Tinder
Tinder (prononcĂ© : [ËtÉȘndÉ(Éč)]) est une application de rencontre pouvant fonctionner sur Android, iOS ou un navigateur web.
Développé par | Match Group |
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PremiĂšre version | |
DerniĂšre version |
14.5.0 (iOS, iOS, )[1] 14.5.0 (Android, Android, )[2] |
Ăcrit en | Java, Objective-C et C# |
SystĂšme d'exploitation | IOS et Android |
Environnement | Android, iOS, navigateur web |
Langues | Multilingue |
Type | RĂ©seau social |
Politique de distribution | Freemium |
Licence | Gratuiciel |
Site web | tinder.com |
Historique
Tinder est lancée en par Sean Rad (en), Joe Munoz, Justin Mateen, Alexa Mateen, Dinesh Moorjani, Jonathan Badee et Whitney Wolfe Herd[3] - [4].
Le , Tinder déploie une mise à jour majeure de son application, Tinder Plus[5]. L'application propose désormais une version gratuite limitée à 50 likes par jour et une version premium illimitée.
Le , Match Group qui possÚde Tinder annonce son entrée en bourse avec une action cotée à 12 dollars[6].
En , Tinder s'engage avec l'association Gay & Lesbian Alliance Against Defamation pour offrir la possibilité aux personnes « qui s'identifient en tant que transgenre, ou quelque part entre les genres, ou en dehors, de la binarité des genres » de s'identifier à de nombreux genres dans l'application[7].
En 2018, les revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par Tinder sont estimĂ©s Ă 810 millions dollars, c'est lâune des applications les plus rentables de lâApp Store[8]. En , l'application suspend son utilisation du systĂšme de paiement du Play Store[9].
En avril 2023, Tinder met en place la vidéo d'authentification. Afin de prouver que l'on est un vrai profil, Tinder demande maintenant à ses membres de tourner une vidéo d'authentification destinée à limiter les arnaques et la création de faux profils[10].
Fonctionnement
L'application fait dĂ©filer des profils d'utilisateurs sur plusieurs critĂšres, dont le sexe et la position gĂ©ographique[11] - [12], mais surtout sur des critĂšres de proximitĂ© supposĂ©e selon un algorithme en fonction du sexe et de l'Ăąge, du niveau d'Ă©tudes, de l'ethnie et des revenus, la proximitĂ© gĂ©ographique pouvant ĂȘtre Ă©clipsĂ©e par ces derniers[13]. L'utilisateur indique s'il les apprĂ©cie ou non en balayant l'Ă©cran (ou « swiper ») vers la droite ou vers la gauche[14] - [15]. Lorsque l'attraction est rĂ©ciproque, l'application indique « match » et les deux utilisateurs sont mis en relation et peuvent Ă©changer des messages[16].
Motivations des usagers
Pour comprendre la popularitĂ© de Tinder chez les jeunes adultes, des sociologues ont scientifiquement Ă©tudiĂ© certains mĂ©canismes de l'application et interrogĂ© 163 nĂ©erlandais de 18 Ă 30 ans utilisateurs ou anciens utilisateurs de Tinder. Les principales motivations citĂ©es Ă©taient l'amour, le sexe occasionnel, la facilitĂ© de communication, une validation de l'estime de soi, le « frisson d'excitation » et la tendance. Ces motifs Ă©taient significativement liĂ©s aux rencontres hors ligne avec les matchs de Tinder[17]. Selon ce travail, la recherche d'amour semblait dans ce panel plus motivante que le sexe occasionnel et comme c'est le cas en gĂ©nĂ©ral pour les rencontres en ligne, les hommes semblent plus intĂ©ressĂ©s par Tinder que les femmes et dĂ©clarent plus souvent l'intĂ©rĂȘt de la facilitĂ© de communication et les frissons d'excitation permis par l'application. Les motivations Amour, Relations sexuelles occasionnelles et FacilitĂ© de communication sont de plus en plus citĂ©es avec l'Ăąge. Les rencontres hors ligne visant Ă initier des relations amoureuses engagĂ©es semblent (dans ce panel nĂ©erlandais) sous-tendre l'intĂ©rĂȘt des usagers[17].
Une méta-analyse basée sur 4 études (total 3 262 utilisateurs interrogés) publiée en 2017, a conclu que les utilisateurs « ne recherchent pas exclusivement de l'intimité relationnelle ou sexuelle sur Tinder »[18].
Une Ă©tude a montrĂ© que les usagers ayant le plus d'estime de soi sont globalement ceux qui mentent le moins dans leur auto-prĂ©sentation. Les motifs d'utilisation (rencontres / sexe, amitiĂ©, relation, voyage, auto-validation et divertissement) affectent nĂ©anmoins les modes de prĂ©sentation de soi, de mĂȘme que les antĂ©cĂ©dents psychologiques[19].
Tinder cause chez ses utilisateurs une perte de confiance en soi. Voici un ensemble de ce que les gros titres de magazines constituent : « Tinder dĂ©truit... la confiance en soi, la santĂ©, les couples »[20] dans 20 Minutes ou bien « Spams, perte de confiance⊠Tinder et ses effets pervers »[21] pour Paris Match. Enfin, « Vous ĂȘtes complexĂ©s ? Fuyez Tinder ! »[22]. En effet sur Tinder, la compatibilitĂ© et la rĂ©ciprocitĂ© passe en premier lieu par le physique. En raison du fonctionnement de l'application et de ce qu'elle exige de ses utilisateurs, les personnes qui utilisent Tinder peuvent se sentir dĂ©personnalisĂ©es et jetables dans leurs interactions sociales[23]. LâuniversitĂ© de North Texas, a menĂ© une Ă©tude visant Ă dĂ©terminer le niveau dâestime des utilisateurs. Un questionnaire a Ă©tĂ© soumis Ă des Ă©tudiants ĂągĂ©s de 18 Ă 22 ans. Les rĂ©sultats ont montrĂ© que ceux-ci avaient bel et bien une moins bonne estime dâeux car Ă travers leur utilisation, ceux-ci se comparaient aux autres utilisateurs de la plateforme[23].
Paradoxalement Ă cela, Tinder jouerait pour certains un rĂŽle de gratification[24]. En effet, selon une autre Ă©tude menĂ©e par une universitĂ© du Mid West aux Ătats-Unis, 18 Ă©tudiants de 18 Ă 24 ans ont rĂ©pondu aussi Ă un questionnaire. Parmi eux, 12 des 18 participants ont discutĂ© de la maniĂšre dont le besoin dâapprobation sociale les a amenĂ©s Ă utiliser l'application. Plusieurs participants ont dĂ©crit Tinder comme un « stimulant de lâego » ou un « stimulant de la confiance en soi»[25]mettant en avant le fait que personne dans la vraie vie, nous complimente comme câest le cas sur Tinder.
Objectifs cachés de l'application
« Tinder est plus qu'une application de connexion amusante sans aucune condition ». L'application vise, sans que l'utilisateur en soit conscient, à faire payer l'utilisateur de plus en plus cher, aprÚs avoir induit chez lui une addiction, via le principe de la récompense aléatoire, découvert et théorisé par Burrhus Frederic Skinner.
Cette récompense est d'abord induite par le plaisir esthétique de voir apparaßtre un beau visage ; plaisir qui induit un renforcement positif en encourageant la personne, sans qu'elle en ait vraiment conscience, à toujours « swiper » plus[26].
En arriÚre-plan, Tinder évalue - à l'insu de l'utilisateur - un score de désirabilité : plus une personne a de likes, plus sa note est élevée[26]. L'algorithme ne présente pratiquement que des personnes ayant un score voisin[26], le score de base étant toutefois calculé selon des critÚres inégaux entre sexes[note 1]. AprÚs un certain temps, ce n'est plus la vue de la photo qui génÚre la dopamine, mais le simple geste du doigt. L'utilisateur est en quelque sorte piégé[26]. L'application récolte des données personnelles, dont le positionnement géographique et les préférences individuelles.
La version payante Tinder Plus propose deux autres fonctionnalités : Passeport et « Swype ».
Depuis , le « face to face » permet aux utilisateurs de discuter au moyen d'appels vidéo en cas de « match ». Ceci permet de vérifier que la personne correspond bien à la photo[27].
Usagers ciblés par Tinder et/ou attirés par Tinder
Une enquĂȘte transversale en ligne faite auprĂšs de 502 adultes « cĂ©libataires Ă©mergents » (Ă©tude basĂ©e sur le modĂšle de personnalitĂ© Ă cinq facteurs) a conclu que les usagers sont des personnes adultes, cĂ©libataires, Ă©tant plus que la moyenne extraverties, ouvertes aux rencontres et recherchant des expĂ©riences[28].
Tinder, genre et orientations sexuelles
Il s'agit d'une application de rencontre dont la popularité a augmenté chez des hommes et des femmes, mais les sociologues montrent que selon le genre les interactions avec l'application s'appuient sur des stratégies trÚs différentes. « Les femmes obtiennent rapidement un grand nombre de matchs, tandis que les hommes n'accumulent que lentement les matchs »[29].
Les femmes dans Tinder recherchent plutÎt l'amitié et l'auto-validation, alors que les hommes visent plus souvent les relations sexuelles, les voyages et la recherche de relations[19].
Dans un panel de 2 539 utilisateurs de Tinder choisis au hasard en Turquie, des sociologues ont évalué l'exactitude des attributions sexospécifiques stéréotypées de ces utilisateurs à partir des artefacts décoratifs observables sur les photos en les comparant à des indices d'orientation sexuelle[30]. Il y aurait une différence significative entre femmes hétérosexuelles, et lesbiennes (dont les artefacts décoratifs seraient moins féminins/plus masculins). Les différences entre hommes hétérosexuels et homosexuels ne seraient pas aussi fortes, mais les homosexuels semblent un peu plus susceptibles de présenter des artefacts décoratifs féminins et/ou non sexistes[30]. Les utilisatrices présentaient plus d'artefacts décoratifs non-sexistes que les hommes, et ce, quelle que soit leur orientation sexuelle. Les auteurs notent que ces différences varient probablement aussi selon les contextes culturels[30].
Impacts de Tinder sur le comportement sexuel et la santé sexuelle
La recherche d'occasions sexuelles n'est pas la motivation la plus fréquente, mais une revue de la littérature (basée sur 34 articles publiée en 5 ans sur le sujet) a conclu en 2020[31] de la littérature scientifique que
- la sociosexualité (définie par des activités sexuelles « hors d'une relation engagée ») était le principal prédicteur des relations sexuelles occasionnelles chez les utilisateurs de Tinder[31] ;
- les motivations sont genrées ; les hommes recherchent des relations sexuelles occasionnelles bien plus souvent que les femmes. Ce type de relation expose plus aux maladies sexuellement transmissibles (MST). En outre, Des traits spécifiques de personnalité dite sombre, c'est-à -dire associant le machiavélisme, le narcissisme et une psychopathologie, ont été plus souvent signalés chez les utilisateurs masculins de Tinder[31].
- concernant les autres types de rencontres, utiliser Tinder expose moins au risque de maladies sexuellement transmissibles[31] ;
Les auteurs concluent que « d'un point de vue Ă©volutif, la sociosexualitĂ© explique en partie les raisons de l'intĂ©rĂȘt de l'utilisateur de Tinder pour le sexe occasionnel » et recommandent que Tinder promeuve l'Ă©ducation sexuelle et la santĂ© sexuelle[31].
Polémiques
Discrimination tarifaire et utilisation de données personnelles
Le prix de Tinder Plus, lancĂ© en 2015, n'est pas le mĂȘme en fonction du groupe d'Ăąge : le tarif aux Ătats-Unis est de 9,99 euros par mois pour les moins de 30 ans et de 19,99 euros au-delĂ de 30 ans, ce qui a Ă©tĂ© trĂšs critiquĂ©[32].
En la fondation Mozilla publie une enquĂȘte menĂ©e conjointement avec Consumers International (ONG mondiale de dĂ©fense des consommateurs), pour Ă©tudier lâalgorithme de tarification de Tinder (qui revendique environ 66 millions d'abonnĂ©s dans 190 pays). Cette Ă©tude a montrĂ© que Tinder continue Ă collecter les donnĂ©es personnelles de ses membres et les utilise, sans leur accord, pour fixer des prix injustes (jusqu'Ă 500 % plus cher pour un mĂȘme service (premium), selon le profil du client) ; en outre, les plus de 30 ans ont un abonnement Tinder Plus de 12 mois jusquâĂ 65,3 % plus cher que les 18-29 ans[33] (de 4 Ă 23 euros pour un mĂȘme abonnement)[34]. Ces diffĂ©rences ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es et Ă©valuĂ©es par l'Ă©tude aux Ătats-Unis, aux Pays-Bas, en Nouvelle-ZĂ©lande, en CorĂ©e du Sud et en Inde. Le niveau dâĂ©cart le plus important a Ă©tĂ© enregistrĂ© en CorĂ©e du Sud (abonnement Tinder de 9,03 dollars pour les 18-29 ans, grimpant Ă 18,11 dollars pour les 30-49 ans (dont 5,9 millions avaient un abonnement premium Tinder Plus, ou Tinder Gold)[35]. Curieusement, le BrĂ©sil (qui ne figurait pas parmi les pays Ă©tudiĂ©s) semble Ă©pargnĂ© par ces augmentations de prix selon lâĂąge[35].
En rĂ©action Mozilla a engagĂ© une campagne enjoignant Tinder Ă ĂȘtre plus transparent sur ses algorithmes de tarifications personnalisĂ©es.
HarcĂšlement sexuel
En 2014, la cofondatrice de Tinder, Whitney Wolfe Herd, accuse le cofondateur Justin Mateen de l'avoir harcelĂ©e. Elle quittera l'entreprise peu de temps aprĂšs pour fonder Bumble, une application similaire Ă Tinder, mais conçue dĂšs le dĂ©part pour empĂȘcher toute forme de harcĂšlement[36].
En 2018, c'est au tour du PDG par intĂ©rim, Greg Blatt, d'ĂȘtre accusĂ© de harcĂšlement sexuel Ă l'encontre de la directrice de la communication et du marketing, Rosette Pambakian[37].
Accusations de manipulation financiĂšre
En , les cofondateurs de Tinder attaquent les propriétaires actuels en justice pour manipulation financiÚre, les accusant d'avoir détourné plusieurs milliards de dollars qui auraient dû leur revenir[38] - [39].
Discriminations et reproduction de schémas patriarcaux
La sociologue Jessica Pidoux met en Ă©vidence dans ses travaux que Tinder est discriminant envers les femmes et que l'algorithme « reproduit un modĂšle patriarcal et hĂ©tĂ©ronormĂ© »[40]. La journaliste Judith Duportail s'appuie sur les travaux de Jessica Pidoux dans son livre-enquĂȘte L'Amour sous algorithme et affirme que Tinder manipule les rencontres[41]. En effet, chaque utilisateur se voit attribuer une note secrĂšte de dĂ©sirabilitĂ© appelĂ©e Elo score, qui favorise le sexisme[42] et les « discriminations en fonction du genre, de l'Ăąge, du revenu[43] ». Ainsi, un homme gagnant plus d'argent, ayant un meilleur niveau d'Ă©tudes et 10 ans de plus qu'une femme pourra ĂȘtre considĂ©rĂ© comme faisant partie du mĂȘme groupe d'affinitĂ©s qu'elle, et leurs photos pourront ĂȘtre rĂ©ciproquement proposĂ©es au matching, tandis que l'inverse n'est pas vrai. Le profil d'une femme plus riche, plus ĂągĂ©e, plus Ă©duquĂ©e qu'un homme ne lui sera pas proposĂ©, et une femme plus Ă©duquĂ©e et ayant un salaire plus Ă©levĂ© qu'une autre candidate obtiendra un score infĂ©rieur[13].
La sociologue Marie Bergström considĂšre quant Ă elle que « les biais racistes ou le sexisme dont le fonctionnement de Tinder a Ă©tĂ© accusĂ© ne sont pas tant propres Ă lâapplication quâĂ des pratiques sociales »[44].
Popularité
Tinder refuse de dĂ©voiler le nombre total de ses utilisateurs, mais a prĂ©cisĂ© avoir enregistrĂ© un million de nouveaux utilisateurs pour les seuls Ătats-Unis pendant les 60 jours couvrant la fin de 2013 et le dĂ©but de 2014[14].
Fin 2018, 4 millions d'utilisateurs de l'application avaient un compte payant[45].
En 2018, le nombre d'utilisateurs de Tinder est estimé à 57 millions, dans 190 pays. L'application est disponible en 40 langues[46].
Piratage
Le , un hacker, ayant pour pseudo « Catfi.sh », a exploitĂ© une faille de l'application de rencontres Tinder pour que des hommes hĂ©tĂ©rosexuels se draguent entre eux[47]. Le hackeur avait crĂ©Ă© de faux profils de femmes, laissait les hommes s'y connecter et mettait ensuite deux hommes en relation, chacun pensant parler Ă une femme. Il n'est pas le premier Ă avoir exploitĂ© cette faille : sous le pseudonyme de Patrick, un autre hacker avait dĂ©jĂ rĂ©alisĂ© la mĂȘme opĂ©ration, mais Ă moindre Ă©chelle, et dans le but plus militant de mettre les dragueurs face Ă ces « techniques d'approche » dont se plaignent souvent les femmes qu'ils rencontrent en ligne[48].
Dans la fiction
L'épisode 4 de la quatriÚme saison de la série d'anticipation britannique Black Mirror, titré Hang the DJ, imagine une immersion dans le monde des algorithmes des applications de rencontres, en référence aux systÚmes comme Tinder[49].
En , sort le documentaire L'Arnaqueur de Tinder sur Netflix[50].
Notes et références
Notes
Références
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Voir aussi
Bibliographie
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