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Élection primaire en France

Une élection primaire est une élection qui permet la désignation du candidat d'un parti politique à une élection.

En France, les partis politiques désignent le plus souvent leurs candidats par une désignation interne, ouverte aux seuls adhérents (parfois appelé « primaire fermée »). La première élection primaire ouverte à l'ensemble des électeurs inscrits sur les listes électorales est la primaire présidentielle socialiste de 2011.

Historique

Première réalisation et projets à droite

En vue de l'élection présidentielle de 1965, la Convention nationale libérale, qui regroupe aussi bien des modérés du Parti libéral européen (PLE) que des poujadistes et des proches de Jean-Louis Tixier-Vignancour, procède à un vote pour choisir son candidat. Le sénateur de la Charente Pierre Marcilhacy l'emporte par 310 suffrages contre 167 à Tixier-Vignancour[1] - [2].

En 1990, Charles Pasqua est le premier à envisager l'introduction d'une primaire pour un grand parti politique français afin de départager Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing pour être le candidat de la droite et du centre en vue de l'élection présidentielle de 1995[3]. Le souvenir de l'échec au scrutin de 1988, en partie en raison des candidatures simultanées de Jacques Chirac et de Raymond Barre, a également pesé[4]. Dans cette optique, il prépare une proposition de loi, qui est finalement abandonnée[5].

Concrétisations au Parti socialiste

Le , le Parti socialiste (PS) organise pour la première fois un scrutin de désignation interne qui désigne Lionel Jospin comme son candidat à l'élection présidentielle, avec comme concurrent Henri Emmanuelli[6]. En 2001, une primaire réunit le PS et le Parti radical de gauche (PRG)[7]. Des désignations internes sont organisés également pour l'élection présidentielle de 2007 au PS et à l'UMP, bien qu'il n'y ait qu'un seul candidat dans ce parti.

Pérennisation du phénomène

Les Verts organisent des scrutins internes pour désigner leurs candidats aux élections présidentielles de 2002 et 2007. Le Parti communiste consulte ses adhérents pour les élections présidentielles de 2002, 2007 et 2012.

En 2006, Roger-Gérard Schwartzenberg[8] à l'Assemblée nationale et Jean-Michel Baylet[9] au Sénat, tous deux parlementaires du PRG, déposent des propositions de loi sur l'organisation de primaires en .

La première Ă©lection primaire ouverte Ă  l'ensemble des Ă©lecteurs inscrits sur les listes Ă©lectorales est organisĂ©e par le Parti socialiste et le Parti radical de gauche en 2011 en vue de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2012. 2,8 millions de personnes participent au second tour du scrutin, qui voit François Hollande ĂŞtre dĂ©signĂ©. La mĂŞme annĂ©e, Europe Écologie Les Verts organise un scrutin ouvert Ă  ses adhĂ©rents et membres de sa « coopĂ©rative »

De nouvelles primaires ouvertes afin de désigner des têtes de liste aux élections municipales de 2014, organisées par l'UMP à Paris et Lyon et le Parti socialiste à Aix-en-Provence, Béziers, Boulogne-Billancourt, Le Havre, Marseille et La Rochelle. Remarquons qu'aucun candidat désigné de cette manière n'a remporté la mairie.

Pour l'élection présidentielle de 2017, Europe Écologie Les Verts a désigné les et son candidat, Yannick Jadot, lors d'une primaire. Le parti Les Républicains a désigné François Fillon lors de la primaire de la droite et du centre les et [10]. Le Parti socialiste a désigné Benoît Hamon lors de la primaire citoyenne les 22 et .

Primaires « ouvertes »

Parallèlement aux primaires organisĂ©es par les partis, l'Ă©lection prĂ©sidentielle française de 2017 a vu l'Ă©closion de plusieurs initiatives d'organisation de primaires dites citoyennes, en vue de prĂ©senter des candidatures en dehors du filtre des partis politiques, partis que 44 % des Français jugeraient inutiles selon une Ă©tude en de l'institut de sondage Harris interactiv[11]. Ces initiatives, au nombre de trois, et au statut plus ou moins avancĂ©, se nomment LaPrimaire.org (lancĂ©e par deux entrepreneurs en ), La Vraie Primaire (lancĂ©e dĂ©but 2016) et La Primaire des Français (lancĂ©e le par un regroupement de plusieurs mouvements citoyens : Bleu-Blanc-Zèbres, Cap21, GĂ©nĂ©ration citoyens, Nous Citoyens, le Pacte civique et la Transition) , et proposent des modalitĂ©s d'« Ă©ligibilitĂ© Â» diffĂ©rentes[11]. LaPrimaire.org est la seule des trois initiatives Ă  finalement avoir Ă©tĂ© mise en place (le site de La Vraie Primaire a Ă©tĂ© mis hors ligne en et il n'y a aucune nouvelle du cĂ´tĂ© de La Primaire des Français).

Début 2022, en vue de la présidentielle de 2022, la Primaire populaire utilise quant à elle un vote à un seul tour par une méthode alternative réputée plus démocratique - car recourant à l'évaluation - appelée Jugement majoritaire (qui a la particularité d'utiliser des mentions plutôt que des chiffres). La Primaire populaire se distingue également en intégrant aussi bien des candidats déclarés à l'élection présidentielles (soutenus ou non par un parti politique), des candidats pressentis , des candidats qui se sont déclarés spécifiquement via la Primaire populaire, des candidats se présentant d'abord à une autre primaire (telle la primaire écologiste), que des personnalités proposées directement par les citoyens sur la plateforme.

Liste

Liste des primaires organisées en France
Élection Organisé par Nom de la primaire Ouverte / Fermée Participation Candidat désigné Résultat à l'élection
PrĂ©sidentielle 1995 PS Primaire prĂ©sidentielle socialiste française de 1995 FermĂ©e 79 345 (tour unique) Lionel Jospin DĂ©faite au second tour
PrĂ©sidentielle 2002 Les Verts Primaire prĂ©sidentielle Ă©cologiste française de 2001 FermĂ©e 6 182 (premier tour)
6 593 (second tour)
Alain Lipietz Remplacé par Noël Mamère
PrĂ©sidentielle 2002 PCF Consultation interne au Parti communiste français pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2002 FermĂ©e 63 941 (tour unique) Robert Hue DĂ©faite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2007 PS Primaire prĂ©sidentielle socialiste française de 2006 FermĂ©e 179 412 (tour unique) SĂ©golène Royal DĂ©faite au second tour
PrĂ©sidentielle 2007 Les Verts Primaire prĂ©sidentielle Ă©cologiste française de 2006 FermĂ©e 4 917 (premier tour)
5 356 (second tour)
Dominique Voynet DĂ©faite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2007 PCF Consultation interne au Parti communiste français pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2007 FermĂ©e 52 274 (tour unique) Marie-George Buffet DĂ©faite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2007 UMP Primaire prĂ©sidentielle de l'UMP en 2007 FermĂ©e 233 779 (tour unique) Nicolas Sarkozy Élu
PrĂ©sidentielle 2012 PCF Consultation interne au Parti communiste français pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2012 FermĂ©e 48 631 (tour unique) Jean-Luc MĂ©lenchon DĂ©faite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2012 EÉLV Primaire prĂ©sidentielle Ă©cologiste française de 2011 Ouverte (droit d'entrĂ©e 10 €) 25 437 (premier tour)
22 896 (second tour)
Eva Joly DĂ©faite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2012 PS et PRG Primaire citoyenne de 2011 Ouverte (droit d'entrĂ©e 1 €) 2 661 231 (premier tour)
2 860 157 (second tour)
François Hollande Élu
Municipale 2014
Aix-en-Provence
PS - Ouverte 2 821 (premier tour)
2 433 (second tour)
Édouard Baldo Défaite au second tour
Municipale 2014
BĂ©ziers
PS - Ouverte 1 119 (tour unique) Jean-Michel Du Plaa DĂ©faite
Municipale 2014
Boulogne-Billancourt
PS - Ouverte 679[12] (tour unique) Pierre Gaborit DĂ©faite
Municipale 2014
Le Havre
PS - Ouverte 1 472 (tour unique) Camille Galap DĂ©faite
Municipale 2014
Lyon
UMP - Ouverte env. 10 000[13] (second tour) Michel Havard DĂ©faite au second tour
Municipale 2014
Marseille
PS - Ouverte 20 731 (premier tour)
24 037 (second tour)
Patrick Mennucci DĂ©faite au second tour
Municipale 2014
Paris
UMP - Ouverte 23 300[14] (tour unique) Nathalie Kosciusko-Morizet DĂ©faite au second tour
Municipale 2014
La Rochelle
PS - Ouverte 3 656 (tour unique) Anne-Laure JaumouilliĂ© DĂ©faite au second tour
PrĂ©sidentielle 2017 EÉLV Primaire prĂ©sidentielle française de l'Ă©cologie de 2016 Ouverte (droit d'entrĂ©e 5 € pour l'ensemble du scrutin) 12 582 (premier tour)
13 926 (second tour)
Yannick Jadot Se retire en faveur de Benoît Hamon
PrĂ©sidentielle 2017 LR, PCD et CNIP Primaire française de la droite et du centre de 2016 Ouverte (droit d'entrĂ©e 2 € par tour de scrutin) 4 298 097 (premier tour)
4 388 797 (second tour)
François Fillon Défaite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2017 LaPrimaire.org LaPrimaire.org Ouverte (gratuit) 10 676 (premier tour)
32 685 (second tour)
Charlotte Marchandise N'est pas qualifiée
PrĂ©sidentielle 2017 PS, PÉ, PRG et FD Primaire citoyenne de 2017 Ouverte (droit d'entrĂ©e 1 € par tour de scrutin) 1 655 919 (premier tour)
2 046 628 (second tour)
Benoît Hamon Défaite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2022 PCF Consultation interne au Parti communiste français pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2022 FermĂ©e 28 238 (un seul tour)
Fabien Roussel DĂ©faite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2022 PĂ´le Ă©cologiste (dont EÉLV, GĂ©nĂ©ration.s, GĂ©nĂ©ration Ă©cologie, Mouvement des progressistes, Cap Ă©cologie) Primaire prĂ©sidentielle française de l'Ă©cologie de 2021 Ouverte (droit d'entrĂ©e 2 € pour l'ensemble du scrutin) 106 404 (premier tour)
104 772 (second tour)
Yannick Jadot DĂ©faite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2022 PS Primaire prĂ©sidentielle socialiste française de 2021 FermĂ©e 22 150 (tour unique) Anne Hidalgo DĂ©faite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2022 LR Congrès des RĂ©publicains de 2021 FermĂ©e 113 038 (premier tour)
114 765 (second tour)
Valérie Pécresse Défaite au premier tour
PrĂ©sidentielle 2022 Primaire populaire Primaire populaire Ouverte (gratuit) 392 738 (un seul tour au Jugement majoritaire)
Christiane Taubira N'est pas qualifiée
Projets avortés

Organisation

Malgré quelques propositions qui n'ont jamais abouti, aucune loi en France ne réglemente l'organisation de primaires ouvertes à l'ensemble des électeurs. Celles-ci sont donc à la charge des partis, qui doivent récupérer les listes électorales et organiser les bureaux de vote.

Le premier parti Ă  avoir organisĂ© une primaire ouverte est le Parti socialiste, en partenariat avec le Parti radical de gauche, afin de dĂ©signer un candidat pour la prĂ©sidentielle de 2012. Cette première primaire ouverte a eu lieu les et : bien qu'ouverte Ă  tous les Ă©lecteurs inscrits sur les listes Ă©lectorales, chaque votant devait signer une charte d'adhĂ©sion aux valeurs de la gauche et verser un minimum de 1 euro afin de couvrir les frais d'organisation.

Des systèmes similaires ont été retenus pour l'organisation de primaires par le PS et l'UMP en vue des élections municipales de 2014 ainsi que pour la primaire des Républicains et du Parti Socialiste pour l'élection présidentielle de 2017.

Intérêt et critiques

Pour le politologue Pascal Perrineau, « les avantages attendus d'un tel dispositif sont avant tout de dégager un candidat porteur d'une légitimité supérieure à celle des maigres effectifs d'une organisation partisane. L'autre objectif est de créer, dans un contexte de défiance politique, un mouvement d'engagement de citoyens attirés par la nouveauté du processus et capables de s'impliquer dans la bataille électorale. Lors de la primaire socialiste de l'automne 2011, plus de 650 000 électeurs ont laissé leurs coordonnées et ont été ensuite autant de relais dans la campagne électorale du candidat PS. Enfin, la dynamique créée par la primaire ouverte permet de panser les blessures d'affrontements internes en remettant la décision dans les mains du "juge extérieur" que sont les électeurs. Elle est aussi un instrument de renouvellement des générations dans la mesure où elle permet de dégager une relève ». Ainsi, la primaire PS a notamment permis à Arnaud Montebourg d'apparaître comme une valeur montante du parti. Le politologue conclut sur le fait que cette culture des primaires a plus de mal à s'implanter à l'UMP du fait de sa tradition bonapartiste, mais qu'elle s'y est malgré tout convertie, en notant qu'une majorité de sympathisants y est d'ailleurs favorable[3].

Pour le directeur adjoint de l'institut de sondages IFOP Frédéric Dabi, ces primaires renforcent le déclin des partis politiques, et la multiplication des candidatures est, pour les politiciens de l'équipe qui sera gagnante, une façon de se peser pour y obtenir une bonne place[15].

Selon un sondage de , plus de trois quarts des personnes interrogĂ©es Ă©taient favorables « Ă  ce que les partis politiques organisent des primaires ouvertes aux sympathisants de ce parti plutĂ´t qu'un vote ouvert aux seuls adhĂ©rents Â»[3].

L'un des peu nombreux prĂ©sidents de la RĂ©publique française issu des primaires, François Hollande, reste rĂ©servĂ© sur le sujet. Pour lui, la primaire est une procĂ©dure « pas adaptĂ©e Ă  la Ve RĂ©publique Â» et qui reprĂ©sente « un vĂ©ritable Ă©chec pour la Ve RĂ©publique Â»[16].

Lors d'une consultation rĂ©alisĂ©e auprès des adhĂ©rents Les RĂ©publicains après l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2017, 70 % des votants se prononcent contre une nouvelle primaire ouverte[17].

Notes et références

  1. Gérard Vincent, Les Français, 1945-1975 : chronologie et structures d'une société, Paris, Masson, , « 1965 : champ politique ».
  2. Olivier Duhamel, La Gauche et la Ve République, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », , 614 p. (ISBN 978-2130430292, lire en ligne), « L’acceptation présidentialiste ».
  3. Pascal Perrineau, « La culture des primaires s'impose à gauche comme à droite », Le Figaro,‎ , p. 15 (lire en ligne)
  4. Thomas Snégaroff, « Histoires d'info. Et l'inventeur des primaires à la française est.... », sur France Info, (consulté le ).
  5. Éric Treille, « Les primaires ont-elles changé la vie politique en France ? Posez vos questions », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  6. Joseph MacĂ©-Scaron, « Primaire PS : la manip statique de Hollande Â», marianne.net, 24 juin 2016.
  7. Stéphane Alliès, « Primaire à gauche: quatre chantages pour un enterrement », sur Mediapart, (consulté le ).
  8. Proposition de loi relative au financement d'élections primaires en vue de la désignation des candidats à l'élection présidentielle, Assemblée nationale, consulté le 9 février 2015.
  9. Proposition de loi relative à l'organisation d'élections primaires en vue de la désignation des candidats à l'élection présidentielle, Sénat, consulté le 9 février 2015.
  10. « Primaire UMP: ces "dĂ©tails" qui crispent avant le bureau politique de mardi », Huffington Post, Geoffroy Clavel, 2 avril 2015.
  11. Manon Rescan, « Qui se cache derrière les primaires citoyennes ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne).
  12. Laura Fernandez Rodriguez avec AFP, « Primaires ouvertes du PS : le point sur les duels », LibĂ©ration.fr,‎ (lire en ligne)
  13. « Primaires UMP à Lyon : Copé félicite Michel Havard pour sa victoire », Le Parisien.fr,‎ (lire en ligne)
  14. « Primaire UMP à Paris : NKM élue dès le premier tour », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  15. AFP, « Les primaires "citoyennes", une fausse bonne idée », L'Express.fr,‎ (lire en ligne).
  16. « En plein Conseil des ministres, François Hollande fustige le système des primaires », sur lelab.europe1.fr (consulté le ).
  17. « A droite, "Wauquiez voudra tuer la primaire" », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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