Économie de Singapour
L’économie de Singapour est une économie de marché libérale très développée et prospère mais où il y a intervention de l'État, ce qui a joué un rôle non négligeable dans son développement accéléré. Ce modèle économique a même inspiré le modèle actuel chinois[2]. En 2018 selon The Economist, Singapour est considéré comme le meilleur endroit au monde pour les affaires[3]- Le pays est classé 6e au niveau mondial en 2017 pour l'indice de perception de la corruption[4]. Malgré le ralentissement récent de sa croissance (elle était aux alentours de 4-5 % il y a quelques années), Singapour reste toujours un pôle d'attraction majeur ; ainsi en , elle était encore considérée comme la 4e place financière au niveau mondial[5].
Économie de Singapour | |
La Cité-État de Singapour, parfois appelée la "Suisse de l'Asie" | |
Monnaie | Dollar de Singapour (SGD) |
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Année fiscale | 1er avril - 31 mars |
Organisations internationales | OMC, APEC, ASEAN |
Statistiques | |
Produit intérieur brut (parité nominale) | 305,8 milliards de US$ (2017) |
Produit intérieur brut en PPA | 513,7 milliards de US$ (2017) |
Rang pour le PIB en PPA | 41e (2017) |
Croissance du PIB | 2,5 % (2017) |
PIB par habitant en PPA | 90 500 $ (2017) |
PIB par secteur | agriculture : 0 % industrie : 26 % services : 74 % (2017) |
Inflation (IPC) | 0,9 % (2017) |
Pop. sous le seuil de pauvreté | N/A |
Indice de développement humain (IDH) | 0,939 (très élevé ; 12e) (2021)[1] |
Population active | 3,668 millions (2017) |
Population active par secteur | agriculture : 0,96 % industrie : 15,5 % services : 83,5 % (2016) |
Taux de chĂ´mage | 2,2 % (2017) |
Principales industries | Électronique, Produits chimiques, Équipements de forage, Raffinage de pétrole, Caoutchouc et dérivés, Agroalimentaire, Réparation navale, Construction de plateformes pétrolières |
Commerce extérieur | |
Exportations | 396,4 milliards de US$ (2017) |
Biens exportés | machines et matériel dont l'électronique et les télécommunications, produits pharmaceutiques et autres produits chimiques, produits pétroliers raffinés, produits alimentaires et boissons |
Principaux clients | en 2016 : Chine (12,8 %) |
Importations | 309,7 milliards de US$ (2017) |
Biens importés | machines et équipement, combustibles minéraux, produits chimiques, denrées alimentaires, biens de consommation |
Principaux fournisseurs | en 2016 : Chine (14,3 %) |
Finances publiques | |
Dette publique | 114,6 % du PIB (2017) |
Dette extérieure | 482,8 milliards de US$ (2017) |
Recettes publiques | 53,4 milliards de US$ (2017) |
DĂ©penses publiques | 56,49 milliards de US$ (2017) |
DĂ©ficit public | 1 % du PIB |
Singapour est en 2018 l'un des pays les plus inégalitaires d'Asie, et les inégalités continuent de s’accroître[6]. L'économie de Singapour repose en partie sur le travail de centaines de milliers d’ouvriers étrangers[7].
Histoire Ă©conomique
La croissance du PIB y est très forte depuis son indépendance en 1965 : environ 9 % par an en moyenne. Alors que cette cité-État était alors une nation pauvre du tiers-monde, elle a dépassé la France en termes de PIB par habitant juste avant la fin du XXe siècle. Les principales sources de devises du pays proviennent essentiellement des exportations. Totalement dépourvu de ressources naturelles et agricoles, Singapour est redevenu, en 2008, le premier port du monde, devant le port de Shanghai, la deuxième place financière d'Asie (après le Japon), et le 3e raffineur du monde[8].
La fortune de Singapour s'est bâtie d'abord sur le commerce d'entrepôts. Dès la période coloniale, sa situation géographique à l'embouchure du détroit de Malacca a conféré au port de Singapour un rôle incontournable de plate-forme commerciale de redistribution entre l’empire des Indes et l’Extrême-Orient. Pendant l'entre-deux guerres, Singapour est le centre d'exportation de l’étain et du caoutchouc de Malaisie. Les années 1950 demeurent dominées par le commerce et les activités liées à la base navale de la Royal Navy qui, jusqu'à son évacuation en 1971, concourt à plus de 20 % du PIB.
Depuis l'indépendance, la cité-État a connu une réussite économique spectaculaire (la croissance aura été de 9 % par an en moyenne) sous la férule d'un État « développeur », directement impliqué dans la gestion de grands groupes industriels et commerciaux (les Government Linked Companies, ou GLC) notamment par le biais des fonds souverains Government of Singapore Investment Corporation (GIC) et Temasek Holdings qui lui permit d'être considéré comme un des quatre dragons asiatiques.
Le PIB par habitant, qui était en 1965 inférieur à celui des Philippines, est désormais supérieur à celui de la France.
L'État a d'abord donné la priorité aux industries à forte utilisation de main-d'œuvre et a favorisé les investissements étrangers, afin de résorber les problèmes sociaux liés au chômage. La première usine de semi-conducteurs s'installe en 1967, marquant le début de l'expansion de l'industrie électrique et électronique.
En 1967, elle devient un des cinq membres fondateurs de l'association des nations de l'Asie du Sud-Est, une zone de libre-échange qui prend de plus en plus d'importance au fil des années.
À partir de la fin des années 1970, la politique industrielle est orientée vers des productions à haute valeur ajoutée et forte intensité capitalistique, comme le raffinage. En 1980 est installée la première unité de production de disques durs informatiques, dont Singapour devient le premier producteur mondial. L'activité des services bancaires et financiers, qui représentent 25 % du PIB, est encouragée, afin de faire de Singapour le point d'ancrage des investissements étrangers en Asie du sud-est, et le prestataire de services financiers de la région.
À partir des années 1990, face à la concurrence croissante de la Chine, les autorités donnent la priorité aux industries pharmaceutiques, aux services, aux technologies de l'information et de la communication, à la recherche et au développement. Singapour cherche aussi à diminuer ses coûts de production par le développement de solidarités avec ses voisins, illustré par la création en 1989 du « triangle de croissance » Singapour - Johore (Malaisie) - Riau (Indonésie). Mais à la fin des années 1990, certaines entreprises internationales commencent à quitter Singapour, qui devient moins compétitif, incitant les autorités à prendre des mesures de réduction des coûts salariaux et des taxes sur les entreprises à l'occasion de la crise asiatique de 1997.
Aujourd'hui, en dehors du commerce et de la finance, l’électronique (53 % de la valeur ajoutée), les industries pétrolière (17 % de la valeur ajoutée) et chimique (8 % de la valeur ajoutée) dominent l'économie. Le commerce extérieur, qui représente 3 fois le PIB, est soutenu par des infrastructures de qualité : l'aéroport de Singapour Changi ultra moderne, son port qui était le premier mondial en termes de trafic de conteneurs avant d'être dépassé par Shanghai dans les années 2000[9], des moyens de communication performants et bon marché. Une industrie de l'armement s'est développée depuis les années 1990 ; elle conçoit du matériel moderne (blindés légers, armes individuelles et collectives) pour les forces nationales et a un petit succès à l'exportation.
L'île-État est très ouverte aux investissements directs étrangers (IDE). Elle est la 3e destination des IDE en Asie, après la république populaire de Chine et la Corée du Sud. Près de 80 % des investissements dans l'industrie manufacturière en 2000 provenaient de l'étranger, dont la moitié des États-Unis.
Les investissements singapouriens à l'étranger se réorientent en dehors de l'Asie depuis la crise économique asiatique de 1997, avant celle-ci, Singapour investissait en priorité sur ce continent, principalement par le biais de consortiums d'entreprises et la création de parcs industriels.
À la suite de la crise économique de 2008-2010, son PIB s'est contracté de 1,3 % en 2009. Néanmoins, il a connu l'année suivante une croissance record de 14,7 %, depuis la croissance se maintient à des niveaux proches de 3 % et 4 %[10].
Politique fiscale
Singapour applique des taux d'imposition très bas avec 20 % pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, 18 % sur les bénéfices des sociétés et aucun impôt sur les plus-values. La taxe sur la valeur ajoutée est de 7 %.
Le budget de l'État représente, en 2006, 15 % du PIB. La dette publique représente environ actuellement plus de 100 % du PIB, mais la dette publique extérieure est nulle. En 2016, la dette par habitant de Singapour est la troisième plus élevée au monde[11].
Principaux indicateurs économiques 2006 (et 2004 quand indiqué)
- Monnaie : Dollar de Singapour (SGD)
- Taux de change : 1 USD = 1,3056 SGD, 1 EUR = 1,6224 SGD (25/01/2018)[12] - [13]
- PIB : 208,77 milliards USD (2010)
- PIB/hab : 31 400 $ US
- Taux de croissance du PIB réel : 7,9 %
- Balance courante : 44,8 G$ US
- Inflation : 1 %
- Taux de chĂ´mage total : 3,1 %
- Dette extérieure (brute) : 187,7 G$ US (3e trimestre 2004)
- Dette publique : 24,3 G$ US
- RĂ©serves en devises : 96,3 G$ US (112,8 G$ US fin 2004)
Commerce international
Le commerce international est vital pour Singapour. Elle a signé depuis l'an 2000 des accords de libre-échange pour abaisser ou abolir les droits de douane avec de nombreux pays au niveau bilatéral et multilatéral[15].
Accords de libre-Ă©change et douaniers
Partenaire | Accord | Abréviation | Conclusion | Signature | Effectif |
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Nouvelle-ZĂ©lande | Agreement between New Zealand and Singapore on a Closer Economic Partnership | ANZSCEP | |||
Association européenne de libre-échange | Agreement between the EFTA States and Singapore | EFTA-Singapore FTA | |||
Japon | Agreement between Japan and the Republic of Singapore for a New-Age Economic Partnership | JSEPA | |||
Australie | Singapore-Australia Free Trade Agreement | SAFTA | November 2002 | ||
États-Unis | United States-Singapore Free Trade Agreement | USSFTA | |||
Jordanie | Singapore Jordan Free Trade Agreement | SJFTA | . | ||
Inde | India-Singapore Comprehensive Economic Cooperation Agreement | CECA | |||
Brunei | Trans-Pacific Strategic Economic Partnership Agreement | Trans-Pacific SEP | |||
Chili | |||||
Nouvelle-ZĂ©lande | |||||
Inde | India - Singapore Comprehensive Economic Cooperation Agreement | India-Singapore CECA | |||
Corée du Sud | Korea-Singapore Free Trade Agreement | KSFTA | |||
Panama | Panama-Singapore Free Trade Agreement | PSFTA | |||
PĂ©rou | Peru-Singapore Free Trade Agreement | PesFTA | |||
RĂ©publique populaire de Chine | China-Singapore Free Trade Agreement | CSFTA |
Principaux postes du commerce extérieur
En 2004, les importations représentent 164 milliards de dollars US et les exportations 180 milliards soit une balance excédentaire de 16 milliards.
- Exportations (en % des exportations totales) :
- RĂ©exportations : 45,1 %
- Produits pétroliers réexportés : 1,1 %
- Exportations domestiques : 54,9 %
- Produits pétroliers : 11,1 %
- Produits chimiques, médicaux et pharmaceutiques : 9,5 %
- Équipements de bureaux : 10,7 %
- Équipements électriques et générateurs : 10,9 %
- Importations (en % des importations totales) :
- Produits pétroliers : 15 %
- Équipements électriques : 27,8 %
- Équipements de bureaux : 9,6 %
- Équipements de télécommunication : 6,7 %
Marché de l'emploi
Il n'existe pas de salaire minimum Ă Singapour[16].
Références
- (en) « Human Development Reports | Specific country data | SGP » [« Rapports sur le développement humain | Données spécifiques par pays | SGP »], sur hdr.undp.org, Programme des Nations unies pour le développement, (consulté le ).
- « Journal économique et financier », sur La Tribune (consulté le ).
- http://na-abk.marketo.com/rs/eiu2/images/BER_2014.pdf?mkt_tok=3RkMMJWWfF9wsRogsqrBZKXonjHpfsX67eosWKexlMI%2F0ER3fOvrPUfGjI4ES8pmI%2BSLDwEYGJlv6SgFTbjGMbht2bgMUhU%3D
- (en) « Singapore », sur Transparency.org (consulté le ).
- Damien Choppin, « Voici les 22 places financières les plus puissantes du monde », sur businessinsider.fr, Business Insider France, (consulté le ).
- « Accueil », sur Missions Étrangères de Paris (consulté le ).
- A Singapour, l’épidémie de Covid-19 révèle la précarité des travailleurs migrants, Le Monde, 23 avril 2020
- American Association of Ports Authorities http://aapa-ports.org/Industry/content.cfm?ItemNumber=900
- (en) Review of Maritime Transport 2014, Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, , 118 p. (lire en ligne), p. 67
- « Croissance record à Singapour », sur lesechos.fr (consulté le )
- BFM BUSINESS, « Ces pays où la dette par habitant est la plus élevée », BFM BUSINESS,‎ (lire en ligne)
- (en) « Euro foreign exchange reference rates », sur European Central Bank (consulté le ).
- (en) « The Fed - Foreign Exchange Rates », sur federalreserve.gov (consulté le ).
- (en) Port Operator Buys a Stake in Big Rival
- (en) Welcome to Singapore FTA Network
- « Un Bangladais raconte la dure vie des ouvriers venus bâtir Singapour » , sur nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).