurs. Ce mécanisme de détection et de correction d'erreurs, connu sous le nom de FEC (pour Forward Error Correction) fait appel au code de Reed-Solomon. Chaque trame transporte donc des données qui ont été préalablement organisées sous la forme d'un ou plusieurs mot-code(s) (codeword en anglais) Reed-Solomon[16].

Supertrames ADSL

Pour des raisons de synchronisation, les trames ADSL sont regroupĂ©es en « trains » de 68 trames consĂ©cutives et complĂ©tĂ©es par une 69e trame de contrĂŽle qui contient des informations de service additionnelles plutĂŽt que des donnĂ©es utilisateur. Ces groupes de 69 trames sont dĂ©signĂ©s sous le nom de « supertrames »[13].

La prĂ©sence d'une trame de contrĂŽle pour chaque groupe de 68 trames « prend de la place » en ligne et devrait normalement affecter le dĂ©bit des donnĂ©es utiles. Pour Ă©viter ce problĂšme, la vĂ©ritable rapiditĂ© de modulation de chaque sous-porteuse est non pas de 4 000 symboles par seconde comme indiquĂ© plus haut, mais de [4 000 × 69 / 68] symboles par seconde (environ 4 059 symboles par seconde), ce qui permet de transmettre exactement 4 000 symboles « utiles » par seconde.

Sens descendant

En supposant que la qualitĂ© de la ligne le permette, chaque sous-porteuse peut utiliser des symboles de 15 bits, et transmet 4 000 symboles par seconde. Pour le sens descendant, on dispose de 223 sous-porteuses pour transporter des donnĂ©es utilisateur (ce sont les sous-porteuses 32 Ă  255, moins la sous-porteuse pilote 64). Sans autre limitation, le dĂ©bit maximum thĂ©orique du sens descendant s'Ă©tablirait donc Ă  223 sous-porteuses × 15 bits × 4 000 symboles, soit 13 380 kbit/s.

Dans la pratique, ce débit est moindre pour deux raisons principales :

  • la structure des mots-codes Reed-Solomon ne permet pas de transporter plus d'un certain nombre d'octets utilisateur dans chaque trame. Pour le sens descendant, le format utilisĂ© pour les mots-codes accepte un maximum de 254 octets Ă  partager entre les donnĂ©es utiles et d'Ă©ventuels octets de redondance. Cette taille conditionne le dĂ©bit maximum thĂ©orique qui s'Ă©tablit Ă  une valeur de « 254 octets × 8 bits × 4 000 symboles/s », soit 8 128 kbit/s[17] ;
  • les caractĂ©ristiques de la ligne (attĂ©nuation, perturbations externes) font qu'il n'est souvent pas possible de transmettre 15 bits par symbole, de maniĂšre fiable, pour chaque sous-porteuse[18].

À cause de ces deux facteurs, le dĂ©bit net maximum du sens descendant s'Ă©tablit en gĂ©nĂ©ral Ă  une valeur intermĂ©diaire, de l'ordre de quelques centaines Ă  quelques milliers de kilobits par seconde. Par ailleurs, en fonction de l'abonnement souscrit (on parle de « paliers de dĂ©bit »), le dĂ©bit peut ĂȘtre volontairement limitĂ© par les Ă©quipements du fournisseur d'accĂšs Ă  Internet, indĂ©pendamment des possibilitĂ©s techniques.

En ce qui concerne la limitation induite par le code Reed-Solomon, une modification ultĂ©rieure de la norme prĂ©voit un format diffĂ©rent pour les mots-codes (tramage « S=1/2 »), qui permet de vĂ©hiculer presque deux fois plus de donnĂ©es utilisateur dans chaque mot-code[17]. Lorsque ce format est mis en Ɠuvre, le dĂ©bit n'est plus limitĂ© que par le nombre de bits qui peuvent ĂȘtre transportĂ©s par l'ensemble des 223 sous-porteuses affectĂ©es au sens descendant. Le dĂ©bit maximum thĂ©orique de l'ADSL s'Ă©tablit alors Ă  un peu plus de 13 000 kbit/s pour le sens descendant.

Ces valeurs ne s'appliquent pas à l'ADSL2+, qui utilise un nombre de sous-porteuses plus élevé.

Sens montant

Le mĂȘme calcul s'applique aux 31 sous-porteuses disponibles pour transporter les donnĂ©es dans le sens montant, et les mĂȘmes restrictions existent Ă  cause de la structure des mots-codes Reed-Solomon. Le dĂ©bit maximum du sens montant s'Ă©tablit donc Ă  1 024 kbit/s (cette valeur est la mĂȘme pour l'ADSL2+).

ADSL2+

L’ADSL2+ est une Ă©volution de l'ADSL qui utilise 511 sous-porteuses au lieu de 255, grĂące Ă  une extension de la bande de frĂ©quences utilisĂ©es jusqu'Ă  2,2 MHz environ[19]. Cette capacitĂ© accrue, associĂ©e Ă  une structure de trame modifiĂ©e pour permettre le transport d'un plus grand nombre d'octets dans chaque trame, permet d'atteindre des dĂ©bits de donnĂ©es de plus de 20 Mbit/s dans le sens descendant. La capacitĂ© et le dĂ©bit du sens montant restent inchangĂ©s par rapport Ă  l'ADSL « classique ».

Toutefois, les performances accrues de l'ADSL2+ ne sont accessibles que dans de bonnes conditions :

  • attĂ©nuation faible, qui dĂ©pend du type de cĂąblage (section) et de la longueur de la ligne ;
  • faible niveau de bruit, qui dĂ©pend de l'isolation de la ligne sur les cĂąbles (blindage du cĂąble, prĂ©sence de paires voisines le long du mĂȘme faisceau de cĂąble utilisĂ©es pour d'autres services, comme le RNIS), de son implantation aĂ©rienne (plus exposĂ©e) ou enterrĂ©e ;
  • absence de perturbations Ă©lectromagnĂ©tiques puissantes le long du parcours (absence d’émetteurs radio AM Ă  proximitĂ©) ;
  • nombre faible d'Ă©pissures le long du cĂąble (sources de bruit par Ă©cho et rĂ©sonance) ;
  • cĂąblage de pose rĂ©cente (Ă  cause du vieillissement des isolants, les fuites de puissance augmentent avec le temps, et la rĂ©sistance des conducteurs augmente par oxydation) ;
  • nombre faible et qualitĂ© des filtres installĂ©s au domicile ou au central (l'offre de dĂ©groupage partiel induit un filtrage mixte, source d'attĂ©nuation supplĂ©mentaire) ;
  • bonne isolation et qualitĂ© du cĂąblage de l'installation intĂ©rieure chez l'abonnĂ© (protection contre les sources de parasites induits par l'Ă©quipement Ă©lectronique, les lampadaires halogĂšne, les dĂ©clencheurs de tubes nĂ©on, les Ă©quipements de puissance, absence de cĂąbles longs laissĂ©s « flottants » sur la prise d'extrĂ©mitĂ©).

Transport des données

Comme expliqué plus haut, chaque trame ADSL élémentaire transporte un mot-code Reed-Solomon, lequel comporte des informations de service, des octets de redondance utilisés pour détecter et si possible corriger les erreurs, et un espace destiné aux données de l'utilisateur.

Typiquement, les donnĂ©es utilisateur sont organisĂ©es sous la forme de cellules en protocole ATM[20], d'une longueur unitaire de 53 octets, dont 48 sont disponibles pour les donnĂ©es utilisateur proprement dites. Les premiers octets de chaque cellule ATM contiennent les rĂ©fĂ©rences du circuit virtuel ATM, ainsi que des informations relatives Ă  l'organisation des donnĂ©es utilisateur au sein d'un groupe de cellules consĂ©cutives. À l'Ă©mission, les donnĂ©es issues de l'Ă©quipement informatique de l'abonnĂ© (paquets IP, messages PPP ou encore trames PPPoE) sont automatiquement fragmentĂ©es en tronçons de 48 octets et rĂ©parties dans autant de cellules ATM que nĂ©cessaire. À la rĂ©ception, les donnĂ©es transportĂ©es par chaque cellule sont extraites, et le message d'origine est automatiquement reconstituĂ© avant d'ĂȘtre dĂ©livrĂ© Ă  l'Ă©quipement destinataire.

Gestion des erreurs de transmission

Les donnĂ©es redondantes transmises au sein de chaque trame ADSL permettent de dĂ©tecter et, dans une certaine mesure, de corriger les erreurs de rĂ©ception[16]. Si l'erreur n'affecte que quelques bits dans la trame ADSL reçue, un mĂ©canisme de correction d'erreur (forward error correction) incorporĂ© au circuit de rĂ©ception est en gĂ©nĂ©ral capable de reconstruire les donnĂ©es abĂźmĂ©es. L'erreur est signalĂ©e dans les statistiques de rĂ©ception sous la forme d'une « erreur FEC ». En revanche, si les donnĂ©es sont trop abĂźmĂ©es pour pouvoir ĂȘtre reconstituĂ©es, l'erreur est signalĂ©e sous la forme d'une « erreur CRC ». Dans certains cas, une erreur affecte l'en-tĂȘte d'une cellule ATM, et cette altĂ©ration est dĂ©tectĂ©e par le rĂ©cepteur, qui la signale sous la forme d'une « erreur HEC ». Enfin, si le taux d'erreur est suffisamment grand, la structure de la trame ADSL elle-mĂȘme peut ĂȘtre affectĂ©e au point que plus aucune donnĂ©e reçue n'est utilisable. On constate alors une perte de tramage (« erreur LOF ») qui peut aller jusqu'Ă  la perte totale de synchronisation (« erreur LOS »). En prĂ©sence de ce type d'erreur, le modem ADSL rĂ©agit le plus souvent en interrompant la communication et en entamant une nouvelle procĂ©dure de synchronisation depuis le dĂ©but. C'est le phĂ©nomĂšne connu sous le nom de « dĂ©synchronisation » par les internautes.

Le protocole ATM ne supporte pas nativement de systÚme de correction des erreurs. Quand se produit une erreur suffisamment sévÚre pour que le dispositif de correction d'erreur natif de l'ADSL (FEC) ne puisse pas la corriger, les cellules ATM affectées par l'erreur sont supprimées en réception. Il manque donc un segment dans les données utilisateur reçues par le destinataire. En général, une couche de protocole de niveau supérieur (TCP par exemple) fait le nécessaire pour demander la retransmission de ce segment manquant.

Redistribution des bits entre sous-porteuses (bitswap)

Les modems ADSL maintiennent en permanence des statistiques sur la qualitĂ© de rĂ©ception, qui est mesurĂ©e sur chaque sous-porteuse[21]. Cette Ă©valuation est faite au dĂ©marrage de la communication ADSL (phase de synchronisation) par l'intermĂ©diaire de donnĂ©es de test Ă©mises sur chaque sous-porteuse et par l'Ă©change d'informations entre les deux modems sur la qualitĂ© du signal reçu. Par la suite, les variations du rapport signal-sur-bruit de chaque sous-porteuse, reprĂ©sentatives de la qualitĂ© de rĂ©ception, sont surveillĂ©es individuellement. Lorsqu'une sous-porteuse est affectĂ©e par des perturbations, le modem et l'Ă©quipement distant ont la possibilitĂ© d'Ă©changer des requĂȘtes qui leur permettent d'augmenter la puissance d'Ă©mission dĂ©volue Ă  cette sous-porteuse ou de rĂ©duire le nombre de bits transmis sur celle-ci, et de transfĂ©rer la diffĂ©rence sur une sous-porteuse qui bĂ©nĂ©ficie de meilleures conditions de rĂ©ception. Ce mĂ©canisme est connu sous le nom de bitswap en anglais, et fonctionne de maniĂšre indĂ©pendante dans le sens montant et dans le sens descendant[22].

Latence de transmission

Le temps de latence constaté en réception dépend du mode de transport des cellules ATM au sein des trames ADSL. Il existe deux modes de transport qui affectent différemment les données[23] :

  • le mode « fast path » dans lequel les bits sont transmis sur la base d'un ordre « premier entrĂ©, premier sorti »[24]. Dans ce mode, la latence est minimum, mais une Ă©ventuelle perturbation du signal abĂźmera en gĂ©nĂ©ral un grand nombre de bits adjacents d'une mĂȘme cellule ATM, ce qui rend l'information impossible Ă  reconstituer par le mĂ©canisme de FEC. Il est donc frĂ©quent de ne pas utiliser du tout la correction d'erreurs FEC en mode fast path ;
  • le mode « interleaved », dans lequel le modem envoie le premier bit de l'octet a, suivi du premier bit de l'octet b, etc., jusqu'au premier bit de l'octet k, suivi du second bit de l'octet a, du second bit de l'octet b, etc. jusqu'au dernier bit de l'octet k-1 et au dernier bit de l'octet k[25]. Dans ce mode, lorsqu'une perturbation se produit, elle affecte en gĂ©nĂ©ral un seul bit par octet, mĂȘme si cela se produit dans un grand nombre d'octets. Dans ces circonstances, le mĂ©canisme de FEC est en gĂ©nĂ©ral capable de reconstruire l'information affectĂ©e par la perturbation. En contrepartie, la latence du mode interleaved est plus grande que celle du mode fast path, puisque le rĂ©cepteur doit attendre d'avoir reçu 'k' octets avant de pouvoir dĂ©livrer l'octet 'a', puis l'octet 'b', etc.

Les utilisateurs qui ont besoin d'un temps de latence faible (joueurs en ligne, par exemple) exploitent donc le mode de transmission fast path quand l'opĂ©rateur le propose, tandis que les utilisateurs qui recherchent une bonne fiabilitĂ© de transmission prĂ©fĂšrent le mode interleaved. En mode fast path, le temps de latence typique est de l'ordre de ms, alors qu'il se rapproche plutĂŽt des 30 ms en mode interleaved.

Estimation du débit maximal réel en fonction de la longueur de la ligne

Comme illustré par le tableau d'exemples ci-dessous, le débit maximal dans le sens descendant dépend du mode de modulation utilisé (ADSL1 / ADSL2 / ADSL2+) et de l'atténuation totale subie par les signaux durant leur trajet sur la ligne de l'abonné. Cette atténuation totale dépend de la longueur et du diamÚtre de chaque tronçon de la ligne.

Exemples de valeurs d'atténuation et de débits en fonction de la longueur de la ligne[26] :

Longueur totale (m)Longueur (m) en
diamĂštre 4/10 mm
Longueur (m) en
diamĂštre 6/10 mm
Atténuation (dB)Débit (Mbit/s)
en mode
ADSL1 ou ADSL2
DĂ©bit (Mbit/s)
en mode
ADSL2+
1701704,18,019,4
4584588,48,018,7
73073012,58,018,2
103869834015,58,016,6
1301115814320,37,314,2
2430679175129,76,011,3
2540254039,65,77,4
39091240266947,64,25,4
5004500453.03,14,3
5755575560,82,03,0

En fonction de la distance, on constate que l'ADSL2+ procure des dĂ©bits 1,5 Ă  2,5 fois plus importants que l'ADSL1 et l'ADSL2. Ce ratio doit toutefois ĂȘtre considĂ©rĂ© avec prudence, car il ne tient pas compte d'une Ă©ventuelle utilisation du tramage « S = 1/2 » qui permettrait de dĂ©passer les Mbit/s en ADSL1 ou en ADSL2 dans les exemples les plus favorables citĂ©s dans le tableau.

Le signal est beaucoup plus attĂ©nuĂ© par les cĂąbles de diamĂštre 4⁄10 mm (environ 15 dB/km) que par ceux de 6⁄10 mm (environ 10,5 dB/km).

Pour fournir des services à haut débit sur de longues lignes ADSL, plusieurs opérateurs ont commencé à avoir recours aux réseaux d'accÚs hybrides qui combinent l'ADSL avec un réseau mobile tel que la 4G pour fournir des services d'accÚs Internet à haut débit en zones rurales.

ProblĂšmes de transmission

L'ADSL peut parfois se rĂ©vĂ©ler dĂ©licat Ă  mettre en Ɠuvre sur certaines lignes d'abonnĂ©. La bande de frĂ©quences utilisĂ©e par les sous-porteuses de l'ADSL couvre en effet Ă  peu prĂšs le domaine des frĂ©quences radio correspondant aux « grandes ondes » et aux « ondes moyennes ». De nos jours, ces bandes de frĂ©quences sont encore utilisĂ©es pour des Ă©missions rĂ©alisĂ©es en modulation d'amplitude, lesquelles souffrent en gĂ©nĂ©ral d'une rĂ©ception de moins bonne qualitĂ© que celles rĂ©alisĂ©es en modulation de frĂ©quence, avec des variations de signal parfois importantes, des craquements et sifflements qui rĂ©sultent des perturbations extĂ©rieures. De ce point de vue, une communication ADSL peut ĂȘtre assimilĂ©e Ă  une « transmission radio AM sur ligne tĂ©lĂ©phonique » et elle est donc sujette aux mĂȘmes distorsions et perturbations.

En fonction du trajet emprunté par une ligne d'abonné entre le domicile et l'autocommutateur public, il n'est pas rare que des perturbations ponctuelles ou permanentes affectent les signaux ADSL. Si elles sont d'une nature continue, ces perturbations sont détectées et évaluées par les équipements ADSL au moment de la synchronisation, et les sous-porteuses correspondantes sont délaissées au profit de sous-porteuses plus fiables.

Mais les perturbations les plus gĂȘnantes pour les communications ADSL sont celles que l'on classe dans la catĂ©gorie du « bruit impulsionnel », car elles sont trop rapides pour ĂȘtre prises en compte efficacement par le dispositif de redistribution des donnĂ©es entre les sous-porteuses. Ce type de perturbation rĂ©sulte en gĂ©nĂ©ral d'un dĂ©faut d'antiparasitage d'un dispositif Ă©lectrique : moteur de deux-roues, moteur Ă©lectrique de lave-linge, pompe de chaudiĂšre, gradateur de lampe halogĂšne, four Ă  micro-ondes, nĂ©on dĂ©fectueux
 Mais il existe parfois des causes plus inattendues : une pluie d'orage sur une ligne tĂ©lĂ©phonique aĂ©rienne entraĂźne Ă©galement ce type de perturbation du fait de la charge Ă©lectrique accumulĂ©e par les gouttes de pluie. D'autres perturbations peuvent ĂȘtre provoquĂ©es par une ligne tĂ©lĂ©phonique adjacente qui fonctionne dans des conditions anormales, par un mauvais fonctionnement de l'Ă©clairage public des rues, ou encore par un filtre dĂ©fectueux au niveau de l'armoire de brassage situĂ©e dans le bĂątiment de l'autocommutateur public. Ces perturbations peuvent affecter la communication en tout point du trajet physique de la ligne d'abonnĂ©, et ĂȘtre suffisamment gĂȘnantes pour entraĂźner des pertes de synchronisations rĂ©pĂ©tĂ©es, suivies d'autant de tentatives de rĂ©tablissement de la connexion. Dans de telles conditions, la communication devient rapidement inexploitable.

Ces phénomÚnes trÚs complexes, heureusement rares, sont souvent mal perçus par les abonnés, qui ne comprennent pas que leur fournisseur d'accÚs ne soit pas toujours en mesure de faire le nécessaire pour que leur abonnement ADSL fonctionne de maniÚre satisfaisante. De ce point de vue, pour un faible pourcentage d'abonnés, l'ADSL reste une technologie dont la fiabilité est aléatoire, contrairement aux offres d'abonnement basées sur une transmission optique (FTTH) car cette technologie est beaucoup moins sensible aux perturbations électromagnétiques.

Applications de l'ADSL

L'ADSL est en gĂ©nĂ©ral associĂ© Ă  la notion d'accĂšs Internet Ă  haut dĂ©bit. Toutefois, l'ADSL permet de transporter bien d'autres flux que le protocole TCP/IP. Il existe notamment des spĂ©cifications de transport de la tĂ©lĂ©phonie ou de la vidĂ©o, segmentĂ©es en cellules ATM, directement dans l'ADSL. Dans la pratique, les services de tĂ©lĂ©phonie sur ADSL ou de diffusion de programmes de tĂ©lĂ©vision via l'ADSL s'appuient tous sur une encapsulation des flux dans le protocole IP (parfois avec utilisation d'un circuit virtuel ATM consacrĂ© Ă  chaque flux, pour des raisons de sĂ©paration et de qualitĂ© de service). La tĂ©lĂ©vision sur ADSL, Ă  prĂ©sent trĂšs rĂ©pandue, est donc de la vidĂ©o sur IP. De la mĂȘme maniĂšre, les offres de tĂ©lĂ©phonie sur ADSL proposĂ©es par les opĂ©rateurs sont implĂ©mentĂ©es par des protocoles de VoIP.

En dehors des particuliers, ces services intéressent également les entreprises, pour lesquels l'ADSL peut servir d'accÚs à un service de réseau privé virtuel (VPN) proposé par l'opérateur.

Offres commerciales

Les dĂ©bits proposĂ©s par les fournisseurs d'accĂšs Ă  Internet sont en gĂ©nĂ©ral exprimĂ©s en dĂ©bits ATM. On a vu que les donnĂ©es utilisateur proprement dites sont transportĂ©es Ă  raison de 48 octets par cellule ATM, et que chaque cellule comporte un en-tĂȘte de octets. Il rĂ©sulte de cette encapsulation que le dĂ©bit constatĂ© au niveau IP lors d'un transfert FTP, par exemple, est infĂ©rieur d'environ 20 % Ă  la valeur de dĂ©bit de l'abonnement.

Voici quelques valeurs de débit ATM pour les offres commerciales ADSL destinées au grand public en 2004 :

En Belgique, le dĂ©bit montant se situe entre 128 kbit/s et Mbit/s, le dĂ©bit descendant entre 1 et 24 Mbit/s. Ces dĂ©bits varient en fonction de l'offre, certains opĂ©rateurs proposant une version Ă  Mbit/s pour environ 25 â‚Ź/mois et un dĂ©bit plus Ă©levĂ© moyennant finances. Dans la grande majoritĂ© des offres, le volume utilisable par mois est limitĂ© (de 250 Mo/mois pour les offres les moins chĂšres Ă  10, 30 voire 60 Go/mois en moyenne pour les offres plus Ă©levĂ©es). Cette limitation freine le dĂ©ploiement des usages massivement consommateurs de bande passante, comme le pair-Ă -pair, la vidĂ©o Ă  la demande[27]


En France, le dĂ©bit montant est typiquement compris entre 128 kbit/s et Mbit/s, le dĂ©bit descendant peut atteindre 22 Mbit/s (IP) sur de courtes distances du central (pour ADSL2+) Pour l'ADSL le dĂ©bit va jusqu'Ă  Mb/s et l'ADSL2 jusqu'Ă  Mbit/s. Les lignes d'environ plus de 4,5 km ne sont pas Ă©ligibles Ă  l'ADSL2+[28]. Le ReADSL pour les lignes compris entre 5 et 8 km permet d'avoir un dĂ©bit entre Mb/s et 128 kb/s. En , le dĂ©bit moyen en France est de 7,5 Mb/s selon le site Ariase, Le volume n'est pas facturĂ© (ni mĂȘme souvent les supplĂ©ments de dĂ©bit utilisable sur la ligne au-delĂ  de Mbit/s), l'utilisateur dispose alors d'une connexion permanente forfaitaire pour 15 Ă  30 â‚Ź/mois (toutefois les dĂ©bits et tarifs dĂ©pendent aussi de la prĂ©sence d'offres de services combinĂ©s, dites multiplay, pouvant comprendre aussi la tĂ©lĂ©phonie sur IP, la visiophonie, l'accĂšs aux bouquets TV numĂ©riques et vidĂ©o Ă  la demande, le relais de tĂ©lĂ©phonie mobile Ă  domicile, la tĂ©lĂ©surveillance, etc.). Pratiquement tous les FAI (Fournisseur d'accĂšs Ă  Internet) proposent un modem-routeur gratuit ou en location Ă  prix modique (infĂ©rieur Ă  €/mois) compatible avec l'offre multiplay (l'utilisation de ce modem est parfois obligatoire pour certains services comme la tĂ©lĂ©phonie ou la tĂ©lĂ©vision), et permettant le partage de connexion Internet sur un rĂ©seau local Ethernet et/ou Wi-Fi.

En Suisse, le dĂ©bit montant varie actuellement entre 100 et 1 000 kbit/s, alors que le dĂ©bit descendant se situe entre Mbit/s et 15 Mbit/s. Les offres les plus courantes proposent un dĂ©bit 5 000/500 pour une somme forfaitaire d'environ 49,00 CHF/mois. De nouvelles offres Ă  CHF 9,00 par mois proposent un dĂ©bit descendant de 300 kbit/s comprenant ou une taxation horaire fixĂ©e Ă  CHF 2,40 de l'heure, ou une taxation (au-delĂ  des premiers 20 Mo) liĂ©e au volume consommĂ© qui est de CHF 0,19 le Mo, les deux modĂšles d'offre ayant une limite maximale de facturation situĂ©e entre CHF 60,00 et 80,00. La clientĂšle visĂ©e par ces derniĂšres offres se constitue des abonnĂ©s 56k. RĂ©cemment avec le dĂ©groupage, certains FAI commencent Ă  offrir des technologies concurrentes, par exemple VTX propose de l'ADSL2 et Swisscom, Green.ch eux offrent du VDSL.

Au Japon, l'ADSL peut atteindre des dĂ©bits descendants de 40 Mbit/s Ă  la source et un dĂ©bit supĂ©rieur Ă  25 Mbit/s Ă  km de distance (pour environ 33 â‚Ź/mois). Le dĂ©bit montant est typiquement de Mbit/s constant jusqu'Ă  environ km de distance.

La barre des 100 Mbit/s sur cuivre pourrait ĂȘtre atteinte avec la mise en Ɠuvre de la technologie Dynamic Spectrum Management (DSM).

Au Cameroun, en 2009, Orange Cameroun commercialise des offres ADSL Ă  des tarifs dĂ©gressifs : 128K descendants/64K montants au tarif de 25 000 francs CFA mensuel (environ 38 euros) ; 512 K descendants/128 K montants pour 75 000 francs CFA mensuel (environ 118 euros)[29].

Notes et références

  1. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 4
  2. Journal Officiel du .
  3. Le pÚre de l'ADSL, Joseph Lechleider, est mort, sur lefigaro.fr du 4 mai 2015, consulté le 16 juillet 2018
  4. cf. Decision ART 99-582 sur le site de l'actuelle ARCEP - Lire en ligne
  5. Fibre optique : presque 1 million d'abonnés FTTH - Moins d'abonnements haut débit sur le trimestre, zdnet.fr, le 6 mars 2015
  6. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 1
  7. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 7.11.1
  8. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 7.11.1.4
  9. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 7.11.1.1
  10. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre A.1.1
  11. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre A
  12. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre B
  13. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 7.4.1.1
  14. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 7.8.1
  15. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 10.1.1
  16. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 7.6
  17. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 7.6.4
  18. Transmission Capacity of Local Copper Cables, ktu.lt.
  19. cf. UIT-T / Recommandation G.992.5
  20. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 6.2
  21. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 9.3.1
  22. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 11.2
  23. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 5.1.2
  24. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 7.4.1.2.1
  25. cf. UIT-T / Recommandation G.992.1 (06/99), chapitre 7.4.1.2.2
  26. Base de données du site Ariase, interrogée en novembre 2009, « débit réel maximum estimé que peuvent supporter en réception les lignes de cuivre ».
  27. Source : une émission de mai 2007 sur la télévision belge à propos de Joost.
  28. Tout savoir sur l'ADSL, l'ADSL2+ et le RE-ADSL, sur generation-nt.com
  29. page non trouvée le 16 juillet 2018

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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