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Welthauptstadt Germania

Welthauptstadt Germania (« Capitale mondiale Germania Â») Ă©tait le projet hitlĂ©rien de construction d'une capitale monumentale pour le Troisième Reich en lieu et place de Berlin. InspirĂ©e par ce qui pouvait exister dans d'autres capitales mais Ă  des dimensions nettement plus grandes et conçue par Albert Speer, elle devait ĂŞtre construite une fois que l'Allemagne aurait remportĂ© la Seconde Guerre mondiale.

Maquette d'ensemble de Germania datant de 1939 et conservée depuis au Deutsches Bundesarchiv. On aperçoit au premier plan la gare du Sud, et en perspective l'arc de Triomphe, la grande avenue et le Grand Dôme ou halle du Peuple.

Nom

Le nom réel du projet et à ce titre utilisé par ceux qui ont participé à son élaboration était : Gesamtbauplan für die Reichshauptstadt (Plan d'ensemble de construction pour la capitale du Reich).

L'idée de donner à Berlin le nom de Germania apparaît dans un propos de table du relevé par Henry Picker : Hitler souhaitant réunir les peuples germaniques au sein du Reich, il exprima le désir de donner à la capitale et centre de gravité de ce nouvel ensemble germanique le nom de Germania[1].

Quant à l'expression Welthauptstadt (capitale du monde ou capitale mondiale), elle apparaît dans des propos tenus par Hitler dans la nuit du 11 au dans lesquels il expliqua que Berlin, dans le futur, ne pourrait être comparé qu'aux cités de l'Ancienne Égypte, à Babylone ou à Rome, et non à Londres et Paris, mais cette formule n'y est pas associée à Germania[2].

But du projet

Adolf Hitler était convaincu de l’importance de la culture dans la création d’un empire pérenne. La réalisation de travaux gigantesques aurait aussi inscrit l’Allemagne dans l’histoire. La reconstruction de Berlin faisait partie de sa vision pour le futur de l’Allemagne après la victoire programmée dans la Seconde Guerre mondiale. Hitler connaissait sur plan de nombreux édifices étrangers des différentes capitales du monde, spécialement Paris et Vienne. Il souhaitait voir Berlin dotée de tels édifices, mais en plus grand et selon une esthétique propre. Berlin devait posséder de grands bâtiments emblématiques témoignant de la puissance de l'Allemagne et reflétant la vision du monde national-socialiste. De ce point de vue, des bâtiments politiques, militaires, administratifs et économiques étaient prévus, mais en revanche aucun bâtiment religieux chrétien[3] - [Note 1].

Évoquant l'un des principaux bâtiments de Germania, le futur palais du Führer, Hitler justifia le caractère grandiose du projet par des motivations politiques, à savoir donner à ses successeurs les moyens d'une grande politique en dépit des faiblesses personnelles prévisibles de certains d'entre eux ; lui-même n'avait pas besoin d'un tel apparat, mais il serait en revanche utile aux führers des temps futurs. Il affirma ainsi à son architecte[4] : « Ceux qui me succéderont un jour, ceux-là auront bien besoin d'un tel apparat. Pour beaucoup d'entre eux, ce sera la seule façon de se maintenir. On ne saurait croire le pouvoir qu'acquiert sur ses contemporains un petit esprit quand il peut profiter d'une telle mise en scène. De tels lieux, quand ils seront empreints d'un passé historique, élèvent même un successeur sans envergure à un rang historique. Voyez-vous, c'est la raison pour laquelle nous devons construire tout cela de mon vivant ; afin que j'aie vécu là et que mon esprit confère une tradition à cet édifice ».

Hitler justifia enfin ses projets architecturaux par la volonté de doter le régime de ses propres bâtiments ; il trouvait absurde et indigne que les gouvernements républicains s'installent dans d'anciennes résidences princières, royales ou impériales et ne construisent pas de nouveaux bâtiments. Ainsi, à Berlin, la présidence de la République avait été installée dans l'ancienne résidence du maréchal de cour[5] - [Note 2].

Organisation et financement du projet

Hitler demanda que parût un décret conférant à Albert Speer des pouvoirs très étendus et le plaçant directement sous ses ordres, sans qu'il n'eût de compte à rendre au maire et au gauleiter de Berlin[6]. Albert Speer, « le premier architecte du Troisième Reich » selon Hitler fut nommé « Inspecteur général de la Construction » (Generalbauinspektor ou GBI, initiales désignant aussi l'organisme dirigé par Speer) chargé de la transformation de la capitale du Reich. Speer demanda à traiter cette commande comme architecte indépendant et non comme fonctionnaire.

Albert Speer constitua un petit groupe de collaborateurs rassemblés dans plusieurs services[7] : une agence de planification chargée de l'aménagement de la ville, le bureau central traitant des questions financières, juridiques et administratives et l'Office général de la Construction, gérant la voirie, assurant les travaux de démolition, entretenant les relations avec les entreprises en bâtiment. Il fit appel aux architectes qu'il considérait comme les meilleurs d'Allemagne : Paul Bonatz, Wilhelm Kreis, German Bestelmeyer, Peter Behrens, pourtant très mal vu par certains cercles nationaux-socialistes en raison de son radicalisme et qui fut néanmoins accepté par Hitler[8]. Comme sculpteurs, Albert Speer fit appel à Josef Thorak et Arno Breker[9].

Albert Speer promit à Adolf Hitler que les travaux seraient terminés en 1950[10]. Il évalua le coût de l'opération à une somme comprise entre 4 et 6 milliards de Reichsmarks ; cette somme ne lui paraissant pas utopique, car 500 millions de Reichsmarks par an représentaient un vingt-cinquième du volume total des dépenses de construction en Allemagne à l'époque[11]. Ces 500 millions à trouver chaque année devaient être prélevés non sur une seule ligne budgétaire, mais sur un nombre maximal de budgets : chaque service public devait participer à l'effort collectif ; selon Hitler, à l'origine de cette astuce, ainsi répartie, la dépense devait passer inaperçue et les recettes à venir provenant des droits d'entrée des visiteurs du monde entier devaient permettre d'amortir les frais de construction rapidement[12].

Sources d'inspiration

La grande avenue devait rappeler Paris et les Champs-ÉlysĂ©es ; cette Ă©vocation est confirmĂ©e par le fait que Hitler ait demandĂ© Ă  Speer que l'avenue soit plus large que l'avenue parisienne d'au moins 20 mètres[13] - [6], celle-ci mesurant 100 mètres de large. De mĂŞme, l'Arc de Triomphe rappelle celui de la place de l'Étoile. Hitler qualifiait Paris de plus belle ville du monde et souhaitait la surpasser[14].

Hitler qualifiait Haussmann de plus grand urbaniste de tous les temps et il espérait qu'Albert Speer le dépasserait[15].

Dans sa version définitive, la configuration de la grande avenue nord-sud ressemble davantage au Ring de Vienne et rappelle aussi à bien des égards la partie est de Unter den Linden, notamment le tronçon comportant des théâtres et des ministères[13].

La Grande Halle du Peuple ou Grand DĂ´me devait rappeler le Capitole de Washington et Saint Pierre de Rome, tout en les surpassant[16].

Par ailleurs, Albert Speer rapporte qu'Hitler souhaitait que les conceptions du Moyen Âge guidassent la définition des dimensions de la Halle du Peuple. Il proposait à son architecte de reprendre le rapport entre la dimension de la cathédrale d'Ulm et la population de cette ville au Moyen Âge pour déterminer le nombre de personnes que devait accueillir le Grand Dôme[17].

Le projet

Le projet prévoyait une réorganisation totale de la ville autour de deux axes : Nord-Sud (Nord-Süd-Achse) et Est-Ouest (Ost-West-Achse), aussi bien sur le plan de l'architecture que de l'urbanisme. Une grande restructuration ferroviaire était prévue.

Les bâtiments de la place Adolf Hitler

La grande avenue centrale tracée selon un axe nord-sud se terminait par la Königs platz, agrandie et qui devait être rebaptisée Adolf-Hitler-Platz[18] - . Celle-ci devait comporter les bâtiments du pouvoir central et militaire[19] : la chancellerie du Reich, avec les appartements privés d'Hitler, le Reichstag, l'OKW et surtout la Halle du Peuple. Hitler souhaitait faire de cette place une forteresse imprenable en cas de révolte : toutes les fenêtres de la place devaient être munies de lourds volets blindés en acier, les portes devaient être en acier et l'unique accès à la place devait être fermé par une lourde grille de fonte[20].

Au nord : la grande Halle du Peuple

Maquette de la halle du Peuple.

Ă€ l’extrĂ©mitĂ© nord de la place, Speer projetait de construire un Ă©norme bâtiment surmontĂ© d'une coupole de courbure lĂ©gèrement parabolique : la Volkshalle ou « Halle du Peuple ». Le dĂ´me du bâtiment aurait Ă©tĂ© très grand, seize fois plus grand que le dĂ´me de la basilique Saint-Pierre de Rome. Sa coupole devait reposer sur un socle carrĂ© de 315 mètres de cĂ´tĂ© et sa hauteur totale de 290 mètres. La grande salle de rĂ©union devait accueillir 150 000 personnes.

Ă€ certains Ă©gards, ce bâtiment s'inspirait du PanthĂ©on de Rome : la Halle du Peuple devait avoir une ouverture circulaire pour laisser passer la lumière, mais cette ouverture avait un diamètre de 46 mètres, dĂ©passant ainsi celui de toute la coupole du panthĂ©on de Rome (43 mètres) et du dĂ´me de Saint-Pierre de Rome (44 mètres)[21].

L'intĂ©rieur du bâtiment devait ĂŞtre simple d'aspect : entourant un plan circulaire de 140 mètres de diamètre, des tribunes s'Ă©levaient sur trois rangs jusqu'Ă  une hauteur de 30 mètres ; 100 piliers rectangulaires en marbre de 24 mètres de haut formaient une couronne interrompue, du cĂ´tĂ© opposĂ© Ă  l'entrĂ©e, par une niche haute de 50 mètres et large de 28, dont le fond devait ĂŞtre recouvert d'une mosaĂŻque d'or et devant laquelle, sur un socle de 14 mètres de haut se dressait un aigle dorĂ© tenant dans ses serres la croix gammĂ©e entourĂ©e de feuilles de chĂŞne[22]. Cet aigle Ă©tait le but de l'avenue ; en dessous, se trouvait la place du FĂĽhrer qui, de lĂ , adresserait ses messages au peuple du futur Reich.

Le DĂ´me aurait eu une coloration verte, car il aurait Ă©tĂ© couvert de plaques de cuivre platinĂ© et il aurait Ă©tĂ© surmontĂ© d'une lanterne vitrĂ©e de 40 mètres de haut, rĂ©alisĂ©e dans une construction mĂ©tallique lĂ©gère. Au-dessus de cette lanterne, se trouvait un aigle tenant une croix gammĂ©e que Hitler fit remplacer par un globe terrestre.

La masse du dĂ´me aurait Ă©tĂ© soutenue par une rangĂ©e continue de piliers hauts de 20 mètres. Une frise, quatre piliers cannelĂ©s en faisceau aux quatre coins et un portique Ă  colonnes avançant sur la place en vue de souligner le caractère gigantesque du bâtiment. Ce portique devait ĂŞtre flanquĂ© de deux statues de 15 mètres : Hitler choisit pour l'une Atlas soutenant la voĂ»te cĂ©leste, pour l'autre Tellus portant le globe[23].

Du point de vue technique, selon Speer, couvrir d'une voĂ»te une enceinte de 250 mètres ne posait pas de problème : les constructeurs de ponts des annĂ©es 1930 n'avaient pas de difficultĂ© Ă  rĂ©aliser des constructions comparables en bĂ©ton armĂ© et impeccables du point de vue statique[24]. Albert Speer aurait aimĂ© Ă©viter le recours Ă  l'acier, mais Hitler s'y opposa et Speer rallia son point de vue[25].

Le conseiller des questions de protection aérienne du ministère de l'Air, le conseiller ministériel Knipfer, alerta en vain sur le danger que représentait le Dôme qui ne manquerait pas d'être un point de repère idéal sortant des basses couches de nuages pour les escadrilles ennemies visant le centre politique de la capitale du Reich[25] - [Note 3].

Hitler voulait se prĂ©senter Ă  la foule dans un Ă©difice quasi-sacrĂ© symbolisant la communautĂ© du peuple allemand[16]. Mais l'idĂ©e de manifester la cristallisation du sentiment populaire, par le biais d'un Ă©difice central propice au rassemblement n'Ă©tait pas une idĂ©e nouvelle du national-socialisme : elle a Ă©tĂ© frĂ©quemment invoquĂ©e dans les dĂ©bats de l'architecture utopiste après la Première Guerre mondiale[16] : les exemples les plus connus des annĂ©es 1920 sont le Stadtkrone de Bruno Taut et la Zukunftskathedrale des Sozialismes dont Walter Gropius dans son premier manifeste du Bauhaus. De mĂŞme, les architectes utopistes des Lumières avaient imaginĂ© des lieux de rassemblement communautaires manifestant l'union des citoyens : ainsi, Klaus Lankheit mentionne dans son ouvrage Der Tempel der Vernunft (le Temple de la Raison), que la coupole d'un monument conçu vers 1793 par Étienne-Louis BoullĂ©e, Ă  la gloire de la "Raison" chère Ă  la RĂ©volution française, avait un diamètre de 260 mètres[26].

Le grand dôme fut conçu par l'agence personnelle d'Albert Speer. Ce dernier devait s'inspirer d'un bâtiment à coupole dessiné par Hitler en 1925. Ce dessin a inspiré Speer, mais les proportions d'origine n'ont pu être respectées. Albert Speer conçut de multiples versions du projet. La maquette définitive date de 1939 et propose un bâtiment beaucoup plus richement décoré[27] : au lieu d'être lisse et de dresser une silhouette sobre, les murs sont entièrement sculptés ; les angles en saillie comportent quatre pilastres en avancée ; au-dessus des colonnes, il y a de vastes réceptacles en bronze.

Le socle de la Grande Halle devait être en granit massif, et la coupole, d'acier et de béton, devait être décorée de cuivres patinés. Un aigle tenant le globe terrestre (en 1939, Hitler avait demandé que celui-ci remplaçât la croix gammée[28]) dans ses serres devait surmonter le grand lanterneau d'acier et de béton.

La Spree aurait été élargie jusqu'à constituer un vaste plan d'eau de part et d'autre du Grand Dôme.

Ă€ l'ouest : nouvelle chancellerie et palais du FĂĽhrer

Sur la partie ouest de la place Adolf Hitler, Speer devait rĂ©aliser une nouvelle chancellerie (1 200 000 m3) ainsi que le palais du FĂĽhrer (1 900 000 m3) comprenant les appartements privĂ©s d'Hitler. L'ensemble incluait cours ceintes de colonnades, grandes salles, vastes escaliers, longs corridors, théâtre de 400 places et splendides jardins agrĂ©mentĂ©s de fontaines et d'une palmeraie[27]. De mĂŞme Ă©taient prĂ©vus dans ce palais de deux millions de mètres carrĂ©s[20] - [Note 4] :

  • huit salles gigantesques pour les rĂ©ceptions de gala ;
  • les appartements privĂ©s d'Hitler d'oĂą il devait pouvoir accĂ©der au Grand DĂ´me ;
  • le cabinet de travail occupant le centre du bâtiment ;
  • la voie d'accès des diplomates longue d'un demi-kilomètre en vue de les impressionner.

La façade sur la place Adolf Hitler comportait au rez-de-chaussée des colonnes géminées et en arrière-plan des peintures murales et des mosaïques. La partie centrale devait être dominée par un grand attique, orné des bas-reliefs.

La façade comportait un grand portail d'entrĂ©e en fer et une porte ouvrant sur un balcon situĂ© Ă  14 mètres de hauteur[29] d'oĂą Hitler aurait pu se montrer Ă  la foule.

Au sud : OKW et aile de la nouvelle chancellerie

La partie sud de la place est bordée par le siège de l'OKW (Oberkommando der Wehrmacht ou « Haut-commandement de la Wehrmacht ») et l'aile d'entrée de la chancellerie du Reich, entre lesquels passe la Grande avenue lorsqu'elle débouche sur la place. La partie centrale de ces deux édifices est en forme de tour. Les murs latéraux sont percés d'une série de fenêtres entre lesquelles se dressent deux colonnes cannelées en pierre, de couleur foncée.

Ă€ l'est : le Reichstag

La partie Est de la place devait ĂŞtre occupĂ©e par le Reichstag historique qui aurait Ă©tĂ© complĂ©tĂ© par de nouveaux bâtiments reliĂ©s Ă  l'OKW d'une part, et au Grand DĂ´me d'autre part. Hitler s'opposa Ă  la destruction du bâtiment que lui avait proposĂ© Speer, car le bâtiment de Paul Wallot lui plaisait et il souhaitait transformer la salle des sĂ©ances en une bibliothèque ; il prĂ©voyait de construire une nouvelle salle des sĂ©ances pour 1200 dĂ©putĂ©s, ce qui laisse supposer qu'il prĂ©voyait que l'Allemagne eĂ»t une population d'au moins 140 millions d'habitants, car Hitler ne voulait pas abandonner la règle de 60 200 voix par dĂ©putĂ©, hĂ©ritĂ©e de la RĂ©publique de Weimar et en vigueur en 1933[18] - [Note 5].

Le grand bassin et ses bâtiments

Au nord du Grand DĂ´me devait ĂŞtre amĂ©nagĂ© un grand bassin. Celui-ci devait faire 1 100 mètres de long sur 350 mètres de large. Ce plan d'eau ne devait pas ĂŞtre reliĂ© Ă  la Spree dont les eaux Ă©taient polluĂ©es. Speer, ancien adepte des sports nautiques, voulait que le bassin offrĂ®t une eau claire aux nageurs. Des vestiaires, des hangars pour les canots et des terrasses ensoleillĂ©es devaient entourer cette vaste baignade. La nature marĂ©cageuse du terrain qui empĂŞchait que l'on y construisĂ®t des bâtiments est Ă  l'origine du projet de grand bassin[30].

Il devait être entouré par différents bâtiments[31] :

  • Ă  l'ouest, la mairie de Berlin, dessinĂ©e par l'architecte munichois German Bestelmeyer, prĂ©sentant une longue façade de 450 mètres, brisĂ©e par un vaste corps principal flanquĂ© de deux tours et de deux ailes ; la mairie de Berlin devait ĂŞtre entourĂ©e respectivement par l'immeuble du Haut-Commandement de la Marine (320 mètres de long), conçu par Paul Bonatz et celui du Polizeipräsidium, la prĂ©fecture de police (280 mètres de long)[32] ;
  • Ă  l'est, face Ă  la mairie, devaient se trouver les bâtiments de la future AcadĂ©mie de la Guerre ;
  • au nord, une nouvelle grande gare situĂ©e sur la Scharnhorststrasse.

L'extrémité nord de la Grande Avenue : Bureau du Reichsmarschall, Mémorial du Soldat et OKH

  • Ă€ l'est de l'extrĂ©mitĂ© nord de la grande avenue, le bureau du Reichsmarschall Goering fut conçu par Speer. Il rappelle le palais Pitti de Florence[33]. Le motif principal de la façade est constituĂ© par des encadrements de fenĂŞtres massifs faits de colonnes et d'architraves. Les autres façades sont plus sobres. La partie la plus remarquable de l'intĂ©rieur de cet Ă©difice est une grande cage d'escalier de quatre Ă©tages, traitĂ©e de manière baroque. Le palais du MarĂ©chal du Reich, avec sa façade de 240 mètres, Ă©tait reliĂ© par une aile de mĂŞme dimension au jardin zoologique et comprenant des salles de rĂ©ception et les appartements privĂ©s de Göring[34]. Invoquant des raisons de dĂ©fense aĂ©rienne, Albert Speer prĂ©voyait de recouvrir le bâtiment d'une couche de terre vĂ©gĂ©tale de quatre mètres, de façon que mĂŞme des grands arbres puissent y prendre racine : ainsi aurait Ă©tĂ© crĂ©Ă©, Ă  40 mètres au-dessus du Jardin zoologique, un parc d'une surface 11 800 mètres carrĂ©s, agrĂ©mentĂ© de jets d'eau, de bassins, de colonnades, de pergolas, de coin buffet, une piscine et un théâtre d'Ă©tĂ© pouvant accueillir 250 spectateurs[35]. Sans les caves, cet Ă©difice aurait eu un volume de 580 000 mètres cubes contre 400 000 pour la Neue Reichskanzlei qu'Hitler prĂ©voyait cependant de confier Ă  Rudolf Hess pour un nouveau bâtiment.
  • Ă€ l'ouest de l'extrĂ©mitĂ© nord de la grande avenue, Wilhelm Kreis dessina le MĂ©morial du Soldat. L'intĂ©rieur de ce grand Ă©difice est conçu comme un seul grand hall ornĂ© de voĂ»tes en berceau, avec une crypte comportant de grosses voĂ»tes d'arĂŞtes. Cet Ă©difice devait servir de hall de commĂ©moration et de salle de trophĂ©es[36]. On devait ainsi y exposer le wagon de chemin de fer dans lequel furent signĂ©s la capitulation allemande de 1918 et l'armistice avec la France en 1940 ; la crypte devait servir de panthĂ©on et abriter les grands gĂ©nĂ©raux de l'Ă©poque et du passĂ© ; il Ă©tait aussi prĂ©vu d'y transfĂ©rer les ossements de FrĂ©dĂ©ric II.
  • Derrière le MĂ©morial du Soldat, se trouvait le Haut-Commandement de l'ArmĂ©e de terre (Oberkommando des Heeres ou OKH). La partie centrale est constituĂ©e par un gratte-ciel entourĂ© de quatre blocs reliĂ©s par deux petits Ă©difices en forme de temple. Les façades de ce bâtiment de style classique devaient ĂŞtre habillĂ©es de pierre. Ă€ l'ouest de l'OKH auraient Ă©tĂ© construites des ambassades destinĂ©es Ă  remplacer celles dĂ©molies lors de l'amĂ©nagement de la Grande Avenue.

La Grande Avenue, du Rond-Point Ă  l'Arc de Triomphe

  • Après les bâtiments de l'extrĂ©mitĂ© nord se trouvait un rond-point dont les bâtiments devaient ĂŞtre architecturalement sobres[37] et dont le rez-de-chaussĂ©e Ă©tait constituĂ© d'arcades. Il Ă©tait prĂ©vu d'amĂ©nager une fontaine au centre de la place. Deux grands Ă©difices Ă©taient prĂ©vus sur ce rond-point : la Allianzversicherung (grande compagnie d'assurance allemande) et la Maison du Tourisme. Un grand cinĂ©ma d'exclusivitĂ©, la Maison des Artistes allemands ainsi qu'une caserne d'officiers y Ă©taient projetĂ©s[38].
  • Au sud du rond-point, les rues Ă©taient bordĂ©es d'hĂ´tels, de bureaux et de magasins. Ă€ l'ouest de la Grande Avenue, entre les immeubles Agfa et AEG, Cäsar Pinnau devait Ă©difier un gigantesque hĂ´tel. Le groupe Hermann-Göring devait avoir son siège en face du bâtiment AEG. Les magasins Ă©taient tous identiques. Les architectes Ă©taient freinĂ©s dans leur imagination : les immeubles devaient avoir cinq Ă©tages sous corniche, et ĂŞtre surmontĂ©s d'un attique. Les façades, toujours symĂ©triques et le plus souvent discrètement soulignĂ©es au centre, Ă©taient composĂ©es d'un rez-de-chaussĂ©e largement vitrĂ© et d'un premier Ă©tage plus noble ornĂ© de chambrelans soignĂ©s et de plus grandes fenĂŞtres.

Il Ă©tait prĂ©vu d'amĂ©nager sur l'avenue onze grands ministères au sud de l'avenue[39] ; l'aspect monumental devait dominer jusqu'Ă  la partie mĂ©diane de l'avenue, au-delĂ  les commerces et les distractions devaient prĂ©dominer jusqu'au rond-point. En effet, afin de ne pas construire uniquement des bâtiments publics qui auraient pu donner une absence de vie Ă  la Grande Avenue, Speer avait prĂ©vu de rĂ©server les deux tiers de sa longueur Ă  des constructions privĂ©es et Hitler l'aida Ă  annihiler les tentatives de l'administration pour Ă©vincer les immeubles commerciaux[40]. Ainsi, il Ă©tait prĂ©vu de construire un nouvel opĂ©ra, une nouvelle salle de concert, un palais des congrès appelĂ© « Maison des nations », des music-halls, un hĂ´tel de 21 Ă©tages et de 1 500 lits, des restaurants de luxe, une piscine couverte de style romain ayant les dimensions des thermes de l'Ă©poque impĂ©riale romaine, tout cela pour donner une animation digne d'une grande ville Ă  l'avenue[41].

L'extrémité sud de la Grande Avenue : Arc de Triomphe et gare du Sud

  • Ă€ l’extrĂ©mitĂ© sud de l’avenue, une voĂ»te inspirĂ©e de l’Arc de triomphe Ă  Paris en beaucoup plus grand, 117 mètres de hauteur (son ouverture aurait pu contenir le premier dont la hauteur est de 50 mètres) sur 170 mètres de long et 117 de large[42]. Cet Arc de Triomphe aurait Ă©tĂ© construit selon des plans inspirĂ©s par une esquisse dessinĂ©e par Hitler au milieu des annĂ©es 1920. Le dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale en 1939 a fait remettre la dĂ©cision de la construction Ă  plus tard après la guerre dans le but d’économiser les matĂ©riaux stratĂ©giques.
  • La gare du Sud fut conçue par Speer. C'Ă©tait un des bâtiments qu'il fallait construire, car la restructuration de la ville ne pouvait se rĂ©aliser sans rĂ©soudre le problème ferroviaire. La gare Ă©tait constituĂ©e d'un seul bâtiment rectangulaire situĂ© sur une vaste place. Les façades sont composĂ©es de grands panneaux vitrĂ©s, de forme carrĂ©e, alternant avec des colonnes massives. Les autres pans de la façade sont vitrĂ©s ; en avant de la façade, s'Ă©lève une sĂ©rie de colonnes doriques. La gare du Sud devait ĂŞtre composĂ©e de quatre niveaux superposĂ©s, reliĂ©s entre eux par des escaliers roulants et des ascenseurs : cette gare devait surpasser le Grand Central Terminal de New York[43]. La gare du Sud Ă©tait le seul bâtiment construit avec des matĂ©riaux modernes, tels le verre et le mĂ©tal. Hitler pensait que la technique moderne devait ĂŞtre mise en Ĺ“uvre, non seulement dans le processus de rĂ©alisation de la gare, mais qu'elle pouvait et devait dicter sa forme. Dans la conception architecturale dominant Ă  l'Ă©poque nationale-socialiste, le style d'une construction est indissociable de sa fonction[44]. Selon Speer, Adolf Hitler pouvait s'enthousiasmer pour une construction de type moderne en verre et acier, Ă  condition qu'il ne s'agisse pas d'un Ă©difice public[45].
  • La place de la gare, longue de 1 000 mètres et large de 330 mètres, devait ĂŞtre, selon la volontĂ© d'Hitler, bordĂ©e d'armes prises Ă  l'ennemi, Ă  l'instar de l'allĂ©e des BĂ©liers entre Karnak et Louxor[41].

Restructuration des chemins de fer

Albert Speer vit dans les projets de Hitler la possibilitĂ© de rĂ©organiser le rĂ©seau ferroviaire de la capitale. Il proposa d'adjoindre deux voies supplĂ©mentaires pour augmenter la capacitĂ© du chemin de fer de ceinture qui pourrait absorber le trafic des grandes lignes. Sur cette ligne de ceinture, deux grandes gares de transit, l'une au nord, l'autre au sud, auraient Ă©tĂ© construites en remplacement des nombreuses tĂŞtes de ligne (gares de Lehrte, d'Anhalt, de Potsdam) devenues inutiles[46]. La suppression de ces gares permettait la libĂ©ration d'une zone habitable par près de 400 000 personnes et d'agrandir encore la grande avenue nord-sud.

Nouvel axe est-ouest et autoroute périphérique

Ayant Ă©tabli un grand axe nord-sud, il fut imaginĂ© d'utiliser la voie de dĂ©gagement existant Ă  l'ouest, la Heerstrasse, large de 60 mètres pour la prolonger vers l'Est. Tout comme l'axe nord-sud, cet axe est-ouest aurait aboutĂ© Ă  une autoroute pĂ©riphĂ©rique. De nouvelles zones d'habitation auraient ainsi pu ĂŞtre amĂ©nagĂ©es Ă  l'est de Berlin, qui aurait permis de doubler sa population tout en en assainissant le centre[47]. La croix axiale formĂ©e par les axes nord-sud et est-ouest devait ĂŞtre complĂ©tĂ©e par cinq boulevards circulaires et dix-sept voies de dĂ©gagement d'une largeur de 60 mètres. La liaison entre la croix axiale et une partie des circulaires devait ĂŞtre assurĂ©e par des trains souterrains rapides, selon un schĂ©ma radio-concentrique, de façon Ă  soulager le rĂ©seau routier urbain[48].

Nouveaux aéroports

De l'autre côté de l'autoroute périphérique, aux quatre extrémités de la croix axiale, un terrain était réservé à un aéroport. Le lac de Rangsdorf devait servir aux hydravions. L'aéroport de Tempelhof devait être désaffecté et transformé en parc d'attractions sur le modèle du Tivoli de Copenhague[48].

L'Île des Musées

Sur l'île de la Spree, au début du XIXe siècle, fut construit un ensemble de musées, mais ces musées étaient trop petits et la répartition des collections dans les édifices n'était pas logique.

Les musées de la rive nord

Sur la rive nord de la Spree, il était prévu d'édifier le Musée du XIXe siècle, celui conservant les collections d'Égypte et du Proche-Orient et le Musée germanique. Les musées situés sur la rive nord furent dessinés par Wilhelm Kreis. L'architecte intégrait ces trois édifices dans un ensemble architectural qui s'harmonisait avec le Kaiser-Friedrich Museum, sis à la pointe de l'Île des Musées[49]. Ces musées étaient de styles très différents.

  • Le musĂ©e du XIXe siècle prĂ©sente une façade aveugle du cĂ´tĂ© de la Spree et des arcades sur le rez-de-chaussĂ©e. Le centre est marquĂ© par un grand portail, surmontĂ© d'un attique. Ă€ l'extrĂ©mitĂ© du bâtiment se trouve une tour d'angle. Ce bâtiment s'inspire de l'hĂ´tel de ville de Stockholm construit par Ragnar Ostberg en 1923.
  • Le plus grand musĂ©e est celui qui abrite les collections d'Égypte et du Proche-Orient. Il est organisĂ© symĂ©triquement autour d'une grande cour Ă  laquelle on accède par un perron et une colonnade. Deux tours plus Ă©levĂ©es et en saillie constituent le motif principal de la façade. D'après les photos de la maquette, la façade devait ĂŞtre polychrome. Ce bâtiment est apparentĂ© Ă  celui de GeSoLei de DĂĽsseldorf[50].
  • Le MusĂ©e germanique devait, lui, ĂŞtre dotĂ© d'un style classique dorique.

Les musées de la rive sud

Sur la rive sud de la Spree, devait ĂŞtre installĂ© le MusĂ©e d'Ethnologie. Long de 275 mètres, il devait relier la gare de la Friedrichstrasse au Kaiser-Friedrich Museum. Les plans de cet Ă©difice avaient Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s par Hans Dustmann. Ce grand bâtiment Ă©tait rectangulaire et se composait d'une partie centrale surĂ©levĂ©e et de deux cours intĂ©rieures. Le rez-de-chaussĂ©e Ă©tait constituĂ© d'une colonnade de style dorique. Toujours sur la rive sud, Wilhelm Kreis devait aussi agrandir l'Arsenal de Kupfergraben. Ce bâtiment très en longueur devait ĂŞtre encadrĂ© par deux ailes basses transversales, lĂ©gèrement plus basses. Le toit devait ĂŞtre ornĂ© de canons placĂ©s dans les angles de l'Ă©difice. La base biseautĂ©e et le traitement par bossage sont inspirĂ©s du style des fortifications et rĂ©vèlent la fonction de ce bâtiment[51].

La Hochschulstadt

À l'extrémité ouest de l'axe est-ouest, le projet prévoyait un ensemble d'écoles supérieures, la Hochschulstadt, qui une fois terminée comprendrait toutes les sections nécessaires à une École Supérieure d'Enseignement Technique et à une clinique universitaire[52].

À l'ouest de cette Hochschulstadt, on devait aménager un terrain destiné à recevoir les Expositions universelles, sur Pichelswerder (de), l'île située entre la Havel et le Stössen See : ceci nécessitait le curage des marécages alentour pour aménager un vaste plan d'eau.

Un concours spécifique pour la Hochschulstadt, ouvert à tous les architectes allemands, fut organisé en 1937. Dans l'énoncé du concours, il était précisé que par sa localisation, l'Université constituerait l'entrée de la capitale du Reich et que par conséquent il fallait donner aux édifices un caractère représentatif et une allure monumentale. Le style de construction et la nature des matériaux devaient permettre de répondre à une demande immédiate, mais aussi « d'être les témoins d'un grand passé, pour les siècles à venir »[53].

La clinique universitaire devait ĂŞtre construite Ă  Ruhleben, Ă  1,5 km du campus, afin de bĂ©nĂ©ficier d'une grande surface, selon les plans de Hermann Distel, prĂ©voyant un bâtiment central de 30 Ă©tages disposĂ© en H[54]. La façade de cet hĂ´pital qui aurait sans doute Ă©tĂ© le plus grand d'Europe[55] devait ĂŞtre en calcaire clair et en briques jaunes. Le style de cet hĂ´pital n'aurait pas Ă©tĂ© diffĂ©rent de ceux construits Ă  la mĂŞme Ă©poque[Note 6].

Instituts de GrĂĽnewald

Au sud de la Hochschulstadt, le plan prévoyait la construction de trois instituts de recherche militaire : le premier relatif à la technique de l'armement, le second à l'armée de l'air, le troisième à la topographie militaire. Devaient également établis le Service des brevets du Reich et un institut d'ergonomie[56]. Sur le plan daté de 1940, les bâtiments sont disposés autour d'une grande place rectangulaire ornée de fontaines et de plantations.

En relation avec ce complexe, devait être aménagé un grand édifice pour le Service des forêts du Reich et un musée de la chasse. Ces derniers furent dessinés par Friedrich Hetzelt, le premier avec selon une architecture richement décorée, le second beaucoup plus sobre[57].

Espaces verts

De l'autre côté du périphérique, il était prévu des espaces verts, qu'un haut fonctionnaire des Eaux et Forêts, spécialement doté de pleins pouvoirs, avait déjà commencé à aménager, en transformant la forêt de conifères typique des paysages des Marches en une forêt d'arbres à feuilles caduques[48]. Sur le modèle du bois de Boulogne parisien, le Grünewald devait être ouvert au public et offrir aux millions d'habitants de la capitale des sentiers de promenade, des aires de repos, des terrains de sport, des restaurants. Albert Speer fit planter des dizaines de milliers d'arbres feuillus afin de reconstituer l'ancienne forêt mixte déboisée par Frédéric II, pour le financement de ses guerres.

Les espaces verts motivés par des raisons hygiéniques, sociales et esthétiques étaient calqués sur la structure radiale du plan d'aménagement et constituent des surfaces cunéiformes orientées vers le centre[58]. Le principal élément de liaison entre les espaces verts était la forêt. Terrains de sport et jardins d'ouvriers devaient constituer des espaces ouverts au sein d'un complexe forestier soigneusement aménagé. Les terrains de sport et les jardins potagers ne devaient pas être des enclaves accessibles aux seuls membres des clubs ou aux petits propriétaires, ils devaient être coupés par des sentiers et des allées qui auraient ouvert les terrains et contrarié l'impression d'exiguïté et de morcellement fréquemment ressentie dans ce type de site. Le tracé linéaire des sentiers et de trouées forestières était remplacé par des chemins, des allées cavalières et des pistes cyclables sinueux[59].

Les faubourgs

Le GBI planifia de rĂ©aliser de grands secteurs d'habitation Ă  la pĂ©riphĂ©rie sud et est, comme Charlottenburg-nord et le secteur sud de Schöneberg, conçus pour ĂŞtre des faubourgs autonomes. Le quartier d'habitation le plus Ă©tendu Ă©tait une ville satellite situĂ©e sur l'axe sud, la SĂĽdstadt, conçue pour 210 000 habitants, non loin d'une zone industrielle devant crĂ©er 100 000 emplois[60]. Le plan dĂ©finitif, prĂ©voyant des Ă®lots d'habitations variant entre 100 mètres et 200 mètres de long autour de cours fermĂ©es ou en U, a Ă©tĂ© fortement modelĂ© par des considĂ©rations esthĂ©tiques, avec de nombreuses rĂ©miniscences des villes crĂ©Ă©es au XVIe et au XVIIe siècle[61]. Les crèches, les Ă©coles, les foyers des jeunesses hitlĂ©riennes sont systĂ©matiquement rattachĂ©s aux espaces verts.

En plus des habitations, des espaces publics étaient prévus au sein de la Südstadt, conférant à cette dernière un caractère représentatif. Le stade devait être construit par Werner March, l'architecte du stade olympique. Il devait aussi réaliser une grande caserne au nord de la place des Défilés, située en face du stade. Il était prévu également d'y construire l'École des douanes du Reich et l'Académie technique de police. Au nord de ces deux bâtiments, se dressaient en vis-à-vis la Kriegsakademie des Heeres, dessinée par Hans Hermann Klaje et un grand immeuble de bureaux du ministère de l'Air, conçu par Sabegiel.

Il Ă©tait prĂ©vu d'Ă©difier le Haut-Commandement de la SS : celui-ci reproduit le plan classique des grands Ă©tablissements militaires : une sĂ©rie de bâtiments groupĂ©s autour de grandes cours. L'ensemble est dominĂ© par un Ă©difice central dans l'axe de l'entrĂ©e principale. La plupart des motifs des façades sont dĂ©coratifs. Ă€ la base de l'Ă©difice, s'Ă©tend un bas-relief de 4,5 mètres de haut sur 50 mètres de long ; les entrĂ©es des bâtiments latĂ©raux sont aussi ornĂ©es de bas-reliefs. Par son architecture expressive et dynamique, combinant styles classique, baroque et expressionniste, le grand complexe SS rappelle davantage les constructions italiennes de l'Ă©poque que des autres rĂ©alisations architecturales du rĂ©gime national-socialiste[62].

Enfin, les bâtiments de l'Office des assurances du Reich et celui des Archives du Reich devaient être édifiés également à la Südstadt.

RĂ©alisations

La Schwerbelastungskörper, bâtiment expérimental utilisé pour tester d'éventuels problèmes de structure.

Du fait de la guerre et de la défaite de l'Allemagne nationale-socialiste, seuls quelques éléments du projet ont été réalisés :

Uchronie

En 1992, Robert Harris, auteur du roman uchronique Fatherland, pose en principe que la vision de Hitler et de Speer sur Berlin reconstruit aurait été réalisée d’ici 1964.

Dans la série vidéo The Man in the High Castle, le Grand Dôme a été réalisé et comprend le cabinet de travail d'Hitler. Après l'assassinat de celui-ci et l'échec du coup d'État de Martin Heussmann, le nouveau Führer Heinrich Himmler y prononce un discours devant sa garde prétorienne et en présence de l'Obergruppenführer John Smith.

Dans la bande dessinée uchronique Block 109 une série créée par Vincent Brugeas, on trouve de très nombreuses références à cette architecture nazie.

Paru en 2019, le Le Traité de Germania est une uchronie écrite par Matthieu Gouton, qui prend place au tournant des années 2020 dans un monde où l'Allemagne nazie a gagné la Seconde Guerre mondiale. Bien que les évènements du livre prennent place dans les Alpes bavaroises lors d'une conférence du G7 Axe, les nombreuses références à Germania permettent au lecteur de découvrir en détail la capitale du Reich et le siège du bloc national-socialiste.

Notes et références

Notes

  1. Il faut noter que Speer avait conclu en accord de dédommagement avec les Églises protestante et catholique afin de remplacer les églises détruites dans le cadre des travaux par de nouveaux lieux de culte, mais Martin Bormann, qui dirigeait la chancellerie du NSDAP, lui rappela que les Églises ne devaient pas obtenir de terrains à bâtir.
  2. Hitler déclara le 2 août 1938 : « Moi j'ai assez d'amour propre pour construire pour ce nouveau Reich du peuple allemand des édifices dont il n'aura pas à avoir honte en les comparant à ces anciens édifices princiers. Mais ce qui compte avant tout, c'est que le chef de cette nouvelle République allemande n'est ni un sybarite ni un roi fainéant pour se prélasser dans les anciens appartements royaux. Alors que d'autres logent au Kremlin, au Hradčany ou dans un château féodal, nous assurerons aux représentants du Reich des édifices de notre temps ».
  3. Göring persuada Hitler que l'armée de l'air allemande était en mesure d'empêcher toute tentative de pénétration de l'espace aérien de la capitale du Reich.
  4. Dans son ouvrage Au cĹ“ur du Troisième Reich, Speer compare le palais du FĂĽhrer, 150 fois plus grand que la rĂ©sidence du chancelier Bismarck Ă  la Maison dorĂ©e de NĂ©ron dont la superficie Ă©tait de plus d'un million de mètres carrĂ©s. La longueur totale de la façade cĂ´tĂ© jardin devait ĂŞtre de 670 mètres contre 576 mètres pour celle de Versailles. Cependant, contrairement Ă  la façade cĂ´tĂ© jardin du château de Versailles, celle dessinĂ©e par Speer Ă©tait en U, la façade principale faisant 280 mètres de long.
  5. Hitler prévoyait un rapide accroissement démographique de la population allemande et l'incorporation au Reich d'autres peuples germaniques ; étaient exclues les nations asservies qui n'auraient pas eu le droit de vote.
  6. Ainsi, ce projet présente des similitudes avec ce que Södersjukhuset construisit à Stockholm entre 1937 et 1944.

Références

  1. Andreas Hillgruber, Henry Picker. Hitlers Tischgespräche im Führerhauptquartier 1941–1942, Munich, 1968, p. 182.
  2. Werner Jochmann, Adolf Hitler. Monologe im Führerhauptquartier 1941–1944, Munich, 1980, p. 318.
  3. Albert Speer 2010, p. 253.
  4. Albert Speer 2010, p. 224.
  5. Albert Speer 2010, p. 728 et 729.
  6. Albert Speer 2010, p. 110.
  7. Lars Olof Larson, Albert Speer : le plan de Berlin (1937-1943), Archives d'architecture moderne, Bruxelles, 1983, p. 143.
  8. Albert Speer 2010, p. 207.
  9. Albert Speer 2010, p. 207 et 208.
  10. Albert Speer 2010, p. 199.
  11. Albert Speer 2010, p. 200.
  12. Albert Speer 2010, p. 201.
  13. Lars Olof Larsson, p. 72.
  14. Albert Speer 2010, p. 108.
  15. Albert Speer 2010, p. 109.
  16. Lars Olof Larsson, p. 77.
  17. Albert Speer 2010, p. 107.
  18. Albert Speer 2010, p. 217.
  19. Lars Olof Larsson, p. 74.
  20. Albert Speer 2010, p. 223.
  21. Albert Speer 2010, p. 218.
  22. Albert Speer 2010, p. 219.
  23. Albert Speer 2010, p. 219 et 220.
  24. Albert Speer 2010, p. 220.
  25. Albert Speer 2010, p. 221.
  26. Lars Olof Larsson, p. 727.
  27. Lars Olof Larsson, p. 91.
  28. Albert Speer 2010, p. 229.
  29. Albert Speer 2010, p. 227.
  30. Albert Speer 2010, p. 197.
  31. Lars Olof Larsson, p. 88 et 89.
  32. Albert Speer 2010, p. 726.
  33. Lars Olof Larsson, p. 89.
  34. Albert Speer 2010, p. 196.
  35. Albert Speer 2010, p. 296.
  36. Lars Olof Larsson, p. 88 et 92.
  37. Lars Olof Larsson, p. 97.
  38. Lars Olof Larsson, p. 100.
  39. Albert Speer 2010, p. 193 et 194.
  40. Albert Speer 2010, p. 191.
  41. Albert Speer 2010, p. 192.
  42. Lars Olof Larsson, p. 106.
  43. Albert Speer 2010, p. 92.
  44. Lars Olof Larsson, p. 109.
  45. Albert Speer 2010, p. 204.
  46. Albert Speer 2010, p. 111.
  47. Albert Speer 2010, p. 112.
  48. Albert Speer 2010, p. 113.
  49. Lars Olof Larsson, p. 141.
  50. Lars Olof Larsson, p. 144.
  51. Lars Olof Larsson, p. 147.
  52. Lars Olof Larsson, p. 149.
  53. Lars Olof Larsson, p. 151.
  54. Lars Olof Larsson, p. 163.
  55. Lars Olof Larsson, p. 165.
  56. Lars Olof Larsson, p. 167.
  57. Lars Olof Larsson, p. 169.
  58. Lars Olof Larsson, p. 171 et 173.
  59. Lars Olof Larsson, p. 175.
  60. Lars Olof Larsson, p. 185.
  61. Lars Olof Larsson, p. 191.
  62. Lars Olof Larsson, p. 194.

Voir aussi

Bibliographie

Documentaires télévisés

  • Les bunkers secrets d'Hitler, de George Pagliero, sur National Geographic.
  • Berlin - Germania, la capitale rĂŞvĂ©e d'Hitler, de la sĂ©rie La Seconde Guerre mondiale, sur Arte.

Articles connexes

Liens externes

  • Le projet Germania (site favorable Ă  la rĂ©habilitation d'Arno Breker, mais bien illustrĂ©)
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