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Ubiquitine

L'ubiquitine est une protéine de 76 acides aminés servant, elle-même, de marqueur de protéines à éliminer. Elle est ainsi appelée parce qu'elle est localisée dans tous les compartiments subcellulaires de toutes les cellules des organismes, elle est dite ubiquitaire. L'ubiquitination désigne la fixation (covalente, ATP dépendante grâce à une cascade d'enzymes E1, E2, E3) spécifique et régulée d'une ou plusieurs ubiquitines sur une protéine cible (il faut quatre ubiquitines pour qu'une protéine soit dégradée). Cette modification post-traductionnelle a pour principale fonction la reconnaissance puis la destruction de la protéine ainsi marquée, par le complexe protéolytique du protéasome.

Ubiquitine
Image illustrative de l’article Ubiquitine
Représentation de l'ubiquitine, montrant les chaînes latérales de lysine en jaune orangé (PDB 1UBI).
Caractéristiques générales
Fonction protéine multifonctionnelle
Distribution tous les eucaryotes
Localisation ubiquitaire
Classification
Pfam PF00240
InterPro IPR000626
PROSITE PDOC00271
SCOP 1aar
SUPERFAMILY 1aar
Gène UBB — Polyubiquitine B
Homo sapiens
Locus 17p11.2
Masse molĂ©culaire 25 762 Da[1]
Nombre de rĂ©sidus 229 acides aminĂ©s[1]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.
Gène UBC — Polyubiquitine C
Homo sapiens
Locus 12q24.31
Masse molĂ©culaire 77 039 Da[1]
Nombre de rĂ©sidus 685 acides aminĂ©s[1]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.
Gène UBA52
Ubiquitine-Protéine L40 du ribosome 60S
Homo sapiens
Locus 19p13.11
Masse molĂ©culaire 14 728 Da[1]
Nombre de rĂ©sidus 128 acides aminĂ©s[1]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.
Gène RPS27A
Ubiquitine-Protéine S27a du ribosome 40S
Homo sapiens
Locus 2p16.1
Masse molĂ©culaire 17 965 Da[1]
Nombre de rĂ©sidus 156 acides aminĂ©s[1]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.

Structure

Surface moléculaire de l'ubiquitine.

L'ubiquitine comporte 76 acides aminĂ©s et a une masse molĂ©culaire d'environ 8 500 Da. Elle possède une glycine Ă  son extrĂ©mitĂ© C-terminale lui permettant de former une liaison thiol-ester avec E1. Sa structure est très conservĂ©e parmi les diffĂ©rentes espèces d'eucaryotes : l'ubiquitine humaine et celle d'une levure partagent 96 % d'identitĂ© pour leur sĂ©quence protĂ©ique[2].

MĂ©canisme d'action

Il existe trois systèmes de protéolyse (destruction des protéines) :

  • une destruction par des enzymes (protĂ©ases) digestives non spĂ©cifiques : trypsine, pepsine, chymotrypsine des protides alimentaires ;
  • le système lysosomial, non spĂ©cifique, permettant la dĂ©gradation et le recyclage des protĂ©ines cellulaires par des protĂ©ases intracellulaires ;
  • le système ubiquitine-protĂ©asome, toujours intracellulaire, mais peu spĂ©cifique (car ce sont les ubiquitines qui sont reconnues et non la protĂ©ine) par un système de marquage des protĂ©ines Ă  dĂ©grader.

L'ubiquitine est une petite protéine présente dans toutes les cellules des eucaryotes. Sa fonction principale est de marquer d'autres protéines en vue de leur protéolyse. Plusieurs molécules d'ubiquitine sont liées de façon covalente à la protéine cible (polyubiquitination), grâce à l'action de trois enzymes, E1, E2 et E3-ligases. La protéine ainsi modifiée est ensuite dirigée vers un protéasome, une structure en forme de baril dont l'activité est régulée par l'ubiquitine, et dans laquelle la protéolyse se déroule. L'ubiquitine est alors libérée de son substrat et peut être réutilisée.

Action séquentielle des enzymes permettant la fixation à d'autres protéines :

  • Activation : carboxylation terminale de l'ubiquitine par l'enzyme activatrice E1
  • Conjugaison : transfert de la molĂ©cule activĂ©e d'ubiquitine sur un groupe sulfure de l'enzyme conjugante E2.
  • Transfert : transfert de la molĂ©cule d'ubiquitine via une ubiquitine-ligase E3 Ă  un groupe amyle d'une lysine acceptrice de la protĂ©ine Ă  dĂ©grader. Cette protĂ©ine s'Ă©tait auparavant liĂ©e Ă  la ligase.

Ce processus peut se répéter de nombreuses fois jusqu'à former un polymère. Il faut au moins quatre molécules d'ubiquitine fixée à la protéine pour que celle-ci soit adressée au protéasome et dégradée.

E1 fixe l'ubiquitine; E1-Ubiquitine se fixe sur E2 puis transfère l'ubiquitine sur E2; E2-Ubiquitine se fixe sur E3. Le complexe E3-E2-Ubiquitine est actif.

E1 (enzyme d'activation de l'ubiquitine) serait unique. Il existerait près d'une centaine de types d'E2 (enzyme de conjugaison d'ubiquitine) et plus de 1000 types d'E3 (ligase ubiquitine-protéine), cette dernière expliquant la spécificité de la réaction. E2 et E3 sont souvent associées l'une à l'autre dans le cytoplasme.

L'ubiquitine peut également marquer des protéines transmembranaires (par exemple, des récepteurs) pour les ôter de la membrane.

Historique

En 2004, Aaron Ciechanover, Avram Hershko et Irwin Rose reçurent le Prix Nobel de chimie pour leurs travaux sur la dégradation des protéines contrôlée par l'ubiquitine.

Maladies impliquant l'ubiquitine

  • Le syndrome de Liddle est une maladie rare dĂ©crite pour la première fois en 1960 par Grant Liddle et caractĂ©risĂ©e par une hypertension artĂ©rielle grave. Une des causes de la maladie parmi d'autres est une mutation d'un gène codant une des sous-unitĂ©s du canal sodique ENaC, qui empĂŞche la fixation de l'enzyme E3 spĂ©cifique appelĂ©e NEDD4 et ainsi la dĂ©gradation d'ENaC[3].
  • La maladie de Parkinson pourrait ĂŞtre Ă©galement causĂ©e par l'accumulation de certaines substances secondaires Ă  un dĂ©ficit en certains enzymes E3[4].
  • Certains cancers pourraient ĂŞtre provoquĂ©s par une dĂ©gradation excessive de protĂ©ines inhibitrices, ou par une accumulation d'autres protides en raison de modification de l'enzyme E3.
  • Le système ubiquitine-protĂ©asome aurait Ă©galement un rĂ´le lors de certaines infections virales.

Inhibition du système ubiquitine-protéasome

Le Bortézomib est l'une des premières molécules développées dans ce but. Il a été utilisé expérimentalement dans le traitement du myélome[5].

Utilisation du système ubiquitine-protéasome en biologie cellulaire

Une nouvelle technologie, appelée PROTAC pour PRoteolysis-TArgeting Chimeras, permet de détourner et d'utiliser ce système ubiquitine protéasome en biologie cellulaire dans un intérêt d'exploration du vivant, voire en thérapeutique[6]. Cette technologie consiste en l'utilisation d'une petite molécule chimique bi-fonctionnelle de synthèse qui va recruter simultanément une ubiquitine ligase et une protéine cible permettant leur recrutement puis le rapprochement spatial et l’induction d’une interaction protéine-protéine (PPI) non physiologique forçant l’ubiquitination de celle-ci et donc sa dégradation spécifique par le système ubiquitine protéasome[7].

Notes et références

  1. Les valeurs de la masse et du nombre de résidus indiquées ici sont celles du précurseur protéique issu de la traduction du gène, avant modifications post-traductionnelles, et peuvent différer significativement des valeurs correspondantes pour la protéine fonctionnelle.
  2. « La voie de dégradation ubiquitine dépendante », sur planet-vie.ens.fr, ENS et UPMC
  3. (en) O. Staub, I. Gautschi, T. Ishikawa, K. Breitschopf, A. Ciechanover, L. Schild et D. Rotin, « Regulation of stability and function of the epithelial Na+ channel (ENaC) by ubiquitination Â», EMBO Journal vol. 16, pp. 6325–6336, 1997.
  4. (en) K. Tanaka, T. Suzuki, N. Hattori, et Y. Mizuno, « Ubiquitin, proteasome and parkin Â», Biochim Biophys Acta, vol. 1695, pp. 235-247, 2004.
  5. (en) Paul G. Richardson et al., « A Phase 2 study of bortezomib in relapsed, refractory myeloma Â», New Eng J Med, vol. 348, pp. 2609-2617, 2003.
  6. (en) Asher Mullard, « First targeted protein degrader hits the clinic », Nature Reviews Drug Discovery, vol. 18, no 4,‎ , p. 237–239 (DOI 10.1038/d41573-019-00043-6, lire en ligne, consulté le )
  7. Ian Churcher, « Protac-Induced Protein Degradation in Drug Discovery: Breaking the Rules or Just Making New Ones? », Journal of Medicinal Chemistry, vol. 61, no 2,‎ , p. 444–452 (ISSN 0022-2623, DOI 10.1021/acs.jmedchem.7b01272, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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