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Tunnel routier du Saint-Gothard

Le tunnel du Saint-Gothard (en allemand : Gotthard-Strassentunnel, en italien : galleria stradale del San Gottardo) est un tunnel routier suisse qui traverse le massif du mĂŞme nom. Il fait partie de l'autoroute A2, reliant Bâle au nord du pays, Ă  Chiasso. D'une longueur de 16,9 kilomètres, il est le plus long tunnel routier du pays et le quatrième du monde. Ouvert Ă  la circulation le , il Ă©tait le plus long routier du monde jusqu'en 2000. La construction d'un second tube, approuvĂ© par votation populaire, permettra la rĂ©novation du tube existant. Il devrait entrer en service fin 2029 et, Ă  partir de 2032 dans le meilleur des cas, les deux tubes seront ouverts Ă  la circulation[1] avec une voie par tube.

Tunnel routier du Saint-Gothard (TRG)
Image illustrative de l’article Tunnel routier du Saint-Gothard
L'intérieur du tunnel.

Type Tunnel semi-autoroutier bidirectionnel
Nom officiel Gotthard-Strassentunnel
Galleria stradale del San Gottardo
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la Suisse Suisse
Cantons Drapeau du canton d'Uri Uri
Drapeau du canton du Tessin Tessin
Commune Göschenen (portail nord)
Andermatt, Hospental
Airolo (portail sud)
Itinéraire E35
Traversée Massif du Saint-Gothard
CoordonnĂ©es 46° 36′ 13″ nord, 8° 33′ 58″ est
Exploitation
Exploitant OFROU
Péage Non (uniquement vignette autoroutière)
Trafic 6,3 millions de véhicules en 2011
Caractéristiques techniques
Section 75 Ă  130 m2
Longueur du tunnel 16,942 km
Nombre de tubes 1
Nombre de voies par tube 2 (bidirectionnel)
Construction
DĂ©but des travaux
Ouverture Ă  la circulation
GĂ©olocalisation sur la carte : Suisse
(Voir situation sur carte : Suisse)
Tunnel routier du Saint-Gothard (TRG)
GĂ©olocalisation sur la carte : canton d'Uri
(Voir situation sur carte : canton d'Uri)
Tunnel routier du Saint-Gothard (TRG)
GĂ©olocalisation sur la carte : canton du Tessin
(Voir situation sur carte : canton du Tessin)
Tunnel routier du Saint-Gothard (TRG)
GĂ©olocalisation sur la carte : Alpes
(Voir situation sur carte : Alpes)
Tunnel routier du Saint-Gothard (TRG)

Situation

L'Europe rhénane avec les axes vers le St-Gothard et le Lötschberg, liaisons majeurs entre le nord de l'Europe et l'Italie.

Parcouru par l'autoroute A2 et la route européenne 35, le tunnel relie Göschenen (jonction 40 de l'A2) dans le canton d'Uri au nord à Airolo (jonction 41) dans le canton du Tessin au sud sans passer par le col du Saint-Gothard (H2). Reliant la vallée de la Reuss au nord et la Léventine au sud, le tunnel franchit la ligne de partage des eaux entre le bassin versant du Rhin (mer du nord) au nord et le bassin du Pô (mer Méditerranée) au sud.

Le tunnel routier du St-Gothard, comme le col par le passé, est situé sur l'axe économique et touristique majeur nord-sud de la mégalopole européenne. Il relie les régions les plus industrialisées d'Europe avec le Benelux, dont le Randstad et l'un des plus grands ports du monde (Rotterdam) et le deuxième port d'Europe (Anvers), l'Europe rhénane ainsi que la métropole économique de Zurich au nord des Alpes, avec l'Italie du Nord, et plus particulièrement les villes industrielles de Milan et de Turin dans la plaine du Pô, ainsi que le port de Gênes.

Avec le col du Brenner et le tunnel du San Bernardino, il est l'un des rares axes autoroutiers transalpin nord-sud et représente la liaison nord/sud la plus courte dans le massif alpin européen. Le tunnel ferroviaire du Saint-Gothard et son successeur, le tunnel de base du Saint-Gothard, sont ses équivalents ferroviaires.

En Suisse quatre itinéraires absorbent l'essentiel du trafic alpin nord - sud (d’ouest en est) : le Grand-Saint-Bernard (tunnel), le Simplon, le Saint-Gothard (tunnel) et le San Bernardino (tunnel).

Avec ses 16,9 kilomètres, il est le deuxième plus long tunnel routier d'Europe et le cinquième du monde, après les tunnels de Lærdal, de Yamate, de Zhongnanshan, et du Jinpingshan.

Histoire

Construction

À l'issue de la votation du , le peuple suisse adopte l’article constitutionnel relatif à la construction des routes nationales. Le , l’Assemblée fédérale définit le réseau des routes nationales et y inclut la route du col du Gothard, alors appelée N2[2].

Approuvée le par un vote de l'Assemblée fédérale concernant l’extension du réseau des routes nationales par l’intermédiaire d’un tunnel routier à travers le Gothard, la construction du tunnel démarre cinq ans plus tard, le [3]. Après dix ans de travaux et pour un coût de 686 millions de francs, le tunnel est ouvert le [3], pour répondre au « boom automobile » en Suisse et au développement des échanges entre le nord et le sud de l'Europe.

Construction d'un deuxième tube

En 2004, les citoyens rejettent par référendum le contre-projet à l'initiative Avanti qui dérogeait à l'article sur la protection des Alpes en rendant légale la construction d'un deuxième tunnel routier au Gothard[3].

En 2014, la proposition du Conseil fĂ©dĂ©ral de construction d'un second tube (sans accroissement de capacitĂ©) destinĂ© Ă  la continuation du trafic durant l'assainissement du tunnel est approuvĂ©e par l'AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale. L'annĂ©e suivante, l'association « Non au 2e tube au Gothard » parvient Ă  recueillir 75 000 signatures nĂ©cessaires pour l'organisation d'un rĂ©fĂ©rendum. Lors de la votation du 28 fĂ©vrier 2016, le projet gouvernemental est approuvĂ© par 57 % des votants[3].

D’une longueur de 16,9 km, le second tube sera implanté à l’est de la galerie de service et d’infrastructures existante. Son tracé est en grande partie parallèle à cette dernière et au premier tube. Le système global du tunnel routier du Saint-Gothard se composera de deux tubes parallèles à chaussée unique, avec une galerie de service et d’infrastructures centrale. Chaque tube comportera une voie de circulation et une bande d’arrêt d’urgence[4].

Selon le calendrier prévu, les travaux préliminaires et les installations de chantier s'étaleront de 2020 à mi-2022. En 2021 ont débutés les travaux de déplacement de la galerie de service et d’infrastructures, notamment militaire[5], ainsi que les travaux des galeries d’accès sud et nord. Les travaux du tunnel principal et le début de progression du tunnelier dans les galeries d’accès nord et sud ont débutés en 2022. En 2024 débutera la progression des tunneliers dans le tunnel principal au nord et au sud. La jonction du tunnel principal est prévu pour 2026. Le début d’installation des équipements d’exploitation et de sécurité doit commencer en 2027. Les tests des installations, la mise en service du système global et finalement l'ouverture du second tube du tunnel routier du Saint-Gothard aura lieu en 2029. La réfection du premier tunnel pourra alors débuter et devrait durer trois ans. La mise en service des deux tubes avec une circulation monodirectionnelle sera donc effective à partir de 2032[1].

D'après le budget actuel Ă©tabli pour le projet gĂ©nĂ©ral, le coĂ»t de la construction du second tube s'Ă©lève Ă  2,053 milliards de francs (± 15 %, hors TVA), ce qui confirme le montant calculĂ© lors d’études antĂ©rieures[6].

Galerie

  • L'autoroute A2 devient une semi-autoroute peu avant l'entrĂ©e nord.
    L'autoroute A2 devient une semi-autoroute peu avant l'entrée nord.
  • EntrĂ©e nord du tunnel, Göschenen, Uri.
    Entrée nord du tunnel, Göschenen, Uri.
  • Dans le tunnel.
    Dans le tunnel.
  • Le tunnel avant la rĂ©novation en 2004.
    Le tunnel avant la rénovation en 2004.
  • Le tunnel au niveau de l'entrĂ©e sud.
    Le tunnel au niveau de l'entrée sud.
  • EntrĂ©e sud du tunnel, Airolo, Tessin.
    Entrée sud du tunnel, Airolo, Tessin.
  • L'A2 peu avant l'entrĂ©e sud.
    L'A2 peu avant l'entrée sud.

Caractéristiques

Le tunnel du Saint-Gothard est un tunnel monotube Ă  circulation bidirectionnelle avec galerie de sĂ©curitĂ©. Au total il mesure 16 918 mètres de long, sa section est comprise entre 75 et 130 m2 au portail nord et entre 89,5 et 110 m2 au portail sud. Son creusement a nĂ©cessitĂ© l'excavation de 1 438 030 m3 de roche magmatique. Il a Ă©tĂ© creusĂ© par avancement par minage[7].

Conditions routières

Le trafic roule dans un tube unique en 2 Ă— 1 voies. La vitesse y est limitĂ©e Ă  80 km/h et dĂ©sormais une distance de 50 mètres entre chaque vĂ©hicule est exigĂ©e, 150 mètres pour les camions. Cet axe routier connait un trafic important ce qui engendre des embouteillages lors des jours fĂ©riĂ©s et des vacances[8].

Depuis son ouverture, plus de 160 millions de vĂ©hicules l’ont empruntĂ©[9].

Sécurité

Des équipements techniques permettent de réguler le trafic selon les besoins et permettent aux services de secours d’intervenir immédiatement. Les radios SRF 1, Rete Uno et Radio Central peuvent être captés dans le tunnel sur les fréquences indiquées. L’info trafic est diffusée par le biais de la radio. En cas d’urgence, la police peut interrompre les programmes pour diffuser, depuis la centrale de commande, des avis importants aux usagers.

Le tunnel est en permanence surveillĂ© par une centrale de commande, notamment par un rĂ©seau dense de camĂ©ra. Des niches de protection qui permettent le stationnement de vĂ©hicules sont amĂ©nagĂ©es tous les 1,5 kmdu cĂ´tĂ© est (sens de la circulation nord) et tous les 750 m du cĂ´tĂ© ouest (sens de circulation sud). Les bornes SOS sont Ă©quipĂ©es d’extincteurs : dĂ©crochĂ©s de leur support ils dĂ©clenchent une alarme. Tous les 250 m, le tunnel est Ă©quipĂ© d’abris ventilĂ©s indĂ©pendamment les uns des autres. Ils relient le tunnel principal Ă  la galerie de suretĂ©. L’évacuation des abris se fait via la galerie de suretĂ© ou la galerie principale selon la situation[10].

Deux portails thermiques permettent de détecter les véhicules qui surchauffent afin de les arrêter avant qu’ils n’entrent dans le tunnel[11].

  • La centrale de commande du tunnel.
    La centrale de commande du tunnel.
  • Zone de sortie sous le dĂ©pĂ´t de maintenance et la base des services de sĂ©curitĂ©.
    Zone de sortie sous le dépôt de maintenance et la base des services de sécurité.
  • Abris ventilĂ© pour 50 personnes.
    Abris ventilé pour 50 personnes.
  • La galerie de suretĂ©.
    La galerie de sureté.
  • Niche de protection et accès Ă  un abri ventilĂ©.
    Niche de protection et accès à un abri ventilé.

Centre d’intervention de Saint-Gothard

Base d'Airolo du Centre d’intervention de Saint-Gothard

Le Centre d’intervention de Saint-Gothard (Centro d'intervento del San Gottardo, Schadenwehr Gotthard), un corps de sapeurs-pompiers professionnels, est rattaché à la Base logistique de l’armée (de) (BLA) et accomplit ses tâches pour le compte de l’Office fédéral des routes (OFROU)[11].

Il dispose de deux bases de part et d’autre du tunnel à Göschenen (Werkhof) et Airolo et opère dans le tunnel et ses abords. Il est notamment équipé de deux véhicules d’extinction universel doté d'une caméra thermique type Flir et d'un système de retournement dans les tunnels[12], de deux véhicules de première intervention (technique)[13] de deux camions citerne grande capacité, de deux camions de dépannage, de deux véhicules protection respiratoire, d'un véhicule de lutte contre les pollutions et les évènements chimiques (Airolo) et de petits véhicules polyvalents destinés principalement au tunnel de sécurité. Ses membres parlant des langues différentes (suisse allemand au nord et italien au sud), les directives sont bilingues, les formations sont organisées en commun et les cadres changent régulièrement de lieu de travail (nord ou sud)[11].

Ce service effectue en moyenne annuelle 300 dĂ©pannages, 40 engagements en lien avec des accidents de la circulation, 20 missions d’extinction et 20 interventions sur une pollution par les hydrocarbures[11].

Trafic

Des quatre principaux itinĂ©raires absorbant le trafic alpin en Suisse (Grand-Saint-Bernard avec tunnel, Simplon, Saint-Gothard avec tunnel et San Bernardino avec tunnel), le Gothard est le premier axe nord-sud du pays. Le trafic journalier moyen du tunnel routier du Gothard est de 16 835 vĂ©hicules et environ 60 % des vĂ©hicules qui franchissent les Alpes suisses empruntent le tunnel[14].

En 1981, près de 3 millions de véhicules ont franchi le tunnel. En 1990 ils étaient plus de 5,5 millions, en 2000, année record, environ 6,8 millions, et en 2011, 6,3 millions de véhicules l’ont emprunté[14].

Accidents et incidents

En 2000, 45 accidents et 528 pannes ont été recensés, en 2002, on a dénombré 10 accidents et 355 pannes[15]. Dix accidents sont survenus dans le tunnel en 2005, quatre en 2006 et huit en 2007[16]. De 2001 à 2012 les accidents onf fait 19 morts. Parmi eux, 18 sont dus à des collisions frontales ou latérales avec des véhicules circulant en sens inverse. En 2001, le plus grave accident jamais survenu (11 morts) dans le tunnel avait lui-même été causé par une collision entre véhicules circulants dans des sens opposés[17].

L'accident du 24 octobre 2001

Le , Ă  9 h 30, un camion immatriculĂ© en Belgique, conduit par un chauffeur turc sous l'emprise de l'alcool, dĂ©vie de sa trajectoire et entre en collision avec un camion italien roulant en sens inverse. Les deux camions prennent feu, ainsi que quelques voitures Ă  proximitĂ©, engendrant un incendie sur une longueur de 300 m. Il provoque l'effondrement d'une partie de la voĂ»te du tunnel sous l’effet de la chaleur[18]. Onze personnes sont tuĂ©es dans l'incendie qui suit la collision, la plupart intoxiquĂ©es par la fumĂ©e[19]. En consĂ©quence, le tunnel reste fermĂ© pendant deux mois, provoquant un manque Ă  gagner Ă©valuĂ© Ă  33 millions de francs Ă  l'Ă©conomie tessinoise. Le coĂ»t des rĂ©parations s'Ă©lèvera Ă  14 millions de francs[19].

Après la réouverture du tunnel, les camions empruntent le tunnel en trafic alterné et en respectant une distance de sécurité. Des aires d'attente pour eux ont été aménagées de chaque côté du tunnel. Plus tard, cette méthode de régulation du trafic est remplacée par un système de « compte-gouttes », toujours en vigueur aujourd’hui[2].

Cet accident, qui survient deux ans après l'incendie du tunnel du Mont-Blanc, accentue la volonté des autorités de moderniser et d'augmenter les systèmes de sécurité des longs tunnels routiers du pays.

Notes et références

  1. ASTRA, Second tube routier au Gothard, Office fédéral des routes
  2. [PDF] Tunnel routier du Gothard - chronologie, 27 juin 2012, Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication DETEC
  3. « Les Suisses disent oui à un 2e tunnel au Gothard », 24heures.ch, 29 février 2016.
  4. Office fédéral des routes, « Détails du projet, but et objet - Situation et tracé », sur gotthardtunnel.ch (consulté le )
  5. Aline Leutwiler, « Des bunkers secrets compliquent la construction du 2e tunnel du Gothard », sur Blick, (consulté le )
  6. Coût des travaux, Second tube routier au Gothard, Office fédéral des routes
  7. Gotthard UR / TI, Groupe spécialisé dans les travaux souterrains (GTS) sur swisstunnel.ch.
  8. « Le Gothard a été engorgé par les bouchons samedi » (consulté le )
  9. Route et trafic 2011, Office fédéral des routes (OFROU).
  10. Sécurité, Office fédéral des routes (OFROU)
  11. Des professionnels et tout le matériel requis pour assurer l’efficacité des secours au Gothard, 10 octobre 2017, Michelle Steinemann, DDPS.
  12. 2 Véhicules d’extinction univesels, Centre d’intervention de Saint Gotthard (Armasuisse), feumotech.ch.
  13. VorausrĂĽstwagen VRW
  14. [PDF]Fiche d’information 1 - Tunnel routier du Gothard : contexte, 27 juin 2012, OFROU
  15. « Tunnel du Gothard: jamais les accidents et les pannes n’ont été si peu nombreux », sur admin.ch, (consulté le )
  16. « Gestion du trafic routier lors de la rénovation du tunnel du Saint-Gothard, 08.3553 Interpellation », sur parlament.ch, (consulté le )
  17. « Sécurité routière dans le tunnel autoroutier du Saint-Gothard, 13.4049 Interpellation », sur parlament.ch, (consulté le )
  18. « Nouvelle tragédie », 24 heures,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « Incendie du Gothard: c'était il y a dix ans », RTS, 24 octobre 2011.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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